Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-06-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 juin 1900 09 juin 1900
Description : 1900/06/09 (N215). 1900/06/09 (N215).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634142
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
Organe du Parti Républicain Démocraiitjue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RITE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction..'.. F. thoudheket
L’ImPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY
1 5
Ü
i~Sj
EE
Annonces .
Prix
des Insertions :
m
Réclames..
50 »
ü
On
traite à forfait
ÉPILOGUE
Dans le discours qu’il a prononcé
au sujet de l’amnistie, samedi, au
Sénat et que nous pouvons lire sur les
murs, M. Waldeck-Rousseau, prési
dent du Conseil, a semblé avouer la
mort dans l’âme, que la justice était
impossible à rendre, en ce pays, à la
suite des passions déchaînées par le
nationalisme. Mieux vaut alors pas
ser l’éponge sur certaines défaillan
ces que d’être obligé de punir, ex
plique-t-il.
Il est pénible que plus de f cent
années après la publication des droits
de l’homme et après trente années
de République, nous soyons acculés
à cette nécessité de proclamer l’im
puissance de la légalité.
Je sais bien que le général Mercier,
comme ancien ministre n’est pas ab
sous par l’amnistie et qu’il reste jus
ticiable de la Haute-Cour; que,
sans réformer la Constitution, la
Chambre actuelle ouïes suivantes,
avant que la prescription ne .soit pro
noncée, conservent le droit de mettre
en accusation l’ancien ministre de la
guerre pour crime de forfaiture.
Je sais aussi, par le texte de la loi
d’amnistie, que l’action civile n’est
pas éteinte et que de ce fait, l’agita
tion n’est pas supprimée, bien qu’elle
perde de sa virulence.
Nous n’ignorons pas que, le len
demain de l’amnistie, Zola ou tout
autre publiciste peut lancer une
nouvelle lettre : « J’accuse ». Et
alors ?
Alors, l’appareil de la justice se
remet en mouvement. La vérité
reste moins possible à établir. La
situation se complique judiciaire
ment d’inconnu et d’obscurité. A la
merci d’événements imprévus, nous
pouvons marcher sur des charbons
ardents, mais je n’aperçois pas
d’apaisement définitif. L’amnistie, à
la vérité, ne peut être qu’un moyen
provisoire de rétablir le calme et
de profiter d’une détente dans les
esprits. Soit, essayons.
Cependant, n’oublions pas, puis
que les tribunaux d’Etat sont con
vaincus d’impuissance, qu’il nous
faut établir la justice et la vérité
devant l’histoire. Il importe que le
tribunal du peuple prononce son
verdict; il est utile que la parole de
M. Waldeck-Rousseau, à cet égard,
ne- soit pas une vaine formule de
rhétorique.
Nous n’avons pas réclamé le châ
timent des coupables, pour le plaisir
de leur faire subir une peine corpo
relle légale, mais parce qu’il nous
semblait que la conscience nationale
avait besoin d’être vengée de l’in
sulte qui lui avait été infligée. Or,
comme le premier moyen devient
inapplicable pour toucher au but,
nous avons le devoir d’user du
second qui est l’action dans le peuple
fit par le peuple.
Entrons donc dans la voie des ré
parations nécessaires à l’édifice so
cial. L’union des républicains est
indispensable pour combattre l’en
nemi héréditaire qui est le clérica
lisme ; nous ne nous y opposons
pas, à condition que la politique
nouvelle soit fertile en résultats.
Car nous avons aussi le besoin de
retremper une France nouvelle.
En premier lieu, la liberté nous
oblige à lutter contre la puissance
morale, politique et financière des
congrégations. Luttons, imposons
leur l’article 7, interdisons leur la
jouissance des biens de main-morte,
empêchons les de détourner par des
moyens souterrains les successions
qui vont souvent grossir la caisse
noire des évêchés ; poursuivons in
flexiblement les délits et les escro
queries opérés sous le masque de la
religion et qui constituent des attein
tes directes au droit commun.
Il faut abattre sous toutes ses
formes la fortune ecclésiastique qui
menace la société.
Au point de vue moral, souve
nons nous que nous avons mission
de régénérer le pays républicain par
la science, par l’éducation.
Un peuple fort est celui qui pos
sède une conscience forte. Si nous
détruisons l’empire des vieux préju
gés barbares, sanguinaires, routi
niers, ce ne sera que par une action
lente et continue dans les esprits
d’une philosophie douce, généreuse
et puissante.
Rien n’est si dangereux et si ter
rible que le vide dans les cerveaux
ou prend souvent place la fleur
empoisonnée des passions bestiales.
Je le dis sincèrement, mieux vau
drait encore respirer l’atmosphère
fétide des anciennes croyances ou
l’air pur est rare, mais qui permet
quand même de survivre.
A l’œuvre donc, et meublons les
cerveaux des nouvelles découvertes
de la science, imprimons leur surtout
le sceau indélébile d’une morale
solide et puissante.
C’est par la base qu’il convient de
réformer la société en jetant un
examen profond sur toutes ses .con
ceptions pour préparer à l’humanité
un avenir meilleur.
Alf. HENRI.
——
L’ARTICLE 29S
La loi sur le divorce a constitué un
grand progrès ; mais elle n’est pas
complète. Certaines lacunes, quelques
contradictions y ont été signalées,
non seulement par les juriconsultes
professionnels mais par les écrivains
que tentent les problèmes sociaux, par
tous ceux enfin que leur situation
individuelle intéresse à la question.
Parmi ces défauts de la loi, il faut
compter la restriction que l’article
298 apporte dans l’exercice de la
liberté des époux divorcés. Cet article
est ainsi conçu :
« Dans le cas de divorce admis en
justice pour cause d’adultère, l’épouse
coupable ne pourra jamais se marier
avec son complice. »
On a cru, au moment de la dis
cussion de la loi, que l’empêchement
créé par cet article serait une satis
faction donnée à la morale. On croyait
que l’impossibilité légale de se marier
avec son complice arrêterait les amants
sur le bord de l’adultère et sauverait
ainsi nombre d’unions légitimes prêtes
à sombrer. Expérience faite, ce n’est
pas cela qui s’est produit. L’impos
sibilité pour l’épouse coupable de se
marier avec son complice a fait sim
plement que le ccmplice et l’épouse
se sont passés du mariage et se sont
mis à vivre dans la plupart des cas
sous le facile régime de l’union libre.
Alors on s’est demandé ce que la
moi ale gagnait à l’interdiction. La
question, sous toutes ses formes, dans
le journal, dans le livre, au théâtre,
a été soulevée, remuée ; elle a fait
son chemin.
On a compris que donner et retenir
ne vaut, et qu’une semblable prohi
bition va à l’encontre des intentions
du législateur.
Celui-ci a voulu, en effet, que les
époux séparés pussent recommencer
leur vie en trouvant dans la loi toutes
les garanties et tous les avantages
du mariage régulier. Or, l’article 298
élève une barrière précisément entre
ceux qui semblent le mieux faits l’un
pour l’autre et qui, parfois, se le sont
prouvé, malgré de grands obstacles,
des luttes intimes et déchirantes.
Ces réflexions ne viennent pas hors
de propos. Elles sont amenées par la
résolution que la commission des
réformes judiciaires de la Chambre a
prise en adoptant le rapport qui
conclut à l’abrogation de l’article
restrictif. Si les Chambres votent
dans le même esprit que la commis
sion, ce qui est probable, elles auront
heureusement amendé la loi, en la
rendant plus logique et plus humaine.
Max Rochambeau.
&
TRAVAIL ET FINANCES
On lit dans le Figaro :
Dans les paroles et dans les inten
tions de M. le ministre du commerce,
deux choses m’ont frappé, parce
qu'elles devraient être acclamées par
les conservateurs, si les conservateurs
avaient le temps de penser à autre
chose qu’à des revendications sans
signification et sans avenir.
C’est d’abord l’impulsion donnée
de jour en jour plus forte aux tra
vailleurs vers le système corporatif.
Le système corporatif est le salut
pour l’individu écrasé par le césarisme
politique, dont la République ne nous
a pas débarassés et réduit à l’état de
poussière humaine. Il est le régime
de la solidarité, cette sœur laïque de
la charité, et il.nous mènera douce
ment au seul remède possible et
applicable au mal qui nous dévore et
dont nous ne voulons pas être guéris :
le suffrage universel. Oui, le système
corporatif nous donnera l’organisa
tion du suffrage universel par une
représentation proportionnelle et pro
fessionnelle.
Il est permis d’entrevoir et de
désirer le jour où les assemblées poli
tiques ne seront que des délégations
pacifiquement désignées par des cor
porations, où chacun de nous trouvera
sa place naturelle, où il sera amélioré
par le contact de ses semblables et
aussi par le contact des choses con
crètes.
M. Millerand a indiqué discrète
ment cet avenir, cette terre promise.
M. Caillaux, lui,. a prononcé un
discours que je trouve excellent parce
que j’y rencontre cette phrase : oc Le
projet d’impôt sur le revenu ne sera
probablement pas voté. » Vous vous
demandez immédiatement pourquoi
le jeune ministre propose un impôt au
succès duquel il ne croit pas.
La réponse est simple, et M. Cail
laux l’a faite lui-même en disant
qu’il tient à ce que le Parlement étu
die de près nos quatre contributions
directes. Eh bien, elles seront étu
diées, elles seront critiquées, et quand
il faudra les remplacer par l’impôt
sur le revenu, on les lui préférera
probablement.
J. Cornély.
Bien que la conclusion contre l'im
pôt sur le revenu ne rencontre pas
notre approbation, nous signalons cet
article pour l’idée nouvelle qu’il pro
fesse à l’égard des corporations.
LE TÉMOIN CERNÜSKY
On lit dans Y Aurore :
Cernusky est à .Alger depuis deux
mois environ. Il a d’abord habité à
l’hôtel de la Régence, avec ses deux
enfants et deux individus louches
qui, depuis quelques semaines, ont
disparu. Ensuite le faux témoin de
Rennes s’est réfugié dans la Ville des
Orangers, maison de retraite tenue
par des sœurs, route de la Colonne-
Voirol à El-Biar, près Alger. Il reçoit
de continuelles visites d’officiers en
civil appartenant à la garnison
d’Alger, et aussi de prêtres, surtout
de l’abbé Lafitte, curé de Mustapha,
et de l’abbé Cornu, d’Alger, qui
jouèrent un rôle militant pendant les
troubles antijuifs, et qui sont les
principaux inspirateurs des journaux
antisémites. Cernusky se promène
dans une voiture à deux chevaux
appartenant à un colonel en activité,
actuellement en tournée d’inspection ;
c’est l’ordonnance du colonel qui
conduit la voiture. Les deux enfants
de Cernusky ont été atteints de
diphtérie ; ils ont été soignés par le
major de la place.
4 >
LE LIVRET DE 1. ROLLAND
Un incident grave s’est produit à
l’audience de la deuxième chambre
de Bruxelles, dans le procès Rolland.
Comme M e Cîémenceau montrait le
livret de Charles Rolland :
— Nous l’avons aussi, ont déclaré
les adversaires.
— Vous l’avez aussi ? Voilà un
aveu que je retiens, a dit Cîémenceau.
Deux personnes peuvent l’avoir en
dehors de Rolland : le ministre de
France ou le ministre de la guerre.
Qui vous l’a communiqué ?
— Cherchez.
— Oh ! nous le savons. Mais il
faudra que ceux qui vous l’ont com
muniqué expliquent, ailleurs qu’ici,
la raison de cette communication.
La parole est au général André, et
peut-être aussi à M. Gérard.
LA COMÉDIE CONTINDE
Il y a un mois, Drumont et sa bande
me dénonçaient à tue-tête comme un
ennemi de la paix publique. Mon
crime ? Je m’étais élevé contre l’am
nistie. J’avais protesté contre la sup
pression des procès qui m’était intenté
à la requête de la Libre Parole et du
comité Henry. A ce procès, Boisdeffre,
du Patay, Mercier, d'autres encore,
auraient été serrés de plus près qu’à
Rennes et devant la Cour Je cassation.
Toute la vérité eût éclaté, tout le
crime. Et le fait nouveau serait sorti
des témoignages contradictoires, des
interrogatoires pressés, des commis
sions rogatoires. Donc, je voulais re
commencer l’Affaire. Donc, j’étais un
scélérat.
La province haussa les épaules.
Paris s’amusa à prendre un air effrayé.
Les républicains parlementaires tom
bèrent dans le piège. Et le gouverne
ment saisit l’occasion pour faire voter
l’amnistie par le Sénat.
Aujourd’hui, nouvelle pirouette,
autre volte-face.
Dès samedi, dès qu'ils furent cer
tains que l’amnistie serait votée, les
sénateurs réactionnaires et nationa
listes votèrent contre. Contre l’am
nistie, c’est-à-dire pour la continuation
de l’Affaire sur le terrain judiciaire,
pour la comparution de Zola et pour
la mienne devant le jury.
Et maintenant, au signal de l’ar
chet que tient cet incomparable chef
d’orchestre le P. du Lac, toute la
presse de la Congrégation et toute
celle de l’ancien deuxième bureau
suivent le mouvement. Et je suis tou
jours un scélérat, mais ce n’est plus
pour avoir repoussé l’amnistie: c’est
pour en avoir été, dans l’ombre, le
mystérieux et perfide instigateur.
... Et la même farce continue,
celle de ces mêmes professionnels de
l’outrage et du mensonge qu’ils veu
lent faire croire qu’ils sont l’opinion,
qui dénonçaient hier le gouverne
ment de la reprise de l’affaire Drey
fus, qui dénoncent aujourd’hui le
gouvernement de l’étouffement de l’af
faire Dreyfus — et c’est le même.
Demain, devant cette évidence in
contestée que la loi d’amnistie ne peut
pas couvrir Mercier, parce que la loi
ne peut pas toucher à la Constitution,
ils ne se résigneront à l’amnistie qu’à
la condition qu’elle comprenne Dérou-
lède et Guérin.
Et c’est entendu : vous ne leur fe
rez pas cette concession nouvelle,
bien que le complot, qui a été jugé
par la Haute Cour, ne soit qu’un
épisode de l’Affaire, mais par cette
raison que Deroulède et Guérin, et
même Lur-Saluces, sont de trop petits
criminels pour avoir droit aux hon
neurs du tribunal de l’histoire.
Mais si, par impossible, ô républi
cains : vous cédiez aussi sur ce point
alors, alors surtout, leur appétit de
viendrait insatiable, et ils ne vote
raient cette amnistie plénière qu’à la
condition d’en exclure, par un article
additionnel, Zola, Picquart, celui qui
écrit ces lignes, — et cela encore*
vous l’accepteriez pour faire l’apaise
ment, — et vous-mêmes enfin, tout
comme nous, « complices du Traî
tre ».
Joseph REINACH.
POUR LA RÉPUBLIQUE
Nous avons entre les mains plu
sieurs numéros de la brochure de Le
Piç, intitulée : Pour la République *
nous en tenons un certain nombre,
gratuitement, à la disposition de nos
lecteurs.
Le numéro 2-3, entre autres, con-
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
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des Insertions :
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50 »
ü
On
traite à forfait
ÉPILOGUE
Dans le discours qu’il a prononcé
au sujet de l’amnistie, samedi, au
Sénat et que nous pouvons lire sur les
murs, M. Waldeck-Rousseau, prési
dent du Conseil, a semblé avouer la
mort dans l’âme, que la justice était
impossible à rendre, en ce pays, à la
suite des passions déchaînées par le
nationalisme. Mieux vaut alors pas
ser l’éponge sur certaines défaillan
ces que d’être obligé de punir, ex
plique-t-il.
Il est pénible que plus de f cent
années après la publication des droits
de l’homme et après trente années
de République, nous soyons acculés
à cette nécessité de proclamer l’im
puissance de la légalité.
Je sais bien que le général Mercier,
comme ancien ministre n’est pas ab
sous par l’amnistie et qu’il reste jus
ticiable de la Haute-Cour; que,
sans réformer la Constitution, la
Chambre actuelle ouïes suivantes,
avant que la prescription ne .soit pro
noncée, conservent le droit de mettre
en accusation l’ancien ministre de la
guerre pour crime de forfaiture.
Je sais aussi, par le texte de la loi
d’amnistie, que l’action civile n’est
pas éteinte et que de ce fait, l’agita
tion n’est pas supprimée, bien qu’elle
perde de sa virulence.
Nous n’ignorons pas que, le len
demain de l’amnistie, Zola ou tout
autre publiciste peut lancer une
nouvelle lettre : « J’accuse ». Et
alors ?
Alors, l’appareil de la justice se
remet en mouvement. La vérité
reste moins possible à établir. La
situation se complique judiciaire
ment d’inconnu et d’obscurité. A la
merci d’événements imprévus, nous
pouvons marcher sur des charbons
ardents, mais je n’aperçois pas
d’apaisement définitif. L’amnistie, à
la vérité, ne peut être qu’un moyen
provisoire de rétablir le calme et
de profiter d’une détente dans les
esprits. Soit, essayons.
Cependant, n’oublions pas, puis
que les tribunaux d’Etat sont con
vaincus d’impuissance, qu’il nous
faut établir la justice et la vérité
devant l’histoire. Il importe que le
tribunal du peuple prononce son
verdict; il est utile que la parole de
M. Waldeck-Rousseau, à cet égard,
ne- soit pas une vaine formule de
rhétorique.
Nous n’avons pas réclamé le châ
timent des coupables, pour le plaisir
de leur faire subir une peine corpo
relle légale, mais parce qu’il nous
semblait que la conscience nationale
avait besoin d’être vengée de l’in
sulte qui lui avait été infligée. Or,
comme le premier moyen devient
inapplicable pour toucher au but,
nous avons le devoir d’user du
second qui est l’action dans le peuple
fit par le peuple.
Entrons donc dans la voie des ré
parations nécessaires à l’édifice so
cial. L’union des républicains est
indispensable pour combattre l’en
nemi héréditaire qui est le clérica
lisme ; nous ne nous y opposons
pas, à condition que la politique
nouvelle soit fertile en résultats.
Car nous avons aussi le besoin de
retremper une France nouvelle.
En premier lieu, la liberté nous
oblige à lutter contre la puissance
morale, politique et financière des
congrégations. Luttons, imposons
leur l’article 7, interdisons leur la
jouissance des biens de main-morte,
empêchons les de détourner par des
moyens souterrains les successions
qui vont souvent grossir la caisse
noire des évêchés ; poursuivons in
flexiblement les délits et les escro
queries opérés sous le masque de la
religion et qui constituent des attein
tes directes au droit commun.
Il faut abattre sous toutes ses
formes la fortune ecclésiastique qui
menace la société.
Au point de vue moral, souve
nons nous que nous avons mission
de régénérer le pays républicain par
la science, par l’éducation.
Un peuple fort est celui qui pos
sède une conscience forte. Si nous
détruisons l’empire des vieux préju
gés barbares, sanguinaires, routi
niers, ce ne sera que par une action
lente et continue dans les esprits
d’une philosophie douce, généreuse
et puissante.
Rien n’est si dangereux et si ter
rible que le vide dans les cerveaux
ou prend souvent place la fleur
empoisonnée des passions bestiales.
Je le dis sincèrement, mieux vau
drait encore respirer l’atmosphère
fétide des anciennes croyances ou
l’air pur est rare, mais qui permet
quand même de survivre.
A l’œuvre donc, et meublons les
cerveaux des nouvelles découvertes
de la science, imprimons leur surtout
le sceau indélébile d’une morale
solide et puissante.
C’est par la base qu’il convient de
réformer la société en jetant un
examen profond sur toutes ses .con
ceptions pour préparer à l’humanité
un avenir meilleur.
Alf. HENRI.
——
L’ARTICLE 29S
La loi sur le divorce a constitué un
grand progrès ; mais elle n’est pas
complète. Certaines lacunes, quelques
contradictions y ont été signalées,
non seulement par les juriconsultes
professionnels mais par les écrivains
que tentent les problèmes sociaux, par
tous ceux enfin que leur situation
individuelle intéresse à la question.
Parmi ces défauts de la loi, il faut
compter la restriction que l’article
298 apporte dans l’exercice de la
liberté des époux divorcés. Cet article
est ainsi conçu :
« Dans le cas de divorce admis en
justice pour cause d’adultère, l’épouse
coupable ne pourra jamais se marier
avec son complice. »
On a cru, au moment de la dis
cussion de la loi, que l’empêchement
créé par cet article serait une satis
faction donnée à la morale. On croyait
que l’impossibilité légale de se marier
avec son complice arrêterait les amants
sur le bord de l’adultère et sauverait
ainsi nombre d’unions légitimes prêtes
à sombrer. Expérience faite, ce n’est
pas cela qui s’est produit. L’impos
sibilité pour l’épouse coupable de se
marier avec son complice a fait sim
plement que le ccmplice et l’épouse
se sont passés du mariage et se sont
mis à vivre dans la plupart des cas
sous le facile régime de l’union libre.
Alors on s’est demandé ce que la
moi ale gagnait à l’interdiction. La
question, sous toutes ses formes, dans
le journal, dans le livre, au théâtre,
a été soulevée, remuée ; elle a fait
son chemin.
On a compris que donner et retenir
ne vaut, et qu’une semblable prohi
bition va à l’encontre des intentions
du législateur.
Celui-ci a voulu, en effet, que les
époux séparés pussent recommencer
leur vie en trouvant dans la loi toutes
les garanties et tous les avantages
du mariage régulier. Or, l’article 298
élève une barrière précisément entre
ceux qui semblent le mieux faits l’un
pour l’autre et qui, parfois, se le sont
prouvé, malgré de grands obstacles,
des luttes intimes et déchirantes.
Ces réflexions ne viennent pas hors
de propos. Elles sont amenées par la
résolution que la commission des
réformes judiciaires de la Chambre a
prise en adoptant le rapport qui
conclut à l’abrogation de l’article
restrictif. Si les Chambres votent
dans le même esprit que la commis
sion, ce qui est probable, elles auront
heureusement amendé la loi, en la
rendant plus logique et plus humaine.
Max Rochambeau.
&
TRAVAIL ET FINANCES
On lit dans le Figaro :
Dans les paroles et dans les inten
tions de M. le ministre du commerce,
deux choses m’ont frappé, parce
qu'elles devraient être acclamées par
les conservateurs, si les conservateurs
avaient le temps de penser à autre
chose qu’à des revendications sans
signification et sans avenir.
C’est d’abord l’impulsion donnée
de jour en jour plus forte aux tra
vailleurs vers le système corporatif.
Le système corporatif est le salut
pour l’individu écrasé par le césarisme
politique, dont la République ne nous
a pas débarassés et réduit à l’état de
poussière humaine. Il est le régime
de la solidarité, cette sœur laïque de
la charité, et il.nous mènera douce
ment au seul remède possible et
applicable au mal qui nous dévore et
dont nous ne voulons pas être guéris :
le suffrage universel. Oui, le système
corporatif nous donnera l’organisa
tion du suffrage universel par une
représentation proportionnelle et pro
fessionnelle.
Il est permis d’entrevoir et de
désirer le jour où les assemblées poli
tiques ne seront que des délégations
pacifiquement désignées par des cor
porations, où chacun de nous trouvera
sa place naturelle, où il sera amélioré
par le contact de ses semblables et
aussi par le contact des choses con
crètes.
M. Millerand a indiqué discrète
ment cet avenir, cette terre promise.
M. Caillaux, lui,. a prononcé un
discours que je trouve excellent parce
que j’y rencontre cette phrase : oc Le
projet d’impôt sur le revenu ne sera
probablement pas voté. » Vous vous
demandez immédiatement pourquoi
le jeune ministre propose un impôt au
succès duquel il ne croit pas.
La réponse est simple, et M. Cail
laux l’a faite lui-même en disant
qu’il tient à ce que le Parlement étu
die de près nos quatre contributions
directes. Eh bien, elles seront étu
diées, elles seront critiquées, et quand
il faudra les remplacer par l’impôt
sur le revenu, on les lui préférera
probablement.
J. Cornély.
Bien que la conclusion contre l'im
pôt sur le revenu ne rencontre pas
notre approbation, nous signalons cet
article pour l’idée nouvelle qu’il pro
fesse à l’égard des corporations.
LE TÉMOIN CERNÜSKY
On lit dans Y Aurore :
Cernusky est à .Alger depuis deux
mois environ. Il a d’abord habité à
l’hôtel de la Régence, avec ses deux
enfants et deux individus louches
qui, depuis quelques semaines, ont
disparu. Ensuite le faux témoin de
Rennes s’est réfugié dans la Ville des
Orangers, maison de retraite tenue
par des sœurs, route de la Colonne-
Voirol à El-Biar, près Alger. Il reçoit
de continuelles visites d’officiers en
civil appartenant à la garnison
d’Alger, et aussi de prêtres, surtout
de l’abbé Lafitte, curé de Mustapha,
et de l’abbé Cornu, d’Alger, qui
jouèrent un rôle militant pendant les
troubles antijuifs, et qui sont les
principaux inspirateurs des journaux
antisémites. Cernusky se promène
dans une voiture à deux chevaux
appartenant à un colonel en activité,
actuellement en tournée d’inspection ;
c’est l’ordonnance du colonel qui
conduit la voiture. Les deux enfants
de Cernusky ont été atteints de
diphtérie ; ils ont été soignés par le
major de la place.
4 >
LE LIVRET DE 1. ROLLAND
Un incident grave s’est produit à
l’audience de la deuxième chambre
de Bruxelles, dans le procès Rolland.
Comme M e Cîémenceau montrait le
livret de Charles Rolland :
— Nous l’avons aussi, ont déclaré
les adversaires.
— Vous l’avez aussi ? Voilà un
aveu que je retiens, a dit Cîémenceau.
Deux personnes peuvent l’avoir en
dehors de Rolland : le ministre de
France ou le ministre de la guerre.
Qui vous l’a communiqué ?
— Cherchez.
— Oh ! nous le savons. Mais il
faudra que ceux qui vous l’ont com
muniqué expliquent, ailleurs qu’ici,
la raison de cette communication.
La parole est au général André, et
peut-être aussi à M. Gérard.
LA COMÉDIE CONTINDE
Il y a un mois, Drumont et sa bande
me dénonçaient à tue-tête comme un
ennemi de la paix publique. Mon
crime ? Je m’étais élevé contre l’am
nistie. J’avais protesté contre la sup
pression des procès qui m’était intenté
à la requête de la Libre Parole et du
comité Henry. A ce procès, Boisdeffre,
du Patay, Mercier, d'autres encore,
auraient été serrés de plus près qu’à
Rennes et devant la Cour Je cassation.
Toute la vérité eût éclaté, tout le
crime. Et le fait nouveau serait sorti
des témoignages contradictoires, des
interrogatoires pressés, des commis
sions rogatoires. Donc, je voulais re
commencer l’Affaire. Donc, j’étais un
scélérat.
La province haussa les épaules.
Paris s’amusa à prendre un air effrayé.
Les républicains parlementaires tom
bèrent dans le piège. Et le gouverne
ment saisit l’occasion pour faire voter
l’amnistie par le Sénat.
Aujourd’hui, nouvelle pirouette,
autre volte-face.
Dès samedi, dès qu'ils furent cer
tains que l’amnistie serait votée, les
sénateurs réactionnaires et nationa
listes votèrent contre. Contre l’am
nistie, c’est-à-dire pour la continuation
de l’Affaire sur le terrain judiciaire,
pour la comparution de Zola et pour
la mienne devant le jury.
Et maintenant, au signal de l’ar
chet que tient cet incomparable chef
d’orchestre le P. du Lac, toute la
presse de la Congrégation et toute
celle de l’ancien deuxième bureau
suivent le mouvement. Et je suis tou
jours un scélérat, mais ce n’est plus
pour avoir repoussé l’amnistie: c’est
pour en avoir été, dans l’ombre, le
mystérieux et perfide instigateur.
... Et la même farce continue,
celle de ces mêmes professionnels de
l’outrage et du mensonge qu’ils veu
lent faire croire qu’ils sont l’opinion,
qui dénonçaient hier le gouverne
ment de la reprise de l’affaire Drey
fus, qui dénoncent aujourd’hui le
gouvernement de l’étouffement de l’af
faire Dreyfus — et c’est le même.
Demain, devant cette évidence in
contestée que la loi d’amnistie ne peut
pas couvrir Mercier, parce que la loi
ne peut pas toucher à la Constitution,
ils ne se résigneront à l’amnistie qu’à
la condition qu’elle comprenne Dérou-
lède et Guérin.
Et c’est entendu : vous ne leur fe
rez pas cette concession nouvelle,
bien que le complot, qui a été jugé
par la Haute Cour, ne soit qu’un
épisode de l’Affaire, mais par cette
raison que Deroulède et Guérin, et
même Lur-Saluces, sont de trop petits
criminels pour avoir droit aux hon
neurs du tribunal de l’histoire.
Mais si, par impossible, ô républi
cains : vous cédiez aussi sur ce point
alors, alors surtout, leur appétit de
viendrait insatiable, et ils ne vote
raient cette amnistie plénière qu’à la
condition d’en exclure, par un article
additionnel, Zola, Picquart, celui qui
écrit ces lignes, — et cela encore*
vous l’accepteriez pour faire l’apaise
ment, — et vous-mêmes enfin, tout
comme nous, « complices du Traî
tre ».
Joseph REINACH.
POUR LA RÉPUBLIQUE
Nous avons entre les mains plu
sieurs numéros de la brochure de Le
Piç, intitulée : Pour la République *
nous en tenons un certain nombre,
gratuitement, à la disposition de nos
lecteurs.
Le numéro 2-3, entre autres, con-
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