Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1892 01 octobre 1892
Description : 1892/10/01 (N49). 1892/10/01 (N49).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632507
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
1” Année — N° 49 — Samedi 1 er Octobre 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
l re Année —10
101 — N° 49.
Réveil
Havre
p a
/'/
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
AMÏiiVISTRATlON & RÉDACTION
15. RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX UES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
A NOS ADONNÉS,
A NOS LECTEURS.
Suspendue depuis le 3 septembre dernier,
la publication du Réveil du Havre reprend son
cours régulier à compter de ce jour.
Par suite de nécessités administratives pro
venant de modifications dans le groupe poli
tique qui soutient ce journal de sa collabo
ration et de ses subsides — une œuvre démo
cratique exige toujours des sacrifices de temps
et d’argent, — un remaniement du Réveil a
été jugé nécessaire.
Nous 11 ’avons jamais songé à laisser sans
organe la nuance d’opinion dont le Réveil s’est
inspiré depuis sa fondation. Les campagnes
qui ont été menées ici même, dans le domaine
de la laïcisation des services publics, dans
celui de l'instruction primaire, dans celui des
questions politiques et économiques, indi
quent assez que, dans maintes reprises, nous
nous sommes rencontrés, — peut-être après
l’avoir devancée, — avec une fraction notable
de l’opinion publique. Les adhésions qui nous
sont rapidement venues, T accroissement rapi
de du nombre de nos abonnés nous invitent à
poursuivre, avec plus d’ardeur que jamais, la
tâche que nous avons entreprise.
Au début de notre seconde année de publi
cation, nous considérons comme un devoir de
remercier nos amis politiques de leur précieux
' concours. Nous sommes persuadés qu’ils s’ef
forceront de répandre, par tous les moyens en
leur pouvoir, cet organe de propagande démo
cratique et sociale, et de critique indépen
dante.
Aussi bien, bon nombres’di questions de pre
mier ordre s’imposent-elles à l'attention des ré
publicains, et exigent-elles leur sollicitude.
A cette époque où une partie de l’état-major
réactionnaire passe dans le camp républicain,
avec l’intention certaine, avouée même parfois
avec une audace candide, d’en chasser le sou-
vriers de la première heure, il est bon que les
républicains n’abandonnent pas ce que, dans
notre premier numéro, nous appelions leur
•devoir de vigilance. Tout par les républicains
sincères : voilà, sur ce terrain, la seule solution
que nous admettions, au point de vue élec
toral.
Les questions sociales dont l’importance
s’accroît chaque jour, continueront d’avoir
toute notre attention.
Nous étudierons aussi, dans le Réveil, tout
•ce qui est relatif à la durée des heures de tra
vail, à la situation de la femme, à l’assurance
-aux accidents du travail, en un mot, à tout ce
qui rentre, aujourd’hui, dans le cadre si vaste
des réformes sociales. Nous sommes persua
dés, eu effet, que ces questions présentent,
dans notre société, un caractère d’urgence,
qui réside à la fois dans l’acuité de certains
abus et dans la conscience que la classe ou
vrière possède enfin de sa force.
Tel est, en effet, aujourd’hui, de l’aveu des
.républicains les plus éminents, l’œuvre à
accomplir par la République. Elle ne faillira
pas au grand rôle que le progrès moderne,
que les nécessités historiques lui imposent.
11 lui appartient de grouper toutes les bonnes
volontés, de faire concourir toutes les intelli
gences et tous les dévouements à cette grande
œuvre don tle second siècle de la République
-doit voir l’accomplissement.
VIVE LA RÉPETHIQUE !
TJue œuvre comme la nôtre exige de la
part de ceux qui en prennent la charge cer
tains sacrifices ; nous croyons ne pas être,
indiscrets en y faisant participer nos lecteurs.
Les nécessités inhérentes à la publication
d’un journal hebdomadaire nous forcent a
élever à Dix Centimes le prix du Numéro.
Tous les républicains convaincus, qui ont à
cœur le dével )p[ em jnt de nos idées*commu
nes, accepteront, nous n’en doutons pas, cette
modification.
Nous commençons ajourd’hui :
Les Mystères du Havre ■
L’ÉTRAHGLETJSE
Roman dramatique, inédit, par A. Mettling
C’est un ouvrage original, du plus puissant in
térêt que nous offrons à nos lecteurs
C’est un drame empoignant dès les premières
pages, dont les péripéties auront pour cadre le
Havre, il y aura pour eux plus d’une révélation
de lieux et de choses qu’ils ignorent.
Le talent de l’auteur a su décrire d’une façon
magistrale les scènes palpitantes, les situations
dramatiques qu’abondent dans cette histoire locale
absolument inédite, que tout le monde voudra
lire, surtout les amateurs de romans intéressants,
bien écrits, car celui-ci sort de la manière ordi
naire et banale des romans-feuilletons journelle
ment publiés.
Nous nous flattons d’offrir à nos lecteurs une
œuvre profonde, morale dans sa conception, qu’ils
suivront avec un intérêt croissant.
.«ggfr».
CARMAUX
11 se passe actuellement à Carmaux des
faits bien étranges et qui, il faut en conve
nir, ne présentent pas sous un jour favorable
la politique de notre ministre de l’Intérieur.
Si nous croyons devoir appeler sur ce point
l’attention de nos concitoyens, c’est que nous
constatons avec regret que, dans notre presse
quotidienne du Havre, aucun organe n’a osé
aborder franchement la questiod, en s’inspi
rant à la fois des intérêts de la classe ouvrière
et des droits du suffrage universel.
Le problème nous paraît cependant bien
simple à poser et non moins simple à résoudre.
Un ouvrier ajusteur d’une compagnie mi
nière, Calvignac, est nommé conseiller munici
pal, puis maire de Carmaux, puis conseiller
d’arrondissement. En l’élisant, ses camarades
ont considéré qu’ils seraient mieux défendus
par lui que par tout autre : c’était évidem
ment leur droit comme c’était le devoir de
Calvignac d’exécuter le mandat confié par ses
concitoyens. U y a assez longtemps qu’on
répète aux ouvriers, pour les détourner des
solutions violentes, qu’ils sont souverains,
grâce au bulletin de vote, pour qu’ils fassent
usage de leur souveraineté.
Mais Calvignac n'est pas seulement admi
nistrateur communal, il est salarié d’une com
pagnie. Et quelle est cette compagnie ? Elle
se compose, comme toujours, d’actionnaires
qui ne demandent qu’à toucher de gros divi
dendes et d’un conseil d’administration dont
le devoir consiste à sauvegarder tous les inté
rêts enjeu dans l’industrie qu’il dirige. Quel
est le Président de ce conseil d’administra
tion ? Sur ce point il est bon de faire un peu
de biographie.
Le Président de ce conseil est M. le baron
Reille, 1 nommé député en 1869 comme candi
dat officiel de l’empire, réélu comme monar
chiste en 1876, nommé sous-secrétaire d’Etat
au ministère de l’Intérieur sous M. de Fourtou.
et, finalement, réélu en 1887, en 1879, en
1881, en 1885 et en 1889, toujours comme
monarchiste militant. Ce n’est même pas un
rallié.
Il ne faut pas être grand clerc pour prévoir
ce qui va se passer.
L’homme de l’Empire et du 16 mars, mis
en présence de l’homme du peuple, du répu
blicain investi de fonctions publiques, verra
se réveiller en lui, avec les haines de caste, le
ressentiment des défaites subies par le parti
conservateur. Ce n’est plus un patron qui fait
la police de ses chantiers, c’est nn adversaire
politique qui use de représailles.
Nous ne rappellerons ici que pour mémoire
les incidents que tout le monde connaît : —
la grève décidée à la suite du renvoi brutal
de Calvignac par la compagnie; — l’envoi à
Carmaux de troupes avec état-major logé
chez les gros bonnets de la compagnie ; —
les insinuations malveillantes lancées contre
Calvignac par le conseil d’administration et
facilement réfutées ; — l’attitude calme et
digne de toute une population ouvrière.
Et pendant ce temps, que fait le gouverne
ment ? 11 attend, l’arme au bras, que la grève
cesse faute de subsides ou qu’une étincelle
fasse sauter la poudrière, comme à Fourmies.
Belle alternative en vérité!
Qu’on ne dise pas que le pouvoir central
n’a rien à voir dans la question et que
M. Loubet, en restant neutre, se confine dans
son rôle légal. Nous ne sommes pas ici en
matière ordinaire. Les mines sont soumises à
un régime spécial. Le gouvernement a un
droit de surveillance sur les mines, consacré
par l’article 49 de la loi du 21 avril 1810 :
« Art. 49. — Si l’exploitation est restreinte
« ou suspendue, de manière à inquiéter la
« mateurs, les préfets, après avoir entendu
« les propriétaires, en rendront compte au
« ministre de l’intérieur pour y être pourvu
« ainsi qu’il appartiendra. »
Ce droit de contrôle de l’Etat, on peut le
dire illimité, peut aller jusqu’au retrait de la
concession.
L’ordonnance du 26 mars 1843 a consacré
les mêmes principes. Ils valent bien, certes,
ceux qu’invoque par dérision la Compagnie,
pour tenir en échec toute une population ou
vrière.
Armé de cette législation, le ministre de
l’intérieur peut dire au baron Reille et à ses
collègues : * Vous, administrateurs d’une
Compagnie à qui l'État a concédé un mono
pole, sous condition de n’en pas abuser, vous
avez jugé bon de faire de la politique, au ris
que de compromettre l’exploitation de la
mine. Non-Seulement vous mettez en ques
tion les droRS'dtr suffrage universel, que nous
avons mission de défendre, mais vous com
promettez la sûreté publique en suspendant le
travail de toute une population ouvrière, pro
voquée par vos actes. Cédez sans délai ; ac
ceptez tout au moins l’arbitrage, sinon nous
agissons. »
Il est certain que si l’on tenait ce langage aux
puissants barons de la féodalité industrielle,
l’énergie du gouvernemant les ferait réflé
chir.
Mais le gouvernement ne bouge toujours'
pas 11 laisse les Reille et autres hommes du
J 6 Mai poursuivre leur œuvre néfaste de di
vision sociale. Appelé à se prononcer entre le&
revendications si légitimes de la classe ouvrière
et les exigences absurdes de certains pa
trons, il couvre ces derniers de sa protection.
De sorte que l’ouvrier s'aperçoit enfin qu’en
dépit des belles promesses des harangues offi
cielles qui ont réveillé naguère les échos du
Panthéon, le bulletin -de vote ne donne pas
encore à l’ouvrier républicain plus de droits
qu’il n’en avait sous l’Empire. N’est-ce pas
la meilleure propagande qu’on puisse faire en
faveur de la Révolution sociale ?
Voilà où nous en sommes en l’année du
centenaire de la République : un monarchiste
peut, défier impunément toute une population
républicaine.
En vérité, les hommes de la Convention,
en dépit des fleurs dont on couvre, dont on
accable même leurs tombes, pour les empê
cher sans doute d’en sortir, n'auraient guère
lieu d’être fiers de leurs successeurs, s’ils pou
vaient lever la pierre des tombeaux ! Et Dan
ton, ennemi de tous les aristocrates, sourirait
étrangement, s’il voyait, cent ans après lasup-
pression desprivilèges, le président du Conseil
Loubet couvrir de ses baïonnettes, contre les
défenseurs de la République, un ci-devant
bâton Reille, ancien sous-ministre du gou
vernement des curés !
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Election législative du 25 septembre.—
Vienne (i re circonscription de Poitiers. —
MM. Bazille, républicain.. 7,038 v., Elu
Henri Deloncle » . 3,356 v.
en remplacement de M. de Touchimbert, monar
chiste, décédé.
Chronique électorale. — Une élection
sénatoriale doit avoir lieu le 16 octobre dans le
Calvados, pour remplacer M. Levalley, sénateur
républicain, décédé.
Cinq candidats sont en présence : MM. Anne
vétérinaire, conseiller général de Bourguebus • le
baron Brunet, ancien secrétaire du prince Napo
léon et conseiller général de St-Pierre-sur-Dives *
Duchesne-Fournet, ancien député et conseiller
général de Blangy ; Jullien,-conseiller général de
Pont—1 Evêque, et Legoux-Longpré, vice-président
de la bociété d’encouragement du demi-sang.
Ils sont, paraît-il, tous républicains, ce qui n’a
1 .d extraordinaire, puisque l’on sait qu’auiour-
d’hui tout le monde l’est 1 4 J
Les électeurs sénatoriaux sont également con
voqués pour le 16 octobre dans la Haute-V ienne
à l’effet de remplacer M. Teisserenc de Bort*
décédé. Quatre candidats se présentent : MM.
Albert Le Play, fils de l’économiste ; Jean Codet
ancien sous-préfet et ancien député; Pierre Ley-
senne, mspecteurgénéraldel'instruction publique;
Jules Martin, inspecteur général des ponts-et-
chaussées, en retraite.
DÉVOUEMENT LAÏQUE
On sait avec quelle obstination les cléricaux
s’emparent de la moindre occasion pour exalter les
vertus du personnel congréganiste des adminis
trations, et pour rabaisser le mérite du personnel
laïque. Les incidents les plus minimes sont par
eux exploités contre ce qu’ils appellent l’hôpital
sans Dieu, l’assistance sans Dieu, l’école sans
Dieu.
Survient-il, par hasard, en temps d’épidémie
un décès de religieuse? On voit alors tous les
bouillants Alexandre de toutes les feuilles cléricales
tomber immédiatement en pâmoison devant l’hé
roïsme chiétien, et en profiter pour dire pis que
pendre des laïques. En tirant un .peu à la ligne
cela leur fournit bien quinze jours de copie bien
pensante.
Voit-on. au contraire, se produire des décès dans
le personnel laïque, comme cela est arrivé au
Havre récemment pour un infirmier laïque de
l’hôpital de TEst et pour une infirmière laïque de
l’ancien hôpital congréganiste? La presse cléricale
n’en souffle mot, et Ton cherche en vain dans ses
colonnes une phrase de sympathie pour ces vail
lants qui font leur devoir sans s’affubler pour cela
d’un costume Moyen-Age.
Toute la morale, toute la logique, toute la justice
cléricale sont dans ce simple fait.
Les républicains, heureusement, ne procèdent
pas de même. Ils considèrent comme un devoir de
saluer le dévouement partout où il se manifeste
et il ne demandent pas au courage quelle est sa
nuance politique où sa foi religieuse.
Nous sommes heureux de constater que la Franc
Maçonnerie, si injustement attaquée par les cléri
caux, comprend son devoir autrement que ces der
niers.
Alors que l’on paraissait disposé, par un oubli
des plus inexplicables, à passer sous silence l’ad
mirable conduite du personnel laïque de nos hôpi
taux, alors que la presse républicaine elle même
sauf d’honorables exceptions, négligeait de la
signaler, les trois loges maçonniques du Havre
unies dans une même pensée, appelaient sur ces
faits l’attention publique.
Tous ceux que n’aveuglent pas les préjugés reli
gieux, tous ceux chez qui le fanatisme n’a pas
aboli tout sens moral leur en saurons gré. F
Voici la lettre adressée à M. le Maire au nom.
de la Franc Maçonnerie Havraise.
Havre, le 23 septembre 1892.
Monsieur le Maire du Havre, président
de la Commission administrative des
Hôpitaux.
Monsieur le Maire,
La Franc Maçonnerie Havraise, qui a toujours com
battu pour la laïcisation des hôpitaux, n’a pas vu sans
orgueil la façon admirable dont s’est comporté le per
sonnel laïque de l’Hôpital de l’Est depuis l’apparition en
notre ville de l’épidémie cholérique.
Si, plus heureux qu’à Paris, nous n’avons eu à déplo
rer la mort d’aucune de ces humbles servantes de l’in
fortune, il n’en reste pas moins acquis que toutes sans
exception, sont restées au poste de combat que la So
ciété moderne leur avait confié et ont courageusement
fait leur devoir.
Aussi venons-nous, Monsieur le maire, vous prier de
transmettre à Mesdames les surveillantes et au person
nel laïque placé sous leurs ordres, l’expression de notre
vive admiration et nos plus sincères remercîments pour
les malheureux qu’elles ont soulagés.
Veuillez agréer, Monsieur le maire, nos bien respec-
tueusesasalutations.
Le vénérable de l’Aménité,
, , Signé : duchesne.
Le vénérable de l’Olivier Ecossais.
Signé : a. cabon.
Le vénérable des 3 H.
Signé : dénis guillot.
A cette lettre M. le Maire du Havre s’est em
pressé de répondre dans les termes suivants :
DIX CENTIMES LE NUMERO
l re Année —10
101 — N° 49.
Réveil
Havre
p a
/'/
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
AMÏiiVISTRATlON & RÉDACTION
15. RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX UES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
A NOS ADONNÉS,
A NOS LECTEURS.
Suspendue depuis le 3 septembre dernier,
la publication du Réveil du Havre reprend son
cours régulier à compter de ce jour.
Par suite de nécessités administratives pro
venant de modifications dans le groupe poli
tique qui soutient ce journal de sa collabo
ration et de ses subsides — une œuvre démo
cratique exige toujours des sacrifices de temps
et d’argent, — un remaniement du Réveil a
été jugé nécessaire.
Nous 11 ’avons jamais songé à laisser sans
organe la nuance d’opinion dont le Réveil s’est
inspiré depuis sa fondation. Les campagnes
qui ont été menées ici même, dans le domaine
de la laïcisation des services publics, dans
celui de l'instruction primaire, dans celui des
questions politiques et économiques, indi
quent assez que, dans maintes reprises, nous
nous sommes rencontrés, — peut-être après
l’avoir devancée, — avec une fraction notable
de l’opinion publique. Les adhésions qui nous
sont rapidement venues, T accroissement rapi
de du nombre de nos abonnés nous invitent à
poursuivre, avec plus d’ardeur que jamais, la
tâche que nous avons entreprise.
Au début de notre seconde année de publi
cation, nous considérons comme un devoir de
remercier nos amis politiques de leur précieux
' concours. Nous sommes persuadés qu’ils s’ef
forceront de répandre, par tous les moyens en
leur pouvoir, cet organe de propagande démo
cratique et sociale, et de critique indépen
dante.
Aussi bien, bon nombres’di questions de pre
mier ordre s’imposent-elles à l'attention des ré
publicains, et exigent-elles leur sollicitude.
A cette époque où une partie de l’état-major
réactionnaire passe dans le camp républicain,
avec l’intention certaine, avouée même parfois
avec une audace candide, d’en chasser le sou-
vriers de la première heure, il est bon que les
républicains n’abandonnent pas ce que, dans
notre premier numéro, nous appelions leur
•devoir de vigilance. Tout par les républicains
sincères : voilà, sur ce terrain, la seule solution
que nous admettions, au point de vue élec
toral.
Les questions sociales dont l’importance
s’accroît chaque jour, continueront d’avoir
toute notre attention.
Nous étudierons aussi, dans le Réveil, tout
•ce qui est relatif à la durée des heures de tra
vail, à la situation de la femme, à l’assurance
-aux accidents du travail, en un mot, à tout ce
qui rentre, aujourd’hui, dans le cadre si vaste
des réformes sociales. Nous sommes persua
dés, eu effet, que ces questions présentent,
dans notre société, un caractère d’urgence,
qui réside à la fois dans l’acuité de certains
abus et dans la conscience que la classe ou
vrière possède enfin de sa force.
Tel est, en effet, aujourd’hui, de l’aveu des
.républicains les plus éminents, l’œuvre à
accomplir par la République. Elle ne faillira
pas au grand rôle que le progrès moderne,
que les nécessités historiques lui imposent.
11 lui appartient de grouper toutes les bonnes
volontés, de faire concourir toutes les intelli
gences et tous les dévouements à cette grande
œuvre don tle second siècle de la République
-doit voir l’accomplissement.
VIVE LA RÉPETHIQUE !
TJue œuvre comme la nôtre exige de la
part de ceux qui en prennent la charge cer
tains sacrifices ; nous croyons ne pas être,
indiscrets en y faisant participer nos lecteurs.
Les nécessités inhérentes à la publication
d’un journal hebdomadaire nous forcent a
élever à Dix Centimes le prix du Numéro.
Tous les républicains convaincus, qui ont à
cœur le dével )p[ em jnt de nos idées*commu
nes, accepteront, nous n’en doutons pas, cette
modification.
Nous commençons ajourd’hui :
Les Mystères du Havre ■
L’ÉTRAHGLETJSE
Roman dramatique, inédit, par A. Mettling
C’est un ouvrage original, du plus puissant in
térêt que nous offrons à nos lecteurs
C’est un drame empoignant dès les premières
pages, dont les péripéties auront pour cadre le
Havre, il y aura pour eux plus d’une révélation
de lieux et de choses qu’ils ignorent.
Le talent de l’auteur a su décrire d’une façon
magistrale les scènes palpitantes, les situations
dramatiques qu’abondent dans cette histoire locale
absolument inédite, que tout le monde voudra
lire, surtout les amateurs de romans intéressants,
bien écrits, car celui-ci sort de la manière ordi
naire et banale des romans-feuilletons journelle
ment publiés.
Nous nous flattons d’offrir à nos lecteurs une
œuvre profonde, morale dans sa conception, qu’ils
suivront avec un intérêt croissant.
.«ggfr».
CARMAUX
11 se passe actuellement à Carmaux des
faits bien étranges et qui, il faut en conve
nir, ne présentent pas sous un jour favorable
la politique de notre ministre de l’Intérieur.
Si nous croyons devoir appeler sur ce point
l’attention de nos concitoyens, c’est que nous
constatons avec regret que, dans notre presse
quotidienne du Havre, aucun organe n’a osé
aborder franchement la questiod, en s’inspi
rant à la fois des intérêts de la classe ouvrière
et des droits du suffrage universel.
Le problème nous paraît cependant bien
simple à poser et non moins simple à résoudre.
Un ouvrier ajusteur d’une compagnie mi
nière, Calvignac, est nommé conseiller munici
pal, puis maire de Carmaux, puis conseiller
d’arrondissement. En l’élisant, ses camarades
ont considéré qu’ils seraient mieux défendus
par lui que par tout autre : c’était évidem
ment leur droit comme c’était le devoir de
Calvignac d’exécuter le mandat confié par ses
concitoyens. U y a assez longtemps qu’on
répète aux ouvriers, pour les détourner des
solutions violentes, qu’ils sont souverains,
grâce au bulletin de vote, pour qu’ils fassent
usage de leur souveraineté.
Mais Calvignac n'est pas seulement admi
nistrateur communal, il est salarié d’une com
pagnie. Et quelle est cette compagnie ? Elle
se compose, comme toujours, d’actionnaires
qui ne demandent qu’à toucher de gros divi
dendes et d’un conseil d’administration dont
le devoir consiste à sauvegarder tous les inté
rêts enjeu dans l’industrie qu’il dirige. Quel
est le Président de ce conseil d’administra
tion ? Sur ce point il est bon de faire un peu
de biographie.
Le Président de ce conseil est M. le baron
Reille, 1 nommé député en 1869 comme candi
dat officiel de l’empire, réélu comme monar
chiste en 1876, nommé sous-secrétaire d’Etat
au ministère de l’Intérieur sous M. de Fourtou.
et, finalement, réélu en 1887, en 1879, en
1881, en 1885 et en 1889, toujours comme
monarchiste militant. Ce n’est même pas un
rallié.
Il ne faut pas être grand clerc pour prévoir
ce qui va se passer.
L’homme de l’Empire et du 16 mars, mis
en présence de l’homme du peuple, du répu
blicain investi de fonctions publiques, verra
se réveiller en lui, avec les haines de caste, le
ressentiment des défaites subies par le parti
conservateur. Ce n’est plus un patron qui fait
la police de ses chantiers, c’est nn adversaire
politique qui use de représailles.
Nous ne rappellerons ici que pour mémoire
les incidents que tout le monde connaît : —
la grève décidée à la suite du renvoi brutal
de Calvignac par la compagnie; — l’envoi à
Carmaux de troupes avec état-major logé
chez les gros bonnets de la compagnie ; —
les insinuations malveillantes lancées contre
Calvignac par le conseil d’administration et
facilement réfutées ; — l’attitude calme et
digne de toute une population ouvrière.
Et pendant ce temps, que fait le gouverne
ment ? 11 attend, l’arme au bras, que la grève
cesse faute de subsides ou qu’une étincelle
fasse sauter la poudrière, comme à Fourmies.
Belle alternative en vérité!
Qu’on ne dise pas que le pouvoir central
n’a rien à voir dans la question et que
M. Loubet, en restant neutre, se confine dans
son rôle légal. Nous ne sommes pas ici en
matière ordinaire. Les mines sont soumises à
un régime spécial. Le gouvernement a un
droit de surveillance sur les mines, consacré
par l’article 49 de la loi du 21 avril 1810 :
« Art. 49. — Si l’exploitation est restreinte
« ou suspendue, de manière à inquiéter la
« les propriétaires, en rendront compte au
« ministre de l’intérieur pour y être pourvu
« ainsi qu’il appartiendra. »
Ce droit de contrôle de l’Etat, on peut le
dire illimité, peut aller jusqu’au retrait de la
concession.
L’ordonnance du 26 mars 1843 a consacré
les mêmes principes. Ils valent bien, certes,
ceux qu’invoque par dérision la Compagnie,
pour tenir en échec toute une population ou
vrière.
Armé de cette législation, le ministre de
l’intérieur peut dire au baron Reille et à ses
collègues : * Vous, administrateurs d’une
Compagnie à qui l'État a concédé un mono
pole, sous condition de n’en pas abuser, vous
avez jugé bon de faire de la politique, au ris
que de compromettre l’exploitation de la
mine. Non-Seulement vous mettez en ques
tion les droRS'dtr suffrage universel, que nous
avons mission de défendre, mais vous com
promettez la sûreté publique en suspendant le
travail de toute une population ouvrière, pro
voquée par vos actes. Cédez sans délai ; ac
ceptez tout au moins l’arbitrage, sinon nous
agissons. »
Il est certain que si l’on tenait ce langage aux
puissants barons de la féodalité industrielle,
l’énergie du gouvernemant les ferait réflé
chir.
Mais le gouvernement ne bouge toujours'
pas 11 laisse les Reille et autres hommes du
J 6 Mai poursuivre leur œuvre néfaste de di
vision sociale. Appelé à se prononcer entre le&
revendications si légitimes de la classe ouvrière
et les exigences absurdes de certains pa
trons, il couvre ces derniers de sa protection.
De sorte que l’ouvrier s'aperçoit enfin qu’en
dépit des belles promesses des harangues offi
cielles qui ont réveillé naguère les échos du
Panthéon, le bulletin -de vote ne donne pas
encore à l’ouvrier républicain plus de droits
qu’il n’en avait sous l’Empire. N’est-ce pas
la meilleure propagande qu’on puisse faire en
faveur de la Révolution sociale ?
Voilà où nous en sommes en l’année du
centenaire de la République : un monarchiste
peut, défier impunément toute une population
républicaine.
En vérité, les hommes de la Convention,
en dépit des fleurs dont on couvre, dont on
accable même leurs tombes, pour les empê
cher sans doute d’en sortir, n'auraient guère
lieu d’être fiers de leurs successeurs, s’ils pou
vaient lever la pierre des tombeaux ! Et Dan
ton, ennemi de tous les aristocrates, sourirait
étrangement, s’il voyait, cent ans après lasup-
pression desprivilèges, le président du Conseil
Loubet couvrir de ses baïonnettes, contre les
défenseurs de la République, un ci-devant
bâton Reille, ancien sous-ministre du gou
vernement des curés !
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Election législative du 25 septembre.—
Vienne (i re circonscription de Poitiers. —
MM. Bazille, républicain.. 7,038 v., Elu
Henri Deloncle » . 3,356 v.
en remplacement de M. de Touchimbert, monar
chiste, décédé.
Chronique électorale. — Une élection
sénatoriale doit avoir lieu le 16 octobre dans le
Calvados, pour remplacer M. Levalley, sénateur
républicain, décédé.
Cinq candidats sont en présence : MM. Anne
vétérinaire, conseiller général de Bourguebus • le
baron Brunet, ancien secrétaire du prince Napo
léon et conseiller général de St-Pierre-sur-Dives *
Duchesne-Fournet, ancien député et conseiller
général de Blangy ; Jullien,-conseiller général de
Pont—1 Evêque, et Legoux-Longpré, vice-président
de la bociété d’encouragement du demi-sang.
Ils sont, paraît-il, tous républicains, ce qui n’a
1 .d extraordinaire, puisque l’on sait qu’auiour-
d’hui tout le monde l’est 1 4 J
Les électeurs sénatoriaux sont également con
voqués pour le 16 octobre dans la Haute-V ienne
à l’effet de remplacer M. Teisserenc de Bort*
décédé. Quatre candidats se présentent : MM.
Albert Le Play, fils de l’économiste ; Jean Codet
ancien sous-préfet et ancien député; Pierre Ley-
senne, mspecteurgénéraldel'instruction publique;
Jules Martin, inspecteur général des ponts-et-
chaussées, en retraite.
DÉVOUEMENT LAÏQUE
On sait avec quelle obstination les cléricaux
s’emparent de la moindre occasion pour exalter les
vertus du personnel congréganiste des adminis
trations, et pour rabaisser le mérite du personnel
laïque. Les incidents les plus minimes sont par
eux exploités contre ce qu’ils appellent l’hôpital
sans Dieu, l’assistance sans Dieu, l’école sans
Dieu.
Survient-il, par hasard, en temps d’épidémie
un décès de religieuse? On voit alors tous les
bouillants Alexandre de toutes les feuilles cléricales
tomber immédiatement en pâmoison devant l’hé
roïsme chiétien, et en profiter pour dire pis que
pendre des laïques. En tirant un .peu à la ligne
cela leur fournit bien quinze jours de copie bien
pensante.
Voit-on. au contraire, se produire des décès dans
le personnel laïque, comme cela est arrivé au
Havre récemment pour un infirmier laïque de
l’hôpital de TEst et pour une infirmière laïque de
l’ancien hôpital congréganiste? La presse cléricale
n’en souffle mot, et Ton cherche en vain dans ses
colonnes une phrase de sympathie pour ces vail
lants qui font leur devoir sans s’affubler pour cela
d’un costume Moyen-Age.
Toute la morale, toute la logique, toute la justice
cléricale sont dans ce simple fait.
Les républicains, heureusement, ne procèdent
pas de même. Ils considèrent comme un devoir de
saluer le dévouement partout où il se manifeste
et il ne demandent pas au courage quelle est sa
nuance politique où sa foi religieuse.
Nous sommes heureux de constater que la Franc
Maçonnerie, si injustement attaquée par les cléri
caux, comprend son devoir autrement que ces der
niers.
Alors que l’on paraissait disposé, par un oubli
des plus inexplicables, à passer sous silence l’ad
mirable conduite du personnel laïque de nos hôpi
taux, alors que la presse républicaine elle même
sauf d’honorables exceptions, négligeait de la
signaler, les trois loges maçonniques du Havre
unies dans une même pensée, appelaient sur ces
faits l’attention publique.
Tous ceux que n’aveuglent pas les préjugés reli
gieux, tous ceux chez qui le fanatisme n’a pas
aboli tout sens moral leur en saurons gré. F
Voici la lettre adressée à M. le Maire au nom.
de la Franc Maçonnerie Havraise.
Havre, le 23 septembre 1892.
Monsieur le Maire du Havre, président
de la Commission administrative des
Hôpitaux.
Monsieur le Maire,
La Franc Maçonnerie Havraise, qui a toujours com
battu pour la laïcisation des hôpitaux, n’a pas vu sans
orgueil la façon admirable dont s’est comporté le per
sonnel laïque de l’Hôpital de l’Est depuis l’apparition en
notre ville de l’épidémie cholérique.
Si, plus heureux qu’à Paris, nous n’avons eu à déplo
rer la mort d’aucune de ces humbles servantes de l’in
fortune, il n’en reste pas moins acquis que toutes sans
exception, sont restées au poste de combat que la So
ciété moderne leur avait confié et ont courageusement
fait leur devoir.
Aussi venons-nous, Monsieur le maire, vous prier de
transmettre à Mesdames les surveillantes et au person
nel laïque placé sous leurs ordres, l’expression de notre
vive admiration et nos plus sincères remercîments pour
les malheureux qu’elles ont soulagés.
Veuillez agréer, Monsieur le maire, nos bien respec-
tueusesasalutations.
Le vénérable de l’Aménité,
, , Signé : duchesne.
Le vénérable de l’Olivier Ecossais.
Signé : a. cabon.
Le vénérable des 3 H.
Signé : dénis guillot.
A cette lettre M. le Maire du Havre s’est em
pressé de répondre dans les termes suivants :
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