Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1900-11-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 novembre 1900 04 novembre 1900
Description : 1900/11/04 (A10,N507). 1900/11/04 (A10,N507).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63930092
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
Dixième Àiinéc Ho #07
te Nuihero s CtN, Centimes
Dimanche 4 Novembre 1900
Itoutanta] 1
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Sitafrlatérlftira, Bira tl.l
OlptrUomts U«iltra?lM. tt
intrM D6parU«*aU ., 6 tr.
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LE TUVAimUB HOUUHD
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HATBAIS
PARAISSANT M DIMANCHE
Insertions 1
Anuonces. la ligne 0 fr. 50
A vie d'inhumation - l'fit.
Réclames., - Sir..
Rédaction& Idainistragei 1
ROUEN
Quai de Paris, 23
BURBAUX AU BAva.
fi, Sue de Paris, n
Les Abonnements ne paient A
Pavane* et M font * 4 tartir de
t" et 16 te chaque mis., 1
SEMAINE POLITIQUE
La rentrée des Chambres. Le
- discours de M Waldeck.
Rousseau. Dans l'afri-
que occidentale.
En dehors des interpellations qui sont
inscrites i Tordre du jour de la précé-
dente session, et qui sont au nombre d'u-
ne vingtaine, la Chambre aura dès sa
r mtrée, mercredi prochain, à statuer sur
un certain nombre de nouvelles deman-
des.
D'abord, sur l'interpellation de M.
Cunéo d'Ornano, qui vise la décision pri-
se par le ministre de la guerre au sujet
de l'attribution dos bourses aux écoles
militaires de Polytechnique et de Saint-
Cyr. La discussion qui s'ouvrira à ce
sujet englobera certainement tous les ac-
tes du ministre de la guerre.
Eu outre, le gouvernement aura à ré-
pondre à une double interpellation de
MM. Thierry et Antide Boyer, députés des
Bdnchos-du-Rhône, sur les grèves. C't st
la encore un sujet qui se trouvera natu-
rellement étendus à tous les conflits qui
se sont produits, depuis quelques mois,
entre les patrons et les ouvriers.
Une troisième interpellation paraît
probable: c'est celle que l'on ne manquera
pas d'adresser au président du conseil
sur la politique générale au gouverne-
ment.
11 ttc pourrait même que les autres in-
terpellations celles de MM. Cunéo
d'Ornano et Tierry notamment fussent
confondues dans ce dernier débat, au
cours duquel toutes les questions pour-
ront être traitées.
Mais il est bien évident que cette dis-
oussioq a perdu beaucoup de son intérêt
après U discours que M. Waldeck-Rous-
- seau a prononcé dimanche dernier à Tou-
louse.
-LelèptiélAd6ilt du conseil en tffot, stot
expliqué dans son discours sur tous les
points de politique ginô.alequi peuvent
solliciter l'attention du Parlement.
Gela étant bien établi, quoiqu'on di-
sent les adversaires du Cabinet, on s'oc-
cQpe. dans les milieux parlementaires,
de Tordre du jour à soumettre à la
Chambre pendant sa très courte session
extraordinaire.
Bien entendu, les propositions sont
snmbreuses et déjà chacun prend ses
précautions. En voici un exemple: M. du
Pépier doLarsan, député de la Gironde, a
écrit, au président du conseil pour l'aviser
qu'il < demanderait le maintien, en tête
déb délibérations de la Chambre, de la
proposition de loi relative à la proposition
des jjelitJJ oiseaux.. -
Malheureusement, si intéressante que
soit la protection des petits oiseaux' il y a
yteaucr qp 4'autrest projets qui méritent un
loir de faveur. Sans parler du budget de
1901, qui doit faire l'objet de toutes les
np ^occq^Uqqs gouvernementales et par-
lementaires, la Chambre aura à se pro-
noncer sur l'urgence de plusieurs réfor-
mes : le régime fiscal des successions, la
- loi sur les associations, la réforme de
r!,,t <\es bQissçms, les retraites ouvrie-
rs, fila.
; GW entre ces projets qu'elle devra
cholisir.11 est certain que le gouvernement
a déjà arrêté le sens des déclarations qu'il
se propose de faire à ce sujet. Son inten-
tion, elle disèours de M. Waldecft Rous-
pli est \a meilleure preuve, est de
faire aboutir le vote de deux de ces pro-
jets ; le projet relatif aux successions et
çeiui iqui concerne les assooiations..
il esftme avec juste raison que si/avant
lé vote du budget, ces deux lois peuvent
sortir des délibérations de la Chambte,
l'oeuvre de lasessioQ.extraordinaire n'au-
ra pas été stérile.
Los dernières nouvelles du Sénégal
tOFtent que l'épictémiede flévre jaune s'y
itetot, et, d'autre part, plusieurs jour-
naux annoncent le prochain retour dans
lé çorj s des inspecteurs généreux de M.
Gtiaudié, qui ne songe pae, nssu re-t- on, à
X itourfler dura la colonie qu'il a quittée,
Le mentent semble donc venu où il fau-
dra régler la question du régime et du
gouvernement de l'Afrique occidentale
française, restée trop longtemps en sur
nens. 4 vrai 1re, le gouvernement epl
vpfJ, à rheureactuelle, et de la man
re3a plus heureuse, par M. Ballay, quia
consenti à faire un dangereux intérim,nu
moment ou tous les blancs quittaient le
Sénégal,et qui a tenu aie faire à St Louip,
alors qu'on proposait de transférer, d'une
manière provisoire, la capitale de ne s
possessions de l'Ouest africain dans quel-
que ville de la côte exempte de fièvre
jaune, de préférence à Konakry.
C'est d'ailleurs la troisième fois que M.
Ballay rempli l'intérim du gouvernement
général: en 1880, il était chargé d'admi-
nietrer toute la côte, de la Guinée fran-
çaise au Dahomey, et son administration
féconde de la première de ces colonies est
citée partout comme modèle ; il ne semble
donc pas qu'il y ait, en ce qui concerne le
gouvernement géuéral de l'Afrique occi-
dentale française, autre chose à faire
qu'à transformer en état régulier et défini"
t ( le provisoire créé par l'épidémie de
fièvre jaune et ledévouomentdeM.Ballay.
Ce fonctionnaire semble,, d'ailleurs le
mieux placé, par son expérience, pour
réagir contre'certaines tendances qui se
manifestaient dans ces derniers temps au
gouvernement général. On y montrait un
désir véritablement inquiétant de cenlra.
User toute l'administration de l'Afrique
occidentale francise.
Gettetendance dangereuse ne terni
compte ni des différences douanières
entre des colonies soumises, comme le
Sénégal,à notre tarif général des douanes
et des colonies, comme la Guinée, la Côte
d'Ivoire et le Dahomey, bénéficiant, en
raison des traités ou simplement des né-
cessités do la concurrence avec les pos-
sessions anglaises voisines, d'un plus
grand libéralisme douanier, ni des diver-
sités créçes par la diversité des produits,
- - - - - -
du commerce et de la situation politique.
Des protectorats devaient être confondus,
au grand péril de l'avenir de notre œuvre
im érlale, avec une colonie encombrée
par une politique électorale et des agita-
tions qu'il y a tout lieu de mettre à part du
reste dé notre empire africain.
"-BMfln, iftrgros dangermenaçait les co
1 mlosprcBpores comme la Guinée, le
Dahomey, et même la Côte d'Ivoire, qui
peu veut entreprendre des œuvres d'inté-
rêt public gagées sur leurs propres res-
soirces. On songeait à faire disparaître
1 urs excédents budgétaires dans un
vaste budget de l'Afrique occidentale
française, avec le résultat certain de para-
lyser le développement des colonies dejà
en grand progrès sans donner à l'ensem-
ble de notre immense domaine africain
autre chose qu'une goutte d'eau \ito per-
due dans les canaux parasites d'une
grande administration centralisée.
Cette concentration financière créerait
donc un péril que nul mieux que M.
Ballay ne saurait mesurer et conjurer ;
il a trop bien compris et montré les
résultats immédiats qu'on peut tirer des
c jloniea de la côte pour se prêter à leur
engloutissement, même dans un organis-
me centralisé dont ii serait le ohef.
POLITIQUE COLONIALE
M. Roherdeau, gouverneur do la Côte-
d'ivoire a tout récemment adressé aux ad-
ministrateurs e t chefs Uc pus te, ses collabo-
l'atours, une ciyculaiye qui montre combien
nous avons faits de progrès en ce qui con-
cerne la politique à tenir à l'égard des incii
gènes. Nous abandonnons, cnlin, un peu
paitDUt la doctrine néfaste de l'assimilation
à laquelle nous avons été trop longtemps
attachés.
Dans la circulaire a laquelle nous aisons
allusion. M. Robcrdeau veçoinmande aux
administraient'8 c\e ne plus entrer, comme
ils le faisaient jusqu ici dans les intimes dé-
tails de la vie administrative de leur cir
conscription et de rendre plus effective l'au-
torité des chefs Indigènes, « Chaque chef de
village écrit-U deyvaJt commander réelle-
nienl. la population, la maWtenir dans
l'obéissance et dans* l'ordre; il réglerait
sous votre contrôle toutes les contestations
et querelles entre les indigènes ; il applique
rait les peines encourues et vous sanction-
ne riez ses jugemenls, »
Le gouverneur précise ensuite les diffé-
rents aspects de la politique qu'il précon ise,
p iitique don l'inlérêt est considérable tant
au point de vue politique et financier qu'au
point de vue commercial.
C'est, en effet, en se servant do l'intermé-
diaire de chefs ayant de l'autorité et res-
pectés de leurs sujets qu'on pourra sans
difficulté prélever un impôt sur les indigè-
nes, et, en favorisant de bonnes relations
entre
lies, elt., iiidigètie et tadm\1\i81.raUoh on faci
lltcra aussi l'im puis 10,11 ^donner t\ ces mêmes
indigènes ppuf l'augmentation et l'amélio
ration de la nroducuon.
On voit que Iapolltlque recommandée par
M. Robcrdeau peut avoir de très heureux
effets. Glace a elle, la Côte d'Ivoire n'aura
rïen À envier aux autres colonies françaises
de la côte occidental® d'Afrique, en particu-
lier à la Ruinée oV au nlhomey dont les
pratiques à Vegard des indigènes sont n. ce
point excellentes que la comparaison avec
les procédés des Anglais dans les réglons
voisines nous est grandement favorable,
l n.Ome quand cet Le comparaison est faite
[ p; r les Anglais dans leurs propres lour-
muX. ,l 1 *
«ACCORD PA R FA 1 T »
1
On se souvient des contestions qui ce
sont élevées entre nationalistes, entre
adhérents de la Ligue de la Patrie fran-
çaise. Très peu de temps après le succès
qui avait couronné leur entente aux élec-
tions municipales de Paris, on apu croire
que tout était rompu, ou que l'accord
était tout au moins fort compromis. M.
Paul Déroulède avait cru voir une équi-
voque dans cot accord apparent. Il avait
hâte de la dissiper.
L'occasion lui en fut fournie par une
élection de, député qui eut lieu à Niort. Il
écrivit et publia une lettre où il déchirait
tous les voiles. Républicain, disait-il, il
ne voulait pas encourager les espérances.
des monarchistes qui s'étaient unis aux
nationalistes, dans la pensée que la cam-
pagne de la Ligue de la Patrie française
devait aboutir à une restauration ruonar
chique. Plébiscitaire intransigeant. M.
Déroulède entendait que le plébiscité et
l'élection du Président de la République
par le suffrage uuivorsel fussent le pre-
mier article ol l'articlo fondamental du
programme du parti nationaliste. La Ré-
publique au dessus de toute discusejoD,
au-dessus même, si nous avons bien
compris et si nos souvonirs sont exacts,
di suffrage universel, et le plébiscite
ominetnodo nécessaire do l'élection du
chef de l'Etat républicain, lelln était la
doctrine de M. Déroulède, il u'en admet-
tait, il n'en supposait point d'autre.
Gette déclaration de principes jeta un
certain froid parmi les alliés de la veille,
dont beaucoup n'avalent nullement eu
lïutenllon de renoncer à leurs visées mo-
narchiques et de jurer une fidélité invio-
lable à la République, tandis que d'au-
tres en affirmant ieuraconvictiona répu-
blicaines, n'avalent qu'un goût .modère
pour lo plébiscite, et ne se souciaient p&aT
précisément peut-être parce qu'ils étaient
républicains et parce qu'ils ne manquaient
pas de connaissances historiques, de
mettre en présence dos Assemblées ré-
publicaines un chef du pouvoir executif
qui tiendrait ses pouvoirs du peuple, tt
qui ne relèverait quo du peuple et de son
épée, s'il en avait une.
Le différend en était la. Il était grave.
Il pesait lourdement snr le parti natio-
naliste, sur la Ligue de la Patrie fran-
çaise et sur toute sa séquelle. Lesopinions
dos partis de coalition ne s'accordent ja
mais si bien que dans le silence. En par-
la it si haut et avec si peu de ménage-
ment, M. Déroulcde avait rompu le
charme. Le rapprochement qui s'était
fait, à l'occasion des élections munici-
pales, entre des candidats de toute ori-
gine, devenait impossible, dans les
élections ultérieures, s'il fallait s'expli-
quer et prendre parti sans réticences ni
sous entendus.
Il semble bien que les inspirateurs et
les directeurs de conscience du parti ont
compris le danger de la situation et qu'ils
se sont efforcés d'amener une transac-
tion et une conciliation, La chose n'était
pas facile, du moins en apparence. M.
Déroulède transige peu du moins on le
croyait et il s'était prononcé d'une ma-
nière si tranchante qu'il semblait bien
difficile d'obtenir la plus légère conces-
sion. Cependant, depuis quelques jours,
il est question d'une entente qui se serait
faite. Les négociateurs et les concilia-
teurs auraient-ils abouti ? L'union natio-
naliste serait-elle rétablie? Une interview
de M. Déroulède, publiée dans la Patrie,
a fourni une première indication. L'autre
jour P Echo de Paris publiait une lettre
adressée par M. Déroulède à M. Jules
Lemaitre, qui lafait suivre d'observations,
le tout sous ce titre éminemment cordial:
« Accord parfait. 1 Cet accord est-il aussi
parfait que M, Jules Lemaîlre s'empressse
do leoroire ? Est-il parfait, non seulement
entre M. Jules Lemaitre et M. Déroulède,
mais aussi entre les différentes opinions
qui se sont momentanément confondu
dans le sein de la Ligue de la Patrie fran-
rvaisn ?
M. Déroulède veut bien être conciliant ;
mais il n'entend laisser subsister aucun I
malentendu. La querelle portait, comme
nous l'avons dit, sur deux points : l* la
q :oaHon de la forme du gouvernement, la
République imposée, comme article de
foi, aux nationalistes par M. Déroulède ;
2. la question de l'élection du Président
de la République, M. Déroulède se refu-
sant à admettre tout autre mode d'élec.
tion qçe le plébiscite.
Or, sur le premier point M. Déroulèdo
demeure inébranlable et in flexible. «Mes
déclarations de Niort, écrit-il à M. Jules
Lemaotre, pour commencer par là, n'ont
qu'un but : non pas du tout de repous-
ser comme des adversaires les électeurs,
de telle ou telle opinion, devenus les adhé-
rents sincères de nos doctrines, mais
bien de ne laisser subsister aucune espé-
rance secrète dans l'esprit de ceux qui
.prenaient le nationalisme comme un pont
destiué à faire passer la France de la rive
républicaine à la rive monarchique. Ce
serait encore mon langage de demaia, si
je sentais que l'illusion se réveille, que
l'ambignilé des programmes la favorise
et qu'il est parmi les nationalistes de s
gens qui veulent restaurer tout autre
chose que la République. »
Voilà qui est clair. M. Déroulède est
accueillant pour les électeurs qui, ayant
été monarchistes, se rallieraient à la Ré-
publique plébiscitaire de M. Déroulède.
Il est impitoyable pour les candidats qui
niaccepteraient pas la République sans
arrière-pensée, et qui, sous l'étiquette
nationaliste, conserveraient des inten-
tions de restauration monarchique.
Il nous est difficile de croire qu'à cet
égard l'accord soit parfait entre M. Dé-
roulède et tous les adhérents, y compris
même plesieurs membres dirigeants de
la Ligue de la Patrie française. Et si la
question s'était posée, aux dernières élec-
tions munioipales, comme M. Déroulède
, la pose aujourd'hui, il est douteux que
les listes de la Ligue de la Patrie fran-
çaise eussent pu réunir les noms qu'elle
-& associés fraternellement.
Voilà donc un désaccord qui persiste.
Quant à l'autre sujet de dispute, il est
vrai que, tant bien que mal, M. Dérou-
lé Je et M. Jules Lemaîlre ont fini par
s'accorder. Il s'agissait d'une question
dont la solution n'était pas des plus ur-
gentes. Comment sera élu le Président
de la République, selon la Constitution
nationaliste 1 On a le temps d'y songer.
M. Déroulède a déjà fail une conces-
sion. Il l'a faite un peu à coutre-ccuur,
mais il l'a faite. U consent à faire élire
le Président de la République par un
plébiscite à donx degrés. Mais il ne veut
pas entendre parler de l'élection des Con-
seils généraux, ni du système Marcàre-
Benoist. Tout ce qu'il peut accorder,
c'est « l'élection du Président de la Ré-
publique à doux degrés ainsi qu'elle se
pratique en Amérique a.
M. Jules Lemaître s'en contente. 11
avait une préférence pour un autre sys-
tème ; mais, réflexion faite, il n'y lient
pas. Il n'y tient d'autant moins, qu'il lui
viont à la pensée cette réflexion fort triste
que, en changeant le mode d'élection du
Président de la République, on ne chan-
gerait peut-être pas de Président. Il
concède donc à M. Déroulède l'élecllon
comme en Amérique, et, là-dessus, il
constate l'accord parfait.
Accord parfait, soit; mais sur un point
que nous persistons à considérer comme
secondaire dans le différend qui ert sur-
venu dans le camp nationaliste. Sur la
manière dont il faudra s'y prendre pour
donner un Président de la République, on
s'entendra toujours. -
Mais il reste une question autrement
capitale, celle de vauoir s'il y aura un
Présidept de la République, s'il y aura
une République.
D'apres ce que l'on sait des intentions
du parti nationaliste en général, il est
permis d'en douter.
Ea tous cas, les hurluberlus de la
« Patrie Française », avec leurs discus-
sions puériles, sont bien amusants.
A tort et à travers
ThéJtrl s populaires
Si c'est avec des spectacles comme l..=l
cemnieni .Journaux, nous ont eulretenus ré-
ro:Umenl que les Maisons du peuple, les
Théâtres populaires, comptent nllirer et
retenir une clionlèlo, ce sera un joli recul
ve 's la barbarie.
On a le droit de penser et de s'exprimer
librement sur M. lidouard Drumonl, M.
I François Coppée,Mn,c de Mari cl cl quelques
autres ; de combattre cl de pourfend remous
les jours, le Nationalisme, l'Antisémitisme,
la Ligue de la Patrie française, etc. ; de dé-
fendre et de répandre, par la plume et par
la parole, des idées toutes contraires àcelles-
là; de tenir à ses opinions et même de s'y
lenir ; bref, de se livrer à la propagande et
a la polémique la plus liardie et la plus
guerrière. Mais traîner des adversaires
1JOliliqucs sur la scène pour les couvrir de
honte et de mépris; puis, leur prêter des
gestes, des propos et des actes ridicules et
odieux; leur faire jouer un rôle dérisoire
dans une farce stupide; les livrer, les jeter
ainsi en pâture non plus seulement à la ri-
sée, mais aux invectives et à la férocité
d'une foule qui serait sans doute toute prête
à se jeter sur eux, si elle les rencontrait
dans la rue au sortir d'une représentation
où elle s'est acharnée sur leurs sosies : cela
est inadmissible et intolérable. C'est trans-
former une Maison du peuple en ménagerie,
un Théâtre populaire en une sorte de cirque
furieux, en foyer d'incendie et de guerre
civIle, en tribune publique d'excitation à la
haine et au mépris des cilorens,
El, d'abord. de pareils spectacles sont
fort laids. Vous voulez, dites-vous, élever
et ennoblir l'âmc du peuple, épurer ses ins-
Lincts, lui donner le sentiment. la notion et
legodt du beau, l'amour de l'Art. Vous
mentez à votre enseigne et vous êtes des
corrupteurs malfaisants. Vous rabaissez
cette anie populaire, vous l'avilissez, on lui
présentant d'ignobles caricatures; loin de
cultiver en elle l'idslinct du Beau, vous la
dépravez parles plus vilaines exhibitions.
Vous amusez un public, une réunion
(l'iionnnes, avec une œuvre bassement fo-
raine, une pitrerie grossière sans sel ni
sauce, une parade, accompagnée de facé-
lies, qui met en délire et en colère de pau-
vres cerveaux. Est-ce donc là une œuvre de
philosophie et d'esthétique, d'éducation in-
tellectuelle et morale, comme vous l'avicz
promis pour rassurer et pour vous concilier
les honnêtes gens ? Non. n'est-ce pas i
Co n'est môme plus la baraque ucTabarln
le Savoyard et, ses chansons, la taverne
« rosse » - c'est tout ce qu'il y a de plus vul-
, dans le Ullé ll()Il
gaire et de plus hideux dans le théâtre, non
pas populaire mais populacier; c'est un dé-
goût pour les yeux et pour les oreilles : il
faudrait avoir perdu tout sentiment de dé-
licatesse pour se plaire un instant à ces
choses-là.
* *
El, ensuite, cela est lild.o. Nous sommes
pourtant d'une race et d'un pays qui n'ai-
ment pas plus, dit-on, la lâcheté que l'hypo-
iiielit pas plus, lâclie, sournois et
crisie. Or, Il est lâche, sournois et déloyal
d j s'attaquer à des adversaires, quels (jutis
soient, avec des armes de celte espèce. La
dllîamation est une lâcheté; la caricalurc,
poussée à ce point, en est une autre.
Ne dites pas que c'est de bonne
gueiro; il n'y a pas do bonne guerre
avec des armes empoisonnées. Bat tons-non s
tint qu'il nous plainl. et même à mort,
mais ne cherchons pas à nous élouirersous
dos pelletées sous des tombereaux d'ordu-
res. Les portefaix et les chiffonniers eux-
mêmes rougiraient de se rouler ainsi dans
la fange. Les journaux et les réunions pu-
bliques ne sont pas faits pour les chiens:
attaquons-nous, meurtrissons-nous, mais
en face et à visage découvert, sans recou-
rir à désarmes vilaines et rÓpugnanle,
Essayons surtout, diraient les sages, -
mais j'admets encore que la passion fasse
taire-la sagesse - de nous edaircr ou do
nous réfuter les uns les autres. Dlsputons-
nous, si le cœur nous en dit, et tâc hons de
mettre de l'esprit dans nos sottises; mais
n'ameutons pas obliquement contre les,
idées et les partis que nous voulons com-
battre la haine aveugle d'une fnulc surexci-
tée.
.'1--- _n_- .1.. ,.1.1.--.--- T""," .:.
Car, enfin, cela est dangereux. La paix
sociale, la tranqulllt é de la rue et de l'Etat
sont compromises par ces manifestations.
Il ne s'agit plus ici de politcsscet d'élégance
de polémique courtoise ou grossière; il s'a-
git du bon ordre auquel nous sommes tous
intéressés, même ceux qui le troublent,
puisqu'ils ne snutrriralenl. pas de le voir
troubler par d'autres; il s'agit de l'honneur
et peut être de la vie des citoyens.
Vous dénoncez et vous promettez des vic-
times aux appétits furieux, aux vengeances
bestiales, qu'il est moins facile de retenir
que de déchaîner; vous donnez à des ufli-
clonados incultes et exaspérés l'idée des
plus basses représailles, ci" 't qui sait ! le
goût du sang; vous excitez à plaisir, sans
mesurer peut être, je veux le croire, la por-
tée ni l'elïet de vos excitations, des trans-
ports révolutionnaires. Et après ? ..,
Savez-vous ou s arrêtera, un ,iour ci émeu-
te, cette foule, cette tourbe, que vous aurez
lîtchée 1 'Vous l'avez accoutumée à l'insulte:
êtes-vous surs que, le cas échéant, elle 11c
passerait pas aux actes et aux coups l L'his-
toire de nos troubles civils, de nos révolu-
tions, est malheureusement pleine d'cxpm,
ples aiïrcux qui devraient nous porter à la
réllexion.
*
On nous parle, de Comédie4 Ancienne.
d'Aristophane. Ni Aristophane, ni la Co
médie Ancienne, sarsinsistcr sur les autres
diirércnccs, ne sont jamais allées jusque-là.
Et puis, si l'on nous parle grec, parlons
latin, sans crainte de pédanlisme. Je rc
commande aux habitués et aux. fournisseurs
du Théâtre populaire ainsi com;u cette
courte citation d'Horace, dans XArt poéti-
aue :
Il yv-' la dtium liber tas cirridil et vim
Dignam laie régi: le,l' f.p accepta cherusque
l'ùrpitcr obticlttt, sublato jui-c noccildi."
ce qui veut dire, comme vous savez : « La
liberté dégénéra en vice et on excès qui ap-
pelèrent la loi et la règle. La loi parla, elle
fut obéic, cl le chœur honteux dut se taire,
privé désormais du droit de nuire. »
On ne devrait pas pouvoir crier dans no
trepays : « Nos ennemis aux hèll's ! » Quand
lesnôlcs sont inotTensives, passe, encore:
quand elles deviennent méchantes, on les
empêche de mordrc, en les muselant.
NOUVELLE A LA MAIN
Un affreux grcdin, ancien maehinisic dG
lhéntre, est accusé d'avoir ,j..:ti sa femme cl 1
haut du pont.
- Yot t'C prnf.-ssic n demande le piv
sidenl ?
Met teur on scène
LES FOIRES
Histoire.–Classification. Foires
générales Un tableau au
moyen âge Foires à bes-
tiaux Expositions.
Panem et circencesl Ce cri des Latins
de la décadence rcedltè l'autre jonr par M.
Borgnet au Conseil municipal de Rouen, à
propos de théâlre. arrive en situation par
ce temps de foire Saint-Romain.
, Du pain. d'épices et le cirque ! C'est la
Joie des enfants et aussi l'amusement des
parents. Quelle est en effet la maison, pe-
tite ou grande, où n'apparaisse pas quelque
jour pendant la saison, la nonnette de
Reims, le aeur d'Arrasou le pavé de Pli hl-
viers ? QueUe est également la famille, pau-
vre ouricue, qui ne s'offre, au moins une
fois. un? soirée ou une matinée au cirque
od dans quelque loge voisine?
Le goût des foires est d'ailleurs vivaceen
no'repays; depuis le déclin de l'été jus-
qu'en automne, tous les saints du calendrier
apportent leur contingent à ces distractions
populaires : au mois d'août, c'est St-Taurin
a Evreux, en septembre c'est St Mathieu à
Eibeuf et Sl-Mlcbel au Ilàvre. puis pour
clore la série, c'est Sl-Homatn à Rouen.
Quelle est 1 origine des foires el d'oü
vient cette désignation? Les savants comme
toujours sont partagés ; les uns font venir
ce mot du latin Jeria (fête), et leurs adver-
saires d'un autie mot latin forum, (place
publique).
Les doux étymologies sont soutenable,
et répondent aussi bien l'uno que l'autre a
ce qu'est une foire, c'est-4-dire utielôlese
tenant sur une place publique.
Toutes le s foires cependant ne sont pas
forcement d 's fêtes; on distingue ordinai-
rement deux genres de foires, les foires
générales et i' s foires à bestiaux.
Ddns les premières, comme leur nom Ilin-
dlqu", on vend toutes sortes de produits et
objets. Fort nombreuses autrefois,ces foires
ypnerales tendent do plui en plus à dispa-
raître.
Jaais en effet d'une part.la ri Jiesse était
pi u rép^ndue,lcs petites localités n'offraient
Phs des débouchés suffisants pour que les
marchands pussent s'y installera demeure,
el, d'autre coté, Il ne fallait pas non plus
songer à faire venir à volonté les objets
dont 011 manquait, car les chemins de fer
et les tramways électriques L'existant pap,
les transports etaient longs, pénibles et dis-
pendieux.
C'est donc aux foires que les habitants de
toute une province, de plusieurs provinces
même, s'approvisionnaient pour l'année
entière.
Sans remonter à rmt'quH.c, qui a connu
aussi les foires, citons celles qui se tinrent
en France à partir du moyen fige : la foire
du Lvndlt, fondée, dit on, par le roi Dago-
bert et qui sCS tenait à St-Dents; les foires
de St-L»»zare. de St-Laureut et de St-Ger-
mala à Paris ; les foires du .Puy, de Lyon,
do Caen, de Guihray (faubourg de Falaise);
les foires de Champagne à Troyes et à
Reims, de Lagny, de bar-sur-Aube, et enfin
la foire do Boaucalre où l'on voyait des
Citalans, des Italiens, des Maures, des
Grecs et des Levantins.
Les foires do notre contrée avaient assi
leur célébrité et. voici le curieux 1 leau
qu'en t race Jules Janlu d'après un ai teur
du temps, Jehan le Oordeliejt :
CI La foire est ouverte, tout le ino nie y
court, chacun avec sa cape, son bii' \I, sa
calebasse, sa miche. A Rouen, lo jou Je la
foire du Pré) c'est le prieur, ce su.f les
chanoines de Notre-Dame, montés s ir de
grands chevaux, qui font l'ouvertun Clezt
là qu'on porte toutes les marchandise de la
ville: on ne peut vendre, on no peut ache-
ter que là; dans toutes les rues, tou es les
boutiques doivent être fermées tant quo
dure la foire. -
« Chacun des jours de ce vasLe n r.rché
(s cotisacré à une marchandise spéciale;
les étoffes, les cuirs, les peaux, les .raps,
le3 cristaux ; les chevaux se vendant le
dernier jour quand toutes les étales sou
elllcvée,
« Les contestationsenlremarchan.ls pont
jugées à l'instant même par un tribu .:al d 1
prud'hommes.Tant que oure la folrr. - asui.
marchand ne peut être arrêté ; ni à 1 îtlcr,
ni au retour; chacun lui doit aide a assis-
tance 1 »
Les foires étaient d ailleurs l'jbjet do ré-
jouissances publiques, une fou le nombreuse
s'y rendait pour banqueter, regarleret
écouter les baladins, jongleur?, musiciens
et montreurs d'aidnriux savpnts.
De nos jours, en France, les foirer, géné-
ralosontdlsparu.Tmis lesamuscmcnL qu'on
y trouvait ont survécu.
Dans chacune de nos villes, à l'épo iue.de
la foire, on voit s'installer des mérn ^2rics,
des musées de cire. des clrriues, car-
r. u sels de cheva ux de bois, etc..
Les tentes sous lesquelles 011 maître, au
Hjuliîîgrln rouennais, des harengs l',[s, en
s'abreuvant de cidre ou de p. ire. rappellent
le souvenir lointain des pantagruéliques
- repas - d'autrefois.
Dans certains pays du tlt h 1rs, les foires
3nt mieux conservé leur ancien car n-ière;
k lies sont les foires gcUiérVosdc l ij zig,
en Allemagne ; et de INijci Novgorod, en
Kussie. -
Les loit'es a bestiaux ont aussi le r anti-
quité cl leur histoire, témoins c s deux
vers du fabuliste :
U'ic clif-Mv,^11 mm ton nvt<> i.n COCIIUM I; M;.
Montas sur mOiiif char, s'en à là ;-,iiv..
Tendant que les foires générales diSfa.
rai-saient prcspie partout,celles k L "'sliaux
par contre, se malatcnalent, délll itraiit
par cela nacme leur utilité.
E les trouvent leur raison dcir'1. dans
l'avantage qu'il y a, pour l'achat ùl. Détail,
à pouvoir comparer plusieurs annaux
aus compter le désir légiiimcqu>p'.mvcut
les plus petites bourgades de tirer naril
pour leur piopre commerce, dolVilux de
visiteurs que ces rôui-iuiis ne m¡t"'iUC'ut
nas d'amener.
, Nos éleveurs cauchois ou brayons i uivent
EVviû le mémo intérêt qu'autrefois, Km norc-
t reuses foire:!, à bestiaux de la Seino-lnfc-
rieure et des contres ej;er>nvoM. Us y
trouvent, ave.4 la facilité m.,;,leri.i- es dé-
placements, de irritables el ftsc ?. Js élt.
uvnls de D'aval), decom.tierce cl d\.t:llvlt £
Il y a eucore auj mr.l luit une tr, ",:¡"mu
sorte d* foiros, d. ni le p ios^ no se, Î Ipa*
précisément « dans la Ilnlt des le '':'9»11\
s'agit de s F.x positions : la eemq.v hU<»u
n'est pts déplace, plli":'lUl) notre rnll,:e
E*posl Ion TIniveive,'le françii^o, et lie
heure à son terme., e:-\t quaihi.T. i,,t)s i s
.ours de grande foire du wornlt- !
te Nuihero s CtN, Centimes
Dimanche 4 Novembre 1900
Itoutanta] 1
*
Sitafrlatérlftira, Bira tl.l
OlptrUomts U«iltra?lM. tt
intrM D6parU«*aU ., 6 tr.
0JL MOIS
Iatffluro Bar#,' et l
DépêiVmwXM ttaltroph– Sir. in
Avilit IfpirtlMBhkiM 8fr. 7i
-s- i
lAê AbomiMMnts opatoist à
r. et 4t frot à partir di
1«* H15 dé chaque aole. U
LE TUVAimUB HOUUHD
- -
HATBAIS
PARAISSANT M DIMANCHE
Insertions 1
Anuonces. la ligne 0 fr. 50
A vie d'inhumation - l'fit.
Réclames., - Sir..
Rédaction& Idainistragei 1
ROUEN
Quai de Paris, 23
BURBAUX AU BAva.
fi, Sue de Paris, n
Les Abonnements ne paient A
Pavane* et M font * 4 tartir de
t" et 16 te chaque mis., 1
SEMAINE POLITIQUE
La rentrée des Chambres. Le
- discours de M Waldeck.
Rousseau. Dans l'afri-
que occidentale.
En dehors des interpellations qui sont
inscrites i Tordre du jour de la précé-
dente session, et qui sont au nombre d'u-
ne vingtaine, la Chambre aura dès sa
r mtrée, mercredi prochain, à statuer sur
un certain nombre de nouvelles deman-
des.
D'abord, sur l'interpellation de M.
Cunéo d'Ornano, qui vise la décision pri-
se par le ministre de la guerre au sujet
de l'attribution dos bourses aux écoles
militaires de Polytechnique et de Saint-
Cyr. La discussion qui s'ouvrira à ce
sujet englobera certainement tous les ac-
tes du ministre de la guerre.
Eu outre, le gouvernement aura à ré-
pondre à une double interpellation de
MM. Thierry et Antide Boyer, députés des
Bdnchos-du-Rhône, sur les grèves. C't st
la encore un sujet qui se trouvera natu-
rellement étendus à tous les conflits qui
se sont produits, depuis quelques mois,
entre les patrons et les ouvriers.
Une troisième interpellation paraît
probable: c'est celle que l'on ne manquera
pas d'adresser au président du conseil
sur la politique générale au gouverne-
ment.
11 ttc pourrait même que les autres in-
terpellations celles de MM. Cunéo
d'Ornano et Tierry notamment fussent
confondues dans ce dernier débat, au
cours duquel toutes les questions pour-
ront être traitées.
Mais il est bien évident que cette dis-
oussioq a perdu beaucoup de son intérêt
après U discours que M. Waldeck-Rous-
- seau a prononcé dimanche dernier à Tou-
louse.
-LelèptiélAd6ilt du conseil en tffot, stot
expliqué dans son discours sur tous les
points de politique ginô.alequi peuvent
solliciter l'attention du Parlement.
Gela étant bien établi, quoiqu'on di-
sent les adversaires du Cabinet, on s'oc-
cQpe. dans les milieux parlementaires,
de Tordre du jour à soumettre à la
Chambre pendant sa très courte session
extraordinaire.
Bien entendu, les propositions sont
snmbreuses et déjà chacun prend ses
précautions. En voici un exemple: M. du
Pépier doLarsan, député de la Gironde, a
écrit, au président du conseil pour l'aviser
qu'il < demanderait le maintien, en tête
déb délibérations de la Chambre, de la
proposition de loi relative à la proposition
des jjelitJJ oiseaux.. -
Malheureusement, si intéressante que
soit la protection des petits oiseaux' il y a
yteaucr qp 4'autrest projets qui méritent un
loir de faveur. Sans parler du budget de
1901, qui doit faire l'objet de toutes les
np ^occq^Uqqs gouvernementales et par-
lementaires, la Chambre aura à se pro-
noncer sur l'urgence de plusieurs réfor-
mes : le régime fiscal des successions, la
- loi sur les associations, la réforme de
r!,,t <\es bQissçms, les retraites ouvrie-
rs, fila.
; GW entre ces projets qu'elle devra
cholisir.11 est certain que le gouvernement
a déjà arrêté le sens des déclarations qu'il
se propose de faire à ce sujet. Son inten-
tion, elle disèours de M. Waldecft Rous-
pli est \a meilleure preuve, est de
faire aboutir le vote de deux de ces pro-
jets ; le projet relatif aux successions et
çeiui iqui concerne les assooiations..
il esftme avec juste raison que si/avant
lé vote du budget, ces deux lois peuvent
sortir des délibérations de la Chambte,
l'oeuvre de lasessioQ.extraordinaire n'au-
ra pas été stérile.
Los dernières nouvelles du Sénégal
tOFtent que l'épictémiede flévre jaune s'y
itetot, et, d'autre part, plusieurs jour-
naux annoncent le prochain retour dans
lé çorj s des inspecteurs généreux de M.
Gtiaudié, qui ne songe pae, nssu re-t- on, à
X itourfler dura la colonie qu'il a quittée,
Le mentent semble donc venu où il fau-
dra régler la question du régime et du
gouvernement de l'Afrique occidentale
française, restée trop longtemps en sur
nens. 4 vrai 1re, le gouvernement epl
vpfJ, à rheureactuelle, et de la man
re3a plus heureuse, par M. Ballay, quia
consenti à faire un dangereux intérim,nu
moment ou tous les blancs quittaient le
Sénégal,et qui a tenu aie faire à St Louip,
alors qu'on proposait de transférer, d'une
manière provisoire, la capitale de ne s
possessions de l'Ouest africain dans quel-
que ville de la côte exempte de fièvre
jaune, de préférence à Konakry.
C'est d'ailleurs la troisième fois que M.
Ballay rempli l'intérim du gouvernement
général: en 1880, il était chargé d'admi-
nietrer toute la côte, de la Guinée fran-
çaise au Dahomey, et son administration
féconde de la première de ces colonies est
citée partout comme modèle ; il ne semble
donc pas qu'il y ait, en ce qui concerne le
gouvernement géuéral de l'Afrique occi-
dentale française, autre chose à faire
qu'à transformer en état régulier et défini"
t ( le provisoire créé par l'épidémie de
fièvre jaune et ledévouomentdeM.Ballay.
Ce fonctionnaire semble,, d'ailleurs le
mieux placé, par son expérience, pour
réagir contre'certaines tendances qui se
manifestaient dans ces derniers temps au
gouvernement général. On y montrait un
désir véritablement inquiétant de cenlra.
User toute l'administration de l'Afrique
occidentale francise.
Gettetendance dangereuse ne terni
compte ni des différences douanières
entre des colonies soumises, comme le
Sénégal,à notre tarif général des douanes
et des colonies, comme la Guinée, la Côte
d'Ivoire et le Dahomey, bénéficiant, en
raison des traités ou simplement des né-
cessités do la concurrence avec les pos-
sessions anglaises voisines, d'un plus
grand libéralisme douanier, ni des diver-
sités créçes par la diversité des produits,
- - - - - -
du commerce et de la situation politique.
Des protectorats devaient être confondus,
au grand péril de l'avenir de notre œuvre
im érlale, avec une colonie encombrée
par une politique électorale et des agita-
tions qu'il y a tout lieu de mettre à part du
reste dé notre empire africain.
"-BMfln, iftrgros dangermenaçait les co
1 mlosprcBpores comme la Guinée, le
Dahomey, et même la Côte d'Ivoire, qui
peu veut entreprendre des œuvres d'inté-
rêt public gagées sur leurs propres res-
soirces. On songeait à faire disparaître
1 urs excédents budgétaires dans un
vaste budget de l'Afrique occidentale
française, avec le résultat certain de para-
lyser le développement des colonies dejà
en grand progrès sans donner à l'ensem-
ble de notre immense domaine africain
autre chose qu'une goutte d'eau \ito per-
due dans les canaux parasites d'une
grande administration centralisée.
Cette concentration financière créerait
donc un péril que nul mieux que M.
Ballay ne saurait mesurer et conjurer ;
il a trop bien compris et montré les
résultats immédiats qu'on peut tirer des
c jloniea de la côte pour se prêter à leur
engloutissement, même dans un organis-
me centralisé dont ii serait le ohef.
POLITIQUE COLONIALE
M. Roherdeau, gouverneur do la Côte-
d'ivoire a tout récemment adressé aux ad-
ministrateurs e t chefs Uc pus te, ses collabo-
l'atours, une ciyculaiye qui montre combien
nous avons faits de progrès en ce qui con-
cerne la politique à tenir à l'égard des incii
gènes. Nous abandonnons, cnlin, un peu
paitDUt la doctrine néfaste de l'assimilation
à laquelle nous avons été trop longtemps
attachés.
Dans la circulaire a laquelle nous aisons
allusion. M. Robcrdeau veçoinmande aux
administraient'8 c\e ne plus entrer, comme
ils le faisaient jusqu ici dans les intimes dé-
tails de la vie administrative de leur cir
conscription et de rendre plus effective l'au-
torité des chefs Indigènes, « Chaque chef de
village écrit-U deyvaJt commander réelle-
nienl. la population, la maWtenir dans
l'obéissance et dans* l'ordre; il réglerait
sous votre contrôle toutes les contestations
et querelles entre les indigènes ; il applique
rait les peines encourues et vous sanction-
ne riez ses jugemenls, »
Le gouverneur précise ensuite les diffé-
rents aspects de la politique qu'il précon ise,
p iitique don l'inlérêt est considérable tant
au point de vue politique et financier qu'au
point de vue commercial.
C'est, en effet, en se servant do l'intermé-
diaire de chefs ayant de l'autorité et res-
pectés de leurs sujets qu'on pourra sans
difficulté prélever un impôt sur les indigè-
nes, et, en favorisant de bonnes relations
entre
lies, elt., iiidigètie et tadm\1\i81.raUoh on faci
lltcra aussi l'im puis 10,11 ^donner t\ ces mêmes
indigènes ppuf l'augmentation et l'amélio
ration de la nroducuon.
On voit que Iapolltlque recommandée par
M. Robcrdeau peut avoir de très heureux
effets. Glace a elle, la Côte d'Ivoire n'aura
rïen À envier aux autres colonies françaises
de la côte occidental® d'Afrique, en particu-
lier à la Ruinée oV au nlhomey dont les
pratiques à Vegard des indigènes sont n. ce
point excellentes que la comparaison avec
les procédés des Anglais dans les réglons
voisines nous est grandement favorable,
l n.Ome quand cet Le comparaison est faite
[ p; r les Anglais dans leurs propres lour-
muX. ,l 1 *
«ACCORD PA R FA 1 T »
1
On se souvient des contestions qui ce
sont élevées entre nationalistes, entre
adhérents de la Ligue de la Patrie fran-
çaise. Très peu de temps après le succès
qui avait couronné leur entente aux élec-
tions municipales de Paris, on apu croire
que tout était rompu, ou que l'accord
était tout au moins fort compromis. M.
Paul Déroulède avait cru voir une équi-
voque dans cot accord apparent. Il avait
hâte de la dissiper.
L'occasion lui en fut fournie par une
élection de, député qui eut lieu à Niort. Il
écrivit et publia une lettre où il déchirait
tous les voiles. Républicain, disait-il, il
ne voulait pas encourager les espérances.
des monarchistes qui s'étaient unis aux
nationalistes, dans la pensée que la cam-
pagne de la Ligue de la Patrie française
devait aboutir à une restauration ruonar
chique. Plébiscitaire intransigeant. M.
Déroulède entendait que le plébiscité et
l'élection du Président de la République
par le suffrage uuivorsel fussent le pre-
mier article ol l'articlo fondamental du
programme du parti nationaliste. La Ré-
publique au dessus de toute discusejoD,
au-dessus même, si nous avons bien
compris et si nos souvonirs sont exacts,
di suffrage universel, et le plébiscite
ominetnodo nécessaire do l'élection du
chef de l'Etat républicain, lelln était la
doctrine de M. Déroulède, il u'en admet-
tait, il n'en supposait point d'autre.
Gette déclaration de principes jeta un
certain froid parmi les alliés de la veille,
dont beaucoup n'avalent nullement eu
lïutenllon de renoncer à leurs visées mo-
narchiques et de jurer une fidélité invio-
lable à la République, tandis que d'au-
tres en affirmant ieuraconvictiona répu-
blicaines, n'avalent qu'un goût .modère
pour lo plébiscite, et ne se souciaient p&aT
précisément peut-être parce qu'ils étaient
républicains et parce qu'ils ne manquaient
pas de connaissances historiques, de
mettre en présence dos Assemblées ré-
publicaines un chef du pouvoir executif
qui tiendrait ses pouvoirs du peuple, tt
qui ne relèverait quo du peuple et de son
épée, s'il en avait une.
Le différend en était la. Il était grave.
Il pesait lourdement snr le parti natio-
naliste, sur la Ligue de la Patrie fran-
çaise et sur toute sa séquelle. Lesopinions
dos partis de coalition ne s'accordent ja
mais si bien que dans le silence. En par-
la it si haut et avec si peu de ménage-
ment, M. Déroulcde avait rompu le
charme. Le rapprochement qui s'était
fait, à l'occasion des élections munici-
pales, entre des candidats de toute ori-
gine, devenait impossible, dans les
élections ultérieures, s'il fallait s'expli-
quer et prendre parti sans réticences ni
sous entendus.
Il semble bien que les inspirateurs et
les directeurs de conscience du parti ont
compris le danger de la situation et qu'ils
se sont efforcés d'amener une transac-
tion et une conciliation, La chose n'était
pas facile, du moins en apparence. M.
Déroulède transige peu du moins on le
croyait et il s'était prononcé d'une ma-
nière si tranchante qu'il semblait bien
difficile d'obtenir la plus légère conces-
sion. Cependant, depuis quelques jours,
il est question d'une entente qui se serait
faite. Les négociateurs et les concilia-
teurs auraient-ils abouti ? L'union natio-
naliste serait-elle rétablie? Une interview
de M. Déroulède, publiée dans la Patrie,
a fourni une première indication. L'autre
jour P Echo de Paris publiait une lettre
adressée par M. Déroulède à M. Jules
Lemaitre, qui lafait suivre d'observations,
le tout sous ce titre éminemment cordial:
« Accord parfait. 1 Cet accord est-il aussi
parfait que M, Jules Lemaîlre s'empressse
do leoroire ? Est-il parfait, non seulement
entre M. Jules Lemaitre et M. Déroulède,
mais aussi entre les différentes opinions
qui se sont momentanément confondu
dans le sein de la Ligue de la Patrie fran-
rvaisn ?
M. Déroulède veut bien être conciliant ;
mais il n'entend laisser subsister aucun I
malentendu. La querelle portait, comme
nous l'avons dit, sur deux points : l* la
q :oaHon de la forme du gouvernement, la
République imposée, comme article de
foi, aux nationalistes par M. Déroulède ;
2. la question de l'élection du Président
de la République, M. Déroulède se refu-
sant à admettre tout autre mode d'élec.
tion qçe le plébiscite.
Or, sur le premier point M. Déroulèdo
demeure inébranlable et in flexible. «Mes
déclarations de Niort, écrit-il à M. Jules
Lemaotre, pour commencer par là, n'ont
qu'un but : non pas du tout de repous-
ser comme des adversaires les électeurs,
de telle ou telle opinion, devenus les adhé-
rents sincères de nos doctrines, mais
bien de ne laisser subsister aucune espé-
rance secrète dans l'esprit de ceux qui
.prenaient le nationalisme comme un pont
destiué à faire passer la France de la rive
républicaine à la rive monarchique. Ce
serait encore mon langage de demaia, si
je sentais que l'illusion se réveille, que
l'ambignilé des programmes la favorise
et qu'il est parmi les nationalistes de s
gens qui veulent restaurer tout autre
chose que la République. »
Voilà qui est clair. M. Déroulède est
accueillant pour les électeurs qui, ayant
été monarchistes, se rallieraient à la Ré-
publique plébiscitaire de M. Déroulède.
Il est impitoyable pour les candidats qui
niaccepteraient pas la République sans
arrière-pensée, et qui, sous l'étiquette
nationaliste, conserveraient des inten-
tions de restauration monarchique.
Il nous est difficile de croire qu'à cet
égard l'accord soit parfait entre M. Dé-
roulède et tous les adhérents, y compris
même plesieurs membres dirigeants de
la Ligue de la Patrie française. Et si la
question s'était posée, aux dernières élec-
tions munioipales, comme M. Déroulède
, la pose aujourd'hui, il est douteux que
les listes de la Ligue de la Patrie fran-
çaise eussent pu réunir les noms qu'elle
-& associés fraternellement.
Voilà donc un désaccord qui persiste.
Quant à l'autre sujet de dispute, il est
vrai que, tant bien que mal, M. Dérou-
lé Je et M. Jules Lemaîlre ont fini par
s'accorder. Il s'agissait d'une question
dont la solution n'était pas des plus ur-
gentes. Comment sera élu le Président
de la République, selon la Constitution
nationaliste 1 On a le temps d'y songer.
M. Déroulède a déjà fail une conces-
sion. Il l'a faite un peu à coutre-ccuur,
mais il l'a faite. U consent à faire élire
le Président de la République par un
plébiscite à donx degrés. Mais il ne veut
pas entendre parler de l'élection des Con-
seils généraux, ni du système Marcàre-
Benoist. Tout ce qu'il peut accorder,
c'est « l'élection du Président de la Ré-
publique à doux degrés ainsi qu'elle se
pratique en Amérique a.
M. Jules Lemaître s'en contente. 11
avait une préférence pour un autre sys-
tème ; mais, réflexion faite, il n'y lient
pas. Il n'y tient d'autant moins, qu'il lui
viont à la pensée cette réflexion fort triste
que, en changeant le mode d'élection du
Président de la République, on ne chan-
gerait peut-être pas de Président. Il
concède donc à M. Déroulède l'élecllon
comme en Amérique, et, là-dessus, il
constate l'accord parfait.
Accord parfait, soit; mais sur un point
que nous persistons à considérer comme
secondaire dans le différend qui ert sur-
venu dans le camp nationaliste. Sur la
manière dont il faudra s'y prendre pour
donner un Président de la République, on
s'entendra toujours. -
Mais il reste une question autrement
capitale, celle de vauoir s'il y aura un
Présidept de la République, s'il y aura
une République.
D'apres ce que l'on sait des intentions
du parti nationaliste en général, il est
permis d'en douter.
Ea tous cas, les hurluberlus de la
« Patrie Française », avec leurs discus-
sions puériles, sont bien amusants.
A tort et à travers
ThéJtrl s populaires
Si c'est avec des spectacles comme l..=l
cemnieni .Journaux, nous ont eulretenus ré-
ro:Umenl que les Maisons du peuple, les
Théâtres populaires, comptent nllirer et
retenir une clionlèlo, ce sera un joli recul
ve 's la barbarie.
On a le droit de penser et de s'exprimer
librement sur M. lidouard Drumonl, M.
I François Coppée,Mn,c de Mari cl cl quelques
autres ; de combattre cl de pourfend remous
les jours, le Nationalisme, l'Antisémitisme,
la Ligue de la Patrie française, etc. ; de dé-
fendre et de répandre, par la plume et par
la parole, des idées toutes contraires àcelles-
là; de tenir à ses opinions et même de s'y
lenir ; bref, de se livrer à la propagande et
a la polémique la plus liardie et la plus
guerrière. Mais traîner des adversaires
1JOliliqucs sur la scène pour les couvrir de
honte et de mépris; puis, leur prêter des
gestes, des propos et des actes ridicules et
odieux; leur faire jouer un rôle dérisoire
dans une farce stupide; les livrer, les jeter
ainsi en pâture non plus seulement à la ri-
sée, mais aux invectives et à la férocité
d'une foule qui serait sans doute toute prête
à se jeter sur eux, si elle les rencontrait
dans la rue au sortir d'une représentation
où elle s'est acharnée sur leurs sosies : cela
est inadmissible et intolérable. C'est trans-
former une Maison du peuple en ménagerie,
un Théâtre populaire en une sorte de cirque
furieux, en foyer d'incendie et de guerre
civIle, en tribune publique d'excitation à la
haine et au mépris des cilorens,
El, d'abord. de pareils spectacles sont
fort laids. Vous voulez, dites-vous, élever
et ennoblir l'âmc du peuple, épurer ses ins-
Lincts, lui donner le sentiment. la notion et
legodt du beau, l'amour de l'Art. Vous
mentez à votre enseigne et vous êtes des
corrupteurs malfaisants. Vous rabaissez
cette anie populaire, vous l'avilissez, on lui
présentant d'ignobles caricatures; loin de
cultiver en elle l'idslinct du Beau, vous la
dépravez parles plus vilaines exhibitions.
Vous amusez un public, une réunion
(l'iionnnes, avec une œuvre bassement fo-
raine, une pitrerie grossière sans sel ni
sauce, une parade, accompagnée de facé-
lies, qui met en délire et en colère de pau-
vres cerveaux. Est-ce donc là une œuvre de
philosophie et d'esthétique, d'éducation in-
tellectuelle et morale, comme vous l'avicz
promis pour rassurer et pour vous concilier
les honnêtes gens ? Non. n'est-ce pas i
Co n'est môme plus la baraque ucTabarln
le Savoyard et, ses chansons, la taverne
« rosse » - c'est tout ce qu'il y a de plus vul-
, dans le Ullé ll()Il
gaire et de plus hideux dans le théâtre, non
pas populaire mais populacier; c'est un dé-
goût pour les yeux et pour les oreilles : il
faudrait avoir perdu tout sentiment de dé-
licatesse pour se plaire un instant à ces
choses-là.
* *
El, ensuite, cela est lild.o. Nous sommes
pourtant d'une race et d'un pays qui n'ai-
ment pas plus, dit-on, la lâcheté que l'hypo-
iiielit pas plus, lâclie, sournois et
crisie. Or, Il est lâche, sournois et déloyal
d j s'attaquer à des adversaires, quels (jutis
soient, avec des armes de celte espèce. La
dllîamation est une lâcheté; la caricalurc,
poussée à ce point, en est une autre.
Ne dites pas que c'est de bonne
gueiro; il n'y a pas do bonne guerre
avec des armes empoisonnées. Bat tons-non s
tint qu'il nous plainl. et même à mort,
mais ne cherchons pas à nous élouirersous
dos pelletées sous des tombereaux d'ordu-
res. Les portefaix et les chiffonniers eux-
mêmes rougiraient de se rouler ainsi dans
la fange. Les journaux et les réunions pu-
bliques ne sont pas faits pour les chiens:
attaquons-nous, meurtrissons-nous, mais
en face et à visage découvert, sans recou-
rir à désarmes vilaines et rÓpugnanle,
Essayons surtout, diraient les sages, -
mais j'admets encore que la passion fasse
taire-la sagesse - de nous edaircr ou do
nous réfuter les uns les autres. Dlsputons-
nous, si le cœur nous en dit, et tâc hons de
mettre de l'esprit dans nos sottises; mais
n'ameutons pas obliquement contre les,
idées et les partis que nous voulons com-
battre la haine aveugle d'une fnulc surexci-
tée.
.'1--- _n_- .1.. ,.1.1.--.--- T""," .:.
Car, enfin, cela est dangereux. La paix
sociale, la tranqulllt é de la rue et de l'Etat
sont compromises par ces manifestations.
Il ne s'agit plus ici de politcsscet d'élégance
de polémique courtoise ou grossière; il s'a-
git du bon ordre auquel nous sommes tous
intéressés, même ceux qui le troublent,
puisqu'ils ne snutrriralenl. pas de le voir
troubler par d'autres; il s'agit de l'honneur
et peut être de la vie des citoyens.
Vous dénoncez et vous promettez des vic-
times aux appétits furieux, aux vengeances
bestiales, qu'il est moins facile de retenir
que de déchaîner; vous donnez à des ufli-
clonados incultes et exaspérés l'idée des
plus basses représailles, ci" 't qui sait ! le
goût du sang; vous excitez à plaisir, sans
mesurer peut être, je veux le croire, la por-
tée ni l'elïet de vos excitations, des trans-
ports révolutionnaires. Et après ? ..,
Savez-vous ou s arrêtera, un ,iour ci émeu-
te, cette foule, cette tourbe, que vous aurez
lîtchée 1 'Vous l'avez accoutumée à l'insulte:
êtes-vous surs que, le cas échéant, elle 11c
passerait pas aux actes et aux coups l L'his-
toire de nos troubles civils, de nos révolu-
tions, est malheureusement pleine d'cxpm,
ples aiïrcux qui devraient nous porter à la
réllexion.
*
On nous parle, de Comédie4 Ancienne.
d'Aristophane. Ni Aristophane, ni la Co
médie Ancienne, sarsinsistcr sur les autres
diirércnccs, ne sont jamais allées jusque-là.
Et puis, si l'on nous parle grec, parlons
latin, sans crainte de pédanlisme. Je rc
commande aux habitués et aux. fournisseurs
du Théâtre populaire ainsi com;u cette
courte citation d'Horace, dans XArt poéti-
aue :
Il yv-' la dtium liber tas cirridil et vim
Dignam laie régi: le,l' f.p accepta cherusque
l'ùrpitcr obticlttt, sublato jui-c noccildi."
ce qui veut dire, comme vous savez : « La
liberté dégénéra en vice et on excès qui ap-
pelèrent la loi et la règle. La loi parla, elle
fut obéic, cl le chœur honteux dut se taire,
privé désormais du droit de nuire. »
On ne devrait pas pouvoir crier dans no
trepays : « Nos ennemis aux hèll's ! » Quand
lesnôlcs sont inotTensives, passe, encore:
quand elles deviennent méchantes, on les
empêche de mordrc, en les muselant.
NOUVELLE A LA MAIN
Un affreux grcdin, ancien maehinisic dG
lhéntre, est accusé d'avoir ,j..:ti sa femme cl 1
haut du pont.
- Yot t'C prnf.-ssic n demande le piv
sidenl ?
Met teur on scène
LES FOIRES
Histoire.–Classification. Foires
générales Un tableau au
moyen âge Foires à bes-
tiaux Expositions.
Panem et circencesl Ce cri des Latins
de la décadence rcedltè l'autre jonr par M.
Borgnet au Conseil municipal de Rouen, à
propos de théâlre. arrive en situation par
ce temps de foire Saint-Romain.
, Du pain. d'épices et le cirque ! C'est la
Joie des enfants et aussi l'amusement des
parents. Quelle est en effet la maison, pe-
tite ou grande, où n'apparaisse pas quelque
jour pendant la saison, la nonnette de
Reims, le aeur d'Arrasou le pavé de Pli hl-
viers ? QueUe est également la famille, pau-
vre ouricue, qui ne s'offre, au moins une
fois. un? soirée ou une matinée au cirque
od dans quelque loge voisine?
Le goût des foires est d'ailleurs vivaceen
no'repays; depuis le déclin de l'été jus-
qu'en automne, tous les saints du calendrier
apportent leur contingent à ces distractions
populaires : au mois d'août, c'est St-Taurin
a Evreux, en septembre c'est St Mathieu à
Eibeuf et Sl-Mlcbel au Ilàvre. puis pour
clore la série, c'est Sl-Homatn à Rouen.
Quelle est 1 origine des foires el d'oü
vient cette désignation? Les savants comme
toujours sont partagés ; les uns font venir
ce mot du latin Jeria (fête), et leurs adver-
saires d'un autie mot latin forum, (place
publique).
Les doux étymologies sont soutenable,
et répondent aussi bien l'uno que l'autre a
ce qu'est une foire, c'est-4-dire utielôlese
tenant sur une place publique.
Toutes le s foires cependant ne sont pas
forcement d 's fêtes; on distingue ordinai-
rement deux genres de foires, les foires
générales et i' s foires à bestiaux.
Ddns les premières, comme leur nom Ilin-
dlqu", on vend toutes sortes de produits et
objets. Fort nombreuses autrefois,ces foires
ypnerales tendent do plui en plus à dispa-
raître.
Jaais en effet d'une part.la ri Jiesse était
pi u rép^ndue,lcs petites localités n'offraient
Phs des débouchés suffisants pour que les
marchands pussent s'y installera demeure,
el, d'autre coté, Il ne fallait pas non plus
songer à faire venir à volonté les objets
dont 011 manquait, car les chemins de fer
et les tramways électriques L'existant pap,
les transports etaient longs, pénibles et dis-
pendieux.
C'est donc aux foires que les habitants de
toute une province, de plusieurs provinces
même, s'approvisionnaient pour l'année
entière.
Sans remonter à rmt'quH.c, qui a connu
aussi les foires, citons celles qui se tinrent
en France à partir du moyen fige : la foire
du Lvndlt, fondée, dit on, par le roi Dago-
bert et qui sCS tenait à St-Dents; les foires
de St-L»»zare. de St-Laureut et de St-Ger-
mala à Paris ; les foires du .Puy, de Lyon,
do Caen, de Guihray (faubourg de Falaise);
les foires de Champagne à Troyes et à
Reims, de Lagny, de bar-sur-Aube, et enfin
la foire do Boaucalre où l'on voyait des
Citalans, des Italiens, des Maures, des
Grecs et des Levantins.
Les foires do notre contrée avaient assi
leur célébrité et. voici le curieux 1 leau
qu'en t race Jules Janlu d'après un ai teur
du temps, Jehan le Oordeliejt :
CI La foire est ouverte, tout le ino nie y
court, chacun avec sa cape, son bii' \I, sa
calebasse, sa miche. A Rouen, lo jou Je la
foire du Pré) c'est le prieur, ce su.f les
chanoines de Notre-Dame, montés s ir de
grands chevaux, qui font l'ouvertun Clezt
là qu'on porte toutes les marchandise de la
ville: on ne peut vendre, on no peut ache-
ter que là; dans toutes les rues, tou es les
boutiques doivent être fermées tant quo
dure la foire. -
« Chacun des jours de ce vasLe n r.rché
(s cotisacré à une marchandise spéciale;
les étoffes, les cuirs, les peaux, les .raps,
le3 cristaux ; les chevaux se vendant le
dernier jour quand toutes les étales sou
elllcvée,
« Les contestationsenlremarchan.ls pont
jugées à l'instant même par un tribu .:al d 1
prud'hommes.Tant que oure la folrr. - asui.
marchand ne peut être arrêté ; ni à 1 îtlcr,
ni au retour; chacun lui doit aide a assis-
tance 1 »
Les foires étaient d ailleurs l'jbjet do ré-
jouissances publiques, une fou le nombreuse
s'y rendait pour banqueter, regarleret
écouter les baladins, jongleur?, musiciens
et montreurs d'aidnriux savpnts.
De nos jours, en France, les foirer, géné-
ralosontdlsparu.Tmis lesamuscmcnL qu'on
y trouvait ont survécu.
Dans chacune de nos villes, à l'épo iue.de
la foire, on voit s'installer des mérn ^2rics,
des musées de cire. des clrriues, car-
r. u sels de cheva ux de bois, etc..
Les tentes sous lesquelles 011 maître, au
Hjuliîîgrln rouennais, des harengs l',[s, en
s'abreuvant de cidre ou de p. ire. rappellent
le souvenir lointain des pantagruéliques
- repas - d'autrefois.
Dans certains pays du tlt h 1rs, les foires
3nt mieux conservé leur ancien car n-ière;
k lies sont les foires gcUiérVosdc l ij zig,
en Allemagne ; et de INijci Novgorod, en
Kussie. -
Les loit'es a bestiaux ont aussi le r anti-
quité cl leur histoire, témoins c s deux
vers du fabuliste :
U'ic clif-Mv,^11 mm ton nvt<> i.n COCIIUM I; M;.
Montas sur mOiiif char, s'en à là ;-,iiv..
Tendant que les foires générales diSfa.
rai-saient prcspie partout,celles k L "'sliaux
par contre, se malatcnalent, délll itraiit
par cela nacme leur utilité.
E les trouvent leur raison dcir'1. dans
l'avantage qu'il y a, pour l'achat ùl. Détail,
à pouvoir comparer plusieurs annaux
aus compter le désir légiiimcqu>p'.mvcut
les plus petites bourgades de tirer naril
pour leur piopre commerce, dolVilux de
visiteurs que ces rôui-iuiis ne m¡t"'iUC'ut
nas d'amener.
, Nos éleveurs cauchois ou brayons i uivent
EVviû le mémo intérêt qu'autrefois, Km norc-
t reuses foire:!, à bestiaux de la Seino-lnfc-
rieure et des contres ej;er>nvoM. Us y
trouvent, ave.4 la facilité m.,;,leri.i- es dé-
placements, de irritables el ftsc ?. Js élt.
uvnls de D'aval), decom.tierce cl d\.t:llvlt £
Il y a eucore auj mr.l luit une tr, ",:¡"mu
sorte d* foiros, d. ni le p ios^ no se, Î Ipa*
précisément « dans la Ilnlt des le '':'9»11\
s'agit de s F.x positions : la eemq.v hU<»u
n'est pts déplace, plli":'lUl) notre rnll,:e
E*posl Ion TIniveive,'le françii^o, et lie
heure à son terme., e:-\t quaihi.T. i,,t)s i s
.ours de grande foire du wornlt- !
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