Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1888-02-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 25 février 1888 25 février 1888
Description : 1888/02/25 (A1,N25)-1888/03. 1888/02/25 (A1,N25)-1888/03.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5545627k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
PREMIÈRE ANNÉK- N° 25.
'immaaaLinuM^s^ss^ss^sssBsss:
CINQ O E N T ï M E S
Du 25 FÉV.AU MARS igS^î^rr
AVIS
IVbs amis des localités éloignées, ré-
clamant que, le journal leur parvienne
de très bonne heure, nous jurions nos
correspondants de bien vouloir nous
faire parvenir leur copie le mardi ■—
convocations et communications impor-
tantes le mercredi malin au plus tard.
L'AUMONE
Par ce temps de crise économique
intense que nous subissons, le nom ■
bro desouvriers son s travail s'accroît
dansune proportion effrayante. Dans
les villes, ils vaguent, à l'aventure au
travers des rues et des promenades,
dans les campagnes ils vont de vil-
lage en hameau — toujours en quête
du travail sauveur qui assurerait la
pitance. Mais malheureux sort ! l'ou-
vrage est rare, le pain aussi.
Que faire? s'asseoir au coin d'une
porte cochère, s'affaler sur un banc
ou se coucher dans le fossé d'une
grandoroute et attendre la mort. Mais
la camai de est lente à. venir et d'ici
là les boyaux se tordent dans le ven-
tre creux.
Et puis est-ce qu'on se laisse mou-
rir ainsi; n'y a-t-U plus d'hommes
pour venir on aide à celui-là ? La
charité n'a pas encore totalement
disparue de ce bas monde ! Et in-
consciemment la main se tc^d, les
lèvres en unbredouiliemenf honteux
expriment pathétiquement les an-
goisses de la faim. — Si le malheu-
reux est un da ces timides n'osant
avancer le bras, il peut se faire que
sa minable physionomie attire com-
passion et qu'une main vienne vers
la sienne.
En outresouvent on n'est pas seul
à mourir de faim ; c'est cela.qui aug-
mente la douleur et est plus épou-
vantable que les maux d'entrailles !
U y a femme et petiots derrière, et
si la main refusait de se tendre pour
soi-même pour les marmots el\e n'hé-
site pas.
Et petit à petit, à côté de la popu-
lation qui produit encore tt grâce à
l'amoncellement graduel des pro-
duits non consommés, s'est formé
une population nouvelle — instable
eUlottante — mais toujours grandis-
saute. Il faut viyre et quand on ne
crée pas soi- même, on ne peut con-
tinuer à le faire qu'aux crochets des
producteurs. C'est ce qui est arrivé
les prolétaires nourrissent les sans-
travail ; c'est pour eux autant de ro-
gné sur leur salaire. Il leur fallait dé-
jà suffire aux exigences des bour-
geois et voici que la mauvaise répar-
tition des produits, les force à nour-
rir ces malheureuses victimes d'une
idiote et barbare société.
L'aumône s'est généralisée ; elle
n'est plus un fuit particulier et à peu
près isolé, mais passe presque à. l'é-
tat d'institution. Les pauvres diables
que le chômage atteint tendent pres-
que tous la main ; d'abord, ils lord
l'ait à contre-coeur, mais l'habitude
aidant, la répugnance a diminué,
quelquefois totalement disparu.
Celui qui a la main largement ou-
verte pour donner, c'est, est-il be-
soin de le dire, le prolétaire — il sait
ce qu'estla faim. Le bourgeois donne
aussi — mais ce qu'il donne il l'a pris
dans la poche des travailleurs. D'au-
tre part site riche il donne dix sous,
moi pauvre deux — comparant nos
situationsrespectivcs, j'ai donné cent
sous et il a à peine donné un centi-
me.
Quant à tous les palliatifs bour-
geois, toutes les institutions de bien-
faisance, elles ne servent qu'à jeter
de la poudre aux yeux El seraient-
elles efficaces que leur action serait
bien peu de chose, une fraise dans
lagueuled'un loup. Leur utilité n'est
sensible que pour les roublards qui
les administrent, ceux-là en firent
largement profit.
Le danger de ces meurs nouvelles
est grand' L'aumône est chose avilis-
sante, et celui que la force des cho-
ses pousse à s'en faire un gagne-pain
perd rapipement tous les caractères
de dignité, d'indépendance, de fierté,
de respect de soi-même, qui sontl'a-
p an âge de l'être humain.
Le remède, le seul efficace, nous
le connaissons ; mais nos frères de
misère ne se sont pas encore assez
rendus compte, que la Révolution
seule peut leur donner le bien-être
auquel ils aspirent. Avec la société
actuelle disparaîtront toutes les in-
famies et les pratiques avilissantes
■— telles que l'aumône n'auront plus
de raison d'être.
Mais en attendant, faut-il que les
pauvres diables sans travail crèvent
de. faim ? Il y aurait pour eux un mo-
yen de venir en aide" aux révolution-
naires, ce serait de se révolter. Mais
à un exténué peut-on demander un
acte d'énergie ?
Ce qu'ils auraient à faire est sim-
ple et no demande' qu'un peu de
courage et la conscience que l'ouest
un homme et qu'à ce compte on a
droit à l'existence.
Les magasinsregorgentdeproduits
de toutes sortes, n'attendant que des
consommateurs. Que ne vont-ils ici
et là, prendre ce dontils ont besoin.
Là le pain qui leur manque, là la
viande, ici le vêtement qui les ga-
rantiront du froid. II. y a dans tous
les hôtels des chambres inhabitées,
dans tous les quartiers des maisons
vides, que n'y vont-ils !
Et si journellement quelque gue-
nilleuxaccomplissait un acte d'éner-
gie similaire, vous verriez rapide-
ment les choses prendre une face
nouvelle. Les mettrait-on en prison,
mais elles sont bondées ! Et puis il
faudrait des prisonsgrandes comme
d'énormes villes. Et les geôliers où.
les prendrait-on — le résultat serait
[ que la moitié do la société garderait;
l'autre moitié d.tns un formidable
Mazas.
C'est dire comme avec des actes
semblables la dislocation sociale s'ac-
complirait rapidement. Les bourgois
verraient enlin leurs richesses reve-
nir aux. véritables possesseurs, les
prolétaires qu'ils dépouillent.
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Du 25 FÉV.AU MARS igS^î^rr
AVIS
IVbs amis des localités éloignées, ré-
clamant que, le journal leur parvienne
de très bonne heure, nous jurions nos
correspondants de bien vouloir nous
faire parvenir leur copie le mardi ■—
convocations et communications impor-
tantes le mercredi malin au plus tard.
L'AUMONE
Par ce temps de crise économique
intense que nous subissons, le nom ■
bro desouvriers son s travail s'accroît
dansune proportion effrayante. Dans
les villes, ils vaguent, à l'aventure au
travers des rues et des promenades,
dans les campagnes ils vont de vil-
lage en hameau — toujours en quête
du travail sauveur qui assurerait la
pitance. Mais malheureux sort ! l'ou-
vrage est rare, le pain aussi.
Que faire? s'asseoir au coin d'une
porte cochère, s'affaler sur un banc
ou se coucher dans le fossé d'une
grandoroute et attendre la mort. Mais
la camai de est lente à. venir et d'ici
là les boyaux se tordent dans le ven-
tre creux.
Et puis est-ce qu'on se laisse mou-
rir ainsi; n'y a-t-U plus d'hommes
pour venir on aide à celui-là ? La
charité n'a pas encore totalement
disparue de ce bas monde ! Et in-
consciemment la main se tc^d, les
lèvres en unbredouiliemenf honteux
expriment pathétiquement les an-
goisses de la faim. — Si le malheu-
reux est un da ces timides n'osant
avancer le bras, il peut se faire que
sa minable physionomie attire com-
passion et qu'une main vienne vers
la sienne.
En outresouvent on n'est pas seul
à mourir de faim ; c'est cela.qui aug-
mente la douleur et est plus épou-
vantable que les maux d'entrailles !
U y a femme et petiots derrière, et
si la main refusait de se tendre pour
soi-même pour les marmots el\e n'hé-
site pas.
Et petit à petit, à côté de la popu-
lation qui produit encore tt grâce à
l'amoncellement graduel des pro-
duits non consommés, s'est formé
une population nouvelle — instable
eUlottante — mais toujours grandis-
saute. Il faut viyre et quand on ne
crée pas soi- même, on ne peut con-
tinuer à le faire qu'aux crochets des
producteurs. C'est ce qui est arrivé
les prolétaires nourrissent les sans-
travail ; c'est pour eux autant de ro-
gné sur leur salaire. Il leur fallait dé-
jà suffire aux exigences des bour-
geois et voici que la mauvaise répar-
tition des produits, les force à nour-
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idiote et barbare société.
L'aumône s'est généralisée ; elle
n'est plus un fuit particulier et à peu
près isolé, mais passe presque à. l'é-
tat d'institution. Les pauvres diables
que le chômage atteint tendent pres-
que tous la main ; d'abord, ils lord
l'ait à contre-coeur, mais l'habitude
aidant, la répugnance a diminué,
quelquefois totalement disparu.
Celui qui a la main largement ou-
verte pour donner, c'est, est-il be-
soin de le dire, le prolétaire — il sait
ce qu'estla faim. Le bourgeois donne
aussi — mais ce qu'il donne il l'a pris
dans la poche des travailleurs. D'au-
tre part site riche il donne dix sous,
moi pauvre deux — comparant nos
situationsrespectivcs, j'ai donné cent
sous et il a à peine donné un centi-
me.
Quant à tous les palliatifs bour-
geois, toutes les institutions de bien-
faisance, elles ne servent qu'à jeter
de la poudre aux yeux El seraient-
elles efficaces que leur action serait
bien peu de chose, une fraise dans
lagueuled'un loup. Leur utilité n'est
sensible que pour les roublards qui
les administrent, ceux-là en firent
largement profit.
Le danger de ces meurs nouvelles
est grand' L'aumône est chose avilis-
sante, et celui que la force des cho-
ses pousse à s'en faire un gagne-pain
perd rapipement tous les caractères
de dignité, d'indépendance, de fierté,
de respect de soi-même, qui sontl'a-
p an âge de l'être humain.
Le remède, le seul efficace, nous
le connaissons ; mais nos frères de
misère ne se sont pas encore assez
rendus compte, que la Révolution
seule peut leur donner le bien-être
auquel ils aspirent. Avec la société
actuelle disparaîtront toutes les in-
famies et les pratiques avilissantes
■— telles que l'aumône n'auront plus
de raison d'être.
Mais en attendant, faut-il que les
pauvres diables sans travail crèvent
de. faim ? Il y aurait pour eux un mo-
yen de venir en aide" aux révolution-
naires, ce serait de se révolter. Mais
à un exténué peut-on demander un
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Ce qu'ils auraient à faire est sim-
ple et no demande' qu'un peu de
courage et la conscience que l'ouest
un homme et qu'à ce compte on a
droit à l'existence.
Les magasinsregorgentdeproduits
de toutes sortes, n'attendant que des
consommateurs. Que ne vont-ils ici
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Là le pain qui leur manque, là la
viande, ici le vêtement qui les ga-
rantiront du froid. II. y a dans tous
les hôtels des chambres inhabitées,
dans tous les quartiers des maisons
vides, que n'y vont-ils !
Et si journellement quelque gue-
nilleuxaccomplissait un acte d'éner-
gie similaire, vous verriez rapide-
ment les choses prendre une face
nouvelle. Les mettrait-on en prison,
mais elles sont bondées ! Et puis il
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d'énormes villes. Et les geôliers où.
les prendrait-on — le résultat serait
[ que la moitié do la société garderait;
l'autre moitié d.tns un formidable
Mazas.
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