Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1900-10-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 octobre 1900 21 octobre 1900
Description : 1900/10/21 (A10,N505). 1900/10/21 (A10,N505).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63930077
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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Béclames 2 fr.
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ROUEN
Quai do Paria, 28
BUREAUX AU BAva.
a. Rue de ParUt a
Les Abonnements m paient i
Pivanco et M font à partir ia
la èt 16 de chaîna moli.
SEMAINE POLITIQUE
Les élections Anglaises. - Les
raisons du parti de la guerre - -
L'héroïsme des Boërs. Le
droit de vivre.
Il ne s'est passé à l'iotérieur ces jours
derniers aucun fait dont l'intérêt soit
comparable, même pour nous Français,
au résultat définitivement acquis des élec-
tions Anglaises.
Nous sommes trop près des Anglais,
tous avons avec eux drs relations d'af-
faires et de politique trop suivies, ils sont
aussi trop attentifs et trop sensibles à
l'opinion Française sur leur compte pour
que nous puissions sans dangar ignorer
ce qui se passe chez eux, ou les ugpr
faussement.
Les élections se sont faites sur la ques-
tion de la guerre ; il est démontré main-
tenant que l'immense majorité de la na-
tion l'approuve.
Le ministère Salibbury-Chambcrlain,
qui avait une majorité de 128 voi:: dans
l'anoienne Chambre des Communes aura
maintenant uue majorité de 132 voix, les
ministériels gagnants deux sièges, ce
qui fait un déplacement de quatre voix ;
et notez que la minorité comprend un
élément anti-anglais, les Irlandais, - le
pays est donc avec le gouvernement.
Les ministres évitent ainsi d'avoir,
après la guerre, à rendre des comptes à
la nation ; ils obtiennent un quitus pour
le passé et un blanc seing pour l'avenir.
Comment une guerre qui soulève la
réprobation du monde civilisé peut elle
être si populaire dans un pays de libres
discussions, humanitaire et libéral com
me rAogleterre.
Il est puéril de soutenir que la cause
unique du conflit armé entre l'Empire
Britannique et les Républiques Sud Afii
caines t oit la volonté de s'emparer dés
-i iic&U£M-Ù ui
luelle en nous dispensant de chercher
plus avant ; nôtre haine héréditaire de
l'Angleterre y trouve aussi son compte,
en assignant un motif vil à la conquête ;
mais il faut se rendre à l'évidence.
Les mines appartiennent et continue-
ront d'appartenir à des sociétés particu-
lières; si puissants que soient certains
actionnaires, il est impossible d'admettre
qu'ils puissent à eux seuls entraîner le
pays tout entier, lui faire consentir d'é
normes sacrifices d'argent, des sacrifices
en hommes beaucoup plus pénibles en-
core, pour la seule satisfaction d'intérêts
privés.
C'est un argument de même valeur que
celui qui consiste à soutenir qu'en Fran-
ce, le gouvernement, les chambres et le
suffrage universel tout entier 80Ut des
rouages divers mûs par un moteur uni.
que : la haute banque luire.
Si certains capitalistes ont pu avoir un
intérêt d'argent à la guerre, il n'en a pas
été de même du peuple anglais, dans
l'infinie diversité de ses citoyens, indus-
̃ triels et commerçants, savants et pen-
seurs, seigneurs terrions ou petits agri-
culteurs des comtés.
Ceux-là sont unis par le patriotisme ;
à notre avis ils se sont fait un faux point
d'honneur national, ce sont les nationa-
listes d'O iitre-Manche.
Les Anglais, depuis Majuba, étaient
restés convaincus que leTranswaal cher-
chait à soulever contre eux tout le Sud
Africain on vue de former les Etats-Unis
Afrikanders.
A cette conviction se joignait le souve-
nir vivant de l'humiliation ressentie,de la
guerre interrompue après la première
défaite ; vingt ans passés avaient été si
impuissants à faire disparaître ce senti-
ment que, la reddition de Cr on je ,fnt re-
gardée par tous en Angleterre comme la
revanche de cette défaite « Majuba
Avenged ».
Cette première humiliation était d'ail-
leurs ravivée par de continuels froisse-
ments. 1
Les colons, les ultlandere, comme on
les appelait là-bas qui s'en allaient au-
tour de Johannesburg pour l'exploiialion
des mines d'or avaient des tendances et
des intérêts nettement opposés à ceux
des habitants des deux Républiques.
- Les uns étaient industriels, les autres
cultivateurs. Les pvwuiiwu voulaient don
ner an pays, en la prowui d'abord pou?
eus mêmes, la richesse rapidement ac-
quise, avec les habitudes de vie facile et
luxueuse qui en sont la suite ; les se-
conds entendaient conserver la vie tran-
quille et simple et la primitive civilisa-
tion des ancêtres nourris des produits
du sol, sans exploitation compliquée et
sans besoins raffinés.
Au Transvaal, quand ou voulait aug-
menter les impôts , c'est les Uttlanders
qu'on frappait: or les Uttlanders étaient
Anglais en grande majorité; ils préten-
daient que le Président Krtiger ménageait
à ses amis de grasses sinécures; l'événe-
ment a prouvé que les prélèvements de
l'occlePaul, qui paraissaient Fcandaleux,
étaient simplement patriotiques; il pré-
parait la guerre aux Anglais à l'aide de
l'impôt qu'il prélevait sur eux.
Le Président concédait les monopoles
et lobUttlanders se plaignaient de ses dé-
cisions pu'ile préloudaient vexatoires et
arbitraires.
Faisait on appel aux tribunaux; leurs
jugements étaient soumis en dernier
ressort au Raad, c'est-à-dire à la Cham
bre politique, qui délibérait à huis clos et
était acquise au Président, ennemi des
étrangers.
Ceux ci qui supportaient toutes les
charges publiques n'avaient pas le droit
de voter.
Tout cela s'était dit et répété en An-
gleterre, avait été sans doute exagéré
et aval exaspéré l'opinion.
Pen Jant ce temps, de leur cô!6, les
Républiques armaient on sacret et pré-
paraient la guerre qu'elles jugeaient iné-
vitable.
Voici les raisons pour lesquolles les
Anglais so sont imaginés que leur entre-
prise était juste.
Ajoutons à cela les premières défaites
de la puissante Albion battue par quel-
ques milliers de paysans, tenue encore
en échec par eux actueUement,deYocue
de ce faU la risée du monde et nous pour-
rons comprendre l'état d'esprit qui permet
à nos voisins de voter pour les candidats
de leur gouvernement et de regarder
eicore M. Chamberlain, comme un grand
homme, malgré ses scandaleux profits
dans la guerre dont il est un dos auteurs
r 3sponsables.
Cet état d'esprit ost-il sain T Non assu-
rément.
L'entreprise des Anglais est, malgré
tout, injuste et presque sauvage parce
qu'elle tend à l'asservissement des Répu-
bliques et parce qu'au peuple qui combat
pour son indépendance a toujours raison
cont e son oppresseur.
Or, les Boë"s S3 sont révélés un grand
peuple, un peuple admirable par l'hé
roïsmo avec lequel, depuis plus d'un an,
ils ont défendu leur existence.
Ea vain, les Anglais prétendent-ils
qu'après la conquête ils assureraient
aux citoyons des Républiques une liberté
individuolle plus grande qu'àvant la
guerre, en les affranchissant tolammenl
de la conscription militaire à laquelle ils
étaient soumis a-uparava-nt;en leur procu-
rant plus de bien-être par le développe-
ment de l'industrie, en leur donnant une
administration plus protectrice en même
temps que plus libérale.
Tout cela est possible, nuis en respec-
tant les individus, les Anglais tueront le
groupement humain, la nation.
Q ii fera revivre cette race chevale-
resque et loyale, généreuse même à
l'égard de l'ennemi, endurante à la fatigue
et sans pe-ir du danger, cette rude race
de paysans qui a su allier les vertus
simples des sociétés primitives aux senti-
ments délicats des civilisations dévelop-
pées ? Pourquoi ot de quel droit ce peuple
serait-il absorbé par les Anglo-Saxons si
différents ; de quel droit, sinon de celui
du plus fort y
Nous devons donc juger avec une
extrême sévérité ceux qui ont voulu cette
guerre ; leur responsabilité est lourde ;
quant au peuple anglais dans son en-
semble tout en déplorant l'aveuglement
qui lui fait donner sa confiance à des
hommes sans scrupules, nous devons
parler, sans mépris et sans haine, des
impulsions auxquelles il cède, car bon
patriotisme est en jeu ; nous pouvons
même lui envier, nous si inconstants et
si frondeurs, cette forte discipline avec
laquelle il soutient un gouvernement, qui
n'est pas exempt de critiques, 4t fait
crédit à des chefs militaires qui ne sont
pis 'ouj )urs àlahauteur de lerrr mission.
Civis.
LA RUPTURE
La trève consentie par les sojialistes 1
français, en présence des étrangers, au
congrès international, n'était pas viable,
Comme tout le faisait préroir. elle a é!é
rompue au congrès national et, 10io d'a-
bOlljr à l'unité socialiste, ces assises ré-
volutionnaires n'ont servi qu'à démon-
trer les divisions profendes qui séparent
les diverses sectes socialistes. Des paro-
les de défiance on en est veau aux in ju-
ros, puis aax coups et, finalement, la
rupture s'est produite irrémédiable eiilîe
les frères ennemis.
Il ost vrai qu'un nouveau Comité gé-
néral va être constitué, qui aura pour
mandat de préparer un projot d'uniflca-
tioti complète du parti et de le soumettre
à un nouveau congrès, convoqué au plus
tard dans six mois. Tout d'abord, si, ce
qui est probable, les dissidents refusent
de se faire représentor à ce Comité,nous
ne voyons pas comment celui ci s'y
prendra pour préparer « l'unifioution
complète du parti. » La vérité ost qu'en
conviant les organisations actuellement
existantes à nommer un nouveau comité,
on a simplement voulu gagner du temps.
Mais nous sommes persuadé quo les pro-
moteurs de l'idée ne so fout aucune illu-
sion sur son inefficacité. Après comme
avant, il n'y aura de po'xnidans les
cœurs ni dana les esprits. Pour que l'en-
telle fût possible, il faudrait compter sur
l'abnégation et le désintéressement de
tous.
Or, les dirigeants, dans leur propre
intérêt, no sont nullement disposés à
laisser entamer en quoi que ce soit
riutégrité et l'influence do lour groupe.
Lo nouveau Comité gjtiôrul n'empê-
chera donc pas les organisations dd vi-
vre indépendantes les unes d.h autres1.
Et com m9 chacune d'elles a des visées
différentes dos aulres, loin de s'apaiser,
la lutte doviendra plus ardente au fur et
à mesure qu'un groupe prendra de l'im-
portance au détriment do l'autre.
Cela ressort do toute évidence tant des
discussions qui ont eu lieu au Congrès
intornationnal qu'au Congrès national.
En effet, ce ne sont pas les questions
d'ordre purement économique, celles qui
touchent do près les travailleurs, qui ont
amené le désaccord, mais bien celles
qui so rapportent à la politique pure, Les
solutions immédiates des problèmps
ouvriers ont élé sacrifiées; tous les efforts
des congressistes ont porté sur le point
de savoir si, oui ou non, un po batiste
devait faire partie d'un rwinislôre bosr
geois.
Nous comprenons fort bien les preoe
cupalions qui faisaient agir certains dé
légués. De la réponse du Congrès dé-
pendait le sort des elcclious futures, bi
le congrès avait dit oui, les arrivés con-
ser .aient leur mandai; s'il avait dit non,
les arrivistes se seraient fait une plate-
forme électorale dn blâme implicite don-
né par le congrès aux détenteurs actuels
de mandats publics. L'assemblée inter-
nationale, a si bien saisi cette significa-
tion qu'elle n'a dit ni oui ni non, ne vou-
lant pas, par son vote, accroître les diffi-
cultés du parti. Elle a adopté une motion
plutôt nuageuse, dans laquelle les belli-
gérants peuvent trouver chacun leur
compte. Et c'est précisément sur cette
cote mal taillée que devra tabler le Co-
mité général pour essayer de faire le
rapprochement. Los haines sont trop
enracinées pour esperor atteindre ce
résultat.
Quoi qu'il en soit, les résolutions adop-
tées marquent un pas dans la voie de la
sagesse. C'est ainsi que le Congrès, se
maintenant sur le terraii do la
lutte des classer a recommandé à
tous les salariés du monde entier do s'u-
nir contre la domination des capitalistes
et partout où ils jouissent des droits poli-
tiques, de s'en servir pour s'émanciper
de la servitude du salariat. Evidemment,
ceci signifie que les suffrago >• des ou-
vriers devront se porter de plus en plus
sur les candidats de leur classe.
Comme on le voit, il n'est plus que
vaguement question de révolution. Les
congressistes l'ont formellement indiqué
en écartant les propositions de ceux qui
exagéraient leur attitude révolution-
naire. Ce n'est plus sur les ruines du
bouleversement social que les noova-
1 jurs comptent édifier la société de leurs
rêves. Ils veulent maintenant procéder
pratiquement, légalement. Il est vrai
que lobutqu'ils poursuivent est le même:
déposséder les bourgeois. Où aboutira
ce mouvement ? Voilà le problème.
Selon nous, les travailleurs n'auraient
rien à gagner au triomphe des théories
collectivistes. Avec leur liborté, ils per-
draient l'espoir d'un avenir meilleur.
Nous ne comprenons l'action ouvrière
qu'en opposant la justice et le droit aux
privilèges et aux abus. Les classes n'e-
xistent plus. Ce qui devait être fait a été
fait par nos pères de 89 lorsqu'il ont dé-
truit les prérogatives de caste. Mainte-
nant l'ouvrier peut devenir patron
et, par contre, le patron peut, à la suite
as revers, se trouver obligé, pour vivre,
de devenir un salarié. Donc, il n'y a plus
do classes distiuctes, et vouloir les res-
susciter, ce serait renier les conquêtes
do la Révolution française ot nous rame-
ner à plus d'un siècle en arrière.
Est-ce à dire que tout soit pour le mioux
dans la meilleure des sociétés possibles?
Non. Il y a certainement boancoup à
faire pour améliorer le sort des petits et
des humbles ; et c'est pour avoir trop
longtemps négligé do remplir ce devoir
strict que la bourgeoisie a vu se dresser
menaçante devant elle une force avec
laquelle elle devra plus que jamais comp-
ter dans l'avenir. V eyssier,
Veyssier.
A tort et à travers
Méthode dlEnsclgnement
Le Correspondant a publié dans son der-
nier numéro un Journal U Ume de Mgr
Dupanloup, qui est plein do charme et d'in-
térêt : j'en recommanec la lecture aux pères
do famille et mémo aux professeurs do l'uni-
versité. Je laisse de côté, dans co journal
intime, tout ce qui se rapporte à la vocation
sacerdotale, à la foi, à la prêtrise et à l'épis-
copat de Mgr Dupanloup pour m'en tenir à
sa profession et A ses Idées d'éducateur.
On sait que révoque d'Orléans a tenu et
qu'il tient encore une grande placo dans
l'histoire de l'éducation française. Il possé-
dait les trois qualités, les trois vertus In-
dispensables à tout éducateur digue de sa
lâche : le sens, le souci et la prallquc. à la
fols nrdento et réfléchie, tle l'éducation.
11 avait cette devise, qui est charmante :
« liciidre les enfants bons et heureux.»
Tout éducateur qui aime son métier et qui
le sait, clerc ou laïque, évoque ou simple
professeur, n'a, du reste, pas d'autre idéal
et pas d'autre obict.
Rendre les enfants bons, cela est facile:
ils le sont déjà, sauf un très petit nombre
d'exceptions. Il y a très peu, en effet, de
natures foncièrerhcnl méchantes et mauvai-
ses. Ces cas désespérés sout forL rares en
éducation ; s'il s'en présente un, le mailrc
n'a qu'une chose à faire : débarrasser l'é-
cole, l'élude eL la classe, de l'élève reconnu
mauvais et incurable, de l'enfant gâté, au
vrai sens du moL, qui pourrait gàt.cr les
autres.
On ns procède, on ne peut procéder, en
pareil cas, que par l'expulsion : c'est un
Ilyen violent, et cruel, in extremis : mais
il n'y en a pas d'autre pour sauver d'une
contagion possible les camarades du conta-
miné, les bonnes natures, auxquelles ce voi-
sinage malsain risquerait de nuire.
Rendre les enfants joyeux : cela paraît,
au premier abord, plus malaisé. Il serait
présomptueux de le promettre aux parents
et, il n'est pas toujours facile d'y réussir.
Avec de la bonne humeur, de la bonne
volonté, de la patience, de la joie et de l'af-
fection (reprenez vous-mêmes ces termes,
un a un, pour en exprimer le sens), on finit
par y arriver, au moins en partie.
J'ose dire que nous avons déjà fait quel-
(lues progrès dans cette voie excellente et
que, s'il en reste encore à faire, - il en
restera toujours, iiest-ce pas? - nous
sommes sur le bon chemin; Ily a, je le sais,
dans les maisons iinivcrsitaired'aujourd'hui,
entre les chefs d'établissement et les pro-
fesseurs, entre les professeurs et les répé-
titeurs; leurs auxiliaires naturels, une
entente plus cordiale, une collaboration plus
active et plus éclairée qu'autrcfoisjpour ne
pas attrister l'enfance et la jeunesse.
L'inlernat, qu'il est plus commode de dé.
crier que de supprimer, est devenu plus
doux et plus sain ; l'allégresse physique, si
nécessaire à la santé el même au travail de
l'enfant eL du jeune homme, y est soignée
et entretenue avec plus de vigilanco et de
méthode que par le passé.
L'enfant n'est plus traité en « enfant de
tronpe., comme dans les casernes univer
versitalrcs d'autrefois ; il est une petite
rrsonne dont la santé, la croissance, l'ap-
pétit et la gaieté éveillent autour de lui,
chez tous ceux qui en ont la garde, la solli-
citude et la tendresse. La chaleur du foyer
domestique, l'air de la famille, ont pénétré
peu à peu dans les internats, que nous avons
connus plus sombres et plus farouches,
l
que nous voyons aujourd'hui, avec tant de
plaisir, plus souriants.
Le travail n'est jamais un plaisir pur,
puisqu'il n'y a pas de travail sans effort et
que l'effort est toujours pénible. Mais le
travail, lui aussi, est devenu moins revêche
et moins rebutant ; il a moins d'épines.
Des méthodes plus souples et plus rlé-'
mentes ; des maîtres, je ne dirais pas moins
sévères, on ne peu guère so passer de ;
sévérité si l'on veut être sérieux, mais
moins rébarbatifs et moins hérissés, ont
rendu les études plus attrayantes.
On ennuyé moins les enfants, et naturel-
lement, ils s'cnnurent moins qu'au temps.
heureusement aboli, des corvées, des pen-
sums, des besognes ingrates et stériles
dont on ne craignait pas assez peut être
de les surcharger. de les accabler autrefois.
De même qu'on n'exige plus de leur vivacité,
de leur mobilit é naturelles une fixité de pol't
d'armes, une sagesse de momie, vraiment
ridicules et impossibles, 011 n'inrtige plus,
par exemples. à leur mémoire de lourdes
et inutiles déglutitions.
L'enseignement. dans les classes él&nen-
laires. est moins aride, moins renfrogué,
plus amusant el plus souple qu'au temps
passé: dans les classes supérieures, il est
plus libre, plus ouvert et plus engageant.
Les petits écoliers sont de plus en plus,
dans les maisons bien gouvernées el dans
les classes bien comprises, les enfants de
leurs maîtres: les grands écoliers sont les
amis, pas les camarades, de leurs pro-
fesseurs.
La profession de l'enseignement et la
lâche de l'éducation sont. d'ailleurs joyeu-
ses, quand on les prend bien et qu'on sait
s'y prendre. C'est une joie d'enseigner à
certaines heures, sinon à toutes. Pourquoi
ne serait-ce pas une joie de s'instruire, lors
qu'un maître, comme il y en a beaucoup,
éclairé, attentif et bon, ne seme pas de
cailloux pointus le petit sentier du Rudi
mont, et de culs de bouteille le joli chemin
des Humanités.
Un lycée ou un collège. si avenants ci si
agréables qu'on les suppose, ne sont pas le
paradis des écoliers: ils n'ont pas élé faits
pour cola; mais en n'est pas non plus l'enfer
ni mème le purgatoire.
L'aimable deviso de Mg' Dupanloup:
« Rendre les enfants bons et heureux », a
fait du chemin depuis le milieu du siècle;
ollc a Uni par rallier presquo tout le monde.
Là encore, comme partout, la raison et la
vérité sont dans la mesure, entre les extrê-
mes. La bonté douceâtre, la faiblesse, de
son vrai nom, no vaut rien et n'a jamais
rien valu en éducation et il ne faut pas
promettre aux écoliers, petits ou grands,
penchés sur leurs livres, des félécités Illu-
soires.
L'essentiel est de ne les tenir ni à la chai-
1 ne, ni à la gÔnc, et de leur apprendre à
travailler gaiement, pour toute leur vl,
S.
1
Rédaction chinoise
Quand les affaires de Chine commencè-
rent de préoccuper ses lecteurs, M. Ben-
nelt, directeur du New-York HeraUt, eut
une idée de génie. Les Chinois sont nom-
breux aux Etats-Unis. Il eut l'idée d'al ta-
cher à son journal un rédacteur chlnuis.qu i
rendrait compte des événements en chinois
et pour les gens de sa couleur.
Ce rédacteur jaune coulait assez cher.
Mais le bénéfice promettait, d'être considé-
rable, Une réclame puissante avait surex-
cité l'Amérique attentive. De Rliodo lslanrl
à Vancouver, on attendait avec curiosité,
avec impatience, avec frénésie, le bulletin
de Chine et les impressions du Céleste.
Elles parurent : le tirage monta. Il fallut
attendre un peu, et laisser aux gens compé-
tents le temps de traduire eu anglais les
caractères compliqués du chinois. Cepen-
dant la colonie chinoise paraissait ellchan-
tée. - a.
L'heure vint enfin ou la curiosité publi-
que put être satisfaite. J'ose dire qu'elle ne
fut pas déi;uc. L'article commentait ainsi :
« Si ces lignes tombent sous les yeux d'un
de nos frères chinois, qu'il agree le salut
de l'auteur, et qu'il reçoive les bénédictions
des quatre-vingt-dix-sept dieux. Si un chien
de chrél en l'interroge sur le présent arti-
cle, il voudra bien lui répondre ^u'il y est
parlé de grands combats, ruineux et san-
glants, entre les Japonais et les Chinois.U*
journal appartient à un maudit chrétien ci
n'est pas même digne qu'un Chinois qui se
respecte crache dessus. »
Cette brillante chronique eut un vif suc-
cès, mais n'eut pas de suite. Les lecteurs
cherchèrent vainement le bulletin céleste
dans les numéros suivants. Toute l'Améri-
que riait ; et M. Bennett, toujours épris de
couleur locale, riait jaune.
̃ a
La préhistoire
Il paraît que le programme de l'enseigne-
ment primaire n'est pas assez chargé. Un
congres de délégués cantonaux, qui s'est
tenu à Paris, a émis le vœu «qu'un cours
élémentaire de préhistoire et d'anliqutlé de
l'homme fût fait., avant leur sortie de récole,
aux élèves de dernière année. »
Ces hamhins, âgés d'une douzaine d'an-
nées. ne semblent pas à première vue,
constituer un auditoire très approprié pour
un cours, môme «élémentaire», d'anthro-
pologie préhistorique.
il est permis de se demander, en mure,
s'ils n'ont pas des notions plus utiles el
moins conjecturales à acquérir.
La préhistoire est tout au moins préma-
turée pour eux. Elle a sa place au Collège
de France, dans les Facultés, ou encore
dans les Universités populaires.
A l'école primaire, mieux vaut rester sur
un terrain moins ambitieux, mats plus si\r
pour les élèves et même pour leurs maîtres.
POTAMOGRAPHIE NOUVELLE
Eaux souterraines. Dans les Cé-
vennes. Au pays de Caux.
Légendes. - Fleuves
sous - marins.
Ce litre, un peu prétentieux, de «pota-
mogi@apliie » va sans doute intriguer quel-
ques lecteurs : il se rapporte pourtant à une
très-ancienne science, et son origine expli-
quera facilement à quelles choses il a trait.
Ce vocable technique vient de deux mots
grecs : rtotamos (tlcuve) et graphvin (dé-
el'irc:. Il s'applique donc purement et sim-
plement à l'étude des cours d'eau de toute
nature, puisque, selon la théorie de Mac-
Nab, de chatnoiresquc mémoire :
Les peti (iP,,ruisseaux fonl les grand's rivières t
C'est d'amcurs une histoire vieille comme
le monde, et sa source, c'est le cas d'em-
ployer le mot, remonte presque à la
création.
Eu effet, au chapitre II de la Genèse, il y
a une description d'un fleuve sortant de
l'Eden et se divisant en quatre autres neu-
ves. plus ou moins COllau aujourd'hui, le
Phicon, lefVuihon, le Hiddckclet rEuphratc.
C'esl de la pure palamographic, et ce
passage a du sans doute mettre en éveil l'i-
magination des érudits qui soutiennent
que le Paradis terrestre était en Norman-
die, à cause, des pommes, voire même à
Rouen où l'on retrouve les rue Pomme
(Àlor- el du Père Adam!
Quoi qu il en soit, la science dont il s'agit
a vu s'ouvrir tout réccnuncrl devant elle,
di1 nouveaux horizons extrèmcincntcurieux,
bien qu'un peu sombres, il est vrai!
Les savants de notre fin de siècle vien-
nent, pour tout dire, de déterminer les bases
d'une potamograpliic souterraine et sous-
marine; cela manque de soleil évidemment !
Dans un département comme le notre, où
dominent les terrains calcaires, les cas de
nappes ou de cours d'eau ous-ll'lluriem ne
sont pas rares : et vraiment il n'est pas sans
intérêt de mentionner au passage l'art nou-
veau qui consiste àroehereher leur histoire,
Le docteur Mlll fut l'un des premiers à
faire connaître l'existence de certains ileu-
ves et lacs souterrains, dont les prlncipanx
se trouvent en Autriche, dans le Kcntucky
el. la Nouvellc-(ïailes du Sud.
En France, M. Martel, dont le nom. com-
me spéléologue, est universellement connu,
a découvert, de lyss a un!. dans la région
des Causses et sur le versant Occidental des
Cévennes, des grottes de plusieurs kiLomù-
tres de superficie, tapissées do stalactites
et dont le fond est. occupé par des lleuvcs et
des lacs souterrains inconnus jusqu'à lui."
Citons parmi ces îleuves le Bramablau
(Gard), avec ses sept cascades et ses
afllucnts, le Honheur, la Trouche, etc., ses
six kilomètres eL dpml de galeries, de gran-
des salles, bassins, tunnels,fissures,niches,
encoignures et ses ramifications innombra-
bles.
Mentionnons également la rivière sub-
terranéenne de Padirac, située it350 mètres
au-dessous du niveau des Causses de Gan-
nat et longue (le,:" à t kilomètres.
En Seine-Inférieure, où les terrains strati-
fiés se prêtent facilementà la course occulte,
entre deux couches inpcrméables du sol,
des caux absorbées Ú la suite des pluies ou
de la fonle des neiges, on peut aisément
rencontrer des réglons aquifères souter-
raines.
Tout le monde a entendu parler de l'his-
toire de la Cathédrale de Koucn, dont la
vaste nef reposerait sur les eaux, comme le
vaisseau du palrlarclic Noé; eo n'est qu'un
racontar populaire, et, on doit rec mnailre
qu'il n'existequ'un puits sous
la monumentale hasilillllt'! Mais l'antiqua
créance plébéienne prouve une chose : C'est
que nos ancêtres avaient cinscienco des
provisions d'eau accumulées sous le sol do
leur eilé, on. s-uis celui de ses environs.
On a d'ailleurs, lors de l'adduction à
Rouen, des eaux de la vallée de Préaux,
découvert de véritables lacs sous Boisguil-
launie, ou Mesnil-Grémichon !
Mais il y a mieux el les topographes
normands ne manqueront pas de signaler
à l'attention de .Messieurs les chercheurs
de \éritables rivières souterraines suivant,
leur cours mystérieux, notamment dans le
sous sol Cauchois.
En voici deux cas, nous les relatons d'au-
tant plus volontiers que chacun d'eux est
accompagné d'une légende.
Le joli bourg de tonlatne le Dun, dans
l'arrondissement d'Yvelot, doit son appel-
lation aux sources de la petite rivière du
Dun, qu'on y voyait autrefois.
Aujourd hui le ruisseau ne commence à
c )Ulei' qu'à trois kilométrés au dessous de
la commune. Il est évident que le point de
départ des eaux est resté le même, mais
leur lil s'est abaissé et l'écoulement se faiL
maintenant, pour une partie, Lout bonne-
ment sous terre.
A ce sujet, il existe dans le pays uno
curieuse tradition que Guilmelh, le savant
archéologue Iîrionnais rapporte ainsi: « Lo
« seigneur de Crasville la. Roquefort,–rien
« « propriété duquel les sources du Dun so
« trouvaient, voulut un jour en détourner
«le cours, pour qu'un moulin que Je sei-
« gneur de Fontaine avait refusé de lui
« vendre, fut privé d'eau. Un procès s'cn-
« gagea: le propriétaire des sources le per-
« dit. Aloi'Sj pour se venger, il ne chercha
« plus à détourner le cours de la pelile
« rivière: il boucha les sources avec des
« balles de laine ! »
Si non è vero.!
Nous cueillons le second exemple de po-
lamographie souterraine dans l'arrondisse-
ment du Havre, à Etretat, le pittoresque
village oÙ tant d'artistes ont passé depuis
Alphonse Karr jusqu'il Guy de Maupas-
sanl.
H parait qu'anciennement une rivière
arrosait le val el le bourg d'Etrelat; mais
depuis environ deux cents ans. elle a dis-
paru, s'est frayé un cours sous le gazon
de la vallée et verse à présent ses eaux
dans les galets, en aval île la plage et non
loin de ses pittoresques caloges.
C'est là qu'à mer basse les ménagères
d'Elivlal viennent l'l'. u*er des réservoirs
pour lll\ l'l' leur linge dans l'eau douce qui
semblesoriir du pt. d dr la I daise.
« Ici encore, dit l'aimé HunU, une poéli-
« que légende explique la disparition de ce
« cours d'eau : un s.u\ une hllhémicnnc,
« son enfant sur le dn:" frappait H la porte
« d'un moulinque faisait marcher la rivière.
* Le meunier, homme dur et cruel, lui re*
« fuse t'iiospilalité qu'elle Implore,
Le Numéro t CINQ Centtmê
bîmaoche Si Octobre IflOO
MM-MMMM, Aire il
O^irtin^ti UmttrophM. 4*
lutrw Départratut» 1 Ir. »
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Pipiflmw^ limitrophe» S ff« 51
AvhniMniili*^ Sfr* f*
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LE TUVULUDIHOIIMD
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PRMIStlANT LR DIMANCHE 0
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Avig d'inhumation - 1 Ir.
Béclames 2 fr.
KéJactioi I idainiitratiu 1
ROUEN
Quai do Paria, 28
BUREAUX AU BAva.
a. Rue de ParUt a
Les Abonnements m paient i
Pivanco et M font à partir ia
la èt 16 de chaîna moli.
SEMAINE POLITIQUE
Les élections Anglaises. - Les
raisons du parti de la guerre - -
L'héroïsme des Boërs. Le
droit de vivre.
Il ne s'est passé à l'iotérieur ces jours
derniers aucun fait dont l'intérêt soit
comparable, même pour nous Français,
au résultat définitivement acquis des élec-
tions Anglaises.
Nous sommes trop près des Anglais,
tous avons avec eux drs relations d'af-
faires et de politique trop suivies, ils sont
aussi trop attentifs et trop sensibles à
l'opinion Française sur leur compte pour
que nous puissions sans dangar ignorer
ce qui se passe chez eux, ou les ugpr
faussement.
Les élections se sont faites sur la ques-
tion de la guerre ; il est démontré main-
tenant que l'immense majorité de la na-
tion l'approuve.
Le ministère Salibbury-Chambcrlain,
qui avait une majorité de 128 voi:: dans
l'anoienne Chambre des Communes aura
maintenant uue majorité de 132 voix, les
ministériels gagnants deux sièges, ce
qui fait un déplacement de quatre voix ;
et notez que la minorité comprend un
élément anti-anglais, les Irlandais, - le
pays est donc avec le gouvernement.
Les ministres évitent ainsi d'avoir,
après la guerre, à rendre des comptes à
la nation ; ils obtiennent un quitus pour
le passé et un blanc seing pour l'avenir.
Comment une guerre qui soulève la
réprobation du monde civilisé peut elle
être si populaire dans un pays de libres
discussions, humanitaire et libéral com
me rAogleterre.
Il est puéril de soutenir que la cause
unique du conflit armé entre l'Empire
Britannique et les Républiques Sud Afii
caines t oit la volonté de s'emparer dés
-i iic&U£M-Ù ui
luelle en nous dispensant de chercher
plus avant ; nôtre haine héréditaire de
l'Angleterre y trouve aussi son compte,
en assignant un motif vil à la conquête ;
mais il faut se rendre à l'évidence.
Les mines appartiennent et continue-
ront d'appartenir à des sociétés particu-
lières; si puissants que soient certains
actionnaires, il est impossible d'admettre
qu'ils puissent à eux seuls entraîner le
pays tout entier, lui faire consentir d'é
normes sacrifices d'argent, des sacrifices
en hommes beaucoup plus pénibles en-
core, pour la seule satisfaction d'intérêts
privés.
C'est un argument de même valeur que
celui qui consiste à soutenir qu'en Fran-
ce, le gouvernement, les chambres et le
suffrage universel tout entier 80Ut des
rouages divers mûs par un moteur uni.
que : la haute banque luire.
Si certains capitalistes ont pu avoir un
intérêt d'argent à la guerre, il n'en a pas
été de même du peuple anglais, dans
l'infinie diversité de ses citoyens, indus-
̃ triels et commerçants, savants et pen-
seurs, seigneurs terrions ou petits agri-
culteurs des comtés.
Ceux-là sont unis par le patriotisme ;
à notre avis ils se sont fait un faux point
d'honneur national, ce sont les nationa-
listes d'O iitre-Manche.
Les Anglais, depuis Majuba, étaient
restés convaincus que leTranswaal cher-
chait à soulever contre eux tout le Sud
Africain on vue de former les Etats-Unis
Afrikanders.
A cette conviction se joignait le souve-
nir vivant de l'humiliation ressentie,de la
guerre interrompue après la première
défaite ; vingt ans passés avaient été si
impuissants à faire disparaître ce senti-
ment que, la reddition de Cr on je ,fnt re-
gardée par tous en Angleterre comme la
revanche de cette défaite « Majuba
Avenged ».
Cette première humiliation était d'ail-
leurs ravivée par de continuels froisse-
ments. 1
Les colons, les ultlandere, comme on
les appelait là-bas qui s'en allaient au-
tour de Johannesburg pour l'exploiialion
des mines d'or avaient des tendances et
des intérêts nettement opposés à ceux
des habitants des deux Républiques.
- Les uns étaient industriels, les autres
cultivateurs. Les pvwuiiwu voulaient don
ner an pays, en la prowui d'abord pou?
eus mêmes, la richesse rapidement ac-
quise, avec les habitudes de vie facile et
luxueuse qui en sont la suite ; les se-
conds entendaient conserver la vie tran-
quille et simple et la primitive civilisa-
tion des ancêtres nourris des produits
du sol, sans exploitation compliquée et
sans besoins raffinés.
Au Transvaal, quand ou voulait aug-
menter les impôts , c'est les Uttlanders
qu'on frappait: or les Uttlanders étaient
Anglais en grande majorité; ils préten-
daient que le Président Krtiger ménageait
à ses amis de grasses sinécures; l'événe-
ment a prouvé que les prélèvements de
l'occlePaul, qui paraissaient Fcandaleux,
étaient simplement patriotiques; il pré-
parait la guerre aux Anglais à l'aide de
l'impôt qu'il prélevait sur eux.
Le Président concédait les monopoles
et lobUttlanders se plaignaient de ses dé-
cisions pu'ile préloudaient vexatoires et
arbitraires.
Faisait on appel aux tribunaux; leurs
jugements étaient soumis en dernier
ressort au Raad, c'est-à-dire à la Cham
bre politique, qui délibérait à huis clos et
était acquise au Président, ennemi des
étrangers.
Ceux ci qui supportaient toutes les
charges publiques n'avaient pas le droit
de voter.
Tout cela s'était dit et répété en An-
gleterre, avait été sans doute exagéré
et aval exaspéré l'opinion.
Pen Jant ce temps, de leur cô!6, les
Républiques armaient on sacret et pré-
paraient la guerre qu'elles jugeaient iné-
vitable.
Voici les raisons pour lesquolles les
Anglais so sont imaginés que leur entre-
prise était juste.
Ajoutons à cela les premières défaites
de la puissante Albion battue par quel-
ques milliers de paysans, tenue encore
en échec par eux actueUement,deYocue
de ce faU la risée du monde et nous pour-
rons comprendre l'état d'esprit qui permet
à nos voisins de voter pour les candidats
de leur gouvernement et de regarder
eicore M. Chamberlain, comme un grand
homme, malgré ses scandaleux profits
dans la guerre dont il est un dos auteurs
r 3sponsables.
Cet état d'esprit ost-il sain T Non assu-
rément.
L'entreprise des Anglais est, malgré
tout, injuste et presque sauvage parce
qu'elle tend à l'asservissement des Répu-
bliques et parce qu'au peuple qui combat
pour son indépendance a toujours raison
cont e son oppresseur.
Or, les Boë"s S3 sont révélés un grand
peuple, un peuple admirable par l'hé
roïsmo avec lequel, depuis plus d'un an,
ils ont défendu leur existence.
Ea vain, les Anglais prétendent-ils
qu'après la conquête ils assureraient
aux citoyons des Républiques une liberté
individuolle plus grande qu'àvant la
guerre, en les affranchissant tolammenl
de la conscription militaire à laquelle ils
étaient soumis a-uparava-nt;en leur procu-
rant plus de bien-être par le développe-
ment de l'industrie, en leur donnant une
administration plus protectrice en même
temps que plus libérale.
Tout cela est possible, nuis en respec-
tant les individus, les Anglais tueront le
groupement humain, la nation.
Q ii fera revivre cette race chevale-
resque et loyale, généreuse même à
l'égard de l'ennemi, endurante à la fatigue
et sans pe-ir du danger, cette rude race
de paysans qui a su allier les vertus
simples des sociétés primitives aux senti-
ments délicats des civilisations dévelop-
pées ? Pourquoi ot de quel droit ce peuple
serait-il absorbé par les Anglo-Saxons si
différents ; de quel droit, sinon de celui
du plus fort y
Nous devons donc juger avec une
extrême sévérité ceux qui ont voulu cette
guerre ; leur responsabilité est lourde ;
quant au peuple anglais dans son en-
semble tout en déplorant l'aveuglement
qui lui fait donner sa confiance à des
hommes sans scrupules, nous devons
parler, sans mépris et sans haine, des
impulsions auxquelles il cède, car bon
patriotisme est en jeu ; nous pouvons
même lui envier, nous si inconstants et
si frondeurs, cette forte discipline avec
laquelle il soutient un gouvernement, qui
n'est pas exempt de critiques, 4t fait
crédit à des chefs militaires qui ne sont
pis 'ouj )urs àlahauteur de lerrr mission.
Civis.
LA RUPTURE
La trève consentie par les sojialistes 1
français, en présence des étrangers, au
congrès international, n'était pas viable,
Comme tout le faisait préroir. elle a é!é
rompue au congrès national et, 10io d'a-
bOlljr à l'unité socialiste, ces assises ré-
volutionnaires n'ont servi qu'à démon-
trer les divisions profendes qui séparent
les diverses sectes socialistes. Des paro-
les de défiance on en est veau aux in ju-
ros, puis aax coups et, finalement, la
rupture s'est produite irrémédiable eiilîe
les frères ennemis.
Il ost vrai qu'un nouveau Comité gé-
néral va être constitué, qui aura pour
mandat de préparer un projot d'uniflca-
tioti complète du parti et de le soumettre
à un nouveau congrès, convoqué au plus
tard dans six mois. Tout d'abord, si, ce
qui est probable, les dissidents refusent
de se faire représentor à ce Comité,nous
ne voyons pas comment celui ci s'y
prendra pour préparer « l'unifioution
complète du parti. » La vérité ost qu'en
conviant les organisations actuellement
existantes à nommer un nouveau comité,
on a simplement voulu gagner du temps.
Mais nous sommes persuadé quo les pro-
moteurs de l'idée ne so fout aucune illu-
sion sur son inefficacité. Après comme
avant, il n'y aura de po'xnidans les
cœurs ni dana les esprits. Pour que l'en-
telle fût possible, il faudrait compter sur
l'abnégation et le désintéressement de
tous.
Or, les dirigeants, dans leur propre
intérêt, no sont nullement disposés à
laisser entamer en quoi que ce soit
riutégrité et l'influence do lour groupe.
Lo nouveau Comité gjtiôrul n'empê-
chera donc pas les organisations dd vi-
vre indépendantes les unes d.h autres1.
Et com m9 chacune d'elles a des visées
différentes dos aulres, loin de s'apaiser,
la lutte doviendra plus ardente au fur et
à mesure qu'un groupe prendra de l'im-
portance au détriment do l'autre.
Cela ressort do toute évidence tant des
discussions qui ont eu lieu au Congrès
intornationnal qu'au Congrès national.
En effet, ce ne sont pas les questions
d'ordre purement économique, celles qui
touchent do près les travailleurs, qui ont
amené le désaccord, mais bien celles
qui so rapportent à la politique pure, Les
solutions immédiates des problèmps
ouvriers ont élé sacrifiées; tous les efforts
des congressistes ont porté sur le point
de savoir si, oui ou non, un po batiste
devait faire partie d'un rwinislôre bosr
geois.
Nous comprenons fort bien les preoe
cupalions qui faisaient agir certains dé
légués. De la réponse du Congrès dé-
pendait le sort des elcclious futures, bi
le congrès avait dit oui, les arrivés con-
ser .aient leur mandai; s'il avait dit non,
les arrivistes se seraient fait une plate-
forme électorale dn blâme implicite don-
né par le congrès aux détenteurs actuels
de mandats publics. L'assemblée inter-
nationale, a si bien saisi cette significa-
tion qu'elle n'a dit ni oui ni non, ne vou-
lant pas, par son vote, accroître les diffi-
cultés du parti. Elle a adopté une motion
plutôt nuageuse, dans laquelle les belli-
gérants peuvent trouver chacun leur
compte. Et c'est précisément sur cette
cote mal taillée que devra tabler le Co-
mité général pour essayer de faire le
rapprochement. Los haines sont trop
enracinées pour esperor atteindre ce
résultat.
Quoi qu'il en soit, les résolutions adop-
tées marquent un pas dans la voie de la
sagesse. C'est ainsi que le Congrès, se
maintenant sur le terraii do la
lutte des classer a recommandé à
tous les salariés du monde entier do s'u-
nir contre la domination des capitalistes
et partout où ils jouissent des droits poli-
tiques, de s'en servir pour s'émanciper
de la servitude du salariat. Evidemment,
ceci signifie que les suffrago >• des ou-
vriers devront se porter de plus en plus
sur les candidats de leur classe.
Comme on le voit, il n'est plus que
vaguement question de révolution. Les
congressistes l'ont formellement indiqué
en écartant les propositions de ceux qui
exagéraient leur attitude révolution-
naire. Ce n'est plus sur les ruines du
bouleversement social que les noova-
1 jurs comptent édifier la société de leurs
rêves. Ils veulent maintenant procéder
pratiquement, légalement. Il est vrai
que lobutqu'ils poursuivent est le même:
déposséder les bourgeois. Où aboutira
ce mouvement ? Voilà le problème.
Selon nous, les travailleurs n'auraient
rien à gagner au triomphe des théories
collectivistes. Avec leur liborté, ils per-
draient l'espoir d'un avenir meilleur.
Nous ne comprenons l'action ouvrière
qu'en opposant la justice et le droit aux
privilèges et aux abus. Les classes n'e-
xistent plus. Ce qui devait être fait a été
fait par nos pères de 89 lorsqu'il ont dé-
truit les prérogatives de caste. Mainte-
nant l'ouvrier peut devenir patron
et, par contre, le patron peut, à la suite
as revers, se trouver obligé, pour vivre,
de devenir un salarié. Donc, il n'y a plus
do classes distiuctes, et vouloir les res-
susciter, ce serait renier les conquêtes
do la Révolution française ot nous rame-
ner à plus d'un siècle en arrière.
Est-ce à dire que tout soit pour le mioux
dans la meilleure des sociétés possibles?
Non. Il y a certainement boancoup à
faire pour améliorer le sort des petits et
des humbles ; et c'est pour avoir trop
longtemps négligé do remplir ce devoir
strict que la bourgeoisie a vu se dresser
menaçante devant elle une force avec
laquelle elle devra plus que jamais comp-
ter dans l'avenir. V eyssier,
Veyssier.
A tort et à travers
Méthode dlEnsclgnement
Le Correspondant a publié dans son der-
nier numéro un Journal U Ume de Mgr
Dupanloup, qui est plein do charme et d'in-
térêt : j'en recommanec la lecture aux pères
do famille et mémo aux professeurs do l'uni-
versité. Je laisse de côté, dans co journal
intime, tout ce qui se rapporte à la vocation
sacerdotale, à la foi, à la prêtrise et à l'épis-
copat de Mgr Dupanloup pour m'en tenir à
sa profession et A ses Idées d'éducateur.
On sait que révoque d'Orléans a tenu et
qu'il tient encore une grande placo dans
l'histoire de l'éducation française. Il possé-
dait les trois qualités, les trois vertus In-
dispensables à tout éducateur digue de sa
lâche : le sens, le souci et la prallquc. à la
fols nrdento et réfléchie, tle l'éducation.
11 avait cette devise, qui est charmante :
« liciidre les enfants bons et heureux.»
Tout éducateur qui aime son métier et qui
le sait, clerc ou laïque, évoque ou simple
professeur, n'a, du reste, pas d'autre idéal
et pas d'autre obict.
Rendre les enfants bons, cela est facile:
ils le sont déjà, sauf un très petit nombre
d'exceptions. Il y a très peu, en effet, de
natures foncièrerhcnl méchantes et mauvai-
ses. Ces cas désespérés sout forL rares en
éducation ; s'il s'en présente un, le mailrc
n'a qu'une chose à faire : débarrasser l'é-
cole, l'élude eL la classe, de l'élève reconnu
mauvais et incurable, de l'enfant gâté, au
vrai sens du moL, qui pourrait gàt.cr les
autres.
On ns procède, on ne peut procéder, en
pareil cas, que par l'expulsion : c'est un
Ilyen violent, et cruel, in extremis : mais
il n'y en a pas d'autre pour sauver d'une
contagion possible les camarades du conta-
miné, les bonnes natures, auxquelles ce voi-
sinage malsain risquerait de nuire.
Rendre les enfants joyeux : cela paraît,
au premier abord, plus malaisé. Il serait
présomptueux de le promettre aux parents
et, il n'est pas toujours facile d'y réussir.
Avec de la bonne humeur, de la bonne
volonté, de la patience, de la joie et de l'af-
fection (reprenez vous-mêmes ces termes,
un a un, pour en exprimer le sens), on finit
par y arriver, au moins en partie.
J'ose dire que nous avons déjà fait quel-
(lues progrès dans cette voie excellente et
que, s'il en reste encore à faire, - il en
restera toujours, iiest-ce pas? - nous
sommes sur le bon chemin; Ily a, je le sais,
dans les maisons iinivcrsitaired'aujourd'hui,
entre les chefs d'établissement et les pro-
fesseurs, entre les professeurs et les répé-
titeurs; leurs auxiliaires naturels, une
entente plus cordiale, une collaboration plus
active et plus éclairée qu'autrcfoisjpour ne
pas attrister l'enfance et la jeunesse.
L'inlernat, qu'il est plus commode de dé.
crier que de supprimer, est devenu plus
doux et plus sain ; l'allégresse physique, si
nécessaire à la santé el même au travail de
l'enfant eL du jeune homme, y est soignée
et entretenue avec plus de vigilanco et de
méthode que par le passé.
L'enfant n'est plus traité en « enfant de
tronpe., comme dans les casernes univer
versitalrcs d'autrefois ; il est une petite
rrsonne dont la santé, la croissance, l'ap-
pétit et la gaieté éveillent autour de lui,
chez tous ceux qui en ont la garde, la solli-
citude et la tendresse. La chaleur du foyer
domestique, l'air de la famille, ont pénétré
peu à peu dans les internats, que nous avons
connus plus sombres et plus farouches,
l
que nous voyons aujourd'hui, avec tant de
plaisir, plus souriants.
Le travail n'est jamais un plaisir pur,
puisqu'il n'y a pas de travail sans effort et
que l'effort est toujours pénible. Mais le
travail, lui aussi, est devenu moins revêche
et moins rebutant ; il a moins d'épines.
Des méthodes plus souples et plus rlé-'
mentes ; des maîtres, je ne dirais pas moins
sévères, on ne peu guère so passer de ;
sévérité si l'on veut être sérieux, mais
moins rébarbatifs et moins hérissés, ont
rendu les études plus attrayantes.
On ennuyé moins les enfants, et naturel-
lement, ils s'cnnurent moins qu'au temps.
heureusement aboli, des corvées, des pen-
sums, des besognes ingrates et stériles
dont on ne craignait pas assez peut être
de les surcharger. de les accabler autrefois.
De même qu'on n'exige plus de leur vivacité,
de leur mobilit é naturelles une fixité de pol't
d'armes, une sagesse de momie, vraiment
ridicules et impossibles, 011 n'inrtige plus,
par exemples. à leur mémoire de lourdes
et inutiles déglutitions.
L'enseignement. dans les classes él&nen-
laires. est moins aride, moins renfrogué,
plus amusant el plus souple qu'au temps
passé: dans les classes supérieures, il est
plus libre, plus ouvert et plus engageant.
Les petits écoliers sont de plus en plus,
dans les maisons bien gouvernées el dans
les classes bien comprises, les enfants de
leurs maîtres: les grands écoliers sont les
amis, pas les camarades, de leurs pro-
fesseurs.
La profession de l'enseignement et la
lâche de l'éducation sont. d'ailleurs joyeu-
ses, quand on les prend bien et qu'on sait
s'y prendre. C'est une joie d'enseigner à
certaines heures, sinon à toutes. Pourquoi
ne serait-ce pas une joie de s'instruire, lors
qu'un maître, comme il y en a beaucoup,
éclairé, attentif et bon, ne seme pas de
cailloux pointus le petit sentier du Rudi
mont, et de culs de bouteille le joli chemin
des Humanités.
Un lycée ou un collège. si avenants ci si
agréables qu'on les suppose, ne sont pas le
paradis des écoliers: ils n'ont pas élé faits
pour cola; mais en n'est pas non plus l'enfer
ni mème le purgatoire.
L'aimable deviso de Mg' Dupanloup:
« Rendre les enfants bons et heureux », a
fait du chemin depuis le milieu du siècle;
ollc a Uni par rallier presquo tout le monde.
Là encore, comme partout, la raison et la
vérité sont dans la mesure, entre les extrê-
mes. La bonté douceâtre, la faiblesse, de
son vrai nom, no vaut rien et n'a jamais
rien valu en éducation et il ne faut pas
promettre aux écoliers, petits ou grands,
penchés sur leurs livres, des félécités Illu-
soires.
L'essentiel est de ne les tenir ni à la chai-
1 ne, ni à la gÔnc, et de leur apprendre à
travailler gaiement, pour toute leur vl,
S.
1
Rédaction chinoise
Quand les affaires de Chine commencè-
rent de préoccuper ses lecteurs, M. Ben-
nelt, directeur du New-York HeraUt, eut
une idée de génie. Les Chinois sont nom-
breux aux Etats-Unis. Il eut l'idée d'al ta-
cher à son journal un rédacteur chlnuis.qu i
rendrait compte des événements en chinois
et pour les gens de sa couleur.
Ce rédacteur jaune coulait assez cher.
Mais le bénéfice promettait, d'être considé-
rable, Une réclame puissante avait surex-
cité l'Amérique attentive. De Rliodo lslanrl
à Vancouver, on attendait avec curiosité,
avec impatience, avec frénésie, le bulletin
de Chine et les impressions du Céleste.
Elles parurent : le tirage monta. Il fallut
attendre un peu, et laisser aux gens compé-
tents le temps de traduire eu anglais les
caractères compliqués du chinois. Cepen-
dant la colonie chinoise paraissait ellchan-
tée. - a.
L'heure vint enfin ou la curiosité publi-
que put être satisfaite. J'ose dire qu'elle ne
fut pas déi;uc. L'article commentait ainsi :
« Si ces lignes tombent sous les yeux d'un
de nos frères chinois, qu'il agree le salut
de l'auteur, et qu'il reçoive les bénédictions
des quatre-vingt-dix-sept dieux. Si un chien
de chrél en l'interroge sur le présent arti-
cle, il voudra bien lui répondre ^u'il y est
parlé de grands combats, ruineux et san-
glants, entre les Japonais et les Chinois.U*
journal appartient à un maudit chrétien ci
n'est pas même digne qu'un Chinois qui se
respecte crache dessus. »
Cette brillante chronique eut un vif suc-
cès, mais n'eut pas de suite. Les lecteurs
cherchèrent vainement le bulletin céleste
dans les numéros suivants. Toute l'Améri-
que riait ; et M. Bennett, toujours épris de
couleur locale, riait jaune.
̃ a
La préhistoire
Il paraît que le programme de l'enseigne-
ment primaire n'est pas assez chargé. Un
congres de délégués cantonaux, qui s'est
tenu à Paris, a émis le vœu «qu'un cours
élémentaire de préhistoire et d'anliqutlé de
l'homme fût fait., avant leur sortie de récole,
aux élèves de dernière année. »
Ces hamhins, âgés d'une douzaine d'an-
nées. ne semblent pas à première vue,
constituer un auditoire très approprié pour
un cours, môme «élémentaire», d'anthro-
pologie préhistorique.
il est permis de se demander, en mure,
s'ils n'ont pas des notions plus utiles el
moins conjecturales à acquérir.
La préhistoire est tout au moins préma-
turée pour eux. Elle a sa place au Collège
de France, dans les Facultés, ou encore
dans les Universités populaires.
A l'école primaire, mieux vaut rester sur
un terrain moins ambitieux, mats plus si\r
pour les élèves et même pour leurs maîtres.
POTAMOGRAPHIE NOUVELLE
Eaux souterraines. Dans les Cé-
vennes. Au pays de Caux.
Légendes. - Fleuves
sous - marins.
Ce litre, un peu prétentieux, de «pota-
mogi@apliie » va sans doute intriguer quel-
ques lecteurs : il se rapporte pourtant à une
très-ancienne science, et son origine expli-
quera facilement à quelles choses il a trait.
Ce vocable technique vient de deux mots
grecs : rtotamos (tlcuve) et graphvin (dé-
el'irc:. Il s'applique donc purement et sim-
plement à l'étude des cours d'eau de toute
nature, puisque, selon la théorie de Mac-
Nab, de chatnoiresquc mémoire :
Les peti (iP,,ruisseaux fonl les grand's rivières t
C'est d'amcurs une histoire vieille comme
le monde, et sa source, c'est le cas d'em-
ployer le mot, remonte presque à la
création.
Eu effet, au chapitre II de la Genèse, il y
a une description d'un fleuve sortant de
l'Eden et se divisant en quatre autres neu-
ves. plus ou moins COllau aujourd'hui, le
Phicon, lefVuihon, le Hiddckclet rEuphratc.
C'esl de la pure palamographic, et ce
passage a du sans doute mettre en éveil l'i-
magination des érudits qui soutiennent
que le Paradis terrestre était en Norman-
die, à cause, des pommes, voire même à
Rouen où l'on retrouve les rue Pomme
(Àlor- el du Père Adam!
Quoi qu il en soit, la science dont il s'agit
a vu s'ouvrir tout réccnuncrl devant elle,
di1 nouveaux horizons extrèmcincntcurieux,
bien qu'un peu sombres, il est vrai!
Les savants de notre fin de siècle vien-
nent, pour tout dire, de déterminer les bases
d'une potamograpliic souterraine et sous-
marine; cela manque de soleil évidemment !
Dans un département comme le notre, où
dominent les terrains calcaires, les cas de
nappes ou de cours d'eau ous-ll'lluriem ne
sont pas rares : et vraiment il n'est pas sans
intérêt de mentionner au passage l'art nou-
veau qui consiste àroehereher leur histoire,
Le docteur Mlll fut l'un des premiers à
faire connaître l'existence de certains ileu-
ves et lacs souterrains, dont les prlncipanx
se trouvent en Autriche, dans le Kcntucky
el. la Nouvellc-(ïailes du Sud.
En France, M. Martel, dont le nom. com-
me spéléologue, est universellement connu,
a découvert, de lyss a un!. dans la région
des Causses et sur le versant Occidental des
Cévennes, des grottes de plusieurs kiLomù-
tres de superficie, tapissées do stalactites
et dont le fond est. occupé par des lleuvcs et
des lacs souterrains inconnus jusqu'à lui."
Citons parmi ces îleuves le Bramablau
(Gard), avec ses sept cascades et ses
afllucnts, le Honheur, la Trouche, etc., ses
six kilomètres eL dpml de galeries, de gran-
des salles, bassins, tunnels,fissures,niches,
encoignures et ses ramifications innombra-
bles.
Mentionnons également la rivière sub-
terranéenne de Padirac, située it350 mètres
au-dessous du niveau des Causses de Gan-
nat et longue (le,:" à t kilomètres.
En Seine-Inférieure, où les terrains strati-
fiés se prêtent facilementà la course occulte,
entre deux couches inpcrméables du sol,
des caux absorbées Ú la suite des pluies ou
de la fonle des neiges, on peut aisément
rencontrer des réglons aquifères souter-
raines.
Tout le monde a entendu parler de l'his-
toire de la Cathédrale de Koucn, dont la
vaste nef reposerait sur les eaux, comme le
vaisseau du palrlarclic Noé; eo n'est qu'un
racontar populaire, et, on doit rec mnailre
qu'il n'existequ'un puits sous
la monumentale hasilillllt'! Mais l'antiqua
créance plébéienne prouve une chose : C'est
que nos ancêtres avaient cinscienco des
provisions d'eau accumulées sous le sol do
leur eilé, on. s-uis celui de ses environs.
On a d'ailleurs, lors de l'adduction à
Rouen, des eaux de la vallée de Préaux,
découvert de véritables lacs sous Boisguil-
launie, ou Mesnil-Grémichon !
Mais il y a mieux el les topographes
normands ne manqueront pas de signaler
à l'attention de .Messieurs les chercheurs
de \éritables rivières souterraines suivant,
leur cours mystérieux, notamment dans le
sous sol Cauchois.
En voici deux cas, nous les relatons d'au-
tant plus volontiers que chacun d'eux est
accompagné d'une légende.
Le joli bourg de tonlatne le Dun, dans
l'arrondissement d'Yvelot, doit son appel-
lation aux sources de la petite rivière du
Dun, qu'on y voyait autrefois.
Aujourd hui le ruisseau ne commence à
c )Ulei' qu'à trois kilométrés au dessous de
la commune. Il est évident que le point de
départ des eaux est resté le même, mais
leur lil s'est abaissé et l'écoulement se faiL
maintenant, pour une partie, Lout bonne-
ment sous terre.
A ce sujet, il existe dans le pays uno
curieuse tradition que Guilmelh, le savant
archéologue Iîrionnais rapporte ainsi: « Lo
« seigneur de Crasville la. Roquefort,–rien
«
« trouvaient, voulut un jour en détourner
«le cours, pour qu'un moulin que Je sei-
« gneur de Fontaine avait refusé de lui
« vendre, fut privé d'eau. Un procès s'cn-
« gagea: le propriétaire des sources le per-
« dit. Aloi'Sj pour se venger, il ne chercha
« plus à détourner le cours de la pelile
« rivière: il boucha les sources avec des
« balles de laine ! »
Si non è vero.!
Nous cueillons le second exemple de po-
lamographie souterraine dans l'arrondisse-
ment du Havre, à Etretat, le pittoresque
village oÙ tant d'artistes ont passé depuis
Alphonse Karr jusqu'il Guy de Maupas-
sanl.
H parait qu'anciennement une rivière
arrosait le val el le bourg d'Etrelat; mais
depuis environ deux cents ans. elle a dis-
paru, s'est frayé un cours sous le gazon
de la vallée et verse à présent ses eaux
dans les galets, en aval île la plage et non
loin de ses pittoresques caloges.
C'est là qu'à mer basse les ménagères
d'Elivlal viennent l'l'. u*er des réservoirs
pour lll\ l'l' leur linge dans l'eau douce qui
semblesoriir du pt. d dr la I daise.
« Ici encore, dit l'aimé HunU, une poéli-
« que légende explique la disparition de ce
« cours d'eau : un s.u\ une hllhémicnnc,
« son enfant sur le dn:" frappait H la porte
« d'un moulinque faisait marcher la rivière.
* Le meunier, homme dur et cruel, lui re*
« fuse t'iiospilalité qu'elle Implore,
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