Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1900-10-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 octobre 1900 28 octobre 1900
Description : 1900/10/28 (A10,N506). 1900/10/28 (A10,N506).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6393008n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
dixième Annét M UG8 Le Numéro : CINQ Centimes Dimanche S H Octobre 4900
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HAVRAIS
PARAISSANT LB DIIiANOHB
Insertions ;
Annonces. la ligne 0 fr. 50
Avis d'inhumation 1 fr.
Réclames. , 2fr. »»
lidactioo I àdaioiitratifti 1
ROUEN
Quai de Paris, 23
UURKAUX AU HAVRI
i i, Rue (le Paritt i i
Les A bonne méats se paient i
l'avance et ne tout à partir 4a
I,w et 16 de chaque soit.
SEMAINE POLITIQUE
Cl via de discoursi - A droite
ou À gauche. - Session
possible. –Le programme
du parti républicain.
Ce ne serait pas le cas de répéter que
nous n'en sommes plus à l'heure des
discours.
Pour rompre le repos des vacances
parlementaires si prolongées et s'entraî-
ner aux joutes oratoires de la rentrée,
nos hommes politiques président des ban
quets et haranguent leurs électeurs au
dessert.
Nous avons été successivement initiés
aux idées et aux programmes actuels de
M. Ribot et de M. Millerand, de M. Bour-
geois et de M. Barthoil, de M. Doschanol
et de M. JonDart.
Bientôt nous allons entendre le grand
chef, M. Waldeck-Rousseau, lui-même,
à qui chacun prête déjà le langage con-
forme à ses tendances et à ses désirs;
comme disent les larbins du ministère Je
l'intérieur: « Us parlent tous du discours
du patron, il commence à être temps
qu'il le prononce. »
Les autres, en somme, ne parlent qle
pour chercher à influer sur le Président
du Conseil, ce qui n'est peut-être pas
bien facile, ou bien encore à prendre sa
place qu'il a assez bien défendu jus-
qu'ici.
Les journaux en vue font aussi le
siège du premier ministre et lui indiquent
nettement la conduite qu'il aura à tenir.
4 Vous avez bien marché jusqu'ici, dit
en substance le Temps, mais inclinez
légèrement à droite. »
« Bien que vous nous ayez donné bien
des désillulions, disent La Lanterne et
la Petite République, Méline serait enco-
re bien-pire que roua et par oonaéqaent
nous vous soutenons, mais il est indis-
pensable que vous donniez un vigor-
roux coup de barre à gaucho. »
Sur quoi les débats font remarquer
avec une ironie enjouée à M. Waldeck-
Rousseau qu'il lui sera bien difficile de
parler au nom du parti républicain tout
entier, puisque les différentes fractions
de ce parti ont des tendances inconcilia-
bles et diamétralement opposées.
En réalité, ce que tout le monde cher-
che à démêler à travers ces discourfl,
c'est le sort prabable du ministère et
quelle sera l'attitude de la majorité assez
diverse qui l'a soutenu jusqu'ici.
11 est certain que l'opposition a beau
jeu à relever les contradictions do ten-
dances et de programmes qui existent
entre les dwlérents groupements dont la
coalition a maintenu jusqu'ici le gouver-
nement de défense républicaine.
M. B.irthou, par exemple, se souvenant,
après l'avoir passablement oublié, qu'il a
été ministre de l'intérieur du cabinet
Méline, exhorte le présidant du Conseil à
combattre le socialisme ; il est indigné
que M. Millerand ait pu, bien que minis-
tre, proclamer à Sens qu'à son avis la
propriété est indispensable à la personne
humaine et que, dans un avenir plus ou
moins éloigné, tout homme aura sa part
de propriété sous forme de droit indi-
vis de l'avoir social.
M. Bourgeois, avec cette bonhommie
si charmante et si persuasive qui fait de
lui un des plus séduisants orateurs de
notre époque, développe une thèse abso-
lument différente ; il approuver peu près
sans réserves les actes passés du minis-
tère et rengage pour l'avenir à lutter
contre le cléricalisme et contre les con.
grégations ; il est loin d'être effrayé des
dernières décisions du ministre du com-
merce, car bien qu'il ne soit que radical,
le socialisme d'Etat est son fait, il y va
tout droit avec sa théorie de la solidarité
qu'il a encore exposé avec tant de force
au dernier congrès de l'éducation sociale
et s'il n'admet pas que la propriété collec-
tive doive se substituer totalement à la
propriété individuelle, c'est là une dissi-
dence ptus théorique que pratique entre
lai et les socialistes ministériels du Par-
lement.
Voici donc une contradiction de ten-
dances très accentuée entre deux mem-
bres très considérâmes de la majorité ;
c'est sur cet e divJIILité d'allures et ce
défaut de doctrines communes entre bM
partisans du Cabinet que compte l'oppo-
sition dont les assauts ont été jusqu'à
présent si rudement repoussés.
Comment les adversaires du gouver-
nement ne voient ils pas que cette absen-
ce decohésion a été le fait non-seulemet t
de la majorité dès les premiers jours
mais du ministère lui même ; ce qu'on
nous sert là comme quelque chose de
nouveau n'est pas autre chose que la
grosse objection du premier jour où la
Chambre ne donna que 28 voix de ma-
jorité au ministère qui présentait la réu-
nion bizarre de ces trois noms Waldeck,
Galliffet, Millerand ; cela ne l'a pas
empêché de vivre et de se fortifier ; pour-
quoi en mourrait il maintenant t
La situation est modifiée nous dit on.
Jusqu'ici, il ne s'est agi que de combattre
un ennemi commun: la nécessité de la
lutte a fait l'union ; maintenant la période
défemiv* est terminée il faut passer à
l'action républicaine ; comme chaeun
l'entend à sa manière, on va reprendre
sa liberté.
Soit, il est plus facile de s'entendre
pour détruire un parti adverse que pour
fondor une institution nouvelle ; mais
dans le cas présent ces expressions « dé-
fense républicaine et action républicaine »
marqneol-elles des opérations sensible-
mont difléreutcsf
Qui no voit q'lo l'action républicaine
va être la continuation de la lutte entre-
prise sous le nom de défense et que le
même désir de battre un ensemi commun
va continuer à soutenir les alliés 1
Sans doute les membres de Ip majoi ité
na sont pas tous d'accord sur les modes
d i combat ; toutefois il y a certaines
opérations qui sont considérées comme
indispensables pour tout le monde.
N'est-il pas entendu que l'opposition
s'efforcera de retarder par des interpel-
lations le vote du budget tandis que la
majorité cherchera au contraire à rejeter
les interpellations et à accomplir l'ou-
vrage que le gouvernement lui soumet.
N'apparait-il pas aussi dès à présent
que le vote du projet de loi sur les con-
grégations et surlos associations réunira
8isez de voix pour que lo ministère n'ait
pas à craindre un échec sur ces ques-
tions.
Pour le moment, c'est un programme
suffisant et il est même pou vraisembla-
ble que les six semaiues entre la rentrée
et Noël suffisent à l'accomplir.
Alors pourquoi aller chercher plus loin
et comme disait M. Ribot un jour qu'il
était bien inspiré : « Pourquoi nous at-
tarder aux questions qui nous divisent
tant tant qu'il nous reste une œuvre à
réaliser en commun ? »
Civis.
––- ––-
Une Place pour les Morts
Jeudi prochain 1*" novembre, la fôte de la
Toussaint amenera un grand nombre fe
visiteurs 'ans les cimetières.
Dans les grandes nécropoles comme le
cimetière Sainte-Marie au Havre, le ciu e-
tlère de l'Ouest à Rouen, on ne laisse pas
bien longtemps les morts dormir de leur
dernier Eommeil. Quelques années se sont
à peine écoulées, que l'on fouille à nouveau
le terrain pour Inhumer les déwédÓs des
générations nouvelles 1
Cel. ne va pas sans un serrement de cœur
pour ceux qui perdent ainsi jusqu'à la trace
de l'emplacement où repose un être aimé.
Mais cependant, 11 faut s'incliner, à moins
qu'on ne soit assez riche pour s'offrir le
luxe d'une concession, qui m4me de très.
courte durée, atteint des prix tnabora-
bles.
Nous avons cependant en France le culte
des morts. D'où vient que nous leur mesu.
rons remplacement à ce point que lorsque
leur souvenirest à peine oublié,nous avons
hâte de les mettre en laq, dans un vaste
ossuaire, rappelant à s'y méprendre les
fosses communes eu la société antique
enfouissait les esclaves ?
C'est très-beau le budget des fabriques.
Mais nous sommes d'avis que les spécule -
tions qu'elle font, ainsi que les villes, sur
les Inhumations elle- sépultures devraient
bien prendre fin.
.userré sur la thrre
'{' L'espace n'ett pas si resserré sur la ferre
de France, oné nous ne puissions concéder
aux plus pauvres, pendant vlng-clnq an-:-,
la faculté d'honorer leurs morts 1
NOS COLONIES
La possessioa d'un vaste domaine co-
lonial et l'ulilisation de ce domaine au
mieux des intérêts des administrants et
des administrés soulèvent toute une sé-
rie do problcmos dont maintenant seule-
ment nous prenons conscience. Les di-
vers Congrès coloniaux qui se sont to-
nus ces temps derniers à Paris ont ou le
mérite de poser la plupart d'entre eux et,
sinon de les résoudre, du moins do les
préciser. Le rapporteur du budget des
colonies pour HIOI n'a pas dédaigné ce
mouvement d'idées et,comme on pouvait
l'attendre d'un colonial aussi expérimenté
que l'est M.Le Myre de Vilers, il a donné
dans son travail une large place aux plus
urgents de ces problèmes. C'est ainsi
qu'il a insisté sur la nécessité d'avoir une
politique indigène bien définie,si on veut
des colonies prospères et a, non sans
raison, attiré l'attention de ses collègues
de la Chambre et celle mémo du gouver-
nement sur les travaux du Congrès de.
sociologie coloniale au cours desquels il
a été dit d'excellentes choses et posé
d'excellents principes sur cette question
Nous avons à diverseb reprises publié
ici même des statistiques qui faisaient
ressortir les progrès notables réalisés
par nos commerçants sur certains des
marchés coloniaux. L°s' tissus f raturais
ont pris à Madagascar ou en lndo Chine
une partie do la place occupée naguère
par les tissus anglais ; mais ce résultat
n'a été obtenu qu'au prix d'une protec-
tion très étroite qu'on ne saurait saus
danger exagérer. Il faut bien se rendre
compte, en oft'et, uu'un régime protec-
teur en'raine une augmentation du prix
des choses, un accroissement des déoen
ses administratives et, par contre, une
diminution des recettes car, s'il donne lu
résultat désiré, il prive la colonie des
tax08 auxquelles eussont été assujetties
les marchandises otra gères ci elles n'a-
vaient pas été remplacées par los mar-
chandises françaises lesquelles sont
exemptes dos droits de douane. 11 faut
alors remplacer les ressources qui, de ce
chef, échappent à la colonie et, dans ce
but, on institue des impôts nouveaux qui
prennent à l'indigène une notable partie
de l'argent qu'il pourrait appliquera l'a-
chat d'objets dont il se prive actuelle-
ment. Or, ce à quoi il faut tendre, au
contraire, c'est précisément à augmenter
le pouvoir d'achat de nos clients inùigè-
nes ; et on n'y a pas encore beaucoup
réussi. Le rapprochement des chiffres
de IHZ et do IXHH fait bien ressortir pour
cette dernicro année un accroissement
de 40.27 0[0 dans l'importation métropo-
litaine aux colonies ; nuis il faut tenir
compte de l'extension du domaine colo-
nial on ces six années et de la restriction
des envois des pays étrangers, et si on
considère l'ensemble de nos possessions
d'outre-mer, l'Algérie el Tunisie compri-
ses, on constate que la moyenne quin-
quennale des importations de la France
dans ses colonies qui était pour la pé-
riode 1S80-1S93 de IU8 millious do francs
ne s'est élevée que bien peu dans la pé-
riode suivante puisqu'elle n'a atteint que
100.000 fr. Quant aux exportations
des colonies eu France, elles n'ont aug-
menté que de 21.78 0,o et do 1802 à IHm,
ou. plus exactemont de HL!; OJQ, si on
opère la défalcation des colonies qui,
comme Madagascar et la côte des Soma-
lis, ne figuraient pas dans les résultats
de Mtt.
11 y a donc progrès dans les relations
commerciales de la Franco avec ses co-
lonies, mais un progrès assez faible ob.
tenu en partie, d'ailleurs, par un procédé
dont les inconvénients, nous l'avons mon-
tré, ne permettent pas l'extension. Lo
régime douanier de ln.! n'a pas répondu
entièrement à l'attente de ceux qui l'ont
élaboré, car, s'il est parvenu, ce qui est
incontestable, àrésorver de plus on plus
le marché colonial aux produits de la
métropole, il a, par le surcroit do char-
ges imposé aux indigènes, entravé le
développement de la consommation des
marchandises européennes et le dévolop
pement de la richesse.
C'est une situation qu'il faut s'efforcer
de modifier et M. Lo Myre de Vilers
pense qu'on y arrivera on facilitant à
nos colonies la fourniture de la presque
totalité dos produits exotiques que con-
somme la métropole.
En développant la production et l'ex-
portation des produits du cru on accroî-
tra les pouvoirs d'achat des indigènes
et l'exportation des produits métropoli-
tains en bénéficiera; mais ce résultat ne
sera obtenu que si on ouvre largement
le marché français aux produits colo-
niaux qui n'ont pas de similaires en France
et que si on les admet en franchise en
France comme les produits français le
sont dans les colonies.
Cotte solution, il est vrai, ne va pas
sans difficultés ; on objecte qu'elle créera
un déficit dans le budget de l'Etat, parce
qu'elle diminuera le produit des droits de
douane ; si on veut bien, copendant, y
regarder de près, on sera convaincu
qu'il n'y a pas là un danger pour nos fi-
nances. Le sacrifice, d'abord, serait en
ce moment très léger, la quantité de pro-
duits coloniaux entrant en France étant
tout à fait minime ; mais la réforme pro-
duirait-olle tout l'effet espéré et amène-
rait elle une restriction très notable de
l'introduction des produits étrangers
soumis aux droits qu'on n'y perdrait pas
encore ; car l'opération, si elle réussit,
comporte une compensation : les colo-
nies, enrichies par leur développement
agricole et commercial, pourront plus
facilement se suffire à elles-mêmes et
l'ont sait que, le jour où les colonies se-
ront en mesure do faire face à toutes
lours dépenses, le budget de l'Etat réa
lisera une économie annuelle do ;-JI) mil-
lions. On voit qu'on peut tenter l'expé-
rience.
, Parmi les autres réformes qui devraient
accompagner celle ci, les plus impor-
tantes sont celles qui ont trait à la cons-
titution d'une main-d'cruvro abondante et
stable, à l'amélioration de l'outillage éco-
nomique, à la mise on harmonie de la loi
militaire avec les nécessités de l'expan-
sion coloniale et à l'application de mesu-
res particulières susceptibles d'alléger
les charges qui empêchent la marine
marine marchande, aux colonies, de
prendre aucun développement.
Avec ces réformes et une bonne politi-
que indigène) faite de bienveillance, com-
portant le respect des habitudes et des
mœurs locales et une certaine circons-
pection dans le choix et l'application des
moyens à employer pour la transforma-
tion des races indigènes, on pourra par-
venir à accentuer les légers progrès
économiques réalisés ces dornièros an-
nées et à justifier toutes les espérances
qu'on a mises dans les colonies ; aussi
faut-il apporter à cette tâche de la déci-
sion et de l'esprit de suite, avoir, on un
mot, une politique pour la mise en valeur
do nos possessions d'outre mer.
A tort et à travers
VILLES DÉCORÉES
Le récent décret autorisant quatre villes
(le France a introduire dans leurs armoiries
l'étoile de la Légion d'Honneur a eu, entre
autres conséquences, cet ellet. secondaire,
mais notahh" de mettre les héraldisles en
émoi. Les révolutionspoliliques l'lies chan-
gements sociaux les avaient depuis long-
temps réduits à ne plus cultiver que d'une
façon toute spéculative leur art tombé en
désuétude; ils ne formailmt. plus guère
qu'une corporation de simples amateurs, de
paisibles curieux, vivant de souvenirs, les
yeux tournés vers le passé. 11 ne faut donc
point s'étonner outre mesure si, profitant
d'une aubaine peu commune, ils déploient
en ce moment une grande activité.
Le dôcret avail à peine paru que tous les
heratdistes de France se mirent à combiner
chacun selon son goût, selon ses principes,
pour les villes nouvellement décorées, di-
vers projets qu'un de nos confrères a repro-
duits l autre matin.
Pour Lille et Yaleneiennes, le problème
n'était point, difficile à résoudre, les armes
de ces villes étant très peu chargées Celles
de Lille sont « «le gueules à une fleur de lys
d argent »; celles de Valencieunes sont
également « de gueules il un lion d'or lam-
passe et armé d'argent ». H ion de plus sim-
ple que, de plaeer sur le « chef ». à la droite
ou la gauehe du Ii«m ou de la Heur de lvs.
1 insigne de la Légion d'Honneur.
Pour la ville de Hazeilles la question se
complique, car le nouveau décret autori-
sant Hazeilles à mettre dans ses armes l'é-
toile des braves, lia oublie qu'un point,
• est que jusqu'ici cette petite vaillante
ville n avait pas d'armoiries.
Le cas, pour n'être pas fréquent, n'est
(tailleurs pas unique : on a vu, il a quel-
ques mois, la ville de Saint Mandé ouvrir,
pour la composition de son écw. un concours
enliv les heraldistes, Il f;iul donc que Ha
/.e il les suive d'abord cet exemple.
On lui a propose un blason qui N'analyse
ainsi : « De gueules a l'ancre, d'argent a la
11 abc île laquelle est appendue par un ru-
ban de gueules l'étoile de la LtjglOU.d'llvH-
neur aux couleurs natureHes." L'ancre,
comme on le devine, a pour objet d'immor-
taliser riiéro'isine des marsouins qui. aux
côtés du commandant Lambert, défendi-
rent Hazeilles et brûlèrent leurs « dernières
cartouches » , intrépidement retranchés
derrière les murs en ruines de la maison
Hourgerio.
Si illustre que soit ce souvenir, il n'est
peut-être point indispensable, talll il est
populaire. de le rappeler par un symbole
spécial. Sur la gravure qu'on nous montre,
l'ancre el la croix s'arrangen' sans aucune
harmonie, et nous préférerions pour Ha-
zeilles l'étoile, la seu l e étoile de la Légioii-
d'Honneur: l'héroïque petite vilie serait
ainsi, de toutes les villes de France, celle
qui aurait les armes les plus simples, mais
en même temps les plus glorieuses el les
pius belles.
C'est pour les armes de Paris (pie les lié-
ra'.distes ont le plus de peine à s'accorder.
Car, la plupart d'entre eux, respectant à la
lettre le texte du décret,veulent absolument
mettre dans l'écu lui-même l'insigne de la
Légion-d'Honneur el. de quelque façon
iiu'ils essayent de s'y prendre. l'adjonction
de l'étoile produit, au noinl de vue esthéti-
que, le plus fâcheux efiol.
Les uns proposent fie l' « apnoudro > au
niât du navire. El cela, en « t héorie, n'est
pas très condamnable, puisque le navire est
<* au naturel » et (pie, dans l'arrangement
des nièces « au naturel ». on laisse à l'Iié-
raldiste une très grande liberté. Mais cela
n'est point élégant. --,.
Les autres conseillent de placer l clmle
dans le chef d'azur tleurdelisé, ce qui serait
assez conforme aux réglés du blason. Mais,
d'après les gravures, ceci eno ne manque de
grâce, l'étoile coupant les Meurs de lis.
I n troisième parti ci insisterait â renver-
ser le problème : ne plus mettre l'étoile sur
les armes, mais bien les armes sur l'é-
toile: autrement dit, erucilier le blason.
Imaginez une large croix de la Légioii-
d'ilonneur timbrée, au rentre, du blason
classique de la Ville, et vous vous repré-
senterez assez exactement le projet. Il est
fort tant el Je doute au surplus, que jamais
héraldisles ad me tient c< >innioorlhoil< ixesces
rayons de la croix qui. sortant de l'écu. ne
soïit ni des « tenants », ni des aboutissants.
Le quatrième projet consiste simplement
â placer l'étoile en dehors et au-dessous de
l'écu. ainsi qu'on voit, dans beaucoup d'an
cicnncs arme«. le collier du Saint-Ksprit.
Seulement, connue le collier de la Légion-
d'Honneur n'apparl ient qu'au grand-niaiire
de l'ordre, au Président delà Képubli-
que, ce sont deux branches de lauriers
qui encadrent l'écu et soutiennent la croix
de chevalier.
Il ne nous appartient pas de décider si ce
projet est conforme aux principes. 11 sem-
ble bien que colle disposition ne soit pas
hérétique puisqu'elle rappelle les armes de
la plupart des Klals, celles de l'Ksnagne avec
la l'oison-d'Or, celle delà Suède avec les
Séraphins, el tant d'autres qu'on pourrait
citer. Mais là-dessus nous n'insistons pas :
le blason est un art formaliste, compliqué,
louiïu, sévèrement fermé aux profanes, el
nous n'afllehons pas la science du l'ère Mé-
nétrier.
Tout ce que nous pouvons dire, sans
crainte d'être démenti, (''est que le publie.
préférera cette combinaison, parce qu'elle
est la plus simple cl celle qui change 1e
moins la physionomie traditionnelle de ces
armes, où l'on voit depuis si longtemps le
navire municipal llollei* au milieu de la
houle sans jamais se laisser submerger.
Z,
––-
1 tONGRÈS DE CHANSONNIERS
Les personnes pour (pli le chansonnier
est resté le bon vivant, joyeux, le teinl
lleuri el la bedaine largo, toujours le verre
en main, ne cessant de chanter le v in. l'a-
mour ot le tabac,ces personnes ont dû èlre
surprises de voir à ce Congrès tant de vi-
sages austères,lant Ill' redingotes correctes
et tant de palmes d'académie.
Il est vrai (pie la circonstance n'était nul-
lement joyeuse et que tous ces poètes du
gai savoir! venus des quatre coins de la
France, de Paris, do Montmartre, de pro-
vince et d'ailleurs, s'étaient moins réunis
pour rire, que pour pleurer. Pour pleurer
sur la chanson, laquelle n'esl pas morte,
mais si malade qu'elle: n'en vaut mieux.
Là-dessus, tous sont d'accord : ils ne ditl'o-
ronl que sur lo diagnostic, sur la nature du
mal, sur ses causes el sur ses remèdes.
Les uns accusent le café-concert.d'autres
Montmartre, d'autres encore la Censure. Ils
se pourrait qu'ils (Missent tous raison, car
aucun de ces b< mes émissaires n'a I l'on\ é do
défenseurs.
Au café-concert. M. Armand Sylvestre, a
reproché son « inutile obscénité ». lus
chansonniers <1^ Paris el de province sont
venus prendre ?i partie leurs confrères de
Montmartre. Vainement un poèle.descondu
(le la Huile, a essayé de défendre l'école
montmartroise, de rappeler ses litres et
d'évoquer ses gloires: l'assistance tout
entière s'est détournée do cet homme qui
louait un temps passé.
Kilo s'esl relroiiNée unanime pour tlétrir
laConsuro : divisés sur presque tout le roslo,
les poètes n'ont ou (prune \oix pour crier
« haro » sur ce baudet. N'allez pas croire
au moins qu'ils incriminent son excessive
rigueur. Les chansonniers sont gens sé-
rieux el ce dont ils la blâment, c'est, au con-
traire, de sa coupable condescendance.
C'osl pourqlloi, sans aucun ménagement
pour l'amour-propre des censeurs, un con-
gressiste a demandé qu'ils fussent rein
placés par une commission d' « hommes
intelligents, capable de, discerner le talent
audacieux do la licence grossière « : un nul ro
congressiste a objecte (pu* de tels hommes
étaient difficiles a trouver.
Il s'agissait de conclure. Le Congres c'est
tiré d'alVaire on émet tant des vieux. Il
souhaite (pie l'on croc dans toutes les villes
des associât ions de chansonniers dos lices
et goguettes subventionnées par rKlal.de-»
cours de chanson dans les écoles publiques,
(les li'a/ellcs spéciales, (les cercles, line
Ligue, mémo un C HIMTVaburo. A voir
omettre lant de Mriix, on se serait cru a la
séance d'un conseil d'arrondissement.
Plaise au ciel d'exaucer ces désirs mieux
qu'il n'exauce, d'ordinaire, ceux des mo-
destes conseils de u^s arrondissements!
CITERNES A CIDRE
Récolte abondante. Défaut
de futaille. Cuvesen
verre et en ardoise.
Economie.
A un iriix paysan. -- cauchois ou bra-
y ui auquel ou demandait un jour si la
récolle était bonne, il lui prêté jadis cette
matois" réponse : « Dire qu'il y a des l' im-
lues, "les pommes! non. il n'y a pas ('C}
- pommes! i>ire qu'il n'y a pas de poiinm-s,
- pas de pommes! Oui. il y a des poin-
mes ! EII : bien celle année le rusé nor-
mand est bien obligé de reconnaître qu'il y
a des pommes. et beaucoup, sans pouvoir
uiéiiiè l'aire la moindre rosi rici ion ambi-
guë.
C'est à ce point que le brave fermier i;e
sait plus quoi "II l'ai re. el qu'à tous les éeh« »s,
il se lamente sur l'a\ilissèineii! des cours,
sur les frais (le la cueillette et du transport,
et surtout sur les (liflieullés de loter ie,
cidre I >ble|iU.
- l'ois rvoyt'Mi-.is 'l'II' l'on lionsdonui;
Pour tli's ri III ,II' les to))t)')u\?
J.. t'mttcht't' \"IIt! CIHT h toulle
Lni>i|iie k-< i(ln: <-
Ainsi le faisait s'exprimer nue vieille
poésie dont, entre parenthèses, l'excellrui
poète Clovis Hugues, dans un moment de
distraction tonte marseillaise, crut pouvoir
s'attribuer la paternité, il n'avait pourtant
p is lies»>in de cela !
<,U|oi qu'il Cil S. >il , le Cdl est notoire, la
futaille est liol'S de prix celle aimée, el cela,
en rais m précisément de l'abondance (les
po'll'lies el de la prév isiun (les flots (pie
v a d'uiner le brassage.
lie lions esprits s" sont pré iccupes de
celle (pii • s I ii >n si intéressa il le p ni r nos po-
pulations agricol es, et se sont niK à 'a
recherche «l'un modo de <• logement » moins
onéreux et aussi favorable à la conserva-
lion d u cidre (pie. le bois. C'est |'a nal y se el
le résultai de leurs investigations (pie nous
oïl'rons aujourd'hui à nos lecteurs.
»»n a coniineiicé par apprendre, dans nos
régions do l'oue>t. «pie. dans le midi de la
Franco d en Algérie, de nombreux essais
avaient été faits pour renfermer les vins
dois des citernes: ces tentatives ivmoii-
I dent déjà â nue di/aine d'années.
o i n'eut d'abord qu'une idée très-vague
de ces récipients, et mille objoclions, doi t
beaucoup lie So||l pas solides, f U l'en I au (1('-
luit .opposées a cello innovai ioir.les cidriers
lui semblaient rèfraelaires.
Il est certain que les résultats obtenus
avec les premières citernes construites en
l.asse-Normaudie 'pour la conservation du
cidre furent pitoyables.
C *s réservoirs furent d'abord établis en
mortier hydraulique ou en cirncnl. cl le jus
d • la pomme mis en eonlacl avec ces en-
duits, s'y altéra bien vile et contracta un
go fil execrable.
L -s parois, dans ces conditions, s >nt
d'ailleurs assez poreuses el (lifliciles à net-
toyer : toutes sortes d'impuretés et de fer-
ments peuvent s'y loger et communiquer
au cidre des maladies el des goûts dont il
est impossible de le débarrasser.
La revue spéciale Le Cuire et le Poiré a
raconté naguère la série des expériences
f ai I os pour l'eue dier à cet état de choses.
( )n lent a d'abord de garnir les par >isde !a
citerne (le carreaux de lorre entaillée. K» s
inconvénients do ce revèl un.ml n'ont pas
lardé à se faire connailiv : ils étaient peut-
être encore plus a craindre (pie ceux (lit
simple uioi'lier, car l'émail de c" carrelage
étant ploniheux et très altérable, prompie-
nielil attaqué par les liquides, s'écaillait el
tombait : et la boisson, oui re qu'elle prenait,
un inauv ais goût. de v ci la il dangereuse pour
1;1 '41 Il Il',
( ) 1\ a donc cherché qlTelqUO c huse de
mieux el on l'a trouvé ; eu revêtant les ci-
ternes de carreaux de verre, on n'a et i eitel à
i redouter ni alléralioii de la surface, ni p<
rosi té.
Kntin. dans un but (1'eooiioniio, un de nos
compatriotes, M. Marion icaii'e. de lîouen,
a eu l'ingénieuse idée (lé substituer des
plaques d'ardoises aux carreaux de verre.
C' goure (le schiste otVre les mêmes avan-
tages qu>' les places au point de v ne des al-
térai ions à craindre id r vienlà meilleur
marché.
La seule cril ique l'on pourrail eno >re op -
poser à ce procédé, c'est que les jointe qui
séparent les carreaux OU les plaques. 11 llo i -
(pie réduits à une ligne. soit un peu pins de.
deux millimétrés, sont des poinls vulnéra-
rables auxquels les acides el les fermenls
peuvent eue »re s'at laquer.
.1 usqu'a ce jour on s'esl encore contente,
pour remédier a ('et inconvénient, chaque,
fois que la citerne était vide el soigiieiisi-
i lient lav ée. d'eu su i lier coiiseienc ieii-emenl.
I» i u s les joi nls.
Mais, sur le conseil d un a'vlnieete. M,
1. o i S e I, qlle lions a < • ! IS Colisillle personne!*
lenieill. lions pensons (pl'll est mieux encoio
de passer line couche de si/il ';ll,. i h' soude
sur builes les jointures : aueuu daug> r
n'existera plus désormais. (,niant a la i'<>
pense, ce produit est d'un prixdo revient :- i
minime que ('"est a peine s il y aurait lieu
d' eu leuir compte dans 1 établissement i.'uu
devis.
oici maintenant quelques ( onseiis sur la.
façon d'elalilir le récipient, quelle (pie s< il.
d'ailleurs la grandeur dont on aurait besoin;
La citerne doit être construite d'abord i n
grosse maçonnerie do briques onde pierres,
t'0I11ul,' a'onf butter, à l'épaisseur de n. m.
Pi à o m. în. selon la charge de liqiiu'o
qu'elle doit recevoir deux a irois moires,
| bon mortier de chaux hydrau'ique avec.
voùledeOm. Il en briques sur champ,
il 1 homme.
l.a maçonnerie peut être remplacée avan-
tageusement par du ciment arme qui i ré-
sente plus de solidité (d coule moins (•lier.
lue fois ce groso'iiv re terminé, les parois
s ml endu il es d'illl Uiorlierde ciment a i l'éo
lente, (l'excellente qualité, auquel on allia,
mélangé pour nioiiié.du s;»Ide cru. bien
choisi, demi lin. dont les grains ne doivent,
pas dépasser "J à "• millimètres d'épaisseur.
Ce garni est la partie la plus délicate du
I rav ail : il fa ut de bon cément lent et des
i gens sachant l'en 11 «1- >v or.
Les laine:', qui doivent -e,'\ii" ail l'eVi te-
ll ient --oll! en elli I. i Oie li Ulie Upel'lc le de
I hl. -.(Il O |:| o d'llll • ep II- >elir d • 1 .1
O lllll! lu. et |v - *. de de i t.l • i le.- '1Iilt:"iL
être applique.' -air l'eluhid e-d poiuvue do
si ries oll de l'i liefs quelconque p..Ul' IVinllV.
l'adhérence plus f '('lie. Il faut av <>ir s,.in do
le-; laver el de les tremper dans l'eau au
inoui 'ld de l'emploi et de -- assurer qll'll
ne roslo pas de l Mil les d'à i i" entre le verre et
'end ml.
-.- v',,,,"
ikutmnta
l»i(»vUCèrL»ir»( Ilire sit
MnriiAiiiti Ii aitta,'&'" 4
Utrw OéparUasit». 1 fr. »
sa MON
",.Iallti..,. 1ar8. ",
MpMtMMtli UmilrofhM S flr. M
AatomtiU.» «ir.11
Lm Abwwwte m patort i
TmTMOt et se <>nt à parti* de
\» m il toîchiqae mois.
-
HAVRAIS
PARAISSANT LB DIIiANOHB
Insertions ;
Annonces. la ligne 0 fr. 50
Avis d'inhumation 1 fr.
Réclames. , 2fr. »»
lidactioo I àdaioiitratifti 1
ROUEN
Quai de Paris, 23
UURKAUX AU HAVRI
i i, Rue (le Paritt i i
Les A bonne méats se paient i
l'avance et ne tout à partir 4a
I,w et 16 de chaque soit.
SEMAINE POLITIQUE
Cl via de discoursi - A droite
ou À gauche. - Session
possible. –Le programme
du parti républicain.
Ce ne serait pas le cas de répéter que
nous n'en sommes plus à l'heure des
discours.
Pour rompre le repos des vacances
parlementaires si prolongées et s'entraî-
ner aux joutes oratoires de la rentrée,
nos hommes politiques président des ban
quets et haranguent leurs électeurs au
dessert.
Nous avons été successivement initiés
aux idées et aux programmes actuels de
M. Ribot et de M. Millerand, de M. Bour-
geois et de M. Barthoil, de M. Doschanol
et de M. JonDart.
Bientôt nous allons entendre le grand
chef, M. Waldeck-Rousseau, lui-même,
à qui chacun prête déjà le langage con-
forme à ses tendances et à ses désirs;
comme disent les larbins du ministère Je
l'intérieur: « Us parlent tous du discours
du patron, il commence à être temps
qu'il le prononce. »
Les autres, en somme, ne parlent qle
pour chercher à influer sur le Président
du Conseil, ce qui n'est peut-être pas
bien facile, ou bien encore à prendre sa
place qu'il a assez bien défendu jus-
qu'ici.
Les journaux en vue font aussi le
siège du premier ministre et lui indiquent
nettement la conduite qu'il aura à tenir.
4 Vous avez bien marché jusqu'ici, dit
en substance le Temps, mais inclinez
légèrement à droite. »
« Bien que vous nous ayez donné bien
des désillulions, disent La Lanterne et
la Petite République, Méline serait enco-
re bien-pire que roua et par oonaéqaent
nous vous soutenons, mais il est indis-
pensable que vous donniez un vigor-
roux coup de barre à gaucho. »
Sur quoi les débats font remarquer
avec une ironie enjouée à M. Waldeck-
Rousseau qu'il lui sera bien difficile de
parler au nom du parti républicain tout
entier, puisque les différentes fractions
de ce parti ont des tendances inconcilia-
bles et diamétralement opposées.
En réalité, ce que tout le monde cher-
che à démêler à travers ces discourfl,
c'est le sort prabable du ministère et
quelle sera l'attitude de la majorité assez
diverse qui l'a soutenu jusqu'ici.
11 est certain que l'opposition a beau
jeu à relever les contradictions do ten-
dances et de programmes qui existent
entre les dwlérents groupements dont la
coalition a maintenu jusqu'ici le gouver-
nement de défense républicaine.
M. B.irthou, par exemple, se souvenant,
après l'avoir passablement oublié, qu'il a
été ministre de l'intérieur du cabinet
Méline, exhorte le présidant du Conseil à
combattre le socialisme ; il est indigné
que M. Millerand ait pu, bien que minis-
tre, proclamer à Sens qu'à son avis la
propriété est indispensable à la personne
humaine et que, dans un avenir plus ou
moins éloigné, tout homme aura sa part
de propriété sous forme de droit indi-
vis de l'avoir social.
M. Bourgeois, avec cette bonhommie
si charmante et si persuasive qui fait de
lui un des plus séduisants orateurs de
notre époque, développe une thèse abso-
lument différente ; il approuver peu près
sans réserves les actes passés du minis-
tère et rengage pour l'avenir à lutter
contre le cléricalisme et contre les con.
grégations ; il est loin d'être effrayé des
dernières décisions du ministre du com-
merce, car bien qu'il ne soit que radical,
le socialisme d'Etat est son fait, il y va
tout droit avec sa théorie de la solidarité
qu'il a encore exposé avec tant de force
au dernier congrès de l'éducation sociale
et s'il n'admet pas que la propriété collec-
tive doive se substituer totalement à la
propriété individuelle, c'est là une dissi-
dence ptus théorique que pratique entre
lai et les socialistes ministériels du Par-
lement.
Voici donc une contradiction de ten-
dances très accentuée entre deux mem-
bres très considérâmes de la majorité ;
c'est sur cet e divJIILité d'allures et ce
défaut de doctrines communes entre bM
partisans du Cabinet que compte l'oppo-
sition dont les assauts ont été jusqu'à
présent si rudement repoussés.
Comment les adversaires du gouver-
nement ne voient ils pas que cette absen-
ce decohésion a été le fait non-seulemet t
de la majorité dès les premiers jours
mais du ministère lui même ; ce qu'on
nous sert là comme quelque chose de
nouveau n'est pas autre chose que la
grosse objection du premier jour où la
Chambre ne donna que 28 voix de ma-
jorité au ministère qui présentait la réu-
nion bizarre de ces trois noms Waldeck,
Galliffet, Millerand ; cela ne l'a pas
empêché de vivre et de se fortifier ; pour-
quoi en mourrait il maintenant t
La situation est modifiée nous dit on.
Jusqu'ici, il ne s'est agi que de combattre
un ennemi commun: la nécessité de la
lutte a fait l'union ; maintenant la période
défemiv* est terminée il faut passer à
l'action républicaine ; comme chaeun
l'entend à sa manière, on va reprendre
sa liberté.
Soit, il est plus facile de s'entendre
pour détruire un parti adverse que pour
fondor une institution nouvelle ; mais
dans le cas présent ces expressions « dé-
fense républicaine et action républicaine »
marqneol-elles des opérations sensible-
mont difléreutcsf
Qui no voit q'lo l'action républicaine
va être la continuation de la lutte entre-
prise sous le nom de défense et que le
même désir de battre un ensemi commun
va continuer à soutenir les alliés 1
Sans doute les membres de Ip majoi ité
na sont pas tous d'accord sur les modes
d i combat ; toutefois il y a certaines
opérations qui sont considérées comme
indispensables pour tout le monde.
N'est-il pas entendu que l'opposition
s'efforcera de retarder par des interpel-
lations le vote du budget tandis que la
majorité cherchera au contraire à rejeter
les interpellations et à accomplir l'ou-
vrage que le gouvernement lui soumet.
N'apparait-il pas aussi dès à présent
que le vote du projet de loi sur les con-
grégations et surlos associations réunira
8isez de voix pour que lo ministère n'ait
pas à craindre un échec sur ces ques-
tions.
Pour le moment, c'est un programme
suffisant et il est même pou vraisembla-
ble que les six semaiues entre la rentrée
et Noël suffisent à l'accomplir.
Alors pourquoi aller chercher plus loin
et comme disait M. Ribot un jour qu'il
était bien inspiré : « Pourquoi nous at-
tarder aux questions qui nous divisent
tant tant qu'il nous reste une œuvre à
réaliser en commun ? »
Civis.
––- ––-
Une Place pour les Morts
Jeudi prochain 1*" novembre, la fôte de la
Toussaint amenera un grand nombre fe
visiteurs 'ans les cimetières.
Dans les grandes nécropoles comme le
cimetière Sainte-Marie au Havre, le ciu e-
tlère de l'Ouest à Rouen, on ne laisse pas
bien longtemps les morts dormir de leur
dernier Eommeil. Quelques années se sont
à peine écoulées, que l'on fouille à nouveau
le terrain pour Inhumer les déwédÓs des
générations nouvelles 1
Cel. ne va pas sans un serrement de cœur
pour ceux qui perdent ainsi jusqu'à la trace
de l'emplacement où repose un être aimé.
Mais cependant, 11 faut s'incliner, à moins
qu'on ne soit assez riche pour s'offrir le
luxe d'une concession, qui m4me de très.
courte durée, atteint des prix tnabora-
bles.
Nous avons cependant en France le culte
des morts. D'où vient que nous leur mesu.
rons remplacement à ce point que lorsque
leur souvenirest à peine oublié,nous avons
hâte de les mettre en laq, dans un vaste
ossuaire, rappelant à s'y méprendre les
fosses communes eu la société antique
enfouissait les esclaves ?
C'est très-beau le budget des fabriques.
Mais nous sommes d'avis que les spécule -
tions qu'elle font, ainsi que les villes, sur
les Inhumations elle- sépultures devraient
bien prendre fin.
.userré sur la thrre
'{' L'espace n'ett pas si resserré sur la ferre
de France, oné nous ne puissions concéder
aux plus pauvres, pendant vlng-clnq an-:-,
la faculté d'honorer leurs morts 1
NOS COLONIES
La possessioa d'un vaste domaine co-
lonial et l'ulilisation de ce domaine au
mieux des intérêts des administrants et
des administrés soulèvent toute une sé-
rie do problcmos dont maintenant seule-
ment nous prenons conscience. Les di-
vers Congrès coloniaux qui se sont to-
nus ces temps derniers à Paris ont ou le
mérite de poser la plupart d'entre eux et,
sinon de les résoudre, du moins do les
préciser. Le rapporteur du budget des
colonies pour HIOI n'a pas dédaigné ce
mouvement d'idées et,comme on pouvait
l'attendre d'un colonial aussi expérimenté
que l'est M.Le Myre de Vilers, il a donné
dans son travail une large place aux plus
urgents de ces problèmes. C'est ainsi
qu'il a insisté sur la nécessité d'avoir une
politique indigène bien définie,si on veut
des colonies prospères et a, non sans
raison, attiré l'attention de ses collègues
de la Chambre et celle mémo du gouver-
nement sur les travaux du Congrès de.
sociologie coloniale au cours desquels il
a été dit d'excellentes choses et posé
d'excellents principes sur cette question
Nous avons à diverseb reprises publié
ici même des statistiques qui faisaient
ressortir les progrès notables réalisés
par nos commerçants sur certains des
marchés coloniaux. L°s' tissus f raturais
ont pris à Madagascar ou en lndo Chine
une partie do la place occupée naguère
par les tissus anglais ; mais ce résultat
n'a été obtenu qu'au prix d'une protec-
tion très étroite qu'on ne saurait saus
danger exagérer. Il faut bien se rendre
compte, en oft'et, uu'un régime protec-
teur en'raine une augmentation du prix
des choses, un accroissement des déoen
ses administratives et, par contre, une
diminution des recettes car, s'il donne lu
résultat désiré, il prive la colonie des
tax08 auxquelles eussont été assujetties
les marchandises otra gères ci elles n'a-
vaient pas été remplacées par los mar-
chandises françaises lesquelles sont
exemptes dos droits de douane. 11 faut
alors remplacer les ressources qui, de ce
chef, échappent à la colonie et, dans ce
but, on institue des impôts nouveaux qui
prennent à l'indigène une notable partie
de l'argent qu'il pourrait appliquera l'a-
chat d'objets dont il se prive actuelle-
ment. Or, ce à quoi il faut tendre, au
contraire, c'est précisément à augmenter
le pouvoir d'achat de nos clients inùigè-
nes ; et on n'y a pas encore beaucoup
réussi. Le rapprochement des chiffres
de IHZ et do IXHH fait bien ressortir pour
cette dernicro année un accroissement
de 40.27 0[0 dans l'importation métropo-
litaine aux colonies ; nuis il faut tenir
compte de l'extension du domaine colo-
nial on ces six années et de la restriction
des envois des pays étrangers, et si on
considère l'ensemble de nos possessions
d'outre-mer, l'Algérie el Tunisie compri-
ses, on constate que la moyenne quin-
quennale des importations de la France
dans ses colonies qui était pour la pé-
riode 1S80-1S93 de IU8 millious do francs
ne s'est élevée que bien peu dans la pé-
riode suivante puisqu'elle n'a atteint que
100.000 fr. Quant aux exportations
des colonies eu France, elles n'ont aug-
menté que de 21.78 0,o et do 1802 à IHm,
ou. plus exactemont de HL!; OJQ, si on
opère la défalcation des colonies qui,
comme Madagascar et la côte des Soma-
lis, ne figuraient pas dans les résultats
de Mtt.
11 y a donc progrès dans les relations
commerciales de la Franco avec ses co-
lonies, mais un progrès assez faible ob.
tenu en partie, d'ailleurs, par un procédé
dont les inconvénients, nous l'avons mon-
tré, ne permettent pas l'extension. Lo
régime douanier de ln.! n'a pas répondu
entièrement à l'attente de ceux qui l'ont
élaboré, car, s'il est parvenu, ce qui est
incontestable, àrésorver de plus on plus
le marché colonial aux produits de la
métropole, il a, par le surcroit do char-
ges imposé aux indigènes, entravé le
développement de la consommation des
marchandises européennes et le dévolop
pement de la richesse.
C'est une situation qu'il faut s'efforcer
de modifier et M. Lo Myre de Vilers
pense qu'on y arrivera on facilitant à
nos colonies la fourniture de la presque
totalité dos produits exotiques que con-
somme la métropole.
En développant la production et l'ex-
portation des produits du cru on accroî-
tra les pouvoirs d'achat des indigènes
et l'exportation des produits métropoli-
tains en bénéficiera; mais ce résultat ne
sera obtenu que si on ouvre largement
le marché français aux produits colo-
niaux qui n'ont pas de similaires en France
et que si on les admet en franchise en
France comme les produits français le
sont dans les colonies.
Cotte solution, il est vrai, ne va pas
sans difficultés ; on objecte qu'elle créera
un déficit dans le budget de l'Etat, parce
qu'elle diminuera le produit des droits de
douane ; si on veut bien, copendant, y
regarder de près, on sera convaincu
qu'il n'y a pas là un danger pour nos fi-
nances. Le sacrifice, d'abord, serait en
ce moment très léger, la quantité de pro-
duits coloniaux entrant en France étant
tout à fait minime ; mais la réforme pro-
duirait-olle tout l'effet espéré et amène-
rait elle une restriction très notable de
l'introduction des produits étrangers
soumis aux droits qu'on n'y perdrait pas
encore ; car l'opération, si elle réussit,
comporte une compensation : les colo-
nies, enrichies par leur développement
agricole et commercial, pourront plus
facilement se suffire à elles-mêmes et
l'ont sait que, le jour où les colonies se-
ront en mesure do faire face à toutes
lours dépenses, le budget de l'Etat réa
lisera une économie annuelle do ;-JI) mil-
lions. On voit qu'on peut tenter l'expé-
rience.
, Parmi les autres réformes qui devraient
accompagner celle ci, les plus impor-
tantes sont celles qui ont trait à la cons-
titution d'une main-d'cruvro abondante et
stable, à l'amélioration de l'outillage éco-
nomique, à la mise on harmonie de la loi
militaire avec les nécessités de l'expan-
sion coloniale et à l'application de mesu-
res particulières susceptibles d'alléger
les charges qui empêchent la marine
marine marchande, aux colonies, de
prendre aucun développement.
Avec ces réformes et une bonne politi-
que indigène) faite de bienveillance, com-
portant le respect des habitudes et des
mœurs locales et une certaine circons-
pection dans le choix et l'application des
moyens à employer pour la transforma-
tion des races indigènes, on pourra par-
venir à accentuer les légers progrès
économiques réalisés ces dornièros an-
nées et à justifier toutes les espérances
qu'on a mises dans les colonies ; aussi
faut-il apporter à cette tâche de la déci-
sion et de l'esprit de suite, avoir, on un
mot, une politique pour la mise en valeur
do nos possessions d'outre mer.
A tort et à travers
VILLES DÉCORÉES
Le récent décret autorisant quatre villes
(le France a introduire dans leurs armoiries
l'étoile de la Légion d'Honneur a eu, entre
autres conséquences, cet ellet. secondaire,
mais notahh" de mettre les héraldisles en
émoi. Les révolutionspoliliques l'lies chan-
gements sociaux les avaient depuis long-
temps réduits à ne plus cultiver que d'une
façon toute spéculative leur art tombé en
désuétude; ils ne formailmt. plus guère
qu'une corporation de simples amateurs, de
paisibles curieux, vivant de souvenirs, les
yeux tournés vers le passé. 11 ne faut donc
point s'étonner outre mesure si, profitant
d'une aubaine peu commune, ils déploient
en ce moment une grande activité.
Le dôcret avail à peine paru que tous les
heratdistes de France se mirent à combiner
chacun selon son goût, selon ses principes,
pour les villes nouvellement décorées, di-
vers projets qu'un de nos confrères a repro-
duits l autre matin.
Pour Lille et Yaleneiennes, le problème
n'était point, difficile à résoudre, les armes
de ces villes étant très peu chargées Celles
de Lille sont « «le gueules à une fleur de lys
d argent »; celles de Valencieunes sont
également « de gueules il un lion d'or lam-
passe et armé d'argent ». H ion de plus sim-
ple que, de plaeer sur le « chef ». à la droite
ou la gauehe du Ii«m ou de la Heur de lvs.
1 insigne de la Légion d'Honneur.
Pour la ville de Hazeilles la question se
complique, car le nouveau décret autori-
sant Hazeilles à mettre dans ses armes l'é-
toile des braves, lia oublie qu'un point,
• est que jusqu'ici cette petite vaillante
ville n avait pas d'armoiries.
Le cas, pour n'être pas fréquent, n'est
(tailleurs pas unique : on a vu, il a quel-
ques mois, la ville de Saint Mandé ouvrir,
pour la composition de son écw. un concours
enliv les heraldistes, Il f;iul donc que Ha
/.e il les suive d'abord cet exemple.
On lui a propose un blason qui N'analyse
ainsi : « De gueules a l'ancre, d'argent a la
11 abc île laquelle est appendue par un ru-
ban de gueules l'étoile de la LtjglOU.d'llvH-
neur aux couleurs natureHes." L'ancre,
comme on le devine, a pour objet d'immor-
taliser riiéro'isine des marsouins qui. aux
côtés du commandant Lambert, défendi-
rent Hazeilles et brûlèrent leurs « dernières
cartouches » , intrépidement retranchés
derrière les murs en ruines de la maison
Hourgerio.
Si illustre que soit ce souvenir, il n'est
peut-être point indispensable, talll il est
populaire. de le rappeler par un symbole
spécial. Sur la gravure qu'on nous montre,
l'ancre el la croix s'arrangen' sans aucune
harmonie, et nous préférerions pour Ha-
zeilles l'étoile, la seu l e étoile de la Légioii-
d'Honneur: l'héroïque petite vilie serait
ainsi, de toutes les villes de France, celle
qui aurait les armes les plus simples, mais
en même temps les plus glorieuses el les
pius belles.
C'est pour les armes de Paris (pie les lié-
ra'.distes ont le plus de peine à s'accorder.
Car, la plupart d'entre eux, respectant à la
lettre le texte du décret,veulent absolument
mettre dans l'écu lui-même l'insigne de la
Légion-d'Honneur el. de quelque façon
iiu'ils essayent de s'y prendre. l'adjonction
de l'étoile produit, au noinl de vue esthéti-
que, le plus fâcheux efiol.
Les uns proposent fie l' « apnoudro > au
niât du navire. El cela, en « t héorie, n'est
pas très condamnable, puisque le navire est
<* au naturel » et (pie, dans l'arrangement
des nièces « au naturel ». on laisse à l'Iié-
raldiste une très grande liberté. Mais cela
n'est point élégant. --,.
Les autres conseillent de placer l clmle
dans le chef d'azur tleurdelisé, ce qui serait
assez conforme aux réglés du blason. Mais,
d'après les gravures, ceci eno ne manque de
grâce, l'étoile coupant les Meurs de lis.
I n troisième parti ci insisterait â renver-
ser le problème : ne plus mettre l'étoile sur
les armes, mais bien les armes sur l'é-
toile: autrement dit, erucilier le blason.
Imaginez une large croix de la Légioii-
d'ilonneur timbrée, au rentre, du blason
classique de la Ville, et vous vous repré-
senterez assez exactement le projet. Il est
fort tant el Je doute au surplus, que jamais
héraldisles ad me tient c< >innioorlhoil< ixesces
rayons de la croix qui. sortant de l'écu. ne
soïit ni des « tenants », ni des aboutissants.
Le quatrième projet consiste simplement
â placer l'étoile en dehors et au-dessous de
l'écu. ainsi qu'on voit, dans beaucoup d'an
cicnncs arme«. le collier du Saint-Ksprit.
Seulement, connue le collier de la Légion-
d'Honneur n'apparl ient qu'au grand-niaiire
de l'ordre, au Président delà Képubli-
que, ce sont deux branches de lauriers
qui encadrent l'écu et soutiennent la croix
de chevalier.
Il ne nous appartient pas de décider si ce
projet est conforme aux principes. 11 sem-
ble bien que colle disposition ne soit pas
hérétique puisqu'elle rappelle les armes de
la plupart des Klals, celles de l'Ksnagne avec
la l'oison-d'Or, celle delà Suède avec les
Séraphins, el tant d'autres qu'on pourrait
citer. Mais là-dessus nous n'insistons pas :
le blason est un art formaliste, compliqué,
louiïu, sévèrement fermé aux profanes, el
nous n'afllehons pas la science du l'ère Mé-
nétrier.
Tout ce que nous pouvons dire, sans
crainte d'être démenti, (''est que le publie.
préférera cette combinaison, parce qu'elle
est la plus simple cl celle qui change 1e
moins la physionomie traditionnelle de ces
armes, où l'on voit depuis si longtemps le
navire municipal llollei* au milieu de la
houle sans jamais se laisser submerger.
Z,
––-
1 tONGRÈS DE CHANSONNIERS
Les personnes pour (pli le chansonnier
est resté le bon vivant, joyeux, le teinl
lleuri el la bedaine largo, toujours le verre
en main, ne cessant de chanter le v in. l'a-
mour ot le tabac,ces personnes ont dû èlre
surprises de voir à ce Congrès tant de vi-
sages austères,lant Ill' redingotes correctes
et tant de palmes d'académie.
Il est vrai (pie la circonstance n'était nul-
lement joyeuse et que tous ces poètes du
gai savoir! venus des quatre coins de la
France, de Paris, do Montmartre, de pro-
vince et d'ailleurs, s'étaient moins réunis
pour rire, que pour pleurer. Pour pleurer
sur la chanson, laquelle n'esl pas morte,
mais si malade qu'elle: n'en vaut mieux.
Là-dessus, tous sont d'accord : ils ne ditl'o-
ronl que sur lo diagnostic, sur la nature du
mal, sur ses causes el sur ses remèdes.
Les uns accusent le café-concert.d'autres
Montmartre, d'autres encore la Censure. Ils
se pourrait qu'ils (Missent tous raison, car
aucun de ces b< mes émissaires n'a I l'on\ é do
défenseurs.
Au café-concert. M. Armand Sylvestre, a
reproché son « inutile obscénité ». lus
chansonniers <1^ Paris el de province sont
venus prendre ?i partie leurs confrères de
Montmartre. Vainement un poèle.descondu
(le la Huile, a essayé de défendre l'école
montmartroise, de rappeler ses litres et
d'évoquer ses gloires: l'assistance tout
entière s'est détournée do cet homme qui
louait un temps passé.
Kilo s'esl relroiiNée unanime pour tlétrir
laConsuro : divisés sur presque tout le roslo,
les poètes n'ont ou (prune \oix pour crier
« haro » sur ce baudet. N'allez pas croire
au moins qu'ils incriminent son excessive
rigueur. Les chansonniers sont gens sé-
rieux el ce dont ils la blâment, c'est, au con-
traire, de sa coupable condescendance.
C'osl pourqlloi, sans aucun ménagement
pour l'amour-propre des censeurs, un con-
gressiste a demandé qu'ils fussent rein
placés par une commission d' « hommes
intelligents, capable de, discerner le talent
audacieux do la licence grossière « : un nul ro
congressiste a objecte (pu* de tels hommes
étaient difficiles a trouver.
Il s'agissait de conclure. Le Congres c'est
tiré d'alVaire on émet tant des vieux. Il
souhaite (pie l'on croc dans toutes les villes
des associât ions de chansonniers dos lices
et goguettes subventionnées par rKlal.de-»
cours de chanson dans les écoles publiques,
(les li'a/ellcs spéciales, (les cercles, line
Ligue, mémo un C HIMTVaburo. A voir
omettre lant de Mriix, on se serait cru a la
séance d'un conseil d'arrondissement.
Plaise au ciel d'exaucer ces désirs mieux
qu'il n'exauce, d'ordinaire, ceux des mo-
destes conseils de u^s arrondissements!
CITERNES A CIDRE
Récolte abondante. Défaut
de futaille. Cuvesen
verre et en ardoise.
Economie.
A un iriix paysan. -- cauchois ou bra-
y ui auquel ou demandait un jour si la
récolle était bonne, il lui prêté jadis cette
matois" réponse : « Dire qu'il y a des l' im-
lues, "les pommes! non. il n'y a pas ('C}
- pommes! i>ire qu'il n'y a pas de poiinm-s,
- pas de pommes! Oui. il y a des poin-
mes ! EII : bien celle année le rusé nor-
mand est bien obligé de reconnaître qu'il y
a des pommes. et beaucoup, sans pouvoir
uiéiiiè l'aire la moindre rosi rici ion ambi-
guë.
C'est à ce point que le brave fermier i;e
sait plus quoi "II l'ai re. el qu'à tous les éeh« »s,
il se lamente sur l'a\ilissèineii! des cours,
sur les frais (le la cueillette et du transport,
et surtout sur les (liflieullés de loter ie,
cidre I >ble|iU.
- l'ois rvoyt'Mi-.is 'l'II' l'on lionsdonui;
Pour tli's ri III ,II' les to))t)')u\?
J.. t'mttcht't' \"IIt! CIHT h toulle
Lni>i|iie k-< i(ln: <-
Ainsi le faisait s'exprimer nue vieille
poésie dont, entre parenthèses, l'excellrui
poète Clovis Hugues, dans un moment de
distraction tonte marseillaise, crut pouvoir
s'attribuer la paternité, il n'avait pourtant
p is lies»>in de cela !
<,U|oi qu'il Cil S. >il , le Cdl est notoire, la
futaille est liol'S de prix celle aimée, el cela,
en rais m précisément de l'abondance (les
po'll'lies el de la prév isiun (les flots (pie
v a d'uiner le brassage.
lie lions esprits s" sont pré iccupes de
celle (pii • s I ii >n si intéressa il le p ni r nos po-
pulations agricol es, et se sont niK à 'a
recherche «l'un modo de <• logement » moins
onéreux et aussi favorable à la conserva-
lion d u cidre (pie. le bois. C'est |'a nal y se el
le résultai de leurs investigations (pie nous
oïl'rons aujourd'hui à nos lecteurs.
»»n a coniineiicé par apprendre, dans nos
régions do l'oue>t. «pie. dans le midi de la
Franco d en Algérie, de nombreux essais
avaient été faits pour renfermer les vins
dois des citernes: ces tentatives ivmoii-
I dent déjà â nue di/aine d'années.
o i n'eut d'abord qu'une idée très-vague
de ces récipients, et mille objoclions, doi t
beaucoup lie So||l pas solides, f U l'en I au (1('-
luit .opposées a cello innovai ioir.les cidriers
lui semblaient rèfraelaires.
Il est certain que les résultats obtenus
avec les premières citernes construites en
l.asse-Normaudie 'pour la conservation du
cidre furent pitoyables.
C *s réservoirs furent d'abord établis en
mortier hydraulique ou en cirncnl. cl le jus
d • la pomme mis en eonlacl avec ces en-
duits, s'y altéra bien vile et contracta un
go fil execrable.
L -s parois, dans ces conditions, s >nt
d'ailleurs assez poreuses el (lifliciles à net-
toyer : toutes sortes d'impuretés et de fer-
ments peuvent s'y loger et communiquer
au cidre des maladies el des goûts dont il
est impossible de le débarrasser.
La revue spéciale Le Cuire et le Poiré a
raconté naguère la série des expériences
f ai I os pour l'eue dier à cet état de choses.
( )n lent a d'abord de garnir les par >isde !a
citerne (le carreaux de lorre entaillée. K» s
inconvénients do ce revèl un.ml n'ont pas
lardé à se faire connailiv : ils étaient peut-
être encore plus a craindre (pie ceux (lit
simple uioi'lier, car l'émail de c" carrelage
étant ploniheux et très altérable, prompie-
nielil attaqué par les liquides, s'écaillait el
tombait : et la boisson, oui re qu'elle prenait,
un inauv ais goût. de v ci la il dangereuse pour
1;1 '41 Il Il',
( ) 1\ a donc cherché qlTelqUO c huse de
mieux el on l'a trouvé ; eu revêtant les ci-
ternes de carreaux de verre, on n'a et i eitel à
i redouter ni alléralioii de la surface, ni p<
rosi té.
Kntin. dans un but (1'eooiioniio, un de nos
compatriotes, M. Marion icaii'e. de lîouen,
a eu l'ingénieuse idée (lé substituer des
plaques d'ardoises aux carreaux de verre.
C' goure (le schiste otVre les mêmes avan-
tages qu>' les places au point de v ne des al-
térai ions à craindre id r vienlà meilleur
marché.
La seule cril ique l'on pourrail eno >re op -
poser à ce procédé, c'est que les jointe qui
séparent les carreaux OU les plaques. 11 llo i -
(pie réduits à une ligne. soit un peu pins de.
deux millimétrés, sont des poinls vulnéra-
rables auxquels les acides el les fermenls
peuvent eue »re s'at laquer.
.1 usqu'a ce jour on s'esl encore contente,
pour remédier a ('et inconvénient, chaque,
fois que la citerne était vide el soigiieiisi-
i lient lav ée. d'eu su i lier coiiseienc ieii-emenl.
I» i u s les joi nls.
Mais, sur le conseil d un a'vlnieete. M,
1. o i S e I, qlle lions a < • ! IS Colisillle personne!*
lenieill. lions pensons (pl'll est mieux encoio
de passer line couche de si/il ';ll,. i h' soude
sur builes les jointures : aueuu daug> r
n'existera plus désormais. (,niant a la i'<>
pense, ce produit est d'un prixdo revient :- i
minime que ('"est a peine s il y aurait lieu
d' eu leuir compte dans 1 établissement i.'uu
devis.
oici maintenant quelques ( onseiis sur la.
façon d'elalilir le récipient, quelle (pie s< il.
d'ailleurs la grandeur dont on aurait besoin;
La citerne doit être construite d'abord i n
grosse maçonnerie do briques onde pierres,
t'0I11ul,' a'onf butter, à l'épaisseur de n. m.
Pi à o m. în. selon la charge de liqiiu'o
qu'elle doit recevoir deux a irois moires,
| bon mortier de chaux hydrau'ique avec.
voùledeOm. Il en briques sur champ,
il 1 homme.
l.a maçonnerie peut être remplacée avan-
tageusement par du ciment arme qui i ré-
sente plus de solidité (d coule moins (•lier.
lue fois ce groso'iiv re terminé, les parois
s ml endu il es d'illl Uiorlierde ciment a i l'éo
lente, (l'excellente qualité, auquel on allia,
mélangé pour nioiiié.du s;»Ide cru. bien
choisi, demi lin. dont les grains ne doivent,
pas dépasser "J à "• millimètres d'épaisseur.
Ce garni est la partie la plus délicate du
I rav ail : il fa ut de bon cément lent et des
i gens sachant l'en 11 «1- >v or.
Les laine:', qui doivent -e,'\ii" ail l'eVi te-
ll ient --oll! en elli I. i Oie li Ulie Upel'lc le de
I hl. -.(Il O |:| o d'llll • ep II- >elir d • 1 .1
O lllll! lu. et |v - *. de de i t.l • i le.- '1Iilt:"iL
être applique.' -air l'eluhid e-d poiuvue do
si ries oll de l'i liefs quelconque p..Ul' IVinllV.
l'adhérence plus f '('lie. Il faut av <>ir s,.in do
le-; laver el de les tremper dans l'eau au
inoui 'ld de l'emploi et de -- assurer qll'll
ne roslo pas de l Mil les d'à i i" entre le verre et
'end ml.
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