Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1909-10-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 octobre 1909 01 octobre 1909
Description : 1909/10/01 (A76)-1909/12/31. 1909/10/01 (A76)-1909/12/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6112552s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
- Aller à la page de la table des matières407
- 1er fascicule - 1er trimestre
- .......... Page(s) .......... 5
- .......... Page(s) .......... 5
- .......... Page(s) .......... 6
- .......... Page(s) .......... 8
- .......... Page(s) .......... 8
- .......... Page(s) .......... 11
- .......... Page(s) .......... 17
- .......... Page(s) .......... 63
- .......... Page(s) .......... 73
- .......... Page(s) .......... 115
- .......... Page(s) .......... 125
- 2me fascicule - 2me trimestre
- 3me fascicule - 3me trimestre
- 4me fascicule - 4me trimestre
- 301 -
l'autre s'obstinant à n'y voir qu'une finalité sans fin, — en
revanche, quelle constante familiarité avec Théophile Gautier,
son bon Théo, chez lequel on n'entrait qu'en criant le mot de
passe : « Victor Hugo! » Quels agréables épanchements,
durant les dîners chez Magny, avec Gavarni, Renan, Taine,
le marquis de Chennevières, le baron d'Osmoy, les deux de
Goncourt, aux soirées desquels il rencontrait Alphonse Daudet,
ou encore dans son cénacle — car il eut aussi le sien à Paris —
où fréquentaient Huysmans, Céard, Georges Pouchet, Zola et
surtout Guy de Maupassant, son filleul et son disciple!
A Croisset, il n'était jamais plus heureux que lorsque ses amis,
accompagnés de George Sand et de José de Hérédia, venaient le
surprendre avec Yvan Tourguenef, qui ne manquait point d'ap-
porter une bouteille de Roederer pour boire à l'art immortel. H
faisait signe aussitôt à Charles Lapierre, le distingué directeur du
Nouvelliste de Rouen, chez qui, avait-il coutume de dire, il était
gris dès le potage. Alors c'était un chassé-croisé de plaisante-
ries, où les traits d'esprit pétillaient comme les pièces d'un feu
d'artifice. On y parlait du bouquin en préparation; on y jugeait
— car, en dépit de son antipathie pour les Critiques, l'amphy-
trion se faisait souvent critique lui-même — la dernière pièce
jouée, le livre récemment paru; on y anathématisait la politi-
que. « Quand je vois, s'écriait Flaubert, le suffrage universel
roi, cette glorification de la sottise humaine, cela m'agite... »
Et le placide Théo de répondre : « Qu'est-ce qui ne l'agite pas? »
On y remuait surtout les souvenirs de jeunesse, on y rappelait
les luttes de Victor Hugo, le triomphe d'Hernani, et il ne fallait
pas qu'un intrus se permît de relever ce qu'il y avait de faible
dans les dernières productions du poète : « La sottise du père
Hugo me fait bien assez de peine, interrompait Flaubert, sans
qu'on l'insulte dans son génie. Quand nos maîtres s'avilissent,
il faut faire comme les enfants de Noé, voiler leur turpitude. »
Et ce respect du maître il le portait partout. Le journal des de
Goncourt nous raconte qu'un soir, invité chez la princesse
Mathilde à Compiègne, au cercle particulier de l'Impératrice,
quelqu'un parla irrévérencieusement devant lui de Victor Hugo.
« Halte-là, répliqua-t-il, celui-là est notre maître à tous ». Et
comme l'interlocuteur insistait : « Mais cependant vous con-
viendrez, Monsieur, que l'homme qui a écrit les Châtiments... »
Flaubert, roulant des yeux terribles, s'écria :" Les Châtiments!
l'autre s'obstinant à n'y voir qu'une finalité sans fin, — en
revanche, quelle constante familiarité avec Théophile Gautier,
son bon Théo, chez lequel on n'entrait qu'en criant le mot de
passe : « Victor Hugo! » Quels agréables épanchements,
durant les dîners chez Magny, avec Gavarni, Renan, Taine,
le marquis de Chennevières, le baron d'Osmoy, les deux de
Goncourt, aux soirées desquels il rencontrait Alphonse Daudet,
ou encore dans son cénacle — car il eut aussi le sien à Paris —
où fréquentaient Huysmans, Céard, Georges Pouchet, Zola et
surtout Guy de Maupassant, son filleul et son disciple!
A Croisset, il n'était jamais plus heureux que lorsque ses amis,
accompagnés de George Sand et de José de Hérédia, venaient le
surprendre avec Yvan Tourguenef, qui ne manquait point d'ap-
porter une bouteille de Roederer pour boire à l'art immortel. H
faisait signe aussitôt à Charles Lapierre, le distingué directeur du
Nouvelliste de Rouen, chez qui, avait-il coutume de dire, il était
gris dès le potage. Alors c'était un chassé-croisé de plaisante-
ries, où les traits d'esprit pétillaient comme les pièces d'un feu
d'artifice. On y parlait du bouquin en préparation; on y jugeait
— car, en dépit de son antipathie pour les Critiques, l'amphy-
trion se faisait souvent critique lui-même — la dernière pièce
jouée, le livre récemment paru; on y anathématisait la politi-
que. « Quand je vois, s'écriait Flaubert, le suffrage universel
roi, cette glorification de la sottise humaine, cela m'agite... »
Et le placide Théo de répondre : « Qu'est-ce qui ne l'agite pas? »
On y remuait surtout les souvenirs de jeunesse, on y rappelait
les luttes de Victor Hugo, le triomphe d'Hernani, et il ne fallait
pas qu'un intrus se permît de relever ce qu'il y avait de faible
dans les dernières productions du poète : « La sottise du père
Hugo me fait bien assez de peine, interrompait Flaubert, sans
qu'on l'insulte dans son génie. Quand nos maîtres s'avilissent,
il faut faire comme les enfants de Noé, voiler leur turpitude. »
Et ce respect du maître il le portait partout. Le journal des de
Goncourt nous raconte qu'un soir, invité chez la princesse
Mathilde à Compiègne, au cercle particulier de l'Impératrice,
quelqu'un parla irrévérencieusement devant lui de Victor Hugo.
« Halte-là, répliqua-t-il, celui-là est notre maître à tous ». Et
comme l'interlocuteur insistait : « Mais cependant vous con-
viendrez, Monsieur, que l'homme qui a écrit les Châtiments... »
Flaubert, roulant des yeux terribles, s'écria :" Les Châtiments!
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