Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1926-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1926 01 mai 1926
Description : 1926/05/01-1926/06/30. 1926/05/01-1926/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565296s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
28* ANNÉE
/
MENSUEL
MAI-JUIN 1926
1898, supprimé par ia censure militaire
pendant la Guerre mondiale
Chrétien
Mouoement Pacifique
« LINTERNATIONALE DE L AMOUK »
l
en
)
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Glaire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ,
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING vaq BERKHOU I van TAACK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro.
O fr. 25
PARIS «l* 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs
37, rue Poussin, PARIS, XVI e . Tel. : Auteuil 36-98
UNE CONTROVERSE
us issus
Camp international
de Ghevreuse
Un Docteur en Droit international a bien
voulu se donner la peine d’attirer mon atten
tion sur ma manière erronée d’envisager le
Décalogue.
Tout d’abord, m’a dit cet ami, vous consi
dérez le Décalogue comme divin, quand en
réalité il est humain, plus juridique que
spirituel. C’est là votre grande erreur d'où
découlent les autres moindres.
Prenons le premier commandement qui fait
une obligation aux croyants d’adorer un Dieu
jaloux de sa toute puissance et orgueilleux de
son omnipotence. Ce n’est ni plus ni moins
que de la théocratie qui ne cadre guère avec
nos idées démocratiques. Mais passons.
Le deuxième est subordonné au précédent.
Il interdit le culte des idoles. Il a engendré
les iconoclastes qui ne comprirent pas que
admiration n’a rien de commun avec adora
tion, et qui se conduisirent en vrais vandales
ennemis de l’Art, détruisant des Œuvres de
■Génie.
Le troisième ordonne de ne pas prendre
le nom de Dieu en vain pour justifier sa ma
nière de voir, de faire ou de dire, mais il ne
réprime nullement le serment en justice pour
appuyer la vérité, comme le pensent, en parti
culier, les Quakers, lorsqu’il s’agit de s’in
nocenter ou de sauver une personne accusée
à faux.
Le quatrième nous recommande le repos
du septième jour, lequel est appelé sabbat
par les Juifs, dimanche par les chrétiens.
Surcelui-là, tout le monde est d’accord, même
les libres-penseurs les plus convaincus
d’athéïsme. Le travail étant considéré par
tous comme la peine des hommes, un châti
ment.
Le cinquième nous recommande d’honorer
nos père et mèré en toutes choses, mais les
aimer est encore la meilleure manière de les
honorer.
Le sixième est le capital pour le M. P. C.
qui dénature involontairement le « Tu ne
tueras point » en quoi il veut voir l’interdic
tion de participer à la guerre, quand en réa
lité il interdit seulement le meurtre, l’homi
cide, l’assassinat, mais non la légitime dé
fense personnelle, sociale, ou patriotique,
comme on peut s’en convaincre par l’inter
vention de Moïse, qui tua un Egyptien agres
seur d’un Juif, et conduisit le peuple d’Israël
contre les Cananéens.
Le septième nous recommande de ne pas
détourner la femme mariée de son foyer,
puisqu’elle est sous puissance maritale et
tenue à la fidélité conjugale et familiale.
Le huitième nous défend de prendre le
bien d’autrui par la violence, la ruse, ou la
rapine, comme le font tous les spéculateur^
et les mercantis de tous les temps.
Le neuvième nous met en garde contre le
mensonge, le faux témoignage contre un
accusé.
Le dixième nous prévient que même l’in
tention de convoiter la propriété du prochain
est attentatoire à la Loi. L’envie étant sœur
de la jalousie, l’une et l’autre semant la
haine.
*
* ¥
La thèse analytique de cet ami n’infirme
en rien mon interprétation du Décalogue.
Jésus-Christ est le meilleur commentateur
de la Loi. Voyons donc ce qu’a dit le Maître.
Premier commandement. Le culte est celui
de l’Esprit de Vérité guidé par la Prière
dominicale dans le secret du cœur et de la
maison.
Le deuxième commandement nous appelle
à la perfection beaucoup plus qu’à l’adoration,
C est un culte subjectif plus qu’objectif.
Le troisième commandement nous fait un
devoir de ne pas prendre le nom de Dieu en
vain, mais que notre Oui ou Non soit l’ex
pression de la Vérité, toute la Vérité.
Le quatrième nous fait l’obligation du re
pos hebdomadaire, sans ' considération d’un
"jour spécial,le sabbat a été fait pour l’homme
et non l’homme pour le sabbat. Le Fils de
Dieu était maître du sabbat. Il Ta prouvé
en maintes circonstances. Peu importe le
jour choisi.
Le cinquième commandement nous fait un
devoir d’assister les auteurs de nos jours dans
le besoin, la maladie et la vieillesse.
Le sixième commandement est notre che
val de bataille. Jésus nous a démontré que
la vengeance, le talion n’étaient pas la règle
d’or de ses disciples, mais celle du pardon
et de l’amour, même des ennemis, auxquels
il faut rendre le bien pour le mal. La
guerre est sans excuse, on ne peut invoquer,
au nom de la patrie, les raisons de légi
time défense d’un homme qui défend son
existence, la vie de sa femme et de ses enfants,
attendu que les non-combattants sont géné
ralement épargnés. Les victimes civiles sont
l’exception dans l’holocauste sanglant.
Le septième commandement enjoint le
respect absolu de la femme engagée marita
lement. Mais Jésus, va plus loin, il rappelle
aux hommes leurs propres faiblesses et les
invite à l’indulgence à l’égard de leurs com
pagnes. Il se refuse à la condamnation et
déplore le divorce. Les époux sont de ceux
qui doivent se pardonner septante fois sept
fois.
Le huitième commandement nous impose
l’honnêteté en tout, en ne prélevant pas des
bénéfices scandaleux et illicites, en ne prêtant
pas avec usure.
Le neuvième commandement nous met
en garde contre les dépositions erronnées et
les témoignages intéressés en Justice, pour
sauver des coupables ou faire condamner
des innocents.
Le dixième commandement nous interdit
la convoitise de tout ce qui est sous la dé
pendance d’autrui : corps et biens.
Telle est la Loi, et les Prophètes à la Lu
mière du sermon sur la Montagne- et des
Evangiles.
J’ai omis de citer les versets pour ne pas
faire du patois de pharisiens, mais si j’ai été
infidèle à l’esprit et à la lettre biblique, je
compte sur la charité de nos lecteurs pour
remettre les choses au point dans l’intérêt de
la controverse.
Henri HUCHET.
Correspondance
En réponse à un grand nombre de demandes,
le docteur Dumesnil informe ses correspon
dants qu’il ne reçoit chez lui, 37, rue Poussin,
pour les consultations médicales, que sur
rendez-vous. Ecrire ou téléphoner: Auteuil
36 -q 8 .
D r M. DUMESNIL.
M. R. C.
La multiplicité des sociétés chrétiennes de
la» Paix depuis l’Armistice exige que le Mou
vement Pacifique Chrétien, fondé en Suisse
en 1898, expose ses principes pour éviter
tout malentendu.
Il y a donc lieu de rappeler à nos amis de
France et de l’Etranger que le M. P. C. n’a
aucune attache confessionnelle ou politique.
Que l’Idéal est toujours le même :
Réconciliation franco-allemande pour
réaliser les Etats-Unis d’Europe.
Du reste, le programme de notre action
est publié à la 4 e page de Y Universel en
quatre langues : ALLEMAND, ANGLAIS,
FRANÇAIS, HOLLANDAIS.
Tous les renseignements, communications,
et souscriptions doivent être adressés au Se
crétaire Général, le Docteur Marius Dumesnil
ou à l’Agent International, le Pasteur Henri
Huchet.
Il n’y a aucun engagement financier ou
moral pour les Membres adhérents, actifs et
militants, en dehors du témoignage spirituel
et de la contribution volontaire.
Chacun peut, sur simple demande, rece
voir gratuitement le Journal de la Paix par
l’Evangile.
Avis important. —Toute personne qui ne
reçoit pas régulièrement U Universel doit
nous en aviser immédiatement.
Le Siège social est : 3 y, Rue Poussitt , 3 y,
Paris xvi e .
Tout effort porte son fruit. Tout acte est
lourd de conséquences à l’infini. On l’oublie
trop ; on se plaint de son isolement, on rêve
des grandes réunions auxquelles on ne peut
assister mais où l’on s’imagine — à dis
tance — que se fait pour la paix un travail
prodigieux ; on oublie qu’à la fin de la se
maine, les habitués de ces meetings ont l’es
prit fait comme un puzzle, après avoir en
tendu des orateurs, tous aussi éloquemment,
discourir tour à tour sur la paix, le tabac, les
bas de couleur et les cheveux courts.
Courir de meeting en meeting —■ il .faut
l’écrire pour avertir les parisiens et consoler
les provinciaux — prononcer les plus belles
harangues pacifistes, publier les plus brillants
articles, c’est là la part'la plus superficielle
de la tâche qui revient à tout pacifiste, celle
qui pourrait être, en vérité, supprimée sans
grand dommage. Ce qu’il faut pour que se
rapproche de nous le jour où la guerre sera
méprisée comme un acte indigne de l’huma
nité, ce sont des hommes et des femmes dé
cidés à être dans loules les circonstatices de
leur vie des messagers de paix, non seulement
en paroles, mais en action et qui plus est
encore, en esprit. Il n’est pas nécessaire que
notre influence s’excerce sur un grand nom
bre de personnes ; la foule est un mirage,
dont il ne faut pas être dupe. Ce qui im
porte, c’est que cette influence soit durable
et elle ne l’est que dans la mesure où nous
avons donné non seulement notre intelli
gence à notre idéal pacifiste, mais toutes nos
possibilités de sentir et de vouloir. C’est
pourquoi les quelques paroles pacifiques pro
noncées, il y a près de 2.000 ans par un
homme inconnu dans une bourgade perdue
de la Palestine à une population villageoise
ont encore aujourd’hui tant de puissance
pour émouvoir, convaincre et même trans
former un homme de guerre en un serviteur
de la paix ; elle sont « esprit et vie >1 elles le
sont aux siècles des siècles; quand seront
depuis longtemps oubliées — par bonheur —
toutes les innombrables et inefficaces décla- •
rations pacifistes prononcées du haut des tri
bunes officielles, quand seront réduits en
poudre les volumineux comptes rendus de
tous les congrès pacifistes nationaux et in
ternationaux dont le nombre va croissant ,
avec les années sans avoir pu, que je sache, j
empêcher ou arrêter une seule guerre, elles
seront là toujours aussi neuves, aussi vivan
tes parce que celui qui les prononçait s’in
carna, pour ainsi dire, en elles.
Ainsi ne perdons pas courage ; en face
des gouvernements tenus en laisse par
l’opinion publique, en face de l’opinion pu
blique sans opinion, en face des politiciens
indécis liés par leurs électeurs, en face des
électeurs qui vont voler sans conviction, les
pacifistes convaincus , dispersés à travers le
monde nous apparaissent comme les pré-,
misses de l’avenir sur une civilisation qui s’ef
fondre, comme ces gouttes d'eau des grottes
souterraines dont le travail patient et caché
entraîne l’effondrement de blocs millénaires
et fait surgir à leur place une nouvelle et
merveilleuse architecture. Et à cette tâche
collaborent également tous les pacifistes, les
solitaires de la grande ville et les isolés de la
campagne, s’ils pratiquent de leur mieux dans
la situation où le sort les a placés, la vie paci
fique, la vraie, la seule qui puisse porter des
fruits durables de génération en génération 11
ne s’agit pas de faire à ses enfantsd.es cours sur
la paix ou des descriptions horribles des maux
de la guerre mais d’abord et surtout de les faire
vivre à ans une atmosphère de paix ; les plus
sentencieux discours pacifistes de parents
enclins à la colère resteront sans effet ; les
plus beaux appels à la concorde internatio
nale ne toucheront pas ceuxqui habitent sous
votre toit et savent que vous ne pouvez
vivre en harmonie avec ceux qui ne par
tagent ni votre culture ni vos opinions et
il en va de même de toutes les autres mani
festations de la vie. Vous ambitionnez de
compter au nombre des militants de la paix
et vous vous demandez sans cesse ce qu’il faut
Pour la troisième lois, nous verrons cet été
dans la vallée de Chevreuse une réunion interna
tionale de pacifistes que le désir constructif d’un
meilleur avenir amènera dans ce beau cadre na
turel pour mener une vie simple et fraternelle
pendant huit jours.
Quoique nous ne puissions, contre notre gré,
prendre cette année une part active à la prépara
tion de ce camp, nous recevrons les inscriptions
de nos lecteurs et les transmettrons à notre ami
J. Demarquette président du Trait d’Union et
organisateur du Camp.
*
* *
Vous êtes cordialement invité à participer à :
i_° L\ Caravane des Pèlerins de la' Paix (18-
25 juillet.
18 juillet : concentration des campeurs à Givet
(Ardennes) ; 19, Mézières ;.2o, Rethel ; 21, Reims ;
22, Soissons; 23, Villers-Cotterets ; 24, Senlis;
25, Paris-Chevreuse.
Les « Pèlerins de la Paix » camperont chaque
soir dans les localités indiquées et leur passage
sera marqué par des conférences de propagande
pour la réconciliation et le rapprochement euro
péen.
Chaque participant ou groupe de participants
doit’ amener un matériel complet de campement :
tente, couvertures, matériel de cuisine et de toi
lette, etc.
Le prix du voyage, nourriture comprise, sera
approximativement de 100 francs.
2 0 du 25 au 3 1 Juillet (i re Semaine du Camp),
consacrée à la Réforme des mœurs considérée
comme agent de progrès social ou international .
3 ° du 7 au 14 Août (2 e Semaine du Camp) consa
crée aux Précurseurs de l'Esprit Européen.
i e ‘ août : Histoire du Pacifisme français. Pas
teur Huchet ou D r Dumesnil.
2 août : « Edward Carpenter ». Hans Paasche.
3août: «Duhamel, J. Romains et l’Unanimis
me», par Prévost, du Vaisseau d’argent.
4 août : « Han Ryner et le subjectivisme » ;
« Gandhi, l’idéalisme hindou et le monde nou
veau », par un Pandit Jaïn.
5 août : Excursion à Versailles, vishe du Parc
et du Château.
6 août : « Pan Europa ou Société des Nations ».
7 août : « Comment la jeunesse actuelle peut-
elle collaborer au progrès de l’Humanité ? ».
Banville d’Hostel, J.-C. Demarquette, etc. Con
clusions tirées des travaux du camp.
CONDITIONS. — Chaque campeur doit apporter
ses nécessaires de toilette et de table (couteau, cuiller,
fourchette, assiette et tasse ou .quart), une ou deux
couvertures suivant les besoins personnels (on peut
en louer au camp), souliers de repos ou sandales,
costume de bain, manteau de pluie et les instruments
de musique dont il dispose pour prendre part aux
concerts et feux de camp.
Le service du camp est assuré par les campeurs
eux-mêmes.
ARRIVÉE AU CAMP. — On va de Paris à Che
vreuse par la gare Denfert-Rochereau en prenant un
billet pour St-Rémy. Trains à 8 h. i 5 ; 9 h. 20 ; 11 h. 2;
12 h. ; i 3 h. ; 14 h. 22 ; i 5 h. 34 ; 16 h. 49 ; 17 h. 32 ;
18 h. 44; 19 h. 7.
Les bagages lourds, valises, etc., pourront être
laissés, munis d’une étiquette solide et visible, au
café situé en face de la gare de St-Rémy, où une
voiture fes prendra pour les conduire au camp, les
dimanches 25 juillet et i er août dans la soirée.
Pour se rendre au camp, prendre l’autobus pour
Chevreuse où les habitants indiqueront lafroute à suivre.
Les 25 juillet et i 01 août les trains partant de Paris
à 9 h. 20, i 3 h. et 17 h. 32 seront attendus à la gare
de St-Rémy par des amis qui indiqueront le chemin
du camp.
PRIX DE SÉJOUR.— 110 francs pour une se
maine, 180 francs pour deux semaines, pour les
Français, Belges et Amis venant des pays à change
déprécié Pour les pays à change élevé, prix pour une
semaine : 1 livre sterling, ou 20 marks, ou 3 dollars,
ou 12 florins. Pour deux semaines : 1 livre 14 shil
lings, 34 marks, 8 dollars 1/2, ou 20 florins 1/2.
INSCRIPTIONS. — Les adhésions doivent être
notifiées à M. Demarquette, 6, rue de Port-Màhon,
Paris, 2e, avant le 10 juillet, à l’exception des adhé
sions allemandes, qui doivent parvenir ayant le
i 5 juin, à cause des formalités pour l’obtention du
visa.
Joindre timbre pour la réponse.
faire pour le devenir, oubliant que vous n’avez
pour cela qu’à être, être en toute circonstance
très simplement ce que vous voudriez qu’on
fût près de vous. Ce faisant, vous aurez tout
accompli et serez la lampe capable d’éclairer
tout homme dans la nuit.
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
Pi.
«
/
MENSUEL
MAI-JUIN 1926
1898, supprimé par ia censure militaire
pendant la Guerre mondiale
Chrétien
Mouoement Pacifique
« LINTERNATIONALE DE L AMOUK »
l
en
)
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
RÉDACTION :
D r M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Glaire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ,
D r M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER
Sophie TEDING vaq BERKHOU I van TAACK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
Dr DUMESNIL
Le numéro.
O fr. 25
PARIS «l* 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs
37, rue Poussin, PARIS, XVI e . Tel. : Auteuil 36-98
UNE CONTROVERSE
us issus
Camp international
de Ghevreuse
Un Docteur en Droit international a bien
voulu se donner la peine d’attirer mon atten
tion sur ma manière erronée d’envisager le
Décalogue.
Tout d’abord, m’a dit cet ami, vous consi
dérez le Décalogue comme divin, quand en
réalité il est humain, plus juridique que
spirituel. C’est là votre grande erreur d'où
découlent les autres moindres.
Prenons le premier commandement qui fait
une obligation aux croyants d’adorer un Dieu
jaloux de sa toute puissance et orgueilleux de
son omnipotence. Ce n’est ni plus ni moins
que de la théocratie qui ne cadre guère avec
nos idées démocratiques. Mais passons.
Le deuxième est subordonné au précédent.
Il interdit le culte des idoles. Il a engendré
les iconoclastes qui ne comprirent pas que
admiration n’a rien de commun avec adora
tion, et qui se conduisirent en vrais vandales
ennemis de l’Art, détruisant des Œuvres de
■Génie.
Le troisième ordonne de ne pas prendre
le nom de Dieu en vain pour justifier sa ma
nière de voir, de faire ou de dire, mais il ne
réprime nullement le serment en justice pour
appuyer la vérité, comme le pensent, en parti
culier, les Quakers, lorsqu’il s’agit de s’in
nocenter ou de sauver une personne accusée
à faux.
Le quatrième nous recommande le repos
du septième jour, lequel est appelé sabbat
par les Juifs, dimanche par les chrétiens.
Surcelui-là, tout le monde est d’accord, même
les libres-penseurs les plus convaincus
d’athéïsme. Le travail étant considéré par
tous comme la peine des hommes, un châti
ment.
Le cinquième nous recommande d’honorer
nos père et mèré en toutes choses, mais les
aimer est encore la meilleure manière de les
honorer.
Le sixième est le capital pour le M. P. C.
qui dénature involontairement le « Tu ne
tueras point » en quoi il veut voir l’interdic
tion de participer à la guerre, quand en réa
lité il interdit seulement le meurtre, l’homi
cide, l’assassinat, mais non la légitime dé
fense personnelle, sociale, ou patriotique,
comme on peut s’en convaincre par l’inter
vention de Moïse, qui tua un Egyptien agres
seur d’un Juif, et conduisit le peuple d’Israël
contre les Cananéens.
Le septième nous recommande de ne pas
détourner la femme mariée de son foyer,
puisqu’elle est sous puissance maritale et
tenue à la fidélité conjugale et familiale.
Le huitième nous défend de prendre le
bien d’autrui par la violence, la ruse, ou la
rapine, comme le font tous les spéculateur^
et les mercantis de tous les temps.
Le neuvième nous met en garde contre le
mensonge, le faux témoignage contre un
accusé.
Le dixième nous prévient que même l’in
tention de convoiter la propriété du prochain
est attentatoire à la Loi. L’envie étant sœur
de la jalousie, l’une et l’autre semant la
haine.
*
* ¥
La thèse analytique de cet ami n’infirme
en rien mon interprétation du Décalogue.
Jésus-Christ est le meilleur commentateur
de la Loi. Voyons donc ce qu’a dit le Maître.
Premier commandement. Le culte est celui
de l’Esprit de Vérité guidé par la Prière
dominicale dans le secret du cœur et de la
maison.
Le deuxième commandement nous appelle
à la perfection beaucoup plus qu’à l’adoration,
C est un culte subjectif plus qu’objectif.
Le troisième commandement nous fait un
devoir de ne pas prendre le nom de Dieu en
vain, mais que notre Oui ou Non soit l’ex
pression de la Vérité, toute la Vérité.
Le quatrième nous fait l’obligation du re
pos hebdomadaire, sans ' considération d’un
"jour spécial,le sabbat a été fait pour l’homme
et non l’homme pour le sabbat. Le Fils de
Dieu était maître du sabbat. Il Ta prouvé
en maintes circonstances. Peu importe le
jour choisi.
Le cinquième commandement nous fait un
devoir d’assister les auteurs de nos jours dans
le besoin, la maladie et la vieillesse.
Le sixième commandement est notre che
val de bataille. Jésus nous a démontré que
la vengeance, le talion n’étaient pas la règle
d’or de ses disciples, mais celle du pardon
et de l’amour, même des ennemis, auxquels
il faut rendre le bien pour le mal. La
guerre est sans excuse, on ne peut invoquer,
au nom de la patrie, les raisons de légi
time défense d’un homme qui défend son
existence, la vie de sa femme et de ses enfants,
attendu que les non-combattants sont géné
ralement épargnés. Les victimes civiles sont
l’exception dans l’holocauste sanglant.
Le septième commandement enjoint le
respect absolu de la femme engagée marita
lement. Mais Jésus, va plus loin, il rappelle
aux hommes leurs propres faiblesses et les
invite à l’indulgence à l’égard de leurs com
pagnes. Il se refuse à la condamnation et
déplore le divorce. Les époux sont de ceux
qui doivent se pardonner septante fois sept
fois.
Le huitième commandement nous impose
l’honnêteté en tout, en ne prélevant pas des
bénéfices scandaleux et illicites, en ne prêtant
pas avec usure.
Le neuvième commandement nous met
en garde contre les dépositions erronnées et
les témoignages intéressés en Justice, pour
sauver des coupables ou faire condamner
des innocents.
Le dixième commandement nous interdit
la convoitise de tout ce qui est sous la dé
pendance d’autrui : corps et biens.
Telle est la Loi, et les Prophètes à la Lu
mière du sermon sur la Montagne- et des
Evangiles.
J’ai omis de citer les versets pour ne pas
faire du patois de pharisiens, mais si j’ai été
infidèle à l’esprit et à la lettre biblique, je
compte sur la charité de nos lecteurs pour
remettre les choses au point dans l’intérêt de
la controverse.
Henri HUCHET.
Correspondance
En réponse à un grand nombre de demandes,
le docteur Dumesnil informe ses correspon
dants qu’il ne reçoit chez lui, 37, rue Poussin,
pour les consultations médicales, que sur
rendez-vous. Ecrire ou téléphoner: Auteuil
36 -q 8 .
D r M. DUMESNIL.
M. R. C.
La multiplicité des sociétés chrétiennes de
la» Paix depuis l’Armistice exige que le Mou
vement Pacifique Chrétien, fondé en Suisse
en 1898, expose ses principes pour éviter
tout malentendu.
Il y a donc lieu de rappeler à nos amis de
France et de l’Etranger que le M. P. C. n’a
aucune attache confessionnelle ou politique.
Que l’Idéal est toujours le même :
Réconciliation franco-allemande pour
réaliser les Etats-Unis d’Europe.
Du reste, le programme de notre action
est publié à la 4 e page de Y Universel en
quatre langues : ALLEMAND, ANGLAIS,
FRANÇAIS, HOLLANDAIS.
Tous les renseignements, communications,
et souscriptions doivent être adressés au Se
crétaire Général, le Docteur Marius Dumesnil
ou à l’Agent International, le Pasteur Henri
Huchet.
Il n’y a aucun engagement financier ou
moral pour les Membres adhérents, actifs et
militants, en dehors du témoignage spirituel
et de la contribution volontaire.
Chacun peut, sur simple demande, rece
voir gratuitement le Journal de la Paix par
l’Evangile.
Avis important. —Toute personne qui ne
reçoit pas régulièrement U Universel doit
nous en aviser immédiatement.
Le Siège social est : 3 y, Rue Poussitt , 3 y,
Paris xvi e .
Tout effort porte son fruit. Tout acte est
lourd de conséquences à l’infini. On l’oublie
trop ; on se plaint de son isolement, on rêve
des grandes réunions auxquelles on ne peut
assister mais où l’on s’imagine — à dis
tance — que se fait pour la paix un travail
prodigieux ; on oublie qu’à la fin de la se
maine, les habitués de ces meetings ont l’es
prit fait comme un puzzle, après avoir en
tendu des orateurs, tous aussi éloquemment,
discourir tour à tour sur la paix, le tabac, les
bas de couleur et les cheveux courts.
Courir de meeting en meeting —■ il .faut
l’écrire pour avertir les parisiens et consoler
les provinciaux — prononcer les plus belles
harangues pacifistes, publier les plus brillants
articles, c’est là la part'la plus superficielle
de la tâche qui revient à tout pacifiste, celle
qui pourrait être, en vérité, supprimée sans
grand dommage. Ce qu’il faut pour que se
rapproche de nous le jour où la guerre sera
méprisée comme un acte indigne de l’huma
nité, ce sont des hommes et des femmes dé
cidés à être dans loules les circonstatices de
leur vie des messagers de paix, non seulement
en paroles, mais en action et qui plus est
encore, en esprit. Il n’est pas nécessaire que
notre influence s’excerce sur un grand nom
bre de personnes ; la foule est un mirage,
dont il ne faut pas être dupe. Ce qui im
porte, c’est que cette influence soit durable
et elle ne l’est que dans la mesure où nous
avons donné non seulement notre intelli
gence à notre idéal pacifiste, mais toutes nos
possibilités de sentir et de vouloir. C’est
pourquoi les quelques paroles pacifiques pro
noncées, il y a près de 2.000 ans par un
homme inconnu dans une bourgade perdue
de la Palestine à une population villageoise
ont encore aujourd’hui tant de puissance
pour émouvoir, convaincre et même trans
former un homme de guerre en un serviteur
de la paix ; elle sont « esprit et vie >1 elles le
sont aux siècles des siècles; quand seront
depuis longtemps oubliées — par bonheur —
toutes les innombrables et inefficaces décla- •
rations pacifistes prononcées du haut des tri
bunes officielles, quand seront réduits en
poudre les volumineux comptes rendus de
tous les congrès pacifistes nationaux et in
ternationaux dont le nombre va croissant ,
avec les années sans avoir pu, que je sache, j
empêcher ou arrêter une seule guerre, elles
seront là toujours aussi neuves, aussi vivan
tes parce que celui qui les prononçait s’in
carna, pour ainsi dire, en elles.
Ainsi ne perdons pas courage ; en face
des gouvernements tenus en laisse par
l’opinion publique, en face de l’opinion pu
blique sans opinion, en face des politiciens
indécis liés par leurs électeurs, en face des
électeurs qui vont voler sans conviction, les
pacifistes convaincus , dispersés à travers le
monde nous apparaissent comme les pré-,
misses de l’avenir sur une civilisation qui s’ef
fondre, comme ces gouttes d'eau des grottes
souterraines dont le travail patient et caché
entraîne l’effondrement de blocs millénaires
et fait surgir à leur place une nouvelle et
merveilleuse architecture. Et à cette tâche
collaborent également tous les pacifistes, les
solitaires de la grande ville et les isolés de la
campagne, s’ils pratiquent de leur mieux dans
la situation où le sort les a placés, la vie paci
fique, la vraie, la seule qui puisse porter des
fruits durables de génération en génération 11
ne s’agit pas de faire à ses enfantsd.es cours sur
la paix ou des descriptions horribles des maux
de la guerre mais d’abord et surtout de les faire
vivre à ans une atmosphère de paix ; les plus
sentencieux discours pacifistes de parents
enclins à la colère resteront sans effet ; les
plus beaux appels à la concorde internatio
nale ne toucheront pas ceuxqui habitent sous
votre toit et savent que vous ne pouvez
vivre en harmonie avec ceux qui ne par
tagent ni votre culture ni vos opinions et
il en va de même de toutes les autres mani
festations de la vie. Vous ambitionnez de
compter au nombre des militants de la paix
et vous vous demandez sans cesse ce qu’il faut
Pour la troisième lois, nous verrons cet été
dans la vallée de Chevreuse une réunion interna
tionale de pacifistes que le désir constructif d’un
meilleur avenir amènera dans ce beau cadre na
turel pour mener une vie simple et fraternelle
pendant huit jours.
Quoique nous ne puissions, contre notre gré,
prendre cette année une part active à la prépara
tion de ce camp, nous recevrons les inscriptions
de nos lecteurs et les transmettrons à notre ami
J. Demarquette président du Trait d’Union et
organisateur du Camp.
*
* *
Vous êtes cordialement invité à participer à :
i_° L\ Caravane des Pèlerins de la' Paix (18-
25 juillet.
18 juillet : concentration des campeurs à Givet
(Ardennes) ; 19, Mézières ;.2o, Rethel ; 21, Reims ;
22, Soissons; 23, Villers-Cotterets ; 24, Senlis;
25, Paris-Chevreuse.
Les « Pèlerins de la Paix » camperont chaque
soir dans les localités indiquées et leur passage
sera marqué par des conférences de propagande
pour la réconciliation et le rapprochement euro
péen.
Chaque participant ou groupe de participants
doit’ amener un matériel complet de campement :
tente, couvertures, matériel de cuisine et de toi
lette, etc.
Le prix du voyage, nourriture comprise, sera
approximativement de 100 francs.
2 0 du 25 au 3 1 Juillet (i re Semaine du Camp),
consacrée à la Réforme des mœurs considérée
comme agent de progrès social ou international .
3 ° du 7 au 14 Août (2 e Semaine du Camp) consa
crée aux Précurseurs de l'Esprit Européen.
i e ‘ août : Histoire du Pacifisme français. Pas
teur Huchet ou D r Dumesnil.
2 août : « Edward Carpenter ». Hans Paasche.
3août: «Duhamel, J. Romains et l’Unanimis
me», par Prévost, du Vaisseau d’argent.
4 août : « Han Ryner et le subjectivisme » ;
« Gandhi, l’idéalisme hindou et le monde nou
veau », par un Pandit Jaïn.
5 août : Excursion à Versailles, vishe du Parc
et du Château.
6 août : « Pan Europa ou Société des Nations ».
7 août : « Comment la jeunesse actuelle peut-
elle collaborer au progrès de l’Humanité ? ».
Banville d’Hostel, J.-C. Demarquette, etc. Con
clusions tirées des travaux du camp.
CONDITIONS. — Chaque campeur doit apporter
ses nécessaires de toilette et de table (couteau, cuiller,
fourchette, assiette et tasse ou .quart), une ou deux
couvertures suivant les besoins personnels (on peut
en louer au camp), souliers de repos ou sandales,
costume de bain, manteau de pluie et les instruments
de musique dont il dispose pour prendre part aux
concerts et feux de camp.
Le service du camp est assuré par les campeurs
eux-mêmes.
ARRIVÉE AU CAMP. — On va de Paris à Che
vreuse par la gare Denfert-Rochereau en prenant un
billet pour St-Rémy. Trains à 8 h. i 5 ; 9 h. 20 ; 11 h. 2;
12 h. ; i 3 h. ; 14 h. 22 ; i 5 h. 34 ; 16 h. 49 ; 17 h. 32 ;
18 h. 44; 19 h. 7.
Les bagages lourds, valises, etc., pourront être
laissés, munis d’une étiquette solide et visible, au
café situé en face de la gare de St-Rémy, où une
voiture fes prendra pour les conduire au camp, les
dimanches 25 juillet et i er août dans la soirée.
Pour se rendre au camp, prendre l’autobus pour
Chevreuse où les habitants indiqueront lafroute à suivre.
Les 25 juillet et i 01 août les trains partant de Paris
à 9 h. 20, i 3 h. et 17 h. 32 seront attendus à la gare
de St-Rémy par des amis qui indiqueront le chemin
du camp.
PRIX DE SÉJOUR.— 110 francs pour une se
maine, 180 francs pour deux semaines, pour les
Français, Belges et Amis venant des pays à change
déprécié Pour les pays à change élevé, prix pour une
semaine : 1 livre sterling, ou 20 marks, ou 3 dollars,
ou 12 florins. Pour deux semaines : 1 livre 14 shil
lings, 34 marks, 8 dollars 1/2, ou 20 florins 1/2.
INSCRIPTIONS. — Les adhésions doivent être
notifiées à M. Demarquette, 6, rue de Port-Màhon,
Paris, 2e, avant le 10 juillet, à l’exception des adhé
sions allemandes, qui doivent parvenir ayant le
i 5 juin, à cause des formalités pour l’obtention du
visa.
Joindre timbre pour la réponse.
faire pour le devenir, oubliant que vous n’avez
pour cela qu’à être, être en toute circonstance
très simplement ce que vous voudriez qu’on
fût près de vous. Ce faisant, vous aurez tout
accompli et serez la lampe capable d’éclairer
tout homme dans la nuit.
Henriette DUMESNIL-HUCHET.
Pi.
«
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