Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1915-07-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 juillet 1915 01 juillet 1915
Description : 1915/07/01 (A82)-1915/09/30. 1915/07/01 (A82)-1915/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5569871g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 206 —
ture anglaises a la Sorbonne. « J'ai passé une année dans l'inti-
mité la plus complète avec Jules Lemaître, veut bien m'écrire
l'honorable M. Baret. Nous habitions deux chambres contiguës
dans un garni de la rue Piedfort, et nous prenions nôtre pen-
sion dans le même hôtel. Il sortait de l'École. Il était aussi
ingénu que cultivé et avait tout le charme de la jeunesse. Il
était épris de littérature, et la pédagogie n'existait pas pour lui.
Il s'était rendu à son premier poste, simplement parce qu'il
avait reçu un document du ministère lui prescrivant de s'y
rendre. Quand il ouvrit sa malle devant moi, je fus quelque
peu surpris de constater que toute sa bibliothèque se compo-
sait de plusieurs pipes, d'un paroissien et d'un petit diction-
naire grec de Chassang. Quand il voulait écrire ou consulter
un livre, il venait simplement chez moi. Il fumait énormément,
et même dans son lit; c'était son seul vice, mais un vice choyé.
Il paraissait encore plus jeune que son âge, tarit il était frêle
et peu pourvu de barbe. Il avait pourtant une abondante
chevelure qui se relevait sur son front en une touffe rappelant
celle de Rochefort (1). Il tenait à cette ressemblance un peu
lointaine, et faisait son possible pour l'accentuer; non pas
qu'il partageât en rien les idées du célèbre pamphlétaire, mais
simplement parce que tout ce qui se rapportait à Paris et à la
littérature lui était cher. »
Le restaurant fréquenté par Lemaître était d'abord l'hôtel
Richelieu, rue de Paris, où se trouve aujourd'hui la chapellerie
Oswald, et plus tard, une pension de famille au coin de la rue
de Saint-Quentin et de la rue Dicquemâre. Son café de prédilec-
tion était le Café Félix (le Crédit Lyonnais actuel). Pour peu
qu'un tiers se joignît aux habitués, Jules Lemaître devenait
tout-à-coup mélancolique, s'absorbait le plus souvent dans la
lecture des journaux, parlait peu, écoutait davantage, et se
bornait généralement à quelques remarques pleines de bon
sens et d'une fine ironie, énoncées toujours avec beaucoup de
bonhomie et d'humour. Rien, bien entendu, du rhéteur pom-
peux et grandiloquent. Dans son esprit, facilement porté à la
(1) Dans la troisième série de ses Contemporains, en 1887, J. Lemaître parle en
ces termes de Rochefort et de sa chevelure : « Tête tourmentée et bizarre, pleine
de protubérances et de méplats, surmontée d'un toupet comme on en voit flamboyer
sous le lustre des cirques, et où il y a, en effet, du Méphisto et du clown, et peut-
être aussi du chevalier de la triste figure. »
ture anglaises a la Sorbonne. « J'ai passé une année dans l'inti-
mité la plus complète avec Jules Lemaître, veut bien m'écrire
l'honorable M. Baret. Nous habitions deux chambres contiguës
dans un garni de la rue Piedfort, et nous prenions nôtre pen-
sion dans le même hôtel. Il sortait de l'École. Il était aussi
ingénu que cultivé et avait tout le charme de la jeunesse. Il
était épris de littérature, et la pédagogie n'existait pas pour lui.
Il s'était rendu à son premier poste, simplement parce qu'il
avait reçu un document du ministère lui prescrivant de s'y
rendre. Quand il ouvrit sa malle devant moi, je fus quelque
peu surpris de constater que toute sa bibliothèque se compo-
sait de plusieurs pipes, d'un paroissien et d'un petit diction-
naire grec de Chassang. Quand il voulait écrire ou consulter
un livre, il venait simplement chez moi. Il fumait énormément,
et même dans son lit; c'était son seul vice, mais un vice choyé.
Il paraissait encore plus jeune que son âge, tarit il était frêle
et peu pourvu de barbe. Il avait pourtant une abondante
chevelure qui se relevait sur son front en une touffe rappelant
celle de Rochefort (1). Il tenait à cette ressemblance un peu
lointaine, et faisait son possible pour l'accentuer; non pas
qu'il partageât en rien les idées du célèbre pamphlétaire, mais
simplement parce que tout ce qui se rapportait à Paris et à la
littérature lui était cher. »
Le restaurant fréquenté par Lemaître était d'abord l'hôtel
Richelieu, rue de Paris, où se trouve aujourd'hui la chapellerie
Oswald, et plus tard, une pension de famille au coin de la rue
de Saint-Quentin et de la rue Dicquemâre. Son café de prédilec-
tion était le Café Félix (le Crédit Lyonnais actuel). Pour peu
qu'un tiers se joignît aux habitués, Jules Lemaître devenait
tout-à-coup mélancolique, s'absorbait le plus souvent dans la
lecture des journaux, parlait peu, écoutait davantage, et se
bornait généralement à quelques remarques pleines de bon
sens et d'une fine ironie, énoncées toujours avec beaucoup de
bonhomie et d'humour. Rien, bien entendu, du rhéteur pom-
peux et grandiloquent. Dans son esprit, facilement porté à la
(1) Dans la troisième série de ses Contemporains, en 1887, J. Lemaître parle en
ces termes de Rochefort et de sa chevelure : « Tête tourmentée et bizarre, pleine
de protubérances et de méplats, surmontée d'un toupet comme on en voit flamboyer
sous le lustre des cirques, et où il y a, en effet, du Méphisto et du clown, et peut-
être aussi du chevalier de la triste figure. »
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
- Auteurs similaires Société havraise d'études diverses Société havraise d'études diverses /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Société havraise d'études diverses" or dc.contributor adj "Société havraise d'études diverses")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 6/88
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5569871g/f6.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5569871g/f6.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5569871g/f6.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5569871g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5569871g