Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-01-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 janvier 1901 19 janvier 1901
Description : 1901/01/19 (N247). 1901/01/19 (N247).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634461
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
G“ Année — f 247.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 19 Janvier 1901.
Organe du Parti Républicain Démocran^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 5 4 fr.
1 5
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE CASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred huenri
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROY
1S
Prix des Insertions :
*
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames.... 50 *
On traite à forfait
LA LOI
sur les Associations
Le grand débat concernant la loi
sur les Associations s’est, enfin,
ouvert par une passe d’armes vi
goureuse entre les députés Renault-
Morlière et Viviani. Il a continué
par les discours de MM. Piou et
Trouillot. Ce dernier est, on le sait,
le rapporteur.
Jusqu’à présent, la lutte ne s’est
engagée que sur la partie de la
proposition qui vise les congréga
tions religieuses. On sent là tout
l’effort que l’Eglise déploie chaque
fois qu’une réforme même d’intérêt
général, touche, par l’un de ses
côtés> aux prérogatives du clérica
lisme. Pourtant, la loi possède une
autre portée, elle revêt un caractère
d’ordre général, en réglant et en
étendant le droit d’association. Elle
atteindra certainement à des consé
quences économiques dignes de re
marque par la reconnaissance de la
personnalité civile aux différents
groupements. Il est vrai que cet
accord est soumis à la déclaration
d’utilité publique, mais il ne s’agit
là, en somme, que d’un règlement
administratif.
Le grand mérite du projet en
discussion, c’est, contrairement à
un grand nombre de dispositions de
notre législature, d’avoir dressé an
plan d’ensemble, de s’élever au-
dessus de simples considérations de
circonstance pour distinguer un
objectif social.
Tant pis pour les congrégations
si elles se trouvent visées par rico
chet, elles ont tout fait pour cela, et
si le projet soumis à la Chambre ne
les atteignait pas, il faudrait en vo
ter un autre. Il n’est pas permis à
un gouvernement, quel qu’il soit,
monarchique ou républicain, de se
laisser gagner par une puissance or
ganisée dans l’Etat, et possédant
des moyens d’action formidables,
capables de modifier, au gré d’un
cardinal-protecteur du Sacré-Col
lège, les événements politiques du
pays. Le péril est assez imminent
pour qu’on y songe. M. Trouillot
nous a signalé le développement du
clergé congréganiste qui compte
200,000 personnes et qui dispose de
toutes les influences dô la presse,
du commerce et de l’enseignement.
A côté, le clergé régulier et concor
dataire, comprenant encore 40,000
membres serait quantité négligeable
s’il n’était soutenu, guidé, encou
ragé par les moines. A part quel
ques prêtres rebelles à la domination
monacale, tous la subissent.
L’Eglise n’est, en somme, qu’une
vaste association d’intérêts particu
liers spéculant sur la crédulité hu
maine. L’émancipation de la raison
n’est pas encore suffisante pour per
mettre du meme coup, de frapper
les uns et les autres, c’est pourquoi
nous sommes dans l’obligation d’é
tablir des distinctions et des subtibi-
lités, mais il n’en est pas moins vrai
que le prêtre qui vend des messes
ou une place quelconque dans un
paradis hypothéthique, reste un tra
fiquant aussi vulgaire que l’as-
somptionniste qui vous attribue les
grâces de Saint-Antoine-de-Padoue
moyennant pièces d’or. Il y a, si je
ne me trompe, un article du Code
pénal, qui châtie le commerce des
biens imaginaires ; que ne l’appli-
que-t-on pas ?
Je ne partagerai pas l’opinion de
M. Nadal, du Petit Havre , qui
établit des distinctions entre les dif
férents clergés, réguliers ou sécu
liers. Ils sont tous également dange
reux ; si, entre eux, existent des
querelles de famille, ils se retrou
vent toujours unis dans la lutte
contre l’esprit laïque. La théologie
religieuse est l’ennemie déclarée du
Progrès, de la Science et de la
Raison.
L’Eglise est un bloc qu’il faudra
CwSüüdre,
Pourquoi, disent certains socia
listes, ne pas viser uniquement dans
la loi les congrégations, au lieu de
généraliser les règles d’association.
Le motif en est simple, c’est que les
congrégations disséminées ou appa
remment détruites, se reforme
raient sous un autre vocable en
exerçant une subtilité nouvelle.
En résumé, le projet en discus
sion, bien qu’anodin, renferme
d’heureuses dispositions, puis, il est
susceptible d’amendements aux
quels nous applaudirions.
Alf. HENRI.
-««a»
AMENDEMENT A LA LOI
MM. Zévaès, Viviani, Vaillant et
plusieurs autres membres du parti
socialiste viennent de déposer un
amendement au projet de loi sur les
associations portant que les biens de
main-morte, meubles et immeubles,
détenus par les congrégations reli
gieuses, y compris les annexes indus
trielles et commerciales de ces con
grégations, appartiennent à l’Etat
qui en prendra possession immédia
tement.
Les membres des congrégations
pourraient disposer des meubles et des
effets à leur usage personnel.
Quant aux bibliothèques, collec
tions, tableaux, objets d’art apparte
nant aux congrégations, ils seraient
ou vendus ou affectés aux musées et
bibliothèques de l’Etat.
Les biens des congrégations seraient
consacrés à la constitution d’une
caisse de retraite pour les vieillards
et les invalides du travail.
CONCLUSION NÉCESSAIRE
L’interpellation sur l’ingérence du
Vatican dans nos affaires intérieures
a eu le sort qu’il était aisé de prévoir ;
mais ce qui nous surprend un peu,
c’est l’attitude de la majorité radicale
de la Chambre lorsqu’il s’est agi de
manifester pour ou contre la sépara
tion des Eglises et de l’Etat.
On dira que la question n’était pas
soumise à la Chambre, que la mani
festation aurait été dépourvue de sanc
tion immédiate, qu’on ne pouvait
obéir aux injonctions de députés na
tionalistes ; mais aucune de ces rai
sons ne nous paraît déterminante.
En rappelant que les ministres ra
dicaux ont toujours demandé d’ajour
ner la question de la séparation des
Eglises et.de l’Etat, sous prétexte
qu’il fallait d'abord voter une loi sur
les associations, M. Holtz a fait une
constatation indiscutable. Et en met
tant les radicaux et les socialistes eu
demeure de dire s’ils étaient décidés
à dénoncer le Concordat, comme con
séquence du vote de la loi sur les as
sociations, le député de la Seine a fait
preuve de logique.
On a qualifié sou intervention de
traquenard, et il est possible qu’elle
mérite cette appréciation si on scrute
les arrière-pensées de M. Holtz ; mais
pour les anticléricaux convaincus, peu
importaient les intentions de l’auteur
de l’amendement; il s’agissait d’affir
mer leurs principes et leur volonté
d’y conformer leurs actes ; pourquoi
ont-ils hésité ?
Ajoutons qu’à V'ùre point de vue
la loi sur les associations n’est qu’une
étape vers le but final, c’est-à-dire
vers la séparation des Eglises et de
l’Etat; et le débat qui s’est engagé
jeudi n’aurait qu’un intérêt secon
daire s’il ne devait avoir cette con
clusion nécessaire. D.
Jaurès acclamé à la Chambre
Un incident qui mérite d’être si
gnalé au point de vue pittoresque est
l’ovation faite à M. Jaurès qui assis
tait aux débats dans la tribune des
anciens députés.
M. Renault-Morlière ayant fait
allusion à un discours de M. Jaurès
à l’éloquence duquel il rendait hom
mage, toute la Gauche s’est tournée
vers lui en applaudissant longue
ment.
M. Jaurès est resté impassible de
vant cette manifestation spontanée
de ses anciens collègues, et sa physio^
nomie n’a pas trahi l’émotion qu’il
ressentait, sans doute, émotion d’ail
leurs bien légitime.
UNE CIRCULAIRE
DE M. DE LANESSAN
La liberté de conscience dans la
marine
Le ministre de la marine vient
d’adresser la circulaire suivante aux
chefs d’escadre, aux préfets maritimes
et autres chefs du service du départe
ment :
Je crois devoir attirer votre atten
tion sur la nécessité d’imposer partout
et à tous, dans la marine, le respect
le plus absolu de la liberté de
conscience.
Un double devoir s’impose, à cet
effet, à tous ceux qui détiennent une
parcelle quelconque de l’autorité.
D’une part, ils doivent s’abstenir de
toute mesure qui aurait pour consé
quence de les astreindre à des prati
ques condamnées par leur foi ou ipar
leurs opinions.
Il y aurait abus à ce dernier point
de vue ni, par des ordres ou même par
de simples invitations qui, venant
d’un chef, pourraient être considérées
comme des ordres, on déterminait les
hommes à suivre des. pratiques reli
gieuses autrement que sous l’impul
sion parfaitement libre de leur vo
lonté.
Vous donnerez donc les ordres les
plus formels pour que désormais, tant
à bord des navires que dans les pré
fectures maritimes, les arsenaux,; les
écoles et les établissements de tout
ordre de la marine, les offices reli-
gieiiXj les prières et toutes autres pra
tiques d’un culte quelconque aient
lieu dans des conditions telles que
personnes ne puisse se considérer
comme tenu d’y prendre part ou seu
lement intéressé à y faire remarquer
sa présence.
Afin que ces principes et règles ne
puissent être ignorés d’aucun de vos
subordonnés, la présente circulaire
sera, par vos soins et avant le 15 jan
vier 1901, portée à l’ordre de tous les
bâtiments de la flotte et affichée dans
toutes les préfecfectures, arsenaux,
établissements et écoles de la marine.
, De Lanessan.
DÉFAUT D’ENTENTE
Un de nos plus éminents confrères,
recherchant les causes qui ont abouti
à la décadence actuelle, malheureuse
ment incontestée de la race française,
signale l’absence de sens moral
comme un des principaux facteurs
dissolvants.
Il a parfaitement raison. Mais nous
croyons que le défaut d’entente entre
les citoyens de cette grande et jadis
puissante nation, doit également figu
rer parmi les causes d’affaiblissement
de notre malheureux pays, dont le re
lèvement, avant les fâcheuses discor
des engendrées par l’Affaire, parais
sait assuré.
Nous savons que ce défaut d’en
tente ne date pas d’hier et qu’il a tou
jours nui aux plus grands intérêts de
la France. Mais il est doublement dé
plorable à une époqne de crise où l’é
troite union de tous les enfants de la
patrie peut seule conjurer les périls
de toute nature dont celle-ci est plus
ou moins ouvertement menacé
Ce défaut capital tient de la taqui
nerie et revêt les formes les plus di
verses, les plus enfantines comme les
plus graves ; c’est dans leur sang ; c’est
dans le caractère. Ce perpétuel es
prit de contradiction, dont nous
sommes tous les victimes, se traduit
partout en toute circonstance même et
surtout dans les diverses branches de
l’administration.
Innombrables sont les exemples.
Les uns sont simplement comiques ou
grotesques, les autres sont navrants
dans leurs conséquences. En général,
on peut dire que la Franue compte
autant d’adversaires qu’elle compte
d’administrations publiques.
Prenez une compagnie d’omnibus et
une compagnie ue tramways, ou une
compagnie de tramways et une com
pagnie de chemin de fer ou bien encore
deux compagnies de chemin de fer,
dont l’une dite d’intérêt local. Toutes
ces entreprises de transport en com
mun gagneraient à se concerter, à
s’entendre pour se donner mutuelle
ment satisfaction, afin de contenter le
public et l’amener à se déplacer plus
commodément, par conséquent en plus
grand nombre.
Eh bien, c’est le contraire qui existe.
Entre ces diverses administrations,
c’est une lutte de tous les instants,
dont tout le monde pâtit. Les intérêts
sont communs, et il semblerait cepen
dant que chacune d’elles ne peut sup
porter l’existence de l’autre. Leurs
représentants ne négligent aucune
occasion de se froisser, de se nuire et,
parfois, de s’injurier. Il n’est point de
règlement qui ait raison de cet anta
gonisme latent, et plus d’un accident
est dû à ces mesquines rivalités.
Nous avons choisi ces exemples
entre mille, parce que tous nous som
mes journellement témoins de ces
faits. Qu’une ligne de|tramways en
croise une autre, et voilà la guerre
déclarée. Loin de faciliter son établis*
sement à la seconde, la première s’em
ploiera par tous les moyens à l’empê-
cher, tout au moins à le retarder.
Chacun veut être ou se montrer indé
pendant du voisin, et c’est toujours le
public qui en souffre. Mais ne voyons-
nous pas les divers services d’une
même administration, mus par un sot
orgueil, en conflit perpétuel ?
Les Compagnies d’intérêt local,
dont la seule raison d’être réside dans
la faculté accordée aux habitants de
la région d’être en relations directes
avec la grande ligne la plus proche,
font généralement ce qu’elles peuvent
pour ne pas correspondre avec celle-
ci aux heures indiquées par les inté
ressés.
Se rappelle-t-on l’horrible sursaut
— il pouvait être dangereux pour les
femmes enceintes ou les malades —
imposé aux voyageurs du tramway
Auteuil-Saint-Sulpice à la traversée
de la ligne du Champ-de-Mars ? La
Compagnie de l’Ouest n’avait jamais
voulu consentir à faire le nécessaire
pour éviter ce réel désagrément aux
clients de la Compagnie des Omnibus
obligée d’emprunter cette voie. Celle-
ci, à son tour, en fait voir de dures
aux compagnies de tramways qui
empruntent ou traversent ses lignes.
Du petit au grand, l’histoire se
répète, et l’on croirait assister à des
défis qui se lanceraient d’irréconci
liables ennemis. Le bon sens, l’intérêt
du public sont complètement négli
gés, et l’administration française,
sous toutes ses formes, se rend ainsi
odieuse. L’énervement devient géné
ral, entretenu qu’il est par toutes ces
vexations, et le fossé se creuse chaque
jour plus profonde, entre les diverses
catégories de citoyens français. On
oublie trop que, seule, l’union — à
tous les degrés — fait la force.
Léon Lesage;-
MORT DD DOCTEUR DEPASSE
Nous apprenons avec un bien vif
regret, la mort de M. le docteur De-
passe, qui dirigeait le collège impé
rial de médecine à Tien-Tuin.
Le docteur Dépassé a succombé,
emporté en quelques jo ü rs par une
maladie contractée à lr À su ite des fa
tigues de la guerre et des privations
du siège.
Une dépêche de - consul géné
ral à Tien-Tsin en a informé M.’
Deicasse, en le p. r y^ntde charger l’ami
le plus intime r 1 ie ^fortuné médecin,
le docteur AH jert 0 a i me tte, directeur '
de l’Institut p asteur de Lille, d’ap
prendre cet tr ^ gte nouve n e à le mère*
du doctei ^ j) e p asse .
i e P ac sse était médecin principal detf
£ üir es; il venait d’être inscrit d’of-
i e .u tableau par M. Decrais pour
• rade de médecin en chef, et notre
m inistre des Affaires étrangères l’avait
nommé la semaine dernière officier de
la Légion d’honneur pour le récom-
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 19 Janvier 1901.
Organe du Parti Républicain Démocran^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 5 4 fr.
1 5
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE CASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred huenri
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROY
1S
Prix des Insertions :
*
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames.... 50 *
On traite à forfait
LA LOI
sur les Associations
Le grand débat concernant la loi
sur les Associations s’est, enfin,
ouvert par une passe d’armes vi
goureuse entre les députés Renault-
Morlière et Viviani. Il a continué
par les discours de MM. Piou et
Trouillot. Ce dernier est, on le sait,
le rapporteur.
Jusqu’à présent, la lutte ne s’est
engagée que sur la partie de la
proposition qui vise les congréga
tions religieuses. On sent là tout
l’effort que l’Eglise déploie chaque
fois qu’une réforme même d’intérêt
général, touche, par l’un de ses
côtés> aux prérogatives du clérica
lisme. Pourtant, la loi possède une
autre portée, elle revêt un caractère
d’ordre général, en réglant et en
étendant le droit d’association. Elle
atteindra certainement à des consé
quences économiques dignes de re
marque par la reconnaissance de la
personnalité civile aux différents
groupements. Il est vrai que cet
accord est soumis à la déclaration
d’utilité publique, mais il ne s’agit
là, en somme, que d’un règlement
administratif.
Le grand mérite du projet en
discussion, c’est, contrairement à
un grand nombre de dispositions de
notre législature, d’avoir dressé an
plan d’ensemble, de s’élever au-
dessus de simples considérations de
circonstance pour distinguer un
objectif social.
Tant pis pour les congrégations
si elles se trouvent visées par rico
chet, elles ont tout fait pour cela, et
si le projet soumis à la Chambre ne
les atteignait pas, il faudrait en vo
ter un autre. Il n’est pas permis à
un gouvernement, quel qu’il soit,
monarchique ou républicain, de se
laisser gagner par une puissance or
ganisée dans l’Etat, et possédant
des moyens d’action formidables,
capables de modifier, au gré d’un
cardinal-protecteur du Sacré-Col
lège, les événements politiques du
pays. Le péril est assez imminent
pour qu’on y songe. M. Trouillot
nous a signalé le développement du
clergé congréganiste qui compte
200,000 personnes et qui dispose de
toutes les influences dô la presse,
du commerce et de l’enseignement.
A côté, le clergé régulier et concor
dataire, comprenant encore 40,000
membres serait quantité négligeable
s’il n’était soutenu, guidé, encou
ragé par les moines. A part quel
ques prêtres rebelles à la domination
monacale, tous la subissent.
L’Eglise n’est, en somme, qu’une
vaste association d’intérêts particu
liers spéculant sur la crédulité hu
maine. L’émancipation de la raison
n’est pas encore suffisante pour per
mettre du meme coup, de frapper
les uns et les autres, c’est pourquoi
nous sommes dans l’obligation d’é
tablir des distinctions et des subtibi-
lités, mais il n’en est pas moins vrai
que le prêtre qui vend des messes
ou une place quelconque dans un
paradis hypothéthique, reste un tra
fiquant aussi vulgaire que l’as-
somptionniste qui vous attribue les
grâces de Saint-Antoine-de-Padoue
moyennant pièces d’or. Il y a, si je
ne me trompe, un article du Code
pénal, qui châtie le commerce des
biens imaginaires ; que ne l’appli-
que-t-on pas ?
Je ne partagerai pas l’opinion de
M. Nadal, du Petit Havre , qui
établit des distinctions entre les dif
férents clergés, réguliers ou sécu
liers. Ils sont tous également dange
reux ; si, entre eux, existent des
querelles de famille, ils se retrou
vent toujours unis dans la lutte
contre l’esprit laïque. La théologie
religieuse est l’ennemie déclarée du
Progrès, de la Science et de la
Raison.
L’Eglise est un bloc qu’il faudra
CwSüüdre,
Pourquoi, disent certains socia
listes, ne pas viser uniquement dans
la loi les congrégations, au lieu de
généraliser les règles d’association.
Le motif en est simple, c’est que les
congrégations disséminées ou appa
remment détruites, se reforme
raient sous un autre vocable en
exerçant une subtilité nouvelle.
En résumé, le projet en discus
sion, bien qu’anodin, renferme
d’heureuses dispositions, puis, il est
susceptible d’amendements aux
quels nous applaudirions.
Alf. HENRI.
-««a»
AMENDEMENT A LA LOI
MM. Zévaès, Viviani, Vaillant et
plusieurs autres membres du parti
socialiste viennent de déposer un
amendement au projet de loi sur les
associations portant que les biens de
main-morte, meubles et immeubles,
détenus par les congrégations reli
gieuses, y compris les annexes indus
trielles et commerciales de ces con
grégations, appartiennent à l’Etat
qui en prendra possession immédia
tement.
Les membres des congrégations
pourraient disposer des meubles et des
effets à leur usage personnel.
Quant aux bibliothèques, collec
tions, tableaux, objets d’art apparte
nant aux congrégations, ils seraient
ou vendus ou affectés aux musées et
bibliothèques de l’Etat.
Les biens des congrégations seraient
consacrés à la constitution d’une
caisse de retraite pour les vieillards
et les invalides du travail.
CONCLUSION NÉCESSAIRE
L’interpellation sur l’ingérence du
Vatican dans nos affaires intérieures
a eu le sort qu’il était aisé de prévoir ;
mais ce qui nous surprend un peu,
c’est l’attitude de la majorité radicale
de la Chambre lorsqu’il s’est agi de
manifester pour ou contre la sépara
tion des Eglises et de l’Etat.
On dira que la question n’était pas
soumise à la Chambre, que la mani
festation aurait été dépourvue de sanc
tion immédiate, qu’on ne pouvait
obéir aux injonctions de députés na
tionalistes ; mais aucune de ces rai
sons ne nous paraît déterminante.
En rappelant que les ministres ra
dicaux ont toujours demandé d’ajour
ner la question de la séparation des
Eglises et.de l’Etat, sous prétexte
qu’il fallait d'abord voter une loi sur
les associations, M. Holtz a fait une
constatation indiscutable. Et en met
tant les radicaux et les socialistes eu
demeure de dire s’ils étaient décidés
à dénoncer le Concordat, comme con
séquence du vote de la loi sur les as
sociations, le député de la Seine a fait
preuve de logique.
On a qualifié sou intervention de
traquenard, et il est possible qu’elle
mérite cette appréciation si on scrute
les arrière-pensées de M. Holtz ; mais
pour les anticléricaux convaincus, peu
importaient les intentions de l’auteur
de l’amendement; il s’agissait d’affir
mer leurs principes et leur volonté
d’y conformer leurs actes ; pourquoi
ont-ils hésité ?
Ajoutons qu’à V'ùre point de vue
la loi sur les associations n’est qu’une
étape vers le but final, c’est-à-dire
vers la séparation des Eglises et de
l’Etat; et le débat qui s’est engagé
jeudi n’aurait qu’un intérêt secon
daire s’il ne devait avoir cette con
clusion nécessaire. D.
Jaurès acclamé à la Chambre
Un incident qui mérite d’être si
gnalé au point de vue pittoresque est
l’ovation faite à M. Jaurès qui assis
tait aux débats dans la tribune des
anciens députés.
M. Renault-Morlière ayant fait
allusion à un discours de M. Jaurès
à l’éloquence duquel il rendait hom
mage, toute la Gauche s’est tournée
vers lui en applaudissant longue
ment.
M. Jaurès est resté impassible de
vant cette manifestation spontanée
de ses anciens collègues, et sa physio^
nomie n’a pas trahi l’émotion qu’il
ressentait, sans doute, émotion d’ail
leurs bien légitime.
UNE CIRCULAIRE
DE M. DE LANESSAN
La liberté de conscience dans la
marine
Le ministre de la marine vient
d’adresser la circulaire suivante aux
chefs d’escadre, aux préfets maritimes
et autres chefs du service du départe
ment :
Je crois devoir attirer votre atten
tion sur la nécessité d’imposer partout
et à tous, dans la marine, le respect
le plus absolu de la liberté de
conscience.
Un double devoir s’impose, à cet
effet, à tous ceux qui détiennent une
parcelle quelconque de l’autorité.
D’une part, ils doivent s’abstenir de
toute mesure qui aurait pour consé
quence de les astreindre à des prati
ques condamnées par leur foi ou ipar
leurs opinions.
Il y aurait abus à ce dernier point
de vue ni, par des ordres ou même par
de simples invitations qui, venant
d’un chef, pourraient être considérées
comme des ordres, on déterminait les
hommes à suivre des. pratiques reli
gieuses autrement que sous l’impul
sion parfaitement libre de leur vo
lonté.
Vous donnerez donc les ordres les
plus formels pour que désormais, tant
à bord des navires que dans les pré
fectures maritimes, les arsenaux,; les
écoles et les établissements de tout
ordre de la marine, les offices reli-
gieiiXj les prières et toutes autres pra
tiques d’un culte quelconque aient
lieu dans des conditions telles que
personnes ne puisse se considérer
comme tenu d’y prendre part ou seu
lement intéressé à y faire remarquer
sa présence.
Afin que ces principes et règles ne
puissent être ignorés d’aucun de vos
subordonnés, la présente circulaire
sera, par vos soins et avant le 15 jan
vier 1901, portée à l’ordre de tous les
bâtiments de la flotte et affichée dans
toutes les préfecfectures, arsenaux,
établissements et écoles de la marine.
, De Lanessan.
DÉFAUT D’ENTENTE
Un de nos plus éminents confrères,
recherchant les causes qui ont abouti
à la décadence actuelle, malheureuse
ment incontestée de la race française,
signale l’absence de sens moral
comme un des principaux facteurs
dissolvants.
Il a parfaitement raison. Mais nous
croyons que le défaut d’entente entre
les citoyens de cette grande et jadis
puissante nation, doit également figu
rer parmi les causes d’affaiblissement
de notre malheureux pays, dont le re
lèvement, avant les fâcheuses discor
des engendrées par l’Affaire, parais
sait assuré.
Nous savons que ce défaut d’en
tente ne date pas d’hier et qu’il a tou
jours nui aux plus grands intérêts de
la France. Mais il est doublement dé
plorable à une époqne de crise où l’é
troite union de tous les enfants de la
patrie peut seule conjurer les périls
de toute nature dont celle-ci est plus
ou moins ouvertement menacé
Ce défaut capital tient de la taqui
nerie et revêt les formes les plus di
verses, les plus enfantines comme les
plus graves ; c’est dans leur sang ; c’est
dans le caractère. Ce perpétuel es
prit de contradiction, dont nous
sommes tous les victimes, se traduit
partout en toute circonstance même et
surtout dans les diverses branches de
l’administration.
Innombrables sont les exemples.
Les uns sont simplement comiques ou
grotesques, les autres sont navrants
dans leurs conséquences. En général,
on peut dire que la Franue compte
autant d’adversaires qu’elle compte
d’administrations publiques.
Prenez une compagnie d’omnibus et
une compagnie ue tramways, ou une
compagnie de tramways et une com
pagnie de chemin de fer ou bien encore
deux compagnies de chemin de fer,
dont l’une dite d’intérêt local. Toutes
ces entreprises de transport en com
mun gagneraient à se concerter, à
s’entendre pour se donner mutuelle
ment satisfaction, afin de contenter le
public et l’amener à se déplacer plus
commodément, par conséquent en plus
grand nombre.
Eh bien, c’est le contraire qui existe.
Entre ces diverses administrations,
c’est une lutte de tous les instants,
dont tout le monde pâtit. Les intérêts
sont communs, et il semblerait cepen
dant que chacune d’elles ne peut sup
porter l’existence de l’autre. Leurs
représentants ne négligent aucune
occasion de se froisser, de se nuire et,
parfois, de s’injurier. Il n’est point de
règlement qui ait raison de cet anta
gonisme latent, et plus d’un accident
est dû à ces mesquines rivalités.
Nous avons choisi ces exemples
entre mille, parce que tous nous som
mes journellement témoins de ces
faits. Qu’une ligne de|tramways en
croise une autre, et voilà la guerre
déclarée. Loin de faciliter son établis*
sement à la seconde, la première s’em
ploiera par tous les moyens à l’empê-
cher, tout au moins à le retarder.
Chacun veut être ou se montrer indé
pendant du voisin, et c’est toujours le
public qui en souffre. Mais ne voyons-
nous pas les divers services d’une
même administration, mus par un sot
orgueil, en conflit perpétuel ?
Les Compagnies d’intérêt local,
dont la seule raison d’être réside dans
la faculté accordée aux habitants de
la région d’être en relations directes
avec la grande ligne la plus proche,
font généralement ce qu’elles peuvent
pour ne pas correspondre avec celle-
ci aux heures indiquées par les inté
ressés.
Se rappelle-t-on l’horrible sursaut
— il pouvait être dangereux pour les
femmes enceintes ou les malades —
imposé aux voyageurs du tramway
Auteuil-Saint-Sulpice à la traversée
de la ligne du Champ-de-Mars ? La
Compagnie de l’Ouest n’avait jamais
voulu consentir à faire le nécessaire
pour éviter ce réel désagrément aux
clients de la Compagnie des Omnibus
obligée d’emprunter cette voie. Celle-
ci, à son tour, en fait voir de dures
aux compagnies de tramways qui
empruntent ou traversent ses lignes.
Du petit au grand, l’histoire se
répète, et l’on croirait assister à des
défis qui se lanceraient d’irréconci
liables ennemis. Le bon sens, l’intérêt
du public sont complètement négli
gés, et l’administration française,
sous toutes ses formes, se rend ainsi
odieuse. L’énervement devient géné
ral, entretenu qu’il est par toutes ces
vexations, et le fossé se creuse chaque
jour plus profonde, entre les diverses
catégories de citoyens français. On
oublie trop que, seule, l’union — à
tous les degrés — fait la force.
Léon Lesage;-
MORT DD DOCTEUR DEPASSE
Nous apprenons avec un bien vif
regret, la mort de M. le docteur De-
passe, qui dirigeait le collège impé
rial de médecine à Tien-Tuin.
Le docteur Dépassé a succombé,
emporté en quelques jo ü rs par une
maladie contractée à lr À su ite des fa
tigues de la guerre et des privations
du siège.
Une dépêche de - consul géné
ral à Tien-Tsin en a informé M.’
Deicasse, en le p. r y^ntde charger l’ami
le plus intime r 1 ie ^fortuné médecin,
le docteur AH jert 0 a i me tte, directeur '
de l’Institut p asteur de Lille, d’ap
prendre cet tr ^ gte nouve n e à le mère*
du doctei ^ j) e p asse .
i e P ac sse était médecin principal detf
£ üir es; il venait d’être inscrit d’of-
i e .u tableau par M. Decrais pour
• rade de médecin en chef, et notre
m inistre des Affaires étrangères l’avait
nommé la semaine dernière officier de
la Légion d’honneur pour le récom-
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