Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-09-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 septembre 1892 03 septembre 1892
Description : 1892/09/03 (N48). 1892/09/03 (N48).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263249k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
1
t re Année — B* 48 — Samedi S Septembre 1892. CINQ CENTIMES LE NUMERO l re Année — H fatlidor An IM — ü° 48.
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIBR, 15
=
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
CONSEILjjENÉRAL
La session d’été du Conseil général dé la
Seine-Inférieure s’est terminée jeudi soir par
le vote du budget.
Parmi les questions importantes traitées au
cours de eette session, notons celles relatives
à la participation du département aux tra
vaux de la Basse-Seine ; — aux bâtiments
des archives; — à l’hygiène, qui ont rompu
la monotonie des travaux ordinaires de cette
assemblée.
Pour quiconque assiste en curieux aux
séances du Conseil général, ce qui frappe en
effet tout d’abord, c’est le long défilé des rap
ports lus au nom des commissions et qui ne
sont que bien rarement interrompus ou dis
cutés par les membres présents. Cela tient à
différentes causes. Les rapports ne sont, en
effet, tiop souvent que la reproduction des
propositions de M. le Préfet ou des chefs de
service. Ajoutons que la Droite du Conseil,
fortement diminuée lors des dernières élections
cantonales, et toute à sa douleur d’avoir
perdu plusieurs collègues en réaction, parmi
lesquels M. de Montfort, son chef, n’ose même
plus faire d’opposition. Quelques-uns songent
même à se rallier et font des avances aux
républicains.
Certains critiques ont été formulées contre
la direction donnée aux travaux du Conseil
général. Un groupe, en tête duquel M. Lemon-
nier, un des secrétaires du Conseil, pense qu’il
serait bon d’infuser un sang plus jeune au
bureau présidé par M. Cordier, à qui Ton
. reproche de manquer de ïermeté. Nous sommes
curieux de savoir ce qui sortira de cette cam
pagne engagée dans la dernière session.
En dehors des questions de personnes, il y
aurait de sérieuses réformes à opérer dans le
fonctionnement de cette assemblée. N'est-ce
pas en effet une dérision que de fixer des
séances à trois et quatre heures du soir, alors
qu’on pourrait utilement travailler le matin
dans les commissions, et le soir, à partir de
deux heures, en séance publique ?
Il est vrai, qu’avec ce système, on siégerait
six jours au lieu de douze. Mais où serait
le mai ? L’importance d’une assemblée doit-
elle se mesurer à la lenteur qu’elle apporte
dans ses délibérations ?
Certaines pièces de théâtre ne sont suppor-
portables qu’à condition d’être promptement
expédiés, d’être brûlées, comme on dit. Il en
est parfois de même sur la scène de la poli
tique et de l’administration. La maxime
« chi va piano va sano » y est rarement de
mise.
LE CHOLERA
Il ne sert de rien de le taire ici, alors que
toute la presse de Paris et des départements le
répète à l’envi : le choléra est en France.
A l’état sporadique à Paris, pendant quelques,
semaines, il a fait subitement invasion dans
différents centres, avec une rapidité qui, au
premier abord, a quelque peu déconcerté. Il
paraît certain qu’il nous est parvenu par la voie
de Hambourg, véritable foyer de pestilence
cholérique. Responsabilité terrible pour le Con
sul de France, dans cette ville, si, comme on l’a
affirmé, il a négligé de prévenir le gouverne-
ment français, bien que les premiers cas dus
sent être connus de lui, dès la fin de juin ! Si
cette faute a été commise, il faut espérer qu’elle
ne restera pas impunie.
Quoi qu’il en soit de l’origine du mal, on a
pris, au Havre, des mesures énergiques pour
l’enrayer. D’accord avec le corps médical ha-
vrais, vigoureusement mené, dans la circons
tance, par M. le docteur Gibert, la municipalité
a fait ce que commandaient les circonstances.
On ne ne peut que l’en féliciter.
A nos poncitoyens de conserver le calme qui
est, dans la lutte contre les fléaux de ce genre,
comme dans les batailles, la moitié de la vic
toire.
Avec une hygiène rigoureuse, dont la pre
mière condition est une sobriété absolue, on est
sûr d’écarter de soi toutes chances de danger.
La Politique extérieure et les Républicains
La République est maintenant partout triom
phante ; elle a conquis l’immense majorité des
électeurs, et la décomposition de l’arrière-
garde de l’opposition monarchique vient encore
de fournir la preuve que, désormais, il ne sau
rait plus être question de discuter sérieusement,
devant aucune fraction des électeurs, la terme
du gouvernement.
La période de lutte aiguë du parti républi
cain a donc réellement pris fin. Le moment est
venu pour nous, électeurs, comme pour nos
représentants, débarrassés des mesquineries des
luttes contre les ennemis de l’intérieur, de re
garder davantage hors de France et de suivre,
avec une attention plus soutenue qu’autrefois,
l’action française, pour la mieux diriger à l’a
venir.
Déjà l’on s’occupe plus généralement que par
le passé d’une importante partie de notre action
hors de France, de celle qui touche à notre
politique coloniale ; mais il jiqus paraît que
Füfutre fraction de ce rayonnement naturel d’une
grande nation : la politique extérieure, est en
core tropNlélaissé, par les électeurs et par les
élus.
A part une dizaine de spécialistes à la Cham
bre des députés, quelques anciens ministres ou
ambassadeurs au Sénat, on afl’ecte trop de né
gliger la politique étrangère qui n’a pas un rap
port direct avec notre action coloniale. Selon
nous, c’est un défaut grave auquel il n’est que
temps de remédier.
Il n’est pas bon que, seuls, quelques hommes,
plus ou moins en communion d’idées avec la
masse des électeurs, aient la compétence indis
pensable pour diriger notre politique étrangère.
11 est également nécessaire que la majorité des
citoyens apprécie l’importance d’une action sui
vie, méthodique de notre diplomatie, et que le
pays comprenne cette action.
Le développement de notre influence exté
rieure reste — plus que jamais à une époque où
triomphe la politique réaliste — un élément es
sentiel de notre existence matérielle, politique
et économique de demain.
On a dit que ce siècle risque fort de s’achever
dans des luttes gigantesques, la plupart des na
tions européennes ayant manqué leurs destinées
ou n’en ayant demandé l’accomplissement qu’à
la négation brutale du droit et de la liberté. On
peut espérer aujourd’hui que cette prophétie
sera vaine.
Il est avéré que les effroyables conséquences
d’un conflit général, d’autant plus sanglant qu’on
l’aura préparé davantage, frappent maintenant
à un tel point l’esprit des peuples et des gouver
nements, que la situation de l’Europe en a reçu
comme une détente et qu’il est permis d’entre
voir qu’en mourant le siècle qui va disparaître
léguera au vingtième siècle une Europe pacifiée
par le seul empire de la justice et du droit.
Pour nous, notre avenir, notre grandeur,
notre existence même est liée à la solution des
graves.problèmes de l’équilibre général à réta
blir en Europe. Et nous ne parlons pas seule
ment de l’équilibre politique ; mais aussi de
l’équilibre économique et social. Déjà, pour in
visible qu’elle a été, notre influence a favorisé
l’accomplissement de quelques progrès.
La France a repris son rang parmi les grandes
nations ; elle a fourni à maintes reprises la
preuve que son influence s’exercait exclusive
ment en faveur des œuvres de paix politique et
sociale. Il faut que son action future sur les
grandes solutions internationales soit préparée
de longue main et, pour cela, il est indispensa
ble, sous un régime de suffrage universel, que
les électeurs et les élus s’intéressent aux pro
blèmes de la politique étrangère.,
C’est un progrès républicain de plus à réali
ser.
Gaston Cadoux.
L’ÉCOLE LAÏQUE
On sait au prix de quels efforts et de quelles
difficultés a été votée et exécutée l’œuvre libéra
trice de la laïcisation.
Nous voici, malgré les timidités, les hésitations
inexplicables d’un grand nombre d’administra
teurs, sur le point de toucher au terme. Et subite
ment nous sommes menacés de voir tous nos
efforts perdus et la conquête la plus glorieuse et
la plus féconde de la République, la conquête de
l’école, compromise !
Des conseils généraux dits républicains ont,
comme on le sait, émis le vœu que les curés aient
le droit d’aller dans l’école même donner des
leçons de catéchisme aux élèves dont les parents
le demanderaient.
Or, il ne faudrait pas peser d’un fort poids sur
nos administrateurs, si enclins à la conciliation,
pour les décider à faire de ce vœu, une réalité.
Et le prêtre à l’école, c’est l’école au prêtre !
Nous le voyons bien par les encombrants aumô
niers de nos lycées.
Républicains pusillanimes qui rouvrez aux
ministres du culte catholique les portes de l’école
dont vous avez eu tant de peine à les chasser,
d’où vient votre faiblesse ?
Prenez-vous à la lettre les encycliques pontifi
cales ? Croyez-vous sincère et désintéressée une
conversation qui ne peut être que feinte et qu’é
goïste, et dans votre aveuglement rêvez-vous
l’alliance monstrueuse du catholicisme et de la
Révolution ?
Mais ces deux ennemis sont irréconciliables,
comme la superstition et la raison ; et leur guerre
durera jusqu’à l’anéantissement de l’un des deux
adversaires.
Etes-vous inspirés peut-être par un esprit de
tolérance et de libéralisme ?
Mais songez donc que vous en serez les premières
victimes, et que votre erreur est un crime puisque
vous vous livrez et vous livrez la République à
ses ennemis les plus intolérants et les plus auto
ritaires.
L’histoire est là pour l’affirmer.
Croyez-vous enfin à la nécessité d’un idéal, et
peut-être n’admettez-vous d’autre idéal que l’idéal
religieux ?
Mais alors que deviennent et la science et l’art
et le progrès humain, et les aspirations géné
reuses vers un avenir d’égalité sociale et de fra
ternité universelle ? A qui donnez-vous la palme ?
A l’ermite inutile dans son désert, au moine en
seveli vivant dans son cloître, ou à l’homme
d’action, artiste, industriel ou savant, se dévouant
au bien général, apportant une œuvre ou une
idée, réalisant un progrès, enrichissant au prix
de labeurs et de sacrifices de toutes sortes le patri
moine matériel et moral de la société ?
Le véritable idéal n’est-il pas daïis le triomphe
de la raison confiante en elle-même, dans l’amour
du devoir accompli avec désintéressement, par
conscience, et non par la crainte du bûcher ou
de la prison dans cette vie, des flammes d’un
problématique enfer dans une seconde vie que
rien ne démontre ?
C’est vers cet idéal véritablement humain, et
rationnellement supérieur à tout autre, que
l’école laïque élève l’esprit de nos jeunes géné
rations.
L’idéal religieux est un idéal à rebours : il
faut se bander les yeux et marcher à reculons
pour l’atteindre ; or, la France républicaine veut
aller vers l’avenir, éclairée par les lumières de
la raison et de la conscience de jour en jour
plus brillantes et à jamais victorieuses des ténè
bres de la superstition !
Laissez à leurs chimères ces apôtres du passé
et ne livrez pas à l’effritement ou à la fissure
cléricale cette pierre angulaire de l’édifice répu
blicaine : l’école laïque.
LAVAGE DE LINGE SALE
On lit dans Y Autorité :
« Mon collègue, M. Pichon, me prend à partie,
dans la Justice , d’une façon bien peu équitable.
« Il me dit :
s Toute l’habileté du député du Gers ne le tirera
« pas de ce dilemme, que nous avons déjà posé et
« auquel il ne répondra pas : « Vous êtes mal
« venu à dénoncer la versatilité d’opinions d’un
« homme avec lequel vous n’avez cessé de colla»
« feorer que le jour où il n’a plus été de votre
« avis. Vous n’avez pas le droit de trouver éton-
« nant qu’il ait été successivement bonapartiste,
« monarchiste et boula ngiste, puisque, sous ces
« trois aspects, il était votre auxiliaire et votre
« ami. Si ces changements d’opinion étaient con-
« damnables au point où vous le dites aujourd’hui,
« comment se fait-il que vous les ayez trouvés
« tout naturels et même excellents... quand ils
* se produisaient ? Vous êtes donc bien respec
te tueux des lois de l’Eglise — car le Syllabus ,
« qui donne au Pape le droit d’intervenir dans la
« politique, en est une, j’imagine — que vous
« considériez comme une trahison de s'incliner
« devant les instructions de la Papauté ? »
« Non, M. de Cassagnac ne répondra pas.
« Pardon ! M. de Cassagnac répondra, et en
voici la preuve !
« Et tout d’abord, je le répète à M. Pichon, il
n’est pas juste à mon endroit quand il suppose
gratuitement que je me trouve enfermé dans son.
dilemme, ou plutôt dans son prétendu dilemme,
faible barrière qu’un enfant escaladerait facile
ment.
« Je n’en veux pas à M. de Breteuil d’avoir
eu des opinions successives.
« Il a été impéraliste, d’abord ; royaliste
ensuite ; mais monarchiste tout le temps-, en
somme.
« Car un impérialiste est moins éloigné d’un
royaliste que M. Pichon, républicain radical, de
M. Reinach, républicain opportuniste.
« De plus, M. de Breteuil n’a jamais été bon»
langiste, pas plus que moi.
« Nous avons utilisé le boulangisme, mais nous
ne l’avons jamais adopté.
* C’est comme monarchistes que nous nous en
servions et pour la monarchie.
« Le reproche que je fais à M. de Breteuil n’est
pas là.
« Ce que je ne saurais lui pardonner, c’est
d’avoir pris Rengagement, devant ses électeurs,
de combattre la République plus que jamais, et
d’avoir, au milieu de la bataille, dans le moment
le plus âpre, jeté son sac et son fusil, plantant là
les camarades et rentrant bruyamment chez lui,
ayant l’air de blâmer, par-dessus le marché, ceux
qui ne faisaient pas comme lui et qui, bravement,
continuent de lutter.
« Voilà ce qu’un homme politique sérieux ne
doit jamais faire, surtout lorsque, dans son passé,
il avait assumé toutes les responsabilités et toutes
les solidarités qu'on sait.
« La désertion est toujours vilaine, très vilaine
chose, et ce n’est pas mon collègue, M. Pichon,
qui la louera, dût-il en profiter pour son parti.
« J’ajouterai, que M. Pichon fait erreur encore
lorsqu’il me prête la pensée, que je n’ai jamais
eue, « de considérer comme une trahison de
* s’incliner devant les instructions de la Papauté. »
« M. Pichon, qui s’est fait une spécialité, à la
Chambre, des questions antireligieuses, sait aussi
bien que moi que l’obéissance au Pape, sur les ma
tières purement politiques, est tout à fait facultative,
et que chacun de nous a le droit de s’incliner on
de ne pas s’incliner « devant les instructions de
« la Papauté. »
« C’est une vérité tellement banale que nous ne
ferons pas à M. Pichon l’injure d’insister.
« Mais ceci dit, ceci nettement établi, nous ne
saurions, dans aucun cas, accuser de trahison
le catholique sincère qui s’inclinerait « devant les
« instructions de la Papauté. »
« Le Français qui obéit au Pape, même en
matière politique, où il est libre, entièrement
libre, n’est pas et ne sera jamais un traître.
« Dire cela serait dire une absurdité et manquer
de respect au Saint-Père, qui ne conseille de
trahisons à personne.
« Mais, pour mériter le respect qui s’attache A
un tel changement politique, changement qui fait
de vous le monarchiste de la veille, un républi
cain du jour, au moins faut-il que le ralliement
soit franc, loyal et sans arrière-pensée !
« Au moins faut-il que ce ne soit pas un misé
rable et faux prétexte pour couvrir une conduit©
inavouable et donner le change à l’opinion publi
que sur les véritables motifs de cette obéissance
au Pape !
« Or, la plupart des ralliés, presque tous,
n’ont accepté les instructions de Rome que pour
masquer une trahison qui était déjà méditée, et
qui, parfois, était déjà commencée.
« Car l’Encyclique n’a converti personne.
« Mais elle a été le pont par lequel se sont
empressés de passer tous les fuyards, tous les
lâcheurs, tous les fatigués de la monarchie.
« Ainsi M. de Breteuil invoque l’autorité du
Pape uniquement parce qu’il sent l’an ondissemenfe
d’Argelès se dérober so'us ses pieds.
« Si l’arrondissement eût tenu bon, M. de Bre
teuil se fût faiblement soucié des instructions
venues de Rome.
« Dans ce cas-là, l’Encyclique n’est qu’un pré
texte, un mauvais prétexte !
« Prétexte est aussi l’Encyclique dans le cas
de M. du Bourg et autres blancs d’Espagne qui
ont refusé de reconnaître M. le comte de Paris l
-y
t re Année — B* 48 — Samedi S Septembre 1892. CINQ CENTIMES LE NUMERO l re Année — H fatlidor An IM — ü° 48.
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIBR, 15
=
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
CONSEILjjENÉRAL
La session d’été du Conseil général dé la
Seine-Inférieure s’est terminée jeudi soir par
le vote du budget.
Parmi les questions importantes traitées au
cours de eette session, notons celles relatives
à la participation du département aux tra
vaux de la Basse-Seine ; — aux bâtiments
des archives; — à l’hygiène, qui ont rompu
la monotonie des travaux ordinaires de cette
assemblée.
Pour quiconque assiste en curieux aux
séances du Conseil général, ce qui frappe en
effet tout d’abord, c’est le long défilé des rap
ports lus au nom des commissions et qui ne
sont que bien rarement interrompus ou dis
cutés par les membres présents. Cela tient à
différentes causes. Les rapports ne sont, en
effet, tiop souvent que la reproduction des
propositions de M. le Préfet ou des chefs de
service. Ajoutons que la Droite du Conseil,
fortement diminuée lors des dernières élections
cantonales, et toute à sa douleur d’avoir
perdu plusieurs collègues en réaction, parmi
lesquels M. de Montfort, son chef, n’ose même
plus faire d’opposition. Quelques-uns songent
même à se rallier et font des avances aux
républicains.
Certains critiques ont été formulées contre
la direction donnée aux travaux du Conseil
général. Un groupe, en tête duquel M. Lemon-
nier, un des secrétaires du Conseil, pense qu’il
serait bon d’infuser un sang plus jeune au
bureau présidé par M. Cordier, à qui Ton
. reproche de manquer de ïermeté. Nous sommes
curieux de savoir ce qui sortira de cette cam
pagne engagée dans la dernière session.
En dehors des questions de personnes, il y
aurait de sérieuses réformes à opérer dans le
fonctionnement de cette assemblée. N'est-ce
pas en effet une dérision que de fixer des
séances à trois et quatre heures du soir, alors
qu’on pourrait utilement travailler le matin
dans les commissions, et le soir, à partir de
deux heures, en séance publique ?
Il est vrai, qu’avec ce système, on siégerait
six jours au lieu de douze. Mais où serait
le mai ? L’importance d’une assemblée doit-
elle se mesurer à la lenteur qu’elle apporte
dans ses délibérations ?
Certaines pièces de théâtre ne sont suppor-
portables qu’à condition d’être promptement
expédiés, d’être brûlées, comme on dit. Il en
est parfois de même sur la scène de la poli
tique et de l’administration. La maxime
« chi va piano va sano » y est rarement de
mise.
LE CHOLERA
Il ne sert de rien de le taire ici, alors que
toute la presse de Paris et des départements le
répète à l’envi : le choléra est en France.
A l’état sporadique à Paris, pendant quelques,
semaines, il a fait subitement invasion dans
différents centres, avec une rapidité qui, au
premier abord, a quelque peu déconcerté. Il
paraît certain qu’il nous est parvenu par la voie
de Hambourg, véritable foyer de pestilence
cholérique. Responsabilité terrible pour le Con
sul de France, dans cette ville, si, comme on l’a
affirmé, il a négligé de prévenir le gouverne-
ment français, bien que les premiers cas dus
sent être connus de lui, dès la fin de juin ! Si
cette faute a été commise, il faut espérer qu’elle
ne restera pas impunie.
Quoi qu’il en soit de l’origine du mal, on a
pris, au Havre, des mesures énergiques pour
l’enrayer. D’accord avec le corps médical ha-
vrais, vigoureusement mené, dans la circons
tance, par M. le docteur Gibert, la municipalité
a fait ce que commandaient les circonstances.
On ne ne peut que l’en féliciter.
A nos poncitoyens de conserver le calme qui
est, dans la lutte contre les fléaux de ce genre,
comme dans les batailles, la moitié de la vic
toire.
Avec une hygiène rigoureuse, dont la pre
mière condition est une sobriété absolue, on est
sûr d’écarter de soi toutes chances de danger.
La Politique extérieure et les Républicains
La République est maintenant partout triom
phante ; elle a conquis l’immense majorité des
électeurs, et la décomposition de l’arrière-
garde de l’opposition monarchique vient encore
de fournir la preuve que, désormais, il ne sau
rait plus être question de discuter sérieusement,
devant aucune fraction des électeurs, la terme
du gouvernement.
La période de lutte aiguë du parti républi
cain a donc réellement pris fin. Le moment est
venu pour nous, électeurs, comme pour nos
représentants, débarrassés des mesquineries des
luttes contre les ennemis de l’intérieur, de re
garder davantage hors de France et de suivre,
avec une attention plus soutenue qu’autrefois,
l’action française, pour la mieux diriger à l’a
venir.
Déjà l’on s’occupe plus généralement que par
le passé d’une importante partie de notre action
hors de France, de celle qui touche à notre
politique coloniale ; mais il jiqus paraît que
Füfutre fraction de ce rayonnement naturel d’une
grande nation : la politique extérieure, est en
core tropNlélaissé, par les électeurs et par les
élus.
A part une dizaine de spécialistes à la Cham
bre des députés, quelques anciens ministres ou
ambassadeurs au Sénat, on afl’ecte trop de né
gliger la politique étrangère qui n’a pas un rap
port direct avec notre action coloniale. Selon
nous, c’est un défaut grave auquel il n’est que
temps de remédier.
Il n’est pas bon que, seuls, quelques hommes,
plus ou moins en communion d’idées avec la
masse des électeurs, aient la compétence indis
pensable pour diriger notre politique étrangère.
11 est également nécessaire que la majorité des
citoyens apprécie l’importance d’une action sui
vie, méthodique de notre diplomatie, et que le
pays comprenne cette action.
Le développement de notre influence exté
rieure reste — plus que jamais à une époque où
triomphe la politique réaliste — un élément es
sentiel de notre existence matérielle, politique
et économique de demain.
On a dit que ce siècle risque fort de s’achever
dans des luttes gigantesques, la plupart des na
tions européennes ayant manqué leurs destinées
ou n’en ayant demandé l’accomplissement qu’à
la négation brutale du droit et de la liberté. On
peut espérer aujourd’hui que cette prophétie
sera vaine.
Il est avéré que les effroyables conséquences
d’un conflit général, d’autant plus sanglant qu’on
l’aura préparé davantage, frappent maintenant
à un tel point l’esprit des peuples et des gouver
nements, que la situation de l’Europe en a reçu
comme une détente et qu’il est permis d’entre
voir qu’en mourant le siècle qui va disparaître
léguera au vingtième siècle une Europe pacifiée
par le seul empire de la justice et du droit.
Pour nous, notre avenir, notre grandeur,
notre existence même est liée à la solution des
graves.problèmes de l’équilibre général à réta
blir en Europe. Et nous ne parlons pas seule
ment de l’équilibre politique ; mais aussi de
l’équilibre économique et social. Déjà, pour in
visible qu’elle a été, notre influence a favorisé
l’accomplissement de quelques progrès.
La France a repris son rang parmi les grandes
nations ; elle a fourni à maintes reprises la
preuve que son influence s’exercait exclusive
ment en faveur des œuvres de paix politique et
sociale. Il faut que son action future sur les
grandes solutions internationales soit préparée
de longue main et, pour cela, il est indispensa
ble, sous un régime de suffrage universel, que
les électeurs et les élus s’intéressent aux pro
blèmes de la politique étrangère.,
C’est un progrès républicain de plus à réali
ser.
Gaston Cadoux.
L’ÉCOLE LAÏQUE
On sait au prix de quels efforts et de quelles
difficultés a été votée et exécutée l’œuvre libéra
trice de la laïcisation.
Nous voici, malgré les timidités, les hésitations
inexplicables d’un grand nombre d’administra
teurs, sur le point de toucher au terme. Et subite
ment nous sommes menacés de voir tous nos
efforts perdus et la conquête la plus glorieuse et
la plus féconde de la République, la conquête de
l’école, compromise !
Des conseils généraux dits républicains ont,
comme on le sait, émis le vœu que les curés aient
le droit d’aller dans l’école même donner des
leçons de catéchisme aux élèves dont les parents
le demanderaient.
Or, il ne faudrait pas peser d’un fort poids sur
nos administrateurs, si enclins à la conciliation,
pour les décider à faire de ce vœu, une réalité.
Et le prêtre à l’école, c’est l’école au prêtre !
Nous le voyons bien par les encombrants aumô
niers de nos lycées.
Républicains pusillanimes qui rouvrez aux
ministres du culte catholique les portes de l’école
dont vous avez eu tant de peine à les chasser,
d’où vient votre faiblesse ?
Prenez-vous à la lettre les encycliques pontifi
cales ? Croyez-vous sincère et désintéressée une
conversation qui ne peut être que feinte et qu’é
goïste, et dans votre aveuglement rêvez-vous
l’alliance monstrueuse du catholicisme et de la
Révolution ?
Mais ces deux ennemis sont irréconciliables,
comme la superstition et la raison ; et leur guerre
durera jusqu’à l’anéantissement de l’un des deux
adversaires.
Etes-vous inspirés peut-être par un esprit de
tolérance et de libéralisme ?
Mais songez donc que vous en serez les premières
victimes, et que votre erreur est un crime puisque
vous vous livrez et vous livrez la République à
ses ennemis les plus intolérants et les plus auto
ritaires.
L’histoire est là pour l’affirmer.
Croyez-vous enfin à la nécessité d’un idéal, et
peut-être n’admettez-vous d’autre idéal que l’idéal
religieux ?
Mais alors que deviennent et la science et l’art
et le progrès humain, et les aspirations géné
reuses vers un avenir d’égalité sociale et de fra
ternité universelle ? A qui donnez-vous la palme ?
A l’ermite inutile dans son désert, au moine en
seveli vivant dans son cloître, ou à l’homme
d’action, artiste, industriel ou savant, se dévouant
au bien général, apportant une œuvre ou une
idée, réalisant un progrès, enrichissant au prix
de labeurs et de sacrifices de toutes sortes le patri
moine matériel et moral de la société ?
Le véritable idéal n’est-il pas daïis le triomphe
de la raison confiante en elle-même, dans l’amour
du devoir accompli avec désintéressement, par
conscience, et non par la crainte du bûcher ou
de la prison dans cette vie, des flammes d’un
problématique enfer dans une seconde vie que
rien ne démontre ?
C’est vers cet idéal véritablement humain, et
rationnellement supérieur à tout autre, que
l’école laïque élève l’esprit de nos jeunes géné
rations.
L’idéal religieux est un idéal à rebours : il
faut se bander les yeux et marcher à reculons
pour l’atteindre ; or, la France républicaine veut
aller vers l’avenir, éclairée par les lumières de
la raison et de la conscience de jour en jour
plus brillantes et à jamais victorieuses des ténè
bres de la superstition !
Laissez à leurs chimères ces apôtres du passé
et ne livrez pas à l’effritement ou à la fissure
cléricale cette pierre angulaire de l’édifice répu
blicaine : l’école laïque.
LAVAGE DE LINGE SALE
On lit dans Y Autorité :
« Mon collègue, M. Pichon, me prend à partie,
dans la Justice , d’une façon bien peu équitable.
« Il me dit :
s Toute l’habileté du député du Gers ne le tirera
« pas de ce dilemme, que nous avons déjà posé et
« auquel il ne répondra pas : « Vous êtes mal
« venu à dénoncer la versatilité d’opinions d’un
« homme avec lequel vous n’avez cessé de colla»
« feorer que le jour où il n’a plus été de votre
« avis. Vous n’avez pas le droit de trouver éton-
« nant qu’il ait été successivement bonapartiste,
« monarchiste et boula ngiste, puisque, sous ces
« trois aspects, il était votre auxiliaire et votre
« ami. Si ces changements d’opinion étaient con-
« damnables au point où vous le dites aujourd’hui,
« comment se fait-il que vous les ayez trouvés
« tout naturels et même excellents... quand ils
* se produisaient ? Vous êtes donc bien respec
te tueux des lois de l’Eglise — car le Syllabus ,
« qui donne au Pape le droit d’intervenir dans la
« politique, en est une, j’imagine — que vous
« considériez comme une trahison de s'incliner
« devant les instructions de la Papauté ? »
« Non, M. de Cassagnac ne répondra pas.
« Pardon ! M. de Cassagnac répondra, et en
voici la preuve !
« Et tout d’abord, je le répète à M. Pichon, il
n’est pas juste à mon endroit quand il suppose
gratuitement que je me trouve enfermé dans son.
dilemme, ou plutôt dans son prétendu dilemme,
faible barrière qu’un enfant escaladerait facile
ment.
« Je n’en veux pas à M. de Breteuil d’avoir
eu des opinions successives.
« Il a été impéraliste, d’abord ; royaliste
ensuite ; mais monarchiste tout le temps-, en
somme.
« Car un impérialiste est moins éloigné d’un
royaliste que M. Pichon, républicain radical, de
M. Reinach, républicain opportuniste.
« De plus, M. de Breteuil n’a jamais été bon»
langiste, pas plus que moi.
« Nous avons utilisé le boulangisme, mais nous
ne l’avons jamais adopté.
* C’est comme monarchistes que nous nous en
servions et pour la monarchie.
« Le reproche que je fais à M. de Breteuil n’est
pas là.
« Ce que je ne saurais lui pardonner, c’est
d’avoir pris Rengagement, devant ses électeurs,
de combattre la République plus que jamais, et
d’avoir, au milieu de la bataille, dans le moment
le plus âpre, jeté son sac et son fusil, plantant là
les camarades et rentrant bruyamment chez lui,
ayant l’air de blâmer, par-dessus le marché, ceux
qui ne faisaient pas comme lui et qui, bravement,
continuent de lutter.
« Voilà ce qu’un homme politique sérieux ne
doit jamais faire, surtout lorsque, dans son passé,
il avait assumé toutes les responsabilités et toutes
les solidarités qu'on sait.
« La désertion est toujours vilaine, très vilaine
chose, et ce n’est pas mon collègue, M. Pichon,
qui la louera, dût-il en profiter pour son parti.
« J’ajouterai, que M. Pichon fait erreur encore
lorsqu’il me prête la pensée, que je n’ai jamais
eue, « de considérer comme une trahison de
* s’incliner devant les instructions de la Papauté. »
« M. Pichon, qui s’est fait une spécialité, à la
Chambre, des questions antireligieuses, sait aussi
bien que moi que l’obéissance au Pape, sur les ma
tières purement politiques, est tout à fait facultative,
et que chacun de nous a le droit de s’incliner on
de ne pas s’incliner « devant les instructions de
« la Papauté. »
« C’est une vérité tellement banale que nous ne
ferons pas à M. Pichon l’injure d’insister.
« Mais ceci dit, ceci nettement établi, nous ne
saurions, dans aucun cas, accuser de trahison
le catholique sincère qui s’inclinerait « devant les
« instructions de la Papauté. »
« Le Français qui obéit au Pape, même en
matière politique, où il est libre, entièrement
libre, n’est pas et ne sera jamais un traître.
« Dire cela serait dire une absurdité et manquer
de respect au Saint-Père, qui ne conseille de
trahisons à personne.
« Mais, pour mériter le respect qui s’attache A
un tel changement politique, changement qui fait
de vous le monarchiste de la veille, un républi
cain du jour, au moins faut-il que le ralliement
soit franc, loyal et sans arrière-pensée !
« Au moins faut-il que ce ne soit pas un misé
rable et faux prétexte pour couvrir une conduit©
inavouable et donner le change à l’opinion publi
que sur les véritables motifs de cette obéissance
au Pape !
« Or, la plupart des ralliés, presque tous,
n’ont accepté les instructions de Rome que pour
masquer une trahison qui était déjà méditée, et
qui, parfois, était déjà commencée.
« Car l’Encyclique n’a converti personne.
« Mais elle a été le pont par lequel se sont
empressés de passer tous les fuyards, tous les
lâcheurs, tous les fatigués de la monarchie.
« Ainsi M. de Breteuil invoque l’autorité du
Pape uniquement parce qu’il sent l’an ondissemenfe
d’Argelès se dérober so'us ses pieds.
« Si l’arrondissement eût tenu bon, M. de Bre
teuil se fût faiblement soucié des instructions
venues de Rome.
« Dans ce cas-là, l’Encyclique n’est qu’un pré
texte, un mauvais prétexte !
« Prétexte est aussi l’Encyclique dans le cas
de M. du Bourg et autres blancs d’Espagne qui
ont refusé de reconnaître M. le comte de Paris l
-y
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.05%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.05%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263249k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263249k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263249k/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263249k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263249k