Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-09-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 septembre 1893 23 septembre 1893
Description : 1893/09/23 (N111). 1893/09/23 (N111).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633102
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e Asnée — 2 Vendémiaire An 102 — R° 111
2 .4unée — N° 111 - Samedi 23 Seplcmke 1893. DIX CENTIMES LE NUMERO
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ADOXXEMEPiTS :
y,
: ADMINISTRATION & REDACTION
UN AN
SIX MOIS
H
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Le Havre 5 fr.
Départements 6 fr.
3 fr.
3 50
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Nous informons nos lecteurs que M.
Léon Godreuil a cessé de faire partie de
la Rédaction du RÉVEIL DU HAVRE et
qu’il est remplacé par M. F. Le Roy, notre
imprimeur, qui devient administrateur-
gérant de notre Journal.
BENOIT MALON
La République sociale a fait, en la personne
de Benoît Malon, une perte des plus cruelles.
Tous ceux qui suivent le mouvement socialiste
et qui attendent avec anxiété l’éclosion des idées
nouvelles, savent quelle impulsion vigoureuse cet
honnête homme, doublé d’un savant, a su donner
à notre parti.
Le Réveil du Havre, représenté aux obsèques
de ce grand citoyen, prend part à la douleur
commune.
Entre tous les hommages que la confraternité
de luttes et d’espérances et l’amitié ont dictés aux
chefs du parti socialiste, nous choisirons cette
page admirable, publiée par la Petite République
Française , et que Jean Jaurès, député de Car-
maux, avait adressée à Gustave Rouanet,pour être
lue aux funérailles de Benoît Malon.
L’œuvre du grand socialiste y est superbement
résumée. C’est un touchant adieu d’un philosophe
à un philosophe :
a Mon cher Rouanet, je voudrais, moi aussi,
quoique retenu en ce moment loin de vous, dire à
celui qui fut un de nos maîtres un adieu plein
u un ut ; ?uK uiçuA ïoepo^ bien ils sont nom
breux dans l’Europe intellectuelle et socialiste
ceux qui ne peuvent suivre Malon que de la pensée
et qui lui font de loin un vaste et silencieux
cortège. Je voudrais avoir la force de parler en
leur nom. Malon se plaisait à cette union idéale
des consciences qu’une même pensée rapproche à
travers l’espace et le temps. C’était là pour lui,
au fond, le vrai sens de 1 histoire : la gloire lui
apparaissait entre les nobles esprits de tous les
pays et de tous les siècles, comme une éclatante
fraternité d’armes dans l’éternel combat pour la
justice.
« Lui, l’humble ouvrier manuel des premières
années, le militant et le souffrant, il s’était fait
une large et sereine philosophie. 11 ne concevait
pas l’Absolu comme une sorte d’individu privi
légié, installé par l’imagination craintive au
sommet des êtres et des choses ! Mais il avait le
sens de l’infini présent à toute force, à toute vie,
à toute l’universelle liaison qui des mondes dissé
minés fait un tout, l’universel et obscur effort
qui, sur notre planète et, sans doute, dans toutes
le* sphères, porte tous les êtres vers des formes
supérieures de la vie, toutes les sociétés vers des
formes supérieures de la justice. Le progrès
humain était à ses yeux comme un fragment de
l'immense évolution de la vie et de la pensée.
« Et c’est, pour employer une de ses belles ex
pressions favorites, dans une large sympathie
cosmique que se mouvait sa sollicitude sociale.
C est ainsi que, pour lui, le socialisme devait
relever et réparer non-seulement le monde hu
main, mais la nature inférieure. Il devait se
répandre en tendresse et en pitié sur l’animal
souffrant, guérir le plus possible les blessures que
notre brutalité lui a faites. Comme Michelet, il
disait : « Si l’animal n’entre pas dans la Cité,
moi j’en vais sortir. » Et comme ce tendre et
adorable Bernard Palissy, il voulait que la solli
citude humaine allât aux plaintes mênîes, leur
épargnât les obscures et inutiles souffrances que
leur prodigue notre légèreté. Ne sourions pas de
ce vaste rêve, car il n’a pas diminué en Benoît
Malon la précision de la vie militante ; pas plus
que la grandeur des horizons marins et le rêve
infini des flots n’empêchent le pêcheur de manœu
vrer sa barque et de jeter son filet.
« Il répétait volontiers, et surtout dans ses
derniers livres, que la conception panthéistique
du monde n’était pas épuisée, qu’elle n’avait pas
dit son dernier mot, et qu’en ce sens l’imagination
religieuse de l’humanité pourrait se déployer
encore. Voilà comment, si l’on y prend bien garde,
dans son histoire même des doctrines socialistes,
il s’arrête avec une complaisance particulière aux
penseurs qui ont enveloppé leur système social
dans un système du monde, et qui se sont énivrés
tout à la fois de la vie infinie des choses et des es
pérances humaines.
«C’est ainsi qu’il s’éprend du naturalisme
mystique et communiste de la Renaissance ita
lienne. C’est ainsi qu’il s’attarde à Giordano-
Bruno, à Campanella surtout qui brisaient tout
ensemble le monde étroit du moyen âge et le
moule étroit des sociétés féodales, qui procla
maient d’un même cri l’infinité de l’univers et
l’égalité'absolue de tous les hommes, qui faisaient
tomber les murailles de toutes les prisons, les
murailles du mondé et les murailles de la geôle
humaine, et qui rêvaient dans l’univers illimité
et affranchi des sociétés communistes et frater
nelles.
« C’est ainsi qu’il saluait Spinosa, faisant d’un
côté la synthèse de la nature et de Dieu, de
l'autre la synthèse de l’individu et de l’Etat,
indiquant nettement que dans l’intérêt des indi
vidus l’Etat devait posséder tous les biens et
réduire à un usufruit, sous des conditions déter
minées, la propriété individuelle. C’est ainsi enfin
(et pour abréger), qu’il réhabilitait nos grands
utopistes, Saint-Simon, Fourier, voire même
Toureil, coupables surtout d’avoir appuyé sur de
vastes métaphysiques leurs conceptions sociales,
et d’avoir cherché dans l’ordre universel les fon
dements de la cité humaine. A tous ceux-là, dont
Engels a dit qu’ils n’étaient ralliés que par les
épiciers de la littérature, Benoît Malon rendait
justice avec une sorte d’abondance de cœur. C’est
là, à vrai dire, son originalité la moins contesta
ble et si aujourd’hui, par la force des choses et
pour le bien immédiat du prolétariat, le socia
lisme est devenu plus strict, plus scientifique et
aussi plus âpre, il faut savoir gré à des militants
comme Malon d’avoir toujours reconnu l’ampleur
de ses origines.
« On s’étonne parfois de la minutie de certains
détails dans son cœur et de l’interprétation un
peu flottante par laquelle il ramène au socialisme
presque toutes les manifestations de la pensée.
C’est quon oublie le sentiment profond qui était
en lui de la vie infinie et fourmillante, et de l’uni
verselle solidarité. Telle idée humaine qu’il re
trouve sous un fatras d’idées bizarres, est, pour
lui, un germe qui ne périra pas. Telle pensée ou
incomplète ou vague est un commencement de
lueur qui ne s’éteindra pas.
« L’histoire sociale de l’humanité ne se rédui
sait pas pour lui à une séide de coups de théâtre
économiques, à la découverte de l’Amérique, à la
pfShiioïc apparition ^ la L. 0
lutions ne s’expliquaient pas tout entières par des
déplacements d’intérêts liés à des changements
de milieu : il y faut encore, selon lui, l’interne et
obscure préparation des consciences, et l’évolu
tion concordante du milieu économique et de la
force humaine explique seule les grandes trans
formations. Voilà pourquoi il a essayé de sur
prendre tout le long de l’histoire, le frémissement
de tous les esprits, et, dans l’obscure forêt hu
maine, le frisson de toutes les feuilles sous les
grands souffles incertains d’espérance et de jus
tice.
« Une autre chose aussi restera de lui, impéris
sable et grande. C’est l’exemple de l’ouvrier
manuel s’élevant à force d’énergie à la vie intel
lectuelle. Magnifique symbole du socialisme lui-
même ! Magnifique réponse aux hommes de
mauvaise foi ou de médiocre esprit qui dénoncent
notre triomphe prochain comme un retour de
barbarie ! Non, nous voulons, au contraire, que
par le bien-être assuré, par le loisir élargi, par
l'adoucissement des luttes bestiales où s’épuisait
l’énergie humaine, l’humanité tout entière puisse
s’élever à la vie de l’esprit. Nous, nous appelons
barbare, cette société homicide, au vrai sens du
mot, puisque dans l’homme, bien souvent, elle
tue l’homme même.
« Malon aimait à répéter le mot célèbre du poète
anglais sur le cimetière de village : « Que de
génies inconnus dorment là 1 » Hé bien 1 C’est la
société présente qui est ce cimetière des esprits.
Ils y sont ensevelis vivants, en des tombeaux
d’ignorance et de misère, et ils suffoquent, sans
lumière, ni air respirable, en une aveugle et
muette agonie. Malon s’était évadé d’un de ces
tombeaux, plus tristes et plus sombres assuré
ment que celui où il repose aujourd’hui après une
vie de lumière. A côs tombeaux-là, du moins, le
socialisme arrachera leurs captifs.
« Malon, en ses derniers jours, a dû éprouver
en même temps qu’une grande joié de nos pre
mières victoires, une sorte de stupéfaction dou
loureuse devant l’audace de certaines calomnies.
Lui qui n'a jamais séparé dans sa vie et dans son
œuvre la France et l’humanité, lui qui a répété
bien souvent que l’organisation internationale des
travailleurs était nécessaire à la libération de
l’humanité et par suite à la glorification de la
France, lui qui a traduit en notre langue certaines
œuvres maîtresses du socialisme étranger, il a pu
lire sur les derniers journaux que sês yeux ont
parcourus,quel’internationalisme était la désertion
de la patrie, que l’organisation du prolétariat
libérateur était un attentat contre la France libé
ratrice, et que reconnaître la vérité ou partielle
ou totale d’une doctrine pi omulguée par un maître
étranger c’était passer à l’ennemi.
« Il paraît, selon la logique de prétendus patrio
tes qui ne sont que des barbares astucieux, que
l’hypothèse de l’évolution doit être rejetée par
nous, parce que, ébauchée par un des nôtres,
Lamark, elle a été achevée au dehors, par Darwin.
Quelle dégradation de l’esprit humain ! Et aussi
quel outrage à l’esprit français et à la France
elle-même ! Comme si elle était désormais incapa
ble de renouveler selon son génie, d’approprier à
son histoire, à son tempérament, à sa vie politique
et sociale, les doctrines qu’elle emprunte parfois
des autres nations pensantes !
« Benoît Malon peut reposer en paix dans cette
terre de France ! C’est lui, et nous avec lui, qui,
en mettant une organisation universelle au service
d’un idéal universel, en agrandissant l’esprit de la
France de l’esprit humain, et l’action du prolétariat
français de l’action du prolétariat humain, oui,
c’est nous qui sommes vraiment fidèles, dans
l’humanité nouvelle, à la vieille patrie aimée.
« Jean Jaurès. »
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le Scrutin de liste. — A peine la nouvelle
Chambre constituée, qu’on parie déjà de prendre
des mesures en vue d’une proposition de loi,
tendant au rétablissement du scrutin de liste.
Cette initiative que compte prendre M. Edouard
Lockroy, député de la Seine, n’est pas sans cau
ser un double mouvement de surprise dans le
monde politique. D’ordinaire, en effet, c’est plutôt
à la fin des législatures et non à leur début que les
Chambres cherchent à changer leur mode d’élec
tion ; ensuite, parce que M. Lockroy faisait pré
cisément partie du ministère Floquet qui obtint,
en 1889, la substitution du scrutin uninominal au
scrutin de liste. Mais il est juste de dire que le
député delà Seine se prononça dès lors fermement
contre.
Selon M. Lockroy, les considérations qui mili
tent en faveur du scrutin de liste, reposent sur le
principe de sincérité, le seul où les considérations
locales, l’esprit de clocher, la question de fortune,
ne jouent plus aucun rôle d’influence sur les élec
teurs ; c’est le seul qui permette, en réalité, de
grouper une majorité non plus sur des considéra
tions de personnes, mais sur un programme de
réformes. Voilà pour le scrutin de liste.
Mais d’autres radicaux se proposent de combat
tre énergiquement ce système et demanderont le
maintien du statu quo. On a beau dire que le
scrutin d’arrondissement permet à des personna
ges très riches de se faire nommer presque sûre
ment. Il est vrai que certains députés doivent, en
grande partie, leur siège à leur grande fortune;
mais au moins, avec le scrutin d’arrondissement,
se cantonnent-ils dans leurs circonscriptions! Avec
le scrutin de liste, ils agiraient sur tout le dépar
tement.
Le mode de votation actuel est certes, celui qui
a donné les meilleurs résultats, au point de vue
républicain, même radical et social.
C’est grâce à lui que les Piou, les de Mun, de
Cassagnac, Jolibois et tant d’autres piliers de la
réaction, sont sortis du Parlement, et si, par con
tre, le parti radical a perdu, cette fois, queiques-
uns de ses orateurs les plus renommés, la faute
n’en est pas au scrutin d’arrondissement, mais à
l’affaire politique à laquelle ces personnages se
sont trouvés mêlés, par suite d’un concours de
circonstances fâcheuses.
Cette législature a quatre points d’un program
me commun à réaliser : la nomination du Sénat
par le suffrage universel, ce qui sera la préface de
la révision ; l’impôt sur le revenu ; une caisse de
retraite pour les travailleurs et la loi sur la liberté
des associations, c’est-à-dire la séparation des
Eglises et de l’Etat.
*
* *
L’Exposition de 1900. — On n’accusera pas,
cette fois, le gouvernement d’apporter de la négli
gence dans les apprêtsfde l’Exposition future. Sept
ans d’avance pour préparer une Exposition ! Cela
ne s’était jamais vu, et cela fait rêver.Qui peut as
surer, en présence de la marche du progrès, que
les constructions projetées, à l’heure présente, ne
seront pas, dans sept ans, tout à fait mesquines et
démodées.
Il faut pourtant croire que non. M. Picard,
qui vient d’être nommé commissaire général, veut
qu’à l’aube du siècle prochain, il y jiit, dans notre
pays, une manifestation extraordinairement gran
diose du génie français ; il faut une exposition
qui ne ressemble à aucune autre, qui laisse loin
derrière elle, tout ce que l’on a vu, tout ce que
l’on a pu imaginer ; une exposition qui apparaisse
à la fois comme une préface à une ère nouvelle
qui commence et comme la conclusion d’une épo
que laborieuse et féconde qui finit ; une exposi-
sition qui montrera à la France son passé, tout
en éclairant son avenir ; qui résume l’histoire
d’hier et qui prépare celle de demain. C’est par sa
porte triomphale, ouverte à nos destinées, que le
vingtième siècle fera son entrée dans le monde f
Qui vivra verra. — Nini.
LA NOUVELLE CHAMBRE
Nous avons parlé la semaine dernière du projet
relatif à la révision de la Constitution. Nous de
vons aujourd’hui signaler deux autres proposi
tions dont la nouvelle Chambre sera saisie : l’une
tendant à une Amnistie pour toutes les condam
nations ayant un caractère politique, délits de
presse, faits de grève et faits connexes, déposée
par M. Ernest Roche, Clovis Hugues, Jules
Guesde, Prudent Dervilliers, Constant, Bas
Chauvin, etc. ; l’autre tendant au rétablissement
du Scrutin de Liste déposée par M. Lockroy.
A ce propos, il est peut-être intéressant de rap
porter l’opinion de ce même député à l’égard de
M. Dupuy.
Pour M. Lockroy, le gouvernement combatte-
rait énergiquement le scrutin de liste et la révi
sion, mais il ignore complètement l’attitude qu’il
prendra sur la question d’amnistie.
Pour la Chambre, cela ne saurait faire de doute,,
la majorité donnera raison aux radicaux-socialis
tes sur ces trois points, car d’après un pointage
sérieux e| la connaissance des programmes, on
peut compter sur 220 à 240 voix pour la défense
des idées radicales et socialistes ; ce n’est pas en
core une majorité, mais c’est suffisant pour entraî
ner un bon nombre des députés opportunistes.
Quant au ministère qui a de grandes chances
pour être renversé sur l’une des trois questions, il
n’y a pas lieu de se préoccuper outre mesure de
de son remplacement.
Les ministres futurs seront tout naturellement
choisis parmi ceux qui auront pris la parole pour
soutenir les trois projets et qui auront eu gain de
cause.
Dire des noms est chose difficile, mais il se
pourrait fort que M. Goblet soit appelé à former
la future combinaison ministérielle, telle est du
du moins l’opinion de M. Lockroy.
D’un autre côté, nous savons que les program
mes du ministre des Finances ou de l’Agriculture
sont différents de celui de M. Dupuy. Du reste, le
Président du Conseil ne l’ignore pas. Cependant,
le Ministère se présentera au complet devant les
Chambres, quitte à essuyer un échec auquel M.
Dupuy est déjà résigné.
Dans ce cas, il est probable, si les radicaux so
cialistes triomphent, que certains ministres actuels,
comme M. Peytral, feront partie de la nouvelle
combinaison.
Hors ces quelques nouvelles, il serait imprudent
d’annoncer ce qui doit se passer au mois de no
vembre ; toutefois, on peut être certain qu’il y aura
une sérieuse lutte entre les partis.
Qui aura ie dessus ? That is the question !
E. S.
LA GRÈVE NOIRE
Les faux socialistes de l’opportunisme ne pour
ront pas, cette année, essayer d’arrêter le mou
vement des mineurs, en leur répétant comme
autrefois : « Faire la grève c’est travailler pour
l’étranger », car nous sommes aujourd’hui en
présence d’un soulèvement général.
En Angleterre, le charbon commence à manquer
et déjà beaucoup d’usines éteignent leurs feux.
En France, on a vu ce qu’était ce fameux stock
sur lequel les compagnies comptaient tant pour
affamer les mineurs. Il n’y a pas huit jours que la
grève est commencée, et la compagnie du Nord a
supprimé, par jour, plus de trente trains de char
bon.
Si l’on désire une seconde preuve, on peut la
trouver dans l’affluence des acheteurs français sur
le marché belge, et sur l’immense quantité de
commandes parvenues de chez nous, dans le bassia
de Charleroi.
Toutes ces espérances d’un instant sont aujour*
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y,
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UN AN
SIX MOIS
H
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Le Havre 5 fr.
Départements 6 fr.
3 fr.
3 50
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Nous informons nos lecteurs que M.
Léon Godreuil a cessé de faire partie de
la Rédaction du RÉVEIL DU HAVRE et
qu’il est remplacé par M. F. Le Roy, notre
imprimeur, qui devient administrateur-
gérant de notre Journal.
BENOIT MALON
La République sociale a fait, en la personne
de Benoît Malon, une perte des plus cruelles.
Tous ceux qui suivent le mouvement socialiste
et qui attendent avec anxiété l’éclosion des idées
nouvelles, savent quelle impulsion vigoureuse cet
honnête homme, doublé d’un savant, a su donner
à notre parti.
Le Réveil du Havre, représenté aux obsèques
de ce grand citoyen, prend part à la douleur
commune.
Entre tous les hommages que la confraternité
de luttes et d’espérances et l’amitié ont dictés aux
chefs du parti socialiste, nous choisirons cette
page admirable, publiée par la Petite République
Française , et que Jean Jaurès, député de Car-
maux, avait adressée à Gustave Rouanet,pour être
lue aux funérailles de Benoît Malon.
L’œuvre du grand socialiste y est superbement
résumée. C’est un touchant adieu d’un philosophe
à un philosophe :
a Mon cher Rouanet, je voudrais, moi aussi,
quoique retenu en ce moment loin de vous, dire à
celui qui fut un de nos maîtres un adieu plein
u un ut ; ?uK uiçuA ïoepo^ bien ils sont nom
breux dans l’Europe intellectuelle et socialiste
ceux qui ne peuvent suivre Malon que de la pensée
et qui lui font de loin un vaste et silencieux
cortège. Je voudrais avoir la force de parler en
leur nom. Malon se plaisait à cette union idéale
des consciences qu’une même pensée rapproche à
travers l’espace et le temps. C’était là pour lui,
au fond, le vrai sens de 1 histoire : la gloire lui
apparaissait entre les nobles esprits de tous les
pays et de tous les siècles, comme une éclatante
fraternité d’armes dans l’éternel combat pour la
justice.
« Lui, l’humble ouvrier manuel des premières
années, le militant et le souffrant, il s’était fait
une large et sereine philosophie. 11 ne concevait
pas l’Absolu comme une sorte d’individu privi
légié, installé par l’imagination craintive au
sommet des êtres et des choses ! Mais il avait le
sens de l’infini présent à toute force, à toute vie,
à toute l’universelle liaison qui des mondes dissé
minés fait un tout, l’universel et obscur effort
qui, sur notre planète et, sans doute, dans toutes
le* sphères, porte tous les êtres vers des formes
supérieures de la vie, toutes les sociétés vers des
formes supérieures de la justice. Le progrès
humain était à ses yeux comme un fragment de
l'immense évolution de la vie et de la pensée.
« Et c’est, pour employer une de ses belles ex
pressions favorites, dans une large sympathie
cosmique que se mouvait sa sollicitude sociale.
C est ainsi que, pour lui, le socialisme devait
relever et réparer non-seulement le monde hu
main, mais la nature inférieure. Il devait se
répandre en tendresse et en pitié sur l’animal
souffrant, guérir le plus possible les blessures que
notre brutalité lui a faites. Comme Michelet, il
disait : « Si l’animal n’entre pas dans la Cité,
moi j’en vais sortir. » Et comme ce tendre et
adorable Bernard Palissy, il voulait que la solli
citude humaine allât aux plaintes mênîes, leur
épargnât les obscures et inutiles souffrances que
leur prodigue notre légèreté. Ne sourions pas de
ce vaste rêve, car il n’a pas diminué en Benoît
Malon la précision de la vie militante ; pas plus
que la grandeur des horizons marins et le rêve
infini des flots n’empêchent le pêcheur de manœu
vrer sa barque et de jeter son filet.
« Il répétait volontiers, et surtout dans ses
derniers livres, que la conception panthéistique
du monde n’était pas épuisée, qu’elle n’avait pas
dit son dernier mot, et qu’en ce sens l’imagination
religieuse de l’humanité pourrait se déployer
encore. Voilà comment, si l’on y prend bien garde,
dans son histoire même des doctrines socialistes,
il s’arrête avec une complaisance particulière aux
penseurs qui ont enveloppé leur système social
dans un système du monde, et qui se sont énivrés
tout à la fois de la vie infinie des choses et des es
pérances humaines.
«C’est ainsi qu’il s’éprend du naturalisme
mystique et communiste de la Renaissance ita
lienne. C’est ainsi qu’il s’attarde à Giordano-
Bruno, à Campanella surtout qui brisaient tout
ensemble le monde étroit du moyen âge et le
moule étroit des sociétés féodales, qui procla
maient d’un même cri l’infinité de l’univers et
l’égalité'absolue de tous les hommes, qui faisaient
tomber les murailles de toutes les prisons, les
murailles du mondé et les murailles de la geôle
humaine, et qui rêvaient dans l’univers illimité
et affranchi des sociétés communistes et frater
nelles.
« C’est ainsi qu’il saluait Spinosa, faisant d’un
côté la synthèse de la nature et de Dieu, de
l'autre la synthèse de l’individu et de l’Etat,
indiquant nettement que dans l’intérêt des indi
vidus l’Etat devait posséder tous les biens et
réduire à un usufruit, sous des conditions déter
minées, la propriété individuelle. C’est ainsi enfin
(et pour abréger), qu’il réhabilitait nos grands
utopistes, Saint-Simon, Fourier, voire même
Toureil, coupables surtout d’avoir appuyé sur de
vastes métaphysiques leurs conceptions sociales,
et d’avoir cherché dans l’ordre universel les fon
dements de la cité humaine. A tous ceux-là, dont
Engels a dit qu’ils n’étaient ralliés que par les
épiciers de la littérature, Benoît Malon rendait
justice avec une sorte d’abondance de cœur. C’est
là, à vrai dire, son originalité la moins contesta
ble et si aujourd’hui, par la force des choses et
pour le bien immédiat du prolétariat, le socia
lisme est devenu plus strict, plus scientifique et
aussi plus âpre, il faut savoir gré à des militants
comme Malon d’avoir toujours reconnu l’ampleur
de ses origines.
« On s’étonne parfois de la minutie de certains
détails dans son cœur et de l’interprétation un
peu flottante par laquelle il ramène au socialisme
presque toutes les manifestations de la pensée.
C’est quon oublie le sentiment profond qui était
en lui de la vie infinie et fourmillante, et de l’uni
verselle solidarité. Telle idée humaine qu’il re
trouve sous un fatras d’idées bizarres, est, pour
lui, un germe qui ne périra pas. Telle pensée ou
incomplète ou vague est un commencement de
lueur qui ne s’éteindra pas.
« L’histoire sociale de l’humanité ne se rédui
sait pas pour lui à une séide de coups de théâtre
économiques, à la découverte de l’Amérique, à la
pfShiioïc apparition ^ la L. 0
lutions ne s’expliquaient pas tout entières par des
déplacements d’intérêts liés à des changements
de milieu : il y faut encore, selon lui, l’interne et
obscure préparation des consciences, et l’évolu
tion concordante du milieu économique et de la
force humaine explique seule les grandes trans
formations. Voilà pourquoi il a essayé de sur
prendre tout le long de l’histoire, le frémissement
de tous les esprits, et, dans l’obscure forêt hu
maine, le frisson de toutes les feuilles sous les
grands souffles incertains d’espérance et de jus
tice.
« Une autre chose aussi restera de lui, impéris
sable et grande. C’est l’exemple de l’ouvrier
manuel s’élevant à force d’énergie à la vie intel
lectuelle. Magnifique symbole du socialisme lui-
même ! Magnifique réponse aux hommes de
mauvaise foi ou de médiocre esprit qui dénoncent
notre triomphe prochain comme un retour de
barbarie ! Non, nous voulons, au contraire, que
par le bien-être assuré, par le loisir élargi, par
l'adoucissement des luttes bestiales où s’épuisait
l’énergie humaine, l’humanité tout entière puisse
s’élever à la vie de l’esprit. Nous, nous appelons
barbare, cette société homicide, au vrai sens du
mot, puisque dans l’homme, bien souvent, elle
tue l’homme même.
« Malon aimait à répéter le mot célèbre du poète
anglais sur le cimetière de village : « Que de
génies inconnus dorment là 1 » Hé bien 1 C’est la
société présente qui est ce cimetière des esprits.
Ils y sont ensevelis vivants, en des tombeaux
d’ignorance et de misère, et ils suffoquent, sans
lumière, ni air respirable, en une aveugle et
muette agonie. Malon s’était évadé d’un de ces
tombeaux, plus tristes et plus sombres assuré
ment que celui où il repose aujourd’hui après une
vie de lumière. A côs tombeaux-là, du moins, le
socialisme arrachera leurs captifs.
« Malon, en ses derniers jours, a dû éprouver
en même temps qu’une grande joié de nos pre
mières victoires, une sorte de stupéfaction dou
loureuse devant l’audace de certaines calomnies.
Lui qui n'a jamais séparé dans sa vie et dans son
œuvre la France et l’humanité, lui qui a répété
bien souvent que l’organisation internationale des
travailleurs était nécessaire à la libération de
l’humanité et par suite à la glorification de la
France, lui qui a traduit en notre langue certaines
œuvres maîtresses du socialisme étranger, il a pu
lire sur les derniers journaux que sês yeux ont
parcourus,quel’internationalisme était la désertion
de la patrie, que l’organisation du prolétariat
libérateur était un attentat contre la France libé
ratrice, et que reconnaître la vérité ou partielle
ou totale d’une doctrine pi omulguée par un maître
étranger c’était passer à l’ennemi.
« Il paraît, selon la logique de prétendus patrio
tes qui ne sont que des barbares astucieux, que
l’hypothèse de l’évolution doit être rejetée par
nous, parce que, ébauchée par un des nôtres,
Lamark, elle a été achevée au dehors, par Darwin.
Quelle dégradation de l’esprit humain ! Et aussi
quel outrage à l’esprit français et à la France
elle-même ! Comme si elle était désormais incapa
ble de renouveler selon son génie, d’approprier à
son histoire, à son tempérament, à sa vie politique
et sociale, les doctrines qu’elle emprunte parfois
des autres nations pensantes !
« Benoît Malon peut reposer en paix dans cette
terre de France ! C’est lui, et nous avec lui, qui,
en mettant une organisation universelle au service
d’un idéal universel, en agrandissant l’esprit de la
France de l’esprit humain, et l’action du prolétariat
français de l’action du prolétariat humain, oui,
c’est nous qui sommes vraiment fidèles, dans
l’humanité nouvelle, à la vieille patrie aimée.
« Jean Jaurès. »
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le Scrutin de liste. — A peine la nouvelle
Chambre constituée, qu’on parie déjà de prendre
des mesures en vue d’une proposition de loi,
tendant au rétablissement du scrutin de liste.
Cette initiative que compte prendre M. Edouard
Lockroy, député de la Seine, n’est pas sans cau
ser un double mouvement de surprise dans le
monde politique. D’ordinaire, en effet, c’est plutôt
à la fin des législatures et non à leur début que les
Chambres cherchent à changer leur mode d’élec
tion ; ensuite, parce que M. Lockroy faisait pré
cisément partie du ministère Floquet qui obtint,
en 1889, la substitution du scrutin uninominal au
scrutin de liste. Mais il est juste de dire que le
député delà Seine se prononça dès lors fermement
contre.
Selon M. Lockroy, les considérations qui mili
tent en faveur du scrutin de liste, reposent sur le
principe de sincérité, le seul où les considérations
locales, l’esprit de clocher, la question de fortune,
ne jouent plus aucun rôle d’influence sur les élec
teurs ; c’est le seul qui permette, en réalité, de
grouper une majorité non plus sur des considéra
tions de personnes, mais sur un programme de
réformes. Voilà pour le scrutin de liste.
Mais d’autres radicaux se proposent de combat
tre énergiquement ce système et demanderont le
maintien du statu quo. On a beau dire que le
scrutin d’arrondissement permet à des personna
ges très riches de se faire nommer presque sûre
ment. Il est vrai que certains députés doivent, en
grande partie, leur siège à leur grande fortune;
mais au moins, avec le scrutin d’arrondissement,
se cantonnent-ils dans leurs circonscriptions! Avec
le scrutin de liste, ils agiraient sur tout le dépar
tement.
Le mode de votation actuel est certes, celui qui
a donné les meilleurs résultats, au point de vue
républicain, même radical et social.
C’est grâce à lui que les Piou, les de Mun, de
Cassagnac, Jolibois et tant d’autres piliers de la
réaction, sont sortis du Parlement, et si, par con
tre, le parti radical a perdu, cette fois, queiques-
uns de ses orateurs les plus renommés, la faute
n’en est pas au scrutin d’arrondissement, mais à
l’affaire politique à laquelle ces personnages se
sont trouvés mêlés, par suite d’un concours de
circonstances fâcheuses.
Cette législature a quatre points d’un program
me commun à réaliser : la nomination du Sénat
par le suffrage universel, ce qui sera la préface de
la révision ; l’impôt sur le revenu ; une caisse de
retraite pour les travailleurs et la loi sur la liberté
des associations, c’est-à-dire la séparation des
Eglises et de l’Etat.
*
* *
L’Exposition de 1900. — On n’accusera pas,
cette fois, le gouvernement d’apporter de la négli
gence dans les apprêtsfde l’Exposition future. Sept
ans d’avance pour préparer une Exposition ! Cela
ne s’était jamais vu, et cela fait rêver.Qui peut as
surer, en présence de la marche du progrès, que
les constructions projetées, à l’heure présente, ne
seront pas, dans sept ans, tout à fait mesquines et
démodées.
Il faut pourtant croire que non. M. Picard,
qui vient d’être nommé commissaire général, veut
qu’à l’aube du siècle prochain, il y jiit, dans notre
pays, une manifestation extraordinairement gran
diose du génie français ; il faut une exposition
qui ne ressemble à aucune autre, qui laisse loin
derrière elle, tout ce que l’on a vu, tout ce que
l’on a pu imaginer ; une exposition qui apparaisse
à la fois comme une préface à une ère nouvelle
qui commence et comme la conclusion d’une épo
que laborieuse et féconde qui finit ; une exposi-
sition qui montrera à la France son passé, tout
en éclairant son avenir ; qui résume l’histoire
d’hier et qui prépare celle de demain. C’est par sa
porte triomphale, ouverte à nos destinées, que le
vingtième siècle fera son entrée dans le monde f
Qui vivra verra. — Nini.
LA NOUVELLE CHAMBRE
Nous avons parlé la semaine dernière du projet
relatif à la révision de la Constitution. Nous de
vons aujourd’hui signaler deux autres proposi
tions dont la nouvelle Chambre sera saisie : l’une
tendant à une Amnistie pour toutes les condam
nations ayant un caractère politique, délits de
presse, faits de grève et faits connexes, déposée
par M. Ernest Roche, Clovis Hugues, Jules
Guesde, Prudent Dervilliers, Constant, Bas
Chauvin, etc. ; l’autre tendant au rétablissement
du Scrutin de Liste déposée par M. Lockroy.
A ce propos, il est peut-être intéressant de rap
porter l’opinion de ce même député à l’égard de
M. Dupuy.
Pour M. Lockroy, le gouvernement combatte-
rait énergiquement le scrutin de liste et la révi
sion, mais il ignore complètement l’attitude qu’il
prendra sur la question d’amnistie.
Pour la Chambre, cela ne saurait faire de doute,,
la majorité donnera raison aux radicaux-socialis
tes sur ces trois points, car d’après un pointage
sérieux e| la connaissance des programmes, on
peut compter sur 220 à 240 voix pour la défense
des idées radicales et socialistes ; ce n’est pas en
core une majorité, mais c’est suffisant pour entraî
ner un bon nombre des députés opportunistes.
Quant au ministère qui a de grandes chances
pour être renversé sur l’une des trois questions, il
n’y a pas lieu de se préoccuper outre mesure de
de son remplacement.
Les ministres futurs seront tout naturellement
choisis parmi ceux qui auront pris la parole pour
soutenir les trois projets et qui auront eu gain de
cause.
Dire des noms est chose difficile, mais il se
pourrait fort que M. Goblet soit appelé à former
la future combinaison ministérielle, telle est du
du moins l’opinion de M. Lockroy.
D’un autre côté, nous savons que les program
mes du ministre des Finances ou de l’Agriculture
sont différents de celui de M. Dupuy. Du reste, le
Président du Conseil ne l’ignore pas. Cependant,
le Ministère se présentera au complet devant les
Chambres, quitte à essuyer un échec auquel M.
Dupuy est déjà résigné.
Dans ce cas, il est probable, si les radicaux so
cialistes triomphent, que certains ministres actuels,
comme M. Peytral, feront partie de la nouvelle
combinaison.
Hors ces quelques nouvelles, il serait imprudent
d’annoncer ce qui doit se passer au mois de no
vembre ; toutefois, on peut être certain qu’il y aura
une sérieuse lutte entre les partis.
Qui aura ie dessus ? That is the question !
E. S.
LA GRÈVE NOIRE
Les faux socialistes de l’opportunisme ne pour
ront pas, cette année, essayer d’arrêter le mou
vement des mineurs, en leur répétant comme
autrefois : « Faire la grève c’est travailler pour
l’étranger », car nous sommes aujourd’hui en
présence d’un soulèvement général.
En Angleterre, le charbon commence à manquer
et déjà beaucoup d’usines éteignent leurs feux.
En France, on a vu ce qu’était ce fameux stock
sur lequel les compagnies comptaient tant pour
affamer les mineurs. Il n’y a pas huit jours que la
grève est commencée, et la compagnie du Nord a
supprimé, par jour, plus de trente trains de char
bon.
Si l’on désire une seconde preuve, on peut la
trouver dans l’affluence des acheteurs français sur
le marché belge, et sur l’immense quantité de
commandes parvenues de chez nous, dans le bassia
de Charleroi.
Toutes ces espérances d’un instant sont aujour*
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