Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-09-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 septembre 1893 16 septembre 1893
Description : 1893/09/16 (N110). 1893/09/16 (N110).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263309d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2® innée — S° 110 — Samedi 16 Septembre 1896.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2* Année — 80 Fructidor An 101 — N° 110.
Le Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
mx DES ABONNEMENTS :
UN AN
SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements .. 6 fr. 3 50
Nous informons nos lecteurs que M.
Léon Godreuil a cessé de faire partie de
la Rédaction du RÉVEIL DU HAVRE et
qu il est remplacé par M. F. Le Roy, notre
imprimeur, qui devient administrateur-
gérant de notre Journal.
maiMbsmBsexssasBS
mmBHÊiBagmmmsastmiBaammiÊmmaàBumaÊiBam
LE TRAVAIL DE 16 HEURES
AU CONSEIL MUNICIPAL
Après la séance de jeudi dernier au Conseil
municipal du Havre, on aurait tort de l'accu
ser de tendances socialistes. Rien, en effet,
n’est moins subversif — nous devrions dire
rien n’est moins progressiste, — que le Con
seil que le Havre s’est donné l’année dernière.
Une question des plus intéressantes pour la
classe ouvrière avait été posée devant le
Conseil au mois de février dernier. Il s’agissait
de savoir s'il n'j avait pas des améliorations
à apporter dans divers services, au point de
vue de la durée des heures de travail. Et
M. Denis Guillot, s’inspirant des desiderata
du parti ouvrier, manifestés dans les dernières
sessions du Congrès national, avait proposé
de réduire d’une façon générale à huit heures
le travail des ouvriers de la Ville.
Au sein de la Commission des Finances,
cette proposition a tait l’objet d’une résis
tance, facile à prévoir, et des plus acharnées
de la part de l'administration municipale et
d’une partie de la Commission. En vain, l’au
teur de la proposition fit-il observer que le
travail de huit heures est déjà un fait accom
pli dans les bureaux de l'Hôtel de Ville et
qu’il serait sage d’étendre cette mesure à tous
les services au lieu d’en faire un privilège ré
servé à un petit nombre. En vain, M. Denis
Guillot fit-il ressortir l’inhumanité qu’il y avait
à faire travailler 12, 14 et même 16 heures
par jour les employés de l’octroi, 12 heures,
le personnel de la police et de laisser peiner
jusqu’à 17 heures par jour celui de la Com
pagnie des tramways exploitée sous le con
trôle de la ville.
Rien n’y a fait, ni l’exemple de l’Angle
terre réduisant à 8 heures le travail des mi
neurs, ni celui de la municipalité de Berlin
limitant à la même durée le travail des ou
vriers de la ville.
Se cantonnant dans ces idées d’égoïsme
bourgeois qui leur tiennent lieu de science
économique, la Commission et, après elle, le
Conseil municipal, ont décidé le maintien de
cet ordre de choses qui interdit à certains ou
vriers les devoirs et les distractions de la vie
de famille.
Pour M. Louis Brindeau et ses amis, il est
bon que l’ouvrier travaille 12, 14 et même
16 et 17 heures par jour. Et cela se conçoit.
L’ouvrier surmené, fatigué, est, entre les
mains de l’opportunisme et de la réaction,
— c’est tout un — une proie facile. Au jourdu
vote, il dépose son bulletin en faveur des can
didats agréables à la bourgeoisie et qui savent
user de leur influence pour la faire décorer,
car tout se tient.
Aux ouvriers indépendants, aux socialistes
d’apprécier une telle attitude. Qu’ils se rendent
bien compte qu'ils n’ont rien à attendre de
ceux qui leur imposent cette servitude phy
sique qui est la première condition de la ser
vitude sociale et politique.
VERUS,
ADMINISTRATIF & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PERIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
SEMAINE PÔLITIQUE
FRANCE
La nouvelle Chambre est constituée ; à part
quelques invalidations nécessaires et quelques
décès à craindre, le Parlement qui probablement
dirigera la France pendant quatre ans nous est
connu, er, l’on a bâte de voir se manifester l’opi
nion de la majorité.
Huit jours se sont à peine écoulés depuis que
les dernières luttes électorales ont pris fin et déjà
dans le monde politique on discute les questions
qui pourront être posées à la nouvelle Chambre.
En premier lieu figure un projet qui a déjà
occupé le pays au début de la précédente législa
ture ; nous voulons parler de « la Question de
Révision delà Constitution. »
Pour convaincre les'électeurs hayrais, qui ont
affirmé le 20 août leurs opinions sur un homme
aux idées stationnaires ou rétrogrades, de la
nécessité de la marche en avant vers des réformes
nécessaires, il suffira, je crois, de leur apprendre
qu’aujourd’hui, le plus ardent défenseur du projet
de révision, fut en 1889 un de ses adversaires les
plus acharnés.
Il est de ces réformes qui s’imposent, et tel
qui, il y a quatre ans, croyait qu’on pouvait les
différer, les réclame aujourd’hui impérieusement.
Nous ne ferons aucune comparaison, car il n’y
en a pas à faire entre l’orateur et le politicien
habile que toute la France acclame: M. Millérand,
le nouveau leader de l'Extrême-Gauche, et certain
député opportuniste de notre région, mais nous
envions les électeurs qui ont envoyé à la Chambre
un homme qui, méprisant tout esprit de coterie,
soutiendra demain qu’il faut rompre avec les
errements du passé.
★
* ¥
En dépit des discussions qu’a fait naître la pré
tendue connaissance de la constitution future de
la Chambre, tous les regards se sont portés et se
portent encore vers notre frontière d’Alsace où,
entouré d’une innombrable armée, le souverain
de l’Allemagne s’efforce de prouver chaque jour à
l’un des princes de la triple-alli ance que l’Alsace-
Lorraine est bien une province de l’Empire.
Toutes ces provocations restent sans effet, et
nos populations de l’Est ne se sont pas départies
un seul instant du calme méprisant avec lequel
elles accueillent d’ordinaire les belliqueux discours
de nos voisins d’Outre*Rhin.
Il est également curieux de constater qu’elles
n'ont pas même eu d écho chez un des partisans
les plus dévoués de Guillaume II, car, tandis que
ce dernier déclarait hautement qu’on saurait tirer
l’épée pour défendre le sol germanique, l’empereur
François-Joseph buvait à la santé de son cher ami
l’empereur de Russie.
Le souvenir de Sadowa se serait-il donc par
hasard réveillé dans le cœur des Autrichiens, et
leur gouvernement envisagerait-il comme possible
et proche la perspective d’une revanche à prendre
sur l’ennemi du Nord ? C’est ce que l’avenir nous
apprendra.
4 *
En tous cas, toute la France, Toulon et Paris
en tête, se préparent à recevoir dignement l’esca
dre Russe. On ne parle que de fêtes publiques, de
bals, de représentations théâtrales.
Des souscriptions sont ouvertes de tous côtés,
et chaque français voudra certainement contribuer
à la réception grandiose que la France prépare à
ces braves marins qui ont fait à Cronstadt un
accueil si enthousiaste à notre flotte.
A propos de l’arrivée de cette escadre dans notre
grand port de guerre, on répète de tous côtés que
les cuirassés Russes ne quitteront pas de sitôt les
eaux françaises, et que la visite de cette escadre
à Toulon n’est qu’un prétexte pour créer une
division Russe dans la Méditerranée.
Nous souhaitons que ces prophéties se réalisent,
car la présence dans le grand lac intérieur d’une
flotte Russe serait une juste compensation aux
provocations de la Triple-Alliance ainsi qu’un
gage presque certain de la paix.
ÉTRANGER
Le calme que nous voyons régner sur la France
est loin d’être aussi complet à l’étranger.
La grève des mineurs Anglais est devenue
absolument générale. De nombreuses collisions se
sont produites entre la police et les grévistes.
L’ordre n’est maintenu qu’à grand’peine.
La lutte sera fort longue, car dans une de ses
dernières délibérations, la Fédération des mi
neurs, s’est prononcée énergiquement contre la
réduction des salaires et contre l’arbitrage.
Rien ne peut faire prévoir l’issue de ce combat
de l’ouvrier contre le capitaliste, et déjà le contre
coup s’en fait sentir dans d’autres nations.
En Belgique, les mineurs du Borinage ont voté
sur l’opportunité de la grève. Déjà, plus de 8,000
se sont prononcés pour, et c’est à peine si une
centaine se sont engagés à continuer le travail.
En France même, dans les bassins houilliers du
département du Nord, il règne une grande effer
vescence, et il ne serait pas étonnant d’ici quelques
jours de voir nos ouvriers faire cause commune
avec ceux d'Outre-Manche.
Que cette menace d’une grève générale serve
donc de leçon aux opportunistes qui ont, par tous
les moyens possibles, cherché à étouffer les reven
dications ouvrières.
Il est des réformes qu’il faut faire à temps, sans
quoi, elles s’imposent par la force, certains légis
lateurs l’ont trop longtemps oublié.
Espérons que les gouvernements étrangers et
chez nous la Chambre nouvelle, seront à la hau
teur de la situation, et voudront cette fois recon
naître que le moment des discussions oiseuses est
passé et qu’il faut marcher de l’avant.
E. S.
Li JOURNÉE DE H UIT HEURES
Une décision du bourgmestre de Berlin intro
duit, pour les ouvriers journaliers de la capitale,
l’application de la journée du travail de huit
heures.
Dorénavant, les équipes du service des voies
publiques — nettoyage pendant la nuit — com
menceront à travailler à minuit et cesseront à
huit heures du matin, avec en plus une demi-
heure de repos.
Les équipes du même service, travail de jour,
commenceront leur tâche à huit heures du matin,
la cesseront à huit heures du soir, mais avec trois
heures de repos, dont deux à midi et une à quatre
heures : soit neuf heures. Mais comme les équipes
changent tous les huit jours entre la nuit et le
jour, les ouvriers des équipes nocturnes, qui
doivent passer au service de jour, ne feront alors
que trois heures de travail.
Cette journée de trois heures sera comptée pour
le salaire comme une journée entière. Ces modifi
cations ne diminuent en rien les tarifs du salaire
en vigueur précédemment.
DUE LETTR E DE JULE S GUESDE
La presse opportuno-réactionnaire, furieuse des
progrès du socialisme et des succès remportés dans
un grand nombre de circonscriptions par les can
didats du parti ouvrier, mène grand bruit depuis
quelques jours au sujet de 2,500 fr. envoyés au
parti ouvrier français par la démocratie socialiste
allemande.
Au premier rang se trouve Le Temps journal
du panamiste Hébrard.
Jules Guesde, directement visé par ces attaques,
a répondu au journal opportuniste par la lettre
suivante :
« Monsieur le Directeur du Temps.
« Monsieur,
« Il est faux qu’à « Roubaix mon élection ait
été saluée aux cris de : «A bas la Patrie !» Parmi
les 6,800 travailleurs qui, en m’envoyant à la
Chambre, ont entendu remettre la France à la tête
du mouvement socialiste international, il n’en est
pas un seul capable de ce que vous appelez un
« sacrilège » et de ce que j’appellerai, moi, tout
simplement une ineptie.
« Ce qu’on a pu crier — et en réponse à des se
maines de provocations poussées jusqu’au revol
ver — c’est : A bas les patriotards ! Mais ce n’est
pas au journal le Temps , qui a applaudi à la dis
solution de la Ligue des patriotes, qu’il y a lieu
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la
Os traite à Forfait
d’expliquer comment les pires ennemis de la pa
trie sont ceux qui dans son drapeau se taillent une
réclame et une industrie.
« J’ajouteraiv puisque le Temps fait chorus avec
la Cocarde des Norton et des Ducret pour dénon
cer les 2,500 francs envoyés au Parti ouvrier fran
çais par la démocratie socialiste allemande, que
cette indignation est du plus haut comique de la
part d’une presse abondamment arrosée d’or ita
lien et russe chaque fois que, sous forme d’em
prunt, il s’est agi de râler l’épargne française.
« Tournez vous donc, de grâce, Messieurs de la
bourgeoisie qui exploitez contre le socialisme et
ses élus la dernière manifestation de la solidarité
ouvrière ; et ce q ( ue l’on verra, ce sont les 50,000
francs que pour vos candidats vous receviez en
1889 du banquier prussien Hirsch ; ce- sont les
200,000 francs que, toujours à fin d’élections,
vous touchiez en 1869 de l’italien Cernuschi.
« Et c’est avec un pareil passé, quand républi
cains et réactionnaires ont toujours, par dessus
toutes les frontières, fait cause et caisse commu
nes, que vous osez nous reprocher k concours
d’un Liebkneeht payant de deux années de forte
resse son héroïque protestation contre l’annexion
de l’Alsace-Lorraine; d’un Bebel que vient d’élite
le patriotisme de Strasbourg, et que vous parlez
de « justification à la tribune ! »
« Va pour la tribune, s’il vous plait de perdre
jusqu’au bout la tête. Elle ne nous fait pas peur.
A ce lendez-vous-là, comme aux autres, nous se
rons, foi de Parti ouvrier ! Et ce ne seront pas les
socialistes qui en sortiront diminués, mais cette
pauvre France bourgeoise qui fera rire d’elle jus
qu’à la grave et monarchique Angleterre, où il ne
s’est pas trouvé un Temps pour avoir seulement
l’idée de demander compte à la députation séces
sionniste irlandaise des millions réclamés, pour
ses batailles électorales, aux Etats-Unis d’Amé
rique.
« Veuillez publier cette lettre rectificative, et
agréez mon salut de français et d’internationaliste.
« Jules GUESDE,
« Député de Roubaix ».
LE MOUVE MENT SOCIALISTE
La Fédération socialiste de Paris organise un
pétitionnement en faveur de l’élection d’une cons
tituante qui serait chargée de réviser la Constitu
tion.
Nous croyons intéressant et utile de mettre le
texte de ce document sous les yeux de nos lecteurs :
« Les soussignés, dit cette pétition, considérant
que la Constitution de 1875, en ne donnant au
président de la République que des pouvoirs
royaux, fait courir les plus graves dangers aux
rares conquêtes de la démocratie ;
« Que la nomination des ministres par le prési
dent de la République, sans autre responsabilité
que celle d’une mise en minorité par la Chambre,
n’offre aucune garantie contre les agissements dé
loyaux d’un ou de plusieurs ministres ;
« Que l’institution d’un Sénat nommé par le
suffrage restreint est une atteinte constante portée
à la dignité du corps éleçtoral général ;
« Déclarent réclamer énergiquement auprès des
pouvoirs publics promulgation à bref délai d’une
loi organisant et ordonnant l’élection d’une Cons
tituante qui aura pour mission de doter la France
d’une Constitution adoptée à son tempérament,
et de poursuivre la réalisation des réformes ur
gentes réclamées par les socialistes :
« De rendre impossible toute tentative de res
tauration monarchique, impériale ou césarienne ;
« De rendre effective la responsabilité indivi
duelle des ministres, qui seraient nommés par la
Chambre seule, l’un d’eux faisant fonctions de
président de la République.
« D’introduire dans la Constitution nouvelle le
mode d’élection et la durée des pouvoirs d’une
Chambre unique ».
CE QUE DEVIENDRA L’EXTRÊME-GAUCHE
A M. A. Burdeau.
La droite disparaît ; les ralliés comme tous
les hybrides sont peu à craindre ; mal groupés,
n’ayant pas de doctrine, impropres à faire souche.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2* Année — 80 Fructidor An 101 — N° 110.
Le Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
mx DES ABONNEMENTS :
UN AN
SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements .. 6 fr. 3 50
Nous informons nos lecteurs que M.
Léon Godreuil a cessé de faire partie de
la Rédaction du RÉVEIL DU HAVRE et
qu il est remplacé par M. F. Le Roy, notre
imprimeur, qui devient administrateur-
gérant de notre Journal.
maiMbsmBsexssasBS
mmBHÊiBagmmmsastmiBaammiÊmmaàBumaÊiBam
LE TRAVAIL DE 16 HEURES
AU CONSEIL MUNICIPAL
Après la séance de jeudi dernier au Conseil
municipal du Havre, on aurait tort de l'accu
ser de tendances socialistes. Rien, en effet,
n’est moins subversif — nous devrions dire
rien n’est moins progressiste, — que le Con
seil que le Havre s’est donné l’année dernière.
Une question des plus intéressantes pour la
classe ouvrière avait été posée devant le
Conseil au mois de février dernier. Il s’agissait
de savoir s'il n'j avait pas des améliorations
à apporter dans divers services, au point de
vue de la durée des heures de travail. Et
M. Denis Guillot, s’inspirant des desiderata
du parti ouvrier, manifestés dans les dernières
sessions du Congrès national, avait proposé
de réduire d’une façon générale à huit heures
le travail des ouvriers de la Ville.
Au sein de la Commission des Finances,
cette proposition a tait l’objet d’une résis
tance, facile à prévoir, et des plus acharnées
de la part de l'administration municipale et
d’une partie de la Commission. En vain, l’au
teur de la proposition fit-il observer que le
travail de huit heures est déjà un fait accom
pli dans les bureaux de l'Hôtel de Ville et
qu’il serait sage d’étendre cette mesure à tous
les services au lieu d’en faire un privilège ré
servé à un petit nombre. En vain, M. Denis
Guillot fit-il ressortir l’inhumanité qu’il y avait
à faire travailler 12, 14 et même 16 heures
par jour les employés de l’octroi, 12 heures,
le personnel de la police et de laisser peiner
jusqu’à 17 heures par jour celui de la Com
pagnie des tramways exploitée sous le con
trôle de la ville.
Rien n’y a fait, ni l’exemple de l’Angle
terre réduisant à 8 heures le travail des mi
neurs, ni celui de la municipalité de Berlin
limitant à la même durée le travail des ou
vriers de la ville.
Se cantonnant dans ces idées d’égoïsme
bourgeois qui leur tiennent lieu de science
économique, la Commission et, après elle, le
Conseil municipal, ont décidé le maintien de
cet ordre de choses qui interdit à certains ou
vriers les devoirs et les distractions de la vie
de famille.
Pour M. Louis Brindeau et ses amis, il est
bon que l’ouvrier travaille 12, 14 et même
16 et 17 heures par jour. Et cela se conçoit.
L’ouvrier surmené, fatigué, est, entre les
mains de l’opportunisme et de la réaction,
— c’est tout un — une proie facile. Au jourdu
vote, il dépose son bulletin en faveur des can
didats agréables à la bourgeoisie et qui savent
user de leur influence pour la faire décorer,
car tout se tient.
Aux ouvriers indépendants, aux socialistes
d’apprécier une telle attitude. Qu’ils se rendent
bien compte qu'ils n’ont rien à attendre de
ceux qui leur imposent cette servitude phy
sique qui est la première condition de la ser
vitude sociale et politique.
VERUS,
ADMINISTRATIF & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PERIER, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
SEMAINE PÔLITIQUE
FRANCE
La nouvelle Chambre est constituée ; à part
quelques invalidations nécessaires et quelques
décès à craindre, le Parlement qui probablement
dirigera la France pendant quatre ans nous est
connu, er, l’on a bâte de voir se manifester l’opi
nion de la majorité.
Huit jours se sont à peine écoulés depuis que
les dernières luttes électorales ont pris fin et déjà
dans le monde politique on discute les questions
qui pourront être posées à la nouvelle Chambre.
En premier lieu figure un projet qui a déjà
occupé le pays au début de la précédente législa
ture ; nous voulons parler de « la Question de
Révision delà Constitution. »
Pour convaincre les'électeurs hayrais, qui ont
affirmé le 20 août leurs opinions sur un homme
aux idées stationnaires ou rétrogrades, de la
nécessité de la marche en avant vers des réformes
nécessaires, il suffira, je crois, de leur apprendre
qu’aujourd’hui, le plus ardent défenseur du projet
de révision, fut en 1889 un de ses adversaires les
plus acharnés.
Il est de ces réformes qui s’imposent, et tel
qui, il y a quatre ans, croyait qu’on pouvait les
différer, les réclame aujourd’hui impérieusement.
Nous ne ferons aucune comparaison, car il n’y
en a pas à faire entre l’orateur et le politicien
habile que toute la France acclame: M. Millérand,
le nouveau leader de l'Extrême-Gauche, et certain
député opportuniste de notre région, mais nous
envions les électeurs qui ont envoyé à la Chambre
un homme qui, méprisant tout esprit de coterie,
soutiendra demain qu’il faut rompre avec les
errements du passé.
★
* ¥
En dépit des discussions qu’a fait naître la pré
tendue connaissance de la constitution future de
la Chambre, tous les regards se sont portés et se
portent encore vers notre frontière d’Alsace où,
entouré d’une innombrable armée, le souverain
de l’Allemagne s’efforce de prouver chaque jour à
l’un des princes de la triple-alli ance que l’Alsace-
Lorraine est bien une province de l’Empire.
Toutes ces provocations restent sans effet, et
nos populations de l’Est ne se sont pas départies
un seul instant du calme méprisant avec lequel
elles accueillent d’ordinaire les belliqueux discours
de nos voisins d’Outre*Rhin.
Il est également curieux de constater qu’elles
n'ont pas même eu d écho chez un des partisans
les plus dévoués de Guillaume II, car, tandis que
ce dernier déclarait hautement qu’on saurait tirer
l’épée pour défendre le sol germanique, l’empereur
François-Joseph buvait à la santé de son cher ami
l’empereur de Russie.
Le souvenir de Sadowa se serait-il donc par
hasard réveillé dans le cœur des Autrichiens, et
leur gouvernement envisagerait-il comme possible
et proche la perspective d’une revanche à prendre
sur l’ennemi du Nord ? C’est ce que l’avenir nous
apprendra.
4 *
En tous cas, toute la France, Toulon et Paris
en tête, se préparent à recevoir dignement l’esca
dre Russe. On ne parle que de fêtes publiques, de
bals, de représentations théâtrales.
Des souscriptions sont ouvertes de tous côtés,
et chaque français voudra certainement contribuer
à la réception grandiose que la France prépare à
ces braves marins qui ont fait à Cronstadt un
accueil si enthousiaste à notre flotte.
A propos de l’arrivée de cette escadre dans notre
grand port de guerre, on répète de tous côtés que
les cuirassés Russes ne quitteront pas de sitôt les
eaux françaises, et que la visite de cette escadre
à Toulon n’est qu’un prétexte pour créer une
division Russe dans la Méditerranée.
Nous souhaitons que ces prophéties se réalisent,
car la présence dans le grand lac intérieur d’une
flotte Russe serait une juste compensation aux
provocations de la Triple-Alliance ainsi qu’un
gage presque certain de la paix.
ÉTRANGER
Le calme que nous voyons régner sur la France
est loin d’être aussi complet à l’étranger.
La grève des mineurs Anglais est devenue
absolument générale. De nombreuses collisions se
sont produites entre la police et les grévistes.
L’ordre n’est maintenu qu’à grand’peine.
La lutte sera fort longue, car dans une de ses
dernières délibérations, la Fédération des mi
neurs, s’est prononcée énergiquement contre la
réduction des salaires et contre l’arbitrage.
Rien ne peut faire prévoir l’issue de ce combat
de l’ouvrier contre le capitaliste, et déjà le contre
coup s’en fait sentir dans d’autres nations.
En Belgique, les mineurs du Borinage ont voté
sur l’opportunité de la grève. Déjà, plus de 8,000
se sont prononcés pour, et c’est à peine si une
centaine se sont engagés à continuer le travail.
En France même, dans les bassins houilliers du
département du Nord, il règne une grande effer
vescence, et il ne serait pas étonnant d’ici quelques
jours de voir nos ouvriers faire cause commune
avec ceux d'Outre-Manche.
Que cette menace d’une grève générale serve
donc de leçon aux opportunistes qui ont, par tous
les moyens possibles, cherché à étouffer les reven
dications ouvrières.
Il est des réformes qu’il faut faire à temps, sans
quoi, elles s’imposent par la force, certains légis
lateurs l’ont trop longtemps oublié.
Espérons que les gouvernements étrangers et
chez nous la Chambre nouvelle, seront à la hau
teur de la situation, et voudront cette fois recon
naître que le moment des discussions oiseuses est
passé et qu’il faut marcher de l’avant.
E. S.
Li JOURNÉE DE H UIT HEURES
Une décision du bourgmestre de Berlin intro
duit, pour les ouvriers journaliers de la capitale,
l’application de la journée du travail de huit
heures.
Dorénavant, les équipes du service des voies
publiques — nettoyage pendant la nuit — com
menceront à travailler à minuit et cesseront à
huit heures du matin, avec en plus une demi-
heure de repos.
Les équipes du même service, travail de jour,
commenceront leur tâche à huit heures du matin,
la cesseront à huit heures du soir, mais avec trois
heures de repos, dont deux à midi et une à quatre
heures : soit neuf heures. Mais comme les équipes
changent tous les huit jours entre la nuit et le
jour, les ouvriers des équipes nocturnes, qui
doivent passer au service de jour, ne feront alors
que trois heures de travail.
Cette journée de trois heures sera comptée pour
le salaire comme une journée entière. Ces modifi
cations ne diminuent en rien les tarifs du salaire
en vigueur précédemment.
DUE LETTR E DE JULE S GUESDE
La presse opportuno-réactionnaire, furieuse des
progrès du socialisme et des succès remportés dans
un grand nombre de circonscriptions par les can
didats du parti ouvrier, mène grand bruit depuis
quelques jours au sujet de 2,500 fr. envoyés au
parti ouvrier français par la démocratie socialiste
allemande.
Au premier rang se trouve Le Temps journal
du panamiste Hébrard.
Jules Guesde, directement visé par ces attaques,
a répondu au journal opportuniste par la lettre
suivante :
« Monsieur le Directeur du Temps.
« Monsieur,
« Il est faux qu’à « Roubaix mon élection ait
été saluée aux cris de : «A bas la Patrie !» Parmi
les 6,800 travailleurs qui, en m’envoyant à la
Chambre, ont entendu remettre la France à la tête
du mouvement socialiste international, il n’en est
pas un seul capable de ce que vous appelez un
« sacrilège » et de ce que j’appellerai, moi, tout
simplement une ineptie.
« Ce qu’on a pu crier — et en réponse à des se
maines de provocations poussées jusqu’au revol
ver — c’est : A bas les patriotards ! Mais ce n’est
pas au journal le Temps , qui a applaudi à la dis
solution de la Ligue des patriotes, qu’il y a lieu
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la
Os traite à Forfait
d’expliquer comment les pires ennemis de la pa
trie sont ceux qui dans son drapeau se taillent une
réclame et une industrie.
« J’ajouteraiv puisque le Temps fait chorus avec
la Cocarde des Norton et des Ducret pour dénon
cer les 2,500 francs envoyés au Parti ouvrier fran
çais par la démocratie socialiste allemande, que
cette indignation est du plus haut comique de la
part d’une presse abondamment arrosée d’or ita
lien et russe chaque fois que, sous forme d’em
prunt, il s’est agi de râler l’épargne française.
« Tournez vous donc, de grâce, Messieurs de la
bourgeoisie qui exploitez contre le socialisme et
ses élus la dernière manifestation de la solidarité
ouvrière ; et ce q ( ue l’on verra, ce sont les 50,000
francs que pour vos candidats vous receviez en
1889 du banquier prussien Hirsch ; ce- sont les
200,000 francs que, toujours à fin d’élections,
vous touchiez en 1869 de l’italien Cernuschi.
« Et c’est avec un pareil passé, quand républi
cains et réactionnaires ont toujours, par dessus
toutes les frontières, fait cause et caisse commu
nes, que vous osez nous reprocher k concours
d’un Liebkneeht payant de deux années de forte
resse son héroïque protestation contre l’annexion
de l’Alsace-Lorraine; d’un Bebel que vient d’élite
le patriotisme de Strasbourg, et que vous parlez
de « justification à la tribune ! »
« Va pour la tribune, s’il vous plait de perdre
jusqu’au bout la tête. Elle ne nous fait pas peur.
A ce lendez-vous-là, comme aux autres, nous se
rons, foi de Parti ouvrier ! Et ce ne seront pas les
socialistes qui en sortiront diminués, mais cette
pauvre France bourgeoise qui fera rire d’elle jus
qu’à la grave et monarchique Angleterre, où il ne
s’est pas trouvé un Temps pour avoir seulement
l’idée de demander compte à la députation séces
sionniste irlandaise des millions réclamés, pour
ses batailles électorales, aux Etats-Unis d’Amé
rique.
« Veuillez publier cette lettre rectificative, et
agréez mon salut de français et d’internationaliste.
« Jules GUESDE,
« Député de Roubaix ».
LE MOUVE MENT SOCIALISTE
La Fédération socialiste de Paris organise un
pétitionnement en faveur de l’élection d’une cons
tituante qui serait chargée de réviser la Constitu
tion.
Nous croyons intéressant et utile de mettre le
texte de ce document sous les yeux de nos lecteurs :
« Les soussignés, dit cette pétition, considérant
que la Constitution de 1875, en ne donnant au
président de la République que des pouvoirs
royaux, fait courir les plus graves dangers aux
rares conquêtes de la démocratie ;
« Que la nomination des ministres par le prési
dent de la République, sans autre responsabilité
que celle d’une mise en minorité par la Chambre,
n’offre aucune garantie contre les agissements dé
loyaux d’un ou de plusieurs ministres ;
« Que l’institution d’un Sénat nommé par le
suffrage restreint est une atteinte constante portée
à la dignité du corps éleçtoral général ;
« Déclarent réclamer énergiquement auprès des
pouvoirs publics promulgation à bref délai d’une
loi organisant et ordonnant l’élection d’une Cons
tituante qui aura pour mission de doter la France
d’une Constitution adoptée à son tempérament,
et de poursuivre la réalisation des réformes ur
gentes réclamées par les socialistes :
« De rendre impossible toute tentative de res
tauration monarchique, impériale ou césarienne ;
« De rendre effective la responsabilité indivi
duelle des ministres, qui seraient nommés par la
Chambre seule, l’un d’eux faisant fonctions de
président de la République.
« D’introduire dans la Constitution nouvelle le
mode d’élection et la durée des pouvoirs d’une
Chambre unique ».
CE QUE DEVIENDRA L’EXTRÊME-GAUCHE
A M. A. Burdeau.
La droite disparaît ; les ralliés comme tous
les hybrides sont peu à craindre ; mal groupés,
n’ayant pas de doctrine, impropres à faire souche.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.42%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.42%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263309d/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263309d/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263309d/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263309d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263309d
Facebook
Twitter