Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1887-11-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 19 novembre 1887 19 novembre 1887
Description : 1887/11/19 (A1,N11)-1887/11/26. 1887/11/19 (A1,N11)-1887/11/26.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5545542x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
C'EST FAIT!
Sans tenir compte des unanimes
protestations venues d'Europe, des
pétitions couvertes aux États-Unis
d'innombrables signatures, la Bour-
geoisie américaine est allée jusqu'au
bout. Elle avait soif du sang anar-
chiste et a voulu tremper ses lèvres
dans cette liqueur généreuse et fé-
condante. Ce sont les instincts can-
nibales des Peaux-Rouges qu'elle a
exterminées, qu ont passés en elle,
non atténués, mais exaltés.
Qu'au lendemain de la manifes-
tationfde,flaymarket, emportée par
la rage elle Be^fatTengêe, le" crime
pourtant féroce, avait au moins un
semblant d'excuse pour ses apolo-
gistes. Mais depuis, dix huit mois se
sont écoulés, dont l'épouvantable et
angoissante langueur pour les con-
damnés, eut désarmé les plus atro-
ces des bourreaux. La Bourgeoisie
américaine, elle ne s'est pas ouverte
à la pitié ; classe dirigeante éminem-
ment impersonnelle, elle n'a pas à
redouter la répulsive, horreur qui
s'attache à un tyran sanguinaire. La
responsabilité au lieu de reposer sur
une tête ou un groupe restreint d'in-
dividus, se trouve répartie entre des
milliers et pulvérisée à tel point que
tous ceux qui profitent du crime
l'acceptent s'en réjouissent et peu-
vent malgré cela rejeter leur part de
sang sur le voisin.
En cet atroce supplice, la bour-
geoisie américaine a visé un but :
par des représailles sinistres capa-
bles de porter l'épouvante au coeur
des prolétaires, elle a voulu leur
faire comprendre que dorénavant
elle mettait au rebut toutes les vieil-
les calembredaines libertaires qui
ont cours sur la grande république,
et que ses privilèges étant menacés,
„ elle était prête à toutes les extrémi-
tés pour les sauvegarder.
.La rapacité la rend aveugle, elle
ne se rend pas compte que, loin de
porter la terreur, ses atrocités n'ex-
citeront que de l'indignation, qui
rapidement va se transformer en Ês-
r prit de Révolté. Dès lors, pour elle
tout sera perdu ! Comme eu d'autres
paysj aux responsabilités, indivi-
duelles, elle a substitué les respon-: .
sabilités collectives ou de'• classe ;
se voyant menacée dans ses préro-
gatives, l'affolement l?a saisie ; qu'elle
ne,s'en- prenne qu'à elle-même, le
jour pu cette théorie misé en prati-
que par ses esclaves, elle se trou-
vera victime, de victorieuse, vain-
cue, et emportée par la formidable
tourmente.
De même qu'elle n'a pas eu de pi-
tié, qu'il ne lui en soit pas fait. Qu'a>-
lors tous les coeurs soient fermés à
tout appel, à toute prière'de clémen-
ce, que tous les lléaux guidés par
les mains vengeresses s'appesantis-
sent sur la caste coupable, sans dis-
tinction des individus. •
_ «
L'EXÉCUTION
Sur les huit anarchistes de Chi-
cago, Oscar Neebe seul avait été
condamné à 15 ans de travaux for-
cés ; les autres à mort. Au dernier
moment, la peinede Samuel Fielden
et Michel Scwab, a été commuée en
celle des travaux forcés à perpétuité;
raffinement dans le supplice qu'il
faut voir et rien autre cette grâce.
L'avant veille de l'exécution Louis
Lingg, dans l'espoir ^que sa mort
pourrait désarmer ses bourreaux et
sauver la vie de ses quatre amis, se
faisait sauter la tète en ^introdui-
sant dans la bouche une cartouche
de dynamite et y mettant le feu avec
une bougie.
Ce généreux sacrifice ne désarma
pas les bourreaux et le 11 au matin
les potences se dressèrent, sinistres
dans une des cours de la prison. Des
troupes nombreuses avaient été a-
moncelées autour de la prison et
dans les rues environnantes, afin de
prévenir toute tentative des amis des
condamnés.
A huit heures du matin les con-
damnés furent changés de cellule et
ce qu'on appelle la garde des morts
commença. L'arrêt fut lu à chacun
d'eux et le cortège funèbre se mit en,
marche : Spies en avant, puis Fis-
cher, ensuite Parsons et dernier
Engel. Tous les quatre montèrent
sur l'échafaud, le noeud fut ajusté au
cou de chacun; ;
Leurs dernières' pensées ont été
pourlà grande cause à laquelle ils
donnaient leur vie.
Spies: « Salut, temps où notre si-
lencç sera plus puissant que nos (
voix qu'on étrangle dans la mort. »
Engel : « Hourrah pour l'anar-
chie ! »
Fischer : « Hourrah pour l'anar-
chie 1 »
Parsons ouvrait la bouche pour
parler lorsque la trappe s'ouvrit sous
ses pieds.
Les mots qui terminaient la der-
nière lettre de Lingg sont : « Vive
l'anarchie ! »
.... Les plaindre, non ! Les pleu-
rer encore moins. Sur dos hommes
semblables aussi doués en pensée .
et conviction qu'en énergie, pas de
larmoiements inféconds !
CHANT dea CONDAMNÉS À MORT
Heur* d'indigestion, étouffe d'ambroisie ;
, Et dresse nos gibet». ■■
Ris, chante, hurle, aboie, infâme bourgeoisie,
Lancé les q'tolibcts,
Tes insulte», ta bave au peuple ton tsdave ;
'Te» beaux jows stnt cnptés,
Car tu seras détruite épa>e par épave
Par les déshérités.
y.
Choisisse?, bien notre potence,
GraniU piclcs du dieu Capital,
Pour que notre corps se balance
A u souffle du vent matinal.
Que te chanvre soit très solide ;
Né spéculez pas sur le prix.
Demandez plutôt un subside
Pour que le bénef soit compris.
Et quand au bois, mettes te chêne.
C'est un peu cher, mais songez donc :
Pour porter de« briseurs de chaîne,
Il faut du solide et du bon.
Tu nous pends, c'eslton droit : lapeurtefait agir ;
Nous man hons au supplice, tt lu le crois sauvée ;
Mais le peuple vn beau our sera l>$ de rugir ;
Et pour l'anéantir, ô race dépravée t
Construira des bûchers Car ne voulant plus être une éii mette proie,
Il te fera «oti'r dans »JII grand feu dejoie,
Et tu disparaîtras dans un nuage épais.
Sans tenir compte des unanimes
protestations venues d'Europe, des
pétitions couvertes aux États-Unis
d'innombrables signatures, la Bour-
geoisie américaine est allée jusqu'au
bout. Elle avait soif du sang anar-
chiste et a voulu tremper ses lèvres
dans cette liqueur généreuse et fé-
condante. Ce sont les instincts can-
nibales des Peaux-Rouges qu'elle a
exterminées, qu ont passés en elle,
non atténués, mais exaltés.
Qu'au lendemain de la manifes-
tationfde,flaymarket, emportée par
la rage elle Be^fatTengêe, le" crime
pourtant féroce, avait au moins un
semblant d'excuse pour ses apolo-
gistes. Mais depuis, dix huit mois se
sont écoulés, dont l'épouvantable et
angoissante langueur pour les con-
damnés, eut désarmé les plus atro-
ces des bourreaux. La Bourgeoisie
américaine, elle ne s'est pas ouverte
à la pitié ; classe dirigeante éminem-
ment impersonnelle, elle n'a pas à
redouter la répulsive, horreur qui
s'attache à un tyran sanguinaire. La
responsabilité au lieu de reposer sur
une tête ou un groupe restreint d'in-
dividus, se trouve répartie entre des
milliers et pulvérisée à tel point que
tous ceux qui profitent du crime
l'acceptent s'en réjouissent et peu-
vent malgré cela rejeter leur part de
sang sur le voisin.
En cet atroce supplice, la bour-
geoisie américaine a visé un but :
par des représailles sinistres capa-
bles de porter l'épouvante au coeur
des prolétaires, elle a voulu leur
faire comprendre que dorénavant
elle mettait au rebut toutes les vieil-
les calembredaines libertaires qui
ont cours sur la grande république,
et que ses privilèges étant menacés,
„ elle était prête à toutes les extrémi-
tés pour les sauvegarder.
.La rapacité la rend aveugle, elle
ne se rend pas compte que, loin de
porter la terreur, ses atrocités n'ex-
citeront que de l'indignation, qui
rapidement va se transformer en Ês-
r prit de Révolté. Dès lors, pour elle
tout sera perdu ! Comme eu d'autres
paysj aux responsabilités, indivi-
duelles, elle a substitué les respon-: .
sabilités collectives ou de'• classe ;
se voyant menacée dans ses préro-
gatives, l'affolement l?a saisie ; qu'elle
ne,s'en- prenne qu'à elle-même, le
jour pu cette théorie misé en prati-
que par ses esclaves, elle se trou-
vera victime, de victorieuse, vain-
cue, et emportée par la formidable
tourmente.
De même qu'elle n'a pas eu de pi-
tié, qu'il ne lui en soit pas fait. Qu'a>-
lors tous les coeurs soient fermés à
tout appel, à toute prière'de clémen-
ce, que tous les lléaux guidés par
les mains vengeresses s'appesantis-
sent sur la caste coupable, sans dis-
tinction des individus. •
_ «
L'EXÉCUTION
Sur les huit anarchistes de Chi-
cago, Oscar Neebe seul avait été
condamné à 15 ans de travaux for-
cés ; les autres à mort. Au dernier
moment, la peinede Samuel Fielden
et Michel Scwab, a été commuée en
celle des travaux forcés à perpétuité;
raffinement dans le supplice qu'il
faut voir et rien autre cette grâce.
L'avant veille de l'exécution Louis
Lingg, dans l'espoir ^que sa mort
pourrait désarmer ses bourreaux et
sauver la vie de ses quatre amis, se
faisait sauter la tète en ^introdui-
sant dans la bouche une cartouche
de dynamite et y mettant le feu avec
une bougie.
Ce généreux sacrifice ne désarma
pas les bourreaux et le 11 au matin
les potences se dressèrent, sinistres
dans une des cours de la prison. Des
troupes nombreuses avaient été a-
moncelées autour de la prison et
dans les rues environnantes, afin de
prévenir toute tentative des amis des
condamnés.
A huit heures du matin les con-
damnés furent changés de cellule et
ce qu'on appelle la garde des morts
commença. L'arrêt fut lu à chacun
d'eux et le cortège funèbre se mit en,
marche : Spies en avant, puis Fis-
cher, ensuite Parsons et dernier
Engel. Tous les quatre montèrent
sur l'échafaud, le noeud fut ajusté au
cou de chacun; ;
Leurs dernières' pensées ont été
pourlà grande cause à laquelle ils
donnaient leur vie.
Spies: « Salut, temps où notre si-
lencç sera plus puissant que nos (
voix qu'on étrangle dans la mort. »
Engel : « Hourrah pour l'anar-
chie ! »
Fischer : « Hourrah pour l'anar-
chie 1 »
Parsons ouvrait la bouche pour
parler lorsque la trappe s'ouvrit sous
ses pieds.
Les mots qui terminaient la der-
nière lettre de Lingg sont : « Vive
l'anarchie ! »
.... Les plaindre, non ! Les pleu-
rer encore moins. Sur dos hommes
semblables aussi doués en pensée .
et conviction qu'en énergie, pas de
larmoiements inféconds !
CHANT dea CONDAMNÉS À MORT
Heur* d'indigestion, étouffe d'ambroisie ;
, Et dresse nos gibet». ■■
Ris, chante, hurle, aboie, infâme bourgeoisie,
Lancé les q'tolibcts,
Tes insulte», ta bave au peuple ton tsdave ;
'Te» beaux jows stnt cnptés,
Car tu seras détruite épa>e par épave
Par les déshérités.
y.
Choisisse?, bien notre potence,
GraniU piclcs du dieu Capital,
Pour que notre corps se balance
A u souffle du vent matinal.
Que te chanvre soit très solide ;
Né spéculez pas sur le prix.
Demandez plutôt un subside
Pour que le bénef soit compris.
Et quand au bois, mettes te chêne.
C'est un peu cher, mais songez donc :
Pour porter de« briseurs de chaîne,
Il faut du solide et du bon.
Tu nous pends, c'eslton droit : lapeurtefait agir ;
Nous man hons au supplice, tt lu le crois sauvée ;
Mais le peuple vn beau our sera l>$ de rugir ;
Et pour l'anéantir, ô race dépravée t
Construira des bûchers
Il te fera «oti'r dans »JII grand feu dejoie,
Et tu disparaîtras dans un nuage épais.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 92.58%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 92.58%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5545542x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5545542x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5545542x/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5545542x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5545542x
Facebook
Twitter