Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-06-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 juin 1900 23 juin 1900
Description : 1900/06/23 (N217). 1900/06/23 (N217).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263416w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
I? Année—N° 217.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
T
Le Réveil dn Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements... » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIM IR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. ihommeret
L’Imprimeur-Gérant F. ILE ROY
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
La situation en Chine reste tou
jours fort grave. Il n’est pas inutile
de rechercher les causes du conflit
actuel. Il apparaît que le mouve
ment dirigé contre les étrangers est
d’essence religieuse. On a commencé
par massacrer les missionnaires, qui
représentent plus directement le dan
ger ; la vindicte des Boxers s’est en
suite exercée contre tous les étran
gers. Cette succession de faits est si
gnificative. L’un de nos concitoyens,
M. Paul Bœll, qui s’était rendu en
Chine, envoyé du gouvernement fran
çais pour accomplir un voyage d’étu
des, en rapporta d’utiles observations.
Sans escorte comme sans armes,
durant deux années, il avait visité
la plupart des provinces de l’Empire
du Milieu, traversant les contrées
les plus dangereuses. Partout il avait
été accueilli avec hospitalité, avec
empressement parfois ; souvent il
avait goûté à la table de famille au
repas substantiel du chinois auquel,
en son honneur, on ajoutait même
quelque hors d’œuvre.
Le Chinois, malgré sa sobriété pro
verbiale, voulait marquer ainsi ses
sentiments d’aménité. Il mène, d’or
dinaire, une existence ouverte, en
contradiction formelle avec la vie
retirée et pour ainsi dire cloîtrée des
missionnaires, où sa défiance instinc
tive est éveillée et d'où il résulte un
antagonisme fatal qu’excite le mysti
cisme chrétien.
Sans être religieux dans le sens
propre du mot, le fils de la Lune tient
absolument à ses coutumes et à ses
traditions, plutôt d’ordre social, que
l’élément étranger viole sans scru
pule Le chinois, il faut bien l’avouer,
parvient, par une existence d’ordre
et d’économie, à vivre en une popu
lation deux fois plus dense, par
contrées, qu’en Europe.
Les missionnaires, je l’ai déjà dit
en protestant contre les crédits alloués
par le budget aux congrégations en
Extrême-Orient, les missionnaires se
préoccupent peu de faire pénétrer
dans le Céleste Empire les bienfaits
de la civilisation, ainsi que de nouer
avec lui des relations commerciales
internationales ; tout au plus cher
chent-ils à faire profiter les congréga
tions de leur trafic particulier. Mais
leur but indiscuté est de gagner des
prosélytes à la foi chrétienne. Or,
quel besoin ont les chinois de rempla
cer leur cheval borgne par un aveugle.
Le culte ancestral qu’ils vénèrent, la
doctrine de Confucius qu’ils observent,
sont supérieurs à l’enseignement ro
main en ce sens qu’ils s’adaptent mieux
l’un et l’autre aux mœurs du pays, à son
climat, que toute religion étrangère
ne saurait le faire. Est-il logique de
tenter, en Europe, de se débarrasser
du poison théologique pour en infester
d’autres peuplades? Ne devons-nous
pas, bien plutôt, avec de sages pré
cautions, faire pénétrer en ces pays
lointains, le progrès et la civilisation
parleurs vertus, par les bienfaitsqu’ils
apportent. Et cela, sans froisser bru
talement les habitudes acquises, les
coutumes séculaires.
D’après le vieux proverbe vulgaire :
maintenant que le vin est tiré, il faut
le boire, cela est évident. L’insulte
faite à notre drapeau, les incendies
allumés , les massacres provoqués,
demandent une sévère répression.
Toutefois qu’à l’avenir, et quelles que
soient les mesures politiques et mili
taires engagées, l’on se garde de ces
provocations incessantes à l’esprit pu
blic d’une race. On ne détruit pas
d’un coup des principes invétérés dans
l’âme d’une nation, onles modifie ou on
les transforme seulement par étapes,
surtout quand ces principes tiennent
à une population de 400 millions
d’êtres humains; quand on touche au
tréfonds des conceptions d’un peuple.
Ou alors, ce serait vouloir faucher
toutes les têtes; je ne crois pas que
l’on y songe. Guérissons le mal, mais
ne le recommençons pas. Interdisons
pour notre part aux congrégations
leur besogne de guerre et que les
autres Etats nous imitent. À ce seul
prix nous pacifierons la Chine.
Alf. HENRI.
— ^
PIERRE DE TOUCHE
RÉPUBLICAINE
Chaque fois qu’il a été question de
prendre des mesures de salubrité poli
tique contre les cléricaux, on a vu
reparaître le mot de liberté dans la
bouche de ces gens qui en ont été de
tout temps, les adversaires résolus.
Le projet de loi Rabier qui interdit
aux congrégations l’enseignement de
la jeunesse parce qu’elles corrompent
l’esprit des générations futures, sou
lève chez les cléricaux les mêmes
cris. Une seule liberté leur tient au
cœur : c’est celle de tout oser pour
renverser les gouvernements qui dé
rangent leurs petits projets.
Les congrégations, par leurs for
tunes immenses, par leur enseigne
ment, par leur spéculation sur l’i
gnorance et la bêtise humaine ont
entretenu dans ce pays, de temps im
mémorial, une agitation préjudiciable
à la société.
Il s’agit donc actuellement de sa
voir s’il existera plus longtemps un
Etat dans l’Etat et si on laissera le
clergé de plus en plus accroître sa
puissance au détriment de la société
laïque.
La proposition Rabier ne sera sans
aucun doute, que le premier acte clu
grand combat qui se terminera tôt ou
tard, on peut en être persuadé, par
l’expulsion de tous les moines et moi-
nesses.
Le combat qui va se livrer au Par
lement sera la pierre de touche qui
permettra d’éprouver le républica
nisme de nos élus. Plus d’opportu
nistes, de radicaux ou de socialistes.
Quiconque parmi les républicains
dira non, ne méritera plus ce titre.
Ce qui importe aux yeux de tout bon
citoyen, c’est la chose et non le mot.
Électeurs ! ayez les yeux sur vos élus.
Fr, Hàpyé.
LA REVISION DE LA CONSTITUTION
La Commission de la Chambre qui
examine les diverses propositions de
révision de la Constitution avait
décidé d’entendre le gouvernement.
M. Waldeck-Rousseau s’est rendu
mercredi devant la Commission pour
faire connaître l’avis du gouverne
ment.
11 a déclaré que le gouvernement
n’avait pas eu à s’occuper jusqu’ici de
cette question, et qu’il n’y avait pas
lieu de l’étudier pour le moment. Il
estime en effet qu’avant d’entrepren
dre une réforme aussi grave, il im
porte que le parti républicain se mette
d’accord sur son opportunité et sur les
divers points sur lesquels elle devrait
porter. La Constitution est en ce mo
ment l’objet d’attaques violentes ; le
moment serait mal choisi pour ouvrir
un débat sur elle. Le gouvernement
a entrepris une œuvre qu’il ne faut
pas compromettre en la compliquant.
Quand la montagne ne vient pas,
il faut bien aller à la montagne, dit
un proverbe. C’est sans doute ce qu’ont
pensé les nationalistes de l’Hotel de
Ville, puisque, ne pouvant recevoir
le colonel Marchand, ils se préparent
à lui rendre visite^ Ils se rendraient
en corps chez leur idole, et là, le
bureau du conseil municipal et la
majorité apporteraient à M. Marchand
l’hommage de fidélité de sa bonne
ville.
Il faut avouer que l’idée est plutôt
singulière. Il n’en faudrait pas beau
coup comme celle-là pour rendre ridi
cule la majorité à laquelle Paris, en
un jour d’égarement, a confié la ges
tion de ses intérêts; Ce Conseil muni
cipal qui « va-en-ville » aura certai
nement quelque succès dans les revues
de fin d’année.
Mais comme, malgré tout, cette
démarche passera forcément inaperçue
et ne pourra donner lieu à la mani
festation militariste rêvée par nos
édiles, ceux-ci se sont immédiatement
mis à la recherche d’un autre prétexte.
Us croient l’avoir trouvé et ils se
proposent d’organiser une « Fête de
l’armée », après la fête des Lettres et
des Sciences qui est actuellement en
préparation.
Cette fête de l'armée est véritable
ment une trouvaille. Cette glorifica
tion du sabre et de la force brutale
correspond bien à l’état d’esprit de
nos représentants. Mais on avouera
tout de même qu’il est peut-être un
peu excessif de mettre sur le même
pas les Lettres, les Sciences et l’Armée.
Le rapprochement n’est pas de ceux
qui s’imposent.
Comme bien on pense, nos natio
nalistes ne s’en soucient guère. Leur
seul but est de provoquer une mani
festation politico-militariste. Ils ont
échoué avec Marchand, ils recom
mencent avec l’armée tout entière,
c’est-à-dire avec les officiers. Quel
beau rêve ! L’Hôtel de Ville plein
d’officiers acclamés par les membres
des comités césariens ou plébiscitaires
spécialement invités pour la circons
tance ! Quelle belle occasion pour
manifester et pour organiser avec le
concours de brillants uniformes une
nouvelle apothéose de Mercier. Celle
de la salle Wagram manquait de
militaires et n’avait point, en consé
quence, un caractère suffisamment
séditieux.
Par malheur cela risque fort de
rester à l’état de rêve. Mais je serais
tout de même curieux de savoir ce
que pensent, de tous ces essais de
manifestations séditieuses, les bons
gogos qu’on a fait voter en leur
promettant que le nouveau Conseil
ne ferait pas de politique à l’Hôtel
de Ville?
André Lefèvre.
-«sa*.
CHOSES RÉELLES DE
LA GUERRE DE CHINE
Du Secolo :
Les causes de la situation actuelle,
en Chine, ne doivent pas se rapporter
exclusivement au caractère malveil
lant de l’impératrice-régente.
Cette femme que l’on représente
comme une forte tête , comme une nou
velle grande Catherine de Russie ne
doit pas à son énergie, à son audace
et à sa complète absence de scrupules
le pouvoir dont elle jouit depuis quel
que temps.
La toute-puissance dont elle dispose
lui vient de la corporation importante
des fonctionnaires civils et militaires
qu’elle a établie et dent elle s’envi
ronne.
La personne de l’impératrice est
leur trait d’union. Mais elle est un peu
sous leur dépendance. Elle est trop
intelligente et trop diplomate pour ne
pas s’être rendu compte, au premier
coup d’œil, du terrible danger que
faisait courir à sa dynastie l’appui
officiel accordé aux Boxers.
Elle sait fort bien que toute vio
lence à l’égard des catholiques est
pleine de périls pour la nation chi
noise.
Elle doit, néanmoins, compter avec
la cour, avec les révolutions de palais,
avec sa faction ignorante, brutale,
réactionnaire, mais qui la défend
contre les haines qui surgissent contre
sa personne. Même, si elle l’eût voulu,
l’impératrice n’aurait pu réprimer la
présente insurrection.
Telle est la raison pour laquelle les
puissances ont dû débarquer des
troupes pour marcher sur Pékin ;
quelle que soit, d’ailleurs, la répu
gnance de quelques unes d’entre
elles.
Si l’on avait eu affaire exclusive
ment à l’impératrice, il est probable
que la repression des Boxers, par les
troupes chinoises, serait, à l’heure
actuelle, un fait accompli.
Mais, par elle-même, la terrible
régente n’a aucun pouvoir.
C’est le clan Mandchou qui la perd
après l’avoir plusieurs fois sauvée.
Il la perd parce que maintenant,
plus que jamais, les choses sont allées
trop loin.
L’incendie de la légation japonaise
à Pékin et celle des légations française
et anglaise à Junanfu, les hostilités
déjà engagées, d'après une dépêche du
Times datée de Shanghaï, aux envi
rons de Pékin, entre la colonne euro
péenne de secours et le général chi
nois Tungfubsang sont des faits de
trop grande gravité pour ne point
provoquer de sérieuses représailles de
la part des puissances coalisées.
Aujourd’hui les forces européennes
imposantes se trouvent sous les murs
de la capitale du Céleste Empire, et
elles sont bien résolues à mettre un
terme aux excès des Boxers et de la
population qui fait ouvertement cause
commune avec ces bandits.
Si le but de l’insurrection allumée
par les sectaires de la Société des
poignards est de ramener la Chine à
son ancien état, d’exterminer les chré
tiens en particulier, et les étrangers
en général, le contraire peut bien se
produire, et les européens montreront
à la Chine combien il lui en coûtera
d’avoir voulu se placer, de propos
délibéré, hors les lois du monde ci
vilisé.
PREMIÈRE COMMUNION
Jeudi après midi, dans la chapelle des
sœurs Saint-Joseph, de Cluny, à Paris,
où Ton célébrait la première communion,
un cierge allumé est tombé sur le voile
d’une fillette qui s’est trouvée entourée
de flammes en un instant.
L’enfant, Yvonne Tison, âgée de onze
ans, a été grièvement brûlée. Son état
est grave.
Aussi, cette idée d’allumer de la chan
delle en plein midi, et d’obliger des fil
lettes à évoluer, couvertes de mousselines
inflammables, avec des torches à la main.
Les cléricaux ne sont pas raisonnables,
et les parents qui les laissent faire, qui
ne réagissent pas tout au moins contre
les enjolivements grotesques ou dange
reux dont le clergé a compliqué une céré
monie autrefois fort simple, sont bien
coupables et imprudents.
Longtemps, la communion s’est admi
nistrée en même temps que le baptême.
Lorsqu’il s’agissait d’enfants, le prêtre
trempait son doigt dans le vin consacré
et le donnait à sucer au nouveau chrétien.
On n’exigeait pas, des premières com
munions, tant de science et de catéchisme.
L’année dernière, est-ce que le pape
Léon XIII lui-même n’administrait pas
la communion à des gamins de six ans de
sa famille? En savaient-ils bien lourd,
ces moines, sur les vérités de notre
<( sainte religion » ? J’en doute.
La Croix nous apprend que le 21 mai
(ce n’est pas. vieux), le pape donnait
solennellement la confirmation à ses trois
neveux, parmi lesquels Joachim Pecci,
né en 1894 à Carpineto, c’est-à-dire âgé
de six ans.
Il n’y a d’âge limité, de règle, d’exa
men, de tracasseries de toutes sortes que
contre les jeunes catholiques français
soumis à l’arbitraire des tyranneaux
bilieux qui composent notre clergé.
Ce ne sont que des chicanes, contesta
tions, menaces d’ajournement fort sensi
bles aux familles pauvres qui n’attendent
souvent que la première communion pour
placer les enfants.
Quant à ceux qui fréquentent les écoles,
laïques, c’est là que le clergé les rejoint.
Ces oisifs en soutane ne trouvent jamais
le moyen de faire le catéchisme sans trou
bler les heures de classe, sans compro
mettre l’examen du certificat d’études qui
coïncide souvent avec la première com
munion. Là où il y a des Ecoles congré
ganistes, le curé ne manque pas une
occasion d’humilier les élèves des écoles
laïques par toutes sortes de propos mal
séants en plaçant les « laïques » à l’écart
comme des brebis galeuses, en exigeant
que ces « laïques » viennent faire une
retraite à l’école congréganiste. Quels
procédés chrétiens ! Et comme ces agis
sements sont propres à dissiper les pré
ventions des familles demeurées chré
tiennes, mais républicaines, mais moder
nes contre un clergé réactionnaire, intri
gant et avide.
Oh oui ! avide.
A ce propos, on sait que les curés qui
se font offrir de l’argent ou des cadeaux
comme « souvenir de première commu
nion », émettent généralement la préten-
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
T
Le Réveil dn Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements... » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIM IR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. ihommeret
L’Imprimeur-Gérant F. ILE ROY
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
La situation en Chine reste tou
jours fort grave. Il n’est pas inutile
de rechercher les causes du conflit
actuel. Il apparaît que le mouve
ment dirigé contre les étrangers est
d’essence religieuse. On a commencé
par massacrer les missionnaires, qui
représentent plus directement le dan
ger ; la vindicte des Boxers s’est en
suite exercée contre tous les étran
gers. Cette succession de faits est si
gnificative. L’un de nos concitoyens,
M. Paul Bœll, qui s’était rendu en
Chine, envoyé du gouvernement fran
çais pour accomplir un voyage d’étu
des, en rapporta d’utiles observations.
Sans escorte comme sans armes,
durant deux années, il avait visité
la plupart des provinces de l’Empire
du Milieu, traversant les contrées
les plus dangereuses. Partout il avait
été accueilli avec hospitalité, avec
empressement parfois ; souvent il
avait goûté à la table de famille au
repas substantiel du chinois auquel,
en son honneur, on ajoutait même
quelque hors d’œuvre.
Le Chinois, malgré sa sobriété pro
verbiale, voulait marquer ainsi ses
sentiments d’aménité. Il mène, d’or
dinaire, une existence ouverte, en
contradiction formelle avec la vie
retirée et pour ainsi dire cloîtrée des
missionnaires, où sa défiance instinc
tive est éveillée et d'où il résulte un
antagonisme fatal qu’excite le mysti
cisme chrétien.
Sans être religieux dans le sens
propre du mot, le fils de la Lune tient
absolument à ses coutumes et à ses
traditions, plutôt d’ordre social, que
l’élément étranger viole sans scru
pule Le chinois, il faut bien l’avouer,
parvient, par une existence d’ordre
et d’économie, à vivre en une popu
lation deux fois plus dense, par
contrées, qu’en Europe.
Les missionnaires, je l’ai déjà dit
en protestant contre les crédits alloués
par le budget aux congrégations en
Extrême-Orient, les missionnaires se
préoccupent peu de faire pénétrer
dans le Céleste Empire les bienfaits
de la civilisation, ainsi que de nouer
avec lui des relations commerciales
internationales ; tout au plus cher
chent-ils à faire profiter les congréga
tions de leur trafic particulier. Mais
leur but indiscuté est de gagner des
prosélytes à la foi chrétienne. Or,
quel besoin ont les chinois de rempla
cer leur cheval borgne par un aveugle.
Le culte ancestral qu’ils vénèrent, la
doctrine de Confucius qu’ils observent,
sont supérieurs à l’enseignement ro
main en ce sens qu’ils s’adaptent mieux
l’un et l’autre aux mœurs du pays, à son
climat, que toute religion étrangère
ne saurait le faire. Est-il logique de
tenter, en Europe, de se débarrasser
du poison théologique pour en infester
d’autres peuplades? Ne devons-nous
pas, bien plutôt, avec de sages pré
cautions, faire pénétrer en ces pays
lointains, le progrès et la civilisation
parleurs vertus, par les bienfaitsqu’ils
apportent. Et cela, sans froisser bru
talement les habitudes acquises, les
coutumes séculaires.
D’après le vieux proverbe vulgaire :
maintenant que le vin est tiré, il faut
le boire, cela est évident. L’insulte
faite à notre drapeau, les incendies
allumés , les massacres provoqués,
demandent une sévère répression.
Toutefois qu’à l’avenir, et quelles que
soient les mesures politiques et mili
taires engagées, l’on se garde de ces
provocations incessantes à l’esprit pu
blic d’une race. On ne détruit pas
d’un coup des principes invétérés dans
l’âme d’une nation, onles modifie ou on
les transforme seulement par étapes,
surtout quand ces principes tiennent
à une population de 400 millions
d’êtres humains; quand on touche au
tréfonds des conceptions d’un peuple.
Ou alors, ce serait vouloir faucher
toutes les têtes; je ne crois pas que
l’on y songe. Guérissons le mal, mais
ne le recommençons pas. Interdisons
pour notre part aux congrégations
leur besogne de guerre et que les
autres Etats nous imitent. À ce seul
prix nous pacifierons la Chine.
Alf. HENRI.
— ^
PIERRE DE TOUCHE
RÉPUBLICAINE
Chaque fois qu’il a été question de
prendre des mesures de salubrité poli
tique contre les cléricaux, on a vu
reparaître le mot de liberté dans la
bouche de ces gens qui en ont été de
tout temps, les adversaires résolus.
Le projet de loi Rabier qui interdit
aux congrégations l’enseignement de
la jeunesse parce qu’elles corrompent
l’esprit des générations futures, sou
lève chez les cléricaux les mêmes
cris. Une seule liberté leur tient au
cœur : c’est celle de tout oser pour
renverser les gouvernements qui dé
rangent leurs petits projets.
Les congrégations, par leurs for
tunes immenses, par leur enseigne
ment, par leur spéculation sur l’i
gnorance et la bêtise humaine ont
entretenu dans ce pays, de temps im
mémorial, une agitation préjudiciable
à la société.
Il s’agit donc actuellement de sa
voir s’il existera plus longtemps un
Etat dans l’Etat et si on laissera le
clergé de plus en plus accroître sa
puissance au détriment de la société
laïque.
La proposition Rabier ne sera sans
aucun doute, que le premier acte clu
grand combat qui se terminera tôt ou
tard, on peut en être persuadé, par
l’expulsion de tous les moines et moi-
nesses.
Le combat qui va se livrer au Par
lement sera la pierre de touche qui
permettra d’éprouver le républica
nisme de nos élus. Plus d’opportu
nistes, de radicaux ou de socialistes.
Quiconque parmi les républicains
dira non, ne méritera plus ce titre.
Ce qui importe aux yeux de tout bon
citoyen, c’est la chose et non le mot.
Électeurs ! ayez les yeux sur vos élus.
Fr, Hàpyé.
LA REVISION DE LA CONSTITUTION
La Commission de la Chambre qui
examine les diverses propositions de
révision de la Constitution avait
décidé d’entendre le gouvernement.
M. Waldeck-Rousseau s’est rendu
mercredi devant la Commission pour
faire connaître l’avis du gouverne
ment.
11 a déclaré que le gouvernement
n’avait pas eu à s’occuper jusqu’ici de
cette question, et qu’il n’y avait pas
lieu de l’étudier pour le moment. Il
estime en effet qu’avant d’entrepren
dre une réforme aussi grave, il im
porte que le parti républicain se mette
d’accord sur son opportunité et sur les
divers points sur lesquels elle devrait
porter. La Constitution est en ce mo
ment l’objet d’attaques violentes ; le
moment serait mal choisi pour ouvrir
un débat sur elle. Le gouvernement
a entrepris une œuvre qu’il ne faut
pas compromettre en la compliquant.
Quand la montagne ne vient pas,
il faut bien aller à la montagne, dit
un proverbe. C’est sans doute ce qu’ont
pensé les nationalistes de l’Hotel de
Ville, puisque, ne pouvant recevoir
le colonel Marchand, ils se préparent
à lui rendre visite^ Ils se rendraient
en corps chez leur idole, et là, le
bureau du conseil municipal et la
majorité apporteraient à M. Marchand
l’hommage de fidélité de sa bonne
ville.
Il faut avouer que l’idée est plutôt
singulière. Il n’en faudrait pas beau
coup comme celle-là pour rendre ridi
cule la majorité à laquelle Paris, en
un jour d’égarement, a confié la ges
tion de ses intérêts; Ce Conseil muni
cipal qui « va-en-ville » aura certai
nement quelque succès dans les revues
de fin d’année.
Mais comme, malgré tout, cette
démarche passera forcément inaperçue
et ne pourra donner lieu à la mani
festation militariste rêvée par nos
édiles, ceux-ci se sont immédiatement
mis à la recherche d’un autre prétexte.
Us croient l’avoir trouvé et ils se
proposent d’organiser une « Fête de
l’armée », après la fête des Lettres et
des Sciences qui est actuellement en
préparation.
Cette fête de l'armée est véritable
ment une trouvaille. Cette glorifica
tion du sabre et de la force brutale
correspond bien à l’état d’esprit de
nos représentants. Mais on avouera
tout de même qu’il est peut-être un
peu excessif de mettre sur le même
pas les Lettres, les Sciences et l’Armée.
Le rapprochement n’est pas de ceux
qui s’imposent.
Comme bien on pense, nos natio
nalistes ne s’en soucient guère. Leur
seul but est de provoquer une mani
festation politico-militariste. Ils ont
échoué avec Marchand, ils recom
mencent avec l’armée tout entière,
c’est-à-dire avec les officiers. Quel
beau rêve ! L’Hôtel de Ville plein
d’officiers acclamés par les membres
des comités césariens ou plébiscitaires
spécialement invités pour la circons
tance ! Quelle belle occasion pour
manifester et pour organiser avec le
concours de brillants uniformes une
nouvelle apothéose de Mercier. Celle
de la salle Wagram manquait de
militaires et n’avait point, en consé
quence, un caractère suffisamment
séditieux.
Par malheur cela risque fort de
rester à l’état de rêve. Mais je serais
tout de même curieux de savoir ce
que pensent, de tous ces essais de
manifestations séditieuses, les bons
gogos qu’on a fait voter en leur
promettant que le nouveau Conseil
ne ferait pas de politique à l’Hôtel
de Ville?
André Lefèvre.
-«sa*.
CHOSES RÉELLES DE
LA GUERRE DE CHINE
Du Secolo :
Les causes de la situation actuelle,
en Chine, ne doivent pas se rapporter
exclusivement au caractère malveil
lant de l’impératrice-régente.
Cette femme que l’on représente
comme une forte tête , comme une nou
velle grande Catherine de Russie ne
doit pas à son énergie, à son audace
et à sa complète absence de scrupules
le pouvoir dont elle jouit depuis quel
que temps.
La toute-puissance dont elle dispose
lui vient de la corporation importante
des fonctionnaires civils et militaires
qu’elle a établie et dent elle s’envi
ronne.
La personne de l’impératrice est
leur trait d’union. Mais elle est un peu
sous leur dépendance. Elle est trop
intelligente et trop diplomate pour ne
pas s’être rendu compte, au premier
coup d’œil, du terrible danger que
faisait courir à sa dynastie l’appui
officiel accordé aux Boxers.
Elle sait fort bien que toute vio
lence à l’égard des catholiques est
pleine de périls pour la nation chi
noise.
Elle doit, néanmoins, compter avec
la cour, avec les révolutions de palais,
avec sa faction ignorante, brutale,
réactionnaire, mais qui la défend
contre les haines qui surgissent contre
sa personne. Même, si elle l’eût voulu,
l’impératrice n’aurait pu réprimer la
présente insurrection.
Telle est la raison pour laquelle les
puissances ont dû débarquer des
troupes pour marcher sur Pékin ;
quelle que soit, d’ailleurs, la répu
gnance de quelques unes d’entre
elles.
Si l’on avait eu affaire exclusive
ment à l’impératrice, il est probable
que la repression des Boxers, par les
troupes chinoises, serait, à l’heure
actuelle, un fait accompli.
Mais, par elle-même, la terrible
régente n’a aucun pouvoir.
C’est le clan Mandchou qui la perd
après l’avoir plusieurs fois sauvée.
Il la perd parce que maintenant,
plus que jamais, les choses sont allées
trop loin.
L’incendie de la légation japonaise
à Pékin et celle des légations française
et anglaise à Junanfu, les hostilités
déjà engagées, d'après une dépêche du
Times datée de Shanghaï, aux envi
rons de Pékin, entre la colonne euro
péenne de secours et le général chi
nois Tungfubsang sont des faits de
trop grande gravité pour ne point
provoquer de sérieuses représailles de
la part des puissances coalisées.
Aujourd’hui les forces européennes
imposantes se trouvent sous les murs
de la capitale du Céleste Empire, et
elles sont bien résolues à mettre un
terme aux excès des Boxers et de la
population qui fait ouvertement cause
commune avec ces bandits.
Si le but de l’insurrection allumée
par les sectaires de la Société des
poignards est de ramener la Chine à
son ancien état, d’exterminer les chré
tiens en particulier, et les étrangers
en général, le contraire peut bien se
produire, et les européens montreront
à la Chine combien il lui en coûtera
d’avoir voulu se placer, de propos
délibéré, hors les lois du monde ci
vilisé.
PREMIÈRE COMMUNION
Jeudi après midi, dans la chapelle des
sœurs Saint-Joseph, de Cluny, à Paris,
où Ton célébrait la première communion,
un cierge allumé est tombé sur le voile
d’une fillette qui s’est trouvée entourée
de flammes en un instant.
L’enfant, Yvonne Tison, âgée de onze
ans, a été grièvement brûlée. Son état
est grave.
Aussi, cette idée d’allumer de la chan
delle en plein midi, et d’obliger des fil
lettes à évoluer, couvertes de mousselines
inflammables, avec des torches à la main.
Les cléricaux ne sont pas raisonnables,
et les parents qui les laissent faire, qui
ne réagissent pas tout au moins contre
les enjolivements grotesques ou dange
reux dont le clergé a compliqué une céré
monie autrefois fort simple, sont bien
coupables et imprudents.
Longtemps, la communion s’est admi
nistrée en même temps que le baptême.
Lorsqu’il s’agissait d’enfants, le prêtre
trempait son doigt dans le vin consacré
et le donnait à sucer au nouveau chrétien.
On n’exigeait pas, des premières com
munions, tant de science et de catéchisme.
L’année dernière, est-ce que le pape
Léon XIII lui-même n’administrait pas
la communion à des gamins de six ans de
sa famille? En savaient-ils bien lourd,
ces moines, sur les vérités de notre
<( sainte religion » ? J’en doute.
La Croix nous apprend que le 21 mai
(ce n’est pas. vieux), le pape donnait
solennellement la confirmation à ses trois
neveux, parmi lesquels Joachim Pecci,
né en 1894 à Carpineto, c’est-à-dire âgé
de six ans.
Il n’y a d’âge limité, de règle, d’exa
men, de tracasseries de toutes sortes que
contre les jeunes catholiques français
soumis à l’arbitraire des tyranneaux
bilieux qui composent notre clergé.
Ce ne sont que des chicanes, contesta
tions, menaces d’ajournement fort sensi
bles aux familles pauvres qui n’attendent
souvent que la première communion pour
placer les enfants.
Quant à ceux qui fréquentent les écoles,
laïques, c’est là que le clergé les rejoint.
Ces oisifs en soutane ne trouvent jamais
le moyen de faire le catéchisme sans trou
bler les heures de classe, sans compro
mettre l’examen du certificat d’études qui
coïncide souvent avec la première com
munion. Là où il y a des Ecoles congré
ganistes, le curé ne manque pas une
occasion d’humilier les élèves des écoles
laïques par toutes sortes de propos mal
séants en plaçant les « laïques » à l’écart
comme des brebis galeuses, en exigeant
que ces « laïques » viennent faire une
retraite à l’école congréganiste. Quels
procédés chrétiens ! Et comme ces agis
sements sont propres à dissiper les pré
ventions des familles demeurées chré
tiennes, mais républicaines, mais moder
nes contre un clergé réactionnaire, intri
gant et avide.
Oh oui ! avide.
A ce propos, on sait que les curés qui
se font offrir de l’argent ou des cadeaux
comme « souvenir de première commu
nion », émettent généralement la préten-
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