Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1888-02-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 18 février 1888 18 février 1888
Description : 1888/02/18 (A1,N24)-1888/02/25. 1888/02/18 (A1,N24)-1888/02/25.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55456191
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
PREMIÈRE ANNÉE, N° 24. CINQ C E N T | M E S Du 18 AU 25 FÉv. 18||J^.
A Y I S
Nos amis des localités éloignées, ré-
clamant que le journal leur parvienne
de très bonne heure, nous 'prions nos
correspondants de bien vouloir nous
faire parvenir leur copie le mardi —
convocations et communications impor-
tantes le mercredi' malin au plus tard.
LE VOTE
Que les hâbleurs de la politique,
les déclassés qui cherchent dans les
arènes parlementaires à se créer une
situation honorifique financièrement
parlant, prônent le suffrage univer-
sel et en fassent leurs choux gras,
rien que de très naturel. Ils n'ont
d'autre visée que de jeter de la pou-
dre aux yeux du peuple et de se his-
ser au pouvoir en le trompant autant
qu'il est nécessaire. -^
Mais que des hommes se disant
socialistes et révolutionnaires, se
servent de cette arme, c'est de leur
part un étrange moyen de saper la
vieille société.
Autant vaudrait entendre un libre-
penseur vanter l'assiduité à toutes
mascarades catholiques et protes-
tantes, cherchant à devenir membre
du clergé ou poussant aux situations
honorifiques de la hiérarchie reli-
gieuse tels de ses confrères — et as-
surant cette tactique baroque, très
efficace panacée contre la cangrène
religieuse.
Vrai, je ne sais lequel des deux
l'emporte en niaiserie — ou en rou-
blarderie — de ce libre-penseur étran-
ge ou des socialistes en question.
Mais affirmer d'un adversaire qu'il
est roublard ou niais, ne tait pas faire
un pas à la question — il peut vous
renvoyer la balle. C'est un mauvais
mode de raisonner que celui-là et
pour concluant qu'il soit, il n'est
guère probant et n'en traîne pas la
conviction. Il est donc utile de faire
autrechose que se lancer desêpithè-
tes à la figure — tout comme les hé-
ros d'Homère.
Le passé devrait pourtant nousavoir
ouvert les yeux à tous ; depuis qu'il
fonctionne le suffrage universel n'a i
pas donné de résultats heureux, mais i
agent de corruption il a dépravé ceux <
qui s'en sont servi. C'est fatal, toutes
les belles phrases des hommes pra-
tiques ne prévaudront pas contre les
faits ; — du moment que vous vous
mêlez à des choses pas propres, il est
simplequevous soyez un tantinet sa-
lis.
Une divergence profonde entre les
idées de rénovation des socialistes
parlementaires et les nôtres est cause
primordiale de l'appréciation diffé-
rente que nous portons sur le bulle-
tin de vote.
Ils sont gouvernementaux, nous
sommes anti-autoritaires. Ils cher-
chent à faire la Révolution par en
haut, en s'emparant du pouvoir et
ordonnantàcoupsdedéoretsla trans-
formation sociale. De div( rses écoles
(possibilistes ou guesdistes) &\$ va-,
^i'iwvt dans d«^fiOocmdairoB mttmes*;^ |
les uns visent plus activement la con-
quête des municipalités ; mais,: mi-
ses à part, ces légères nuances qui
sont plutôt le fait de rancunes indi-
viduelles que de véritables divergen-
ges d'idées, ils doivent être classés
sous l'épithète commune d'étatistes.
— Et à ce titre ils sont l'incarnation
dernière de l'esprit de conservatis-
me ; le passé n'a pas de pi us puissant
rempart à opposer au progrès que
cette gigantesque machine formida-
blement centralisée : l'État.
De cettedifférencedansle but pour-
suivi, découle l'interprétation dissem-
blable des moyens d'agitation. Vou-
lant supprimer l'Étatqui n'a aucune
raison d'être que dans une société
composée de bourgeois et de sala-
riés, et dont le seul rôle est de faire
respecter les intérêts de la classe do-
minante, nous n'avons pas à nous
.immiscer dans les tripotages électo-
raux — qui toits supposent de prime
abord que l'utilité de l'État est prin-
cipe admiset indiscutable.
Quoique partisans de l'État, les
socialistes autoritaires, voulant com-
menous l'émancipation économique
du prolétariat ; émancipation irréa-
lisable sans son corollaire immédiat i
la mort de l'État. Il est vrai qu'ils ]
nous assurent qu^ le pouvoir com-
muniste qui s'érigerait sur les ruines
du pouvoir bourgeois n'aurait rien
de commun avec celui-ci.
C'est là une simple affirmation.
Nous savons trop et — par expérien-
ce — combien le vertige du pouvoir
est dangereux pour ceux qui subis-
sent son influence.'Il y a eu des tas
d'hommes qui la veille des élections
se disaient socialistes et qui nommés
le restaient à peine quarante-huit
heures.Nousenavonsbienà la Cham-
bre actuelle au moins une dizaine de
ces farouchesj très calmes et paisi-
bles maintenant et qui oublieux de
leur fougue d'antan, commencent à
prenare du ventre.
Une fois élus, même les plus fiers
d'entre les prolétaires se refroidis-
sent, ils deviennent parlementaires.
— Vous comprenez quand on est à
la chambre il faut respecter la fôôr-
me. Et petit à petit sans qu'eux niêr-
§meo1»t6WT%nden1;t;6nipte, isolés qu'ils
sont, transportés hors de leur milieu
naturel, ils s'amolissent et ne gar-
dent rien de leurs idées prolétarien-
nes. Et au fond c'est logique, ils ne
sont plus des prolétaires ; leur élec-
tion les a embourgeoisés, et grâce
aux avances que ne manquent de leur
faire d'adroite manière les roués du
parlementarisme, ils changent rapi-
dement de peau.
Au conseil municipal de Paris il y
a aussi une dizaine de socialistes.
Unis entre eux, habiles tacticiens,
ils sont une force et très influente.
Cette force est-elle utile à la Révo-
lution ? Non ; ils la mettent au ser-
vice de compétitions de clocher. Le
grand but qu'ils poursuivent ils en
parlent le moins possible ; ils se
taillent des sinécures sur le dos des
Parisiens, casentleurs protégés, pro-
mettent à tel quartier de faire repa-
ver toile rue ou racler tel mur ; mais
d'abolition du salariat, d'émancipa-
tion économique, de restitution des
fortunes détenues par la bourgeoisie,
il n'en est pas question. Pour des in-
térêts mesquins, tout à fait du goût
des petits boutiquiers rapaces, ils dé-
tournent lo Prolétariat de l'objectif
i qui devrait constamment le préoccu-
, j per.
A Y I S
Nos amis des localités éloignées, ré-
clamant que le journal leur parvienne
de très bonne heure, nous 'prions nos
correspondants de bien vouloir nous
faire parvenir leur copie le mardi —
convocations et communications impor-
tantes le mercredi' malin au plus tard.
LE VOTE
Que les hâbleurs de la politique,
les déclassés qui cherchent dans les
arènes parlementaires à se créer une
situation honorifique financièrement
parlant, prônent le suffrage univer-
sel et en fassent leurs choux gras,
rien que de très naturel. Ils n'ont
d'autre visée que de jeter de la pou-
dre aux yeux du peuple et de se his-
ser au pouvoir en le trompant autant
qu'il est nécessaire. -^
Mais que des hommes se disant
socialistes et révolutionnaires, se
servent de cette arme, c'est de leur
part un étrange moyen de saper la
vieille société.
Autant vaudrait entendre un libre-
penseur vanter l'assiduité à toutes
mascarades catholiques et protes-
tantes, cherchant à devenir membre
du clergé ou poussant aux situations
honorifiques de la hiérarchie reli-
gieuse tels de ses confrères — et as-
surant cette tactique baroque, très
efficace panacée contre la cangrène
religieuse.
Vrai, je ne sais lequel des deux
l'emporte en niaiserie — ou en rou-
blarderie — de ce libre-penseur étran-
ge ou des socialistes en question.
Mais affirmer d'un adversaire qu'il
est roublard ou niais, ne tait pas faire
un pas à la question — il peut vous
renvoyer la balle. C'est un mauvais
mode de raisonner que celui-là et
pour concluant qu'il soit, il n'est
guère probant et n'en traîne pas la
conviction. Il est donc utile de faire
autrechose que se lancer desêpithè-
tes à la figure — tout comme les hé-
ros d'Homère.
Le passé devrait pourtant nousavoir
ouvert les yeux à tous ; depuis qu'il
fonctionne le suffrage universel n'a i
pas donné de résultats heureux, mais i
agent de corruption il a dépravé ceux <
qui s'en sont servi. C'est fatal, toutes
les belles phrases des hommes pra-
tiques ne prévaudront pas contre les
faits ; — du moment que vous vous
mêlez à des choses pas propres, il est
simplequevous soyez un tantinet sa-
lis.
Une divergence profonde entre les
idées de rénovation des socialistes
parlementaires et les nôtres est cause
primordiale de l'appréciation diffé-
rente que nous portons sur le bulle-
tin de vote.
Ils sont gouvernementaux, nous
sommes anti-autoritaires. Ils cher-
chent à faire la Révolution par en
haut, en s'emparant du pouvoir et
ordonnantàcoupsdedéoretsla trans-
formation sociale. De div( rses écoles
(possibilistes ou guesdistes) &\$ va-,
^i'iwvt dans d«^fiOocmdairoB mttmes*;^ |
les uns visent plus activement la con-
quête des municipalités ; mais,: mi-
ses à part, ces légères nuances qui
sont plutôt le fait de rancunes indi-
viduelles que de véritables divergen-
ges d'idées, ils doivent être classés
sous l'épithète commune d'étatistes.
— Et à ce titre ils sont l'incarnation
dernière de l'esprit de conservatis-
me ; le passé n'a pas de pi us puissant
rempart à opposer au progrès que
cette gigantesque machine formida-
blement centralisée : l'État.
De cettedifférencedansle but pour-
suivi, découle l'interprétation dissem-
blable des moyens d'agitation. Vou-
lant supprimer l'Étatqui n'a aucune
raison d'être que dans une société
composée de bourgeois et de sala-
riés, et dont le seul rôle est de faire
respecter les intérêts de la classe do-
minante, nous n'avons pas à nous
.immiscer dans les tripotages électo-
raux — qui toits supposent de prime
abord que l'utilité de l'État est prin-
cipe admiset indiscutable.
Quoique partisans de l'État, les
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menous l'émancipation économique
du prolétariat ; émancipation irréa-
lisable sans son corollaire immédiat i
la mort de l'État. Il est vrai qu'ils ]
nous assurent qu^ le pouvoir com-
muniste qui s'érigerait sur les ruines
du pouvoir bourgeois n'aurait rien
de commun avec celui-ci.
C'est là une simple affirmation.
Nous savons trop et — par expérien-
ce — combien le vertige du pouvoir
est dangereux pour ceux qui subis-
sent son influence.'Il y a eu des tas
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le restaient à peine quarante-huit
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ces farouchesj très calmes et paisi-
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leur fougue d'antan, commencent à
prenare du ventre.
Une fois élus, même les plus fiers
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— Vous comprenez quand on est à
la chambre il faut respecter la fôôr-
me. Et petit à petit sans qu'eux niêr-
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sont, transportés hors de leur milieu
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dent rien de leurs idées prolétarien-
nes. Et au fond c'est logique, ils ne
sont plus des prolétaires ; leur élec-
tion les a embourgeoisés, et grâce
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faire d'adroite manière les roués du
parlementarisme, ils changent rapi-
dement de peau.
Au conseil municipal de Paris il y
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Unis entre eux, habiles tacticiens,
ils sont une force et très influente.
Cette force est-elle utile à la Révo-
lution ? Non ; ils la mettent au ser-
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grand but qu'ils poursuivent ils en
parlent le moins possible ; ils se
taillent des sinécures sur le dos des
Parisiens, casentleurs protégés, pro-
mettent à tel quartier de faire repa-
ver toile rue ou racler tel mur ; mais
d'abolition du salariat, d'émancipa-
tion économique, de restitution des
fortunes détenues par la bourgeoisie,
il n'en est pas question. Pour des in-
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