Maintenant, notre aubergiste l'est-il tant que cela?«D'au- cuns disent oui,— lui, par exemple, s'il faut en croire ses oeuvres; d'autres m'ont l'air assez sceptiques, et ce sont des gens qui m'ont l'air également assez bien renseignés. Ils m'ont appris, du reste, que l'aubergiste a connu cette bonne fortune d'avoir pour maître Gustave Le Vavasseur, et le commerce de cette nature aristocratique n'a guère de rap- port avec les relations habituelles que les cabaretiers de village trouvent dans une clientèle assurément peu fine et peu délicate. J'ai ouï dire encore, — je crois bien que c'est par M. Le Goffic, qui le racontait dans une de ses chro- niques insérées par un journal du Havre, — que Paul Harel. n'a pas étésansfaire quelques infidélités à ses fourneaux. On l'a rencontré dans Paris, soit aux abords de l'Odéon, qui joua de lui une pièce en vers justement applaudie, Ytlerbager, soit dans le voisinage d'une Revue littéraire, la Quinzaine, dont notre poète fut quelque temps le directeur. Mais il se peut aussi que tous ces récits ne soient que mensonge, et la vérité c'est que Paul Harel habite Echauffour et qu'il y tient auberge. Je pourrais presque en jurer ; je ne suis pas allé y voir ; mais je possède au moins une lettre de lui ; elle est bien timbrée delà-bas.
Là-bas, c'est le verdoyant pays qu'il a chanté dans son pre- mier volume, Sous les Pommiers, qui lui valait pour ses débuis un prix de l'Académie. J'oserai vous parler de ce recueil-, bien que l'auteur ne semble plus y tenir beaucoup ; du moins, c'est le jugement assez dédaigneux que 'j'ai cru trouver dans telle lettre de Harel. Mais nous ne sommes pas forcés de le suivre dans cette voie et de faire aussi bon .marché que lui de ses premiers essais. Les artistes sont de terribles gens :.ils vous ont une façon de se juger dont il faut parfois se défier. Ainsi Corneille s'imaginait que son véritable chef-d'oeuvre c'était îïodogune : il était las sans doute de s'entendre appeler l'auteur du Cid. Un grand peintre, Ingres, était plus sensible aux com- pliments que lui attirait son talent de violoniste qu'à ses succès
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