Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1933-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1933 01 janvier 1933
Description : 1933/01/01-1933/03/31. 1933/01/01-1933/03/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45653237
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
35 e ANNÉE
TRIMESTRIEL
1 er TRIMESTRE 1 933
• an mrx
/Æ " -:AÇ\
/»/ ri .... S
1&V ! IJ;
Fondé en 1898
organe
supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA PAIX
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M.J. ELLIOTT
CONSEIL INTERNATIONAL
M ,le Henriette D UMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Pasteur Frédéric BON HOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHM1TT, Louis GUÉTAUT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
M med Marie FOUILLEN, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M™" R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine) Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Sa
ADMINISTRATION SOCIALE
Abonnement :
Chèques postaux :
Un an. 5 trancs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro O fr. 50
PARIS n« 217.31
Souscriptions :
bre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
medi.
EVOLUTION
Il est opportun de parler de l’évolution du
Mouvement Pacifique Chrétien d’origine
suisse puisqu’il est né à Neuchâtel, et que
U Universel a été édité à Colombier chez un
M. Croutaz, excellent chrétien.
Ce fut en 1898 pour protester contre la
guerre hispano-américaine. On sait que ces
deux nations l’une catholique, l’autre protes
tante se disputaient la perle des Antilles :
Cuba. Le prétexte de l’explosion du croiseur
américain dans la rade provoquée par la
mauvaise foi espagnole n’était qu’une ca
lomnie, longtemps après la vérité lut connue,
la cause était accidentelle : déflagration des
poudres de réserve.
C’est donc en Suisse que furent recueillis
les premiers sympathisants de notre œuvre
pacifique par l’Evangile. En Suisse romande
nous fîmes des adhérents parmi les piétistes
et les orthodoxes. En Suisse alémanique
nous vîmes venir à nous les protestants de
toutes tendances et les spiritualistes les plus
intellectuels : Bâle, Berne furent suivis par
les autres cantons, et si nous ne comptons
que des centaines de militants en Helvétie,
du moins possédons-nous l’élite de la patrie
de Guillaume Tell.
I 'idée lancée on songea h porter la propa
gande à la frontière franco-allemande, dans
l’Alsace-Lorraine demeurée française et dans
les pays annexés C’était en 1898, en juillet,
si je me souviens bien. Nancy et Strasbourg
furent des cités choisies pour prêcher la Ré
conciliation entre les deux peuples. L’affaire
Dreyfus était au paroxysme, on se battait
dans les rues, des bagarres avaient lieu dans
les cafés et brasseries, ce fut, cependant,
dans cette mêlée que furent vendus trois
mille exemplaires de notre premier numéro
Y Universel sous la devise portée en vedette:
Bella matribus détestata. Les guerres en
horreur aux mères. En Allemagne l’agitation
était aussi grande avec ce procès qui remuait
le monde, ce qui n'empêcha pas notre pre
mière conférence de rapprochement franco-
allemand dans un faubourg de Strasbourg à
Neudorf. De nobles cœurs, à Nancy, Mme
Louis, et à Strasbourg, le ménage Éd.-A.
Pelée furent les plus zélés et les meilleurs
auxiliaires au début de l’initiative du paci
fisme chrétien. Je me fais un devoir de
rendre un hommage à ces chrétiens coura
geux qui nous furent fidèles et dévoués jus
qu’à leur mort.
Les autorités allemandes nous furent très
tolérantes, bien que je fusse, sans doute, le
premier français ayant osé, sans passe-port,
proclamerpubliquementen Alsace que c’était
l’heure d’être juste et pacifique en respec
tant le droit des peuples de disposer d’eux-
mêmes. Les amis annexés craignaient un peu
que mon audace ne me fît expulser, il n’en
fut rien, je pus étendre notre action en pays
annexés sans être en quoi que ce soit entravé
ou inquiété par la police qui, certainement,
devait surveiller mes paroles et mes actes.
En 1899, le M. P. C. devint, légalement,
en Erance la Société Chrétienne des Amis de
la Paix. Son siège social fut Le Havre. Mais
un changement administratif s’imposait,
nous n’étions plus à l’époque enthousiaste de
la i re conférence d’Arbitrage et de l’inaugu
ration du Tribunal de La Haye, les pacifistes
commençaient à voir les nuages s’amonceler.
La guerre russo-japonaise allait suivre la
guerre anglo-boer, la conquête marocaine
préluder la guerre mondiale. L’Europe soi-
disant pacifiée préparait, clandestinement,
le plus grand crime de l’histoire de la civili
sation et le plus monstrueux sacrilège contre
la chrétienté.
Et cependant, en 1902-1903, dans les con
grès nationaux et internationaux, le M.P.C.
défendait les objecteurs de conscience, pro
posait des mesures équitables et charitables
à l’égard des jeunes gens se refusant à porter
les armes pour raisons religieuses ou philo
sophiques. Peine perdue, à part quelques
chrétiens évangéliques, le pasteur Paul
Allégret, l’abbé Pichotde Monaco et Mme Sé
verine, nous étions bafoués et considérés
comme des cléricaux voulant échapper à la
loi commune de l’impôt du sang et du tribut
à César. Trente ans après avoir été tournés
en ridicule, nous, les Prévoyants de /’avenir
pacifique, nous voyons la question posée dans
toute l’Europe. Des jugements de réfrac
taires chrétiens ou libres-penseurs montrent
que l’intolérance est aux prises avec la cons
cience. Plus est, nous voyons un député
français déposer au bureau de la Chambre une
proposition de loi rappelant les efforts que
nous avons faits dans un sens beaucoup plus
complet pour obtenir le respect de la liberté
individuelle. Militaient aussi'dans nos rangs,
le pasteur Frédéric Bonhomme de l’Eglise
Réformée, un des précurseurs du Pacifisme
chrétien, l'auteur de Quid me persequeris et
de VHumanité pacifique. Le pasteur O. Kel-
lermann, l’auteur de l' Apostasie, vétéran du
pacifisme intégral et premier objecteur de
conscience en France au nom de l’Evangile.
Le pasteur Hermann Kutter, le prophète du
christianisme social en Suisse, l’auteur de
Nous les Pasteurs et de Dieu les mène, qui lut
près de trente années notre conseiller helvé
tique. En ces temps-là nous combattions non
seulement la guerre et le militarisme, mais
encore la prostitution, le jeu, l’alcoolisme etc.
Le pasteur Paul Monod, le fidèle cham
pion de la Croix-Bleue et le pasteur Deluze
de Genève, le pion ne r du Repos dominical
étaient de fermes soutiens de notre œuvre de
christianisatiou.
Mme Huchet dirigeait y Espoir et la ligue
de Bonté envers les gens et les animaux.
Notre propagande était alors appuyée par un
organe local : le Phar, du Havre. Telle fut
l’activité de la période qui précéda juillet
1914. A cette date nous organisâmes au
Havre une conférence internationale avec le
concours d un Allemand, d’une Anglaise et
d’un Suisse Quelques jours après le coup de
foudre éclata. Jaurès le pacificateur, assas
siné lâchement par un vilain patriote inno
centé par la victoire du Droit et de la Civili
sation. C’était la guerre ! Le M. P. C. pro
testa ! /’Universel parut en deuil déclarant
les peuples non coupables mais tous les gou
vernements responsables. Mesure de censure
contre nous. Suppression de notre activité.
C’est Thonneurde notre apostolat !
Nous devenons filiale de la Peace Society ,
car l’union fait la force contre la criminelle
folie. Cette société britannique fondée en
1816 a des hommes valeureux à sa tête : Le
docteur W. Evans Darby, le docteur M.-J.
Elliott, notre président honoraire actuel, le
Révérend G.-A. Wilson, M. P. Liddel, les
pasteurs français des Eglises Réformées de
l’Angleterre, L. Dégrémont, G. Rainette,
D Joye. Une vraie fraternité chrétienne.
Collaboraient encore les pasteurs Wilfred
Monod de l’Eglise Réformée, Léopold Monod
de l’Eglise Libre, Walter Brée de l’Eglise
Méthodiste et d’autres vaillants comme les
pasteurs E. Paradon, C. Nougarède et l’abbé
Castiaux.
Enfin luttent encore avec nous les admi
rables Belges et les opiniâtres Hollandais
toujours à la peine, jamais découragés.
Que ce soit, ici, l’hommage bien mérité
aux militants de toutes les bonnes causes qui
professent par leur vie que rien de ce qui
est humain ne leur est étranger. Je ne saurais
oublier le rôle important, capital, joué par
les dames dans le M. P. C. je ne puis toutes
les citer. Je me bornerai à mentionner Mmes
E. Le Bail et M. Dupuis, la princesse Wiz-
nieska. Et la phalange des Conseillers mes
précieux auxiliaires que l’on m’excusera de
ne pas désigner nominalement. Et je veux
encore citer la coopération de ces admirables
centeniers : Le général A. Percin et le colo
nel.!. Converset, apôtres delà paix de Dieu.
La guerre paralysait notre propagande. Le
docteur Marius Dumesnil avait été surpris
par la mobilisation à Constance au Congrès
des Eglises pour y Amitié international e. Les
délégués français avaient pris la fuite, crai
gnant d’être fusillés ou faits prisonniers par
les allemands. Dumesnil était resté à son
poste, comme Cambronne, il aurait pu lancer
un mot énergique en disant : Les pacifiques
chrétiens meurent mais ne se rendent pas. Son
retour fut mouvementé et dramatique, à
travers la Suisse en armes et la France en
vahie il regagna son foyer. Nos relations deve
naient difficiles avec nos militants français et
étrangers. C’était Babel !
Quelques pasteurs clairvoyants et environ
trois mille hommes et femmes ayant le culte
du Beau , du Bien, du Vrai ont compris notre
Amour universel. Ils ont répondu à notre
attente , et tous ces militants porteurs du flam
beau de la Pax , nous demandent si nous ne
devons puis rompre avec une tradition pé
rimée, avec des expressions désuètes qui sont
portées et employées par des personnes ou des
groupements faussant les enseignements du
Christ, changeant la lumière en ténèbres !
Est-ce bien utlile de se réclamer du pro-r
testantisme ou du catholicisme? Est-ce bien
nécessaire de se dire chrétien quand la Chré
tienté méprise les prophètes des nouveaux
temps et anathémathise les apôtres de la
terre nouvelle. Ayons concience de la mission
que nous avons dans le monde. Universalistes
nous sommes, nous exaltons Dieu dans ses créa
tures et ses créations. Tout ce qui rapproche
les humains est divin, tout ce qui les sépare
est diabolique. C’est à l 'Universel, à l’ Eternel ,
à la Vie et au Christ que nous voulons
rendre gloire en aimant notre prochain
comme nous-même.
Personnellement, à la fin d’une vie con
sacrée à l’Evangile de Paix et d’Amour de
l’Humanité, en cette année nouvelle, je fais
des vœ 1 . x rourachever joyeusement ma course
avec! di\:ê de tous nos fidèles amis. Je suis
convaincu que 1933 sonne l’heure de la réa
lisation de notre idéal en Europe, comme
1932 avait sonné l’heure de la grâce, de la
délivrance des mauvais esprits bellicistes.
Nous entrons dans l’ère d’une nouvelle
civilisation où l’on ignorera les convoitises,
les violences et les haines entre individus,
classes et peuples. La Vérité et la Liberté
seront la discipline des consciences. L’Ordre
et la Loi régneront sans contrainte, les débon
naires hériteront la terre, selon la promesse
messianique. Ayons donc une foi inébran
lable dans notre vocation chrétienne, nous
sommes prédestinés à sauver le monde
comme enfants de Dieu !
Henri HUCHET.
■ ■■■■■■a ■■■■■■■■■■ ■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■ ■■
■■■■■«■ laiaHiBaia ■■
ofier contre les Loups...
C’est une honte qu’existent encore, de par
le monde, de trop nombreux fous pour qui
la guerre n’est pas un crime. El, ce qui est
plus terrible pour l’humanité, plus angoissant
pour l’avenir de la poix, ces mégalomanes,
dans les pays où ils ne détiennent l'autorité,
s’essaient, par tous les moyens, à l’obtenir.
Quinze ans après l’abominable tuerie qui
devaitêtre la dernière; quinze ans aprèsl’in-
fernal massacre; malgré les centaines de mil
liards engloutis, malgré les millions d’exis
tences humaines détruites ; après que la civi
lisation européenne a manqué de sombrer
dans cet épouvantable cataclysme ; alors que la
misère frappe à ia porte de tant de foyers, 5
l’heure où plus que jamais, les hommes
souffrent des suites d’une aussi effroyable crise
de barbarie, n’est-il pas monstrueux que l’on
puisse songer encore à la guerre, sans que les
fauves qui préparent cet attentat ne soient i mmé-
diatemerit arrêtés comme traîtres envers l’hu
manité et déportés dans quelque ile déserte ?
Le misérable qui s’est rendu coupable d’ho
micide, on l’envoie au bagne, et nous ne
dirons point que l’on a tort. Mais comment
admettre que l’on dresse des statues à ceux
qui ont fait s'entretuer des milliers d’êtres sous
le vain prétexte que, n’habitant pas du même
côté d * la frontière, ils ne parlaient pas la
même langue et ne pouvaient partager les
mêmes sentiments ?
Le rôle des pasteurs de peuples est ingrat,
des bons pasteurs. Alors qu’il est souvent
difficile de préserver les horqqjes d’un danger
qu’ils perçoivent nettement, si ce péril n’est
pas apparent, le sauvetage en devient im
possible, tant l’apathie, une tenace paresse
intellectuelle, et cette sorte d’indifférence fata
liste et pour tout dire bestiale, emprisonnent
l’être dans le réseau des habitudes, comme
poisson dans une nasse.
Il y a toujours eu des guerres, dit-on. Il y
en aura toujours.
Singulière raison, en vérité. Ainsi, parce
qu’il y aura toujours eu la peste, la lèpre, la
tuberculose, le cancer, la science ne devrait
pas s'efforcer de débarrasser le genre humain
de ce fléau ?
La guerre est une maladie aussi, une des
maladies honteuses de l’humanité, la plus
honteuse qui soit, et la plus stupide, puisque
c est seulement quelques hommes qui en
inoculent le virus à des milliers d’innocents.
Mais c’est aussi la plus curable, puisqu’il
suffirait de museler, d’enfermer, de sup
primer les monstres qui la déchaînent pour en
délivrer la terre à jamais.
Convenons-en. Les gouvernements ont eu,
ces temps derniers, des audaces timides :
Genève, la Haye, premiers phares dressés au-
dessus des incertitudes humaines, lueurs d’es
poir — si faibles — dans les ténèbres mauvaises.
Mais ces chétifs efforts ne sauraient suffire.
Mieux, ils sont vains, caron dépense, chaque
année, des milliards pour préparer la guerre.
Et voilà le danger. N’est-il pas significatif
que les peuplesdont la misère n’est pas feinte,
versent tant d’argent pour assurer leur propre
égorgement ?
(.es moutons, il est vrai, sont toujours
disposés à se précipiter vers l’abattoir où le
boucher les attend, la conscience paisible et
le couteau frais aiguise. Mais, quand L s’agit
des hommes, ceux-là dressent eux-mêmes
leurs abattoirs ; ils paient le boucher et lui
achètent des armes !...
En présence de cette lâcheté collective, il
devient nécessaire à chaque homme de se
défendre soi-même, de défendre son bonheur,
son foyer, sa vie...
Des apôtres s’y emploient, de longue date ;
quelques journaux y travaillent, parmi lesquels
\’Universel, n’est pas le moins vaillant.
Nous allons essayer de les aider de nos sug
gestions.
Bien qu’il puisse paraître prétentieux de se
citer soi-même, 011 nous permettra d’ajouter
que les idées que nous détendons ici ont été
exposées plus longuement et sous une autre
forme, dans notre livre : Le Christ ensanglanté.
Au seuil de ce premier article, posons cette
question: dans la dernière guerre, leschrétiens
ont-ils fait tout leur devoir ?
En Europe, en Amér ique, iis sont l’immense
majorité A eux seuls, iis auraient pu em
pêcher que la tuerie se prolongeât pendant
des années, à eux seuls, ils auraient pu, ils
pourraient empêcher la guerre.
Qu’en pense-t-on ? Si, au cours d’une de ces
permissions, dites de 0 détente » qui leur étaient
si avarement comptées, les soldats avaient
envahi les cafés, les dancings, les cinémas, les
théâtres, tons ces endroits où la foule s’amu
sait sans s’inquiéter des scènes de carnage
qui se produisaient au front, et s’ils avaient
crié à cette foule joyeuse :
— Pendant que vous buvez, pendant que
vous dansez, pendant que vous vous inté
ressez aux histoires que débitent les acteurs,
pendant que vous vivez tranquilles et lecœur
content, d’autres hommes meurent là-bas,
d’autres hommes qui sont vos frères, vos
époux, vos fils.. Y avez vous pensé ? Faut-il
qu’on vous le rappelle? Et vous ne rougissez
pas ? Et vous n’avez pas honte ? et vous ne
fuyez pas ?
Si, aux heures de culle, ces soldats péné-
Irant dans les édifices religieux, temples,
synagogues, églises, avaient harangué les
fidèles ; s’ils leur avaient demandé ;
— Que faites-vous ici, ô gens de peu de foi ?
Vo.is priez, mais c’est du bout des lèvres, vous
priez, l’âme quiète, la conscience paisible.
Votre prière dite vous rentrez chez vous,
croyant avoir accompli votre devoir. C’est
faux. Ni votre devoir envers Dieu. Ni votre
devoir envers vos semblables. Nous venons
du front ; nous y retourneronsdemain. Et nous
aussi, nous croyions avoir fait notre devoir.
Quel mensonge et quelle duperie ! Pourtant,
voyez, on nous a récompensés ; on nous a
distribué des médailles, on nous a donné des
galons. C’est que nous avons accompli notre
devoir de soldat. Uniquement. Mais notre
devoir de chrétien ?
Celui que vous implorez n’a-t-il pas dit :
Tu ne tueras pas ? Or, qu’a von s-nous fait ? Nous
TRIMESTRIEL
1 er TRIMESTRE 1 933
• an mrx
/Æ " -:AÇ\
/»/ ri .... S
1&V ! IJ;
Fondé en 1898
organe
supprimé par ia censure militaire pendant la Guerre mondiale
DES AMIS DE LA VÉRITÉ ET DE LA PAIX
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M.J. ELLIOTT
CONSEIL INTERNATIONAL
M ,le Henriette D UMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Pasteur Frédéric BON HOMME, Wilhem SCHWARZ, Henri NADEL, Pasteur Marcel BOURQUIN,
Henri SCHM1TT, Louis GUÉTAUT, Gaston MORMAL, Charles HAUS, Pierre HÉRING
M med Marie FOUILLEN, Claire GÉNIAUX, Mme MARFURT-TORFS,
M™" R. MEYNARD-WIEDMER, A. STILMANT-OFFERS, A.-C. LUYTEN-BLOCK.
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine) Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Sa
ADMINISTRATION SOCIALE
Abonnement :
Chèques postaux :
Un an. 5 trancs.
Docteur Marius DUMESNIL
Le numéro O fr. 50
PARIS n« 217.31
Souscriptions :
bre adhérent 1 O francs.
Membre actif 20 francs.
Membre militant.... 50 francs
medi.
EVOLUTION
Il est opportun de parler de l’évolution du
Mouvement Pacifique Chrétien d’origine
suisse puisqu’il est né à Neuchâtel, et que
U Universel a été édité à Colombier chez un
M. Croutaz, excellent chrétien.
Ce fut en 1898 pour protester contre la
guerre hispano-américaine. On sait que ces
deux nations l’une catholique, l’autre protes
tante se disputaient la perle des Antilles :
Cuba. Le prétexte de l’explosion du croiseur
américain dans la rade provoquée par la
mauvaise foi espagnole n’était qu’une ca
lomnie, longtemps après la vérité lut connue,
la cause était accidentelle : déflagration des
poudres de réserve.
C’est donc en Suisse que furent recueillis
les premiers sympathisants de notre œuvre
pacifique par l’Evangile. En Suisse romande
nous fîmes des adhérents parmi les piétistes
et les orthodoxes. En Suisse alémanique
nous vîmes venir à nous les protestants de
toutes tendances et les spiritualistes les plus
intellectuels : Bâle, Berne furent suivis par
les autres cantons, et si nous ne comptons
que des centaines de militants en Helvétie,
du moins possédons-nous l’élite de la patrie
de Guillaume Tell.
I 'idée lancée on songea h porter la propa
gande à la frontière franco-allemande, dans
l’Alsace-Lorraine demeurée française et dans
les pays annexés C’était en 1898, en juillet,
si je me souviens bien. Nancy et Strasbourg
furent des cités choisies pour prêcher la Ré
conciliation entre les deux peuples. L’affaire
Dreyfus était au paroxysme, on se battait
dans les rues, des bagarres avaient lieu dans
les cafés et brasseries, ce fut, cependant,
dans cette mêlée que furent vendus trois
mille exemplaires de notre premier numéro
Y Universel sous la devise portée en vedette:
Bella matribus détestata. Les guerres en
horreur aux mères. En Allemagne l’agitation
était aussi grande avec ce procès qui remuait
le monde, ce qui n'empêcha pas notre pre
mière conférence de rapprochement franco-
allemand dans un faubourg de Strasbourg à
Neudorf. De nobles cœurs, à Nancy, Mme
Louis, et à Strasbourg, le ménage Éd.-A.
Pelée furent les plus zélés et les meilleurs
auxiliaires au début de l’initiative du paci
fisme chrétien. Je me fais un devoir de
rendre un hommage à ces chrétiens coura
geux qui nous furent fidèles et dévoués jus
qu’à leur mort.
Les autorités allemandes nous furent très
tolérantes, bien que je fusse, sans doute, le
premier français ayant osé, sans passe-port,
proclamerpubliquementen Alsace que c’était
l’heure d’être juste et pacifique en respec
tant le droit des peuples de disposer d’eux-
mêmes. Les amis annexés craignaient un peu
que mon audace ne me fît expulser, il n’en
fut rien, je pus étendre notre action en pays
annexés sans être en quoi que ce soit entravé
ou inquiété par la police qui, certainement,
devait surveiller mes paroles et mes actes.
En 1899, le M. P. C. devint, légalement,
en Erance la Société Chrétienne des Amis de
la Paix. Son siège social fut Le Havre. Mais
un changement administratif s’imposait,
nous n’étions plus à l’époque enthousiaste de
la i re conférence d’Arbitrage et de l’inaugu
ration du Tribunal de La Haye, les pacifistes
commençaient à voir les nuages s’amonceler.
La guerre russo-japonaise allait suivre la
guerre anglo-boer, la conquête marocaine
préluder la guerre mondiale. L’Europe soi-
disant pacifiée préparait, clandestinement,
le plus grand crime de l’histoire de la civili
sation et le plus monstrueux sacrilège contre
la chrétienté.
Et cependant, en 1902-1903, dans les con
grès nationaux et internationaux, le M.P.C.
défendait les objecteurs de conscience, pro
posait des mesures équitables et charitables
à l’égard des jeunes gens se refusant à porter
les armes pour raisons religieuses ou philo
sophiques. Peine perdue, à part quelques
chrétiens évangéliques, le pasteur Paul
Allégret, l’abbé Pichotde Monaco et Mme Sé
verine, nous étions bafoués et considérés
comme des cléricaux voulant échapper à la
loi commune de l’impôt du sang et du tribut
à César. Trente ans après avoir été tournés
en ridicule, nous, les Prévoyants de /’avenir
pacifique, nous voyons la question posée dans
toute l’Europe. Des jugements de réfrac
taires chrétiens ou libres-penseurs montrent
que l’intolérance est aux prises avec la cons
cience. Plus est, nous voyons un député
français déposer au bureau de la Chambre une
proposition de loi rappelant les efforts que
nous avons faits dans un sens beaucoup plus
complet pour obtenir le respect de la liberté
individuelle. Militaient aussi'dans nos rangs,
le pasteur Frédéric Bonhomme de l’Eglise
Réformée, un des précurseurs du Pacifisme
chrétien, l'auteur de Quid me persequeris et
de VHumanité pacifique. Le pasteur O. Kel-
lermann, l’auteur de l' Apostasie, vétéran du
pacifisme intégral et premier objecteur de
conscience en France au nom de l’Evangile.
Le pasteur Hermann Kutter, le prophète du
christianisme social en Suisse, l’auteur de
Nous les Pasteurs et de Dieu les mène, qui lut
près de trente années notre conseiller helvé
tique. En ces temps-là nous combattions non
seulement la guerre et le militarisme, mais
encore la prostitution, le jeu, l’alcoolisme etc.
Le pasteur Paul Monod, le fidèle cham
pion de la Croix-Bleue et le pasteur Deluze
de Genève, le pion ne r du Repos dominical
étaient de fermes soutiens de notre œuvre de
christianisatiou.
Mme Huchet dirigeait y Espoir et la ligue
de Bonté envers les gens et les animaux.
Notre propagande était alors appuyée par un
organe local : le Phar, du Havre. Telle fut
l’activité de la période qui précéda juillet
1914. A cette date nous organisâmes au
Havre une conférence internationale avec le
concours d un Allemand, d’une Anglaise et
d’un Suisse Quelques jours après le coup de
foudre éclata. Jaurès le pacificateur, assas
siné lâchement par un vilain patriote inno
centé par la victoire du Droit et de la Civili
sation. C’était la guerre ! Le M. P. C. pro
testa ! /’Universel parut en deuil déclarant
les peuples non coupables mais tous les gou
vernements responsables. Mesure de censure
contre nous. Suppression de notre activité.
C’est Thonneurde notre apostolat !
Nous devenons filiale de la Peace Society ,
car l’union fait la force contre la criminelle
folie. Cette société britannique fondée en
1816 a des hommes valeureux à sa tête : Le
docteur W. Evans Darby, le docteur M.-J.
Elliott, notre président honoraire actuel, le
Révérend G.-A. Wilson, M. P. Liddel, les
pasteurs français des Eglises Réformées de
l’Angleterre, L. Dégrémont, G. Rainette,
D Joye. Une vraie fraternité chrétienne.
Collaboraient encore les pasteurs Wilfred
Monod de l’Eglise Réformée, Léopold Monod
de l’Eglise Libre, Walter Brée de l’Eglise
Méthodiste et d’autres vaillants comme les
pasteurs E. Paradon, C. Nougarède et l’abbé
Castiaux.
Enfin luttent encore avec nous les admi
rables Belges et les opiniâtres Hollandais
toujours à la peine, jamais découragés.
Que ce soit, ici, l’hommage bien mérité
aux militants de toutes les bonnes causes qui
professent par leur vie que rien de ce qui
est humain ne leur est étranger. Je ne saurais
oublier le rôle important, capital, joué par
les dames dans le M. P. C. je ne puis toutes
les citer. Je me bornerai à mentionner Mmes
E. Le Bail et M. Dupuis, la princesse Wiz-
nieska. Et la phalange des Conseillers mes
précieux auxiliaires que l’on m’excusera de
ne pas désigner nominalement. Et je veux
encore citer la coopération de ces admirables
centeniers : Le général A. Percin et le colo
nel.!. Converset, apôtres delà paix de Dieu.
La guerre paralysait notre propagande. Le
docteur Marius Dumesnil avait été surpris
par la mobilisation à Constance au Congrès
des Eglises pour y Amitié international e. Les
délégués français avaient pris la fuite, crai
gnant d’être fusillés ou faits prisonniers par
les allemands. Dumesnil était resté à son
poste, comme Cambronne, il aurait pu lancer
un mot énergique en disant : Les pacifiques
chrétiens meurent mais ne se rendent pas. Son
retour fut mouvementé et dramatique, à
travers la Suisse en armes et la France en
vahie il regagna son foyer. Nos relations deve
naient difficiles avec nos militants français et
étrangers. C’était Babel !
Quelques pasteurs clairvoyants et environ
trois mille hommes et femmes ayant le culte
du Beau , du Bien, du Vrai ont compris notre
Amour universel. Ils ont répondu à notre
attente , et tous ces militants porteurs du flam
beau de la Pax , nous demandent si nous ne
devons puis rompre avec une tradition pé
rimée, avec des expressions désuètes qui sont
portées et employées par des personnes ou des
groupements faussant les enseignements du
Christ, changeant la lumière en ténèbres !
Est-ce bien utlile de se réclamer du pro-r
testantisme ou du catholicisme? Est-ce bien
nécessaire de se dire chrétien quand la Chré
tienté méprise les prophètes des nouveaux
temps et anathémathise les apôtres de la
terre nouvelle. Ayons concience de la mission
que nous avons dans le monde. Universalistes
nous sommes, nous exaltons Dieu dans ses créa
tures et ses créations. Tout ce qui rapproche
les humains est divin, tout ce qui les sépare
est diabolique. C’est à l 'Universel, à l’ Eternel ,
à la Vie et au Christ que nous voulons
rendre gloire en aimant notre prochain
comme nous-même.
Personnellement, à la fin d’une vie con
sacrée à l’Evangile de Paix et d’Amour de
l’Humanité, en cette année nouvelle, je fais
des vœ 1 . x rourachever joyeusement ma course
avec! di\:ê de tous nos fidèles amis. Je suis
convaincu que 1933 sonne l’heure de la réa
lisation de notre idéal en Europe, comme
1932 avait sonné l’heure de la grâce, de la
délivrance des mauvais esprits bellicistes.
Nous entrons dans l’ère d’une nouvelle
civilisation où l’on ignorera les convoitises,
les violences et les haines entre individus,
classes et peuples. La Vérité et la Liberté
seront la discipline des consciences. L’Ordre
et la Loi régneront sans contrainte, les débon
naires hériteront la terre, selon la promesse
messianique. Ayons donc une foi inébran
lable dans notre vocation chrétienne, nous
sommes prédestinés à sauver le monde
comme enfants de Dieu !
Henri HUCHET.
■ ■■■■■■a ■■■■■■■■■■ ■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■ ■■
■■■■■«■ laiaHiBaia ■■
ofier contre les Loups...
C’est une honte qu’existent encore, de par
le monde, de trop nombreux fous pour qui
la guerre n’est pas un crime. El, ce qui est
plus terrible pour l’humanité, plus angoissant
pour l’avenir de la poix, ces mégalomanes,
dans les pays où ils ne détiennent l'autorité,
s’essaient, par tous les moyens, à l’obtenir.
Quinze ans après l’abominable tuerie qui
devaitêtre la dernière; quinze ans aprèsl’in-
fernal massacre; malgré les centaines de mil
liards engloutis, malgré les millions d’exis
tences humaines détruites ; après que la civi
lisation européenne a manqué de sombrer
dans cet épouvantable cataclysme ; alors que la
misère frappe à ia porte de tant de foyers, 5
l’heure où plus que jamais, les hommes
souffrent des suites d’une aussi effroyable crise
de barbarie, n’est-il pas monstrueux que l’on
puisse songer encore à la guerre, sans que les
fauves qui préparent cet attentat ne soient i mmé-
diatemerit arrêtés comme traîtres envers l’hu
manité et déportés dans quelque ile déserte ?
Le misérable qui s’est rendu coupable d’ho
micide, on l’envoie au bagne, et nous ne
dirons point que l’on a tort. Mais comment
admettre que l’on dresse des statues à ceux
qui ont fait s'entretuer des milliers d’êtres sous
le vain prétexte que, n’habitant pas du même
côté d * la frontière, ils ne parlaient pas la
même langue et ne pouvaient partager les
mêmes sentiments ?
Le rôle des pasteurs de peuples est ingrat,
des bons pasteurs. Alors qu’il est souvent
difficile de préserver les horqqjes d’un danger
qu’ils perçoivent nettement, si ce péril n’est
pas apparent, le sauvetage en devient im
possible, tant l’apathie, une tenace paresse
intellectuelle, et cette sorte d’indifférence fata
liste et pour tout dire bestiale, emprisonnent
l’être dans le réseau des habitudes, comme
poisson dans une nasse.
Il y a toujours eu des guerres, dit-on. Il y
en aura toujours.
Singulière raison, en vérité. Ainsi, parce
qu’il y aura toujours eu la peste, la lèpre, la
tuberculose, le cancer, la science ne devrait
pas s'efforcer de débarrasser le genre humain
de ce fléau ?
La guerre est une maladie aussi, une des
maladies honteuses de l’humanité, la plus
honteuse qui soit, et la plus stupide, puisque
c est seulement quelques hommes qui en
inoculent le virus à des milliers d’innocents.
Mais c’est aussi la plus curable, puisqu’il
suffirait de museler, d’enfermer, de sup
primer les monstres qui la déchaînent pour en
délivrer la terre à jamais.
Convenons-en. Les gouvernements ont eu,
ces temps derniers, des audaces timides :
Genève, la Haye, premiers phares dressés au-
dessus des incertitudes humaines, lueurs d’es
poir — si faibles — dans les ténèbres mauvaises.
Mais ces chétifs efforts ne sauraient suffire.
Mieux, ils sont vains, caron dépense, chaque
année, des milliards pour préparer la guerre.
Et voilà le danger. N’est-il pas significatif
que les peuplesdont la misère n’est pas feinte,
versent tant d’argent pour assurer leur propre
égorgement ?
(.es moutons, il est vrai, sont toujours
disposés à se précipiter vers l’abattoir où le
boucher les attend, la conscience paisible et
le couteau frais aiguise. Mais, quand L s’agit
des hommes, ceux-là dressent eux-mêmes
leurs abattoirs ; ils paient le boucher et lui
achètent des armes !...
En présence de cette lâcheté collective, il
devient nécessaire à chaque homme de se
défendre soi-même, de défendre son bonheur,
son foyer, sa vie...
Des apôtres s’y emploient, de longue date ;
quelques journaux y travaillent, parmi lesquels
\’Universel, n’est pas le moins vaillant.
Nous allons essayer de les aider de nos sug
gestions.
Bien qu’il puisse paraître prétentieux de se
citer soi-même, 011 nous permettra d’ajouter
que les idées que nous détendons ici ont été
exposées plus longuement et sous une autre
forme, dans notre livre : Le Christ ensanglanté.
Au seuil de ce premier article, posons cette
question: dans la dernière guerre, leschrétiens
ont-ils fait tout leur devoir ?
En Europe, en Amér ique, iis sont l’immense
majorité A eux seuls, iis auraient pu em
pêcher que la tuerie se prolongeât pendant
des années, à eux seuls, ils auraient pu, ils
pourraient empêcher la guerre.
Qu’en pense-t-on ? Si, au cours d’une de ces
permissions, dites de 0 détente » qui leur étaient
si avarement comptées, les soldats avaient
envahi les cafés, les dancings, les cinémas, les
théâtres, tons ces endroits où la foule s’amu
sait sans s’inquiéter des scènes de carnage
qui se produisaient au front, et s’ils avaient
crié à cette foule joyeuse :
— Pendant que vous buvez, pendant que
vous dansez, pendant que vous vous inté
ressez aux histoires que débitent les acteurs,
pendant que vous vivez tranquilles et lecœur
content, d’autres hommes meurent là-bas,
d’autres hommes qui sont vos frères, vos
époux, vos fils.. Y avez vous pensé ? Faut-il
qu’on vous le rappelle? Et vous ne rougissez
pas ? Et vous n’avez pas honte ? et vous ne
fuyez pas ?
Si, aux heures de culle, ces soldats péné-
Irant dans les édifices religieux, temples,
synagogues, églises, avaient harangué les
fidèles ; s’ils leur avaient demandé ;
— Que faites-vous ici, ô gens de peu de foi ?
Vo.is priez, mais c’est du bout des lèvres, vous
priez, l’âme quiète, la conscience paisible.
Votre prière dite vous rentrez chez vous,
croyant avoir accompli votre devoir. C’est
faux. Ni votre devoir envers Dieu. Ni votre
devoir envers vos semblables. Nous venons
du front ; nous y retourneronsdemain. Et nous
aussi, nous croyions avoir fait notre devoir.
Quel mensonge et quelle duperie ! Pourtant,
voyez, on nous a récompensés ; on nous a
distribué des médailles, on nous a donné des
galons. C’est que nous avons accompli notre
devoir de soldat. Uniquement. Mais notre
devoir de chrétien ?
Celui que vous implorez n’a-t-il pas dit :
Tu ne tueras pas ? Or, qu’a von s-nous fait ? Nous
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.0%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k45653237/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k45653237/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k45653237/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k45653237
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k45653237
Facebook
Twitter