Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-09-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 septembre 1893 09 septembre 1893
Description : 1893/09/09 (N109). 1893/09/09 (N109).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633080
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2® innée — N° 189 — Samedi 8 Septcisbr
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Innée — 2:3 Fructidor Âa 101 — N° 189.
Le Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CAS'IMIE-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
prix des immim:
Annonces-. 25 cent, la ligne
Réclames, 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
ijrM^ ^a^ai3^aa«3aa3Ea ag!a ^a8 g j|g| jaàS!B8Bai
SBJ^K3SmaE3S5s2^î2S!2SSS3
HBHBâSBBEHBpanHnBaBBBBBaNHBHannBHMU
LES DEUX
SOCIALISMES
La prochaine Législature va enfin fournir
au pays l’occasion d’apprécier, autrement
qu’eu paroles, la doctrine opportuniste.
Jusqua présent, ce parti qui ne perd au
cune occasion de se réclamer de Gambetta
pour faire croire qu’il suit ses traditions ré
publicaines, a opposé aux revendications so
ciales un argument commode :
« Attendez, disait-on, que la République
soit definitivement assise. La question sociale
ne pourra se résoudre qu’entre républicains.
Il ne faut pas que les conservateurs puissent
* être les arbitres de la question ».
Grâce à cette échappatoire, les opportunis
tes, qui, d’ailleurs, ne se gênaient pas pour
voter avec la droite, soit dans la question du
budget des cultes, soit pour approuver les
massacres de Four mies ou du quartier Latin,
s >nt parvenus à esquiver les grandes réformes
inscrites depuis des années dans le programme
républicain.
Il va falloir maintenant changer de tacti
que. Eu effet la droite est presque annihilée
et elle doit renoncer pour toujours aux avan
tages qu’elle a pu tirer jusqu’à ce jour delà
politique de bascuic.
Les républicains, étant en nombre, n’au
ront plus aucun prétexte pour différer l’étude
de- questions sociales.
Quelle idée présidera à cette élaboration
législative ? Y aura-t-il unité d’action de tout
le parti républicain pour restreindre les pré
rogatives des employeurs et des gros finan
ciers et pour donner aux travailleurs cette li
berté physique et morale sans laquelle le droit
de vote n’est qu’un vain simulacre ?
Nous voudrions trouver dans tout le parti
républicain un élan généreux, vers le socia
lisme. Ce serait un beau spectacle que celui
d’une Assemblée française donnant au monde
l’exemple du socialisme pacifique et scientifi
que.
Mais y compter serait une illusion.
A côté des hommes de cœur et d’action qui,
comme Guesde, comme Mille.rand, comme
Goblet, lutteront avec énergie pour l’amélio
ration de la condition des travailleurs en vue
d’une plus équitable répartition du produit,
nous verrons les faux socialistes et les faux
philanthropes. Oui, l’on verra défiler les
vieilles berquinades cathodiques et protes
tantes, les niaiseries mulhousiennes, les pa- '
tronages, les maisons à bon marché efautfes
plaisanteries patronales.
L’idée de charité, c’est-à-dire le bon plai
sir, aura, n’en doutons pas, ses défenseurs
dans ces discussions, que seule l’idée de justice
devrait dominer.
C’est de là que viendra l’obstacle aux
réformes sociales. Il faut s’y attendre, et
c’est surtout dans le parti opportuniste qu’on
trouvera les défenseurs des formules démodées
et les partisans des solutions timides et miti
gées qui, sous des apparences d’humanité, ne
contentent personne.
Il est bon que ces deux socialismes soient
mis en présence et qu’ils s'affirment avec
leurs hommes et leurs idées. Quand le peuple
se sera rendu compte ds l’insuffisance des
solutions opportunistes, il comprendra que
seul le socialisme peut -donner satisf; lion à
ses aspirations.
Les électeurs de Paris et ceux de plusieurs
grandes villes qui ont envoyé au Parlement
une phalange solide de socialistes, s’en sont
rendu compte. Ceux des autres centres, du
Havre notamment, finiront par s’en convain
cre et fourniront à leur tour un appoint
nouveau à la cause des travailleurs;
Car il faut bien en prendre sou parti,
comme de toutes les choses fatales et inévi
tables, le socialisme triomphera. Et les cham
pions de la première heure conserveront cet
honneur d’avoir, en combattant l’ignorance
des uns et la mauvaise foi des autres, ouvert
la route où s’engage l’humanité et qui doit la
conduire à Injustice sociale.
VERUS.
-«sSjggs»»
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Statistique des élections générales, —
Nous connaissons maintenant — apres les 162
ballottages de dimanche dernier — 574 résulats.
Il ne manque plus que 7 élections coloniales.
La nouvelle Chambre sera composée (réserve
faite des sept résultats à
connaître) de la façon
suivante :
Républicains.....
309
Radicaux
11-7
Ralliés
35
Socialistes
55
Réactionnaires...
58
574
Comme on le voit, la défaite de radicaux n’existe
nullement, et, au contraire, les résultats obtenus
sont des plus satisfaisants.
"k
■¥ *
Les Elections du 3 Septembre. — Dès
le début de la période électorale, Miîîerand et ses
amis s’étaient faits les apôtres de l’Union socia
liste. Il était à prévoir qu’on raillerait de telles
prétentions, et qu’on rappellerait les divisions et
les luttes qui, maintes fois, se sont produites dans
les partis avancés ; c’est ce que la presse pari
sienne en général n’a pas manqué de faire. Mais
ces manœuvres n’ont point eu de résultat ; pour la
première fois en France, les socialistes ont affirmé
leur union par un triomphe.
La prochaine Chambre verra un solide noyau de
plus de plus de soixante représentants socialistes
prendre l’initiative de toutes les réformes, et
répandre à profusion, de la tribune parlementaire,
les idées et les principes qui feront le triomphe de
la démocratie.
Nombre de radicaux tiendront à honneur de
voter avec Millerand et ses amis, et si quelques-
uns s’en séparent, ceux-là, nous l’estimons, auront
trahi la cause du peuple et renié les principes
républicains.
Dans ces conditions, les idées avancées seront
représentées à la Chambre par une minorité
-imposante, minorité qui, tout en ne se faisant
pas d’illusions sur le succès de ses revendications
an Parlement, pourra, du moins, montrer l’im
puissance et le mauvais vouloir de ses adver
saires.
D’ailleurs, les nouveaux élus du parti socialiste
comptent étendre leur action en dehors du
Parlement. La tribune du Palais-Bourbon ne leur
paraît pas suffisante pour propager leurs idées.
Il se forme, en ce moment, un noyau de conféren
ciers socialistes, qui comprendra la plupart des
députés et journalistes du parti, et dont chacun
des membres fera au moins quatre conférences
par an.
Parmi les premiers adhérents, on compte déjà
Millerand, Jaurès, Rouanet, Sembat, Viviani,
Fournières, dont le programme aura pour but de
préparer l’avènement — à la Chambre qui rem
placera celle qui vient d’être élue — d’un parti
socialiste qui sera le pins important de tous par
sa force numérique, comme il l’est déjà par sa
force morale.
En résumé, l’avènement de l’Union socialiste
montre nettement que,, grâce à un peu de disci
pline, les partis avancés peuvent faire dans
l’espace de quelques mois en France, autant que
les socialistes d’Allemagne en cinq législatures.
Marx avait peut-être raison en affirmant que
tonte transformation sociale était subordonnée à
l’évolution politique de la France, et que l’idée
socialiste ne triompherait définitivement en Europe
que « quand le coq gaulois aurait chanté ».
La prochaine législature sera féconde en ensei
gnements de toute espèce. On y pourra, par
exemple, comparer les jeunes représentants qui
veulent faire de la politique de principes, aux
soliveaux de l’opportunisme dont la seule gloire
est d’avoir trompé les espérances de la nation,
pendant plusieurs législatures. A ce sujet, nous
nous proposons, dans ces colonnes mêmes, défaire
de temps à autre la comparaison des votes de deux
députés ; l’un sera un des plus jeunes radicaux-
socialistes du Parlement, l’autre un professionnel
du parlementarisme, un opportuniste dont le nom
soit aussi connu que les idées. Notre ami Viviani,
le représéntant du Quartier-Latin à la Chambre,
nous paraît tout désigné pour être le premier de
ces points de comparaison. Nul doute qu’une telle
méthode ne soit pleine d’enseignemeut pour les
Havrais.
M. G.
- ■ ————■
Où Allons-Nous ?
On voit que-es élections générales ont été fa
vorables au gouvernement. A peine a-t-il eu le
temps nécessaire de se reconnaître victorieux
dans le triomphe des opportunistes, qui vont
arriver en majorité à la nouvelle Chambre, fort du
concours de ces députés, il se propose déjà de les
faire débuter par la danse des écus, en commen
çant l’échange des titres 4 1/2 0/0 contre de nou
veaux titres 3 1/2 0/0.
D’autre part, ou assure que cette conversion
serait liée à un emprunt d’un milliard. Quqi qu’il
en soit, il est certain que le ministre des finances
éprouve le désir de saisir au plus tôt la nouvelle
Chambre du projet de conversion devenue néces
saire.
Et pourquoi ? Eh ! parbleu, pour boucler le
prochain budget. Le gouvernement ne peut pas,
en effet, a’une manière décente, demander des
impôts nouveaux à la Chambre, dès sa rentrée,
ii préfère emprunter. Le résultat est exactement
le même. C’est toujours Jacques Bonhomme qui
paiera.
Si cette information se confirme, la résultante
des dernières élections aura pour moralité de ma
jorer nos futurs budgets de plusieurs millions par
an. Est-ce que nos nouveaux parlementaires laisse
ront passer cette muscade ? Nous ne le croyons
pas, ou alors ce sera le cas de se dire : Où allons-
nous ? Le pays ne veut plus ni impôt, ni emprunt
nouveaux. Il veut des réformes et des dégrève
ments.
AU TRAVAIL I
Sous ce titre, notre ami et confrère, Eugène
Fournière, de la Petite République, vient de
publier dans cette feuille un article vraiment
magistral.
La défaite de l’opportunisme, comme du parti
radidal sans épithète, y est relevée de main de
maître, et nous ne pouvons résister au désir de
citer quelques passages de cet article, qui débute
par ces mots excessivement justes: « C’est le
moment de ne pas s’endormir sur le rôti, cama
rades ! »
Non ! il ne faut pas s’endormir, et si vous
l’aviez bien compris, électeurs havrais, vous
n’auriez pas envoyé à la Chambre un homme dont
les gaffes en ont fait la risée de ses collègues.
Entré le socialisme de M. Siegfried, consistant
surtout à subventionner des entreprises qui, en
réalité, sont des patrorinats anonymes (celà,
nous nous réservons de le prouver dans un pro
chain article), et celui que nous préconisons, il y
a un abîme.
C’est pourquoi nous comprenons mal la joie,
trop exhubérante pour être sincère, des- feuilles
gouvernementales qui s’obstinent à voir dans la
Chambre future-une majorité de gouvernement.
N’en déplaise à ces organes, qui enregistrent
volontiers la défaite des droites, mais qui se
gardent bien de parler de l’avènement et du pro
grès des idees vraiment socialistes, l’imuccès du
vieux Lafargue n’est pas fait pour leur remettre
un peu de « baume au cœur ».
Eu effet, au lieu d’une dizaine de socialistes que
bi dernière Chambre comptait parmi ses membres,
nous avons, la satisfaction d’en voir élus une
soixantaine dans la Chambre future..
Est-ce un insuccès, cela ? Nous ne le croyons
pas, et nous ne pouvons qu’engager nos conci
toyens à s’inspirer de la moralité qui ressort du
scrutin de ballottage.
Ceci dit, nous passons la plume au citoyen
Fournière :
« De quelques centaines que nous étions en
1880, dit-il, nous sommes quelques centaines de
mille ; songeons qu’il nous reste à devenir quel
ques millions, songeons-y et travaillons-y.
« Le plus fort est fait. Les responsabilités
commencent pour nous du .jour où disparaît
l’ancienne Extrême-Gauche. Elles seront lourdes,
mais nous saurons être forts.
« Que les fautes commises par le parti qui
vient de mourir nous servent de leçon. Ses élus
vivaient trop dans la lourde et méphytique atmo
sphère du Parlement. Les nôtres auront à prati
quer une politique de plein air. Ils manœuvraient
dans les coulo.rs à gagner des portefeuilles. Les
nôtres manœuvreront dans le pays à gagner des
adhérents. Ils déposaient leurs projets démo
cratiques dans le sein poussiéreux des commis
sions, comme les crocodiles leurs œufs dans les
sables du Nil, et éclosaient ceux qui pouvaient.
Les nôtres s’acharneront à apporter soulagement
immédiat aux souffrances des faibles, et toute
proposition repoussée ou ajournée sera portée eu
appel devant le pays par cinquante propagan
distes. Iis parlaient aux parlementaires. Les nôtres
parleront au peuple. »
Et plus loin :
« Nous avons conquis Paris, Roubaix, Dijon,
Saint-Etienne, Carmaux, Montluçon, Cette et
vingt autres centres, Marseille, Montpellier, Lyon,
Bordeaux, sont entamés. Il nous reste à avancer
de mille voix à peine dans chacune des villes que
voici : Lille, Saint-Quentin, Mézières, Sedan,
Béziers, Issoudun, Avesnes, Douai, Boulogne,
Perpignan, Villefranche-sur-Rhône et d’Aveyron,
Rouen, Amiens, Toulon, Castres. Il nous faut
reprendre Narbonne, volée effrontément au coin
d’une urne. Petite besogne pour cinq années.
Nous avons cela à faire, certes, mais nous avons
du temps et des hommes de reste pour une autre
tâche sans le succès de laquelle\ tous nos gains
seiont stériles.
« Il nous faut conquérir les paysans.
« Jaurès a rallié ceux du Tarn autour de son
programme, qu’on peut modifier afin de le mieux
adapter aux divers états de l’agriculture fran
çaise. Ceux de la Creuse viennent de donner une
belle majorité à Desfarges, et ceux de l’Ailier à
Sauvanet.
Ceux de la Nièvre, du Pas-de-Calais, de la
Somme, du Cher, de l’Aube, de l’Aisne, de Vau
cluse, de dix autres départements, viennent à
nous, sans que nous soyons allés à eux. Qu©
sera-ce donc, quand nous sèmerons des confé
renciers dans tous les sillons où peine le labou
reur !
« Au travail, socialistes, au travail ! »
On ne saurait mieux dire, et nous formons le
vœu qu’au Havre même le parti socialiste, vaincu
aux élections dernières, relève la tête, et soit par
groupements de quartiers, soit par des confé
rences habilement organisées, et dans lesquelles
on entendrait des orateurs de marque du parti,
s’organise de telle façon qu’aux élections pro
chaines la victoire nous reste, décisive et sans
appel I
A. L.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Innée — 2:3 Fructidor Âa 101 — N° 189.
Le Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CAS'IMIE-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
prix des immim:
Annonces-. 25 cent, la ligne
Réclames, 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
ijrM^ ^a^ai3^aa«3aa3Ea ag!a ^a8 g j|g| jaàS!B8Bai
SBJ^K3SmaE3S5s2^î2S!2SSS3
HBHBâSBBEHBpanHnBaBBBBBaNHBHannBHMU
LES DEUX
SOCIALISMES
La prochaine Législature va enfin fournir
au pays l’occasion d’apprécier, autrement
qu’eu paroles, la doctrine opportuniste.
Jusqua présent, ce parti qui ne perd au
cune occasion de se réclamer de Gambetta
pour faire croire qu’il suit ses traditions ré
publicaines, a opposé aux revendications so
ciales un argument commode :
« Attendez, disait-on, que la République
soit definitivement assise. La question sociale
ne pourra se résoudre qu’entre républicains.
Il ne faut pas que les conservateurs puissent
* être les arbitres de la question ».
Grâce à cette échappatoire, les opportunis
tes, qui, d’ailleurs, ne se gênaient pas pour
voter avec la droite, soit dans la question du
budget des cultes, soit pour approuver les
massacres de Four mies ou du quartier Latin,
s >nt parvenus à esquiver les grandes réformes
inscrites depuis des années dans le programme
républicain.
Il va falloir maintenant changer de tacti
que. Eu effet la droite est presque annihilée
et elle doit renoncer pour toujours aux avan
tages qu’elle a pu tirer jusqu’à ce jour delà
politique de bascuic.
Les républicains, étant en nombre, n’au
ront plus aucun prétexte pour différer l’étude
de- questions sociales.
Quelle idée présidera à cette élaboration
législative ? Y aura-t-il unité d’action de tout
le parti républicain pour restreindre les pré
rogatives des employeurs et des gros finan
ciers et pour donner aux travailleurs cette li
berté physique et morale sans laquelle le droit
de vote n’est qu’un vain simulacre ?
Nous voudrions trouver dans tout le parti
républicain un élan généreux, vers le socia
lisme. Ce serait un beau spectacle que celui
d’une Assemblée française donnant au monde
l’exemple du socialisme pacifique et scientifi
que.
Mais y compter serait une illusion.
A côté des hommes de cœur et d’action qui,
comme Guesde, comme Mille.rand, comme
Goblet, lutteront avec énergie pour l’amélio
ration de la condition des travailleurs en vue
d’une plus équitable répartition du produit,
nous verrons les faux socialistes et les faux
philanthropes. Oui, l’on verra défiler les
vieilles berquinades cathodiques et protes
tantes, les niaiseries mulhousiennes, les pa- '
tronages, les maisons à bon marché efautfes
plaisanteries patronales.
L’idée de charité, c’est-à-dire le bon plai
sir, aura, n’en doutons pas, ses défenseurs
dans ces discussions, que seule l’idée de justice
devrait dominer.
C’est de là que viendra l’obstacle aux
réformes sociales. Il faut s’y attendre, et
c’est surtout dans le parti opportuniste qu’on
trouvera les défenseurs des formules démodées
et les partisans des solutions timides et miti
gées qui, sous des apparences d’humanité, ne
contentent personne.
Il est bon que ces deux socialismes soient
mis en présence et qu’ils s'affirment avec
leurs hommes et leurs idées. Quand le peuple
se sera rendu compte ds l’insuffisance des
solutions opportunistes, il comprendra que
seul le socialisme peut -donner satisf; lion à
ses aspirations.
Les électeurs de Paris et ceux de plusieurs
grandes villes qui ont envoyé au Parlement
une phalange solide de socialistes, s’en sont
rendu compte. Ceux des autres centres, du
Havre notamment, finiront par s’en convain
cre et fourniront à leur tour un appoint
nouveau à la cause des travailleurs;
Car il faut bien en prendre sou parti,
comme de toutes les choses fatales et inévi
tables, le socialisme triomphera. Et les cham
pions de la première heure conserveront cet
honneur d’avoir, en combattant l’ignorance
des uns et la mauvaise foi des autres, ouvert
la route où s’engage l’humanité et qui doit la
conduire à Injustice sociale.
VERUS.
-«sSjggs»»
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Statistique des élections générales, —
Nous connaissons maintenant — apres les 162
ballottages de dimanche dernier — 574 résulats.
Il ne manque plus que 7 élections coloniales.
La nouvelle Chambre sera composée (réserve
faite des sept résultats à
connaître) de la façon
suivante :
Républicains.....
309
Radicaux
11-7
Ralliés
35
Socialistes
55
Réactionnaires...
58
574
Comme on le voit, la défaite de radicaux n’existe
nullement, et, au contraire, les résultats obtenus
sont des plus satisfaisants.
"k
■¥ *
Les Elections du 3 Septembre. — Dès
le début de la période électorale, Miîîerand et ses
amis s’étaient faits les apôtres de l’Union socia
liste. Il était à prévoir qu’on raillerait de telles
prétentions, et qu’on rappellerait les divisions et
les luttes qui, maintes fois, se sont produites dans
les partis avancés ; c’est ce que la presse pari
sienne en général n’a pas manqué de faire. Mais
ces manœuvres n’ont point eu de résultat ; pour la
première fois en France, les socialistes ont affirmé
leur union par un triomphe.
La prochaine Chambre verra un solide noyau de
plus de plus de soixante représentants socialistes
prendre l’initiative de toutes les réformes, et
répandre à profusion, de la tribune parlementaire,
les idées et les principes qui feront le triomphe de
la démocratie.
Nombre de radicaux tiendront à honneur de
voter avec Millerand et ses amis, et si quelques-
uns s’en séparent, ceux-là, nous l’estimons, auront
trahi la cause du peuple et renié les principes
républicains.
Dans ces conditions, les idées avancées seront
représentées à la Chambre par une minorité
-imposante, minorité qui, tout en ne se faisant
pas d’illusions sur le succès de ses revendications
an Parlement, pourra, du moins, montrer l’im
puissance et le mauvais vouloir de ses adver
saires.
D’ailleurs, les nouveaux élus du parti socialiste
comptent étendre leur action en dehors du
Parlement. La tribune du Palais-Bourbon ne leur
paraît pas suffisante pour propager leurs idées.
Il se forme, en ce moment, un noyau de conféren
ciers socialistes, qui comprendra la plupart des
députés et journalistes du parti, et dont chacun
des membres fera au moins quatre conférences
par an.
Parmi les premiers adhérents, on compte déjà
Millerand, Jaurès, Rouanet, Sembat, Viviani,
Fournières, dont le programme aura pour but de
préparer l’avènement — à la Chambre qui rem
placera celle qui vient d’être élue — d’un parti
socialiste qui sera le pins important de tous par
sa force numérique, comme il l’est déjà par sa
force morale.
En résumé, l’avènement de l’Union socialiste
montre nettement que,, grâce à un peu de disci
pline, les partis avancés peuvent faire dans
l’espace de quelques mois en France, autant que
les socialistes d’Allemagne en cinq législatures.
Marx avait peut-être raison en affirmant que
tonte transformation sociale était subordonnée à
l’évolution politique de la France, et que l’idée
socialiste ne triompherait définitivement en Europe
que « quand le coq gaulois aurait chanté ».
La prochaine législature sera féconde en ensei
gnements de toute espèce. On y pourra, par
exemple, comparer les jeunes représentants qui
veulent faire de la politique de principes, aux
soliveaux de l’opportunisme dont la seule gloire
est d’avoir trompé les espérances de la nation,
pendant plusieurs législatures. A ce sujet, nous
nous proposons, dans ces colonnes mêmes, défaire
de temps à autre la comparaison des votes de deux
députés ; l’un sera un des plus jeunes radicaux-
socialistes du Parlement, l’autre un professionnel
du parlementarisme, un opportuniste dont le nom
soit aussi connu que les idées. Notre ami Viviani,
le représéntant du Quartier-Latin à la Chambre,
nous paraît tout désigné pour être le premier de
ces points de comparaison. Nul doute qu’une telle
méthode ne soit pleine d’enseignemeut pour les
Havrais.
M. G.
- ■ ————■
Où Allons-Nous ?
On voit que-es élections générales ont été fa
vorables au gouvernement. A peine a-t-il eu le
temps nécessaire de se reconnaître victorieux
dans le triomphe des opportunistes, qui vont
arriver en majorité à la nouvelle Chambre, fort du
concours de ces députés, il se propose déjà de les
faire débuter par la danse des écus, en commen
çant l’échange des titres 4 1/2 0/0 contre de nou
veaux titres 3 1/2 0/0.
D’autre part, ou assure que cette conversion
serait liée à un emprunt d’un milliard. Quqi qu’il
en soit, il est certain que le ministre des finances
éprouve le désir de saisir au plus tôt la nouvelle
Chambre du projet de conversion devenue néces
saire.
Et pourquoi ? Eh ! parbleu, pour boucler le
prochain budget. Le gouvernement ne peut pas,
en effet, a’une manière décente, demander des
impôts nouveaux à la Chambre, dès sa rentrée,
ii préfère emprunter. Le résultat est exactement
le même. C’est toujours Jacques Bonhomme qui
paiera.
Si cette information se confirme, la résultante
des dernières élections aura pour moralité de ma
jorer nos futurs budgets de plusieurs millions par
an. Est-ce que nos nouveaux parlementaires laisse
ront passer cette muscade ? Nous ne le croyons
pas, ou alors ce sera le cas de se dire : Où allons-
nous ? Le pays ne veut plus ni impôt, ni emprunt
nouveaux. Il veut des réformes et des dégrève
ments.
AU TRAVAIL I
Sous ce titre, notre ami et confrère, Eugène
Fournière, de la Petite République, vient de
publier dans cette feuille un article vraiment
magistral.
La défaite de l’opportunisme, comme du parti
radidal sans épithète, y est relevée de main de
maître, et nous ne pouvons résister au désir de
citer quelques passages de cet article, qui débute
par ces mots excessivement justes: « C’est le
moment de ne pas s’endormir sur le rôti, cama
rades ! »
Non ! il ne faut pas s’endormir, et si vous
l’aviez bien compris, électeurs havrais, vous
n’auriez pas envoyé à la Chambre un homme dont
les gaffes en ont fait la risée de ses collègues.
Entré le socialisme de M. Siegfried, consistant
surtout à subventionner des entreprises qui, en
réalité, sont des patrorinats anonymes (celà,
nous nous réservons de le prouver dans un pro
chain article), et celui que nous préconisons, il y
a un abîme.
C’est pourquoi nous comprenons mal la joie,
trop exhubérante pour être sincère, des- feuilles
gouvernementales qui s’obstinent à voir dans la
Chambre future-une majorité de gouvernement.
N’en déplaise à ces organes, qui enregistrent
volontiers la défaite des droites, mais qui se
gardent bien de parler de l’avènement et du pro
grès des idees vraiment socialistes, l’imuccès du
vieux Lafargue n’est pas fait pour leur remettre
un peu de « baume au cœur ».
Eu effet, au lieu d’une dizaine de socialistes que
bi dernière Chambre comptait parmi ses membres,
nous avons, la satisfaction d’en voir élus une
soixantaine dans la Chambre future..
Est-ce un insuccès, cela ? Nous ne le croyons
pas, et nous ne pouvons qu’engager nos conci
toyens à s’inspirer de la moralité qui ressort du
scrutin de ballottage.
Ceci dit, nous passons la plume au citoyen
Fournière :
« De quelques centaines que nous étions en
1880, dit-il, nous sommes quelques centaines de
mille ; songeons qu’il nous reste à devenir quel
ques millions, songeons-y et travaillons-y.
« Le plus fort est fait. Les responsabilités
commencent pour nous du .jour où disparaît
l’ancienne Extrême-Gauche. Elles seront lourdes,
mais nous saurons être forts.
« Que les fautes commises par le parti qui
vient de mourir nous servent de leçon. Ses élus
vivaient trop dans la lourde et méphytique atmo
sphère du Parlement. Les nôtres auront à prati
quer une politique de plein air. Ils manœuvraient
dans les coulo.rs à gagner des portefeuilles. Les
nôtres manœuvreront dans le pays à gagner des
adhérents. Ils déposaient leurs projets démo
cratiques dans le sein poussiéreux des commis
sions, comme les crocodiles leurs œufs dans les
sables du Nil, et éclosaient ceux qui pouvaient.
Les nôtres s’acharneront à apporter soulagement
immédiat aux souffrances des faibles, et toute
proposition repoussée ou ajournée sera portée eu
appel devant le pays par cinquante propagan
distes. Iis parlaient aux parlementaires. Les nôtres
parleront au peuple. »
Et plus loin :
« Nous avons conquis Paris, Roubaix, Dijon,
Saint-Etienne, Carmaux, Montluçon, Cette et
vingt autres centres, Marseille, Montpellier, Lyon,
Bordeaux, sont entamés. Il nous reste à avancer
de mille voix à peine dans chacune des villes que
voici : Lille, Saint-Quentin, Mézières, Sedan,
Béziers, Issoudun, Avesnes, Douai, Boulogne,
Perpignan, Villefranche-sur-Rhône et d’Aveyron,
Rouen, Amiens, Toulon, Castres. Il nous faut
reprendre Narbonne, volée effrontément au coin
d’une urne. Petite besogne pour cinq années.
Nous avons cela à faire, certes, mais nous avons
du temps et des hommes de reste pour une autre
tâche sans le succès de laquelle\ tous nos gains
seiont stériles.
« Il nous faut conquérir les paysans.
« Jaurès a rallié ceux du Tarn autour de son
programme, qu’on peut modifier afin de le mieux
adapter aux divers états de l’agriculture fran
çaise. Ceux de la Creuse viennent de donner une
belle majorité à Desfarges, et ceux de l’Ailier à
Sauvanet.
Ceux de la Nièvre, du Pas-de-Calais, de la
Somme, du Cher, de l’Aube, de l’Aisne, de Vau
cluse, de dix autres départements, viennent à
nous, sans que nous soyons allés à eux. Qu©
sera-ce donc, quand nous sèmerons des confé
renciers dans tous les sillons où peine le labou
reur !
« Au travail, socialistes, au travail ! »
On ne saurait mieux dire, et nous formons le
vœu qu’au Havre même le parti socialiste, vaincu
aux élections dernières, relève la tête, et soit par
groupements de quartiers, soit par des confé
rences habilement organisées, et dans lesquelles
on entendrait des orateurs de marque du parti,
s’organise de telle façon qu’aux élections pro
chaines la victoire nous reste, décisive et sans
appel I
A. L.
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