Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-10-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 octobre 1892 08 octobre 1892
Description : 1892/10/08 (N50). 1892/10/08 (N50).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263251n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
1~ Année — N® 50 — Samedi 8 Octobre 1892
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
l’ülX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre. 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUÉ CASIMIR -'P ÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LOIS OUVRIÈRES
Les Accidents du Travail
Il n’est pas besoin d’étudier longtemps
l’histoire contemporaine de notre pays pour
se rendre compte que, dans le cours du
siècle qui finit, ni la monarchie, ni l’Empire
n’ont sérieusement songé à améliorer le
sort des travailleurs.
Les rares réformes opérées, dans ce sens,
sont l’œuvre de la République. C’est d’elle
aussi que les ouvriers attendent le progrès
social et ils comptent bien qu’elle ne faillira
pas à son programme d’émancipation et de
protection des faibles.
Parfois la classe ouvrière, formule ses
revendications avec une certaine vivacité
dans la forme, et même avec un blâme à
l’adresse du législateur. Il faut bien conve
nir que, trop souvent, ce dernier mérite, par
la lenteur de ses travaux, les reproches qu’on
lui adresse. La temporisation a des limites
qu’on a, dans certains cas, singulièrement
dépassées.
Voyons, par exemple, la question des
accidents du travail.
Quelle est aujourd’hui la situation de
l’ouvrier blessé ?
La loi, loin de lui faciliter l’exercice de ses
droits, l’abandonne à ses propres forces.
Y a-t-il faute du patron, soit par impru
dence ou négligence de ses préposés, soit par
vice du matériel qu’il emploie ? Conformé
ment au droit commun, et par application
des articles 1382 du Code civil, fait à une
époque oh l’on ne prévoyait pas les dévelop
pements du machinisme, c’est à l’ouvrier
qu’il incombe de faire la preuve de cette
faute. Si les témoins font défaut, comme
cela se produit parfois, ou si les dépositions
sont contradictoires et ne font pas clairement
ressortir la responsabilité du patron, l’ouvrier
succombe.
Il en est de même lorsque lorsque l’accident
s’est produit par cas fortuit ou force majeure.
L’employeur se trouve dégagé de toute obli
gation de réparer le dommage, et l’employé
supporte seul les conséquences d’un fait qu’il
n’a pu empêcher.
Dans l’un comme dans l’autre cas, c’est la
misère pour l’ouvrier blessé et pour sa famille.
L’homme incapable de travailler est alors
considéré comme un engin inutile, comme un
rouage brisé que l’on met au rebut.
Il arrive parfois que l’ouvrier est assuré
par le patron, qui fait généralement une
retenue sur les salaires. Mais outre que l’in
demnité est minime, et que l’ouvrier n’y trouve
ni la compensation de ce qu’il a perdu, ni
même des ressources suffisantes pour ne pas
mourir de faim, il faut pour la toucher, des
formalités assez longues. Ce sont, entre la
compagnie d’assurance et l’ouvrier, des mar
chandages auxquels le patron prête trop sou
vent la main. De sorte que le blessé, pour
éviter un procès, ne reçoit qu'une partie de
ce qui lui est légitimement dû.
Un tel système est-il supportable. Nous le
demandons à ceux que n’aveuglent pas leurs
préjugés bourgeois.
Ne serait-il pas plus juste, au^ontraire, de
considérer l’ouvrier blessé comme ayant un
droit à une indemnité, et de faire une bonne
loi pour parvenir au règlement rapide de cette
indemnité ?
Cette dernière manière de voir est la nôtre,
et il nous semble qu’on devrait se hâter de
faire aboutir cette réforme d’un caractère si
urgent. Au lieu de* s’adjuger des vacances
qu’on peut trouver excessives, les Chambres
auraient pu, avant le centenaire de la Répu
blique, donner à la classe ouvrière une
loi sur les accidents du travail. Cela eût évité
aux députés que leurs électeurs pressent d’en
fiair avec cette question, la triste nécessité de
formuler des promesses évasives, et de démon
trer qu’on est plus prodigue de paroles que
d’actes.
Dans un prochain article, nous examinerons
les principaux projets en présence, et no
tamment à celui du Syndicat des ouvriers
métallurgistes du Havre , dont la fédération
départementale des Chambres syndicales ou
vrières de la Seine-Inférieure a approuvé la
teneur.
UNE EXCELLENTE IDÉE
Dans la réunion de la chambre syndicale des
métallurgistes qui a eu lieu au Cercle Franklin
mardi dernier, M. Monsallié qui appartient au
bureau du Syndicat, a fait un rapport très étudié
sur les principales questions économiques d’inté
rêt ouvrier, actuellement à l’ordre du jour. Nous
aurons sans doute à y revenir.
L’idée qu’il a émise de supprimer le budget des
cultes et de fonder, avec les 50 millions de ce bud
get, une caisse d’assurance contre les accidents
nous paraît surtout des plus pratiques.
Nous regrettons vivement que M. Siegfried,
député, qui assistait à cette séance, n’ait pas pris
l’engagement d’appuyer à la Chambre cette réfor- l
me qui s’impose dans l’intérêt des travailleurs.
11 nous semble pourtant qu’entre les ouvriers
qui défendent la République et l’église qui la
combat, un député de la gauche ne devrait pas
hésiter un instant.
Ménagerait-on les ralliés ? Ce serait peut-être
une politique, maladroite par le temps qui court...
POUR LES GRÉVISTES
DE CARMAUX
A la suite du rejet, par le Conseil d’adminis
tration des mines de Carmaux, des propositions
formulées par les ouvriers et qu’il s’était
chargé de transmettre, M. Maujan, député de la
Seine, a adressé l’appel suivant aux grévistes
de Carmaux :
Appel aux grévistes de Carmaux
Paris, le 30 Septembre 1892.
Citoyens,
La Compagnie refuse les propositions très justes que
nous lui avons rappelées en votre nom, comme elle
avait déjà refusé l’arbitrage.
Tous les moyens d’entente sont épuisés de par sa
volonté égoïste ; mais l’idée de la grève vient de grandir
et de se justifier avec éclat.
En rejetant les mesures de conciliation les plus
légitimes,Ta Compagnie assume la responsabilité abso
lue de la situation, et l’opinion républicaine tout entière
va désormais faire sienne la cause des mineurs de
Carmaux.
Que la grève garde donc son caractère indéniable de
protestation politique ; les ouvriers de Carmaux défen
dent les droits de ce suffrage universal qui est le
principe supérieur et la garantie incorruptible de la
République : les républicains vont défendre les grévistes
à leur tour.
De tous côtés, les souscriptions arriveront, recueil
lies par tous les journaux démocratiques sans exception.
Tout électeur républicain, tout partisan du bulletin de
vote doit protester en envoyant son obole pour Car
maux qui va devenir le champ de bataille pacifique du
suffrage universel.
Comme nous avons fait le Sou des écoles , nous ferons
le Sou du suffrage Universel.
Les grévistes peuvent hardiment conserver leur
résolution et leur calme, dédaignenx des manœuvres et
des provocations réactionnaires.
La grève -tiendra trois mois, six mois s’il est néces
saire : la France républicaine est avec elle !
Il faut que l’argent ait raison de l’argent ; il faut que
les millions de la Compagnie capitulent devant le Sou du
suffrage universel.
Saluts fraternels.
A. Maujan.
Cet éloquent appel à la France républicaine a
été entendu.
Tous les journaux qui ont à cœur de défendre,
contre une oligarchie de monarchistes, les droits
du suffrage universel, ont ouvert, dans leurs
colonnes, une souscription en faveur des grévistes
de Carmaux.
Nous considérons comme un devoir de solidarité
démocratique, de nous associer à cette œuvre.
Aux républicains de toute nuance, " à ceux
surtout veulent maintenir les droits des travail
leurs dout les mineurs de Carmaux se sont fait
les champions, il appartient de relever l’insolent
défi du baron Reille et de ses amis.
Nous ouvrons donc, dans nos colonnes, une
souscription en faveur de cette cause si juste.
Tous les démocrates qui v nous lisent voudront
nous envoyer leur obole. Si minime qu’elle
soit, elle sera accueillie avec reconnaissance.
Les souscriptions sont reçues, rue Casimir-
Périer, 15.
SOUSCRIPTION
Premième Liste
Le Comité d’administration du Réveil. F. 60 —
Un typographe du Réveil. .......... * 2 —
J.-R. Hélice » 2 —
Un sociétaire du Réveil » 10 —
Un typographe havrais » 3 —
M. CI. M » 5 —
Un lecteur du Petit Havre » 0 50
M. Leclerc »■ 2 —
M. Moreau » 1 —
Total de la l re liste... F. 85 50
A UN ANONYME
Notre article sur Carmaux, paru dans le dernier
numéro du Réveil, a produit un effet que nous
n’avions pas prévu.
Nous avons en effet reçu d’un quidam anonyme
qui signe « un patriote libéral », une longue lettre
d’injures. Nous sommes désolés d’avoir troublé
l’esprit d’un de nos concitoyens et d’avoir provo
qué chez lui un accès de délirium épistolaire. Mais
nous ne pouvons pourtant pas, avant de traiter
une question, demander la permission de ce « pa
triote libéral » si impressionnable.
Il appartient d’ailleurs à sa famille, si elle a
quelque souci de son état mental, de le surveiller
de près et de lui interdire la lecture des journaux
qui excèdent ses moyens de compréhension.Qu’elle
l’abonne plutôt à la Semaine Religieuse.
SEMAINE "POLITIQUE
FRANCE
La rentrée des Chambres aura lieu le 18 octobre.
La commission du budget s’est réuni# plusieurs
fois, cette semaine, pour s’occuper du budget de
1893.
La vie parlementaire va donc reprendre peu à
peu. Elle a été au grand calme depuis quelques
mois.
On ne prévoit pas, pour la rentrée, d’incident
spécial. Cependant, il est probable que Carmaux
fournira l’occasion d’une interpellation qui sera
plein d’intérêt.
On dit que M. Lockroy déposera une proposition
de loi relative au régime des minés, dans le but
de demander pour elles l’établissement d’un ré
gime pareil à celui auquel sont actuellement sou
mises les compagnie de chemin de fer, réservant
au gouvernement la possibilité d’intervention et
le droit de contrôle.
Notre vaillant confrère le Mémorial Cauchois
signale avec satisfaction la reprise de notre publi
cation. Il dit en parlant du Reveil :
Il combat pour la bonne cause, celle du
peuple, celle des travailleurs, étudiant atten
tivement les questions sociales, en un mot
tout ce qui est l’œuvre et la raison d’être de
la République, de la République laïque, dé
gagée des questions religieuses et non soumise
à la secte maudite des cléricaux qui ne croient
pas à la religion, mais s’en servent au profit
de leurs intérêts matéiiels.
On ne saurait mieux résumer le programme que
nous nous sommes tracé et que nous nous efforce
rons de suivre.
Merci au Mémorial Cauchois et à son éminent
directeur M. Louis Blairet, un vétéran de la cause
démocratique, toujours jeune par l’esprit et par le
cœur.
L’ŒUVRE DE RENAN
M. Henri Rochefort a publié dans VIntransU
géant l’article suivant :
Renan est plus qu’un écrivain exquis, c’est un
grand homme. Le terrible bon sens de Voltaire,
les horreurs de l’Inquisition, la Saint-Barthélemy
et les massacres de la Terreur blanche de 1815,
ont infiniment moins contribué à l’écrasement dé
finitif du christianisme que le simple récit de cette
Vie de Jésus que Renan seul était en état d’écrire,
ayant vécu en Judée dans l’intimité du souvenir
de son héros et parcouru les chemins où celui-ci
avait passé, suivi de quelques bateliers que ses
visions avaient séduits.
On comprend que Renan soit considéré çomme
l’Antéchrist par tous ceux qui vivent de la réli—
gion. En sa qualité d’élève de divers séminaires,
il avait fouillé et comparé les textes, pesé les ar
guments, scruté les contradictions ; et comme il
était incontestablement d’une intelligence très
supérieure à celle de ses professeurs, il est allé les
trouver un matin pour leur dire :
« Votre Jésus n’est pas plus Dieu que vous et
moi. J’ai l’honneur de vous saluer. »
Il n’a pas osé leur faire entendre que Jésus
n’était pas Dieu parce qu’il n’y avait pas de Dieu ;
mais c’est ce qui éclate à chaque page de cet admi
rable livre, où tout est si humain et si sincère.
Les mensonges séculaires dont on nous a tous
plus ou moins bercés s’y réfutent avec une clarté
merveilleuse. Débarrassée de toutes les auréoles,
de toutes les gerbes d’étoiles et de tous les roi*
mages dont on l’a entouré, la légende chrétienne
se réduit à un jeune halluciné, ignoré et ignorant,
qui, après avoir fatigué sa mère et ses sœurs par
ses rêveries, était allé les exposer à quelques dou
zaines de pauvres pêcheurs du lac de Génésareth.
Si, comme l’explique merveilleusement Renan,
l’ambition n’avait pas pris le fils de Marie d’aller
polémiquer à Jérusalem, ville relativement impor
tante, avec des prêtres à qui les Romains avaient
abandonné l’application de la loi juive, il n’eût
jamais été condamné et crucifié, et il aurait vieilli
inconnu comme un guérisseur de village.
Supposez un Arabe des tribus du Sud-Oranais
discutant au milieu de ses amis la loi mahomëtanô
sous la surveillance des baïonnettes françaises, et
vous avez Jésus, dont les miracles, exactement
aussi authentiques que ceux de Lourdes, ont trou
vé auprès des siècles des Zola pour les célébrer
sans plus de contrôle.
L’apparition de la Vie de Jésus n’a pas été
seulement le coup de foudre sous lequel s’écroule
la maison : elle a marqué une date dans l’histoire
de la pensée humaine. Les Pharisiens du catho
licisme l’ont si bien compris, qu’ils en ont perdu
la tête. Je lisais, hier, en Belgique, dans un
journal ultramontain, les épithètes de « traître »,
de « renégat » et de « blasphémateur » tombant
dru comme grêle sur. le cadavre de l’illustre mort,
car le clergé, ne pouvant plus répondre à la
contradiction par dés auto-da-fés, y répond par
des injures.
Il vous affirme que Jésus est Dieu ; on lui dit :
« Je ne crois pas ». Alors il vous accuse de blas
phème. L’Eglise n’est jamais parvenue à pousser
le raisonnement plus loin.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
l’ülX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre. 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUÉ CASIMIR -'P ÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LOIS OUVRIÈRES
Les Accidents du Travail
Il n’est pas besoin d’étudier longtemps
l’histoire contemporaine de notre pays pour
se rendre compte que, dans le cours du
siècle qui finit, ni la monarchie, ni l’Empire
n’ont sérieusement songé à améliorer le
sort des travailleurs.
Les rares réformes opérées, dans ce sens,
sont l’œuvre de la République. C’est d’elle
aussi que les ouvriers attendent le progrès
social et ils comptent bien qu’elle ne faillira
pas à son programme d’émancipation et de
protection des faibles.
Parfois la classe ouvrière, formule ses
revendications avec une certaine vivacité
dans la forme, et même avec un blâme à
l’adresse du législateur. Il faut bien conve
nir que, trop souvent, ce dernier mérite, par
la lenteur de ses travaux, les reproches qu’on
lui adresse. La temporisation a des limites
qu’on a, dans certains cas, singulièrement
dépassées.
Voyons, par exemple, la question des
accidents du travail.
Quelle est aujourd’hui la situation de
l’ouvrier blessé ?
La loi, loin de lui faciliter l’exercice de ses
droits, l’abandonne à ses propres forces.
Y a-t-il faute du patron, soit par impru
dence ou négligence de ses préposés, soit par
vice du matériel qu’il emploie ? Conformé
ment au droit commun, et par application
des articles 1382 du Code civil, fait à une
époque oh l’on ne prévoyait pas les dévelop
pements du machinisme, c’est à l’ouvrier
qu’il incombe de faire la preuve de cette
faute. Si les témoins font défaut, comme
cela se produit parfois, ou si les dépositions
sont contradictoires et ne font pas clairement
ressortir la responsabilité du patron, l’ouvrier
succombe.
Il en est de même lorsque lorsque l’accident
s’est produit par cas fortuit ou force majeure.
L’employeur se trouve dégagé de toute obli
gation de réparer le dommage, et l’employé
supporte seul les conséquences d’un fait qu’il
n’a pu empêcher.
Dans l’un comme dans l’autre cas, c’est la
misère pour l’ouvrier blessé et pour sa famille.
L’homme incapable de travailler est alors
considéré comme un engin inutile, comme un
rouage brisé que l’on met au rebut.
Il arrive parfois que l’ouvrier est assuré
par le patron, qui fait généralement une
retenue sur les salaires. Mais outre que l’in
demnité est minime, et que l’ouvrier n’y trouve
ni la compensation de ce qu’il a perdu, ni
même des ressources suffisantes pour ne pas
mourir de faim, il faut pour la toucher, des
formalités assez longues. Ce sont, entre la
compagnie d’assurance et l’ouvrier, des mar
chandages auxquels le patron prête trop sou
vent la main. De sorte que le blessé, pour
éviter un procès, ne reçoit qu'une partie de
ce qui lui est légitimement dû.
Un tel système est-il supportable. Nous le
demandons à ceux que n’aveuglent pas leurs
préjugés bourgeois.
Ne serait-il pas plus juste, au^ontraire, de
considérer l’ouvrier blessé comme ayant un
droit à une indemnité, et de faire une bonne
loi pour parvenir au règlement rapide de cette
indemnité ?
Cette dernière manière de voir est la nôtre,
et il nous semble qu’on devrait se hâter de
faire aboutir cette réforme d’un caractère si
urgent. Au lieu de* s’adjuger des vacances
qu’on peut trouver excessives, les Chambres
auraient pu, avant le centenaire de la Répu
blique, donner à la classe ouvrière une
loi sur les accidents du travail. Cela eût évité
aux députés que leurs électeurs pressent d’en
fiair avec cette question, la triste nécessité de
formuler des promesses évasives, et de démon
trer qu’on est plus prodigue de paroles que
d’actes.
Dans un prochain article, nous examinerons
les principaux projets en présence, et no
tamment à celui du Syndicat des ouvriers
métallurgistes du Havre , dont la fédération
départementale des Chambres syndicales ou
vrières de la Seine-Inférieure a approuvé la
teneur.
UNE EXCELLENTE IDÉE
Dans la réunion de la chambre syndicale des
métallurgistes qui a eu lieu au Cercle Franklin
mardi dernier, M. Monsallié qui appartient au
bureau du Syndicat, a fait un rapport très étudié
sur les principales questions économiques d’inté
rêt ouvrier, actuellement à l’ordre du jour. Nous
aurons sans doute à y revenir.
L’idée qu’il a émise de supprimer le budget des
cultes et de fonder, avec les 50 millions de ce bud
get, une caisse d’assurance contre les accidents
nous paraît surtout des plus pratiques.
Nous regrettons vivement que M. Siegfried,
député, qui assistait à cette séance, n’ait pas pris
l’engagement d’appuyer à la Chambre cette réfor- l
me qui s’impose dans l’intérêt des travailleurs.
11 nous semble pourtant qu’entre les ouvriers
qui défendent la République et l’église qui la
combat, un député de la gauche ne devrait pas
hésiter un instant.
Ménagerait-on les ralliés ? Ce serait peut-être
une politique, maladroite par le temps qui court...
POUR LES GRÉVISTES
DE CARMAUX
A la suite du rejet, par le Conseil d’adminis
tration des mines de Carmaux, des propositions
formulées par les ouvriers et qu’il s’était
chargé de transmettre, M. Maujan, député de la
Seine, a adressé l’appel suivant aux grévistes
de Carmaux :
Appel aux grévistes de Carmaux
Paris, le 30 Septembre 1892.
Citoyens,
La Compagnie refuse les propositions très justes que
nous lui avons rappelées en votre nom, comme elle
avait déjà refusé l’arbitrage.
Tous les moyens d’entente sont épuisés de par sa
volonté égoïste ; mais l’idée de la grève vient de grandir
et de se justifier avec éclat.
En rejetant les mesures de conciliation les plus
légitimes,Ta Compagnie assume la responsabilité abso
lue de la situation, et l’opinion républicaine tout entière
va désormais faire sienne la cause des mineurs de
Carmaux.
Que la grève garde donc son caractère indéniable de
protestation politique ; les ouvriers de Carmaux défen
dent les droits de ce suffrage universal qui est le
principe supérieur et la garantie incorruptible de la
République : les républicains vont défendre les grévistes
à leur tour.
De tous côtés, les souscriptions arriveront, recueil
lies par tous les journaux démocratiques sans exception.
Tout électeur républicain, tout partisan du bulletin de
vote doit protester en envoyant son obole pour Car
maux qui va devenir le champ de bataille pacifique du
suffrage universel.
Comme nous avons fait le Sou des écoles , nous ferons
le Sou du suffrage Universel.
Les grévistes peuvent hardiment conserver leur
résolution et leur calme, dédaignenx des manœuvres et
des provocations réactionnaires.
La grève -tiendra trois mois, six mois s’il est néces
saire : la France républicaine est avec elle !
Il faut que l’argent ait raison de l’argent ; il faut que
les millions de la Compagnie capitulent devant le Sou du
suffrage universel.
Saluts fraternels.
A. Maujan.
Cet éloquent appel à la France républicaine a
été entendu.
Tous les journaux qui ont à cœur de défendre,
contre une oligarchie de monarchistes, les droits
du suffrage universel, ont ouvert, dans leurs
colonnes, une souscription en faveur des grévistes
de Carmaux.
Nous considérons comme un devoir de solidarité
démocratique, de nous associer à cette œuvre.
Aux républicains de toute nuance, " à ceux
surtout veulent maintenir les droits des travail
leurs dout les mineurs de Carmaux se sont fait
les champions, il appartient de relever l’insolent
défi du baron Reille et de ses amis.
Nous ouvrons donc, dans nos colonnes, une
souscription en faveur de cette cause si juste.
Tous les démocrates qui v nous lisent voudront
nous envoyer leur obole. Si minime qu’elle
soit, elle sera accueillie avec reconnaissance.
Les souscriptions sont reçues, rue Casimir-
Périer, 15.
SOUSCRIPTION
Premième Liste
Le Comité d’administration du Réveil. F. 60 —
Un typographe du Réveil. .......... * 2 —
J.-R. Hélice » 2 —
Un sociétaire du Réveil » 10 —
Un typographe havrais » 3 —
M. CI. M » 5 —
Un lecteur du Petit Havre » 0 50
M. Leclerc »■ 2 —
M. Moreau » 1 —
Total de la l re liste... F. 85 50
A UN ANONYME
Notre article sur Carmaux, paru dans le dernier
numéro du Réveil, a produit un effet que nous
n’avions pas prévu.
Nous avons en effet reçu d’un quidam anonyme
qui signe « un patriote libéral », une longue lettre
d’injures. Nous sommes désolés d’avoir troublé
l’esprit d’un de nos concitoyens et d’avoir provo
qué chez lui un accès de délirium épistolaire. Mais
nous ne pouvons pourtant pas, avant de traiter
une question, demander la permission de ce « pa
triote libéral » si impressionnable.
Il appartient d’ailleurs à sa famille, si elle a
quelque souci de son état mental, de le surveiller
de près et de lui interdire la lecture des journaux
qui excèdent ses moyens de compréhension.Qu’elle
l’abonne plutôt à la Semaine Religieuse.
SEMAINE "POLITIQUE
FRANCE
La rentrée des Chambres aura lieu le 18 octobre.
La commission du budget s’est réuni# plusieurs
fois, cette semaine, pour s’occuper du budget de
1893.
La vie parlementaire va donc reprendre peu à
peu. Elle a été au grand calme depuis quelques
mois.
On ne prévoit pas, pour la rentrée, d’incident
spécial. Cependant, il est probable que Carmaux
fournira l’occasion d’une interpellation qui sera
plein d’intérêt.
On dit que M. Lockroy déposera une proposition
de loi relative au régime des minés, dans le but
de demander pour elles l’établissement d’un ré
gime pareil à celui auquel sont actuellement sou
mises les compagnie de chemin de fer, réservant
au gouvernement la possibilité d’intervention et
le droit de contrôle.
Notre vaillant confrère le Mémorial Cauchois
signale avec satisfaction la reprise de notre publi
cation. Il dit en parlant du Reveil :
Il combat pour la bonne cause, celle du
peuple, celle des travailleurs, étudiant atten
tivement les questions sociales, en un mot
tout ce qui est l’œuvre et la raison d’être de
la République, de la République laïque, dé
gagée des questions religieuses et non soumise
à la secte maudite des cléricaux qui ne croient
pas à la religion, mais s’en servent au profit
de leurs intérêts matéiiels.
On ne saurait mieux résumer le programme que
nous nous sommes tracé et que nous nous efforce
rons de suivre.
Merci au Mémorial Cauchois et à son éminent
directeur M. Louis Blairet, un vétéran de la cause
démocratique, toujours jeune par l’esprit et par le
cœur.
L’ŒUVRE DE RENAN
M. Henri Rochefort a publié dans VIntransU
géant l’article suivant :
Renan est plus qu’un écrivain exquis, c’est un
grand homme. Le terrible bon sens de Voltaire,
les horreurs de l’Inquisition, la Saint-Barthélemy
et les massacres de la Terreur blanche de 1815,
ont infiniment moins contribué à l’écrasement dé
finitif du christianisme que le simple récit de cette
Vie de Jésus que Renan seul était en état d’écrire,
ayant vécu en Judée dans l’intimité du souvenir
de son héros et parcouru les chemins où celui-ci
avait passé, suivi de quelques bateliers que ses
visions avaient séduits.
On comprend que Renan soit considéré çomme
l’Antéchrist par tous ceux qui vivent de la réli—
gion. En sa qualité d’élève de divers séminaires,
il avait fouillé et comparé les textes, pesé les ar
guments, scruté les contradictions ; et comme il
était incontestablement d’une intelligence très
supérieure à celle de ses professeurs, il est allé les
trouver un matin pour leur dire :
« Votre Jésus n’est pas plus Dieu que vous et
moi. J’ai l’honneur de vous saluer. »
Il n’a pas osé leur faire entendre que Jésus
n’était pas Dieu parce qu’il n’y avait pas de Dieu ;
mais c’est ce qui éclate à chaque page de cet admi
rable livre, où tout est si humain et si sincère.
Les mensonges séculaires dont on nous a tous
plus ou moins bercés s’y réfutent avec une clarté
merveilleuse. Débarrassée de toutes les auréoles,
de toutes les gerbes d’étoiles et de tous les roi*
mages dont on l’a entouré, la légende chrétienne
se réduit à un jeune halluciné, ignoré et ignorant,
qui, après avoir fatigué sa mère et ses sœurs par
ses rêveries, était allé les exposer à quelques dou
zaines de pauvres pêcheurs du lac de Génésareth.
Si, comme l’explique merveilleusement Renan,
l’ambition n’avait pas pris le fils de Marie d’aller
polémiquer à Jérusalem, ville relativement impor
tante, avec des prêtres à qui les Romains avaient
abandonné l’application de la loi juive, il n’eût
jamais été condamné et crucifié, et il aurait vieilli
inconnu comme un guérisseur de village.
Supposez un Arabe des tribus du Sud-Oranais
discutant au milieu de ses amis la loi mahomëtanô
sous la surveillance des baïonnettes françaises, et
vous avez Jésus, dont les miracles, exactement
aussi authentiques que ceux de Lourdes, ont trou
vé auprès des siècles des Zola pour les célébrer
sans plus de contrôle.
L’apparition de la Vie de Jésus n’a pas été
seulement le coup de foudre sous lequel s’écroule
la maison : elle a marqué une date dans l’histoire
de la pensée humaine. Les Pharisiens du catho
licisme l’ont si bien compris, qu’ils en ont perdu
la tête. Je lisais, hier, en Belgique, dans un
journal ultramontain, les épithètes de « traître »,
de « renégat » et de « blasphémateur » tombant
dru comme grêle sur. le cadavre de l’illustre mort,
car le clergé, ne pouvant plus répondre à la
contradiction par dés auto-da-fés, y répond par
des injures.
Il vous affirme que Jésus est Dieu ; on lui dit :
« Je ne crois pas ». Alors il vous accuse de blas
phème. L’Eglise n’est jamais parvenue à pousser
le raisonnement plus loin.
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