Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-03-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 mars 1901 16 mars 1901
Description : 1901/03/16 (N255). 1901/03/16 (N255).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263454k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
DÉPÔT Ltjf^L
SANS 3
n ° ■' r
Année 190 L
6' Aaaée — A 0 255.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 16 Mars 1901.
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocraiique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction Alfired Henri
L’Imprimeur-Gérant ........ E. LE ROT
15
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On. traite à. forfait
Le Recensement
et son Histoire
Mensonges pieux — Une fameuse statis
tique — La femme s’émancipe
— Il y a cent ans
reux effets de la propagande éman-
patrice ; grâce à l’aiguille et à la
lyre, la femme va pouvoir enfin
voler à grandes ailes... »
Hélas ! c’est nous qui fournissons
les plumes !
Plus loin, il ajoutera : «... Il
faut noter pour s’en réjouir haute-
UN DÉBUT QUI PROMET LA SUCCESSION DES DÉCHUS
Les vieux marcheurs et les co
quettes sont dans la désolation. Pen
sez donc ! le 24 mars, il faudramentir
ou avouer leur âge véritable ; l’alter
native est cruelle, mais je parie que,
tout pesé, ils mentiront en se disant
que la faute sera vénielle et qu’il
sera moins pénible de la commettre
que d’avouer à son domestique, à
son concierge, ou tout simplement
aux recenseurs qu’on est né en 1830
quand on avait 45 ans, ou qu’on fut
sevré sous l’Empire, lorsqu’on se
laisse attribuer 25 automnes.
Dès lors, comme toutes les femmes
sont coquettes tant qu’elles ne sont
pas octogénaires — et encore ! — et
que le beau sexe compte en France
un peu plus de dix-neuf millions de
sujettes, on peut prévoir l’exactitude
de la statistique qu’on prépare.
Il est vrai, on a pris soin de nous
prévenir que les travaux sur l’âge
de nos compatriotes n’ont pas grande
importance et que l’intérêt du recen
sement prochain résidera tout entier
dans la rubrique professionnelle.
— « Faites cette année des ré
ponses précises en ce qui concerne
votre profession, nous a-t-on répété,
car il s’agit de permettre à l’Office
du Travail de fixer par des chiffres
positifs, la progression ou le déclin
de certaines industries nationales. »
Pauvre Office. Pauvres recen
seurs. Les voyez-vous dépouillant
les feuilles concernant les quartiers
< aimables ».
— « Quelle est votre profession
exacte ? (Préciser) » ont-ils de
mandé.
— « Couturière > ont répondu les
petites dames du premier et du cin
quième ; rentière » celles du second
et du quatrième ; « artiste lyrique »
celle du troisième... Idem dans la
maison voisine.... Idem dans la sui
vante... Idem toujours...
Que voulez-vous qu’ils fassent de
vant tant de vertu? Ils admireront,
enregistreront, et, dans le rapport
d’ensemble, l’encadreur statisticien
écrira fièrement :
— «... Grâce au ciel et à la
sagesse de nos institutions, la dé
bauche a disparu de notre pays...
(Nota : Les gens de mauvaise vie
que nous rencontrons sont certai
nement des étrangers qui arrivent
chez nous le soir pour repartir
le lendemain matin)... L’heure
est au travail et aux pensées gra
ves ... Deux carrières ont les pré
férences de la jeunesse féminine:
la couture et le théâtre... Félici
tons-nous, messieurs, de ces heu-
Quand le groupe Méline a des
idées, ce qui arrive parfois, il les
met aussitôt à exécution : mais cela
ne lui réussit guère.
Il y a quelques jours, le groupe
décidait d’entreprendre, en province,
une tournée de conférences dans le
ment, un accroissement notable de but de propager les pures doctrines
la fortune publique. En effet, le de la coalition mélino-nationalo-réac-
nombre des rentières a considéra- tlonna ‘ re - Les conférenciers devaient
,, , ,, . .. se rendre d abord dans les circons-
blement augmente... Cest le fruit crip tions électorales où les membres
d un travail soutenu et d une econo- groupe sont le plus menacés, et
mie bien comprise... Il faut lepro- on décida de commencer par celle de
clamer, Messieurs, la femme s’é- M. Maurice Lasserre.
mancipe et nous est un exemple ad
mirable... »
Voilà la statistique dont nous
allons bientôt fournir les éléments.
Je m’empresse d’ailleurs de recon
naître qu’elle ne sera pas plus fan
taisiste que toutes les autres. Je
crois même qu’elle n’atteindra pas
encore un fait de drôlerie, celle que
On ne pouvait mieux choisir : car
M Lasserre est tellement menacé
qu’aux élections prochaines il restera
certainement sur le carreau.
Hier a eu lieu la première tournée;
mais c’est les mélinistes qui l’ont re
çue.
Trois conférenciers : MM. Krantz
Jules Legrand et Dulau, le dessus du
panier, s’étaient donc rendus hier à
Castelsarrasin. On déjeuna d’abord,
publia, il y a quelques années, une puis la conférence eut lieu. Elle ne
de nos grandes administrations et fut pas tumultueuse, car les auditeurs
les divers tableaux de laquelle il brillaient par leur absence,
finissait par ressortir qu’en France , ¥, a ' s ’ soft ‘ e > quelle conduite
les enfants naissent a quatre mois . Toute la population se pressait aux
Il est vrai que nos dernières géné- abords de la salle où les envoyés de
rations sont si précoces !... M. Méline avaient péroré.
Les recensements passés furent- ^ raûtz sort I e premier : pér
ils plus exacts que ne le sera le pro
chain? Il est permis d’en douter,
car les difficultés que nous rencon
trons aujourd’hui étaient plus gran
des autrefois. On affirme même
et nous le croyons sans peine — que
certains dénombrements f urent ten
tés en pure perte...
... .En 1790, le Comité des im
positions de l’Assemblée constituante
prescrivit des recherches sur la po
pulation du royaume. Depuis et
jusqu’en 1800, des essais de recen
sement furent faits dans divers dé
partements, mais ils n’aboutirent à
rien de sérieux. Le premièr qui fut
opéré en France avec régularité,
remonte à 1800.
Ce recencement paraît avoir été
effectué avec soin. La statistique qui
en est résultée fournit des rensei
gnements de natures très diverses.
Ils ne sont peut être pas d’une ri
goureuse exactitude, mais les chif
fres ne s’écartent pas trop, je l’es
père, de la vérité, et j’en citerai
quelques-uns qui me semblent cu
rieux et méritent d’être rapprochés
des chiffres de notre époque.
En 1800, un maçon gagnait à
Paris, 1 fr. 90 par jour, un tailleur
de pierre, 2 fr. 13, de même qu’un
menuisier, un charpentier et un cor
donnier, un serruriqr, 2 fr. 37, un
scieur de long, 1 fr. 88, un tailleur,
2 fr. 80, un charpentier, 2 fr. 75,
un jardinier, 1 fr. 75. Mais en re
vanche, la viande ne dépassait pas
70 cent, le kilog, un bon poulet va
lait onze sous, le pain coûtait neuf
centimes la livre et le vin quatre
sous le litre.
Que ces temps sont changés.
Georges Rocher.
sonne ne connaît cette barbe, il passe
sans incident. Une huée formidable
s’élève ensuite : M. Lasserre paraît
entre MM. Jules Legrand et Dulau.
On crie : « A bas Méline ! A bas la
calotte! Vive le ministère! Vive la
République ! »
Peu à peu la foule s’excite : lescon
férenciers et M. Lasserre n’ont que le
temps de se réfugier dans une maison
amie.
Ce premier succès ne peut qu’en
courager les mélinistes à faire y leur
tour de France : ils seront bien vite
édifiés sur la popularité dont jouit
leur chef auprès des électeurs répu
blicains.
J. C.
Bien que la période électorale soit
officiellement ouverte depuis la se
maine dernière dans les circonscrip
tions que représentaient MM. Dérou-
lède et Marcel Habert, les candidats
ne se sont pas encore fait connaître.
Les nationalistes continuent à se
plaindre de n’avoir que trois semai
nes pour faire leur campagne. La
vérité est qu’ils sont dans le plus
profond désarroi.
Nous avons indiqué la scission qui
s’est produite à Angoulême entre na
tionalistes de droite et nationalistes
se disant républicains.
M. Gellibertdes Séguins, qui s’était
effacé autrefois devant M. Déroulède,
annonce son intention de se présenter
en désavouant la politique nationa
liste.
La situation est la même dans l’ar
rondissement de Rambouillet.
On a mis en avant les noms de M e
Chenu et de M. Syveton, qui devaient
être candidats de la Patrie française.
Ces deux candidatures ont été dé
menties.
La difficulté à laquelle se heurtent
ici les nationalistes, c’est que leurs
alliés de droite réclament le siège de
M. Marcel Habert ; ils veulent pré
senter un candidat à eux qui serait
M. de Caraman, déjà candidat mal
heureux en 1889.
Aussi les amis de M. Marcel Ha
bert tendent-ils en ce moment de lan
cer un ballon d’essai ; ils annoncent
que leur candidat sera M. Marcel
Habert lui-même. Les nationalistes
voudraient ainsi en appeler aux élec
teurs de Rambouillet du jugement de
la Haute-Cour et de la décision de la
Chambre. Mais M. Marcel Habert est
aussi, et tous aussi mauvais. Les grè
ves, dit-on, livrent la France à la
concurrence étrangère.
Les députés réactionnaires ont dé
veloppé, ces jours-ci, ce paradoxe à
la tribune de la Chambre, et des jour
naux ont été jusqu’à nous parler de
la « fin de Marseille > parce que les
ouvriers du port de cette ville récla
ment d’autres conditions de travail.
On oublie vraiment par trop que
la France n’a pas le monopole des
grèves. Les ouvriers du port de Gênes
ont récemment cessé le travail. On a
constaté aussitôt à Marseille un re
doublement d’activité. Aujourd’hui le
contraire se produit et l’equilibre est
ainsi rétabli. Mais que demain les
ouvriers français obtiennent satisfac
tion et immédiatement leurs cama-
des italiens formuleront les mêmes
revendications et chômeront à leur
tour au profit de notre port méditer
ranéen.
Les patrons italiens tiendront alors
le même langage que les nôtres, et
leurs journaux parleront de la « fin
de Gênes ».
Ce sont là sophismes de polémistes
que ne prennent pas au sérieux ceux
qui les mettent en circulation.
On a reproché aussi au ministèig
W aldeck-Rousseau-Millerand le grancbpx
nombre de grèves qui se sont décla- Xijf
rées l’an dernier, comme si la cessa
tion du travail n’était pas avant tout
un phénomène économique.
L’Espagne, qui n’a pas de ministre
socialiste, n’est pas à l’abri des con
flits entre le travail et le capital, et
n’avons-nous pas vu ces jours-ci une
véritable émeute en résulter à Manl-
leu. En Belgique les verriers chô
ment depuis de longs mois. En An
gleterre, les ouvriers de toutes les
corporations ne cessent-ils pas pério
diquement le travail, formulant des
inéligible ; la manifestation serait
toute platonique; elle ne sera pas du 1 ^
goût des électeurs de Rambouillet, | vent à faire tri J mph £ r .
LES ÉLECTIONS DE 10Q1 A 1905
Avec l’année 1901, commence une
période de renouvellement de tous les
pouvoirs publics d’origine élective,
En prenant l’année 109-1 comme point
de départ, les renouvellements vont
se faire régulièrement à raison d’un
par an, pendant une période de six
années.
En juillet 1901, aura lieu le renou
vellement par moitié des conseils gé
néraux et d’arrondissement ; 1,500
conseillers généraux et 2,000 con
seillers d’arrondissements devront
être nommés à cette époque.
Au mois de mai 1902, aura lieu le
renouvellement intégral de la Cham
bre des Députés, soit 581 membres à
élire.
En janvier 1903, se fera le renou
vellement triennal du Sénat ; il y
aura environ 100 sénateurs à nommer.
En mai 1904, aura lieu le renou
vellement des conseils municipaux et
des maires et adjoints de toutes les
communes de France. De ce chef, il y
aura à élire 450,000 conseillers muni
cipaux, 36,000 maires et 40,000 ad
joints.
Enfin, en décembre 1905, devra
s’accomplir 1 élection du Président de
la République.
qui veulent avoir un représentant à
la Chambre.
Quant au parti républicain, il se
montre moins ému : plein de confiance
dans le succès final, il laisse les natio
nalistes accentuer leurs divisions. Un
congrès aura lieu dimanche prochain
à Angoulême pour désigner un can
didat unique : dans quelques jours
sera également connu le candidat ré
publicain à la succession de M. Mar
cel Habert.
La vérité est qu’il n'y a qu’un
moyen d’empêcher les grèves : c’est
de donner à la classe ouvrière des lois
la protégeant et de les faire scrupu
leusement observer. Un ministère
vraiment républicain peut seul mener
à bonne fin cet œuvre de conciliation
entre le Travail et le Capital.
NOTES SOCIALES
A PROPOS DES GRÈVES
Chaque fois qu’une grève un peu
importante éclate, les journaux réac
tionnaires ne manquent jamais de
nous annoncer trèssérieusementqu’elle
aura comme conséquence d’effrayer
les capitalistes et de les empêcher de
mettre leurs capitaux dans l’industrie.
Cette pauvre industrie étant, d’après
eux, appelée à disparaître, grâce aux
grèves et aux lois de défense ouvrière
votées par les députés républicains.
Comme l’agriculture, ajoutent-ils,
est dans le marasme, et que, depuis
l’affaire Dreyfus et le « ministère de
trahison » le commerce périclite, on
« La femme qui enfante, celle qui
allaite, celle qui tient le ménage et
élève les enfants, exerce une véritable
profession — une profession sacrée,
au respect de laquelle une nation doit
s’astreindre si elle veut prospérer et
grandir.
« Cette profession, au point de vue
social, au point de vue économique,
correspond à une valeur pécuniaire.
Dans un ménage elle devrait être
inscrite au budget, en regard des
gages du mari. C’est l’apport de la
femme. Pour équilibrer le salaire du
mari, il y faudrait peu de chose. Ce
peu de chose se réaliserait au besoiû
par quelques travaux industriels exé
cutés à la maison.
« Quant à la mère isolée, ce n’est
pas elle, dans sa personne et dans ses
se demande comment les capitalistes
pourraient bien placer leur argent? enfants, qui devrait supporter la fata-
La vérité est qu’au taux actuel de lité des circonstances... Gagnant par
la rente, le capitaliste est bien obligé un métier exercé par elle7 l’appoint
de confier son argent à une entreprise dont nous parlions, elle devrait rece-
industrielle et commerciale pour vi- voir ce que j’appellerai « son salaire
vre. Ce grand argument des mélinis- « maternel... »
tes tombe donc de lui-même, dès que Qui parle si bien et si juste? Mme
l’on se donne la peine de réfléchir. Daniel Lesueur dans sa brochure •
Il en est un autre classique, lui L'Evolution féminine. Rien de plus
il
*
teKÉi,
JMg
1
SANS 3
n ° ■' r
Année 190 L
6' Aaaée — A 0 255.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 16 Mars 1901.
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocraiique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction Alfired Henri
L’Imprimeur-Gérant ........ E. LE ROT
15
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On. traite à. forfait
Le Recensement
et son Histoire
Mensonges pieux — Une fameuse statis
tique — La femme s’émancipe
— Il y a cent ans
reux effets de la propagande éman-
patrice ; grâce à l’aiguille et à la
lyre, la femme va pouvoir enfin
voler à grandes ailes... »
Hélas ! c’est nous qui fournissons
les plumes !
Plus loin, il ajoutera : «... Il
faut noter pour s’en réjouir haute-
UN DÉBUT QUI PROMET LA SUCCESSION DES DÉCHUS
Les vieux marcheurs et les co
quettes sont dans la désolation. Pen
sez donc ! le 24 mars, il faudramentir
ou avouer leur âge véritable ; l’alter
native est cruelle, mais je parie que,
tout pesé, ils mentiront en se disant
que la faute sera vénielle et qu’il
sera moins pénible de la commettre
que d’avouer à son domestique, à
son concierge, ou tout simplement
aux recenseurs qu’on est né en 1830
quand on avait 45 ans, ou qu’on fut
sevré sous l’Empire, lorsqu’on se
laisse attribuer 25 automnes.
Dès lors, comme toutes les femmes
sont coquettes tant qu’elles ne sont
pas octogénaires — et encore ! — et
que le beau sexe compte en France
un peu plus de dix-neuf millions de
sujettes, on peut prévoir l’exactitude
de la statistique qu’on prépare.
Il est vrai, on a pris soin de nous
prévenir que les travaux sur l’âge
de nos compatriotes n’ont pas grande
importance et que l’intérêt du recen
sement prochain résidera tout entier
dans la rubrique professionnelle.
— « Faites cette année des ré
ponses précises en ce qui concerne
votre profession, nous a-t-on répété,
car il s’agit de permettre à l’Office
du Travail de fixer par des chiffres
positifs, la progression ou le déclin
de certaines industries nationales. »
Pauvre Office. Pauvres recen
seurs. Les voyez-vous dépouillant
les feuilles concernant les quartiers
< aimables ».
— « Quelle est votre profession
exacte ? (Préciser) » ont-ils de
mandé.
— « Couturière > ont répondu les
petites dames du premier et du cin
quième ; rentière » celles du second
et du quatrième ; « artiste lyrique »
celle du troisième... Idem dans la
maison voisine.... Idem dans la sui
vante... Idem toujours...
Que voulez-vous qu’ils fassent de
vant tant de vertu? Ils admireront,
enregistreront, et, dans le rapport
d’ensemble, l’encadreur statisticien
écrira fièrement :
— «... Grâce au ciel et à la
sagesse de nos institutions, la dé
bauche a disparu de notre pays...
(Nota : Les gens de mauvaise vie
que nous rencontrons sont certai
nement des étrangers qui arrivent
chez nous le soir pour repartir
le lendemain matin)... L’heure
est au travail et aux pensées gra
ves ... Deux carrières ont les pré
férences de la jeunesse féminine:
la couture et le théâtre... Félici
tons-nous, messieurs, de ces heu-
Quand le groupe Méline a des
idées, ce qui arrive parfois, il les
met aussitôt à exécution : mais cela
ne lui réussit guère.
Il y a quelques jours, le groupe
décidait d’entreprendre, en province,
une tournée de conférences dans le
ment, un accroissement notable de but de propager les pures doctrines
la fortune publique. En effet, le de la coalition mélino-nationalo-réac-
nombre des rentières a considéra- tlonna ‘ re - Les conférenciers devaient
,, , ,, . .. se rendre d abord dans les circons-
blement augmente... Cest le fruit crip tions électorales où les membres
d un travail soutenu et d une econo- groupe sont le plus menacés, et
mie bien comprise... Il faut lepro- on décida de commencer par celle de
clamer, Messieurs, la femme s’é- M. Maurice Lasserre.
mancipe et nous est un exemple ad
mirable... »
Voilà la statistique dont nous
allons bientôt fournir les éléments.
Je m’empresse d’ailleurs de recon
naître qu’elle ne sera pas plus fan
taisiste que toutes les autres. Je
crois même qu’elle n’atteindra pas
encore un fait de drôlerie, celle que
On ne pouvait mieux choisir : car
M Lasserre est tellement menacé
qu’aux élections prochaines il restera
certainement sur le carreau.
Hier a eu lieu la première tournée;
mais c’est les mélinistes qui l’ont re
çue.
Trois conférenciers : MM. Krantz
Jules Legrand et Dulau, le dessus du
panier, s’étaient donc rendus hier à
Castelsarrasin. On déjeuna d’abord,
publia, il y a quelques années, une puis la conférence eut lieu. Elle ne
de nos grandes administrations et fut pas tumultueuse, car les auditeurs
les divers tableaux de laquelle il brillaient par leur absence,
finissait par ressortir qu’en France , ¥, a ' s ’ soft ‘ e > quelle conduite
les enfants naissent a quatre mois . Toute la population se pressait aux
Il est vrai que nos dernières géné- abords de la salle où les envoyés de
rations sont si précoces !... M. Méline avaient péroré.
Les recensements passés furent- ^ raûtz sort I e premier : pér
ils plus exacts que ne le sera le pro
chain? Il est permis d’en douter,
car les difficultés que nous rencon
trons aujourd’hui étaient plus gran
des autrefois. On affirme même
et nous le croyons sans peine — que
certains dénombrements f urent ten
tés en pure perte...
... .En 1790, le Comité des im
positions de l’Assemblée constituante
prescrivit des recherches sur la po
pulation du royaume. Depuis et
jusqu’en 1800, des essais de recen
sement furent faits dans divers dé
partements, mais ils n’aboutirent à
rien de sérieux. Le premièr qui fut
opéré en France avec régularité,
remonte à 1800.
Ce recencement paraît avoir été
effectué avec soin. La statistique qui
en est résultée fournit des rensei
gnements de natures très diverses.
Ils ne sont peut être pas d’une ri
goureuse exactitude, mais les chif
fres ne s’écartent pas trop, je l’es
père, de la vérité, et j’en citerai
quelques-uns qui me semblent cu
rieux et méritent d’être rapprochés
des chiffres de notre époque.
En 1800, un maçon gagnait à
Paris, 1 fr. 90 par jour, un tailleur
de pierre, 2 fr. 13, de même qu’un
menuisier, un charpentier et un cor
donnier, un serruriqr, 2 fr. 37, un
scieur de long, 1 fr. 88, un tailleur,
2 fr. 80, un charpentier, 2 fr. 75,
un jardinier, 1 fr. 75. Mais en re
vanche, la viande ne dépassait pas
70 cent, le kilog, un bon poulet va
lait onze sous, le pain coûtait neuf
centimes la livre et le vin quatre
sous le litre.
Que ces temps sont changés.
Georges Rocher.
sonne ne connaît cette barbe, il passe
sans incident. Une huée formidable
s’élève ensuite : M. Lasserre paraît
entre MM. Jules Legrand et Dulau.
On crie : « A bas Méline ! A bas la
calotte! Vive le ministère! Vive la
République ! »
Peu à peu la foule s’excite : lescon
férenciers et M. Lasserre n’ont que le
temps de se réfugier dans une maison
amie.
Ce premier succès ne peut qu’en
courager les mélinistes à faire y leur
tour de France : ils seront bien vite
édifiés sur la popularité dont jouit
leur chef auprès des électeurs répu
blicains.
J. C.
Bien que la période électorale soit
officiellement ouverte depuis la se
maine dernière dans les circonscrip
tions que représentaient MM. Dérou-
lède et Marcel Habert, les candidats
ne se sont pas encore fait connaître.
Les nationalistes continuent à se
plaindre de n’avoir que trois semai
nes pour faire leur campagne. La
vérité est qu’ils sont dans le plus
profond désarroi.
Nous avons indiqué la scission qui
s’est produite à Angoulême entre na
tionalistes de droite et nationalistes
se disant républicains.
M. Gellibertdes Séguins, qui s’était
effacé autrefois devant M. Déroulède,
annonce son intention de se présenter
en désavouant la politique nationa
liste.
La situation est la même dans l’ar
rondissement de Rambouillet.
On a mis en avant les noms de M e
Chenu et de M. Syveton, qui devaient
être candidats de la Patrie française.
Ces deux candidatures ont été dé
menties.
La difficulté à laquelle se heurtent
ici les nationalistes, c’est que leurs
alliés de droite réclament le siège de
M. Marcel Habert ; ils veulent pré
senter un candidat à eux qui serait
M. de Caraman, déjà candidat mal
heureux en 1889.
Aussi les amis de M. Marcel Ha
bert tendent-ils en ce moment de lan
cer un ballon d’essai ; ils annoncent
que leur candidat sera M. Marcel
Habert lui-même. Les nationalistes
voudraient ainsi en appeler aux élec
teurs de Rambouillet du jugement de
la Haute-Cour et de la décision de la
Chambre. Mais M. Marcel Habert est
aussi, et tous aussi mauvais. Les grè
ves, dit-on, livrent la France à la
concurrence étrangère.
Les députés réactionnaires ont dé
veloppé, ces jours-ci, ce paradoxe à
la tribune de la Chambre, et des jour
naux ont été jusqu’à nous parler de
la « fin de Marseille > parce que les
ouvriers du port de cette ville récla
ment d’autres conditions de travail.
On oublie vraiment par trop que
la France n’a pas le monopole des
grèves. Les ouvriers du port de Gênes
ont récemment cessé le travail. On a
constaté aussitôt à Marseille un re
doublement d’activité. Aujourd’hui le
contraire se produit et l’equilibre est
ainsi rétabli. Mais que demain les
ouvriers français obtiennent satisfac
tion et immédiatement leurs cama-
des italiens formuleront les mêmes
revendications et chômeront à leur
tour au profit de notre port méditer
ranéen.
Les patrons italiens tiendront alors
le même langage que les nôtres, et
leurs journaux parleront de la « fin
de Gênes ».
Ce sont là sophismes de polémistes
que ne prennent pas au sérieux ceux
qui les mettent en circulation.
On a reproché aussi au ministèig
W aldeck-Rousseau-Millerand le grancbpx
nombre de grèves qui se sont décla- Xijf
rées l’an dernier, comme si la cessa
tion du travail n’était pas avant tout
un phénomène économique.
L’Espagne, qui n’a pas de ministre
socialiste, n’est pas à l’abri des con
flits entre le travail et le capital, et
n’avons-nous pas vu ces jours-ci une
véritable émeute en résulter à Manl-
leu. En Belgique les verriers chô
ment depuis de longs mois. En An
gleterre, les ouvriers de toutes les
corporations ne cessent-ils pas pério
diquement le travail, formulant des
inéligible ; la manifestation serait
toute platonique; elle ne sera pas du 1 ^
goût des électeurs de Rambouillet, | vent à faire tri J mph £ r .
LES ÉLECTIONS DE 10Q1 A 1905
Avec l’année 1901, commence une
période de renouvellement de tous les
pouvoirs publics d’origine élective,
En prenant l’année 109-1 comme point
de départ, les renouvellements vont
se faire régulièrement à raison d’un
par an, pendant une période de six
années.
En juillet 1901, aura lieu le renou
vellement par moitié des conseils gé
néraux et d’arrondissement ; 1,500
conseillers généraux et 2,000 con
seillers d’arrondissements devront
être nommés à cette époque.
Au mois de mai 1902, aura lieu le
renouvellement intégral de la Cham
bre des Députés, soit 581 membres à
élire.
En janvier 1903, se fera le renou
vellement triennal du Sénat ; il y
aura environ 100 sénateurs à nommer.
En mai 1904, aura lieu le renou
vellement des conseils municipaux et
des maires et adjoints de toutes les
communes de France. De ce chef, il y
aura à élire 450,000 conseillers muni
cipaux, 36,000 maires et 40,000 ad
joints.
Enfin, en décembre 1905, devra
s’accomplir 1 élection du Président de
la République.
qui veulent avoir un représentant à
la Chambre.
Quant au parti républicain, il se
montre moins ému : plein de confiance
dans le succès final, il laisse les natio
nalistes accentuer leurs divisions. Un
congrès aura lieu dimanche prochain
à Angoulême pour désigner un can
didat unique : dans quelques jours
sera également connu le candidat ré
publicain à la succession de M. Mar
cel Habert.
La vérité est qu’il n'y a qu’un
moyen d’empêcher les grèves : c’est
de donner à la classe ouvrière des lois
la protégeant et de les faire scrupu
leusement observer. Un ministère
vraiment républicain peut seul mener
à bonne fin cet œuvre de conciliation
entre le Travail et le Capital.
NOTES SOCIALES
A PROPOS DES GRÈVES
Chaque fois qu’une grève un peu
importante éclate, les journaux réac
tionnaires ne manquent jamais de
nous annoncer trèssérieusementqu’elle
aura comme conséquence d’effrayer
les capitalistes et de les empêcher de
mettre leurs capitaux dans l’industrie.
Cette pauvre industrie étant, d’après
eux, appelée à disparaître, grâce aux
grèves et aux lois de défense ouvrière
votées par les députés républicains.
Comme l’agriculture, ajoutent-ils,
est dans le marasme, et que, depuis
l’affaire Dreyfus et le « ministère de
trahison » le commerce périclite, on
« La femme qui enfante, celle qui
allaite, celle qui tient le ménage et
élève les enfants, exerce une véritable
profession — une profession sacrée,
au respect de laquelle une nation doit
s’astreindre si elle veut prospérer et
grandir.
« Cette profession, au point de vue
social, au point de vue économique,
correspond à une valeur pécuniaire.
Dans un ménage elle devrait être
inscrite au budget, en regard des
gages du mari. C’est l’apport de la
femme. Pour équilibrer le salaire du
mari, il y faudrait peu de chose. Ce
peu de chose se réaliserait au besoiû
par quelques travaux industriels exé
cutés à la maison.
« Quant à la mère isolée, ce n’est
pas elle, dans sa personne et dans ses
se demande comment les capitalistes
pourraient bien placer leur argent? enfants, qui devrait supporter la fata-
La vérité est qu’au taux actuel de lité des circonstances... Gagnant par
la rente, le capitaliste est bien obligé un métier exercé par elle7 l’appoint
de confier son argent à une entreprise dont nous parlions, elle devrait rece-
industrielle et commerciale pour vi- voir ce que j’appellerai « son salaire
vre. Ce grand argument des mélinis- « maternel... »
tes tombe donc de lui-même, dès que Qui parle si bien et si juste? Mme
l’on se donne la peine de réfléchir. Daniel Lesueur dans sa brochure •
Il en est un autre classique, lui L'Evolution féminine. Rien de plus
il
*
teKÉi,
JMg
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