Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1904-09-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 septembre 1904 11 septembre 1904
Description : 1904/09/11 (A14,N723). 1904/09/11 (A14,N723).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6392787c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
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JlwtOMlAaiilSBaAi N> 783 U RuÉiiri - VINS oantlmM Dimanche II Setltentbre 1804
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Seine-Inférieure, Eure et
Départements limitrophes 4fr. »
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SIX mois
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BURUAUX AU lIA VU t
rue J.-B. Eyriès
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Les abonnements se paient a
l'avanoo et se fout à partir du
1" et 16 de chaque mois. 1
"::' "i :.. LE PROTECTORAT 1
ft
- On n'a jamais, ce semble, autant parlé
du Protectorat de la France sur les chré-
tiens d'Orient.
Les feuilles nationalistes genre Nou-
velliste et Journal de Rouen, vont par-
tout répétant, qu'à son grand dommage,
à la suite de la séparation projetée de
l'Eglise et de l'Etat,Dotre pays verra dis-
paraître ce privilège sécuiaire. Un peu
plus elles accuseraient M. Combes de
faire le jeu de l'étranger en ne se mon-
trant pas, outre mesure, partisan d'un
tel protectorat. La question est donc tout
à fait d'actualité. Examinons là sans
parti-pris, comme toujours.
c La papauté, disait à ce sujet à Auxer-
re, dimanche dernier, M. le Président du
Conseil, la papauté s'abuse si elle s'ima-
gine nous amener par ses procédés com-
minatoires à quelque acte de résipi".
cence. Nous n'avons plus ta prétention
a i titre de 4 Fille alnéo de l'Eglise, >
dont la Monarchie faisait un titre d'hon-
neur pour la France, et "Olli avons la
onvictionabaotue que notre considéra-
tion et notre ascendant dépendent exclu-
sivemeut de notre puissance matérielle,
aussi que des principes d'honneur, de
jostioe et de solidarité humaine qui ont
valu à la France moderne, héritière des
grandes maximes sociales de la Révolu
tion, une place à part dans le mon ri p. »
f Et M Combes ajoutait qu'il ne trouve
pas que la perte de oe privilège soit un
motif susceptible de nous détourner de
la séparation ou de nous faire passer
sous les fourêhes caudines de la pi-
p.
Sans apprécier le bien fondé dos rai.
sens données qui ont indiscutablement
une très grande valeur, peut être estime-
m-t-on qu'il n'y aurait pas lieu do rcgrul-
ter la perte ou l'abandon de ce protecto
rat, au point de vue utilitaire tout sim-
plement*
On sait de reste que les capitulations
ottomanes et les « conventions * inter-
venues avec le gouvernement chiuoiq.
nous ont oencédé, dans l'empire Turc et
en Chine, un droit de protection sur les
missionnaires chrétiens de toute nationa-
lité. Les plus célèbres sont celles de
1535, 1740 et 1802.
Il est certain et nous ne chercherons
pas à le nier, que nous avons obtenu
de ce fait un accroissement de prestige,
mais, en dehors de toute autre considé-
ration, cet accroissement de prestige
a-t-ilété, est-il encore suffisant pour com-
penser les charges qui nous sont impo-
aéeeî En un mot les ennuis. les embar-
ras, sans nombre, par certains c6 6a, les
complications diplomatiques que nous a
attirés et nous attire l'exercice de ce pii
vllège ne sont Ils pas bien supérieurs au
profit que nous en retirons t
Eh t bien, n'en déplaise ton los les
« Croix » du monde, nous le croyons
très sincèrement, comme nous croyons
contrairement à leur opinion que
l'Allemagne ne cherche pas à nous sup-
planter sur ce terrain et ne désire nulle-
ment être notre héritière.
Nous ne sommes plus, d'abord, a l'à-
poque où l'Orieot était presque fermé
aux Européens, où seulement des mis-
sionnaires, dont nous ne contestons ni
le courage, ni le dévouement, se hasar-
daient à en pénétrer les mystères. Le
temps, à la vérité, à 'marché. Actuelle-
ment tous les peuples d'Europe et d'A-
mérique y établissent des écoles, des
églises, des hôpitaux dont ils prennent
eux-mêmes la défense. L'escadre Amé
ricaine ne se trouvait-elle pas ces jours-
ci devant Smyrne, dans le but de proté-
ger contre le Sultan, les écoles peuplées
de jeunes arméniens ?
Notre protectorat peut donc être ac-
tuellement considéré comme une chi-
mère. Sa disparition ne préjudiciera en
rien à nos intérêts. Les français inspi-
rent partout où ils se trouvent la sympa-
thie des indigènes. Leur caractère et
leur conduite loyale feront plus pour no-
tre prestige que n'importe quel article
des capitulations.
A notre avis, la solution la plus ration-
nelle, la seule logique et conforme aux
idées modernes et aux faits, est que
chaque état se charge de ses nationaux.
Nos consuls n'auront plus à s'occuper
que des Français, ils consacreront plus
facilement leur temps à les protéger, et
ne se compromettront plus àvec les au-
torités indigènes pour des clients d'une
quelconque nationalité.
Il n'y aura plus entre nos représentants
et les étrangers ni tiraillements, ni in-
cessantes discussions, qui finissent tou-
jours par tendre outre mesure les rap-
ports. Nous serons, par suite, plus goûtés,
et nous retirerons, de ce nouvel état de
choses tout avantage et tout profit.
c Au point de vue catholique, écrivait
récemment un journal ulra-conservateur
de notre région, il est à supposer que
l'église, dans quelque temps n'aura qu'à
se féliciter d'être entrée directement en
relations avec les diverses nations.»
Nous ne voyons, pour noire part, au-
cun inconvénient à ce résultat heureux
pour elle, puisquola suppression du pro-
tectorat ne nous sera pas molas profita-
ble. Ce sera le cas où jamais de dire
alors, que par sa disparition, il est ar-
rivé, mél He raro, à couteuter tout le
monde et. l'Eglise.
Jean Mesnil
LA SEMAINE POLITIQUE
Le discours qu'a prononcé dimanche
dernier, à Auxerre, M. te Présidant du
C>nseil a occupé, on réalité, jusqu'à
aujourd'hui toute la presse.
Nos confrères le publient en entier ou
en partie avec force commentaires, les
uns comme le Journal de Rouen et le
Nouvellint"., aigres-doux ou méchants,
les autres courtois ou é ogieux.
Résumons le, en quelques lignes, pnis-
que déjà, par nilleurs, uous en parlons
aujet du protectorat.
Après avoir constaté l'accueil cordial
qni lui est fait M. Combes déclare qu'au
risque do s'exposer à des critiques acer-
bes, il participera toujours avec plaisir
à des rôles populaires pour soumettre
sa personne et vos actes à leurs juges
naturels, les Cleclours républicains. Puis
il rappelle, une fois de plus - et c'était
néctts-sniro - la déconvenue des adver-
saires d* gouvornement dans les éloc-
tions départementales, dans le renouvel-
lement des bureaux, la victoire complète
do la politique ministérielle et le désar-
roi absolu do l'opposition.
L'ornlenr arrive ensuite à l'ouieigne-
ment congr gauiste, il exposo avec quoi
sans façon l'Eglise Catholtq no on use
avec le concordat et traite la question
de la question de la séparation des Egli-
ses et de rgtnt
« La 80llie voie restés libre aux deux
pouvoirs en conflit, s'écrie t-il, est la vois
ouverte aux époux mal assortis : le di-
vorce, et par préférence, le divorce par
consentement mutuel Je n'en ajouta pas,
remarque* le, pour cause d'incompatibi-
lité d'humeur, car il ne saurait être ques-
lion dans l'espèce, d'accès d'irritation et
de mauvaiso humeur.
11 s'agit d'une chose bien autrement
sérieuse et grave ; il s'agit d'une incom.
patibilité radicale de principes.
Messieurs, je crois sincèrement que le
parti républicain, éclairé enfla pleine-
ment par l'expérience des deux dernières
années acceptera sans répugnance la
pensée du divorce. Et je crois aussi, di-
sons mieux, je suis siir qu'il l'acceptera,
non dans un sentiment d'hostilité contre
les consciences chrétiennes, mais dans
un sentiment de paix sociale et de liberté
religieuse.
C'est aussi sous l'empire des mêmes
sentiments que la France abordera la
auestion de la séparation des Eglises et
de l'Etat, dép étudiée avec beaucoup de
soins par une des commissions, dont les
travaux, heureusemonts empreints d'un
sincère désir de conciliation serviront de
base à une discussion également conci-
liante et sincère.
Il importe que les républicains fassent
preuve, dans ce débat, d'une largeur
d'idées et d'une bienveillance envers les
personnes qui désarment tes défiances et
rendent acceptable le passage de l'ordre
de choses actuel à l'ordre do choses à
venir, qu'il s'agisse des édifices alfectés
aux cultes ou des pensions à allouer aux
titulaires actuels des services concorda-
taires.
Il n'est pas de concession raisonnable,
pas de sacrifice conforme à la justice,
que je ne dois disposé, pour ma part, à
conseiller, afin que la séparation des
Eglises et de l'Etat inaugure une ère
nouvelle de concoide sociale, en garan
lissant aux communions religieuses une
liberté réelle sous la souveraineté incon-
testée de l'Etal. , ,..
PltiS après avoir parlé de la proposi
tion de loi sur les retraites ouvrières, de
la question de l'impôt sur le revenu, le
Président du Conseil termine en disant
qu'il continue à compter sur l'union des
gauches pour lui permettre d'accomplir
la tâche qu'il s'est tracée et achever son
œuvre do défense et d'action républi-
caines.
Le discours de M. Combes a été fort
applaudit
• •
On annonce que l'alliance Républicaine
démocratique voul int rendre un dernier
hommage a Walde^k-llousseau, qui fut
son presidmt, a pris l'initiative d'une
souscription nationale, dont le produit
sera afrecléà l'édification d'un monument
en l'honneur du grand disparu.
Nous félicitons très sincerement l'« al-
liance » de celte idée. Nul plus que Wal-
deck-Rousseau, ne mérite la reconnais-
sance de tous les citoyens
Le département de la Loire à formé de
son côté, le projet d'élever une statue, à
Saint gtienne, à son ancien représentant
Le Conseil Général a voté une subven-
tion a cet effet.
•
Les dernières nouvelles parvenues de
Marseille font espérer la fin de la grève
dont nous avons déploré les désastreux
effets, et pour Marseille et pour notre
commerce.
à Le syndicat dos dockers serait disposé
à reprendro le travail aux conditions du
contrat de IM).
Nous serons heureux d'enregistrer le
résultat obtenu. Il seradu,pour une grande
part à M. le Mée de la Salle, président
de - la - chambre - de -- commerce. -
L'armée Russe a du, définitivement
battre en retraite, abandonner Liao-Yang,
pour se retirer sur Moukden où les pre-
mières troupes seraient déjà arrivées, et
où l'on attendrait des renforts.
Lo nombre dos blessés et des morts,
dans les derniers combats n'est pas en-
coro connu. Il est assuro-t-on. fort étevê
des deux côtés. - Port-Arthur résiste
toujours.
•
L'tndi, au cours d'un dioer,l'Empereur
Guillaume 11 a annoncé les fimçailles de
son n's aine, Frédéric-Guillaume, le
Kronpim, figé do 22 ans, avec la Du-
chesso Cécile de Mecklemtonrg. dont
la mère est Grande.Duchesse do Russie.
NOS MAGISTRATS
H. QUÉNAULT
M. Quénault, qui fut vice président
du Tribunal Civil de Rouen, puis con-
seiller à, la Cour, est actuellement pré-
tirient à la Chambre des Appels cor-
recliotJttclt,
L'honorable magistrat a donc passé,
dans notre bonne ville ott le voit
une grande partie de sa vie judiciaire.
Personne ne pense à se plaindre de son
séjour prolongé parmi nous. -
Qui. en effet, plus que M. Quénault,
possède, les qualités nia f tresses du ci-
toyen appelé a rendre la justice en notre
France républic 1 inr, f
lloyauté, science juridique, intelli
(lcnce et esprit, M. le président de la
Chambre des Appels correctionnels a
tous ces dons en partage pour notre
plus grand profit.
Ses arrêts -- droits, justes, d'une
scrupuleuse équité en miïme temps
qu'ils donnent à. la société la satisfac-
tion qu'elle réclame avec raison 10u,'
sa sauvegarde, tiennent état, des anté-
cédents, des hérédités, des ambiances
eeU. s ci plus ooupablcs parfois qu'on
ne pourrait le supposer dans la perpé-
tration d'un délit, voire d'un acte cri-
utinel, Saluons, au passage cette note
émue, doucement humaine, propitia-
t' ice aux égarés.
M. Quénault a siégé dans toutes les
affaires qu'â suscitées, ces temps der-
niers, l'npplication (te la loi sur les con-
grégations. C'est dire que son énergie
et son imp irtialiti ont été à la. hauteur
de son talent.
M. Quénault est conseiller général
républicain de l'i Manchet
PROPOS D'DN SPECTATEUR
Le Maîte Nestor à Paris
Le maiie Néstor, Nestor Ponlain un
des plus gros honnets de sa commune, fer-
mier, bouilleur de cru, adjoint au maire,
avait depuis quelque temps, un gros ennui,
ou plutôt, une saignante blessure à son
amour-propre.
Jamais il n'avait vu Paris ; et ce qui met-
tait le comble à ses regrets, c'était d'enten-
dre chaque dimanche, à la partie de domi-
nos traditionnelle, ses deux partenaires,
Louis Lenain et le grand nésine Onc-
sime Leblanc décrire avec une verve en-
diablée, les merveilles Jde * la capitale qu'ils
venaient de visiter.
La figure du maite Nestor, crispée par la
jalousie; les excitait encore à enjoliver leurs
descriptions, afin d'exacerber l'envie du
bonhomme. -
Ah I si vous aviez vu ça, maîte Nes-
tor, de ce que c'est grand et biau 1 Et pis la
Tour Eiffel, haute comme dix fois le clo-
cher, ousqu'on monte en haut en voiture !
Et aco les Halles ousque des espèces
d'huissiers vendent du pesson à la criée,
faut vais comme i vont vite, pus que cheux
nous. Et pi aco les Abattoirs de la Villette
et un tas de choses qu'on peut pas raconter,
é pas Louis ?
Pour sur que c'est biau, pus qu'on
peut l'dirt !
Le Mait Nestor se grattait l'oreille, fu-
rieux de se sentirinférieur à ses subordonnés
lui, la forte tète de St. Jérome-en-Lieuvin,
h. mme de conseil et presque juge de Paix,
un malin quoi, son prestige diminuait, il le
sentait bien, et tout ça grâce à ces deux
mécréants.
De très mechante humeur il rentra di-
ner ce iour-là, réprimanda d'une façon très
verte son goujard jeune domestique
pour une peccadille insignifiante. Le repas
lui sembla mauvais, et sa bourgeoise éprouva
le contre-coup de sa colère.
I
Le café, arrosé de trois ou quatre lampées
d'eau-de-vie de cidre, dérida son front ; une
idée subite venait de germer dans son cer.
veau.
Dis donc, la maîtresse, si tu voux j'i-
rons vais Paris.
A qui qu'tu penses, qui qui t'prend,
ca va coûter cher, aller j'ter l'argent comme
ça quand on a tant d'mas à l'gagner !
Ça n' fait rien, c't'ann6e j'en avons ac-
quis aveuque la goutte, ça coûterait ti chin-
quante écus, même deux clients franss que
j'en mourrions point ; et pis si j' l'avions
donné a la Régie j'l'aurions pas anui !
C'est vrai.
Le voyage fut décidé. Maite Nestor écrivit
au garchoti à Malleuse, un gas qu'à eune
belle plache à Paris c'est lui qui manie l'ar-
gent dans la Grande Banque, pour le prier
d'être leur Cicérone. La réponse fut favora-
ble; il n'y avait qu'à le prévenir du jour et
de l'heure de l'arrivée, il se trouverait à la
gare.
Le dimanche suivant, notre homme était
tout fringant et se disposait à prendre sa
revanche sur f e; amis.
- Eh ben, vous savès, j'allons à Paris
aveuque la bourgeoise, j' partons jeudi ma-
tin.
C'est-ti Dieu possible T
Si faic, aussi vrait que j' vous l'dis.
Et heureux et fier, très-prolixe, il expli-
qua son programme, l'amabilité du garchon
à la Malleuse; mêm, il montra la lettre de
celui-ci afin que personne n'en doutât.
Lu grand Nésime eut un mauvais sou-
rire, et lança un coup d'oeil d'intelligence au
petit Louis. Une idée machiavélique venait
de germer dans sa cervelle. En faisant un
pas de conduite à son compère, il lui expli-
qua le bon tour qu'il voulait jouer au Maite
Nestor. L'autre, à cette narration, se frotta
les mains de joie,et un gros rire secoua leurs
faces rubicondes. Le pacte fut conclu.
S'étant adroitement procurer l'adresse du
Malleux, la veille du départ du père Pou-
lain, ils lui expédiaient la dépêche sui-
vante :
Impossible partir, voyage remis.
Nestor roui.AiN.
Le jeudi, de grand matin, nos heureux
voyageurs montaient en carriole pour se
rcndre à la gare de Bernay.
Ils avaient leurs plus beaux atours.
Nestor, sa redingote dépassant sous sa
blouse btoue, et un haut de forme qui avait
l'honneur de couvrir le chef de son maitre
dans les grandes occasions depuis bientôt
quarante ans. La femme, une robe aux cou-
leurs criardes, un devantia (tablier) en méri-
nos noir, un chapeau aux fleurs rouges, re-
haussé de rubans mauves et jaunes, sans
oublier son cabas et son parapluie en coton
vert.
A la gare, ile s'installèrent dans un com-
rtiment déjà occupé par quatre personnes.
Notre paysan, heureux et fier d'aller visiter
la capitale, voulut que tout le monde le sut.
Aussi s'informa t-il à haute voix, aussitôt
monté, si c'était bien le train pour Paris, et
à quelle heure on arrivait, et débita une
foule de boniments qui restèrent sans écho,
Dépité de l'attitude dédaigneuse de ses voi-
sins, il finit enfin par se taire.
Après un trajet qui leur parut intermina-
ble, le train entra sous le tunnel de Saint-
Lazare,
Voilà enfin nos voyageurs à Paris.
Ar,>>ns raconterons samedi leur odyssée
dans la capitale.
Argus.
CHRONIOUE REGIONALE
LE HAVRE
Le Congrès de la Prud'hommie
et le Conseil nuokipal
Le Congrès de 11 prud'hommie a reç u
l'hospitalité au Cercle Franklin. Comme
nous ne faisons pas de l'oppoaition, par
parti-pris, nous ne pouvons qu'en félici-
ter la nouvelle municipalité.
Seulement, il y a un seulement, nous
nous demandons ce que signifie les com-
pliments adressés à MM. Malandain et
Lebtond, adjoints, par M. Lepasquier,
président du Conseil des prud'hommes
du Havre.
Ce Monsieur nous parait voulo r don-
ner le change à l'opinion. En toutes cir-
constances M. Malandain et ses amis, à
plus forte raison M. Leblond, de l'Action
libérale, se sont montrés hostiles aux
vœux de la prud'hommie.
Los prud'hommes ont protesté contre
la faculté de renvoyer les ouvriers, en
alléguant les délais de congé. Mais M.
Malandain et ses amis sont allés en Cas-
sation, sous le couvert du Syndioat du
Commerce et de l'Industrie pour faire
décider que la loi de décembre 18UO se-
rait lettre morte, grâce à une certaine
interprétation, plaçant au-dessus de tout
la liberté sacrée de contracter.
De plus la nouvelle municipalité a été
élue sur un programme - cher au petit
commerce reconnaissant aux patrons
le droit, "imposer tels règ'emonts d'a-
telier que bon leur semble. Les conseil-
lers prud'hommes ont protesté contre
cette liberté abusive.
Ils ont demandé que certaines conven
tions fussent proscrites , comme con-
traires à l'ordre public.
Et les conseillers prudhommes ont dit
c'est au Conseil des Pt udhommes lui-
même qu'il appartiendra de décider ce
qui est abusif dans les contrats imposés
par les patrons aux ouvriers. On a bien
proposé de faire réglementer celà en
vertu d'un accord à intervenir entre les
syndicats patronaux et ouvriers ; mais
celà a été repoussé parce que certains
ayndicata les jaunes n étaient que
des syndicats fictifs entre les maint des
patrons.
L
Qu'en dites vous M. Malandain et vous
M. Leblond, de l'Action libérale, pour
lesquels les syndicats jaunes, sous la di-
rection de M. Czuloski, ont si merveil-
leusement travaillé lors des dernières
élections municipales.
Après celà faites vous congratuler par
les congrès de Prudhommie ; mais celà
n'empêche pas que les résoiutions vo-
tées par ces congrès, constituent le dé-
saveu le plus formel de théories,qui vous
sont chères.
Seriez-vous par hasard, convertis à
ces théories, dont comme l'a proclamé
M. Malandain, à maintes reprises, l'ins-
pira'ion est quelque peu socialiste T Si
oui, nous nous demandons ce que va
penser le petit commerce.Voilà donc son
porte parole, celui qui épousait naguère
tous ses préjugés, passé à l'ennemi.
Eh bien ce n'était pas la peine de se
donner tant de mal pour remplacer M.
Marais par M. Malandain et consorts, si
ceux-ci, en matière de politique sociale,
en viennent à continuer les errements de
l'ancienne munieipalité errements que
pour notre part,nous jugeons excellents,
bien que M. Malandain les ait toujours
éloqoemment condamnés 1
<̃ - «̃–i
LE SERVICE DE DEUX ANS
Quelque hâte que metton t les deux cham-
bres à s'entendre sur le projet de loi re-
latif au Service de deux ans, dit un de
nos confrères il n'apparait pas que l'ac-
cord puisse se faire et la loi être promul-
guée avant la fiu de l'année. En efiet il
n'est guère probable que la commission
sénétoriale se réunisse avant la rentrée
pour examiner les modifleatisns appor-
tées par le Chambre au projet primitif.
A en croire un membre influent de
celte commission, dont l'avis, du reste,
est partagé par un grand nombre de sé-
nateurs et de députés, la commission de
l'armée et le Sénat seraient résolus à re-
jeter les dispositions nouvelles que la
Chambre a introduites dans le projet en
ce qui concerne l'obligation imposée aux
élèves des écoles militaires de passer
deux années dans les régiments avant
leur entrée à l'école, la réduction a quinze
jours des périodes d'appel dos réser-
vistes, la suppression totale des treize
jours et la mise en vigueur immédiate
de la loi sur le service do deux ans.
Le ministre do la guerre combattra
d'ailleurs ces dispositions devant le Sé-
nat, comme il l'a fait devant la Chambre.
Il déclarera notamment que la période
d'appel des réservistes no peut être
abaissée à moins de trois semaines et
celle des territoriaux à moins d'une se-
maine. Le général André poserait môme
à ce sujet la question de portefeuille.
La commission du Sénat déposera son
rapport dans un délai fort court, afin que
la discussion publique puisse avoir lieu
pendant la saison d'automne. De cette
façon, la loi pourrait retourner en jan-
vier au Palais-Bourbon et l'on espère
que les deux assemblées se mettront
d'accord assez rapidement pour que la
loi sur le service de deux ans soit défi-
nitivement votée et promulguée dans lo
courant de l'année prochaine.
Le «Meû OUIPO »
de « La Dépêcha »
Voir un journal radical-socialiste faire
un med culpd n'est certes pas uu spec-
tacle banal. Ce spectale, La Dépêche
vient de nous l'offrir au grand ébahisse-
ment de ses quelques lecteurs antioléri-
eaux et de nous-même.
En son numéro du 2 septembre der-
nier, notre grand confrère rendait compte
d'un jugement rendu par le président Ma-
gnaud lequel jugement devait, à son
dire, « faire pousser des rugissements de
fureur au corps des huissiers ),- C'était,
en eftet, contre un huissier que l'honora-
ble magistrat avait en la circonstance à lé-
giférer, non à statuer. Cet huissier s'était
paraît il, mis dans un mauvais cas, et
pour ce, il se voyait, do par la décision
rapportée, condamné à une partie des
frais occasionnés par son intempérance
à exploiter, ainsi qu'en 500 fr. de dom-
mages-intérêts.
La Dépêche faisait suivre le jugement
dos considérations suivantes :
« Il est fâcheux que cette décision ne
puisse pas êtro aflichée à la porte de
tous les huissiers de France et de Na-
varre. Elle réfrénerait sans doute leur
ardeur et les rendrait moins inexorables
au pauvre monde !..
Franchement surpris de la fat:on plu-
tôt malveillante, nous sommes modestes,
au Travailleur dont était traitée une
corporation qui compte certes, surtout
en notre région des membres d'une
parfaite honorabilité, nous avons pro-
testé, samodi contre l'attitude de la Dé-
pêche. Nous no pouvions admettre, en
équité que, généralisant outre mesure,
c pour flétrir un fait scandaloux », elle
put jeter ainsi toute une corporation
l sous le mépris public,
Or, on s'est ravisé à la Dépêche et on
a fait amende honorable.
« L'article auquel nous reprochions
ses tendances générales, exagérées
est, nous a dit, dimanche, le journal ra-
dical socialiste, uno production de
VAurore, (Allons I tant mieux I). Mais
la corporation des huissiers prise dans
son ensemble, a jouto-t il, est la première
à déplorer l'attitude de ceux de ses mem-
bres qui s'exposent à de telles mortifica-
tions, et il faut reconnaitre que ces cas
se font, heureusement, de plus en plus
rares ».
Tout est bien qui finit bien. Mea culpd,
1nca culpd.
18 mmwm DES impôts
Nous constations samedi dans les Cais-
ses d'épargne de la Seine-Inférieure et
dans celle de Rouen, en particulier, un
excédent de versement fort élevé.
Voici un autre renseignement finan-
cier que nous livrons aux réflexions de
nos confrères nationalistes :
« Le chifire total du rendement des im-
pôts indirects et monopoles do l'Etat pour
le mois d'août 1S*>1 s'élève à la somme
de l,:ml;KJI) fr., accusaut ainsi une
plus-value de 8,3»'>3,100 lr., par rapport
aux évaluations budg-é aires et une aug-
mentation de 10,02 l,fi00 fr. par rrpportà
période correspondante do 1 année précé-
dente.
< Par rapport aux évaluations budgé-
taires, il y a plus-value sur : le timbre:
1 ,51,()OO fr.; l'impôt de I 0|0 sur les va-
leurs mobilières, lN,r>00 fr.; les contri-
butions indirectos, 2,801,000 fr.: les hui-
les minérales, 9,000 fr.; les sucres, 3 mil-
lions 32,000 fr.; les contributions indirec-
tes (monopoles), l,4r>0,t>(X) fr.; les postes,
2,'.J81,800 fr.; les télégraphes, 230,000 fr.;
les téléphones, 201,000 fr.
« Et moins-value sur : *
« L'enregistrement, 1.901.800 fr, ;
l'impôt sur les opérations de Bourse,
20.000 fr, ; les douanes, .200 fr. ; les
sels, 187.000 fr, ; les contributions et
avances pour travaux télégraphiques et
téléphoDlquas. 17lÎ.sno fr.
« Par rapport au mois d'Août KX)3 il y
a augmentation sur :
« Le timbre 7'.H).r>00fr. ; l'impôtde40;0
sur les valeurs TlIobiliircs. 23.000 fI", ;
les contributions indirectos,9.2S4.000fr.
les huiles minéralos, 17.000 fr. ; 1?3 su-
cres, 10.251.000 fr. ; les contributions
indirectes (r»ouopolos> 1 OW.OOO fr.; les
postes, 1 million 480.800 fr, ; (oh hYé.
phones, 102 700 fr. ; lo» coulributio'vj o!
avance" pour travaux télégraphi ai os e'
téléphoniques, 407.800 francs.
« Et diminution sur :
c L'enregi3treixiBnt, 3.^)01.500 fr. ;
l'impnl sur les opérations de Bourse,
125.000 fr. ; les douanes, :*.704.000 fr. ;
les sels, g.";').lJ)O fr. ; les télégraphes,
Zif" :mo francs.
« L'excédent total des huit premiers
mois de l'exercice courant se trouve
porté à lî.'i 41*.OOO fr. par rapport
aux évaluations budgétaires et a 34.
.'154 700 fr. par rapport à la période
correspondante de loO î.
Plus value partout, plus value toujours 1
Et dire que Le Nouvoll'ste et Le Harre-
Eclair trouvent que le ministère Combes
mène la France à sa i-tiiiio.
L'abus du papier titubré. - Jtiq
tement omu par les nombreuses récla-
mations qui lui étaient adressées par les
justiciables do contraventions qui se
plaignent dos droits de timbre souvent
exagérés qui leur étaient imposés par
les agents, le préfet do police vient d'a-
dresser à ses subordonnés la circulaire
suivanto :
« An cours de la discussion du budget
de 1001, dans la séance de la Chambre
des Députés du fi uoveinbro 1003, l'at-
tention du gouvernement a été appelée
sur la diversité des droits do timbre aux-
quels sont assujettis, selon le formai du
papier utilisé, les procès-verbaux des
agents vorhalisateurs.
« M. le Président du Conseil, Ministre
de l'Intérieur, a, en conséquence,adressé
aux administrateurs une circulaire, par
laquelle il fait connaître que, dans l'inté-
rêt des justiciables, il est à désirer que
tous les procès-verbaux soumis au droit
de timbre en matière criminelle, correc-
tionnelle et do simple police soient ré-
duits au plus petit possible dos formats
prévus par la loi de finances du27 juil-
let 1862. ,
« C:"le mesure, qui aura pour objet do 4
restreindre au minimum les frais de <
timbro mis à la charge des condamnés, 1
et à laquelle M. le Ministre des Finances
a donne son assentiment, constituera uue
simple réforme administrative, d'ordre
intérieur, sans toucher à aucune règle
essentielle de la législation spéciale. .-
M. le Président du Conseil invite donc J
tous les fonctionnaires et agents ayant
droit de verbaliser et qui ressortissent ;
directement ou indirectement par leurs
attributions du ministère de l'intérieur à
rédiger dorénavant les procès-verbaux
soumis au visa pour timbre sur du pa-
pier correspondant autant que possible à
la dimension de la demi-feuille à 0 fr. 611
et si l'acte comporte plus do développe-
ment à celle de la feuille à 1 fr. 20.
« En portant cos instructions à votre
connaissance, je vous rappelle les pres-
criptions do ma circulaire du 2."> juin
1002, qui réglementent le format de vos
procès-verbaux :1e format esten principe
confoimo à celui qui est indiqué par les
instructions ministérielles, mais il ly a
lieu do remarquer cepenJaut que les
contraventions de simple police sont sou-
vent constatées sur une formule Jmpri-
•>->- *r • * f - onnum D
JlwtOMlAaiilSBaAi N> 783 U RuÉiiri - VINS oantlmM Dimanche II Setltentbre 1804
¥t#«°f Abonnements :
., :.r '.I .< 1
Seine-Inférieure, Eure et
Départements limitrophes 4fr. »
Antres Département* •.. • fi Ir..
SIX mois
Mae-lnlérievre, Bure et
Départements limitrophes 2 fr. 50
Autres Départements. a Ir. is
Um abonnements se paient à
font à partir de
9 M 4e «tome mois. r.'
, 1 1;';
1
;
f :
<' ':, 1 PARAISSANT LE DIMANCHE
Insertions : ,'7
Annoncer. ialigne 0 fr 6D
Avis d'mhunation i fi« »
Rétlames.. fc fr,
14àoU.. et Adcainistratioa
KOVlftt il
23, Quai dé Parli;, 23
BURUAUX AU lIA VU t
rue J.-B. Eyriès
.1
c;a;o.
Les abonnements se paient a
l'avanoo et se fout à partir du
1" et 16 de chaque mois. 1
"::' "i :.. LE PROTECTORAT 1
ft
- On n'a jamais, ce semble, autant parlé
du Protectorat de la France sur les chré-
tiens d'Orient.
Les feuilles nationalistes genre Nou-
velliste et Journal de Rouen, vont par-
tout répétant, qu'à son grand dommage,
à la suite de la séparation projetée de
l'Eglise et de l'Etat,Dotre pays verra dis-
paraître ce privilège sécuiaire. Un peu
plus elles accuseraient M. Combes de
faire le jeu de l'étranger en ne se mon-
trant pas, outre mesure, partisan d'un
tel protectorat. La question est donc tout
à fait d'actualité. Examinons là sans
parti-pris, comme toujours.
c La papauté, disait à ce sujet à Auxer-
re, dimanche dernier, M. le Président du
Conseil, la papauté s'abuse si elle s'ima-
gine nous amener par ses procédés com-
minatoires à quelque acte de résipi".
cence. Nous n'avons plus ta prétention
a i titre de 4 Fille alnéo de l'Eglise, >
dont la Monarchie faisait un titre d'hon-
neur pour la France, et "Olli avons la
onvictionabaotue que notre considéra-
tion et notre ascendant dépendent exclu-
sivemeut de notre puissance matérielle,
aussi que des principes d'honneur, de
jostioe et de solidarité humaine qui ont
valu à la France moderne, héritière des
grandes maximes sociales de la Révolu
tion, une place à part dans le mon ri p. »
f Et M Combes ajoutait qu'il ne trouve
pas que la perte de oe privilège soit un
motif susceptible de nous détourner de
la séparation ou de nous faire passer
sous les fourêhes caudines de la pi-
p.
Sans apprécier le bien fondé dos rai.
sens données qui ont indiscutablement
une très grande valeur, peut être estime-
m-t-on qu'il n'y aurait pas lieu do rcgrul-
ter la perte ou l'abandon de ce protecto
rat, au point de vue utilitaire tout sim-
plement*
On sait de reste que les capitulations
ottomanes et les « conventions * inter-
venues avec le gouvernement chiuoiq.
nous ont oencédé, dans l'empire Turc et
en Chine, un droit de protection sur les
missionnaires chrétiens de toute nationa-
lité. Les plus célèbres sont celles de
1535, 1740 et 1802.
Il est certain et nous ne chercherons
pas à le nier, que nous avons obtenu
de ce fait un accroissement de prestige,
mais, en dehors de toute autre considé-
ration, cet accroissement de prestige
a-t-ilété, est-il encore suffisant pour com-
penser les charges qui nous sont impo-
aéeeî En un mot les ennuis. les embar-
ras, sans nombre, par certains c6 6a, les
complications diplomatiques que nous a
attirés et nous attire l'exercice de ce pii
vllège ne sont Ils pas bien supérieurs au
profit que nous en retirons t
Eh t bien, n'en déplaise ton los les
« Croix » du monde, nous le croyons
très sincèrement, comme nous croyons
contrairement à leur opinion que
l'Allemagne ne cherche pas à nous sup-
planter sur ce terrain et ne désire nulle-
ment être notre héritière.
Nous ne sommes plus, d'abord, a l'à-
poque où l'Orieot était presque fermé
aux Européens, où seulement des mis-
sionnaires, dont nous ne contestons ni
le courage, ni le dévouement, se hasar-
daient à en pénétrer les mystères. Le
temps, à la vérité, à 'marché. Actuelle-
ment tous les peuples d'Europe et d'A-
mérique y établissent des écoles, des
églises, des hôpitaux dont ils prennent
eux-mêmes la défense. L'escadre Amé
ricaine ne se trouvait-elle pas ces jours-
ci devant Smyrne, dans le but de proté-
ger contre le Sultan, les écoles peuplées
de jeunes arméniens ?
Notre protectorat peut donc être ac-
tuellement considéré comme une chi-
mère. Sa disparition ne préjudiciera en
rien à nos intérêts. Les français inspi-
rent partout où ils se trouvent la sympa-
thie des indigènes. Leur caractère et
leur conduite loyale feront plus pour no-
tre prestige que n'importe quel article
des capitulations.
A notre avis, la solution la plus ration-
nelle, la seule logique et conforme aux
idées modernes et aux faits, est que
chaque état se charge de ses nationaux.
Nos consuls n'auront plus à s'occuper
que des Français, ils consacreront plus
facilement leur temps à les protéger, et
ne se compromettront plus àvec les au-
torités indigènes pour des clients d'une
quelconque nationalité.
Il n'y aura plus entre nos représentants
et les étrangers ni tiraillements, ni in-
cessantes discussions, qui finissent tou-
jours par tendre outre mesure les rap-
ports. Nous serons, par suite, plus goûtés,
et nous retirerons, de ce nouvel état de
choses tout avantage et tout profit.
c Au point de vue catholique, écrivait
récemment un journal ulra-conservateur
de notre région, il est à supposer que
l'église, dans quelque temps n'aura qu'à
se féliciter d'être entrée directement en
relations avec les diverses nations.»
Nous ne voyons, pour noire part, au-
cun inconvénient à ce résultat heureux
pour elle, puisquola suppression du pro-
tectorat ne nous sera pas molas profita-
ble. Ce sera le cas où jamais de dire
alors, que par sa disparition, il est ar-
rivé, mél He raro, à couteuter tout le
monde et. l'Eglise.
Jean Mesnil
LA SEMAINE POLITIQUE
Le discours qu'a prononcé dimanche
dernier, à Auxerre, M. te Présidant du
C>nseil a occupé, on réalité, jusqu'à
aujourd'hui toute la presse.
Nos confrères le publient en entier ou
en partie avec force commentaires, les
uns comme le Journal de Rouen et le
Nouvellint"., aigres-doux ou méchants,
les autres courtois ou é ogieux.
Résumons le, en quelques lignes, pnis-
que déjà, par nilleurs, uous en parlons
aujet du protectorat.
Après avoir constaté l'accueil cordial
qni lui est fait M. Combes déclare qu'au
risque do s'exposer à des critiques acer-
bes, il participera toujours avec plaisir
à des rôles populaires pour soumettre
sa personne et vos actes à leurs juges
naturels, les Cleclours républicains. Puis
il rappelle, une fois de plus - et c'était
néctts-sniro - la déconvenue des adver-
saires d* gouvornement dans les éloc-
tions départementales, dans le renouvel-
lement des bureaux, la victoire complète
do la politique ministérielle et le désar-
roi absolu do l'opposition.
L'ornlenr arrive ensuite à l'ouieigne-
ment congr gauiste, il exposo avec quoi
sans façon l'Eglise Catholtq no on use
avec le concordat et traite la question
de la question de la séparation des Egli-
ses et de rgtnt
« La 80llie voie restés libre aux deux
pouvoirs en conflit, s'écrie t-il, est la vois
ouverte aux époux mal assortis : le di-
vorce, et par préférence, le divorce par
consentement mutuel Je n'en ajouta pas,
remarque* le, pour cause d'incompatibi-
lité d'humeur, car il ne saurait être ques-
lion dans l'espèce, d'accès d'irritation et
de mauvaiso humeur.
11 s'agit d'une chose bien autrement
sérieuse et grave ; il s'agit d'une incom.
patibilité radicale de principes.
Messieurs, je crois sincèrement que le
parti républicain, éclairé enfla pleine-
ment par l'expérience des deux dernières
années acceptera sans répugnance la
pensée du divorce. Et je crois aussi, di-
sons mieux, je suis siir qu'il l'acceptera,
non dans un sentiment d'hostilité contre
les consciences chrétiennes, mais dans
un sentiment de paix sociale et de liberté
religieuse.
C'est aussi sous l'empire des mêmes
sentiments que la France abordera la
auestion de la séparation des Eglises et
de l'Etat, dép étudiée avec beaucoup de
soins par une des commissions, dont les
travaux, heureusemonts empreints d'un
sincère désir de conciliation serviront de
base à une discussion également conci-
liante et sincère.
Il importe que les républicains fassent
preuve, dans ce débat, d'une largeur
d'idées et d'une bienveillance envers les
personnes qui désarment tes défiances et
rendent acceptable le passage de l'ordre
de choses actuel à l'ordre do choses à
venir, qu'il s'agisse des édifices alfectés
aux cultes ou des pensions à allouer aux
titulaires actuels des services concorda-
taires.
Il n'est pas de concession raisonnable,
pas de sacrifice conforme à la justice,
que je ne dois disposé, pour ma part, à
conseiller, afin que la séparation des
Eglises et de l'Etat inaugure une ère
nouvelle de concoide sociale, en garan
lissant aux communions religieuses une
liberté réelle sous la souveraineté incon-
testée de l'Etal. , ,..
PltiS après avoir parlé de la proposi
tion de loi sur les retraites ouvrières, de
la question de l'impôt sur le revenu, le
Président du Conseil termine en disant
qu'il continue à compter sur l'union des
gauches pour lui permettre d'accomplir
la tâche qu'il s'est tracée et achever son
œuvre do défense et d'action républi-
caines.
Le discours de M. Combes a été fort
applaudit
• •
On annonce que l'alliance Républicaine
démocratique voul int rendre un dernier
hommage a Walde^k-llousseau, qui fut
son presidmt, a pris l'initiative d'une
souscription nationale, dont le produit
sera afrecléà l'édification d'un monument
en l'honneur du grand disparu.
Nous félicitons très sincerement l'« al-
liance » de celte idée. Nul plus que Wal-
deck-Rousseau, ne mérite la reconnais-
sance de tous les citoyens
Le département de la Loire à formé de
son côté, le projet d'élever une statue, à
Saint gtienne, à son ancien représentant
Le Conseil Général a voté une subven-
tion a cet effet.
•
Les dernières nouvelles parvenues de
Marseille font espérer la fin de la grève
dont nous avons déploré les désastreux
effets, et pour Marseille et pour notre
commerce.
à Le syndicat dos dockers serait disposé
à reprendro le travail aux conditions du
contrat de IM).
Nous serons heureux d'enregistrer le
résultat obtenu. Il seradu,pour une grande
part à M. le Mée de la Salle, président
de - la - chambre - de -- commerce. -
L'armée Russe a du, définitivement
battre en retraite, abandonner Liao-Yang,
pour se retirer sur Moukden où les pre-
mières troupes seraient déjà arrivées, et
où l'on attendrait des renforts.
Lo nombre dos blessés et des morts,
dans les derniers combats n'est pas en-
coro connu. Il est assuro-t-on. fort étevê
des deux côtés. - Port-Arthur résiste
toujours.
•
L'tndi, au cours d'un dioer,l'Empereur
Guillaume 11 a annoncé les fimçailles de
son n's aine, Frédéric-Guillaume, le
Kronpim, figé do 22 ans, avec la Du-
chesso Cécile de Mecklemtonrg. dont
la mère est Grande.Duchesse do Russie.
NOS MAGISTRATS
H. QUÉNAULT
M. Quénault, qui fut vice président
du Tribunal Civil de Rouen, puis con-
seiller à, la Cour, est actuellement pré-
tirient à la Chambre des Appels cor-
recliotJttclt,
L'honorable magistrat a donc passé,
dans notre bonne ville ott le voit
une grande partie de sa vie judiciaire.
Personne ne pense à se plaindre de son
séjour prolongé parmi nous. -
Qui. en effet, plus que M. Quénault,
possède, les qualités nia f tresses du ci-
toyen appelé a rendre la justice en notre
France républic 1 inr, f
lloyauté, science juridique, intelli
(lcnce et esprit, M. le président de la
Chambre des Appels correctionnels a
tous ces dons en partage pour notre
plus grand profit.
Ses arrêts -- droits, justes, d'une
scrupuleuse équité en miïme temps
qu'ils donnent à. la société la satisfac-
tion qu'elle réclame avec raison 10u,'
sa sauvegarde, tiennent état, des anté-
cédents, des hérédités, des ambiances
eeU. s ci plus ooupablcs parfois qu'on
ne pourrait le supposer dans la perpé-
tration d'un délit, voire d'un acte cri-
utinel, Saluons, au passage cette note
émue, doucement humaine, propitia-
t' ice aux égarés.
M. Quénault a siégé dans toutes les
affaires qu'â suscitées, ces temps der-
niers, l'npplication (te la loi sur les con-
grégations. C'est dire que son énergie
et son imp irtialiti ont été à la. hauteur
de son talent.
M. Quénault est conseiller général
républicain de l'i Manchet
PROPOS D'DN SPECTATEUR
Le Maîte Nestor à Paris
Le maiie Néstor, Nestor Ponlain un
des plus gros honnets de sa commune, fer-
mier, bouilleur de cru, adjoint au maire,
avait depuis quelque temps, un gros ennui,
ou plutôt, une saignante blessure à son
amour-propre.
Jamais il n'avait vu Paris ; et ce qui met-
tait le comble à ses regrets, c'était d'enten-
dre chaque dimanche, à la partie de domi-
nos traditionnelle, ses deux partenaires,
Louis Lenain et le grand nésine Onc-
sime Leblanc décrire avec une verve en-
diablée, les merveilles Jde * la capitale qu'ils
venaient de visiter.
La figure du maite Nestor, crispée par la
jalousie; les excitait encore à enjoliver leurs
descriptions, afin d'exacerber l'envie du
bonhomme. -
Ah I si vous aviez vu ça, maîte Nes-
tor, de ce que c'est grand et biau 1 Et pis la
Tour Eiffel, haute comme dix fois le clo-
cher, ousqu'on monte en haut en voiture !
Et aco les Halles ousque des espèces
d'huissiers vendent du pesson à la criée,
faut vais comme i vont vite, pus que cheux
nous. Et pi aco les Abattoirs de la Villette
et un tas de choses qu'on peut pas raconter,
é pas Louis ?
Pour sur que c'est biau, pus qu'on
peut l'dirt !
Le Mait Nestor se grattait l'oreille, fu-
rieux de se sentirinférieur à ses subordonnés
lui, la forte tète de St. Jérome-en-Lieuvin,
h. mme de conseil et presque juge de Paix,
un malin quoi, son prestige diminuait, il le
sentait bien, et tout ça grâce à ces deux
mécréants.
De très mechante humeur il rentra di-
ner ce iour-là, réprimanda d'une façon très
verte son goujard jeune domestique
pour une peccadille insignifiante. Le repas
lui sembla mauvais, et sa bourgeoise éprouva
le contre-coup de sa colère.
I
Le café, arrosé de trois ou quatre lampées
d'eau-de-vie de cidre, dérida son front ; une
idée subite venait de germer dans son cer.
veau.
Dis donc, la maîtresse, si tu voux j'i-
rons vais Paris.
A qui qu'tu penses, qui qui t'prend,
ca va coûter cher, aller j'ter l'argent comme
ça quand on a tant d'mas à l'gagner !
Ça n' fait rien, c't'ann6e j'en avons ac-
quis aveuque la goutte, ça coûterait ti chin-
quante écus, même deux clients franss que
j'en mourrions point ; et pis si j' l'avions
donné a la Régie j'l'aurions pas anui !
C'est vrai.
Le voyage fut décidé. Maite Nestor écrivit
au garchoti à Malleuse, un gas qu'à eune
belle plache à Paris c'est lui qui manie l'ar-
gent dans la Grande Banque, pour le prier
d'être leur Cicérone. La réponse fut favora-
ble; il n'y avait qu'à le prévenir du jour et
de l'heure de l'arrivée, il se trouverait à la
gare.
Le dimanche suivant, notre homme était
tout fringant et se disposait à prendre sa
revanche sur f e; amis.
- Eh ben, vous savès, j'allons à Paris
aveuque la bourgeoise, j' partons jeudi ma-
tin.
C'est-ti Dieu possible T
Si faic, aussi vrait que j' vous l'dis.
Et heureux et fier, très-prolixe, il expli-
qua son programme, l'amabilité du garchon
à la Malleuse; mêm, il montra la lettre de
celui-ci afin que personne n'en doutât.
Lu grand Nésime eut un mauvais sou-
rire, et lança un coup d'oeil d'intelligence au
petit Louis. Une idée machiavélique venait
de germer dans sa cervelle. En faisant un
pas de conduite à son compère, il lui expli-
qua le bon tour qu'il voulait jouer au Maite
Nestor. L'autre, à cette narration, se frotta
les mains de joie,et un gros rire secoua leurs
faces rubicondes. Le pacte fut conclu.
S'étant adroitement procurer l'adresse du
Malleux, la veille du départ du père Pou-
lain, ils lui expédiaient la dépêche sui-
vante :
Impossible partir, voyage remis.
Nestor roui.AiN.
Le jeudi, de grand matin, nos heureux
voyageurs montaient en carriole pour se
rcndre à la gare de Bernay.
Ils avaient leurs plus beaux atours.
Nestor, sa redingote dépassant sous sa
blouse btoue, et un haut de forme qui avait
l'honneur de couvrir le chef de son maitre
dans les grandes occasions depuis bientôt
quarante ans. La femme, une robe aux cou-
leurs criardes, un devantia (tablier) en méri-
nos noir, un chapeau aux fleurs rouges, re-
haussé de rubans mauves et jaunes, sans
oublier son cabas et son parapluie en coton
vert.
A la gare, ile s'installèrent dans un com-
rtiment déjà occupé par quatre personnes.
Notre paysan, heureux et fier d'aller visiter
la capitale, voulut que tout le monde le sut.
Aussi s'informa t-il à haute voix, aussitôt
monté, si c'était bien le train pour Paris, et
à quelle heure on arrivait, et débita une
foule de boniments qui restèrent sans écho,
Dépité de l'attitude dédaigneuse de ses voi-
sins, il finit enfin par se taire.
Après un trajet qui leur parut intermina-
ble, le train entra sous le tunnel de Saint-
Lazare,
Voilà enfin nos voyageurs à Paris.
Ar,>>ns raconterons samedi leur odyssée
dans la capitale.
Argus.
CHRONIOUE REGIONALE
LE HAVRE
Le Congrès de la Prud'hommie
et le Conseil nuokipal
Le Congrès de 11 prud'hommie a reç u
l'hospitalité au Cercle Franklin. Comme
nous ne faisons pas de l'oppoaition, par
parti-pris, nous ne pouvons qu'en félici-
ter la nouvelle municipalité.
Seulement, il y a un seulement, nous
nous demandons ce que signifie les com-
pliments adressés à MM. Malandain et
Lebtond, adjoints, par M. Lepasquier,
président du Conseil des prud'hommes
du Havre.
Ce Monsieur nous parait voulo r don-
ner le change à l'opinion. En toutes cir-
constances M. Malandain et ses amis, à
plus forte raison M. Leblond, de l'Action
libérale, se sont montrés hostiles aux
vœux de la prud'hommie.
Los prud'hommes ont protesté contre
la faculté de renvoyer les ouvriers, en
alléguant les délais de congé. Mais M.
Malandain et ses amis sont allés en Cas-
sation, sous le couvert du Syndioat du
Commerce et de l'Industrie pour faire
décider que la loi de décembre 18UO se-
rait lettre morte, grâce à une certaine
interprétation, plaçant au-dessus de tout
la liberté sacrée de contracter.
De plus la nouvelle municipalité a été
élue sur un programme - cher au petit
commerce reconnaissant aux patrons
le droit, "imposer tels règ'emonts d'a-
telier que bon leur semble. Les conseil-
lers prud'hommes ont protesté contre
cette liberté abusive.
Ils ont demandé que certaines conven
tions fussent proscrites , comme con-
traires à l'ordre public.
Et les conseillers prudhommes ont dit
c'est au Conseil des Pt udhommes lui-
même qu'il appartiendra de décider ce
qui est abusif dans les contrats imposés
par les patrons aux ouvriers. On a bien
proposé de faire réglementer celà en
vertu d'un accord à intervenir entre les
syndicats patronaux et ouvriers ; mais
celà a été repoussé parce que certains
ayndicata les jaunes n étaient que
des syndicats fictifs entre les maint des
patrons.
L
Qu'en dites vous M. Malandain et vous
M. Leblond, de l'Action libérale, pour
lesquels les syndicats jaunes, sous la di-
rection de M. Czuloski, ont si merveil-
leusement travaillé lors des dernières
élections municipales.
Après celà faites vous congratuler par
les congrès de Prudhommie ; mais celà
n'empêche pas que les résoiutions vo-
tées par ces congrès, constituent le dé-
saveu le plus formel de théories,qui vous
sont chères.
Seriez-vous par hasard, convertis à
ces théories, dont comme l'a proclamé
M. Malandain, à maintes reprises, l'ins-
pira'ion est quelque peu socialiste T Si
oui, nous nous demandons ce que va
penser le petit commerce.Voilà donc son
porte parole, celui qui épousait naguère
tous ses préjugés, passé à l'ennemi.
Eh bien ce n'était pas la peine de se
donner tant de mal pour remplacer M.
Marais par M. Malandain et consorts, si
ceux-ci, en matière de politique sociale,
en viennent à continuer les errements de
l'ancienne munieipalité errements que
pour notre part,nous jugeons excellents,
bien que M. Malandain les ait toujours
éloqoemment condamnés 1
<̃ - «̃–i
LE SERVICE DE DEUX ANS
Quelque hâte que metton t les deux cham-
bres à s'entendre sur le projet de loi re-
latif au Service de deux ans, dit un de
nos confrères il n'apparait pas que l'ac-
cord puisse se faire et la loi être promul-
guée avant la fiu de l'année. En efiet il
n'est guère probable que la commission
sénétoriale se réunisse avant la rentrée
pour examiner les modifleatisns appor-
tées par le Chambre au projet primitif.
A en croire un membre influent de
celte commission, dont l'avis, du reste,
est partagé par un grand nombre de sé-
nateurs et de députés, la commission de
l'armée et le Sénat seraient résolus à re-
jeter les dispositions nouvelles que la
Chambre a introduites dans le projet en
ce qui concerne l'obligation imposée aux
élèves des écoles militaires de passer
deux années dans les régiments avant
leur entrée à l'école, la réduction a quinze
jours des périodes d'appel dos réser-
vistes, la suppression totale des treize
jours et la mise en vigueur immédiate
de la loi sur le service do deux ans.
Le ministre do la guerre combattra
d'ailleurs ces dispositions devant le Sé-
nat, comme il l'a fait devant la Chambre.
Il déclarera notamment que la période
d'appel des réservistes no peut être
abaissée à moins de trois semaines et
celle des territoriaux à moins d'une se-
maine. Le général André poserait môme
à ce sujet la question de portefeuille.
La commission du Sénat déposera son
rapport dans un délai fort court, afin que
la discussion publique puisse avoir lieu
pendant la saison d'automne. De cette
façon, la loi pourrait retourner en jan-
vier au Palais-Bourbon et l'on espère
que les deux assemblées se mettront
d'accord assez rapidement pour que la
loi sur le service de deux ans soit défi-
nitivement votée et promulguée dans lo
courant de l'année prochaine.
Le «Meû OUIPO »
de « La Dépêcha »
Voir un journal radical-socialiste faire
un med culpd n'est certes pas uu spec-
tacle banal. Ce spectale, La Dépêche
vient de nous l'offrir au grand ébahisse-
ment de ses quelques lecteurs antioléri-
eaux et de nous-même.
En son numéro du 2 septembre der-
nier, notre grand confrère rendait compte
d'un jugement rendu par le président Ma-
gnaud lequel jugement devait, à son
dire, « faire pousser des rugissements de
fureur au corps des huissiers ),- C'était,
en eftet, contre un huissier que l'honora-
ble magistrat avait en la circonstance à lé-
giférer, non à statuer. Cet huissier s'était
paraît il, mis dans un mauvais cas, et
pour ce, il se voyait, do par la décision
rapportée, condamné à une partie des
frais occasionnés par son intempérance
à exploiter, ainsi qu'en 500 fr. de dom-
mages-intérêts.
La Dépêche faisait suivre le jugement
dos considérations suivantes :
« Il est fâcheux que cette décision ne
puisse pas êtro aflichée à la porte de
tous les huissiers de France et de Na-
varre. Elle réfrénerait sans doute leur
ardeur et les rendrait moins inexorables
au pauvre monde !..
Franchement surpris de la fat:on plu-
tôt malveillante, nous sommes modestes,
au Travailleur dont était traitée une
corporation qui compte certes, surtout
en notre région des membres d'une
parfaite honorabilité, nous avons pro-
testé, samodi contre l'attitude de la Dé-
pêche. Nous no pouvions admettre, en
équité que, généralisant outre mesure,
c pour flétrir un fait scandaloux », elle
put jeter ainsi toute une corporation
l sous le mépris public,
Or, on s'est ravisé à la Dépêche et on
a fait amende honorable.
« L'article auquel nous reprochions
ses tendances générales, exagérées
est, nous a dit, dimanche, le journal ra-
dical socialiste, uno production de
VAurore, (Allons I tant mieux I). Mais
la corporation des huissiers prise dans
son ensemble, a jouto-t il, est la première
à déplorer l'attitude de ceux de ses mem-
bres qui s'exposent à de telles mortifica-
tions, et il faut reconnaitre que ces cas
se font, heureusement, de plus en plus
rares ».
Tout est bien qui finit bien. Mea culpd,
1nca culpd.
18 mmwm DES impôts
Nous constations samedi dans les Cais-
ses d'épargne de la Seine-Inférieure et
dans celle de Rouen, en particulier, un
excédent de versement fort élevé.
Voici un autre renseignement finan-
cier que nous livrons aux réflexions de
nos confrères nationalistes :
« Le chifire total du rendement des im-
pôts indirects et monopoles do l'Etat pour
le mois d'août 1S*>1 s'élève à la somme
de l,:ml;KJI) fr., accusaut ainsi une
plus-value de 8,3»'>3,100 lr., par rapport
aux évaluations budg-é aires et une aug-
mentation de 10,02 l,fi00 fr. par rrpportà
période correspondante do 1 année précé-
dente.
< Par rapport aux évaluations budgé-
taires, il y a plus-value sur : le timbre:
1 ,51,()OO fr.; l'impôt de I 0|0 sur les va-
leurs mobilières, lN,r>00 fr.; les contri-
butions indirectos, 2,801,000 fr.: les hui-
les minérales, 9,000 fr.; les sucres, 3 mil-
lions 32,000 fr.; les contributions indirec-
tes (monopoles), l,4r>0,t>(X) fr.; les postes,
2,'.J81,800 fr.; les télégraphes, 230,000 fr.;
les téléphones, 201,000 fr.
« Et moins-value sur : *
« L'enregistrement, 1.901.800 fr, ;
l'impôt sur les opérations de Bourse,
20.000 fr, ; les douanes, .200 fr. ; les
sels, 187.000 fr, ; les contributions et
avances pour travaux télégraphiques et
téléphoDlquas. 17lÎ.sno fr.
« Par rapport au mois d'Août KX)3 il y
a augmentation sur :
« Le timbre 7'.H).r>00fr. ; l'impôtde40;0
sur les valeurs TlIobiliircs. 23.000 fI", ;
les contributions indirectos,9.2S4.000fr.
les huiles minéralos, 17.000 fr. ; 1?3 su-
cres, 10.251.000 fr. ; les contributions
indirectes (r»ouopolos> 1 OW.OOO fr.; les
postes, 1 million 480.800 fr, ; (oh hYé.
phones, 102 700 fr. ; lo» coulributio'vj o!
avance" pour travaux télégraphi ai os e'
téléphoniques, 407.800 francs.
« Et diminution sur :
c L'enregi3treixiBnt, 3.^)01.500 fr. ;
l'impnl sur les opérations de Bourse,
125.000 fr. ; les douanes, :*.704.000 fr. ;
les sels, g.";').lJ)O fr. ; les télégraphes,
Zif" :mo francs.
« L'excédent total des huit premiers
mois de l'exercice courant se trouve
porté à lî.'i 41*.OOO fr. par rapport
aux évaluations budgétaires et a 34.
.'154 700 fr. par rapport à la période
correspondante de loO î.
Plus value partout, plus value toujours 1
Et dire que Le Nouvoll'ste et Le Harre-
Eclair trouvent que le ministère Combes
mène la France à sa i-tiiiio.
L'abus du papier titubré. - Jtiq
tement omu par les nombreuses récla-
mations qui lui étaient adressées par les
justiciables do contraventions qui se
plaignent dos droits de timbre souvent
exagérés qui leur étaient imposés par
les agents, le préfet do police vient d'a-
dresser à ses subordonnés la circulaire
suivanto :
« An cours de la discussion du budget
de 1001, dans la séance de la Chambre
des Députés du fi uoveinbro 1003, l'at-
tention du gouvernement a été appelée
sur la diversité des droits do timbre aux-
quels sont assujettis, selon le formai du
papier utilisé, les procès-verbaux des
agents vorhalisateurs.
« M. le Président du Conseil, Ministre
de l'Intérieur, a, en conséquence,adressé
aux administrateurs une circulaire, par
laquelle il fait connaître que, dans l'inté-
rêt des justiciables, il est à désirer que
tous les procès-verbaux soumis au droit
de timbre en matière criminelle, correc-
tionnelle et do simple police soient ré-
duits au plus petit possible dos formats
prévus par la loi de finances du27 juil-
let 1862. ,
« C:"le mesure, qui aura pour objet do 4
restreindre au minimum les frais de <
timbro mis à la charge des condamnés, 1
et à laquelle M. le Ministre des Finances
a donne son assentiment, constituera uue
simple réforme administrative, d'ordre
intérieur, sans toucher à aucune règle
essentielle de la législation spéciale. .-
M. le Président du Conseil invite donc J
tous les fonctionnaires et agents ayant
droit de verbaliser et qui ressortissent ;
directement ou indirectement par leurs
attributions du ministère de l'intérieur à
rédiger dorénavant les procès-verbaux
soumis au visa pour timbre sur du pa-
pier correspondant autant que possible à
la dimension de la demi-feuille à 0 fr. 611
et si l'acte comporte plus do développe-
ment à celle de la feuille à 1 fr. 20.
« En portant cos instructions à votre
connaissance, je vous rappelle les pres-
criptions do ma circulaire du 2."> juin
1002, qui réglementent le format de vos
procès-verbaux :1e format esten principe
confoimo à celui qui est indiqué par les
instructions ministérielles, mais il ly a
lieu do remarquer cepenJaut que les
contraventions de simple police sont sou-
vent constatées sur une formule Jmpri-
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