Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1926-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1926 01 mars 1926
Description : 1926/03/01-1926/04/30. 1926/03/01-1926/04/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565295c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
2S* ANNÉE
MJEKSlîSL
MAR&'AVHik A &2J&
i ^ ~
9
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DEPOT LEGAL
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An nés !9
J
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ,
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, P r Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n’engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
1
Chèques postaux :
Un an
5 francs, j
D r DUMESNIL
Le numéro... M
O Ir. 25 jj PARIS n* 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent S francs.
Membre actii 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs
37, rue Poussin, PARIS, XVI*. Tél. : Auteuil 36-98
ELLE RÈGNE... LA BÊTE !
Ceci n’est pas un commentaire de l’excel
lent livre de notre ami G. Dupin Le règne
de la Bête (i) dont nous parlions la dernière
fois mais le résultat de constatations pa
rallèles. -V
Oui, c’est le règne de la Bête et de la bê-
- ise ! imagineraii-on que des femmes culti
vées, « de la meilleure société », mères de
famille, puissent dire avec la plus tranquille
conviction : « La raison d’être de notre tra
vail c’est d’élever les enfants de telle façon
qu’à vingt ans ils n’hésitent pas à se faire
casser la gueule [sic) pour la France » ?
Et pourtant ce propos est authentique et il
peint l’état d’esprit de la plupart des femmes
de l’aristocratie française, en même temps
qu'il reproduit le nouveau langage du noble
faubourg.
Et les nobles ou riches infirmières,
de blanc vêtues et croisées de rouge, portent
avec ostentation leur livret militaire qui les
affecte pour la « prochaine dernière » aux
formations de l’avant ou de l’arrière. Et leur
ardeur patriotique est sans bornes, comme
celle de leurs aînées de 1914 qui en un grand
hôpital de la région parisienne obligeaient
sous menaces de mort telle jeune infirmière
de 17 ans à coucher avec un soldat conva
lescent qui devait repartir au front. Le de
voir patriotique est multiforme !
Dans l’antiquité il y avait aussi, aux jours
de fête, des séances de prostitution sacrée de
grande envergure. Le nouveau culte patrio
tique est essentiellement sadique.
Car c’est bien un culte ; il ne s’agit de rien
moins que d’une religion, dont il ne faut
point discuter les dogmes et les commande
ments. Un journal protestant n’hésitait pas
a écrire dernièrement que la religion du sol
dat c’est la religion de la patrie. Lt une dame
de qualité « bien pensante » avouait ingénu
ment, il y a peu de temps, « qu’on pouvait
discuter les dogmes catholiques mais que la
Patrie était tabou ».
La situation est donc nette et il faut s'en
rendre compte. Idolâtrie aveugle et féroce
qui ne recule devant aucune monstruosité
pour s’imposer et dans laquelle commu
nient catholiques, protestants, juifs, francs-
maçons, athées notoires, penseurs soi-disant
libres, magistrats et professeurs, fascistes et
gens des Droits de l’Homme. En mainte
église on voit le drapeau tricolore près de
l’autel et aux processions il accompagne le
Saint-Sacrement, tandis qu’à l’école les en
fants lui font le salut militaire ! Ne doutons
point que dans quelque temps ceux qui re
fuseront de s’incliner devant le dogme et de
participer au culte patriotique seront mis hors
la loi. La parole de l’Apocalypse se vérifiera:
« La Bête fit qu’à tous, petits et grands,
riches et pauvres, libres et esclaves, on mit
une marque sur la main droite ou sur le
front, et que nul ne pùt acheter ou vendre,
s’il n’avait pas la marque de la Bête ou le
nombre de son nom. » (Apoc. i 3 -i 6 ).
Pendant qu’en la boutique foraine de Ge
nève, à l’enseigne de la « Société des Na
tions » où maint bateleur s’engraisse, on
jongle avec les sièges à Fahurissement des
badauds qu’endorment les officiels bonimen-
teurs, dans le monde entier, l’ancien et le
nouveau on arme et on surarme, mieux
qu’avant la « dernière guerre ». Les Etats-
Unis d’Amériquç, qui dénoncent notre mili
tarisme, rassemblent dans leurs mobilisa
tions seize millions d’hommes sous les
armes, dont treize mille aviateurs, et pos
sèdent une organisation perfectionnée pour
la fabrication en grand des gaz les plus meur
triers et des bombes incendiaires capables
d’enflammer toute la surface de la Terre. En
ce doux pays les étudiants ne sont plus admis
à passer leurs examens s'ils refusent d entrer
dans les Sociétés de préparation militaire. A
part* cela le gouvernement américain est pa-
(j) Gustave Dupin : Le règne de la Bête (Librairie du Tra
vail) i vol. 7 fr. 50 franco à nos bureaux. Tous nos amis
doivent posséder ce livre fondamental qui détruit irréfutable-
njente sophisme criminel, fondement de toutes les guerres,
cifique ! Cette même Amérique du Nord sous
l’espèce d’une grande banque des Etats-Unis
soutient le fascisme italien de ses dollars, et,
maintenant sur le pinacle le sinistre Musso
lini, régente les grands services publics de
lTtaiie. Le «Duce » fort de son prestige, afin
de consolider son règne ne parie de rien moins
que de prendre la Corse, Nice, la moitié de
nos colonies et même au besoin d’envahir
toute la France.
D’après l’annuaire de la S. D. N. sur les
armements, il y a actuellement (en temps de
pâi *) cinq millions et demi d’hommes sous les
armes en Europe (sans compter l’U. R. S. S.)
La Pologneentretient 3 oo.ooo soldats et son
budget de guerre absorbe 3 q 0/0 du budget
total. L’armée roumaine a 3 oo.ooo hommes,
l’armée serbe 260.000. Ces nations sont pour
vues de matériel de guerre par l’Angleterre
et la France et nous savons telle maison
d’aviation de Paris qui fait en Pologne et en
Roumanie de fructueuses affaires.
La France entretient environ 800.000 sol
dats et de ce fait notre budget troué est chargé
annuellement d’une dépense de 6 milliards
de francs. Et nos ministres des finances
cherchent où faire des économies !
L'Angleterre dépense plus de 10 millions
de livres sterlings, l’Allemagne 5 oo millions
de marks-or, etc.
On augmente toujours les flottes maritimes.
D’autre part 4.000 aéroplanes sont prêts pour
« arroser » copieusement civils et militaires.
Tanks, canons, gaz, bouillons de microbes,
tout l’orchestre, pour accompagner le grand
air de la Société des Nations : Paix et Désar
mement !
Cependant la grande masse des gens ne
s’en alarme guère. Il faut voir la foule sur les
champs de course et dans les dancings ! Ja
mais on n’a aussi facilement dépensé l’argent
que le mercantilisme éhonté a concentré dans
les mains d’une nouvelle aristocratie qui ne
s’impose ni par la culture, ni par le raffine
ment, tandis que le vrai savoir et le travail
consciencieux sont dépréciés au profit de
l’agiotage et de la « combine » frauduleuse.
Conscience et compétence sont devenues de
vieilles marottes, bonnes pour « les poires ».
La guerre qui devait régénérer la France,
aux dires de nos cuistres d’Académie et de
gouvernement, a corrompu et avili les cons
ciences plus que n’auraient fait cent ans de
vie oisive. Et s’il est sorti quelque bien de ce
grand bouleversement du monde, force est
de reconnaître que dans l’ensemble, dans le
domaine moral aussi bien que financier, éco
nomique et politique c’est le règne du gâchis.
Mensonge, jouissance, violence, c'est la triade
qui résume la conduite générale. Le monde —
à part quelques rares clairvoyants— n’a rien
appris de la guerre, il est plus stupide qu’au-
paravant.
Les masses sont mûres' pour l’esclavage.
L’organisation militariste appuyée sur les
puissances d’argent et les puissances d’Eglise
enserre le monde dans un réseau de plus en
plus serré, quoique plus subtil. Quel réveil
demain !
Le premier acte s'est joué de 1914 à 1918.
Le second sera plus terrible. C’est un nou
veau « jugement » qui se prépare. Il fondra
sur les endormis.
La « Bête» après avoir pourchassé ceux qui
lui résistent, dévorera ses adorateurs.
Ce ne sera pas la fin des temps, mais la fin
d’une grande période de l’histoire humaine.La
vie recommencera, propagée par les hommes
et les femmes fidèles qui n’auront pas ployé
le genou devant la Bête, mais seront restés
fidèles au Seigneur de la Vie, au Dieu
d’Amour.
D r M. DUMESNIL.
« Les différences de religions importent peu
puisque les hommes se servent indifféremment
de toutes pour des œuvres méchantes et injustes ».
A. DAUDET (Evangéliste).
Voilà près de douze ans que la guerre
nous a surpris au beau milieu de nos rêves
fraternels, voilà près de douze ans qu’ont
commencé à tomber pour ne plus se relever
les plus jeunes des nôtres dont l’idéalisme
juvénile accepta la guerre comme un terrible
mais impérieux devoir. Les notes laissées par
les meilleurs d’entre eux en font foi : aucun
n’entrevit la possibilité de comprendre
l'amour de la patrie autrement que par la
participation à la guerre qui les écœurait
tous. Ainsi cette jeunesse d’élite habituée au
travail de la pensée, aux recherches philo
sophiques, scientifiques ou artistiques ne
vit d’autre manière de prouver sa supério
rité. incontestable sur la masse qu’en accep
tant de s’abaisser à un métier qui lui faisait
horreur. Tous ces êtres d*exception virent,
dans cet abaissement, dans ce renoncement
de la pensée, un acte symbolique : le sacri
fice de l’individu à.la collectivité.
Paix à leur mémoire ! Surpris comme ils
le furent par la guerre, emportés très vite
dans son tourbillon, ils n’eurent pas le loi
sir de réfléchir, de voir autrement et défaire
mieux. Ils agirent comme ils avaient été
préparés à le faire, tous , français, allemands,
anglais, belges ou américains, dès Venfances
Ils furent fidèles, jusqu’à la mort, à l’image
d’après laquelle année après année, ils
avaient été façonnés, à la maison, à l’école,
et à 1 *Université. Que ceux qui doutent des
résultats, de l'éducation s’en aillent contem
pler les champs de croix de bois épars sur
toute l’Europe !
Jusqu'à 1914, les défenseurs de l’objection
de conscience étaient d’ailleurs si peu nom
breux, si dispersés et si bafoués par les pa
cifistes eux-mêmes que la plupart des jeunes
héros de la guerre n’en avaient sans doute
jamais entendu parler.
Mais depuis ce temps où nous étions un
très petit groupe de chrétiens et de libre-
penseurs, à défendre le respect de la cons
cience individuelle contre la loi, la guerre a
passé et emporté bien des illusions sur l’im
périeux devoir militaire. Aujourd’hui la
question de l’objection de conscience est à
l’ordre du jour dans les milieux les plus di
vers ; on en parle, on la discute, un livre qui
traite ce sujet a les honneurs de la critique
littéraire officielle, des ligues se forment pour
la défense de l’objection de conscience. On
ne peut plus ignorer l’existence des réfrac
taires pour motif de conscience et il est à
penser qu’une prochaine guerre verrait leur
nombre croître parmi la jeunesse idéaliste.
C’est parce que la participation des aînés à
la guerre n’a pas amené la paix qu’ils croyaient
conquérir, qu’aujourd’hui les cadets com
mencent à comprendre que « le fruit de la
justice se sème dans la paix par ceux qui
procurent la paix ». Ainsi se dressent l’une en
face de l’autre deux générations d’hommes.
La première, celle de 1914 chez nous héri
tière de la culture gréco-latine, bercée par
les récits d’exploits fameux, crut à la ma
nière des héros antiques conquérir la paix
par les armes. La seconde, celle qui se lève
lentement, est celle qui subit, à son insu ou
non, l’influence de tous les sages de l’huma
nité qui proclamèrent depuis des temps re
culés la suprématie de l’Esprit : Krishna,
Bouddha, Jésus-Christ, Ganddhi et bien
d’autres encore. Les premiers croyaient que
la paix serait le prix certain et immédiat
de la victoire. Les seconds savent qu’elle est
l’œuvre patiente, persévérante obscure et de
longue haleine de ceux qui se sont voués à,
son service, pendant la guerre et pendant la
la paix, , tous les jours de leur vie.
Ainsi le sacrifice çie la génération de U
guerre n’a pas été tout à fe.it vain et son échec
n est pas aussi lamentable qu’il nous arrive
de le croire quand le soir descend sur notre
fatigue. Lentement, au prix d’une effroyable
rançon certes, mais sûrement l’humanité
avance, des progrès se dessinent ; il est tout
de même des enfants qui profitent de la leçon
des pères.
H, DUMESNIL-HUCHET,
Fédération des Groupements
(l’Action intégrale pour la Paix
DÉCLARATION DE PRINCIPES
L Si Fédération des Groupements d’ac
tion intégrale pour la Paix (l'A. i. P. P.)
réunit, pour combattre l’idée et la pratique des
guerres, quelles qu’elles soient, les groupements
poursuivant le même but et acceptant les mêmes
principes fondamentaux.
Sur le plan individuel, l’A. I. P. P. pro
clame les Droits de l’individu au refus de tuer si
sa conscience le lui interdit.
Sur Je plan économique et social, l’A.
I. P. P. proclame comme une nécessité de pre
mier ordre, l’affranchissement du travail vis-à-vis
des puissances financières internationales et, vu
la solidarité économique universelle, entend
coopérer de toutes manières à l’institution pro
gressive du libre échangé entre les peuples.
L’A. I. P. P. est entièrement indépendante au
point de vue philosophique et politique. Les or
ganisations adhérentes qui acceptent la présente
déclaration de principes conservent leur autono
mie.
P--S. — L’A. I. P. P. accepte des membres
individuels qui auront voix consultative.
Le chiffre de la cotisation, provisoirement fa
cultative, est laissé à l’appréciation généreuse des
adhérents.
Le Siège Social est fixé provisoirement chez le
secrétaire général, Monsieur J. CHAMOT, 20,
Avenue Victoria, à Paris I er , qui recevra la cor
respondance, les adhésions collectives et indivi
duelles, les cotisations et répondra aux commu
nications.
Joindre un timbre pour les lettres nécessitant
une réponse .
M. J^. C.
La multiplicité des sociétés chrétiennes de
la Paix depuis l'Armistice exige que le Mou
vement Pacifique Chrétien, fondé en Suisse
en 1898, expose ses principes pour éviter
tout malentendu.
Il y a donc lieu de rappeler à nos amis de
France et de l’Etranger que le M. P, C. n’a
aucune attache confessionnelle ou politique.
Que Tldéal est toujours le même
Réconciliation franco-allemande pour
réaliser les Etats-Unis d’Europe.
Du reste, le programme de notre action
est publié à la 4 e page de Y Universel en
quatre langues : ALLEMAND, ANGLAIS*
FRANÇAIS, HOLLANDAIS.
Tous les renseignements, communications,
et souscriptions doivent être adressés au Se
crétaire Général, le docteur Marius Dumesnil
ou à l’Agent International, le Pasteur Henri
Huchet.
Il n’y a aucun engagement financier ou
moral pour les Membres adhérents, actifs et
militants, en dehors du témoignage spirituel
et de la contribution volontaire.
Chacun peut, sur simple demande, rece
voir gratuitement le Journal de la Paix par
l'Evangile.
Avis important- — Toute personne qui ne
reçoit pas. régulièrement Y Universel doit
nous en aviser immédiatement.
Le Siège social est : 3y, Rue Poussin, 3y,
Paris xvff.
La misère est la Jîlle de l’injustiee, de la cu
pidité égoïste , du criminel mépris des saints de
voirs de C humanité, de leur violation si générale,
si permanente, qu'on s’est presque habitué , par
une effrayante aliénation de la conscience , à la
confondre avec l’ordre même,
LAMENNAIS .
R *
1 * »
Et voilà toujours le grand prétexte de l'abus
que ceux qui sont en place font de Cautorité : il
n’est point d'injustice que le bien public m jus
tifie ; il semble que le bonheur et la sûreté pu
blique ne puissent subsister que par des crimes ?
| quel’ordre et la tranquillité des empires ne soient
jamais dus qu’à l'injustice et; à, l'iniquité , et qu’il
faille renoncer à fa ver fa pou r se dévouer à l®
patrie, MASSILLON,
MJEKSlîSL
MAR&'AVHik A &2J&
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J
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour »
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ,
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, P r Hermann KUTTER
Sophie TEDING van BERKHOUT van TAACK TRAKRANEN
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Le numéro... M
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37, rue Poussin, PARIS, XVI*. Tél. : Auteuil 36-98
ELLE RÈGNE... LA BÊTE !
Ceci n’est pas un commentaire de l’excel
lent livre de notre ami G. Dupin Le règne
de la Bête (i) dont nous parlions la dernière
fois mais le résultat de constatations pa
rallèles. -V
Oui, c’est le règne de la Bête et de la bê-
- ise ! imagineraii-on que des femmes culti
vées, « de la meilleure société », mères de
famille, puissent dire avec la plus tranquille
conviction : « La raison d’être de notre tra
vail c’est d’élever les enfants de telle façon
qu’à vingt ans ils n’hésitent pas à se faire
casser la gueule [sic) pour la France » ?
Et pourtant ce propos est authentique et il
peint l’état d’esprit de la plupart des femmes
de l’aristocratie française, en même temps
qu'il reproduit le nouveau langage du noble
faubourg.
Et les nobles ou riches infirmières,
de blanc vêtues et croisées de rouge, portent
avec ostentation leur livret militaire qui les
affecte pour la « prochaine dernière » aux
formations de l’avant ou de l’arrière. Et leur
ardeur patriotique est sans bornes, comme
celle de leurs aînées de 1914 qui en un grand
hôpital de la région parisienne obligeaient
sous menaces de mort telle jeune infirmière
de 17 ans à coucher avec un soldat conva
lescent qui devait repartir au front. Le de
voir patriotique est multiforme !
Dans l’antiquité il y avait aussi, aux jours
de fête, des séances de prostitution sacrée de
grande envergure. Le nouveau culte patrio
tique est essentiellement sadique.
Car c’est bien un culte ; il ne s’agit de rien
moins que d’une religion, dont il ne faut
point discuter les dogmes et les commande
ments. Un journal protestant n’hésitait pas
a écrire dernièrement que la religion du sol
dat c’est la religion de la patrie. Lt une dame
de qualité « bien pensante » avouait ingénu
ment, il y a peu de temps, « qu’on pouvait
discuter les dogmes catholiques mais que la
Patrie était tabou ».
La situation est donc nette et il faut s'en
rendre compte. Idolâtrie aveugle et féroce
qui ne recule devant aucune monstruosité
pour s’imposer et dans laquelle commu
nient catholiques, protestants, juifs, francs-
maçons, athées notoires, penseurs soi-disant
libres, magistrats et professeurs, fascistes et
gens des Droits de l’Homme. En mainte
église on voit le drapeau tricolore près de
l’autel et aux processions il accompagne le
Saint-Sacrement, tandis qu’à l’école les en
fants lui font le salut militaire ! Ne doutons
point que dans quelque temps ceux qui re
fuseront de s’incliner devant le dogme et de
participer au culte patriotique seront mis hors
la loi. La parole de l’Apocalypse se vérifiera:
« La Bête fit qu’à tous, petits et grands,
riches et pauvres, libres et esclaves, on mit
une marque sur la main droite ou sur le
front, et que nul ne pùt acheter ou vendre,
s’il n’avait pas la marque de la Bête ou le
nombre de son nom. » (Apoc. i 3 -i 6 ).
Pendant qu’en la boutique foraine de Ge
nève, à l’enseigne de la « Société des Na
tions » où maint bateleur s’engraisse, on
jongle avec les sièges à Fahurissement des
badauds qu’endorment les officiels bonimen-
teurs, dans le monde entier, l’ancien et le
nouveau on arme et on surarme, mieux
qu’avant la « dernière guerre ». Les Etats-
Unis d’Amériquç, qui dénoncent notre mili
tarisme, rassemblent dans leurs mobilisa
tions seize millions d’hommes sous les
armes, dont treize mille aviateurs, et pos
sèdent une organisation perfectionnée pour
la fabrication en grand des gaz les plus meur
triers et des bombes incendiaires capables
d’enflammer toute la surface de la Terre. En
ce doux pays les étudiants ne sont plus admis
à passer leurs examens s'ils refusent d entrer
dans les Sociétés de préparation militaire. A
part* cela le gouvernement américain est pa-
(j) Gustave Dupin : Le règne de la Bête (Librairie du Tra
vail) i vol. 7 fr. 50 franco à nos bureaux. Tous nos amis
doivent posséder ce livre fondamental qui détruit irréfutable-
njente sophisme criminel, fondement de toutes les guerres,
cifique ! Cette même Amérique du Nord sous
l’espèce d’une grande banque des Etats-Unis
soutient le fascisme italien de ses dollars, et,
maintenant sur le pinacle le sinistre Musso
lini, régente les grands services publics de
lTtaiie. Le «Duce » fort de son prestige, afin
de consolider son règne ne parie de rien moins
que de prendre la Corse, Nice, la moitié de
nos colonies et même au besoin d’envahir
toute la France.
D’après l’annuaire de la S. D. N. sur les
armements, il y a actuellement (en temps de
pâi *) cinq millions et demi d’hommes sous les
armes en Europe (sans compter l’U. R. S. S.)
La Pologneentretient 3 oo.ooo soldats et son
budget de guerre absorbe 3 q 0/0 du budget
total. L’armée roumaine a 3 oo.ooo hommes,
l’armée serbe 260.000. Ces nations sont pour
vues de matériel de guerre par l’Angleterre
et la France et nous savons telle maison
d’aviation de Paris qui fait en Pologne et en
Roumanie de fructueuses affaires.
La France entretient environ 800.000 sol
dats et de ce fait notre budget troué est chargé
annuellement d’une dépense de 6 milliards
de francs. Et nos ministres des finances
cherchent où faire des économies !
L'Angleterre dépense plus de 10 millions
de livres sterlings, l’Allemagne 5 oo millions
de marks-or, etc.
On augmente toujours les flottes maritimes.
D’autre part 4.000 aéroplanes sont prêts pour
« arroser » copieusement civils et militaires.
Tanks, canons, gaz, bouillons de microbes,
tout l’orchestre, pour accompagner le grand
air de la Société des Nations : Paix et Désar
mement !
Cependant la grande masse des gens ne
s’en alarme guère. Il faut voir la foule sur les
champs de course et dans les dancings ! Ja
mais on n’a aussi facilement dépensé l’argent
que le mercantilisme éhonté a concentré dans
les mains d’une nouvelle aristocratie qui ne
s’impose ni par la culture, ni par le raffine
ment, tandis que le vrai savoir et le travail
consciencieux sont dépréciés au profit de
l’agiotage et de la « combine » frauduleuse.
Conscience et compétence sont devenues de
vieilles marottes, bonnes pour « les poires ».
La guerre qui devait régénérer la France,
aux dires de nos cuistres d’Académie et de
gouvernement, a corrompu et avili les cons
ciences plus que n’auraient fait cent ans de
vie oisive. Et s’il est sorti quelque bien de ce
grand bouleversement du monde, force est
de reconnaître que dans l’ensemble, dans le
domaine moral aussi bien que financier, éco
nomique et politique c’est le règne du gâchis.
Mensonge, jouissance, violence, c'est la triade
qui résume la conduite générale. Le monde —
à part quelques rares clairvoyants— n’a rien
appris de la guerre, il est plus stupide qu’au-
paravant.
Les masses sont mûres' pour l’esclavage.
L’organisation militariste appuyée sur les
puissances d’argent et les puissances d’Eglise
enserre le monde dans un réseau de plus en
plus serré, quoique plus subtil. Quel réveil
demain !
Le premier acte s'est joué de 1914 à 1918.
Le second sera plus terrible. C’est un nou
veau « jugement » qui se prépare. Il fondra
sur les endormis.
La « Bête» après avoir pourchassé ceux qui
lui résistent, dévorera ses adorateurs.
Ce ne sera pas la fin des temps, mais la fin
d’une grande période de l’histoire humaine.La
vie recommencera, propagée par les hommes
et les femmes fidèles qui n’auront pas ployé
le genou devant la Bête, mais seront restés
fidèles au Seigneur de la Vie, au Dieu
d’Amour.
D r M. DUMESNIL.
« Les différences de religions importent peu
puisque les hommes se servent indifféremment
de toutes pour des œuvres méchantes et injustes ».
A. DAUDET (Evangéliste).
Voilà près de douze ans que la guerre
nous a surpris au beau milieu de nos rêves
fraternels, voilà près de douze ans qu’ont
commencé à tomber pour ne plus se relever
les plus jeunes des nôtres dont l’idéalisme
juvénile accepta la guerre comme un terrible
mais impérieux devoir. Les notes laissées par
les meilleurs d’entre eux en font foi : aucun
n’entrevit la possibilité de comprendre
l'amour de la patrie autrement que par la
participation à la guerre qui les écœurait
tous. Ainsi cette jeunesse d’élite habituée au
travail de la pensée, aux recherches philo
sophiques, scientifiques ou artistiques ne
vit d’autre manière de prouver sa supério
rité. incontestable sur la masse qu’en accep
tant de s’abaisser à un métier qui lui faisait
horreur. Tous ces êtres d*exception virent,
dans cet abaissement, dans ce renoncement
de la pensée, un acte symbolique : le sacri
fice de l’individu à.la collectivité.
Paix à leur mémoire ! Surpris comme ils
le furent par la guerre, emportés très vite
dans son tourbillon, ils n’eurent pas le loi
sir de réfléchir, de voir autrement et défaire
mieux. Ils agirent comme ils avaient été
préparés à le faire, tous , français, allemands,
anglais, belges ou américains, dès Venfances
Ils furent fidèles, jusqu’à la mort, à l’image
d’après laquelle année après année, ils
avaient été façonnés, à la maison, à l’école,
et à 1 *Université. Que ceux qui doutent des
résultats, de l'éducation s’en aillent contem
pler les champs de croix de bois épars sur
toute l’Europe !
Jusqu'à 1914, les défenseurs de l’objection
de conscience étaient d’ailleurs si peu nom
breux, si dispersés et si bafoués par les pa
cifistes eux-mêmes que la plupart des jeunes
héros de la guerre n’en avaient sans doute
jamais entendu parler.
Mais depuis ce temps où nous étions un
très petit groupe de chrétiens et de libre-
penseurs, à défendre le respect de la cons
cience individuelle contre la loi, la guerre a
passé et emporté bien des illusions sur l’im
périeux devoir militaire. Aujourd’hui la
question de l’objection de conscience est à
l’ordre du jour dans les milieux les plus di
vers ; on en parle, on la discute, un livre qui
traite ce sujet a les honneurs de la critique
littéraire officielle, des ligues se forment pour
la défense de l’objection de conscience. On
ne peut plus ignorer l’existence des réfrac
taires pour motif de conscience et il est à
penser qu’une prochaine guerre verrait leur
nombre croître parmi la jeunesse idéaliste.
C’est parce que la participation des aînés à
la guerre n’a pas amené la paix qu’ils croyaient
conquérir, qu’aujourd’hui les cadets com
mencent à comprendre que « le fruit de la
justice se sème dans la paix par ceux qui
procurent la paix ». Ainsi se dressent l’une en
face de l’autre deux générations d’hommes.
La première, celle de 1914 chez nous héri
tière de la culture gréco-latine, bercée par
les récits d’exploits fameux, crut à la ma
nière des héros antiques conquérir la paix
par les armes. La seconde, celle qui se lève
lentement, est celle qui subit, à son insu ou
non, l’influence de tous les sages de l’huma
nité qui proclamèrent depuis des temps re
culés la suprématie de l’Esprit : Krishna,
Bouddha, Jésus-Christ, Ganddhi et bien
d’autres encore. Les premiers croyaient que
la paix serait le prix certain et immédiat
de la victoire. Les seconds savent qu’elle est
l’œuvre patiente, persévérante obscure et de
longue haleine de ceux qui se sont voués à,
son service, pendant la guerre et pendant la
la paix, , tous les jours de leur vie.
Ainsi le sacrifice çie la génération de U
guerre n’a pas été tout à fe.it vain et son échec
n est pas aussi lamentable qu’il nous arrive
de le croire quand le soir descend sur notre
fatigue. Lentement, au prix d’une effroyable
rançon certes, mais sûrement l’humanité
avance, des progrès se dessinent ; il est tout
de même des enfants qui profitent de la leçon
des pères.
H, DUMESNIL-HUCHET,
Fédération des Groupements
(l’Action intégrale pour la Paix
DÉCLARATION DE PRINCIPES
L Si Fédération des Groupements d’ac
tion intégrale pour la Paix (l'A. i. P. P.)
réunit, pour combattre l’idée et la pratique des
guerres, quelles qu’elles soient, les groupements
poursuivant le même but et acceptant les mêmes
principes fondamentaux.
Sur le plan individuel, l’A. I. P. P. pro
clame les Droits de l’individu au refus de tuer si
sa conscience le lui interdit.
Sur Je plan économique et social, l’A.
I. P. P. proclame comme une nécessité de pre
mier ordre, l’affranchissement du travail vis-à-vis
des puissances financières internationales et, vu
la solidarité économique universelle, entend
coopérer de toutes manières à l’institution pro
gressive du libre échangé entre les peuples.
L’A. I. P. P. est entièrement indépendante au
point de vue philosophique et politique. Les or
ganisations adhérentes qui acceptent la présente
déclaration de principes conservent leur autono
mie.
P--S. — L’A. I. P. P. accepte des membres
individuels qui auront voix consultative.
Le chiffre de la cotisation, provisoirement fa
cultative, est laissé à l’appréciation généreuse des
adhérents.
Le Siège Social est fixé provisoirement chez le
secrétaire général, Monsieur J. CHAMOT, 20,
Avenue Victoria, à Paris I er , qui recevra la cor
respondance, les adhésions collectives et indivi
duelles, les cotisations et répondra aux commu
nications.
Joindre un timbre pour les lettres nécessitant
une réponse .
M. J^. C.
La multiplicité des sociétés chrétiennes de
la Paix depuis l'Armistice exige que le Mou
vement Pacifique Chrétien, fondé en Suisse
en 1898, expose ses principes pour éviter
tout malentendu.
Il y a donc lieu de rappeler à nos amis de
France et de l’Etranger que le M. P, C. n’a
aucune attache confessionnelle ou politique.
Que Tldéal est toujours le même
Réconciliation franco-allemande pour
réaliser les Etats-Unis d’Europe.
Du reste, le programme de notre action
est publié à la 4 e page de Y Universel en
quatre langues : ALLEMAND, ANGLAIS*
FRANÇAIS, HOLLANDAIS.
Tous les renseignements, communications,
et souscriptions doivent être adressés au Se
crétaire Général, le docteur Marius Dumesnil
ou à l’Agent International, le Pasteur Henri
Huchet.
Il n’y a aucun engagement financier ou
moral pour les Membres adhérents, actifs et
militants, en dehors du témoignage spirituel
et de la contribution volontaire.
Chacun peut, sur simple demande, rece
voir gratuitement le Journal de la Paix par
l'Evangile.
Avis important- — Toute personne qui ne
reçoit pas. régulièrement Y Universel doit
nous en aviser immédiatement.
Le Siège social est : 3y, Rue Poussin, 3y,
Paris xvff.
La misère est la Jîlle de l’injustiee, de la cu
pidité égoïste , du criminel mépris des saints de
voirs de C humanité, de leur violation si générale,
si permanente, qu'on s’est presque habitué , par
une effrayante aliénation de la conscience , à la
confondre avec l’ordre même,
LAMENNAIS .
R *
1 * »
Et voilà toujours le grand prétexte de l'abus
que ceux qui sont en place font de Cautorité : il
n’est point d'injustice que le bien public m jus
tifie ; il semble que le bonheur et la sûreté pu
blique ne puissent subsister que par des crimes ?
| quel’ordre et la tranquillité des empires ne soient
jamais dus qu’à l'injustice et; à, l'iniquité , et qu’il
faille renoncer à fa ver fa pou r se dévouer à l®
patrie, MASSILLON,
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