Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-03-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 mars 1901 30 mars 1901
Description : 1901/03/30 (N257). 1901/03/30 (N257).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263456d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
6" Année — S° 257.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 30 Mars 1901.
i*
Année 190 L
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’ iMPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY
Prix des insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LES
Missions catholiques
eim chine
Dans son dernier article des Pages
Libres dont nous avons parlé dans
notre dernier numéro, M. Paul
Boell a démontré que l’influence des
missionnaires français s’exercait en
Chine sans aucun profit pour la
France, ni pour l’humanité. Ils
n’ont qu’un but, la satisfaction de
leurs instincts de domination, et
pour cela ils emploient tous les
moyens, même les moins honnêtes.
A ce point de vue, M. Paul Boell
envisage l’action politique de Mgr
Favier, évêque de Pékin, et il dé
montre que les intrigues de cet
ecclésiastique constituent un véri
table danger pour notre pays.
L’auteur rappelle les termes de la
convention Favier :
« En 1899, dit-il, après des négo
ciations conduites directement entre
Mgr Favier et le Tsungli-Yamen,
un décret impérial fut publié, assi
milant les évêques catholiques aux
vice-rois et gouverneurs et réglant
les rapports officiels des mission
naires avec les autorités chinoises.
Cette convention, à laquelle notre
légation n’a pris aucune part (on
n’en trouve aucune trace dans le
Livre jaune) a été cependant enre
gistrée par notre ministre sans pro
testation. Elle modifie considérable
ment à notre détriment la situation
et les prérogatives de la France, et
l’importance de son protectorat re
ligieux.
« Avant la convention Favier,
c’est a notre Ministre et à nos con
suls en Chine que les missionnaires
catholiques transmettaient leurs
plaintes, leurs réclamations, en cas
de difficultés avec les autorités chi
noises ou le peuple. Nos représen
tants s’occupaient d’arranger ces
difficultés : ils y réussissaient le
plus souvent. S’ils étaient habiles
et conciliants, ils pouvaient acqué
rir, grâce à ces négociations, une
certaine autorité morale auprès des
fonctionnaires indigènes, dont pro
fiterait à l’occasion leur mission po
litique et commerciale.
< Depuis la convention Favier,
les évêques et les missionnaires
commencent par essayer d’arran
ger leurs affaires directement avec
les autorités chinoises. Nos repré
sentants ne sont plus appelés à in
tervenir que dans les cas désespé
rés, dans les mauvaises affaires oh,
les torts principaux étant du côté des
missionnaires, les autorités refusent
d’accorder les réparations deman
dées. Dans des cas semblables, l’évê
que appellera notre ministre à la
rescousse : celui-ci devra jeter dans
la balance l’épée de la France, pour
faire pencher le plateau qui renferme
les réclamations catholiques. Cha
que intervention de ce genre équi
vaudra ainsi à un véritable ultima
tum posé à la Chine par la a puis
sance à laquelle le Pape a confié le
protectorat religieux ». (Ce sont les
termes mêmes du décret impérial
relatif à la convention Favier.)
On voit quelle est, dans de telles
conditions, la situation tout à la fois
ridicule et périlleuse de notre diplo
matie. Nous avons toute la respon
sabilité du protectorat sans en re
tirer aucun profit matériel ni moral.
Nous jouons un rôle de dupes.
On conçoit que l’auteur, éclairé
par des enquêtes personnelles faites
sur place, propose la cessation de
cet état de choses. Le protectorat
étant pournous un perpétuel danger,
sans aucune compensation appré
ciable, il convient de retirer aux
missionnaires notre appui, en les
laissant s’arranger à leurs risques
et périls avec les autorités chi
noises. Qu’ils catéchisent, prêchent,
convertissent ou ne convertissent
pas, en quoi cela nous regarde-t-il?
Il faut d’ailleurs noter que les
missionnaires ne doivent pas exer
cer sur le peuple chinois, qui a une
morale et une religion basées sur le
culte des ancêtres, une influence
quelconque. Ils peuvent avoir dans
leurs chrétientés quelques pauvres
diables qu’ils s’attachent quelque
temps parles liens de F assistance et
qui constituent une clientèle éphé
mère. Est-ce par le prestige de la
dignité personnelle et des vertus
privées qu’ils s’imposent à l’atten
tion des populations ? Il est permis
d’en douter.
cc Les missionnaires, dit M. Paul
Boell, font des affaires pour leur
compte, je veux dire pour le compte
de leur ordre ou de leur congréga
tion et sont jaloux de la concurrence.'
Opérations de terrains, fabriques
de cigarettes, hôtels et MAISONS
DE FLEURS, les bénéfices de ces
diverses opérations, plus ou moins
intéressantes, mais toujours lucra
tives, vont alimenter, en France, cer
taines caisses déjà trop riches, oh
l’on puisera, au moment donné, le
nerf de la guerre civile. Voilà Vin-
fluence française des missionnaires,
au point de vue matériel. »
Cette constatation n’est-elle pas
édifiante ? Et n’est-il pas piquant de
constater que la caisse noire de ces
pauvres congrégations, défendues
avec tant d’acharnement par MM.
Ribot et Méline et leurs amis, tire
quelques profits des maisons de tolé
rance d’Extrême-Orient ?
Pour l’Église et pour ses alliés de
la réaction, l’argent n’a pas d’o
deur.
VERUS
FEU FÉLIX FAURE
I ’
« Il est des morts qu’il faut qu’on
tue ». Le peu regrettable Félix Faure
serait-il de ces récalcitrants ?
Alors que la France, débarrassée
soudain d’un horrible cauchemar, ne
demande qu’à passer l'éponge sur le
passé de ce fantoche qui a tant besoin
d’oubli, voici qu’il nous menace de
revivre par la publication posthume
de ses « mémoires ».
Mlle Lucie Faure fait annoncer
dans toute la presse que sa compi
lation aurait déjà vu le jour, sans
l’opposition imprévue du... roi d’An
gleterre lui-même ! ! !
Ce puffisme pyramidal porte bien
la marque de famille, et voilà un
succès de librairie savamment préparé.
Mais nous pouvons assurer à la
famille Faure que, du jour où elle
rompra la trêve du silence, la riposte
ne tardera pas à suivre sa publication
et que cette réponse partira du Havre,
où les éléments d’information ne font
pas défaut.
Mlle Lucie Faure qui rêva un
moment d’être, tout comme une Mont-
pensier, la « grande Mademoiselle »,
devrait bien comprendre que son
règne est passé, et, bien qu’il nous
en coûte de meurtrir son amour-
propre déjà tant froissé, nous croyons
devoir lui rappèler la fable de La
Fontaine, qui a pour titre : Le mulet
se vantant de sa généalogie, et qu’on
dut lui enseigner dans sa prime jeu
nesse :
Le mulet d’on prélat's'e piquait de noblesse
Et ne parlait incessamment
Que de sa mère la jument.
Elle avait fait ceci, puis avait été là.
Mlle Faure nous parle vraiment
beaucoup de feu Monsieur son père,
et perd trop la mémoire de son grand-
père Belluot.
Car, enfin, il faut être logique. Si
les fautes sont personnelles, il doit
en être de même des mérites, et si
l’on a le droit de ne pas avoir à
rougir d’un ancêtre maternel, c’est à
la condition tout au moins de ne pas
s’énorgueillir d’un ascendant paternel.
Il faut tout prendre ou tout laisser.
C. J.
LES ARGUMENTS DE M. RIBOT
La façon de discuter de M. Ribot
est habile, mais monotone.
Il s’est donné pour mission de com
battre toutes les propositions d’inspi
ration démocratique et de défendre
tous les intérêts conservateurs, politi
ques, économiques ou religieux. Mais,
comme il tient au qualificatif de répu
blicain, il est obligé à certaines pré
cautions.
Et voici comment il opère.
Ce qui est proposé n’est jamais,
d’après lui, ce qu’il y aurait à faire.
S’agit-il d’entraver le développement
de l’enseignement congréganiste? Il
dit : « Ceci regarde la loi à faire sur
les associations. » La loi sur les asso
ciations vient-elle en discussion ? Il
s’écrie : « Mais nous touchons à la
liberté d’enseignement, ! C’est dans
une autre discussion qu’on verra les
mesures à prendre. »
Car il reconnaît toujours qu'il y a
des mesures à prendre, autres que
celles demandées par les républicains.
Pour l’instant, sa marotte est d’ins
pecter les congrégations. Ah ! si l’on
avait inspecté ! Il faut inspecter ! Ins
pectons sérieusement, sévèrement mê
me, et tout ira bien !
Ce qu’il ne dit pas, par exemple,
c’est qu’elle pourrait être la saction
de cette inspection, dans le cas où
elle constaterait des abus. La ferme
ture de l’établissement congréganiste ?
Ab, non ! C’est pour le coup qu'il dé
noncerait une violation de la liberté
d’association et de la liberté d’ensei
gnement tout à la fois. Alors quoi ?
Alors, rien !
Ses moyens ne sont que des argu
ments auxquels lui-même ne pense
plus une fois le débat clos. 11 a dé
fendu la réaction, lui républicain : il
est satisfait. S. L.
L’ÉLECTION D’ANGOULÊME
C’est hier seulement que M. Gel-
libert des Séguins a fait sa déclara
tion de candidature à la prélecture
de la Charente pour l’élection légis
lative qui aura lieu, dimanche pro
chain, en remplacement de M. Dérou-
lède.
Pour avoir ainsi retardé sa campa
gne électorale, il faut que M. Gelli
bert des Seguins soit bien sûr de
triompher... ou plutôt d’être battu.
L’accueil fait par les républicains à
la candidature de M. Mulac, maire
d’Angoulême, ne saurait en effet lais
ser aucun doute sur l’issue de la ba
taille.
M. Gellibert des Séguins a contre
lui de nombreux éléments d’insuccès ;
les électeurs se rappellent qu’il n'a
été député pendant une législature
que pour céder la place toute chaude
à M. Déroulède ; ces chassés-croisés
ne plaisent guère au corps électoral.
D’autre part, les nationalistes n’ont
pas pardonné à M. Gellibert des Sé
guins son attitude récente à l’égard
de M. Déroulède ; le candidat actuel
a d’ailleurs nettement déclaré qu’il
était hostile à la politique nationa
liste. La scission est donc faite entre
ces anciens alliés : M. Gellibert des
Séguins n’aura pour lui que les con
servateurs.
La situation est tout autre pour M.
Mulac.. Lors de la dernière élection
sénatoriale, la candidature lui avait
été offerte : pour ne point diviser les
voix républicaines, M. Mulac ne s’est
pas présenté et a même adressé un
appel chaleureux en faveur du doc
teur Lacombe, qui fut élu contre le
le candidat nationaliste.
Les républicains de la deuxième
circonscription d’Augoulême se sou
viennent de cette attitude correcte et
loyale : ils vont s’unir dimanche pour
faire triompher la candidature de M.
Mulac. Ils compléteront ainsi la vic
toire remportée le 24 février dernier :
le département de la Charente élisait
alors un sénateur républicain : il faut
que dimanche Angoulême élise un
député républicain.
INCOMPATIBILITÉ
Les journaux bien pensants ont
célébré sur le monde majeur le fait
que l’abbé Bossebœuf, d’Angers avait
obtenu le diplôme de licencié en droit
et s’était fait inscrire au barreau
comme avocat.
Il n’y aurait point là .de quoi faire
tant de musique, le diplôme est à la
portée des intelligences les plus mé
diocres, pour peu que les candidats
disposent d’un peu de loisirs et d’ar
gent.
D’autre part, nous n’avions vu
aucun inconvénient à ce qu’un prêtre
fut avocat. Les curés, à cette heure
exercent tant de drôle de métiers !
Et puis, attachés indestructiblement
à la liberté, nous n'avons jamais pro
testé que contre les privilèges accor
dés aux prêtres au détriment des
autres citoyens, comme de couper au
service militaire par exemple, de ne
pas payer d’impôt, etc. Mais nous
n’avons jamais songé à priver un in
dividu, en raison du vilain costume
qu’il porte ou de sa coupe de cheveux
en dessus de latrine, des droits ac
quis à l’ensemble des citoyens, que
l’abhé Bossebœuf fut avocat, c’était
son affaire et celle de la corporation
qui l’accueillit.
Mais c’était compter sans l’autorité
ecclésiastique. L’évêque d’Angers
(7 Joseph pour les initiés), vient d’é
craser dans l’.œuf la vocation baso-
chienne de l’infortuné Bossebœuf.
D’une lettre, adressée par le dit
7 Joseph à La Croix , il résulte que les
règles du Droit canonique s'opposent
à ce qu’un prêtre remplisse les fonc
tions d’avocat !
L’église craint-elle que les exi
gences du barreau obligent quelque
fois l’avocat à dire le contraire de sa
pensée et à maltraiter la vérité? En
quoi cela changerait-il un prêtre de
ses habitudes ?
Quoiqu’il en soit, ce nouvel inci
dent témoigne une fois de plus de l’ad
mirable liberté dont on jouit dans l’é
glise catholique.
Avant de fourrer leur nez dans les
affaires de la République et de nous
assourdir de leurs criailleries sur la
Liberrrté ! la Liberrrté des pères de
famille, la Liberrrté des congréga
tions, les catholiques feraient bien de
l’organiser un peu ehez eux la Li
berrrté et de transformer en répu
blique, conformément d’ailleurs aux
prescriptions de l’Evangile, la mo
narchie autocrate et tyrannique de
l’église.
A l’heure actuelle, la véritable in
compatibilité, c’est celle des fonctions
de moine, prêtre, évêque ou pape avec
les sentiments de chrétien.
—- *•»
M. BAUDIN, ministre des Travaux publics
à Fécamp
Pendant que les villes voisines con
tinuent à attirer chez elles les mem
bres du Gouvernement pour l’obten
tion de subsides en vue de l'amélio
ration de leur port de commerce, les
représentants autorisés des intérêts du
Havre persistent à faire grise mine
au ministère actuel et à se tenir iso
lés de toutes rencontres^officielles avec
eux, lorsqu’ils viennent — même dans
leur arrondissement, — se rendre
compte, sur invitation, des nécessités
des travaux publics.
C’est ainsi que lundi dernier, M.
Baudin, ministre des Travaux publics,
s’était rendu à Fécamp pour assister
au départ des Terre-neuviers.
il a été reçu à l’Hôtel de Ville, où
le maire, entouré des membres du
Conseil municipal et des membres de
la Chambre de Commerce, lui a sou
haité la bienvenue.
Aussitôt la réception terminée, le
cortège, composé de plusieurs voi
tures, s’est dirigé vers le port. Une
foule considérable était massée sur les
quais et sur la jetée, acclamant le
ministre, aux crix de < Vive la Répu
blique! »
La sortie d\i port a été grandiose *
les Terre-neuviers, superbement pa-
voisés, les voiles claquant au vent,
franchirent le chenal à la remorque
du. Bois-Rosé. On visita ensuite les
terrains sur lesquels on projette de
creuser uu nouveai* bassin, puis oa
J
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 30 Mars 1901.
i*
Année 190 L
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’ iMPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY
Prix des insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LES
Missions catholiques
eim chine
Dans son dernier article des Pages
Libres dont nous avons parlé dans
notre dernier numéro, M. Paul
Boell a démontré que l’influence des
missionnaires français s’exercait en
Chine sans aucun profit pour la
France, ni pour l’humanité. Ils
n’ont qu’un but, la satisfaction de
leurs instincts de domination, et
pour cela ils emploient tous les
moyens, même les moins honnêtes.
A ce point de vue, M. Paul Boell
envisage l’action politique de Mgr
Favier, évêque de Pékin, et il dé
montre que les intrigues de cet
ecclésiastique constituent un véri
table danger pour notre pays.
L’auteur rappelle les termes de la
convention Favier :
« En 1899, dit-il, après des négo
ciations conduites directement entre
Mgr Favier et le Tsungli-Yamen,
un décret impérial fut publié, assi
milant les évêques catholiques aux
vice-rois et gouverneurs et réglant
les rapports officiels des mission
naires avec les autorités chinoises.
Cette convention, à laquelle notre
légation n’a pris aucune part (on
n’en trouve aucune trace dans le
Livre jaune) a été cependant enre
gistrée par notre ministre sans pro
testation. Elle modifie considérable
ment à notre détriment la situation
et les prérogatives de la France, et
l’importance de son protectorat re
ligieux.
« Avant la convention Favier,
c’est a notre Ministre et à nos con
suls en Chine que les missionnaires
catholiques transmettaient leurs
plaintes, leurs réclamations, en cas
de difficultés avec les autorités chi
noises ou le peuple. Nos représen
tants s’occupaient d’arranger ces
difficultés : ils y réussissaient le
plus souvent. S’ils étaient habiles
et conciliants, ils pouvaient acqué
rir, grâce à ces négociations, une
certaine autorité morale auprès des
fonctionnaires indigènes, dont pro
fiterait à l’occasion leur mission po
litique et commerciale.
< Depuis la convention Favier,
les évêques et les missionnaires
commencent par essayer d’arran
ger leurs affaires directement avec
les autorités chinoises. Nos repré
sentants ne sont plus appelés à in
tervenir que dans les cas désespé
rés, dans les mauvaises affaires oh,
les torts principaux étant du côté des
missionnaires, les autorités refusent
d’accorder les réparations deman
dées. Dans des cas semblables, l’évê
que appellera notre ministre à la
rescousse : celui-ci devra jeter dans
la balance l’épée de la France, pour
faire pencher le plateau qui renferme
les réclamations catholiques. Cha
que intervention de ce genre équi
vaudra ainsi à un véritable ultima
tum posé à la Chine par la a puis
sance à laquelle le Pape a confié le
protectorat religieux ». (Ce sont les
termes mêmes du décret impérial
relatif à la convention Favier.)
On voit quelle est, dans de telles
conditions, la situation tout à la fois
ridicule et périlleuse de notre diplo
matie. Nous avons toute la respon
sabilité du protectorat sans en re
tirer aucun profit matériel ni moral.
Nous jouons un rôle de dupes.
On conçoit que l’auteur, éclairé
par des enquêtes personnelles faites
sur place, propose la cessation de
cet état de choses. Le protectorat
étant pournous un perpétuel danger,
sans aucune compensation appré
ciable, il convient de retirer aux
missionnaires notre appui, en les
laissant s’arranger à leurs risques
et périls avec les autorités chi
noises. Qu’ils catéchisent, prêchent,
convertissent ou ne convertissent
pas, en quoi cela nous regarde-t-il?
Il faut d’ailleurs noter que les
missionnaires ne doivent pas exer
cer sur le peuple chinois, qui a une
morale et une religion basées sur le
culte des ancêtres, une influence
quelconque. Ils peuvent avoir dans
leurs chrétientés quelques pauvres
diables qu’ils s’attachent quelque
temps parles liens de F assistance et
qui constituent une clientèle éphé
mère. Est-ce par le prestige de la
dignité personnelle et des vertus
privées qu’ils s’imposent à l’atten
tion des populations ? Il est permis
d’en douter.
cc Les missionnaires, dit M. Paul
Boell, font des affaires pour leur
compte, je veux dire pour le compte
de leur ordre ou de leur congréga
tion et sont jaloux de la concurrence.'
Opérations de terrains, fabriques
de cigarettes, hôtels et MAISONS
DE FLEURS, les bénéfices de ces
diverses opérations, plus ou moins
intéressantes, mais toujours lucra
tives, vont alimenter, en France, cer
taines caisses déjà trop riches, oh
l’on puisera, au moment donné, le
nerf de la guerre civile. Voilà Vin-
fluence française des missionnaires,
au point de vue matériel. »
Cette constatation n’est-elle pas
édifiante ? Et n’est-il pas piquant de
constater que la caisse noire de ces
pauvres congrégations, défendues
avec tant d’acharnement par MM.
Ribot et Méline et leurs amis, tire
quelques profits des maisons de tolé
rance d’Extrême-Orient ?
Pour l’Église et pour ses alliés de
la réaction, l’argent n’a pas d’o
deur.
VERUS
FEU FÉLIX FAURE
I ’
« Il est des morts qu’il faut qu’on
tue ». Le peu regrettable Félix Faure
serait-il de ces récalcitrants ?
Alors que la France, débarrassée
soudain d’un horrible cauchemar, ne
demande qu’à passer l'éponge sur le
passé de ce fantoche qui a tant besoin
d’oubli, voici qu’il nous menace de
revivre par la publication posthume
de ses « mémoires ».
Mlle Lucie Faure fait annoncer
dans toute la presse que sa compi
lation aurait déjà vu le jour, sans
l’opposition imprévue du... roi d’An
gleterre lui-même ! ! !
Ce puffisme pyramidal porte bien
la marque de famille, et voilà un
succès de librairie savamment préparé.
Mais nous pouvons assurer à la
famille Faure que, du jour où elle
rompra la trêve du silence, la riposte
ne tardera pas à suivre sa publication
et que cette réponse partira du Havre,
où les éléments d’information ne font
pas défaut.
Mlle Lucie Faure qui rêva un
moment d’être, tout comme une Mont-
pensier, la « grande Mademoiselle »,
devrait bien comprendre que son
règne est passé, et, bien qu’il nous
en coûte de meurtrir son amour-
propre déjà tant froissé, nous croyons
devoir lui rappèler la fable de La
Fontaine, qui a pour titre : Le mulet
se vantant de sa généalogie, et qu’on
dut lui enseigner dans sa prime jeu
nesse :
Le mulet d’on prélat's'e piquait de noblesse
Et ne parlait incessamment
Que de sa mère la jument.
Elle avait fait ceci, puis avait été là.
Mlle Faure nous parle vraiment
beaucoup de feu Monsieur son père,
et perd trop la mémoire de son grand-
père Belluot.
Car, enfin, il faut être logique. Si
les fautes sont personnelles, il doit
en être de même des mérites, et si
l’on a le droit de ne pas avoir à
rougir d’un ancêtre maternel, c’est à
la condition tout au moins de ne pas
s’énorgueillir d’un ascendant paternel.
Il faut tout prendre ou tout laisser.
C. J.
LES ARGUMENTS DE M. RIBOT
La façon de discuter de M. Ribot
est habile, mais monotone.
Il s’est donné pour mission de com
battre toutes les propositions d’inspi
ration démocratique et de défendre
tous les intérêts conservateurs, politi
ques, économiques ou religieux. Mais,
comme il tient au qualificatif de répu
blicain, il est obligé à certaines pré
cautions.
Et voici comment il opère.
Ce qui est proposé n’est jamais,
d’après lui, ce qu’il y aurait à faire.
S’agit-il d’entraver le développement
de l’enseignement congréganiste? Il
dit : « Ceci regarde la loi à faire sur
les associations. » La loi sur les asso
ciations vient-elle en discussion ? Il
s’écrie : « Mais nous touchons à la
liberté d’enseignement, ! C’est dans
une autre discussion qu’on verra les
mesures à prendre. »
Car il reconnaît toujours qu'il y a
des mesures à prendre, autres que
celles demandées par les républicains.
Pour l’instant, sa marotte est d’ins
pecter les congrégations. Ah ! si l’on
avait inspecté ! Il faut inspecter ! Ins
pectons sérieusement, sévèrement mê
me, et tout ira bien !
Ce qu’il ne dit pas, par exemple,
c’est qu’elle pourrait être la saction
de cette inspection, dans le cas où
elle constaterait des abus. La ferme
ture de l’établissement congréganiste ?
Ab, non ! C’est pour le coup qu'il dé
noncerait une violation de la liberté
d’association et de la liberté d’ensei
gnement tout à la fois. Alors quoi ?
Alors, rien !
Ses moyens ne sont que des argu
ments auxquels lui-même ne pense
plus une fois le débat clos. 11 a dé
fendu la réaction, lui républicain : il
est satisfait. S. L.
L’ÉLECTION D’ANGOULÊME
C’est hier seulement que M. Gel-
libert des Séguins a fait sa déclara
tion de candidature à la prélecture
de la Charente pour l’élection légis
lative qui aura lieu, dimanche pro
chain, en remplacement de M. Dérou-
lède.
Pour avoir ainsi retardé sa campa
gne électorale, il faut que M. Gelli
bert des Seguins soit bien sûr de
triompher... ou plutôt d’être battu.
L’accueil fait par les républicains à
la candidature de M. Mulac, maire
d’Angoulême, ne saurait en effet lais
ser aucun doute sur l’issue de la ba
taille.
M. Gellibert des Séguins a contre
lui de nombreux éléments d’insuccès ;
les électeurs se rappellent qu’il n'a
été député pendant une législature
que pour céder la place toute chaude
à M. Déroulède ; ces chassés-croisés
ne plaisent guère au corps électoral.
D’autre part, les nationalistes n’ont
pas pardonné à M. Gellibert des Sé
guins son attitude récente à l’égard
de M. Déroulède ; le candidat actuel
a d’ailleurs nettement déclaré qu’il
était hostile à la politique nationa
liste. La scission est donc faite entre
ces anciens alliés : M. Gellibert des
Séguins n’aura pour lui que les con
servateurs.
La situation est tout autre pour M.
Mulac.. Lors de la dernière élection
sénatoriale, la candidature lui avait
été offerte : pour ne point diviser les
voix républicaines, M. Mulac ne s’est
pas présenté et a même adressé un
appel chaleureux en faveur du doc
teur Lacombe, qui fut élu contre le
le candidat nationaliste.
Les républicains de la deuxième
circonscription d’Augoulême se sou
viennent de cette attitude correcte et
loyale : ils vont s’unir dimanche pour
faire triompher la candidature de M.
Mulac. Ils compléteront ainsi la vic
toire remportée le 24 février dernier :
le département de la Charente élisait
alors un sénateur républicain : il faut
que dimanche Angoulême élise un
député républicain.
INCOMPATIBILITÉ
Les journaux bien pensants ont
célébré sur le monde majeur le fait
que l’abbé Bossebœuf, d’Angers avait
obtenu le diplôme de licencié en droit
et s’était fait inscrire au barreau
comme avocat.
Il n’y aurait point là .de quoi faire
tant de musique, le diplôme est à la
portée des intelligences les plus mé
diocres, pour peu que les candidats
disposent d’un peu de loisirs et d’ar
gent.
D’autre part, nous n’avions vu
aucun inconvénient à ce qu’un prêtre
fut avocat. Les curés, à cette heure
exercent tant de drôle de métiers !
Et puis, attachés indestructiblement
à la liberté, nous n'avons jamais pro
testé que contre les privilèges accor
dés aux prêtres au détriment des
autres citoyens, comme de couper au
service militaire par exemple, de ne
pas payer d’impôt, etc. Mais nous
n’avons jamais songé à priver un in
dividu, en raison du vilain costume
qu’il porte ou de sa coupe de cheveux
en dessus de latrine, des droits ac
quis à l’ensemble des citoyens, que
l’abhé Bossebœuf fut avocat, c’était
son affaire et celle de la corporation
qui l’accueillit.
Mais c’était compter sans l’autorité
ecclésiastique. L’évêque d’Angers
(7 Joseph pour les initiés), vient d’é
craser dans l’.œuf la vocation baso-
chienne de l’infortuné Bossebœuf.
D’une lettre, adressée par le dit
7 Joseph à La Croix , il résulte que les
règles du Droit canonique s'opposent
à ce qu’un prêtre remplisse les fonc
tions d’avocat !
L’église craint-elle que les exi
gences du barreau obligent quelque
fois l’avocat à dire le contraire de sa
pensée et à maltraiter la vérité? En
quoi cela changerait-il un prêtre de
ses habitudes ?
Quoiqu’il en soit, ce nouvel inci
dent témoigne une fois de plus de l’ad
mirable liberté dont on jouit dans l’é
glise catholique.
Avant de fourrer leur nez dans les
affaires de la République et de nous
assourdir de leurs criailleries sur la
Liberrrté ! la Liberrrté des pères de
famille, la Liberrrté des congréga
tions, les catholiques feraient bien de
l’organiser un peu ehez eux la Li
berrrté et de transformer en répu
blique, conformément d’ailleurs aux
prescriptions de l’Evangile, la mo
narchie autocrate et tyrannique de
l’église.
A l’heure actuelle, la véritable in
compatibilité, c’est celle des fonctions
de moine, prêtre, évêque ou pape avec
les sentiments de chrétien.
—- *•»
M. BAUDIN, ministre des Travaux publics
à Fécamp
Pendant que les villes voisines con
tinuent à attirer chez elles les mem
bres du Gouvernement pour l’obten
tion de subsides en vue de l'amélio
ration de leur port de commerce, les
représentants autorisés des intérêts du
Havre persistent à faire grise mine
au ministère actuel et à se tenir iso
lés de toutes rencontres^officielles avec
eux, lorsqu’ils viennent — même dans
leur arrondissement, — se rendre
compte, sur invitation, des nécessités
des travaux publics.
C’est ainsi que lundi dernier, M.
Baudin, ministre des Travaux publics,
s’était rendu à Fécamp pour assister
au départ des Terre-neuviers.
il a été reçu à l’Hôtel de Ville, où
le maire, entouré des membres du
Conseil municipal et des membres de
la Chambre de Commerce, lui a sou
haité la bienvenue.
Aussitôt la réception terminée, le
cortège, composé de plusieurs voi
tures, s’est dirigé vers le port. Une
foule considérable était massée sur les
quais et sur la jetée, acclamant le
ministre, aux crix de < Vive la Répu
blique! »
La sortie d\i port a été grandiose *
les Terre-neuviers, superbement pa-
voisés, les voiles claquant au vent,
franchirent le chenal à la remorque
du. Bois-Rosé. On visita ensuite les
terrains sur lesquels on projette de
creuser uu nouveai* bassin, puis oa
J
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