Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1933-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1933 01 avril 1933
Description : 1933/04/01-1933/06/30. 1933/04/01-1933/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565324n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
i
35 e ANNEE
TRIMESTRIEL
TRIMESTRE 1933
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|a As/ttèê v
Fondé en 1898, supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
ORGANE DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA PAIX
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d.'Honneur : Rév. Docteur M.J. ELLIOTT
CONSEIL INTERNATIONAL
M m ° Henriette ÛUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Pasteur Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SC H M'ITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
M me4 Marie FOUILLEN, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M" 1 ^ R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de
ADMINISTRATION SOCIALE
Abonnement :
Chèques postaux :
an 5 francs.
Docteur Mabius DUMESNIL
Le numéro O fr 50 j
PARIS n* 217.31
Souscriptions
Membre actif.
Membre militant. ...
2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
20 francs,
50 fran es
L’accession du chef des chemises brunes
Adolf Hitlerau poste de chancelier du Reich
a produit chez nos bons bourgeois l’effet
d'un bolide incandescent dans une mare de
grenouilles coassant à l’heure de l’apéritif....
Les uns ont vu déjà les avions Allemands les
aspergeant de gaz moutarde, les autres ont
embouché leur trompette et redoublé d’ardeur
pour lancer... les plus jeunes, à la frontière.
Mais on croirait, à voir leur étonnement,
qu’un coup de théâtre aussi inattendu qu’un
tremblement de terre venait de se produire,
comme si le triomphe des « nazis » n’était
pas la conclusion logique d’un mouvement
commencé depuis longtemps. Essayons, pour
voir plus clair, de comprendre les causes et
la signification du « phénomène Hitler ».
Pour comprendre l’évolution de l’Allemagne
il faut remonter à 1920, Le traité de Ver
sailles a apporté au peuple allemand une
grosse déception, il a suscité son indignation,
sa révolte et la volonté d’échapper à ses
obligations.
On se rappelle qu’au moment de l’armis
tice lesalliésavaient laissé entendre nettement
que la paix se ferait sur la base des 14 Points
de Wilson. Le peuple allemand le croyait.
Or les traités de Versailles, Trianon, St-
Germain ont été la négation de cette
promesse.
D’autre part souvenons-nous que les
Allemands n’ont pas été admis à discuter les
stipulations du traité : ils ont été mis en
demeure de l’accepter ou de le refuser, s’ils
refusaient nous envahissions l’Allemagne :
ils se sont soumis à contre cœur et, au
moment de signer, leurs plénipotentiaires ont
fait entendre une protestation solennelle. Ce
n’est pas sans raison qu’on dit en Allemagne :
le « diktat » de Versailles.
Ce traité imposé, par son fameux article
23 1 obligeait les Allemands à reconnaître
leur culpabilité unilatérale, affirmation que
nous savons manifestement fausse et men
songère. Ils n’ont jamais accepté cette con
damnation sans discussion et depuis le traité
ils ont toujours protesté - même les plus
pacifistes — contre la flétrissure qu’on leur
imposait.
Ce traité qui, loin de se fonder sur les
principes justes et solides du président
Wilson, était inspiré par la haine de Clé-
menceau et de Poincaré pour les Allemands
et visait à les humilier ne pouvait que pro
voquer outre-Rhin une sourde irritation et
préparer le terrain aux excitations nationa
listes cherchant à éluder les obligations de
Versailles et à préparer la revanche. Si nos
patriotes ont cherché pendant 43 ans la
revanche de 1870, quoi d’étonnant â voir le
même désir chez les patriotes allemands
alors que le traité de Versailles est beaucoup
plus dur — et plus infamant — que celui de
Francfort ?
Non seulement injuste et humiliant, le
traité est encore impraticable et plein
d’embuches. La nouvelle répartition'des ter
ritoires, l’oppression des minorités, le sort
faità l’Autriche, le corridor de Dantzig... etc.-,
ont créé plus de points de friction que dans
l’Europe de 1914.
Depuis 1920, nous n’avons cessé dans
rUniversel de nous élever contre cette « paix
malpropre» selon l’expression juste et imagée
d’Alcide Ebray, et d’en prédire les consé
quences qui se manifestent aujourd’hui. Les
événements nous donnent raison, trop raison,
hélas !
La politique poincariste — continuée par
les débiles successeurs du président de
guerre - a poursuivi sa route dans l’ornière
du traité. Au lieu de fixer nettement le
montant des réparations et de régler cette
question en des termes équitables et réali
sables, on a refusé d’abord les 100 milliards
de marks-or offerts par Brockdorf-Rantzau
et on a compliqué l’addition de façon à para
lyser d’une part l’activité économique de
l’Allemagne et de l’autre à permettre aux
mercantis de fructueuses « combines » dans
les régions dévastées. La mauvaise volonté
apportée à fixer un chiffre total, le spectacle
de la gabegie qui s’étalait à l’ombre des répa
rations joints à la perspective de devoir
verser des « tributs » comme ils disent, pen
dant 60 ans, a donné aux nationalistes alle
mands un beau motif à réveiller le senti
ment national, et la haine contre la France.
Un exploit retentissant de la politique
poincariste, en même temps qu’il nous alié
nait les sympathies de nos alliés, a donné un
coup de fouet au mouvement nationaliste en
Allemagne : ce fut l’occupation de la Ruhr.
C’est à ce moment que le mouvement .< nazi »
prit naissance, et, comme on l’a dit fort jus
tement : Hitler est un produit de la misère
et de la Ruhr.
Car il ne faut pas méconnaître l’impor
tance de ce facteur misère dans l’évolution
des esprits. Après une famine de 4 ans, par
suite du blocus (et quand on connaît l’appétit
des Allemands, on s’imagine quelle privation
ce put être) après la ruine des classes
moyennes par l’inflation, le chômage de
5 millions de travailleurs a créé une armée
de miséreux, désaxés, démoralisés, ouverts à
toutes les suggestions et prêts à suivre n’im
porte quel beau parleur audacieux qui leur
promettait un sort meilleur.
Les jeunes surtout qui n’ont pas fait la
guerre mais qui ont souffert de la faim pen
dant plusieurs années sont enclins à accuser
la France d’être l’auteur de tous leurs maux.
Ils ne voient pas pourquoi ils devraient toute
leur vie porter les conséquences des erreurs
de leurs aînés et travailler jusqu’à leur mort
pour payer les réparations. Elevée dans le
chaos de l’après-guerre, amorale et cynique
bien souvent, cette génération qui ne voit pas
de but à sa vie et d’aboutissement à ses
efforts est prête à toutes les aventures, et
elle a fourni à Hitler ses partisans les plus
enthousiastes.
Le traité de Versailles qui est à l’origine
de tout ce désordre procure encore aujour
d’hui aux nazis la matière de leurs revendi
cations les plus bruyantes.
Le préambule de la partie V du traité de
Versailles dit: « En vue de rendre possible la
préparation d'une limitation générale des
armements de toutes les nations , l’Allemagne
s’engage à observer strictement les clauses
militaires, navales et aériennes ci-après sti
pulées... »
D’autre part, le document interprétatif
remis par Clémenceau, au nom des alliés,
stipule que le désarmement de l’Allemagne
constitue le premier pas vers cette réduction
et cette limitation générale des armements,
que les dites puissances cherchent à réaliser
comme l’un des meilleurs moyens de pré
venir la guerre, réduction et limitation d’ar
mements que la S. D. N. aura, parmi ses
premiers devoirs, celui de provoquer.
Or, la France, l’Italie, la Pologne, la Tché
coslovaquie ont des armements plus impor
tants qu’avant la guerre ; l'Angleterre et les
Etats-Unis ont accru la puissance de leur
flotte ; les dépenses pour la guerre ont aug
menté depuis la paix.
Ce spectacle était bien fait pour fournir
aux nationalistes allemands les meilleurs
arguments de leur propagande.
En novembre iq 3 o, le général Groener,
ministre de la Reichswehr avait beau jeu
pour affirmer que douze ans après la procla
mation solennelle dans les traités, d’une ré
duction et limitation générale des armements,
le nombre des soldats sous les drapeaux en
Europe, a augmentéd’environooo.oooetcela,
à l’exclusion des puissances centrales.
Pour établir une comparaison entre l’Alle
magne et ses anciens alliés qui, a-t-il dit, ont
été les seuls à désarmer, et les autres puis
sances militaires d’Europe, et pour rappeler
que l’Aile mage a détruit 6 millions de fusils,
60.000 canons, 15.700 avions, 27.700 moteurs
d’avions, 547 hangars d’avions, 3 o hangars de
dirigeables, des centaines de millions de mu
nitions, que tous travaux de fortifications lui
sont interdits (à l’exception de Kœnigsberg),
que la démilitarisation de ses frontières lui a
été imposée, et que l’organisation de la Reichs
wehr a été réglementée du haut en bas de
l’échelle, concluant alors que l’Allemagne ne
pouvait se résigner éternellement à un désar
mement unilatéral, que la nécessité d’une
sécurité nationale est justifiée et inscrite dans
les statuts de la Société des Nations, qu’il
faut mettre fin à une disproportion des arme
ments au sein de l’Europe.
Depuis cette époque la situation n’a pas
changé : la conférence du Désarmement n’a
pas avancé, aussi le représentant de l’Alle
magne à Genève M. Nadolny s’est fait l’écho
de l’état d’esprit régnant en Allemagne,
en rappelant qu’après cinq années de pré
paration et une année de discussions à
la Contérence, aucune résolution n’a encore
été prise. Pas un soldat, souligne-t-on, pas
un canon, pas un tank, pas un avion, pas un
navire de guerre n’ont été supprimés. Bien
plus en raison des méthodes de travail,
adoptées par la Conférence, le but final se
trouve toujours de nouveau reculé, et même
la décision sur le plan Hoover ne paraît en
core ni proche ni possible. Les conclusions
auxquelles on est arrivé jusqu’à présent sont
purement platoniques, chargées de réserves
et seulement réalisables si tout d’abord sur
vient une décision relative à la question capi
tale, c’est-à-dire : niveau et étendue de la di
minution des effectifs et destruction de maté
riel de guerre. Dans ces conditions,} les
discussions secondaires (qui pourraient certai
nement être fort intéressantes) deviennent
sans importance aucune.
Et le gouvernement allemand par l’organe
du général de Schleicher d’abord, puis de
Hitler réclame ouvertement l’égalité des
droits et la liberté pour l’Allemagne de ré
armer pour se mettre dans des conditions
allant de pair avec celles des autres puis
sances.
Mussolini a fait écho à ces revendications
de l Allemagne les déclarant fondées, puisque
les puissances signataires du traité de Ver
sailles ne tenaient pas leurs promesses et
concluant que c’est une dangereuse illusion
de se représenter que l’on peut arrêter le
cours de l’Histoire, de croire qu’il serait pos
sible d’enchaîner éternellement un peuple
hautement civilisé comme l’Allemagne qui a,
après la Russie, le nombre d’habitants le
plus élevé d’Europe On ne peut pas définir
le chemin de l'avenir en se cramponnant
perpétuellement à celui du passé.
Si la question du désarmement n’avance
pas, c’est que les tout-puissants munition-
naires — qui ont financé la propagande de
Hitler, rappelons-le, — veillent à Genève et
ont, au sein même de la conférence, d’ha
biles avocats qui ont l’art d’embrouiller les
questions et d’empêcher toute solution nette
d'aboutir. Jouhaux expliquait il y a quelques
mois, avec force documents à l’appui les
manœuvres cachées qui avaient pour but de
torpiller la Conférence du Désarmement ;
les mêmes fabricants de canons qui ont
réussi à saboter l’œuvre de Briand et qui ont
hâté sa mort, s’acharnent à perpétuer le
chaos actuel pour favoriser leurs affaires.
Devant une situation qu on a pareillement
embrouillée les gouvernants ne savent plus
que faire, et nous voyons, par la plus amère
des dérisions et la négation de tous les prin
cipes du traité de Versailles, le fameux « plan
constructif » français présenté par Paul
Boncourquifaitéchoauxdemandes de Hitler
et de Mussolini et en proposant 1 a conscrip
tion généralisée ouvre la porte à la remilita
risation de toute l’Europe et à la course aux
armements.
On comprend qu’en de telles conditions
les profiteurs de l’industrie de guerre, les
chauvins impénitents, les doctrinaires de la
puissance allemande et les admirateurs du
sabre aient trouvé le terrain rêvé pour leur
propagande parmi une masse amorphe qui
a perdu son gouvernail.
Car c’est cette mentalité chaotique qui crée
pour l’Allemagne et l’Europe le plus grand
danger. Ainsi que le faisait remarquer José
Germain dans deux articles de La Volonté :
« L’Allemagne n’est ni entièrement franco
phobe, ni entièrement francophile : elle est
hésitante et instable. Plus malade que tout
autre peuple au monde, des suites de la
guerre.... successivement orientée vers les
voies pacifiques, puis vers les gestes belli
cistes elle s’est rendu compte que les uns et
les autres avaient échoué. Aujourd’hui elle
ne sait plus que faire »
La jeunesse n’a rien appris de la guerre,
elle est emportée dans un tourbillon qui
défie toute logique. Et comme le dit encore
José Germain : « 11 n’y a rien de plus dan
gereux qu’un peuple en perdition. L’homme
en délire ne tient plus à la vie ; une foule en
dérive jette l’anathème à tout ce qui l’entoure
et tente d’entraîner le monde dans son nau
frage ».
Les époques de grand trouble sont pro
pices aux dictateurs. De même que les années
sanglantes de la Convention suiviesdes années
troubles du Directoire ont préparé le chemin
à Napoléon, le bouleversement consécutif à
la guerre a ouvert la voie au « Duce » en
Italie, au « Führer » en Allemagne.
Les événements de ces jours derniers : la
persécution systématique et brutale des Juifs
en Allemagne qui ne désarme même pas de
vant le génie d’un Einstein, nous montre
sur quels mobiles et sur quelles forces s’ap
puie la dictature brune. Hitler a simplement
réveillé dans toute son ampleur la brutalité
et la haine et c’est par là qu’il s’impose en
terrorisant. Si nous avions su en 1919 par
une compréhension des bons côtés de l’âme
allemande, par une justice idéaliste jointe à
une intelligente fermeté, soutenir le mou
vement de la jeunesse, nous permettions à
une nouvelle Allemagne de grandir et nous
ne nous trouverions pas aujourd’hui devant
les horreurs hitlériennes qui nous mènent
on ne sait où...
L’ordre bourgeois est vermoulu, il a som
bré en 1914. Ni notre organisation politique,
ni notre droit, ni notre administration ne
correspondent aux besoins nouveaux. Alors
que depuis 5 o ans le monde est rénové
de fond en comble au point de vue scienti
fique et économique, nous vivons toujours
sur le droit romain et sur les fictions litté
raires et politiques du xvn e siècle. Il faut à
toute notre société une réforme radicale, mais
cette réforme demande un sérieux effort de
pensée, une conscience nette des. besoins de
la société, et le courage de sacrifier certains
avantages égoïstes.... Bien peu d’hommes ont
ce courage et ils préfèrent s’en remettre à un
prétendu Sauveur qui les conduira sans doute
à l’abîme mais qui les dispense de l’effort
personnel constructif. Voilà encore une
raison du succès de Hitler et consorts.
Tout cela, et d’autres facteurs encore ex
pliquent le « phénomène Hitler », qui est
une manifestation cataclysmique reposantsur
la violence brutale des chefs et l’adhésion
hébétée des masses. Mais, qui le comprend
chez nous ? Nos politiciensse trouvent placés
dans ce dilemme : céder aux demandes
d’Hitler ou lui opposer la force. En quelle
posture ridicule nous mettons-nous si
nous accordons à Hitler ce que nous avons
refusé à Marx, à Hermann Müller, à
Stresemann.à Brüning, et quelle aubaine pour
les « nazis » qui crieront à tue-tête que leur
méthode est décidément la seule bonne et
que leurs bruits de botte nous ont arraché ce
que n’avait pu obtenir la modération courtoise
des précédents chanceliers ! Ou bien si nous
ne voulons rien entendre, l’Allemagne reprend
sa course accélérée aux armements et c’est à
brève échéance la destruction de l’Europe.
Ainsi que des penseurs étrangers admi
rateurs et amis de la France, tels que Ludwig
Baueret H. G. Wells nousl’ont fait entendre,
la grande erreur de la France depuislaguerre
a été de ne pas comprendre les nouveaux
problèmes du monde et la nécessité de cons
truire un ordre nouveau. Mais drapée dans
l’étendard delà victoire, la France s’est recro
quevillée dans une attitude de conservatisme
qui l’a isolée peu à peu et l’a fait apparaître
comme un obstacle à la marche du monde.
Figés dans le culte de nos «chères vieilles tra
ditions», immobilisés dans la routine de notre
administration, de nos méthodes d’éducation
désuètes, de nos vieilles équipes de politiciens,
nous avons entassé l’or dans les caves de la
Banque de France et construit aux frontières
des kilomètres d’abris bétonnés et nous avons
pensé que l’horloge monde devait pour long
temps rester arrêtée à l’heure de la Victoire.
Cet arrêt ne peut être que la Victoire de la
Mort. D r M. DUMESNIL.
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Fondé en 1898, supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
ORGANE DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA PAIX
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d.'Honneur : Rév. Docteur M.J. ELLIOTT
CONSEIL INTERNATIONAL
M m ° Henriette ÛUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Pasteur Frédéric BONHOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SC H M'ITT, Louis GUÉTANT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
M me4 Marie FOUILLEN, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M" 1 ^ R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de
ADMINISTRATION SOCIALE
Abonnement :
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an 5 francs.
Docteur Mabius DUMESNIL
Le numéro O fr 50 j
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Souscriptions
Membre actif.
Membre militant. ...
2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
20 francs,
50 fran es
L’accession du chef des chemises brunes
Adolf Hitlerau poste de chancelier du Reich
a produit chez nos bons bourgeois l’effet
d'un bolide incandescent dans une mare de
grenouilles coassant à l’heure de l’apéritif....
Les uns ont vu déjà les avions Allemands les
aspergeant de gaz moutarde, les autres ont
embouché leur trompette et redoublé d’ardeur
pour lancer... les plus jeunes, à la frontière.
Mais on croirait, à voir leur étonnement,
qu’un coup de théâtre aussi inattendu qu’un
tremblement de terre venait de se produire,
comme si le triomphe des « nazis » n’était
pas la conclusion logique d’un mouvement
commencé depuis longtemps. Essayons, pour
voir plus clair, de comprendre les causes et
la signification du « phénomène Hitler ».
Pour comprendre l’évolution de l’Allemagne
il faut remonter à 1920, Le traité de Ver
sailles a apporté au peuple allemand une
grosse déception, il a suscité son indignation,
sa révolte et la volonté d’échapper à ses
obligations.
On se rappelle qu’au moment de l’armis
tice lesalliésavaient laissé entendre nettement
que la paix se ferait sur la base des 14 Points
de Wilson. Le peuple allemand le croyait.
Or les traités de Versailles, Trianon, St-
Germain ont été la négation de cette
promesse.
D’autre part souvenons-nous que les
Allemands n’ont pas été admis à discuter les
stipulations du traité : ils ont été mis en
demeure de l’accepter ou de le refuser, s’ils
refusaient nous envahissions l’Allemagne :
ils se sont soumis à contre cœur et, au
moment de signer, leurs plénipotentiaires ont
fait entendre une protestation solennelle. Ce
n’est pas sans raison qu’on dit en Allemagne :
le « diktat » de Versailles.
Ce traité imposé, par son fameux article
23 1 obligeait les Allemands à reconnaître
leur culpabilité unilatérale, affirmation que
nous savons manifestement fausse et men
songère. Ils n’ont jamais accepté cette con
damnation sans discussion et depuis le traité
ils ont toujours protesté - même les plus
pacifistes — contre la flétrissure qu’on leur
imposait.
Ce traité qui, loin de se fonder sur les
principes justes et solides du président
Wilson, était inspiré par la haine de Clé-
menceau et de Poincaré pour les Allemands
et visait à les humilier ne pouvait que pro
voquer outre-Rhin une sourde irritation et
préparer le terrain aux excitations nationa
listes cherchant à éluder les obligations de
Versailles et à préparer la revanche. Si nos
patriotes ont cherché pendant 43 ans la
revanche de 1870, quoi d’étonnant â voir le
même désir chez les patriotes allemands
alors que le traité de Versailles est beaucoup
plus dur — et plus infamant — que celui de
Francfort ?
Non seulement injuste et humiliant, le
traité est encore impraticable et plein
d’embuches. La nouvelle répartition'des ter
ritoires, l’oppression des minorités, le sort
faità l’Autriche, le corridor de Dantzig... etc.-,
ont créé plus de points de friction que dans
l’Europe de 1914.
Depuis 1920, nous n’avons cessé dans
rUniversel de nous élever contre cette « paix
malpropre» selon l’expression juste et imagée
d’Alcide Ebray, et d’en prédire les consé
quences qui se manifestent aujourd’hui. Les
événements nous donnent raison, trop raison,
hélas !
La politique poincariste — continuée par
les débiles successeurs du président de
guerre - a poursuivi sa route dans l’ornière
du traité. Au lieu de fixer nettement le
montant des réparations et de régler cette
question en des termes équitables et réali
sables, on a refusé d’abord les 100 milliards
de marks-or offerts par Brockdorf-Rantzau
et on a compliqué l’addition de façon à para
lyser d’une part l’activité économique de
l’Allemagne et de l’autre à permettre aux
mercantis de fructueuses « combines » dans
les régions dévastées. La mauvaise volonté
apportée à fixer un chiffre total, le spectacle
de la gabegie qui s’étalait à l’ombre des répa
rations joints à la perspective de devoir
verser des « tributs » comme ils disent, pen
dant 60 ans, a donné aux nationalistes alle
mands un beau motif à réveiller le senti
ment national, et la haine contre la France.
Un exploit retentissant de la politique
poincariste, en même temps qu’il nous alié
nait les sympathies de nos alliés, a donné un
coup de fouet au mouvement nationaliste en
Allemagne : ce fut l’occupation de la Ruhr.
C’est à ce moment que le mouvement .< nazi »
prit naissance, et, comme on l’a dit fort jus
tement : Hitler est un produit de la misère
et de la Ruhr.
Car il ne faut pas méconnaître l’impor
tance de ce facteur misère dans l’évolution
des esprits. Après une famine de 4 ans, par
suite du blocus (et quand on connaît l’appétit
des Allemands, on s’imagine quelle privation
ce put être) après la ruine des classes
moyennes par l’inflation, le chômage de
5 millions de travailleurs a créé une armée
de miséreux, désaxés, démoralisés, ouverts à
toutes les suggestions et prêts à suivre n’im
porte quel beau parleur audacieux qui leur
promettait un sort meilleur.
Les jeunes surtout qui n’ont pas fait la
guerre mais qui ont souffert de la faim pen
dant plusieurs années sont enclins à accuser
la France d’être l’auteur de tous leurs maux.
Ils ne voient pas pourquoi ils devraient toute
leur vie porter les conséquences des erreurs
de leurs aînés et travailler jusqu’à leur mort
pour payer les réparations. Elevée dans le
chaos de l’après-guerre, amorale et cynique
bien souvent, cette génération qui ne voit pas
de but à sa vie et d’aboutissement à ses
efforts est prête à toutes les aventures, et
elle a fourni à Hitler ses partisans les plus
enthousiastes.
Le traité de Versailles qui est à l’origine
de tout ce désordre procure encore aujour
d’hui aux nazis la matière de leurs revendi
cations les plus bruyantes.
Le préambule de la partie V du traité de
Versailles dit: « En vue de rendre possible la
préparation d'une limitation générale des
armements de toutes les nations , l’Allemagne
s’engage à observer strictement les clauses
militaires, navales et aériennes ci-après sti
pulées... »
D’autre part, le document interprétatif
remis par Clémenceau, au nom des alliés,
stipule que le désarmement de l’Allemagne
constitue le premier pas vers cette réduction
et cette limitation générale des armements,
que les dites puissances cherchent à réaliser
comme l’un des meilleurs moyens de pré
venir la guerre, réduction et limitation d’ar
mements que la S. D. N. aura, parmi ses
premiers devoirs, celui de provoquer.
Or, la France, l’Italie, la Pologne, la Tché
coslovaquie ont des armements plus impor
tants qu’avant la guerre ; l'Angleterre et les
Etats-Unis ont accru la puissance de leur
flotte ; les dépenses pour la guerre ont aug
menté depuis la paix.
Ce spectacle était bien fait pour fournir
aux nationalistes allemands les meilleurs
arguments de leur propagande.
En novembre iq 3 o, le général Groener,
ministre de la Reichswehr avait beau jeu
pour affirmer que douze ans après la procla
mation solennelle dans les traités, d’une ré
duction et limitation générale des armements,
le nombre des soldats sous les drapeaux en
Europe, a augmentéd’environooo.oooetcela,
à l’exclusion des puissances centrales.
Pour établir une comparaison entre l’Alle
magne et ses anciens alliés qui, a-t-il dit, ont
été les seuls à désarmer, et les autres puis
sances militaires d’Europe, et pour rappeler
que l’Aile mage a détruit 6 millions de fusils,
60.000 canons, 15.700 avions, 27.700 moteurs
d’avions, 547 hangars d’avions, 3 o hangars de
dirigeables, des centaines de millions de mu
nitions, que tous travaux de fortifications lui
sont interdits (à l’exception de Kœnigsberg),
que la démilitarisation de ses frontières lui a
été imposée, et que l’organisation de la Reichs
wehr a été réglementée du haut en bas de
l’échelle, concluant alors que l’Allemagne ne
pouvait se résigner éternellement à un désar
mement unilatéral, que la nécessité d’une
sécurité nationale est justifiée et inscrite dans
les statuts de la Société des Nations, qu’il
faut mettre fin à une disproportion des arme
ments au sein de l’Europe.
Depuis cette époque la situation n’a pas
changé : la conférence du Désarmement n’a
pas avancé, aussi le représentant de l’Alle
magne à Genève M. Nadolny s’est fait l’écho
de l’état d’esprit régnant en Allemagne,
en rappelant qu’après cinq années de pré
paration et une année de discussions à
la Contérence, aucune résolution n’a encore
été prise. Pas un soldat, souligne-t-on, pas
un canon, pas un tank, pas un avion, pas un
navire de guerre n’ont été supprimés. Bien
plus en raison des méthodes de travail,
adoptées par la Conférence, le but final se
trouve toujours de nouveau reculé, et même
la décision sur le plan Hoover ne paraît en
core ni proche ni possible. Les conclusions
auxquelles on est arrivé jusqu’à présent sont
purement platoniques, chargées de réserves
et seulement réalisables si tout d’abord sur
vient une décision relative à la question capi
tale, c’est-à-dire : niveau et étendue de la di
minution des effectifs et destruction de maté
riel de guerre. Dans ces conditions,} les
discussions secondaires (qui pourraient certai
nement être fort intéressantes) deviennent
sans importance aucune.
Et le gouvernement allemand par l’organe
du général de Schleicher d’abord, puis de
Hitler réclame ouvertement l’égalité des
droits et la liberté pour l’Allemagne de ré
armer pour se mettre dans des conditions
allant de pair avec celles des autres puis
sances.
Mussolini a fait écho à ces revendications
de l Allemagne les déclarant fondées, puisque
les puissances signataires du traité de Ver
sailles ne tenaient pas leurs promesses et
concluant que c’est une dangereuse illusion
de se représenter que l’on peut arrêter le
cours de l’Histoire, de croire qu’il serait pos
sible d’enchaîner éternellement un peuple
hautement civilisé comme l’Allemagne qui a,
après la Russie, le nombre d’habitants le
plus élevé d’Europe On ne peut pas définir
le chemin de l'avenir en se cramponnant
perpétuellement à celui du passé.
Si la question du désarmement n’avance
pas, c’est que les tout-puissants munition-
naires — qui ont financé la propagande de
Hitler, rappelons-le, — veillent à Genève et
ont, au sein même de la conférence, d’ha
biles avocats qui ont l’art d’embrouiller les
questions et d’empêcher toute solution nette
d'aboutir. Jouhaux expliquait il y a quelques
mois, avec force documents à l’appui les
manœuvres cachées qui avaient pour but de
torpiller la Conférence du Désarmement ;
les mêmes fabricants de canons qui ont
réussi à saboter l’œuvre de Briand et qui ont
hâté sa mort, s’acharnent à perpétuer le
chaos actuel pour favoriser leurs affaires.
Devant une situation qu on a pareillement
embrouillée les gouvernants ne savent plus
que faire, et nous voyons, par la plus amère
des dérisions et la négation de tous les prin
cipes du traité de Versailles, le fameux « plan
constructif » français présenté par Paul
Boncourquifaitéchoauxdemandes de Hitler
et de Mussolini et en proposant 1 a conscrip
tion généralisée ouvre la porte à la remilita
risation de toute l’Europe et à la course aux
armements.
On comprend qu’en de telles conditions
les profiteurs de l’industrie de guerre, les
chauvins impénitents, les doctrinaires de la
puissance allemande et les admirateurs du
sabre aient trouvé le terrain rêvé pour leur
propagande parmi une masse amorphe qui
a perdu son gouvernail.
Car c’est cette mentalité chaotique qui crée
pour l’Allemagne et l’Europe le plus grand
danger. Ainsi que le faisait remarquer José
Germain dans deux articles de La Volonté :
« L’Allemagne n’est ni entièrement franco
phobe, ni entièrement francophile : elle est
hésitante et instable. Plus malade que tout
autre peuple au monde, des suites de la
guerre.... successivement orientée vers les
voies pacifiques, puis vers les gestes belli
cistes elle s’est rendu compte que les uns et
les autres avaient échoué. Aujourd’hui elle
ne sait plus que faire »
La jeunesse n’a rien appris de la guerre,
elle est emportée dans un tourbillon qui
défie toute logique. Et comme le dit encore
José Germain : « 11 n’y a rien de plus dan
gereux qu’un peuple en perdition. L’homme
en délire ne tient plus à la vie ; une foule en
dérive jette l’anathème à tout ce qui l’entoure
et tente d’entraîner le monde dans son nau
frage ».
Les époques de grand trouble sont pro
pices aux dictateurs. De même que les années
sanglantes de la Convention suiviesdes années
troubles du Directoire ont préparé le chemin
à Napoléon, le bouleversement consécutif à
la guerre a ouvert la voie au « Duce » en
Italie, au « Führer » en Allemagne.
Les événements de ces jours derniers : la
persécution systématique et brutale des Juifs
en Allemagne qui ne désarme même pas de
vant le génie d’un Einstein, nous montre
sur quels mobiles et sur quelles forces s’ap
puie la dictature brune. Hitler a simplement
réveillé dans toute son ampleur la brutalité
et la haine et c’est par là qu’il s’impose en
terrorisant. Si nous avions su en 1919 par
une compréhension des bons côtés de l’âme
allemande, par une justice idéaliste jointe à
une intelligente fermeté, soutenir le mou
vement de la jeunesse, nous permettions à
une nouvelle Allemagne de grandir et nous
ne nous trouverions pas aujourd’hui devant
les horreurs hitlériennes qui nous mènent
on ne sait où...
L’ordre bourgeois est vermoulu, il a som
bré en 1914. Ni notre organisation politique,
ni notre droit, ni notre administration ne
correspondent aux besoins nouveaux. Alors
que depuis 5 o ans le monde est rénové
de fond en comble au point de vue scienti
fique et économique, nous vivons toujours
sur le droit romain et sur les fictions litté
raires et politiques du xvn e siècle. Il faut à
toute notre société une réforme radicale, mais
cette réforme demande un sérieux effort de
pensée, une conscience nette des. besoins de
la société, et le courage de sacrifier certains
avantages égoïstes.... Bien peu d’hommes ont
ce courage et ils préfèrent s’en remettre à un
prétendu Sauveur qui les conduira sans doute
à l’abîme mais qui les dispense de l’effort
personnel constructif. Voilà encore une
raison du succès de Hitler et consorts.
Tout cela, et d’autres facteurs encore ex
pliquent le « phénomène Hitler », qui est
une manifestation cataclysmique reposantsur
la violence brutale des chefs et l’adhésion
hébétée des masses. Mais, qui le comprend
chez nous ? Nos politiciensse trouvent placés
dans ce dilemme : céder aux demandes
d’Hitler ou lui opposer la force. En quelle
posture ridicule nous mettons-nous si
nous accordons à Hitler ce que nous avons
refusé à Marx, à Hermann Müller, à
Stresemann.à Brüning, et quelle aubaine pour
les « nazis » qui crieront à tue-tête que leur
méthode est décidément la seule bonne et
que leurs bruits de botte nous ont arraché ce
que n’avait pu obtenir la modération courtoise
des précédents chanceliers ! Ou bien si nous
ne voulons rien entendre, l’Allemagne reprend
sa course accélérée aux armements et c’est à
brève échéance la destruction de l’Europe.
Ainsi que des penseurs étrangers admi
rateurs et amis de la France, tels que Ludwig
Baueret H. G. Wells nousl’ont fait entendre,
la grande erreur de la France depuislaguerre
a été de ne pas comprendre les nouveaux
problèmes du monde et la nécessité de cons
truire un ordre nouveau. Mais drapée dans
l’étendard delà victoire, la France s’est recro
quevillée dans une attitude de conservatisme
qui l’a isolée peu à peu et l’a fait apparaître
comme un obstacle à la marche du monde.
Figés dans le culte de nos «chères vieilles tra
ditions», immobilisés dans la routine de notre
administration, de nos méthodes d’éducation
désuètes, de nos vieilles équipes de politiciens,
nous avons entassé l’or dans les caves de la
Banque de France et construit aux frontières
des kilomètres d’abris bétonnés et nous avons
pensé que l’horloge monde devait pour long
temps rester arrêtée à l’heure de la Victoire.
Cet arrêt ne peut être que la Victoire de la
Mort. D r M. DUMESNIL.
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