Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1913-04-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 avril 1913 01 avril 1913
Description : 1913/04/01 (A80)-1913/06/30. 1913/04/01 (A80)-1913/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5794260c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 150 —
nouvelle garde bourgeoise accepté le 20 août 1789, sur celui
de la garde nationale (1) jusqu'à la loi des 19-23 juillet 1790,
enfin sur le drapeau du détachement de la garde nationale
envoyé à la Fédération de Rouen en 1790 (2).
Mais les événements débordant les volontés humaines n'al-
laient pas tarder à faire assimiler les armoiries des communes
aux signes condamnés du passé. Après le 10 août, la Révolution
les poursuivit partout où elle les put atteindre. Au Havre, non
seulement elles disparurent des édifices, mais on les proscrivit
encore jusque chez les particuliers. Sur la tour François 1er, on
détruisit la statue du fondateur du Havre, de l'adversaire de
l'hégémonie espagnole, de l'allié de Soliman.
En la faisant ainsi tomber sous un marteau sacrilège, les
héros du club havrais des Jacobins croyaient sans doute faire
preuve de leur indépendance de caractère et donner à l'esprit
nouveau des gages solides de leur patriotisme?
Dans cette réaction furieuse contre l'ancien régime, les ar-
moiries étaient la forme tangible qui rappelait des siècles de
royauté, de féodalité, de servitude consentie et volontaire. A
ce titre elles devaient périr.
Ne rappelaient-elles que cela? N'avaient-elles pas été les em-
blèmes visibles de la puissante cristallisation des communes
françaises, la manifestation de leur autonomie, le premier
symbole d'émancipation du Tiers-État urbain? N'était-ce pas
autour de leurs enseignes armoriées que voici tantôt sept siè-
cles, à Bouvines, les milices communales, répondant à l'appel
de Philippe-Auguste, avaient brisé l'effort de l'empire germani-
que?
Les armoiries disparurent. On détruisit les sceaux, on ratura
les livres, on gratta sur les édifices les signes royaux ou nobi-
liaires, on abattit les statues ; dans bien des endroits on brûla
les chartes et les titres « gothiques ». Avec une stupéfiante
naïveté, on prétendit faire table rase du passé, refaire une
France sans attaches avec l'ancienne , toute neuve, sortant du
(1) Une protestation fut même élevée à ce propos le 23 avril 1790 « contre l'uni-
forme écarlate adopté depuis la Révolution et tiré anciennement du blason de la
ville ».
(2) IL était aux armes de la ville et aux couleurs des quatre quartiers.
nouvelle garde bourgeoise accepté le 20 août 1789, sur celui
de la garde nationale (1) jusqu'à la loi des 19-23 juillet 1790,
enfin sur le drapeau du détachement de la garde nationale
envoyé à la Fédération de Rouen en 1790 (2).
Mais les événements débordant les volontés humaines n'al-
laient pas tarder à faire assimiler les armoiries des communes
aux signes condamnés du passé. Après le 10 août, la Révolution
les poursuivit partout où elle les put atteindre. Au Havre, non
seulement elles disparurent des édifices, mais on les proscrivit
encore jusque chez les particuliers. Sur la tour François 1er, on
détruisit la statue du fondateur du Havre, de l'adversaire de
l'hégémonie espagnole, de l'allié de Soliman.
En la faisant ainsi tomber sous un marteau sacrilège, les
héros du club havrais des Jacobins croyaient sans doute faire
preuve de leur indépendance de caractère et donner à l'esprit
nouveau des gages solides de leur patriotisme?
Dans cette réaction furieuse contre l'ancien régime, les ar-
moiries étaient la forme tangible qui rappelait des siècles de
royauté, de féodalité, de servitude consentie et volontaire. A
ce titre elles devaient périr.
Ne rappelaient-elles que cela? N'avaient-elles pas été les em-
blèmes visibles de la puissante cristallisation des communes
françaises, la manifestation de leur autonomie, le premier
symbole d'émancipation du Tiers-État urbain? N'était-ce pas
autour de leurs enseignes armoriées que voici tantôt sept siè-
cles, à Bouvines, les milices communales, répondant à l'appel
de Philippe-Auguste, avaient brisé l'effort de l'empire germani-
que?
Les armoiries disparurent. On détruisit les sceaux, on ratura
les livres, on gratta sur les édifices les signes royaux ou nobi-
liaires, on abattit les statues ; dans bien des endroits on brûla
les chartes et les titres « gothiques ». Avec une stupéfiante
naïveté, on prétendit faire table rase du passé, refaire une
France sans attaches avec l'ancienne , toute neuve, sortant du
(1) Une protestation fut même élevée à ce propos le 23 avril 1790 « contre l'uni-
forme écarlate adopté depuis la Révolution et tiré anciennement du blason de la
ville ».
(2) IL était aux armes de la ville et aux couleurs des quatre quartiers.
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