Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-10-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 octobre 1901 19 octobre 1901
Description : 1901/10/19 (N286). 1901/10/19 (N286).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634854
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6* Aînée — N" 286.
Samedi 19 Octobre 1901.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASÏMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
LTmprimeur-Gérant.. ï. LE ROY
Prix des Insertions :
• • • 25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
Le Réveil dü Havre ale plaisir d'in
former ses lecteurs qu'il vient encore de
gagner les sympathies d’un de ses con
citoyens les plus distingués, qui veut
bien lui offrir, à titre gracieux , sa pré
cieuse collaboration.
Nous l’acceptons, d’autant plus avec
joie, que son dévouement à la cause
que nous défendons nous est connue.
Rompu aux affaires, il les traitera en
connaissance de cause. Ses opinions se
révéleront bien vite. Varticle ci-dessous
est une primeur que nos lecteurs liront
avec intérêt, et ils reconnaîtront facile
ment que celui qui leur parle et qui les
entretiendra de temps à autre est un
vétéran de la démocratie, un vaillant
défenseur de la République. L. R.
LA
Rentrée des Chambres
Le Parlement va reprendre ses
travaux et nous allons assister,
encore une fois, aux luttes homé
riques, aux discussions passion
nées plus profitables aux visées
des politiciens qu’à la prospérité du
pays.
Il n’est pas sans intérêt d’exami
ner, avant le combat, quelle est la
situation actuelle du ministère de
défense républicaine, qui aura à su
bir de nouveaux et terribles assauts,
d’entrevoir l’avenir qui lui est ré
servé et les services qu’il est appelé
à rendre à la démocratie.
Succédant à M. Méline, qui n’a
vait pu gouverner qu’avec l’appoint
des modérés, des ralliés, autant dire
avec les réactionnaires et les cléri
caux, M. Waldeck-Rousseau s’est
trouvé en présence de difficultés que
l’on considérait alors comme insur
montables.
Les préfectures et sous-préfec-
tures étaient occupées par les créa
tures du cabinet précédent ; les élec
tions avaient été faites par ces pour
voyeurs de nationalistes, de ralliés
et autres ennemis du régime actuel,
la Chambre était divisée plus que
jamais et les partis toujours prêts à
en venir aux mains, se composaient
de groupes multiples et opposés dont
les vues et les aspirations étaient
différentes. Gouverner et trouver
une majorité dans ce milieu multico
lore et indisciplinable, paraissait être
un problème insoluble.
Un grand nombre de députés,
élus sous l’étiquette républicaine et
opportuniste, continuaient à soutenir
leur ancien chef, persistant dans ses
idées rétrogrades : c’est ainsi que,
dans le cours de la présente législa
ture, nous avons vu les représen
tants de notre arrondissement voter,
dans toutes les questions capitales,
contre le ministère de défense répu
blicaine, sous prétexte qu’il pen
chait trop du côté des démocrates^
Dans plusieurs autres circonscrip-
tions, on signalait semblable défec
tion, pareille félonie.
D'un autre côté, les grands chefs
militaires, dont les manoeuvres lou
ches n’avaient pu amoindrir la di
gnité ni le prestige de l'armée res
pectée, malgré tout, malgré leurs
fautes manifestes, flirtaient avec des
Eminences de la plus belle eau.
Les nationalistes, charlatans en
patriotisme, d’une essence toute spé
ciale, élixir extrait de l’affaire Drey
fus, parcouraient les casernes, y se
maient la bonne parole de révolte
contre les institutions du pays, pres
sentaient certains généraux qui
n’auraient pas mieux demandé que
de marcher si le petit pioupiou avait
suivi; mais il est resté l’arme au
bras, en vrai patriote, en bon Fran
çais.
Le nouveau président de la Ré
publique, dont l’avènement renver
sait d’odieux projets, de basses et
sourdes intrigues, insulté par la fine
fleur de la noblesse, qui, autrefois
se glorifiait de ne savoir ni lire ni
écrire, et qui aujourd’hui manie la
boue comme un simple chiffonnier
prolétaire, donnait, en restant fer
mement à son poste peu enviable,
un exemple de dévouement et d’ab
négation, noblesse qui vaut bien
l’autre.
Tel est l’héritage politique laissé
par Félix Faure, l’homme au tablier
de cuir pour la clientèle électorale
et aux prétentions aristocratiques
pour le tsar, pour les hobereaux et
les révérends pères. L’histoire im
partiale fera connaître un jour les
dangers courus par la République,
la veille de la disparition de ce mé
téore prédestiné.
Le cabinet Waldeck-Rousseau est
parvenu à diriger la barque et à la
maintenir sur les flots démontés,
avec une majorité purement répu
blicaine, malgré les orages et les
écueils semés par des adversaires
infatigables.
Il nous reste à passer en revue
les progrès réalisés sous ce minis
tère toujours debout contre vents et
marées et à rappeler les réformes
qui sont attendues.
(■à suivre) SENEX.
CONFERENCE PUBLIQUE
et Contradictoire
S’il est une question qui intéresse
notre localité au plus haut point,
c’est assurément celle des chemins de
fer. Non-seulement le haut commerce,
mais le petit boutiquier lui-même,
l’ouvrier, ont eu à souffrir de l’incu
rie et de la rapacité des compagnies
de chemins de fer. De grosses plaintes
se sont élevées de tous côtés. En
effet, le développement et le trafic de
notre port se trouvent considérable
ment lésés par des tarifs exorbitants
qui placent le Havre dans une fâ
cheuse situation vis-à-vis des ports
concurrents. D’autre côté, l’insuffi
sance du matériel et le défaut d’orga
nisation ont, à certaines époques, vers
le moment de la circulation des ré
coltes ou vers la fin de l’année, privé
les réceptionnaires de denrées ou de
marchandises nécessaires, précisément
quand chacun en avait le plus besoin.
C’est donc une bonne fortune pour
nous que de pouvoir entendre, ce soir,
au Cercle Franklin, l’éloquente parole
du citoyen Bourrât, député de Per
pignan, qui traitera ce sujet d’actua
lité :
Le Havre et la Compagnie
de l’Ouest. Rachat des
Réseaux par l’Etat.
La compétence bien connue du dé
puté des Pyrénées-Orientales qui esù,
tout à la fois, membre de la commis-
mission des chemins de fer et mem
bre de la Commission du budget,
permet d’augurer du succès complet
de la conférence. Nous espérons que
les membres de la Chambre de Com
merce qui y sont spécialement invi
tés, les membres de nos administra
tions publiques, du Conseil général,
du Conseil d’arrondissement ou du
Conseil municipal auront à tâche de
s’y rendre, ainsi que les membres des
organisations républicaines, radicales
ou socialistes. C’est aussi bien un de
voir pour l’ouvrier de connaître ces
questions, lui qui, par la souveraineté
de son vote peut, s’il est conscient,
agir de façon efficace.
A Nantes, récemment, le même
orateur a remporté un vif succès en
plaidant la même cause.
Rappelons que la conférence est
contradictoire et qu’elle commencera
à 8 h. 1/2 du soir.
UN MOT
SUR
LA QUESTION JUIVE
Il y a quelque temps paraissait dans
ce journal une appréciation sévère du
rôle d’un groupe d’Israélites pendant
les élections cantonales. Cet examen
critique nous a valu, de deux côtés,
l’accusation d’ «r antisémitisme».
D’une part, les Israélites visés pro
testèrent naturellement dans leur
journal. D’autre part, M. Follin, dans
une petite feuille aux convictions im
précises, s’indignait au nom des prin
cipes de 89.
C’est aux uns et aux autres qu’il
est opportun de répondre ici.
En blâmant certains Israélites de
leur campagne anti-républicaine, on
voulait attifer leur attention sur ce
fait, que leurs correligionnaires se
raient, malgré eux et malgré nous,
rendus responsables de leur faute
contre la discipline. Pour étayer cette
opinion, on rappelait des précédents
regrettables : l’attitude singulièrement
maladroite de Reicach à la veille des
élections municipales, les articles de
trahison républicaine de U. Gohier,
parus à la même époque dans Y Au
rore, les louches tripotages électo
raux des Juifs algériens qui aboutis
saient à l’immense effort antisémite
de l’Algérie.
Tous ces faits, et bien d’autres que
l’on passait sous silence, montraient
quel danger il y avait à laisser se dé
velopper librement dans notre Répu
blique démocratique certains éléments
dont les préoccupations confession
nelles l’emportaient habituellement
sur les préoccupations d’intérêt répu
blicain.
Depuis lors, des faits nouveaux
fournissent chaque jour des argu
ments dans le même sens.
On sait ce que la République en
général, et les Israélites en particu
lier, doivent à la courageuse énergie
de Jaurès pendant l’affaire Dreyfus.
C’est grâce à Jaurès que toute la force
vive du socialisme fut entraînée dans
la bataille; c’est grâce à lui que la
balance pencha du côté où avait pesé
le prolétariat.
Or, en reconnaissance des services
rendus, Y Aurore, organe officiel des
Isréalites français, consacre ses arti
cles les plus violents à couvrir quoti
diennement de boue le lutteur qui,
pendant l’affaire, fut le plus utile aux
hommes qui, maintenant, cherchent à
le salir.
Sous la signature de U. Gohier on
trouve dans Y Aurore du lundi 44 oc
tobre, le délicieux passage suivant :
Est-il possible que M. Jaurès ne sente
pas combien l’atmosphère a changé au
jourd’hui ? Il vivait, il y a quatre ans,
dans une atmosphère d’affection, de res
pect, de confiance. Il rencontre à chaque
pas, maintenant, des yeux qui se détour
nent, la défiance, la rancœur des décep
tions et des désillusions cruelles. Il est le
prisonnier, la propriété, l’enseigne d’un
syndicat, au lieu d’être l'homme de la
France socialiste. Il est chambré par des
arrivistes cyniques, par des jouisseurs
grossiers, par des profiteurs pressés. Il
a vu s’écarter de lui les hommes qui
avaient un idéal et qui lui en veulent
de l'avoir avili.
Les patriotes propres ne pardonnent
pas à M. Déroulède d’avoir fait du patrio
tisme une baraque de foire. Les révolu
tionnaires ne pardonnent pas à M. Jaurès
d’avoir fait du socialisme un bazar où
l’on vend pêle-mêle des paletots, des croix
d’honneur, des souliers faits dans les pri
sons, des consciences, des serviettes our
lées dans les ouvroirs et des mandats de
la place Beauvau.
Retenez encore cette fine plaisante
rie parue dans Y Aurore du 16 octobre :
On commençait à se demander, dans
Paris, qui était le père de la fille de M.
Jaurès. Il y a des amitiés vraiment indis
crètes. Mlle Jaurès aura eu l’honneur de
faire son entrée dans la vie politique sous
l’aile de M. Gérault-Richard en même
temps que sous la bénédiction du curé ;
ce n’est pas banal.
Et pendant des colonnes le journal
des Israélites vomit l’injure ainsi.
Tous me demandez pourquoi ?
L’explication en est bien simple.
Au moment de l’affaire Dreyfus,
un grand nombre d’Israélites, de ten
dances très diverses, et qui n’avaient
jamais ressenti le besoin d’une opi
nion politique, comprirent la néces
sité de se mêler aux affaires publiques.
Pour combattre d’une façon utile,
ils entrèrent pêle-mêle dans les cadres
tout faits des organisations radicales
et socialistes.
Une certaine proportion des nou
velles recrues était composée d’hom
mes d’une haute culture, aptes à ac
quérir des convictions profondes.
Ceux-là sont des nôtres et combattront
toujours à nos côtés. Nous nous ho
norons personnellement d’avoir des
amis parmi ces gens-là.
Mais ils n’étaient point seuls.
L’Affaire terminée, beaucoup d’israé-
lites se trouvèrent aussi dénués de
convictions que précédemment; mais
comme ils avaient acquis des relations
et une certaine force politique, ils
voulurent les utiliser comme les
autres choses de la vie, c’est-à-dire
au mieux de leurs intérêts.
Certains d’entre eux, croyant pou
voir mettre la main sur divers mandats,
les briguèrent sans se préoccuper de la
discipline républicaine et malgré les
plus sages avis. D’autres, retrouvant
intacts après la bataille leurs intérêts
de gros capitalistes, jugèrent Jaurès
trop grand et dangereux à cause des
idées qu’il incarnait. De là la cam
pagne féroce qui a fait de Y Aurore,
malgré des dehors tintamarresques, un
des plus fermes appuis de la réaction.
Quelle conclusion pratique doit-on
tirer de tout cela ?
C’est qu’il faut tenir les israélites
en suspicion légitime toutes les fois
qu’ils se contenteront d’agir d’une
fàçoü discontinue, et dans un intérêt
confessionnel, au lieu de développer
leur action sous une forme disciplinée,
dans un parti organisé.
C’est qu’il faut aussi en finir avec
la légende du juif persécuté, offert
sans cesse comme objet à la piété
républicaine. Cette conception un
peu enfantine n’a engendré que des
fautes qu’il faut avoir le courage de
réparer.
L’une des plus retentissantes de
ces fautes est le décret Crémieux.
Nous sommes dans la logique répu
blicaine et socialiste en le considérant
comme une dangereuse erreur. D’ex
cellents ouvrages ont d’ailleurs fixé la
conscience socialiste sur ce point.
Nous n’en voulons comme preuve que
le passage suivant emprunté au livre
de Lucien Desiinières : « L’applica
tion du système collectiviste », où
se trouve d’ailleurs une intéressante
préface de Jean Jaurès :
Dans aucun cas, dit Desiinières, on ne
naturalisera en bloc une nation ou une
race, comme Crémieux l’a fait, en 1870,
de ses correligionnairesd’Algérie, mesure
funeste qu’on ne devra pas hésiter à rap
porter. Les instincts de bas mercanti
lisme, de lucre sordide de la race juive,
en font une acquisition peu enviable pour
une nation dont les institutions seront
l’épanouissement de l’altruisme le plus
pur. D’autre part, on ignore trop en
France, où l’on voit journellement des
Juifs ressemblant à tout le monde, que la
plus grande partie de ceux d’Algérie sont
restés aussi sauvages que les Arabes, et
qu’il est écœurant autant qu’humiliant
pour un Français de voir des égaux dans
ces affreux bonshommes, costumés en
Turcs d’opérette, moins la propreté, ne
connaissant de notre langue qu’un incom
préhensible sabir, sans moralité, sans
dignité, prêts à toutes les sales besognes
pourvu qu’on les paie, constituant en un
mot ce que l’on peut appeler la lie d’une
population. A côté de cette tourbe, il
existe, nous le reconnaissons, des Juifs
qui ont pris les mœurs, la langue et le
costume français ; mais si on pouvait leur
arracher cette enveloppe, combien on les
trouverait peu différents de leurs frères
non transformés!.. D’ailleurs, nous le
répétons, qu’aux plus méritants d'entre
eux, aussi bien qu’aux plus méritants des
Arabes, on accorde le titre de citoyen
français, nous n’y voyons aucun inconvé
nient ; mais que ce titre leur appartienne
de plein droit par Ta simple raison qu’ils
sont Juifs, c’est une monstruosité qu’il
faudra faire disparaître.
Un dernier mot pour achever d’é
difier M. Follin.
Qu’il sache bien que nous n’en
sommes pas encore au je m’enfoutisme
et à la déliquescence individualiste.
Radicaux ou socialistes nous appar
tenons à des organisations fortes qui
réclament pour vivre une discipline
étroite. Or, cette discipline, nous
sommes décidés à la maintenir par
tous les moyens. Les principes de 89,
chers àM. Homais et|à M. Follin, n’ont
rien à voir là-dedans.
D. L.
Samedi 19 Octobre 1901.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASÏMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
LTmprimeur-Gérant.. ï. LE ROY
Prix des Insertions :
• • • 25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
Le Réveil dü Havre ale plaisir d'in
former ses lecteurs qu'il vient encore de
gagner les sympathies d’un de ses con
citoyens les plus distingués, qui veut
bien lui offrir, à titre gracieux , sa pré
cieuse collaboration.
Nous l’acceptons, d’autant plus avec
joie, que son dévouement à la cause
que nous défendons nous est connue.
Rompu aux affaires, il les traitera en
connaissance de cause. Ses opinions se
révéleront bien vite. Varticle ci-dessous
est une primeur que nos lecteurs liront
avec intérêt, et ils reconnaîtront facile
ment que celui qui leur parle et qui les
entretiendra de temps à autre est un
vétéran de la démocratie, un vaillant
défenseur de la République. L. R.
LA
Rentrée des Chambres
Le Parlement va reprendre ses
travaux et nous allons assister,
encore une fois, aux luttes homé
riques, aux discussions passion
nées plus profitables aux visées
des politiciens qu’à la prospérité du
pays.
Il n’est pas sans intérêt d’exami
ner, avant le combat, quelle est la
situation actuelle du ministère de
défense républicaine, qui aura à su
bir de nouveaux et terribles assauts,
d’entrevoir l’avenir qui lui est ré
servé et les services qu’il est appelé
à rendre à la démocratie.
Succédant à M. Méline, qui n’a
vait pu gouverner qu’avec l’appoint
des modérés, des ralliés, autant dire
avec les réactionnaires et les cléri
caux, M. Waldeck-Rousseau s’est
trouvé en présence de difficultés que
l’on considérait alors comme insur
montables.
Les préfectures et sous-préfec-
tures étaient occupées par les créa
tures du cabinet précédent ; les élec
tions avaient été faites par ces pour
voyeurs de nationalistes, de ralliés
et autres ennemis du régime actuel,
la Chambre était divisée plus que
jamais et les partis toujours prêts à
en venir aux mains, se composaient
de groupes multiples et opposés dont
les vues et les aspirations étaient
différentes. Gouverner et trouver
une majorité dans ce milieu multico
lore et indisciplinable, paraissait être
un problème insoluble.
Un grand nombre de députés,
élus sous l’étiquette républicaine et
opportuniste, continuaient à soutenir
leur ancien chef, persistant dans ses
idées rétrogrades : c’est ainsi que,
dans le cours de la présente législa
ture, nous avons vu les représen
tants de notre arrondissement voter,
dans toutes les questions capitales,
contre le ministère de défense répu
blicaine, sous prétexte qu’il pen
chait trop du côté des démocrates^
Dans plusieurs autres circonscrip-
tions, on signalait semblable défec
tion, pareille félonie.
D'un autre côté, les grands chefs
militaires, dont les manoeuvres lou
ches n’avaient pu amoindrir la di
gnité ni le prestige de l'armée res
pectée, malgré tout, malgré leurs
fautes manifestes, flirtaient avec des
Eminences de la plus belle eau.
Les nationalistes, charlatans en
patriotisme, d’une essence toute spé
ciale, élixir extrait de l’affaire Drey
fus, parcouraient les casernes, y se
maient la bonne parole de révolte
contre les institutions du pays, pres
sentaient certains généraux qui
n’auraient pas mieux demandé que
de marcher si le petit pioupiou avait
suivi; mais il est resté l’arme au
bras, en vrai patriote, en bon Fran
çais.
Le nouveau président de la Ré
publique, dont l’avènement renver
sait d’odieux projets, de basses et
sourdes intrigues, insulté par la fine
fleur de la noblesse, qui, autrefois
se glorifiait de ne savoir ni lire ni
écrire, et qui aujourd’hui manie la
boue comme un simple chiffonnier
prolétaire, donnait, en restant fer
mement à son poste peu enviable,
un exemple de dévouement et d’ab
négation, noblesse qui vaut bien
l’autre.
Tel est l’héritage politique laissé
par Félix Faure, l’homme au tablier
de cuir pour la clientèle électorale
et aux prétentions aristocratiques
pour le tsar, pour les hobereaux et
les révérends pères. L’histoire im
partiale fera connaître un jour les
dangers courus par la République,
la veille de la disparition de ce mé
téore prédestiné.
Le cabinet Waldeck-Rousseau est
parvenu à diriger la barque et à la
maintenir sur les flots démontés,
avec une majorité purement répu
blicaine, malgré les orages et les
écueils semés par des adversaires
infatigables.
Il nous reste à passer en revue
les progrès réalisés sous ce minis
tère toujours debout contre vents et
marées et à rappeler les réformes
qui sont attendues.
(■à suivre) SENEX.
CONFERENCE PUBLIQUE
et Contradictoire
S’il est une question qui intéresse
notre localité au plus haut point,
c’est assurément celle des chemins de
fer. Non-seulement le haut commerce,
mais le petit boutiquier lui-même,
l’ouvrier, ont eu à souffrir de l’incu
rie et de la rapacité des compagnies
de chemins de fer. De grosses plaintes
se sont élevées de tous côtés. En
effet, le développement et le trafic de
notre port se trouvent considérable
ment lésés par des tarifs exorbitants
qui placent le Havre dans une fâ
cheuse situation vis-à-vis des ports
concurrents. D’autre côté, l’insuffi
sance du matériel et le défaut d’orga
nisation ont, à certaines époques, vers
le moment de la circulation des ré
coltes ou vers la fin de l’année, privé
les réceptionnaires de denrées ou de
marchandises nécessaires, précisément
quand chacun en avait le plus besoin.
C’est donc une bonne fortune pour
nous que de pouvoir entendre, ce soir,
au Cercle Franklin, l’éloquente parole
du citoyen Bourrât, député de Per
pignan, qui traitera ce sujet d’actua
lité :
Le Havre et la Compagnie
de l’Ouest. Rachat des
Réseaux par l’Etat.
La compétence bien connue du dé
puté des Pyrénées-Orientales qui esù,
tout à la fois, membre de la commis-
mission des chemins de fer et mem
bre de la Commission du budget,
permet d’augurer du succès complet
de la conférence. Nous espérons que
les membres de la Chambre de Com
merce qui y sont spécialement invi
tés, les membres de nos administra
tions publiques, du Conseil général,
du Conseil d’arrondissement ou du
Conseil municipal auront à tâche de
s’y rendre, ainsi que les membres des
organisations républicaines, radicales
ou socialistes. C’est aussi bien un de
voir pour l’ouvrier de connaître ces
questions, lui qui, par la souveraineté
de son vote peut, s’il est conscient,
agir de façon efficace.
A Nantes, récemment, le même
orateur a remporté un vif succès en
plaidant la même cause.
Rappelons que la conférence est
contradictoire et qu’elle commencera
à 8 h. 1/2 du soir.
UN MOT
SUR
LA QUESTION JUIVE
Il y a quelque temps paraissait dans
ce journal une appréciation sévère du
rôle d’un groupe d’Israélites pendant
les élections cantonales. Cet examen
critique nous a valu, de deux côtés,
l’accusation d’ «r antisémitisme».
D’une part, les Israélites visés pro
testèrent naturellement dans leur
journal. D’autre part, M. Follin, dans
une petite feuille aux convictions im
précises, s’indignait au nom des prin
cipes de 89.
C’est aux uns et aux autres qu’il
est opportun de répondre ici.
En blâmant certains Israélites de
leur campagne anti-républicaine, on
voulait attifer leur attention sur ce
fait, que leurs correligionnaires se
raient, malgré eux et malgré nous,
rendus responsables de leur faute
contre la discipline. Pour étayer cette
opinion, on rappelait des précédents
regrettables : l’attitude singulièrement
maladroite de Reicach à la veille des
élections municipales, les articles de
trahison républicaine de U. Gohier,
parus à la même époque dans Y Au
rore, les louches tripotages électo
raux des Juifs algériens qui aboutis
saient à l’immense effort antisémite
de l’Algérie.
Tous ces faits, et bien d’autres que
l’on passait sous silence, montraient
quel danger il y avait à laisser se dé
velopper librement dans notre Répu
blique démocratique certains éléments
dont les préoccupations confession
nelles l’emportaient habituellement
sur les préoccupations d’intérêt répu
blicain.
Depuis lors, des faits nouveaux
fournissent chaque jour des argu
ments dans le même sens.
On sait ce que la République en
général, et les Israélites en particu
lier, doivent à la courageuse énergie
de Jaurès pendant l’affaire Dreyfus.
C’est grâce à Jaurès que toute la force
vive du socialisme fut entraînée dans
la bataille; c’est grâce à lui que la
balance pencha du côté où avait pesé
le prolétariat.
Or, en reconnaissance des services
rendus, Y Aurore, organe officiel des
Isréalites français, consacre ses arti
cles les plus violents à couvrir quoti
diennement de boue le lutteur qui,
pendant l’affaire, fut le plus utile aux
hommes qui, maintenant, cherchent à
le salir.
Sous la signature de U. Gohier on
trouve dans Y Aurore du lundi 44 oc
tobre, le délicieux passage suivant :
Est-il possible que M. Jaurès ne sente
pas combien l’atmosphère a changé au
jourd’hui ? Il vivait, il y a quatre ans,
dans une atmosphère d’affection, de res
pect, de confiance. Il rencontre à chaque
pas, maintenant, des yeux qui se détour
nent, la défiance, la rancœur des décep
tions et des désillusions cruelles. Il est le
prisonnier, la propriété, l’enseigne d’un
syndicat, au lieu d’être l'homme de la
France socialiste. Il est chambré par des
arrivistes cyniques, par des jouisseurs
grossiers, par des profiteurs pressés. Il
a vu s’écarter de lui les hommes qui
avaient un idéal et qui lui en veulent
de l'avoir avili.
Les patriotes propres ne pardonnent
pas à M. Déroulède d’avoir fait du patrio
tisme une baraque de foire. Les révolu
tionnaires ne pardonnent pas à M. Jaurès
d’avoir fait du socialisme un bazar où
l’on vend pêle-mêle des paletots, des croix
d’honneur, des souliers faits dans les pri
sons, des consciences, des serviettes our
lées dans les ouvroirs et des mandats de
la place Beauvau.
Retenez encore cette fine plaisante
rie parue dans Y Aurore du 16 octobre :
On commençait à se demander, dans
Paris, qui était le père de la fille de M.
Jaurès. Il y a des amitiés vraiment indis
crètes. Mlle Jaurès aura eu l’honneur de
faire son entrée dans la vie politique sous
l’aile de M. Gérault-Richard en même
temps que sous la bénédiction du curé ;
ce n’est pas banal.
Et pendant des colonnes le journal
des Israélites vomit l’injure ainsi.
Tous me demandez pourquoi ?
L’explication en est bien simple.
Au moment de l’affaire Dreyfus,
un grand nombre d’Israélites, de ten
dances très diverses, et qui n’avaient
jamais ressenti le besoin d’une opi
nion politique, comprirent la néces
sité de se mêler aux affaires publiques.
Pour combattre d’une façon utile,
ils entrèrent pêle-mêle dans les cadres
tout faits des organisations radicales
et socialistes.
Une certaine proportion des nou
velles recrues était composée d’hom
mes d’une haute culture, aptes à ac
quérir des convictions profondes.
Ceux-là sont des nôtres et combattront
toujours à nos côtés. Nous nous ho
norons personnellement d’avoir des
amis parmi ces gens-là.
Mais ils n’étaient point seuls.
L’Affaire terminée, beaucoup d’israé-
lites se trouvèrent aussi dénués de
convictions que précédemment; mais
comme ils avaient acquis des relations
et une certaine force politique, ils
voulurent les utiliser comme les
autres choses de la vie, c’est-à-dire
au mieux de leurs intérêts.
Certains d’entre eux, croyant pou
voir mettre la main sur divers mandats,
les briguèrent sans se préoccuper de la
discipline républicaine et malgré les
plus sages avis. D’autres, retrouvant
intacts après la bataille leurs intérêts
de gros capitalistes, jugèrent Jaurès
trop grand et dangereux à cause des
idées qu’il incarnait. De là la cam
pagne féroce qui a fait de Y Aurore,
malgré des dehors tintamarresques, un
des plus fermes appuis de la réaction.
Quelle conclusion pratique doit-on
tirer de tout cela ?
C’est qu’il faut tenir les israélites
en suspicion légitime toutes les fois
qu’ils se contenteront d’agir d’une
fàçoü discontinue, et dans un intérêt
confessionnel, au lieu de développer
leur action sous une forme disciplinée,
dans un parti organisé.
C’est qu’il faut aussi en finir avec
la légende du juif persécuté, offert
sans cesse comme objet à la piété
républicaine. Cette conception un
peu enfantine n’a engendré que des
fautes qu’il faut avoir le courage de
réparer.
L’une des plus retentissantes de
ces fautes est le décret Crémieux.
Nous sommes dans la logique répu
blicaine et socialiste en le considérant
comme une dangereuse erreur. D’ex
cellents ouvrages ont d’ailleurs fixé la
conscience socialiste sur ce point.
Nous n’en voulons comme preuve que
le passage suivant emprunté au livre
de Lucien Desiinières : « L’applica
tion du système collectiviste », où
se trouve d’ailleurs une intéressante
préface de Jean Jaurès :
Dans aucun cas, dit Desiinières, on ne
naturalisera en bloc une nation ou une
race, comme Crémieux l’a fait, en 1870,
de ses correligionnairesd’Algérie, mesure
funeste qu’on ne devra pas hésiter à rap
porter. Les instincts de bas mercanti
lisme, de lucre sordide de la race juive,
en font une acquisition peu enviable pour
une nation dont les institutions seront
l’épanouissement de l’altruisme le plus
pur. D’autre part, on ignore trop en
France, où l’on voit journellement des
Juifs ressemblant à tout le monde, que la
plus grande partie de ceux d’Algérie sont
restés aussi sauvages que les Arabes, et
qu’il est écœurant autant qu’humiliant
pour un Français de voir des égaux dans
ces affreux bonshommes, costumés en
Turcs d’opérette, moins la propreté, ne
connaissant de notre langue qu’un incom
préhensible sabir, sans moralité, sans
dignité, prêts à toutes les sales besognes
pourvu qu’on les paie, constituant en un
mot ce que l’on peut appeler la lie d’une
population. A côté de cette tourbe, il
existe, nous le reconnaissons, des Juifs
qui ont pris les mœurs, la langue et le
costume français ; mais si on pouvait leur
arracher cette enveloppe, combien on les
trouverait peu différents de leurs frères
non transformés!.. D’ailleurs, nous le
répétons, qu’aux plus méritants d'entre
eux, aussi bien qu’aux plus méritants des
Arabes, on accorde le titre de citoyen
français, nous n’y voyons aucun inconvé
nient ; mais que ce titre leur appartienne
de plein droit par Ta simple raison qu’ils
sont Juifs, c’est une monstruosité qu’il
faudra faire disparaître.
Un dernier mot pour achever d’é
difier M. Follin.
Qu’il sache bien que nous n’en
sommes pas encore au je m’enfoutisme
et à la déliquescence individualiste.
Radicaux ou socialistes nous appar
tenons à des organisations fortes qui
réclament pour vivre une discipline
étroite. Or, cette discipline, nous
sommes décidés à la maintenir par
tous les moyens. Les principes de 89,
chers àM. Homais et|à M. Follin, n’ont
rien à voir là-dedans.
D. L.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.77%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.77%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32634854/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32634854/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32634854/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32634854
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32634854
Facebook
Twitter