Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-01-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 janvier 1901 05 janvier 1901
Description : 1901/01/05 (N245). 1901/01/05 (N245).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634446
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONN EMEN TS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR.-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’iMPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
L'Intervention du Pnpe
Le soi-disant vicaire de Dieu sur
la terre, non content de s’occuper
de son rôle spirituel, tient essen
tiellement à se mêler à nos affaires
intérieures, comme à notre politique
extérieure. La chose peut paraître
étrange plus d’un siècle apres la
Révolution française, mais le fait
existe.
L’entretien rapporté dans Le Ma
tin par le collaborateur de ce jour
nal, M. Henri des Houx, qui a tou
tes raisons pour être en bons ter
mes avec le souverain-pontife, et la
lettre authentique du pape, au car
dinal-archevêque de Paris, ne lais
sent aucun doute à cet égard. Léon
XIII se plaint amèrement du projet
de loi sur les associations présenté
' par le gouvernement. Il y voit un
mauvais tour du ministère Wal-
deck-Rousseau dont il avait voulu
se servir pour maîtriser les Assomp-
tionnistes, en les dénonçant lui—
même, secrètement, au ministre de
l’Intérieur.
J’ai dit dans quel but il Agissait* en
un précédent article } a politique
du pape ou je faisp^ igregsor ti r l’opposi
tion entre \ gallicane et l’église
r .^maine et ou je prévoyais, avec
juste raison, on s’en rend compte,
aujourd’hui, l’embarras du Vatican.
L’objectif de Léon XIII était et
reste encore de maintenir l’unité de
l’Eglise. Il est dans la tradition des
papes.
Le devoir du gouvernement répu
blicain consistait à ne pas négliger j
le moyen qui lui était offert de lut- I
ter contre les menées inférieures
des congrégations. Il Va accompli
ien se servant ' a es indications du
Saint-Siège, (yest ce détail qui a
pu croire à quelques-uns qu’il
y avait entente avec le ministère,
quand il n’y avait que manoeuvre
habile et diplomatie.
Maintenant, le gouvernement doit
ïüodifier sa tactique ou plutôt ten
dre à un second résultat. Il lui faut
porter plus haut ses coups et s’en
prendre directement, corps à corps,
à la puissance romaine, toujours
menaçante, toujours dangereuse. Il
a pour mission d’attaquer l’inter
nationale noire. Voilà pourquoi le
' projet sur les associations aétéheu-
reuseusement inspiré en interdisant
1 tout groupement congréganiste qui
comprendrait des moines étrangers
ou qui aurait son chef à l’étranger.
Certes, la partie qui se livre tient
d’un jeu serré. Cependant, dès à
présent, n’hésitons pas à élargir le
front de bataille, ni à étendre les
lignes du débat. Les forces clérica
les, en lutte entre elles, pour se
disputer le gâteau dès qu’elles se
supposent maîtresses du terrain, se
réunissent vite contre l’adversaire
commun qui est l’esprit laïque, et
soudent contre lui leurs tronçons.
L’avantage est de les avoir un ins
tant divisées et, à la faveur des
querelles, sur le fumier nationaliste,
d’avoir fait germer une idée juste :
le retour de la nation vers ses des
tinées à la puissance morale.
Revenons donc à l’épître papale ;
elle vaut la peine qu’on s’y consacre
par l’influence qu’elle peut produire
sur les esprits non avertis et par
l’orientation nouvelle qu’elle est sus
ceptible de faire naître à l’égard de
la politique apostolique. Tout d’a
bord, nous y trouvons, sous une
forme châtiée, une grave insolence
à notre esprit national. Que pense
ront les âmes françaises de cette
immixtion du Saint-Siège dans nos
affaires extérieures ?
Ne sentirons-nous pas sa mé
chante menace de prêter appui pour
ou contre nous, selon que nous ré
glerons de telle ou telle façon nos
affaires intérieures ?
N’avons-nous pas dit, un jour,
que nous voulions être maîtres chez
nous ? Et alors, que fait le pape de
notre indépendance. Je sais qu’il ne
faut pas s’exagérer le pouvoir de
Léon XIII sur les souverains etran
gers qui sê lâîiâênt plutôt mener
par l’intêfêt direct que par la reli
gion quand elle n’a pour eux aucun
avantage.
Or, c’est l’heure, de proclamer
que nous aussi nous ne voulons plus
être guidés dans nos relations inter
nationales par les bénéfices de l’E
glise mais uniquement par l’intérêt
du pays, sous les auspices de la jus
tice et du droit.
En effet, Léon X.IIÎ fait l’aveu,
inconsciemment d’ailleurs, qu’en
Chine, par exemple, nous n’avions
aucun profit à la guerre oh nous dé
pensons l’ôr de la France et le sang
de ses enfants, sinon servir les vues
de l’Eglise romaine. L’argument
qu’il invoque relativement aux mis
sionnaires pour défendre les con
grégations intérieures se retourne
entièrement contre la politique reli
gieuse.
Pour conclure ces rapides obser
vations, je dirai que la République
ne doit pas craindre, afin de réduire
les dangers du cléricalisme, d’entre
prendre ce que la monarchie portu
gaise avait résolu au dix-huitième
siècle. Il s’est trouvé, dans ce pays
catholique, berceau de la puissance
monastique, un ministre, du nom de
Carvalho, marquis de Pombal, qui
fit rendre au roi Joseph I er , un édit,
en date du J 7 février 1761, qui con
fisquait au profit de la couronne
tous les biens meubles et immeubles
des jésuites. Par un édit précédent,
Pombal avait chassé les jésuites
comme traîtres et rebelles de tous
les états portugais, avec défense,
sous peine de mort, d’y rentrer ja
mais. A ce seul prix, le pays recou
vra la tranquillité.
On conviendra qu’à côté de ces
mesures énergiques, le projet Wal-
deck-Rousseau et même la proposi
tion Brisson paraissent tendres.
C’est déjà, cependant, un commen
cement à réaliser. Qu’on ne l’oublie
pas et que tous les républicains s’u
nissent pour le combat.
Alf. HENRI.
■i 9CM
L’expérience a beau nous démon
trer que presque toujours la prédic
tion de la veille est démentie par le
fait du lendemain, la soif de l'incon
nu est telle en nous que nous vou
lons savoir quand même, quitte à
nous railler nous-mêmes de notre in
corrigible crédulité. C’est ce qui fait
la fortune et la durée des somnan-
bules,ces vestiges d’un âge disparu.
Qu’une personne quelconque vien
ne à vous dans une société et vous
demande votre main pour y soi-disant
lire votre destinée, à l’instant même
votre curiosité sera éveilléei Malgré
vous, malgré votre scepticisme et le
sourire d’incrédulité qui plissera vo
tre lèvre, VOUS tendre? çette main et
T>. V-O.'Tr —J. ^ p ' - f\ ■ * f? rJ
A OlOJLAl UiU^. * j-»l OulC/tllVfHk? ^ u.iA
devin de circonstance, dont la science
est plus ou moins empreinte de bla
gue.
C’est ce sentiment, si fort enraciné
en nous, qui nous fait sonder l’avenir
au renouvellement de chaque année,
comme s’il nous était possible de de
viner ce que cachent ces douze mois
où peuvent se dérouler tant d’évène
ments insoupçonnés à l’heure pré
sente. Que sera 1901, au point de
vue politique, agricole, etc., etc ?
Chacun, selon ses tendances ou sa
profession, fait des vœux pour la réus
site de ses projets, le succès de sa
cause, de son parti, et escompte à
l’avance des résultats que la réalité
fera peut-être tout autres que ceux
prévus. Si ce petit calcul annuel offre
toujours un attrait pour ceux qui s’y
livrent, il semble qu’il présente cette
année un intérêt exceptionnel. Son
gez donc ! c’est la première année du
siècle nouveau, ce sont les débuts
d’une ère qui s’ouvre et à la naissan
ce de laquelle, fait solennel, unique
pour nous, il nous est donné d’assis
ter !
Aussi, malgré la brièveté de l’exis
tence, sommes-nous tentés d’embras
ser, par la pensée, ce siècle tout en
tier. Nous voyons, comme dans un
rêve, se dérouler toutes ces grandes
choses que les progrès de la science,
aidés de notre imagination, nous per
mettent d’entrevoir et qui, selon toute
probabilité, se réaliseront en effet pen
dant le cours du vingtième siècle :
la direction des ballons, le triomphe
définitif de l’électricité, la conquête
du domaine sous-marin, etc. Nous
voudrions pouvoir ajouter : le règne
de la paix et de la justice !
Si nous voulons nous borner à en
visager la première année, nous nous
demandons toutd’abordsi 1901 verra
enfin se terminer cette guerre san
glante et inique du Transvaal, boulet
que l’Angleterre n’a pu déposer au
seuil du vingtième siècle et qu’elle
traîne péniblement avec elle. Cette
odieuse campagne et l’imbroglio chi
nois n’entraîneront-ils aucune com
plication ? Si la lutte reste circons
crite, nous ne voyons point de sujet
de s’alarmer à ce propos. La paix in
térieure est-elle également assurée ?
L’apaisement tant souhaité se fera-t-
il enfin ? Qui pourrait l’assurer ?
C’est surtout en politique qu’il faut
faire la part de l’imprévu. Il serait
cependant fort à désirer qu’on pût
songer sérieusement à étudier enfin
et surtout à résoudre ces problèmes
vitaux qui, demeurés en suspens de
puis qu’ils sont posés, intéressent au
plus haut point la majorité du pays et
l’avenir de la France. L’avenir de la
patrie ! Est-il donc limité par cette
plaie terrible de la dépopulation, qui
réduirait à néant tous les efforts ten
tés en vue de rendre à notre grande
nation le rang qu’elle a si longtemps
occupé en Europe ?
Au point de vue agricole, l’année
ne s’annonce point comme devant
être mauvaise. S’il faut en croire nos
astronomes, l’hiver sera doux, et l’on
prédit même d’exceptionnels chaleurs
pour février, avec une recrudescence
de froid — mais rien de grave — en
avril. La pluie et le beau temps al
terneraient en été, ce qui serait le
comble de la chance et nous épargne
rait ces séries de journées brûlantes
comme celles qui auront rendu célè
bre la défunte année.
De la pluie et du beau temps, que
peut-on demander de plus? La nature
ne no.us enseigne-t-elle pas là, par
cet exemple, à nous contenter de ce
qui nous arrive et à accepter tout
avec philosophie ? La pluie et le beau
temps se retrouvent partout en ce
monde, en politique comme en amour,
et le ménage plus uni n’en est pas
exempt. Sachons donc, sans chercher
midi à quatorze heures, profiter du
beau temps quand il nous est donné,
et, forts de notre bonne humeur, ac
ceptons sans trop üôüs plaindre les
giboulées, voire même les averses qui
nous surprennent au cours de notre
existence.
Victorien MAUBRY.
LES MOIS
Janvier
Il y a relativement peu de temps
que l’année commence le 1 er janvier.
En effet, c’est par un édit donné à
Roussillon-Château , en Dauphiné
(L564) que Charles IX fixa le com
mencement de l’année au 1 er janvier,
car auparavant l’année commençait à
Pâques,
Les Juifs commencent l’année en
septembre, et les Turcs en juillet.
Dans ce mois, les travaux des
champs sont suspendus : seuls les
jardiniers s’occupent des semis sur
couches, de pois, carottes, laitues,
choux-fleurs, poireaux, melons, au
bergines, tomates. On fait aussi des
transports de fumiers, pour préparer
les labours et parfaire les semailles
d’automne, et l’extraction et l’épan
dage de la marne. En forêt on utilise
la neige pour faire glisser des traî
neaux chargés de bois,
En 1380, meurt Charles le Mau
vais, roi de Navarre dont les démêlés
avec la cour de France et Charles V
sont restés célèbres.
Pour rendre à son corps la chaleur
que les débauches lui avaient fait
perdre, ou pour se guérir de la lèpre,
il s’était enveloppé dans des draps
imbibés d’eau-de-vie soufrée : un
valet de chambre y mit le feu par
maladresse et le roi périt dans des
tourments affreux.
Le premier jour de l’an, au x e siè
cle, se célébrait dans l’église Notre-
Dame, la fête des fous. Les diacres
élisaient un évêque des fous : le clergé
allait le chercher processionnellement
et on l’installait dans l’église. Alors
avaient lieu les scèness les plus scan
daleuses : les ecclésiastiques et le
peuple revêtus d’habits extravagants
se livraient aux pires folies pendant
la messe : ils se livraient au délire
d’une joie grossière et bruyante et of
fraient dans l’ivresse la plus complète
l’image des antiques bacchanales. La
fête ne se bornait pas là. Le cortège
se répandait dans les rues; les uns
monté sur des tombereaux chargés de
boue et d’ordures, en jetaient sur la
foule du peuple qui les escortait;
d’autres confondus avec des séculiers
libertins dressaient des tréteaux en
forme dé théâtre, et représentaient
des scènes scandaleuses, où le plus
souvent on voyait des moines assaillir
des religieuses. Un concile de 1212
prohibe cette fête, mais au xv e siècle
l’Université de Paris la célèbre encore
avec des cérémonies analogues. Il faut
lire la splendide description qu'en fait
Victor Hugo, dans Notre-Dame de
Paris.
L’histoire si connue et si pathéti-
tiqUS de Geneviève de Brabant n. son
dénouement en janvier. On se rap
pelle ce conte dont la donnée est par
faitement authentique. Le palatin
d’Offendick, Siffrid ou Sifroi, avait
suivi Charles Martel contre Abdé-
rame, laissant sans le savoir sa femme
enceinte. Son intendant Golo, ayant
cherché à posséder sa maîtresse, mais
en vain, et craignant un châtiment au
retour du maître, lui écrivit en lui
présentant l’enfant légitime comme
fruit d’un adultère. Le palatin donna
l’ordre de noyer la mère et l’enfant,
mais la sentence fut mal exécutée.
Sifroi revint. Au bout de cinq ans,
dans une chasse, il découvre dans un
bois une femme et un enfant revenus
presque à l’état sauvage. Il reconnaît
son épouse et son fils conservés presque
miraculeusement. Tout s’explique et
le traître Golo est écartelé, en 737.
En janvier 1521, Jacques de Mont-
gommery dont le fils Gabriel devait
tuer Henri II dans un tournoi, étant
à Romorantin, jette par mégarde à la
tête du roi François I er un tison en
flammé. Depuis le roi dut porter les
cheveux ras et la barbe longue, pour
cacher la trace de sa blessure. La.
coutume en dura plus de cent ans en
France.
François I er , en cette circonstance
s’était montré bon prince. Les rois ne
montrent pas toujours autant d'indul
gence envers qui les offensent. C’est
en janvier 1730 que le prince russe Ga-
litzin, déjà contraint, en punition de
son changementde religion, à devenir
le bouffon de la cour, fut condamné
par l’impératrice Anna Ivanovna à
épouser une fille de cuisine. Cette
union eut lieu dans des circonstances
particulièrement singulières. Un pa
lais tout de glace aux murs de plu
sieurs mètres d’épaisseur fut élevé. Il
était orné de statues de neige et conçu
dans le goût de l’architecture la plus
somptueuse, balcons, colonnades, es-
I caliers à double rampe, rien n'y manj
quait. Il y eut même aux portes des
colosses de neige vomissant des feux
colorés. Le soir il fut illuminé à giorno
et un feu d’artifice déploya la splen
deur de ses flammes colorées sur la
terrasse qui le terminait.
Jusqu’ici il n’y a là qu’une coû
teuse fantaisie royale. Mais voici où
PRIX DES ABONN EMEN TS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR.-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’iMPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
L'Intervention du Pnpe
Le soi-disant vicaire de Dieu sur
la terre, non content de s’occuper
de son rôle spirituel, tient essen
tiellement à se mêler à nos affaires
intérieures, comme à notre politique
extérieure. La chose peut paraître
étrange plus d’un siècle apres la
Révolution française, mais le fait
existe.
L’entretien rapporté dans Le Ma
tin par le collaborateur de ce jour
nal, M. Henri des Houx, qui a tou
tes raisons pour être en bons ter
mes avec le souverain-pontife, et la
lettre authentique du pape, au car
dinal-archevêque de Paris, ne lais
sent aucun doute à cet égard. Léon
XIII se plaint amèrement du projet
de loi sur les associations présenté
' par le gouvernement. Il y voit un
mauvais tour du ministère Wal-
deck-Rousseau dont il avait voulu
se servir pour maîtriser les Assomp-
tionnistes, en les dénonçant lui—
même, secrètement, au ministre de
l’Intérieur.
J’ai dit dans quel but il Agissait* en
un précédent article } a politique
du pape ou je faisp^ igregsor ti r l’opposi
tion entre \ gallicane et l’église
r .^maine et ou je prévoyais, avec
juste raison, on s’en rend compte,
aujourd’hui, l’embarras du Vatican.
L’objectif de Léon XIII était et
reste encore de maintenir l’unité de
l’Eglise. Il est dans la tradition des
papes.
Le devoir du gouvernement répu
blicain consistait à ne pas négliger j
le moyen qui lui était offert de lut- I
ter contre les menées inférieures
des congrégations. Il Va accompli
ien se servant ' a es indications du
Saint-Siège, (yest ce détail qui a
pu croire à quelques-uns qu’il
y avait entente avec le ministère,
quand il n’y avait que manoeuvre
habile et diplomatie.
Maintenant, le gouvernement doit
ïüodifier sa tactique ou plutôt ten
dre à un second résultat. Il lui faut
porter plus haut ses coups et s’en
prendre directement, corps à corps,
à la puissance romaine, toujours
menaçante, toujours dangereuse. Il
a pour mission d’attaquer l’inter
nationale noire. Voilà pourquoi le
' projet sur les associations aétéheu-
reuseusement inspiré en interdisant
1 tout groupement congréganiste qui
comprendrait des moines étrangers
ou qui aurait son chef à l’étranger.
Certes, la partie qui se livre tient
d’un jeu serré. Cependant, dès à
présent, n’hésitons pas à élargir le
front de bataille, ni à étendre les
lignes du débat. Les forces clérica
les, en lutte entre elles, pour se
disputer le gâteau dès qu’elles se
supposent maîtresses du terrain, se
réunissent vite contre l’adversaire
commun qui est l’esprit laïque, et
soudent contre lui leurs tronçons.
L’avantage est de les avoir un ins
tant divisées et, à la faveur des
querelles, sur le fumier nationaliste,
d’avoir fait germer une idée juste :
le retour de la nation vers ses des
tinées à la puissance morale.
Revenons donc à l’épître papale ;
elle vaut la peine qu’on s’y consacre
par l’influence qu’elle peut produire
sur les esprits non avertis et par
l’orientation nouvelle qu’elle est sus
ceptible de faire naître à l’égard de
la politique apostolique. Tout d’a
bord, nous y trouvons, sous une
forme châtiée, une grave insolence
à notre esprit national. Que pense
ront les âmes françaises de cette
immixtion du Saint-Siège dans nos
affaires extérieures ?
Ne sentirons-nous pas sa mé
chante menace de prêter appui pour
ou contre nous, selon que nous ré
glerons de telle ou telle façon nos
affaires intérieures ?
N’avons-nous pas dit, un jour,
que nous voulions être maîtres chez
nous ? Et alors, que fait le pape de
notre indépendance. Je sais qu’il ne
faut pas s’exagérer le pouvoir de
Léon XIII sur les souverains etran
gers qui sê lâîiâênt plutôt mener
par l’intêfêt direct que par la reli
gion quand elle n’a pour eux aucun
avantage.
Or, c’est l’heure, de proclamer
que nous aussi nous ne voulons plus
être guidés dans nos relations inter
nationales par les bénéfices de l’E
glise mais uniquement par l’intérêt
du pays, sous les auspices de la jus
tice et du droit.
En effet, Léon X.IIÎ fait l’aveu,
inconsciemment d’ailleurs, qu’en
Chine, par exemple, nous n’avions
aucun profit à la guerre oh nous dé
pensons l’ôr de la France et le sang
de ses enfants, sinon servir les vues
de l’Eglise romaine. L’argument
qu’il invoque relativement aux mis
sionnaires pour défendre les con
grégations intérieures se retourne
entièrement contre la politique reli
gieuse.
Pour conclure ces rapides obser
vations, je dirai que la République
ne doit pas craindre, afin de réduire
les dangers du cléricalisme, d’entre
prendre ce que la monarchie portu
gaise avait résolu au dix-huitième
siècle. Il s’est trouvé, dans ce pays
catholique, berceau de la puissance
monastique, un ministre, du nom de
Carvalho, marquis de Pombal, qui
fit rendre au roi Joseph I er , un édit,
en date du J 7 février 1761, qui con
fisquait au profit de la couronne
tous les biens meubles et immeubles
des jésuites. Par un édit précédent,
Pombal avait chassé les jésuites
comme traîtres et rebelles de tous
les états portugais, avec défense,
sous peine de mort, d’y rentrer ja
mais. A ce seul prix, le pays recou
vra la tranquillité.
On conviendra qu’à côté de ces
mesures énergiques, le projet Wal-
deck-Rousseau et même la proposi
tion Brisson paraissent tendres.
C’est déjà, cependant, un commen
cement à réaliser. Qu’on ne l’oublie
pas et que tous les républicains s’u
nissent pour le combat.
Alf. HENRI.
■i 9CM
L’expérience a beau nous démon
trer que presque toujours la prédic
tion de la veille est démentie par le
fait du lendemain, la soif de l'incon
nu est telle en nous que nous vou
lons savoir quand même, quitte à
nous railler nous-mêmes de notre in
corrigible crédulité. C’est ce qui fait
la fortune et la durée des somnan-
bules,ces vestiges d’un âge disparu.
Qu’une personne quelconque vien
ne à vous dans une société et vous
demande votre main pour y soi-disant
lire votre destinée, à l’instant même
votre curiosité sera éveilléei Malgré
vous, malgré votre scepticisme et le
sourire d’incrédulité qui plissera vo
tre lèvre, VOUS tendre? çette main et
T>. V-O.'Tr —J. ^ p ' - f\ ■ * f? rJ
A OlOJLAl UiU^. * j-»l OulC/tllVfHk? ^ u.iA
devin de circonstance, dont la science
est plus ou moins empreinte de bla
gue.
C’est ce sentiment, si fort enraciné
en nous, qui nous fait sonder l’avenir
au renouvellement de chaque année,
comme s’il nous était possible de de
viner ce que cachent ces douze mois
où peuvent se dérouler tant d’évène
ments insoupçonnés à l’heure pré
sente. Que sera 1901, au point de
vue politique, agricole, etc., etc ?
Chacun, selon ses tendances ou sa
profession, fait des vœux pour la réus
site de ses projets, le succès de sa
cause, de son parti, et escompte à
l’avance des résultats que la réalité
fera peut-être tout autres que ceux
prévus. Si ce petit calcul annuel offre
toujours un attrait pour ceux qui s’y
livrent, il semble qu’il présente cette
année un intérêt exceptionnel. Son
gez donc ! c’est la première année du
siècle nouveau, ce sont les débuts
d’une ère qui s’ouvre et à la naissan
ce de laquelle, fait solennel, unique
pour nous, il nous est donné d’assis
ter !
Aussi, malgré la brièveté de l’exis
tence, sommes-nous tentés d’embras
ser, par la pensée, ce siècle tout en
tier. Nous voyons, comme dans un
rêve, se dérouler toutes ces grandes
choses que les progrès de la science,
aidés de notre imagination, nous per
mettent d’entrevoir et qui, selon toute
probabilité, se réaliseront en effet pen
dant le cours du vingtième siècle :
la direction des ballons, le triomphe
définitif de l’électricité, la conquête
du domaine sous-marin, etc. Nous
voudrions pouvoir ajouter : le règne
de la paix et de la justice !
Si nous voulons nous borner à en
visager la première année, nous nous
demandons toutd’abordsi 1901 verra
enfin se terminer cette guerre san
glante et inique du Transvaal, boulet
que l’Angleterre n’a pu déposer au
seuil du vingtième siècle et qu’elle
traîne péniblement avec elle. Cette
odieuse campagne et l’imbroglio chi
nois n’entraîneront-ils aucune com
plication ? Si la lutte reste circons
crite, nous ne voyons point de sujet
de s’alarmer à ce propos. La paix in
térieure est-elle également assurée ?
L’apaisement tant souhaité se fera-t-
il enfin ? Qui pourrait l’assurer ?
C’est surtout en politique qu’il faut
faire la part de l’imprévu. Il serait
cependant fort à désirer qu’on pût
songer sérieusement à étudier enfin
et surtout à résoudre ces problèmes
vitaux qui, demeurés en suspens de
puis qu’ils sont posés, intéressent au
plus haut point la majorité du pays et
l’avenir de la France. L’avenir de la
patrie ! Est-il donc limité par cette
plaie terrible de la dépopulation, qui
réduirait à néant tous les efforts ten
tés en vue de rendre à notre grande
nation le rang qu’elle a si longtemps
occupé en Europe ?
Au point de vue agricole, l’année
ne s’annonce point comme devant
être mauvaise. S’il faut en croire nos
astronomes, l’hiver sera doux, et l’on
prédit même d’exceptionnels chaleurs
pour février, avec une recrudescence
de froid — mais rien de grave — en
avril. La pluie et le beau temps al
terneraient en été, ce qui serait le
comble de la chance et nous épargne
rait ces séries de journées brûlantes
comme celles qui auront rendu célè
bre la défunte année.
De la pluie et du beau temps, que
peut-on demander de plus? La nature
ne no.us enseigne-t-elle pas là, par
cet exemple, à nous contenter de ce
qui nous arrive et à accepter tout
avec philosophie ? La pluie et le beau
temps se retrouvent partout en ce
monde, en politique comme en amour,
et le ménage plus uni n’en est pas
exempt. Sachons donc, sans chercher
midi à quatorze heures, profiter du
beau temps quand il nous est donné,
et, forts de notre bonne humeur, ac
ceptons sans trop üôüs plaindre les
giboulées, voire même les averses qui
nous surprennent au cours de notre
existence.
Victorien MAUBRY.
LES MOIS
Janvier
Il y a relativement peu de temps
que l’année commence le 1 er janvier.
En effet, c’est par un édit donné à
Roussillon-Château , en Dauphiné
(L564) que Charles IX fixa le com
mencement de l’année au 1 er janvier,
car auparavant l’année commençait à
Pâques,
Les Juifs commencent l’année en
septembre, et les Turcs en juillet.
Dans ce mois, les travaux des
champs sont suspendus : seuls les
jardiniers s’occupent des semis sur
couches, de pois, carottes, laitues,
choux-fleurs, poireaux, melons, au
bergines, tomates. On fait aussi des
transports de fumiers, pour préparer
les labours et parfaire les semailles
d’automne, et l’extraction et l’épan
dage de la marne. En forêt on utilise
la neige pour faire glisser des traî
neaux chargés de bois,
En 1380, meurt Charles le Mau
vais, roi de Navarre dont les démêlés
avec la cour de France et Charles V
sont restés célèbres.
Pour rendre à son corps la chaleur
que les débauches lui avaient fait
perdre, ou pour se guérir de la lèpre,
il s’était enveloppé dans des draps
imbibés d’eau-de-vie soufrée : un
valet de chambre y mit le feu par
maladresse et le roi périt dans des
tourments affreux.
Le premier jour de l’an, au x e siè
cle, se célébrait dans l’église Notre-
Dame, la fête des fous. Les diacres
élisaient un évêque des fous : le clergé
allait le chercher processionnellement
et on l’installait dans l’église. Alors
avaient lieu les scèness les plus scan
daleuses : les ecclésiastiques et le
peuple revêtus d’habits extravagants
se livraient aux pires folies pendant
la messe : ils se livraient au délire
d’une joie grossière et bruyante et of
fraient dans l’ivresse la plus complète
l’image des antiques bacchanales. La
fête ne se bornait pas là. Le cortège
se répandait dans les rues; les uns
monté sur des tombereaux chargés de
boue et d’ordures, en jetaient sur la
foule du peuple qui les escortait;
d’autres confondus avec des séculiers
libertins dressaient des tréteaux en
forme dé théâtre, et représentaient
des scènes scandaleuses, où le plus
souvent on voyait des moines assaillir
des religieuses. Un concile de 1212
prohibe cette fête, mais au xv e siècle
l’Université de Paris la célèbre encore
avec des cérémonies analogues. Il faut
lire la splendide description qu'en fait
Victor Hugo, dans Notre-Dame de
Paris.
L’histoire si connue et si pathéti-
tiqUS de Geneviève de Brabant n. son
dénouement en janvier. On se rap
pelle ce conte dont la donnée est par
faitement authentique. Le palatin
d’Offendick, Siffrid ou Sifroi, avait
suivi Charles Martel contre Abdé-
rame, laissant sans le savoir sa femme
enceinte. Son intendant Golo, ayant
cherché à posséder sa maîtresse, mais
en vain, et craignant un châtiment au
retour du maître, lui écrivit en lui
présentant l’enfant légitime comme
fruit d’un adultère. Le palatin donna
l’ordre de noyer la mère et l’enfant,
mais la sentence fut mal exécutée.
Sifroi revint. Au bout de cinq ans,
dans une chasse, il découvre dans un
bois une femme et un enfant revenus
presque à l’état sauvage. Il reconnaît
son épouse et son fils conservés presque
miraculeusement. Tout s’explique et
le traître Golo est écartelé, en 737.
En janvier 1521, Jacques de Mont-
gommery dont le fils Gabriel devait
tuer Henri II dans un tournoi, étant
à Romorantin, jette par mégarde à la
tête du roi François I er un tison en
flammé. Depuis le roi dut porter les
cheveux ras et la barbe longue, pour
cacher la trace de sa blessure. La.
coutume en dura plus de cent ans en
France.
François I er , en cette circonstance
s’était montré bon prince. Les rois ne
montrent pas toujours autant d'indul
gence envers qui les offensent. C’est
en janvier 1730 que le prince russe Ga-
litzin, déjà contraint, en punition de
son changementde religion, à devenir
le bouffon de la cour, fut condamné
par l’impératrice Anna Ivanovna à
épouser une fille de cuisine. Cette
union eut lieu dans des circonstances
particulièrement singulières. Un pa
lais tout de glace aux murs de plu
sieurs mètres d’épaisseur fut élevé. Il
était orné de statues de neige et conçu
dans le goût de l’architecture la plus
somptueuse, balcons, colonnades, es-
I caliers à double rampe, rien n'y manj
quait. Il y eut même aux portes des
colosses de neige vomissant des feux
colorés. Le soir il fut illuminé à giorno
et un feu d’artifice déploya la splen
deur de ses flammes colorées sur la
terrasse qui le terminait.
Jusqu’ici il n’y a là qu’une coû
teuse fantaisie royale. Mais voici où
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