Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-03-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 mars 1901 09 mars 1901
Description : 1901/03/09 (N254). 1901/03/09 (N254).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634535
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
6” Année — N” 254.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
DEPOT LÉGAL
2Sn>
Annébjl90 i.
J
Samedi 9 Mars 190t.
Réveil du Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements »
4 fr.
1
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
Es
1
15, RUE CASIMIR
-PÉRIER, 15
|
1
Secrétaire de la Rédaction ....
Alfred HENRI
fü
1
L’Imprimeur-Gérant
F. LE ROY
|§
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Etude d’Histoire Loeale
. BRINDEAU & R1SPAL
1S MS RR. PP.
il 1
(Cinqueme Article)
Dans notre étude sur MM. Rispal
et Brindeau, nous avons eu surtout
en vue l'attitude purement politique
de ces deux députés, et nous avons
laissé de côté certains détails de leur
vie municipale, faits de népotisme
et de petite vengeance, passe-droits,
abus d’autorité,... etc.
Nous aurions dû peut-être rappe
ler la déplorable gestion financière
de M. Rispal. L’exemple est en effet
unique d’un homme gaspillant à
tort et à travers les finances d’une
ville, l’endettant au-delà de toute
mesure par une foule de dépenses
inutiles, rompant pour de nombreu
ses années l’équilibre du budget, et
cependant jugé digne par ses conci
toyens, après ce beau coup, de
gérer, comme député, les intérêts
du pays tout entier.
Y a-t-il là, de la part du corps
électoral, l’intention d’imposer au
pays, par une sorte de défi, un am
bitieux doublé d’un incapable ? Est-
ce de propos délibéré que l’on a
passé l’éponge sur ces antécédents
administratifs déplorables de M.
Rispal? Cette supposition est évi
demment inadmissible.
Il est plus exact de constater et
de dire que nos concitoyens ont une
fâcheuse tendance à se désintéresser
des affaires locales, et sjirtout de ce
qui est relatif au budget de la ville
Il semblerait que l’emploi de leur
argent les laissât indifférents. Com
bien parmi eux connaissent le chif
fre approximatif de nos recettes
de nos dépenses de voirie, d'instruc
tion publique, d’assistance...? C’est
à coup sûr une infime minorité.
S’agit-il, d’autre part, de ques
tions moins importantes, mais ayant
pour le contribuable un intérêt plus
personnel et plus immédiat ? La
force-t-on à balayer son trottoir par
exemple ? Il retrouve toute son éner
gie pour protester, cela dure une
quinzaine de jours, et bientôt il n'en
est plus question.
Les journaux quotidiens ne lui
facilitent pas d’ailleurs son éducation
et son contrôle sur ces matières
pourtant si importantes. Est-ce in
compétence de leur part ? C’est en
core possible. Ils essaient de se
rattraper dans les huit jours
que durent les périodes électora
les dans notre ville, et alors ils
émettent, sans aucune autorité ni
compétence, deux ou trois affirma
tions sur la situation économique et
financière de la ville, on va aux
urnes, et le tour est joué... Il est
vrai que l’on a eu l’inspiration heu
reuse de traiter une foule de choses
dont il n’est jamais question au Con
seil municipal, et le drapeau rouge
le nationalisme, le dreyfusisme font
les frais de la campagne. Et en
voilà pour quatre ans !
Si nous rappelons ces faits dont
chacun de nous peut vérifier l’exac
titude, c’est pour faire ressortir cette
vérité, qui s’est réalisée dans tous
les temps, que l’accession au pouvoir
des incapables n’est possible qu’à la
condition d’entretenir soigneuse
ment l’ignorance du public sur ses
intérêts les plus proches et sur les
actes de ses mandataires dans les
divers corps élus. En un mot, l’envoi
d’un Rispal au Parlement présup
pose une inattention absolue de ce
qui se passe chez nous.
Dans le dernier numéro de son
journal, M. Brindeau essaie de pal
lier l’effet déplorable de son vote, en
affirmant qu’il s’est inspiré de consi
dérations juridiques. M. Piou l’a
converti. On le connaît l’esprit juri
dique de M. Brindeau ! Il a eu l’oc
casion de se manifester déjà dans des
circonstances mémorables. Se sou
vient-il de certain vote qu’il a émis
dans la loi de dessaisissement ? La
question de droit était bien claire
pourtant, et la pudeur juridique de
M. Brindeau ne s’est pourtant pas
effarouchée. Elle pouvait subir
d’autres caresses sans en rougir...
★
* *
*
* *
Et maintenant, faut-il chercher
loin la conclusion de cette première
série d’articles ? Est-il nécessaire de
reprendre et de résumer les actes
de MM. Rispal et Brindeau pour les
dénoncer comme de faux républi
cains, et, pour parler vrai, comme
de purs réactionnaires ?
Certes, cette manière de voir
s’imposait déjà en envisageant les
actes et les votes de ces Messieurs.
Mais un fait récent vient de les
classer définitivement dans le parti
des adversaires du gouvernement
républicain, et de mettre le com
ble à leurs votes déjà si em
preints de haine contre ceux qui
défendent la République. Nous vou
lons parler de leur vote de cette
semaine contre la déchéance de
MM. Déroulède et Marcel Habert
S’il est un fait maintenant avéré
c’est le complot des nationalistes et
des royalistes marchant de concert
pour renverser la République le jour
des obsèques de Félix Faure. Le
principal intéressé Déroulède vient
de l’avouer avec cette naïveté co
lossale qui fait le fond de son carac
tère. L’œuvre de la Haute-Cour a
été non seulement juste, elle a été
salutaire. Il n’est pas un homme de
bon sens qui n’estime que la con
damnation de Déroulède et de ses
complices a été aussi nécessaire que
l’est celle des rôdeurs de nuit qui
essaient de dévaliser un passant.
On ne voit comment le fait d’étran
gler la République serait licite,
alors qu’on ne pourrait pas faire le
coup du « père François » à quelque
bourgeois attardé.
Qu’ont fait MM. Rispal et Brin
deau ? Ils ont donné raison aux fau^
teurs de guerre civile, ils ont affirmé
leur désir de voir siéger auprès
d’eux, pour collaborer à la lutte
sauvage faite contre le ministère,
les deux fauteurs de rébellion. Et ces
mêmes députés reprochent au parti
avancé de renfermer des agitateurs !
La note comique pour terminer.
On nous rapporte que, dans la
dernière séance annuelle de la so
ciété Sainte-Marie, quelqu’un ayant
demandé que des démarches soient
faites auprès du gouvernement pour
obtenir à l’honorable docteur Lau-
siès la distinction à laquelle il a
droit, M. Brindeau a promis d’ap
puyer cette demande auprès du Mi
nistre de l'Intérieur.
Nous conseillons fort à M. Brin
deau de se risquer au Ministère delà
place Beau veau. Bien que 1 e Journal
du Havre soit peu connu, M. Wal-
deck-Rousseau est assez bien ren.
seigné pour savoir qu’on l'y injurie
tous les soirs. Et M. Brindeau risque
fort de sortir du ministère plus vite
qu’il n’y sera entré. Pour une fois
dans sa vie, il lui arrivera d’égayer
ses contemporains.
YERUS
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Dimanche dernier a eu lieu une
élection législative dans le Loiret,
qui a donné aux amis de la Défense
républicaine un nouveau triomphe.
M. Ernest Guingamp, radical mi
nistériel, a été élu député contre M.
Defaucamberge, ancien sous-préfet à
Neufchâtel, méli niste-n ationaliste.
Il s’agissait de remplacer M. Alas
seur, député méliniste, qui avait été
élu sénateur le 23 décembre dernier,
contre M. Rabier, radical ministériel.
Nous relatons avec plaisir ce succès
qui est considéré par la presse répu
blicaine, comme une éclatante re
vanche du suffrage universel contre
le suffrage restreint.
VOfficiel a publié hier un décret
convoquant pour le 31 mars les élec
teurs d’Angoulême et de Rambouillet,
à l’effet d’élire, d’un côté un rempla
çant à Déroulède, de l’autre à Marcel
Habert.
Le Petit Havre
ET LE NATIONALISME
A maintes reprises, nous avons
comparé le mouvement nationaliste
au boulangisme d’antan, et nous
avons prédit que l’inénarrable Dé
roulède sombrerait comme Boulan
ger, dans le ridicule et l’abandon
général.
On se rappelle, avec quelle désin
volture Arthur Meyer tira sa révé
rence au parti révisionniste, avec
un < Bonsoir Messieurs, » très ca
valier.
Aujourd’hui, que tout craque dans
la galère nationaliste, nous assis
tons aux mêmes lâchages.
Le temps n’est pas loin oh le
Petit Havre trouvait qu’on atta
quait l’armée en blâmant certains
généraux factieux, et était en co
quetterie visible avec le parti natio
naliste, fauteur de coup d’état. Le
Petit Havre était mûr pour la ser
vitude, et nous pouvons affirmer
qu’au moment de l’échaffourée de
Reuilly, M. Fenoux avait en poche
un article tout préparé pour exposer
aux lecteurs havrais que, si le ré
gime républicain avait certainement
eu du bon, il fallait cependant re
connaître qu’il n’avait pas su faire
respecter l’armée, base de notre
société, et qu’à tout prendre, il va
lait mieux, dans l’intérêt de la patrie,
accepter légalement la royauté.
Mais voilà ! la République n'a pas
voulu se laisser supprimer, et le
Petit Havre , qui tient à la clientèle
des républicains, sinon à la Répu
blique (question de commerce,) est
en train d’évoluer en ménageant les
transitions.
Aujourd’hui, l’ingrat daube ferme
sur l’infortuné Déroulède et va jus
qu'à approuver la déchéance pro
noncée par la Chambre, par 367
voix contre 109.
Il va sans dire que nos deux dé
putés, qui sont décidés à avaler le
calice nationaliste jusqu’à la lie, font
partie de cette minorité antirépu
blicaine.
Or, le côté grotesque de l’affaire,
c’est de relever à la fois dans le
Petit Havre les attaques adressées
au nationalisme expirant — véri
table coup pied de l’âne — et l’ab
sence absolue de tout blâme à l’a
dresse des députés nationalistes du
Havre, qui ont défendu Déroulède
jusqu’au bout et dont ce journal ne
parle pas plus que s’ils étaient les
représentants de Carpentras ou de
Landerneau.
J’ai parié avec un ami que le
Petit Havre s’acheminerait jus
qu’aux élections de 1902, sans blâ
mer une seule fois MM. Rispal et
Brindeau , et, comme on le constate,
mon pari est en bonne voie.
Mais cette attitude équivoque doit
faire ouvrir les yeux des républi
cains havrais. Qu’ils ne l’oublient
pas, toutes les feuilles quotidiennes
de notre ville, Journal du Havre,
Courrier du Havre, Petit Havre,
sont à la dévotion des réactionnaires
et concourent ensemble au même
but, mais par des voies différentes.
Tandis que les deux premières at
taquent de front nos institutions et
s’aliènent fatalement l’esprit des
républicains les moins clairvoyants,
le Petit Havre joue le rôle de traître
dans notre parti, qu’il embrasse pour
le mieux étouffer.
Au cours de l’année qui nous sé
pare des élections générales, il cher
chera de plus en plus à se rappro
cher ées républicains pour capter
leur confiance, puis, brusquement,
au moment du scrutin, il patronnera
MM. Brindeau et Rispal, dont re-
marquez-le bien, il n’aura jamais
médit.
C’est à nous de faire bonne garde !
C. J.
BS MHS 111 MAIL
Une circulaire de M. Millerand
M. Millerand, ministre du com
merce, vient d’adresser une circulaire
aux préfets pour leur donner des ins
tructions sur l’application du décret
du 2 janvier 1901 organisant des
conseils du travail.
Le ministre invite les préfets à lui
signaler les régions où le décret peut
recevoir son application immédiate.
Toutefois, avant de lui adresser des
propositions, ils devront se rensei
gner très exactement sur les disposi
tions des intéressés, c’est-à-dire des
syndicats professionnels de patrons et
d’ouvriers, et se rendre compte des
des vœux des chambres de commerce,
conseils de prud’hommes et Bourse
du travail.
Le ministre fait observer qu’aucun
crédit n’est prévu au budget pour
faire face aux dépenses qui pourront
résulter de l’organisation et du fonc
tionnement des conseils.
Le ministre charge les préfets de
réclamer le concours des municipa
lités et, au besoin, des conseils géné
raux. Au surplus, les assemblées
pourront se tenir dans les mairies,
dans une salle de la préfecture ou de
la sous-préfecture ou de tout autre
établissement public.
Les fonctions de membre du con
seil du travail sout gratuites. Le mi
nistre dit qu’il ne verrait, toutefois,,
que des avantages à laisser les dépar
tements et les communes inscrire à
leurs budgets des crédits destinés à
i indemniser les conseillers, notamment
de leurs frais de déplacement.
En ce qui conterne les attributions
des conseils du travail, le ministre
rappelle que le décret d’institution,
en prévoyant que ces assemblées
pourront, sur la demande des inté
ressés, donner leur avis sur toutes les
questions du travail, leur a notam
ment permis d’intervenir comme ar
bitres ou conciliateurs dans les conflits
relatifs aux conditions du travail et
chercher à prévenir les grèves lors
que cela est possible.
Ces conseils pourront, dès mainte
nant, faire fonctions d’arbitres pour
l’application de la loi du 27 décem
bre 1892.
Par contre, la procédure instituée
parla loi de 1892 ne laisse aucune
place à l’intervention des conseils du
travail dans la formation des comités
de conciliation. Mais, en cas d’échec
de ces comités, le ministre ne doute
pas que l’autorité des membres du
conseil du travail ne leur permette
1 fréquemment d’offrir leurs bons offi
ces pour aider, sous la forme qui leur
paraîtra la plus efficace, à la solution
du conflit.
Incidemment, en ce qui concerne
l’exécution des lois et règlements sur
le travail, le ministre déclare, pour
répondre à une question qui Rii a été
posée, que les inspecteurs du travail
et les officiers de police judiciaire con
tinueront d avoir, seuls, le droit que
leur conféré la loi de pénétrer dans
les établissements industriels : il ne
saurait être question d’étendre ce
droit par simple decret aux membres
des conseils du travail.
Le reste de la circulaire donne des
instructions sur l’application du dé
cret, en ce qui concerne le mode
d élection des membres des conseils dut
travail.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
DEPOT LÉGAL
2Sn>
Annébjl90 i.
J
Samedi 9 Mars 190t.
Réveil du Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements »
4 fr.
1
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
Es
1
15, RUE CASIMIR
-PÉRIER, 15
|
1
Secrétaire de la Rédaction ....
Alfred HENRI
fü
1
L’Imprimeur-Gérant
F. LE ROY
|§
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Etude d’Histoire Loeale
. BRINDEAU & R1SPAL
1S MS RR. PP.
il 1
(Cinqueme Article)
Dans notre étude sur MM. Rispal
et Brindeau, nous avons eu surtout
en vue l'attitude purement politique
de ces deux députés, et nous avons
laissé de côté certains détails de leur
vie municipale, faits de népotisme
et de petite vengeance, passe-droits,
abus d’autorité,... etc.
Nous aurions dû peut-être rappe
ler la déplorable gestion financière
de M. Rispal. L’exemple est en effet
unique d’un homme gaspillant à
tort et à travers les finances d’une
ville, l’endettant au-delà de toute
mesure par une foule de dépenses
inutiles, rompant pour de nombreu
ses années l’équilibre du budget, et
cependant jugé digne par ses conci
toyens, après ce beau coup, de
gérer, comme député, les intérêts
du pays tout entier.
Y a-t-il là, de la part du corps
électoral, l’intention d’imposer au
pays, par une sorte de défi, un am
bitieux doublé d’un incapable ? Est-
ce de propos délibéré que l’on a
passé l’éponge sur ces antécédents
administratifs déplorables de M.
Rispal? Cette supposition est évi
demment inadmissible.
Il est plus exact de constater et
de dire que nos concitoyens ont une
fâcheuse tendance à se désintéresser
des affaires locales, et sjirtout de ce
qui est relatif au budget de la ville
Il semblerait que l’emploi de leur
argent les laissât indifférents. Com
bien parmi eux connaissent le chif
fre approximatif de nos recettes
de nos dépenses de voirie, d'instruc
tion publique, d’assistance...? C’est
à coup sûr une infime minorité.
S’agit-il, d’autre part, de ques
tions moins importantes, mais ayant
pour le contribuable un intérêt plus
personnel et plus immédiat ? La
force-t-on à balayer son trottoir par
exemple ? Il retrouve toute son éner
gie pour protester, cela dure une
quinzaine de jours, et bientôt il n'en
est plus question.
Les journaux quotidiens ne lui
facilitent pas d’ailleurs son éducation
et son contrôle sur ces matières
pourtant si importantes. Est-ce in
compétence de leur part ? C’est en
core possible. Ils essaient de se
rattraper dans les huit jours
que durent les périodes électora
les dans notre ville, et alors ils
émettent, sans aucune autorité ni
compétence, deux ou trois affirma
tions sur la situation économique et
financière de la ville, on va aux
urnes, et le tour est joué... Il est
vrai que l’on a eu l’inspiration heu
reuse de traiter une foule de choses
dont il n’est jamais question au Con
seil municipal, et le drapeau rouge
le nationalisme, le dreyfusisme font
les frais de la campagne. Et en
voilà pour quatre ans !
Si nous rappelons ces faits dont
chacun de nous peut vérifier l’exac
titude, c’est pour faire ressortir cette
vérité, qui s’est réalisée dans tous
les temps, que l’accession au pouvoir
des incapables n’est possible qu’à la
condition d’entretenir soigneuse
ment l’ignorance du public sur ses
intérêts les plus proches et sur les
actes de ses mandataires dans les
divers corps élus. En un mot, l’envoi
d’un Rispal au Parlement présup
pose une inattention absolue de ce
qui se passe chez nous.
Dans le dernier numéro de son
journal, M. Brindeau essaie de pal
lier l’effet déplorable de son vote, en
affirmant qu’il s’est inspiré de consi
dérations juridiques. M. Piou l’a
converti. On le connaît l’esprit juri
dique de M. Brindeau ! Il a eu l’oc
casion de se manifester déjà dans des
circonstances mémorables. Se sou
vient-il de certain vote qu’il a émis
dans la loi de dessaisissement ? La
question de droit était bien claire
pourtant, et la pudeur juridique de
M. Brindeau ne s’est pourtant pas
effarouchée. Elle pouvait subir
d’autres caresses sans en rougir...
★
* *
*
* *
Et maintenant, faut-il chercher
loin la conclusion de cette première
série d’articles ? Est-il nécessaire de
reprendre et de résumer les actes
de MM. Rispal et Brindeau pour les
dénoncer comme de faux républi
cains, et, pour parler vrai, comme
de purs réactionnaires ?
Certes, cette manière de voir
s’imposait déjà en envisageant les
actes et les votes de ces Messieurs.
Mais un fait récent vient de les
classer définitivement dans le parti
des adversaires du gouvernement
républicain, et de mettre le com
ble à leurs votes déjà si em
preints de haine contre ceux qui
défendent la République. Nous vou
lons parler de leur vote de cette
semaine contre la déchéance de
MM. Déroulède et Marcel Habert
S’il est un fait maintenant avéré
c’est le complot des nationalistes et
des royalistes marchant de concert
pour renverser la République le jour
des obsèques de Félix Faure. Le
principal intéressé Déroulède vient
de l’avouer avec cette naïveté co
lossale qui fait le fond de son carac
tère. L’œuvre de la Haute-Cour a
été non seulement juste, elle a été
salutaire. Il n’est pas un homme de
bon sens qui n’estime que la con
damnation de Déroulède et de ses
complices a été aussi nécessaire que
l’est celle des rôdeurs de nuit qui
essaient de dévaliser un passant.
On ne voit comment le fait d’étran
gler la République serait licite,
alors qu’on ne pourrait pas faire le
coup du « père François » à quelque
bourgeois attardé.
Qu’ont fait MM. Rispal et Brin
deau ? Ils ont donné raison aux fau^
teurs de guerre civile, ils ont affirmé
leur désir de voir siéger auprès
d’eux, pour collaborer à la lutte
sauvage faite contre le ministère,
les deux fauteurs de rébellion. Et ces
mêmes députés reprochent au parti
avancé de renfermer des agitateurs !
La note comique pour terminer.
On nous rapporte que, dans la
dernière séance annuelle de la so
ciété Sainte-Marie, quelqu’un ayant
demandé que des démarches soient
faites auprès du gouvernement pour
obtenir à l’honorable docteur Lau-
siès la distinction à laquelle il a
droit, M. Brindeau a promis d’ap
puyer cette demande auprès du Mi
nistre de l'Intérieur.
Nous conseillons fort à M. Brin
deau de se risquer au Ministère delà
place Beau veau. Bien que 1 e Journal
du Havre soit peu connu, M. Wal-
deck-Rousseau est assez bien ren.
seigné pour savoir qu’on l'y injurie
tous les soirs. Et M. Brindeau risque
fort de sortir du ministère plus vite
qu’il n’y sera entré. Pour une fois
dans sa vie, il lui arrivera d’égayer
ses contemporains.
YERUS
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Dimanche dernier a eu lieu une
élection législative dans le Loiret,
qui a donné aux amis de la Défense
républicaine un nouveau triomphe.
M. Ernest Guingamp, radical mi
nistériel, a été élu député contre M.
Defaucamberge, ancien sous-préfet à
Neufchâtel, méli niste-n ationaliste.
Il s’agissait de remplacer M. Alas
seur, député méliniste, qui avait été
élu sénateur le 23 décembre dernier,
contre M. Rabier, radical ministériel.
Nous relatons avec plaisir ce succès
qui est considéré par la presse répu
blicaine, comme une éclatante re
vanche du suffrage universel contre
le suffrage restreint.
VOfficiel a publié hier un décret
convoquant pour le 31 mars les élec
teurs d’Angoulême et de Rambouillet,
à l’effet d’élire, d’un côté un rempla
çant à Déroulède, de l’autre à Marcel
Habert.
Le Petit Havre
ET LE NATIONALISME
A maintes reprises, nous avons
comparé le mouvement nationaliste
au boulangisme d’antan, et nous
avons prédit que l’inénarrable Dé
roulède sombrerait comme Boulan
ger, dans le ridicule et l’abandon
général.
On se rappelle, avec quelle désin
volture Arthur Meyer tira sa révé
rence au parti révisionniste, avec
un < Bonsoir Messieurs, » très ca
valier.
Aujourd’hui, que tout craque dans
la galère nationaliste, nous assis
tons aux mêmes lâchages.
Le temps n’est pas loin oh le
Petit Havre trouvait qu’on atta
quait l’armée en blâmant certains
généraux factieux, et était en co
quetterie visible avec le parti natio
naliste, fauteur de coup d’état. Le
Petit Havre était mûr pour la ser
vitude, et nous pouvons affirmer
qu’au moment de l’échaffourée de
Reuilly, M. Fenoux avait en poche
un article tout préparé pour exposer
aux lecteurs havrais que, si le ré
gime républicain avait certainement
eu du bon, il fallait cependant re
connaître qu’il n’avait pas su faire
respecter l’armée, base de notre
société, et qu’à tout prendre, il va
lait mieux, dans l’intérêt de la patrie,
accepter légalement la royauté.
Mais voilà ! la République n'a pas
voulu se laisser supprimer, et le
Petit Havre , qui tient à la clientèle
des républicains, sinon à la Répu
blique (question de commerce,) est
en train d’évoluer en ménageant les
transitions.
Aujourd’hui, l’ingrat daube ferme
sur l’infortuné Déroulède et va jus
qu'à approuver la déchéance pro
noncée par la Chambre, par 367
voix contre 109.
Il va sans dire que nos deux dé
putés, qui sont décidés à avaler le
calice nationaliste jusqu’à la lie, font
partie de cette minorité antirépu
blicaine.
Or, le côté grotesque de l’affaire,
c’est de relever à la fois dans le
Petit Havre les attaques adressées
au nationalisme expirant — véri
table coup pied de l’âne — et l’ab
sence absolue de tout blâme à l’a
dresse des députés nationalistes du
Havre, qui ont défendu Déroulède
jusqu’au bout et dont ce journal ne
parle pas plus que s’ils étaient les
représentants de Carpentras ou de
Landerneau.
J’ai parié avec un ami que le
Petit Havre s’acheminerait jus
qu’aux élections de 1902, sans blâ
mer une seule fois MM. Rispal et
Brindeau , et, comme on le constate,
mon pari est en bonne voie.
Mais cette attitude équivoque doit
faire ouvrir les yeux des républi
cains havrais. Qu’ils ne l’oublient
pas, toutes les feuilles quotidiennes
de notre ville, Journal du Havre,
Courrier du Havre, Petit Havre,
sont à la dévotion des réactionnaires
et concourent ensemble au même
but, mais par des voies différentes.
Tandis que les deux premières at
taquent de front nos institutions et
s’aliènent fatalement l’esprit des
républicains les moins clairvoyants,
le Petit Havre joue le rôle de traître
dans notre parti, qu’il embrasse pour
le mieux étouffer.
Au cours de l’année qui nous sé
pare des élections générales, il cher
chera de plus en plus à se rappro
cher ées républicains pour capter
leur confiance, puis, brusquement,
au moment du scrutin, il patronnera
MM. Brindeau et Rispal, dont re-
marquez-le bien, il n’aura jamais
médit.
C’est à nous de faire bonne garde !
C. J.
BS MHS 111 MAIL
Une circulaire de M. Millerand
M. Millerand, ministre du com
merce, vient d’adresser une circulaire
aux préfets pour leur donner des ins
tructions sur l’application du décret
du 2 janvier 1901 organisant des
conseils du travail.
Le ministre invite les préfets à lui
signaler les régions où le décret peut
recevoir son application immédiate.
Toutefois, avant de lui adresser des
propositions, ils devront se rensei
gner très exactement sur les disposi
tions des intéressés, c’est-à-dire des
syndicats professionnels de patrons et
d’ouvriers, et se rendre compte des
des vœux des chambres de commerce,
conseils de prud’hommes et Bourse
du travail.
Le ministre fait observer qu’aucun
crédit n’est prévu au budget pour
faire face aux dépenses qui pourront
résulter de l’organisation et du fonc
tionnement des conseils.
Le ministre charge les préfets de
réclamer le concours des municipa
lités et, au besoin, des conseils géné
raux. Au surplus, les assemblées
pourront se tenir dans les mairies,
dans une salle de la préfecture ou de
la sous-préfecture ou de tout autre
établissement public.
Les fonctions de membre du con
seil du travail sout gratuites. Le mi
nistre dit qu’il ne verrait, toutefois,,
que des avantages à laisser les dépar
tements et les communes inscrire à
leurs budgets des crédits destinés à
i indemniser les conseillers, notamment
de leurs frais de déplacement.
En ce qui conterne les attributions
des conseils du travail, le ministre
rappelle que le décret d’institution,
en prévoyant que ces assemblées
pourront, sur la demande des inté
ressés, donner leur avis sur toutes les
questions du travail, leur a notam
ment permis d’intervenir comme ar
bitres ou conciliateurs dans les conflits
relatifs aux conditions du travail et
chercher à prévenir les grèves lors
que cela est possible.
Ces conseils pourront, dès mainte
nant, faire fonctions d’arbitres pour
l’application de la loi du 27 décem
bre 1892.
Par contre, la procédure instituée
parla loi de 1892 ne laisse aucune
place à l’intervention des conseils du
travail dans la formation des comités
de conciliation. Mais, en cas d’échec
de ces comités, le ministre ne doute
pas que l’autorité des membres du
conseil du travail ne leur permette
1 fréquemment d’offrir leurs bons offi
ces pour aider, sous la forme qui leur
paraîtra la plus efficace, à la solution
du conflit.
Incidemment, en ce qui concerne
l’exécution des lois et règlements sur
le travail, le ministre déclare, pour
répondre à une question qui Rii a été
posée, que les inspecteurs du travail
et les officiers de police judiciaire con
tinueront d avoir, seuls, le droit que
leur conféré la loi de pénétrer dans
les établissements industriels : il ne
saurait être question d’étendre ce
droit par simple decret aux membres
des conseils du travail.
Le reste de la circulaire donne des
instructions sur l’application du dé
cret, en ce qui concerne le mode
d élection des membres des conseils dut
travail.
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