Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1915-07-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 juillet 1915 01 juillet 1915
Description : 1915/07/01 (A82)-1915/09/30. 1915/07/01 (A82)-1915/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5569871g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 208 -
changé. J'ai maintenant, non pas du dédain, mais une sorte
d'éloignement pour les écrivains qui me jetaient alors dans
des transports d'admiration. Pour les rouvrjr, il me faudrait
faire effort. Que nous puissions tellement changer, c'est un
mystère assez inquiétant, car je me dis bien que mes opinions
d'aujourd'hui doivent valoir mieux, puisqu'elles reposent sur
plus d'expérience, de réflexion et de souffrance. Mais avancer
en sagesse, c'est avancer aussi en défiance, en doute, en
négation; et j'étais donc un être plus harmonieux, plus sym-
pathique, en tout cas plus heureux dans ma jeunesse mal in-
formée que dans ma maturité trop avertie. Mais quoi ! Rien ne
vaut la vérité. »
*
Nous avons vu Jules Lemaître organiser son existence
havraise. Accompagnons-le maintenant au lycée, rue Ancelot.
Quand il arrive dans la cour d'honneur, il se frotte vigoureuse-
ment les mains, comme s'il avait grand froid. Il pénètre ensuite
dans sa classe et voici ce qu'il nous en raconte dans sa conférence
de 1913, que je vais encore citer abondamment, car c'est tout
profit pour vous et pour moi, de lui céder le plus possible la
parole. « Dans ma classe, j'étais tout à fait le camarade de mes
élèves. Je ne les. punissais pas; je ne leur faisais pas faire
beaucoup d'explications en grec ni en latin; mais j'avais ce
sentiment, que j'agissais plus sur eux par la conversation et
les lectures, que je ne l'eusse fait par un enseignement métho-
dique. Je les tenais au courant de mes propres découvertes.
L'Assommoir de Zola paraissait alors dans une petite revue :
La République des Lettres. Je leur en lisais des passages : La Noce,
La Visite au Louvre, Le Repas chez les Coupeau... Je lisais
aussi à mes élèves du Flaubert, beaucoup de Flaubert, parce
que. je l'admirais extrêmement, parce que les Normands
s'enorgueillissaient de lui, et parce que, habitant Croisset,
près dev Rouen, il était un peu notre voisin. A propos de Tite-
Live et du Conciones, je leur lisais des chapitres de Salammbô,
pour leur apprendre ce que c'était que la guerre antique; et je
leur lisais dans Madame Bovary, le discours du conseiller Lieu-
vain au Comice agricole, pour leur apprendre comment il ne
faut pas écrire... En somme, je leur lisais, à mesure, à peu
près tout ce que j'avais lu moi-même. J'ai conscience de ne les
changé. J'ai maintenant, non pas du dédain, mais une sorte
d'éloignement pour les écrivains qui me jetaient alors dans
des transports d'admiration. Pour les rouvrjr, il me faudrait
faire effort. Que nous puissions tellement changer, c'est un
mystère assez inquiétant, car je me dis bien que mes opinions
d'aujourd'hui doivent valoir mieux, puisqu'elles reposent sur
plus d'expérience, de réflexion et de souffrance. Mais avancer
en sagesse, c'est avancer aussi en défiance, en doute, en
négation; et j'étais donc un être plus harmonieux, plus sym-
pathique, en tout cas plus heureux dans ma jeunesse mal in-
formée que dans ma maturité trop avertie. Mais quoi ! Rien ne
vaut la vérité. »
*
Nous avons vu Jules Lemaître organiser son existence
havraise. Accompagnons-le maintenant au lycée, rue Ancelot.
Quand il arrive dans la cour d'honneur, il se frotte vigoureuse-
ment les mains, comme s'il avait grand froid. Il pénètre ensuite
dans sa classe et voici ce qu'il nous en raconte dans sa conférence
de 1913, que je vais encore citer abondamment, car c'est tout
profit pour vous et pour moi, de lui céder le plus possible la
parole. « Dans ma classe, j'étais tout à fait le camarade de mes
élèves. Je ne les. punissais pas; je ne leur faisais pas faire
beaucoup d'explications en grec ni en latin; mais j'avais ce
sentiment, que j'agissais plus sur eux par la conversation et
les lectures, que je ne l'eusse fait par un enseignement métho-
dique. Je les tenais au courant de mes propres découvertes.
L'Assommoir de Zola paraissait alors dans une petite revue :
La République des Lettres. Je leur en lisais des passages : La Noce,
La Visite au Louvre, Le Repas chez les Coupeau... Je lisais
aussi à mes élèves du Flaubert, beaucoup de Flaubert, parce
que. je l'admirais extrêmement, parce que les Normands
s'enorgueillissaient de lui, et parce que, habitant Croisset,
près dev Rouen, il était un peu notre voisin. A propos de Tite-
Live et du Conciones, je leur lisais des chapitres de Salammbô,
pour leur apprendre ce que c'était que la guerre antique; et je
leur lisais dans Madame Bovary, le discours du conseiller Lieu-
vain au Comice agricole, pour leur apprendre comment il ne
faut pas écrire... En somme, je leur lisais, à mesure, à peu
près tout ce que j'avais lu moi-même. J'ai conscience de ne les
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
- Auteurs similaires Société havraise d'études diverses Société havraise d'études diverses /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Société havraise d'études diverses" or dc.contributor adj "Société havraise d'études diverses")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 8/88
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5569871g/f8.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5569871g/f8.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5569871g/f8.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5569871g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5569871g
Facebook
Twitter