Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-06-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 juin 1900 16 juin 1900
Description : 1900/06/16 (N216). 1900/06/16 (N216).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263415g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année — H° 216.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
KUE GASIMXR-PÉKIER,
Secrétaire de la Rédaction F. 1HOÜMERET
L’Imprimeur-Gérant F. leroy
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
MEDITONS
L’ombre se dissipe, l’équivoque
disparaît à l’horizon politique : le
nationalisme est perce à jour. A
mesure que l’aube renaissante s’é
lève après la nuit, on distingue
mieux dans les clartés matinales les
silhouettes sombres des hommes
sinistres qui s’agitaient dans l’im
posture et le mensonge.
La situation politique est plus
nette. Le cléricalisme est démasqué.
La vraie bataille va s’engager sur le
terrain des luttes classiques du parti
républicain tout entier contre le pé
ril noir des congrégations. Certes,
le combat sera rude ; nous n’avons
pas fini des attaques haineuses et
perfides de la gent cléricale ; mais
c’est déjà une première victoire que
de pouvoir se rencontrer enfin et de
se mesurer la poitrine nue, le front
découvert avec l’ennemi qui se dis
simule sans cesse.
Il faut que les républicains, tous
les républicains soient d^un même
côté, en face de la coalition césa
rienne, monarchique et cléricale. Il
faut que les mélinistes se pronon -
cent définitivement pour ou contre
la République.
Le projet de loi sur les associa
tions, en élargissant le domaine
légal, concède un droit plus étendu
pour tous les citoyens. Il permet
aux groupements civils de se consti
tuer plus librement et de contreba
lancer l'effort souterrain formidable
des congrégations religieuses qui,
elles, s’embarrassaient peu de la
légalité. Voilà un point acquis. Il
en existe un autre.
La société laïque veut se défendre
contre les ferments de désorganisa
tion, contre l’ingérence d’une puis
sance occulte étrangère. Le projet
de loi visant tout à la fois les con
grégations dispose :
Titre III, article 11 :
Ne peuvent se former sans autorisa
tion préalable, par décret rendu en
conseil d’Etat, les associations entre
Français et étrangers.
Ne peuvent se former sans autorisa
tion donnée par une loi qui déterminera
les conditions de leur fonctionnement :
1° Les associations entre Français dont
le siège ou la direction seraient fixés à
l’étranger ou confiés à des étrangers ;
2° Les associations dont les membres
vivent en commun.
Art. 12. — Toute association rentrant
dans les prévisions de l’article 11, formée
sans autorisation, sera déclarée illicite.
Ceux qui en auront fait partie seront
punis des peines édictées à l’article 7,
paragraphe 2.
La peine applicable aux fondateurs ou
administrateurs sera portée au double.
Ce dispositif, à lui seul, suscite les
cris d’orfraie de la presse catholico-
romaine. Le Courrier du Havre ,
par la plume de son rédacteur en
chef, M. J. Brenier, laisse échapper
un aveu qui reste bien édifiant.
Presque tontes les associations
^religieuses comprenant des étran
gers ou ayant leur siège ou la direction
auprès du Pape, tous leurs membres
d’ailleurs vivant en commun, il en résulte
qu’elles seront toutes soumises à une
autorisation qui pourra leur être accor
dée ou refusée.
M. Brenier s’étonne ensuite que
le Gouvernement, avec le Parle
ment et la Nation elle-même s’in
quiètent de l’ingérence étrangère.
En vérité, le nationalisme des pré
toriens ne va pas bien loin et il est
piquant que, par une cinglante iro
nie, ainsi que par un juste retour
des choses, le .nationalisme soit ap
pelé à détruire ce qu’il a créé ou
adoré ; c’est-à-dire à se suici
der. C’est le cas de répéter la
phrase célèbre : « Quiconque frap
pera de l’épée périra par l’épée ».
L’article 7, paragraphe 3, édicte
les peines encourues par la violation
de la loi, peines qui s’élèvent de 500
à 5.000 francs d’amende et d’un em
prisonnement de 6 jours à un an.
Seront punies de la même peine toutes
les personnes qui auront favorisé la
réunion des membres de l’association
dissoute, en consentant l’usage d’un local
dont ils disposent.
En outre, la réglementation nou
velle vise l’emploi de la fortune des
congrégations en cas de dissolution;
l’apport personnel de leurs mem
bres ou de leurs donateurs dûment
établi, leur fera retour individuelle
ment, mais la propriété collective
passe aux mains de l’Etat pour cons-
ïtituer une caisse de retraite en fa
veur des travailleurs.
La proposition Rabier, qui renou
velle l’article 7 de Jules Ferry et
qui est accompagnée de plus de
deux cents sigm t ^res de députéscon-
cerne, on lésait, l’enseignement. Elle
contribue au bloc des précautions
nécessaires, mais elle devra, certai
nement, être modifiée dans un sens
plus spécial ; car, ainsi conçue, elle
serait sans objet et formerait dou
ble emploi avec le projet du gou
vernement.
Enfin, la loi sur le stage scolaire
dans les universités de l’Etat, appli
cable aux fonctionnaires, vient
ajouter, d’un autre côté, aux moyens
de résistance et de défense de la
société civile.
La presse papale jette les hauts
cris sur cette détermination imposée
par les circonstances et destinée à
purifier nos administrations publi
ques.
Cependant, quoi de plus juste que
l’Etat s’assure l’interprétation exacte
de la pensée démocratique du pays ?
Quoi de plus naturel qu’il exige de
ses agents l’exercice fidèle de ses
prescriptions. Il demande pour cela
à nos fonctionnaires de faire un
apprentissage de trois ans à l’école
républicaine comme un simple par
ticulier, un industriel quelconque le
demande à ses employés, depuis le
typographe, le maçon, le serrurier,
etc.
C’est en forgeant que l’on devient
forgeron ; c’est en se formant à
l’école de la patrie que nos fonction
naires deviendront des serviteurs
accomplis, honnêtes et conscients
de leur devoir, mais non dans les
sacristies, imbues d’anciens préju
gés, fanatisées par la domination
romaine, ou ils perdent le sens com
mun et ou ils oublient les obliga
tions ne leur charge.
Il n’y a, dans toutes ces proposi
tions, qu’un ensemble de mesures de
haute police et de prévoyance poli
tique, pour empêcher que l’ivraie
n’étouffe le bon grain.
En attendant que dans les cer
veaux germe la nouvelle semence
pour produire les moissons futures,
plus abondantes et plus belles, nour
riture des générations à venir.
Alf. HENRI.
^ 1
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
M. Baudin, ministre des travaux
publics, député de la i re circonscrip
tion du XI e arrondissement de Paris,
pose 'sa candidature radicale dans
l’arrondissement de Belley, pour rem
placer M. Giguet, élu sénateur.
M. Baudin aura trois concurrents:
M. Martelin, manufacturier à Saint-
Rambert-en-Bugezy, conseiller géné
ral, républicain progressiste, qui ob
tint près de 7,000 voix aux dernières
élections législatives, où il se présen
tait contre M. Giguet ; M. Ghapot,
vigneron à Appregnin, socialiste, et
M. Paul Cottin, nationaliste, ancien
député de l’Ain à l’Assemblée natio
nale de 1871.
LA FAUTE
[Pour Marcel Rivière )
Les républicains ont voté l’affi
chage des faux Henry ; ils ont voté
la loi de dessaisissement; il ont com
battu le projet I)upuy demandant
l’arrestation de Mercier ; enfin, et
pour abdiquer complètement, ils ont
voté au Sénat et voteront à la Cham
bre la loi dite d’amnistie.
Nous excusons entièrement M.
Waldeck-Rousseau et ses collabora
teurs. Ils ont été contraints d’obéir à
la majorité qui seule leur permet
d’exister. C’est à cette dernière qu’il
faut s’en prendre. Affolée par les natio
nalistes, doutant du pays grâce à cer-
tainséche< slors des dernières élections,
elle a crû se faire pardonner les quel
ques actes d’énergie qu’elle a eus et
désarmer ses adversaires. Elle a ap
prouvé les demi-mesures et, par une
politique • d’aternoiements, par des
faiblesses répétées, elle a failli à son
devoir.
Elle n a pas compris, cette majorité
groupée pour défendre la République
contre toutes les réactions, qu'un
combat sans merci est engagé entre
l’idée de liberté et entre l’idée d’au
torité. Aucune concession ne peut
être faite, aucune conciliation ne
doit être tentée. C’est la lutte entre
deux antinomies.
Mais la volonté a manqué, le cou
rage a tait défaut. Il ne s’agissait
plus, comme à l’époque du Boulan
gisme, d’un factieux révolté contre
la loi. Grâce à un équivoque habile,
on se trouvait en face d’une conspi
ration d’autant plus redoutable qu’elle
avait pris pour prétexte la défense de
la patrie.
Devant ce péril, nous ne cesserons
de le répéter, le parti républicain n’a
pas été à la hauteur de la tâche que
les événements lui traçait. Il a reculé
devant la plaie à soigner au fer rouge.
Il a hésité devant les responsabilités
à prendre. Il a craint la veulerie des
masses. Et il se propose de renvoyer
les criminels et les honnêtes gens dos
à dos, confondus dans une amnistie
qui sera une mauvaise action. Mais
surtout, et c’est là la honte, il n’a pas
su dire au pays, en prenant l’affaire
Dreyfus comme exemple, quelle était
la maladie qui rongeait la France.
Nous avons nommé l’Autorita
risme.
La France se meurt du Catholi
cisme. Dix-huit siècles d’esclavage
moral et mental ont brisé son énergie.
Sont sort paraît devoir ressembler à
celui de l’Espagne.
C’est que la formule catholique est
une formule de mort. Elle dit :
« Obéis, ah tu te crois un être pen-
« sant ét agissant, malheureux
(. qui dresse vanitieusement la tête
a sous le ciel. Ta n’es qu’un pêcheur
« que Satan guette. Le moindre de
« tes actes n’est accompli que parce
« que Dieu le consent, mais tu n’es
« que poussière, présomptueux, et le
« mieux que tu puisses faire, c’est de
ce courber le front et de baiser la
« main qui te châtie et qui te mène ! »
Ces dures paroles prononcées pen
dant des siècles ont accoutumé l’hom
me à l’idée de la nécessité d’une direc
tion. Elles lui ont fait aussi douter de
lui. Aussi a-t-il besoin, actuellement
encore, d’un cerveau qui pense pour
lui, d’une main qui lui indique le
chemin. Même à cette heure où le
Catholicisme a perdu beaucoup de
son influence religieuse sur les foules,
il a laissé en elles le respect et le
besoin d’une autorité.
Et quand nous disons ceci, ce n’est
pas que nous soyons partisan d’un
manque absolu d’autorité, il s’en faut.
Proudhon a écrit : « Pas d’autorité
sans liberté, pas de liberté sans auto
rité ». Mais si nous acceptons l’auto
rité, c’est à la condition qu’elle soit
restreinte aux actes nécessaires qu’on
attend d’elle, qu’elle soit respectueuse
de la liberté des citoyens, qu’elle n’ait
pas la tentation d’empiéter sur leurs
privilèges, c’est enfin qu’elle soit sou
mise à son tour à la surveillance et à
la critique de tous.
Or, l’affaire Dreyfus nous a montré
les ravages que pouvait faire l’auto
ritarisme, quand il esc poussé jusqu’à
l’abus. Nous avons vu le parti natio
naliste qualifier de traîtres à la patrie
les gens de cœur qui pensaient que
l’armée n’était pas deshonorée parce
quelle contenait une demi-douzaine
de coupables. Nous avons assisté avec
douleur à cette invite faite aux gé
néraux de devenir des rebelles. Enfin,
nous avons constaté que, devant toute
une masse possédée de la folie du
sabre, les chefs militaires n’ont pas
toujours su se rappeler que leur fonc
tion était d’obéir et rien de plus. En
un mot, et pour tout dire, nous avons
reconnu la puissance de l’esprit de'
caste en France, puissance d’autant
plus forte, qu’elle a pour fondement
une admiration allant jusqu’au féti
chisme chez beaucoup de nos conci
toyens.
C’est ce fétichisme que pouvait
ébranler profondément le parti répu
blicain, en montrant que personne
dans l’Etat n’est au-dessus de la loi.
Châtiant d’abord les coupables, il
montrait sa force. Cet acte d’énergie
accompli lui aurait permis ensuite de
réformer l’armée, d’abolir les conseils
de guerre, d’affaiblir enfin les oligar
chies d’église et d’épée, afin qu’elles
ne fussent plus un péril pour la liberté
de chacun.
Il y avait là une belle tâche à
remplir. Le parti républicain n'a pas
osé. Il en portera la responsabilité
devant l’histoire. Mais les hommes
qui le composent actuellement seront
remplacés par d’autres> dont la vo
lonté intelligente reprendra le travail
abandonné, car la justice immanente
triomphera en dépit de tout. L’huma
nité, dans la nuit profonde qui s’a
chève, marche instinctivement vers
l’aurore qui pointe à l’horizon !
Jean Serc.
L’AMNISTIE
M. Waldeck-Rousseau, président
du conseil, a fait savoir à la commis
sion de l’amnistie qu’il se rendrait
devant elle.
Hier matin, le président de la com
mission, M.Krantz, et le rapporteur,
M. Dériberé-Desgardes, se sont ren
dus chez le président du Sénat.
Ils ont déclaré à M. Eallières qu’ils
avaient tenu à faire une démarche
auprès de lui pour l’assurer de leur
respect pour la haute assemblée qu’il
préside et lui faire savoir qu’en se
prononçant pour l’extansiou de l’am
nistie aux condamnés du procès de la
Haute-Cour ils n’entendaient à aucun
degré exprimer un blâme quelconque
pour l’œuvre accomplie parle Sénat.
Ils considèrent l’extension de l’am
nistie comme une nécessité politique
ne comportant aucun désaveu du ju
gement de la Haute-Cour.
Ces deux bons apôtres veulent per
suader au Sénat qu’il ne s’agit plus
de lui en la circonstance ; le Sénat,
érigé en Haute-Cour de justice, après
des débats si longs, a reconnu la cul
pabilité de Déroulède, Marcel Habert
et Guérin : il les a condamnés. MM.
Krantz et Déribéré-Desgardes viennent
déclarer que ce qu’il a fait n’a au
cune importance, qu’il ne saurait se
formaliser d’un vote de la Chambre
déchirant son jugement.
MM. Krantz et Déribéré-Desgardes
se soucient fort peu du Sénat et des
condamnés de la Haute-Cour : ce
qu’ils espèrent, ce qu’ils veulent,
c’est renverser le gouvernement sur le
terrain de l’amnistie.
Le président du Sénat n’a pu que
prendre acte des déclarations de MM.
Krantz et Déribéré-Desgardes ; mais il
a dû sourire de la naïveté de ces deux
mélinistes. Il sait d’ailleurs que la
majorité de la Chambre votera le pro
jet du gouvernement et ne votera pas
autre chose.
LA LOI SUR LÉS ASSOCIATIONS
Sur la demande de M. Waldeck-
Rousseau, président du conseil, la
Chambre a décidé de discuter aussitôt
après le projet sur les retraites ou
vrières le projet de loi sur les asso
yons.
Le rapport de M. : Trouillot sur ce
projet a été distribué aux députés :
Après un intéressant historique de la
question, le rapport met en évidence
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
KUE GASIMXR-PÉKIER,
Secrétaire de la Rédaction F. 1HOÜMERET
L’Imprimeur-Gérant F. leroy
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
MEDITONS
L’ombre se dissipe, l’équivoque
disparaît à l’horizon politique : le
nationalisme est perce à jour. A
mesure que l’aube renaissante s’é
lève après la nuit, on distingue
mieux dans les clartés matinales les
silhouettes sombres des hommes
sinistres qui s’agitaient dans l’im
posture et le mensonge.
La situation politique est plus
nette. Le cléricalisme est démasqué.
La vraie bataille va s’engager sur le
terrain des luttes classiques du parti
républicain tout entier contre le pé
ril noir des congrégations. Certes,
le combat sera rude ; nous n’avons
pas fini des attaques haineuses et
perfides de la gent cléricale ; mais
c’est déjà une première victoire que
de pouvoir se rencontrer enfin et de
se mesurer la poitrine nue, le front
découvert avec l’ennemi qui se dis
simule sans cesse.
Il faut que les républicains, tous
les républicains soient d^un même
côté, en face de la coalition césa
rienne, monarchique et cléricale. Il
faut que les mélinistes se pronon -
cent définitivement pour ou contre
la République.
Le projet de loi sur les associa
tions, en élargissant le domaine
légal, concède un droit plus étendu
pour tous les citoyens. Il permet
aux groupements civils de se consti
tuer plus librement et de contreba
lancer l'effort souterrain formidable
des congrégations religieuses qui,
elles, s’embarrassaient peu de la
légalité. Voilà un point acquis. Il
en existe un autre.
La société laïque veut se défendre
contre les ferments de désorganisa
tion, contre l’ingérence d’une puis
sance occulte étrangère. Le projet
de loi visant tout à la fois les con
grégations dispose :
Titre III, article 11 :
Ne peuvent se former sans autorisa
tion préalable, par décret rendu en
conseil d’Etat, les associations entre
Français et étrangers.
Ne peuvent se former sans autorisa
tion donnée par une loi qui déterminera
les conditions de leur fonctionnement :
1° Les associations entre Français dont
le siège ou la direction seraient fixés à
l’étranger ou confiés à des étrangers ;
2° Les associations dont les membres
vivent en commun.
Art. 12. — Toute association rentrant
dans les prévisions de l’article 11, formée
sans autorisation, sera déclarée illicite.
Ceux qui en auront fait partie seront
punis des peines édictées à l’article 7,
paragraphe 2.
La peine applicable aux fondateurs ou
administrateurs sera portée au double.
Ce dispositif, à lui seul, suscite les
cris d’orfraie de la presse catholico-
romaine. Le Courrier du Havre ,
par la plume de son rédacteur en
chef, M. J. Brenier, laisse échapper
un aveu qui reste bien édifiant.
Presque tontes les associations
^religieuses comprenant des étran
gers ou ayant leur siège ou la direction
auprès du Pape, tous leurs membres
d’ailleurs vivant en commun, il en résulte
qu’elles seront toutes soumises à une
autorisation qui pourra leur être accor
dée ou refusée.
M. Brenier s’étonne ensuite que
le Gouvernement, avec le Parle
ment et la Nation elle-même s’in
quiètent de l’ingérence étrangère.
En vérité, le nationalisme des pré
toriens ne va pas bien loin et il est
piquant que, par une cinglante iro
nie, ainsi que par un juste retour
des choses, le .nationalisme soit ap
pelé à détruire ce qu’il a créé ou
adoré ; c’est-à-dire à se suici
der. C’est le cas de répéter la
phrase célèbre : « Quiconque frap
pera de l’épée périra par l’épée ».
L’article 7, paragraphe 3, édicte
les peines encourues par la violation
de la loi, peines qui s’élèvent de 500
à 5.000 francs d’amende et d’un em
prisonnement de 6 jours à un an.
Seront punies de la même peine toutes
les personnes qui auront favorisé la
réunion des membres de l’association
dissoute, en consentant l’usage d’un local
dont ils disposent.
En outre, la réglementation nou
velle vise l’emploi de la fortune des
congrégations en cas de dissolution;
l’apport personnel de leurs mem
bres ou de leurs donateurs dûment
établi, leur fera retour individuelle
ment, mais la propriété collective
passe aux mains de l’Etat pour cons-
ïtituer une caisse de retraite en fa
veur des travailleurs.
La proposition Rabier, qui renou
velle l’article 7 de Jules Ferry et
qui est accompagnée de plus de
deux cents sigm t ^res de députéscon-
cerne, on lésait, l’enseignement. Elle
contribue au bloc des précautions
nécessaires, mais elle devra, certai
nement, être modifiée dans un sens
plus spécial ; car, ainsi conçue, elle
serait sans objet et formerait dou
ble emploi avec le projet du gou
vernement.
Enfin, la loi sur le stage scolaire
dans les universités de l’Etat, appli
cable aux fonctionnaires, vient
ajouter, d’un autre côté, aux moyens
de résistance et de défense de la
société civile.
La presse papale jette les hauts
cris sur cette détermination imposée
par les circonstances et destinée à
purifier nos administrations publi
ques.
Cependant, quoi de plus juste que
l’Etat s’assure l’interprétation exacte
de la pensée démocratique du pays ?
Quoi de plus naturel qu’il exige de
ses agents l’exercice fidèle de ses
prescriptions. Il demande pour cela
à nos fonctionnaires de faire un
apprentissage de trois ans à l’école
républicaine comme un simple par
ticulier, un industriel quelconque le
demande à ses employés, depuis le
typographe, le maçon, le serrurier,
etc.
C’est en forgeant que l’on devient
forgeron ; c’est en se formant à
l’école de la patrie que nos fonction
naires deviendront des serviteurs
accomplis, honnêtes et conscients
de leur devoir, mais non dans les
sacristies, imbues d’anciens préju
gés, fanatisées par la domination
romaine, ou ils perdent le sens com
mun et ou ils oublient les obliga
tions ne leur charge.
Il n’y a, dans toutes ces proposi
tions, qu’un ensemble de mesures de
haute police et de prévoyance poli
tique, pour empêcher que l’ivraie
n’étouffe le bon grain.
En attendant que dans les cer
veaux germe la nouvelle semence
pour produire les moissons futures,
plus abondantes et plus belles, nour
riture des générations à venir.
Alf. HENRI.
^ 1
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
M. Baudin, ministre des travaux
publics, député de la i re circonscrip
tion du XI e arrondissement de Paris,
pose 'sa candidature radicale dans
l’arrondissement de Belley, pour rem
placer M. Giguet, élu sénateur.
M. Baudin aura trois concurrents:
M. Martelin, manufacturier à Saint-
Rambert-en-Bugezy, conseiller géné
ral, républicain progressiste, qui ob
tint près de 7,000 voix aux dernières
élections législatives, où il se présen
tait contre M. Giguet ; M. Ghapot,
vigneron à Appregnin, socialiste, et
M. Paul Cottin, nationaliste, ancien
député de l’Ain à l’Assemblée natio
nale de 1871.
LA FAUTE
[Pour Marcel Rivière )
Les républicains ont voté l’affi
chage des faux Henry ; ils ont voté
la loi de dessaisissement; il ont com
battu le projet I)upuy demandant
l’arrestation de Mercier ; enfin, et
pour abdiquer complètement, ils ont
voté au Sénat et voteront à la Cham
bre la loi dite d’amnistie.
Nous excusons entièrement M.
Waldeck-Rousseau et ses collabora
teurs. Ils ont été contraints d’obéir à
la majorité qui seule leur permet
d’exister. C’est à cette dernière qu’il
faut s’en prendre. Affolée par les natio
nalistes, doutant du pays grâce à cer-
tainséche< slors des dernières élections,
elle a crû se faire pardonner les quel
ques actes d’énergie qu’elle a eus et
désarmer ses adversaires. Elle a ap
prouvé les demi-mesures et, par une
politique • d’aternoiements, par des
faiblesses répétées, elle a failli à son
devoir.
Elle n a pas compris, cette majorité
groupée pour défendre la République
contre toutes les réactions, qu'un
combat sans merci est engagé entre
l’idée de liberté et entre l’idée d’au
torité. Aucune concession ne peut
être faite, aucune conciliation ne
doit être tentée. C’est la lutte entre
deux antinomies.
Mais la volonté a manqué, le cou
rage a tait défaut. Il ne s’agissait
plus, comme à l’époque du Boulan
gisme, d’un factieux révolté contre
la loi. Grâce à un équivoque habile,
on se trouvait en face d’une conspi
ration d’autant plus redoutable qu’elle
avait pris pour prétexte la défense de
la patrie.
Devant ce péril, nous ne cesserons
de le répéter, le parti républicain n’a
pas été à la hauteur de la tâche que
les événements lui traçait. Il a reculé
devant la plaie à soigner au fer rouge.
Il a hésité devant les responsabilités
à prendre. Il a craint la veulerie des
masses. Et il se propose de renvoyer
les criminels et les honnêtes gens dos
à dos, confondus dans une amnistie
qui sera une mauvaise action. Mais
surtout, et c’est là la honte, il n’a pas
su dire au pays, en prenant l’affaire
Dreyfus comme exemple, quelle était
la maladie qui rongeait la France.
Nous avons nommé l’Autorita
risme.
La France se meurt du Catholi
cisme. Dix-huit siècles d’esclavage
moral et mental ont brisé son énergie.
Sont sort paraît devoir ressembler à
celui de l’Espagne.
C’est que la formule catholique est
une formule de mort. Elle dit :
« Obéis, ah tu te crois un être pen-
« sant ét agissant, malheureux
(. qui dresse vanitieusement la tête
a sous le ciel. Ta n’es qu’un pêcheur
« que Satan guette. Le moindre de
« tes actes n’est accompli que parce
« que Dieu le consent, mais tu n’es
« que poussière, présomptueux, et le
« mieux que tu puisses faire, c’est de
ce courber le front et de baiser la
« main qui te châtie et qui te mène ! »
Ces dures paroles prononcées pen
dant des siècles ont accoutumé l’hom
me à l’idée de la nécessité d’une direc
tion. Elles lui ont fait aussi douter de
lui. Aussi a-t-il besoin, actuellement
encore, d’un cerveau qui pense pour
lui, d’une main qui lui indique le
chemin. Même à cette heure où le
Catholicisme a perdu beaucoup de
son influence religieuse sur les foules,
il a laissé en elles le respect et le
besoin d’une autorité.
Et quand nous disons ceci, ce n’est
pas que nous soyons partisan d’un
manque absolu d’autorité, il s’en faut.
Proudhon a écrit : « Pas d’autorité
sans liberté, pas de liberté sans auto
rité ». Mais si nous acceptons l’auto
rité, c’est à la condition qu’elle soit
restreinte aux actes nécessaires qu’on
attend d’elle, qu’elle soit respectueuse
de la liberté des citoyens, qu’elle n’ait
pas la tentation d’empiéter sur leurs
privilèges, c’est enfin qu’elle soit sou
mise à son tour à la surveillance et à
la critique de tous.
Or, l’affaire Dreyfus nous a montré
les ravages que pouvait faire l’auto
ritarisme, quand il esc poussé jusqu’à
l’abus. Nous avons vu le parti natio
naliste qualifier de traîtres à la patrie
les gens de cœur qui pensaient que
l’armée n’était pas deshonorée parce
quelle contenait une demi-douzaine
de coupables. Nous avons assisté avec
douleur à cette invite faite aux gé
néraux de devenir des rebelles. Enfin,
nous avons constaté que, devant toute
une masse possédée de la folie du
sabre, les chefs militaires n’ont pas
toujours su se rappeler que leur fonc
tion était d’obéir et rien de plus. En
un mot, et pour tout dire, nous avons
reconnu la puissance de l’esprit de'
caste en France, puissance d’autant
plus forte, qu’elle a pour fondement
une admiration allant jusqu’au féti
chisme chez beaucoup de nos conci
toyens.
C’est ce fétichisme que pouvait
ébranler profondément le parti répu
blicain, en montrant que personne
dans l’Etat n’est au-dessus de la loi.
Châtiant d’abord les coupables, il
montrait sa force. Cet acte d’énergie
accompli lui aurait permis ensuite de
réformer l’armée, d’abolir les conseils
de guerre, d’affaiblir enfin les oligar
chies d’église et d’épée, afin qu’elles
ne fussent plus un péril pour la liberté
de chacun.
Il y avait là une belle tâche à
remplir. Le parti républicain n'a pas
osé. Il en portera la responsabilité
devant l’histoire. Mais les hommes
qui le composent actuellement seront
remplacés par d’autres> dont la vo
lonté intelligente reprendra le travail
abandonné, car la justice immanente
triomphera en dépit de tout. L’huma
nité, dans la nuit profonde qui s’a
chève, marche instinctivement vers
l’aurore qui pointe à l’horizon !
Jean Serc.
L’AMNISTIE
M. Waldeck-Rousseau, président
du conseil, a fait savoir à la commis
sion de l’amnistie qu’il se rendrait
devant elle.
Hier matin, le président de la com
mission, M.Krantz, et le rapporteur,
M. Dériberé-Desgardes, se sont ren
dus chez le président du Sénat.
Ils ont déclaré à M. Eallières qu’ils
avaient tenu à faire une démarche
auprès de lui pour l’assurer de leur
respect pour la haute assemblée qu’il
préside et lui faire savoir qu’en se
prononçant pour l’extansiou de l’am
nistie aux condamnés du procès de la
Haute-Cour ils n’entendaient à aucun
degré exprimer un blâme quelconque
pour l’œuvre accomplie parle Sénat.
Ils considèrent l’extension de l’am
nistie comme une nécessité politique
ne comportant aucun désaveu du ju
gement de la Haute-Cour.
Ces deux bons apôtres veulent per
suader au Sénat qu’il ne s’agit plus
de lui en la circonstance ; le Sénat,
érigé en Haute-Cour de justice, après
des débats si longs, a reconnu la cul
pabilité de Déroulède, Marcel Habert
et Guérin : il les a condamnés. MM.
Krantz et Déribéré-Desgardes viennent
déclarer que ce qu’il a fait n’a au
cune importance, qu’il ne saurait se
formaliser d’un vote de la Chambre
déchirant son jugement.
MM. Krantz et Déribéré-Desgardes
se soucient fort peu du Sénat et des
condamnés de la Haute-Cour : ce
qu’ils espèrent, ce qu’ils veulent,
c’est renverser le gouvernement sur le
terrain de l’amnistie.
Le président du Sénat n’a pu que
prendre acte des déclarations de MM.
Krantz et Déribéré-Desgardes ; mais il
a dû sourire de la naïveté de ces deux
mélinistes. Il sait d’ailleurs que la
majorité de la Chambre votera le pro
jet du gouvernement et ne votera pas
autre chose.
LA LOI SUR LÉS ASSOCIATIONS
Sur la demande de M. Waldeck-
Rousseau, président du conseil, la
Chambre a décidé de discuter aussitôt
après le projet sur les retraites ou
vrières le projet de loi sur les asso
yons.
Le rapport de M. : Trouillot sur ce
projet a été distribué aux députés :
Après un intéressant historique de la
question, le rapport met en évidence
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