Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-02-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 février 1901 16 février 1901
Description : 1901/02/16 (N251). 1901/02/16 (N251).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263450x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
6 e Aimée — S" 251.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 16 Février 1901.
Organe du Parti Républicain Démocratique
-J I- ë::: r , ■] Dr., c . i.: i. ; v ;< ;• r ; . i r .... • s A .. fi h , k
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
B.UE CASIMIK-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant t . le ROY
|
1 5
Annonces
1
Réclames
1
Prix des Insertions :
• • • • 25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
Etude d’Histoire Locale
II. BR1NDEAU & RISPAL
(Troisième Article)
Nous avons reçu d’un certain
nombre de nos amis, au sujet de nos
appréciations sur le compte de M.
Louis Brindeau, au milieu de nom
breux éloges auxquels nous sommes
fort sensibles, quelques critiques
auxquelles nous devons répondre .
On nous reproche d’avoir passé
sous silence de nombreux actes d’un
caractère public, qui montrent M.
Louis Brindeau sous un jour peu
favorable, comme son entrée dans
le Conseil d’administration d’une de
nos grandes compagnies, ou il ap
porte tout autre chose que des com
pétences économiques. Et d’uue
façon générale on blâme les députés
qui se laissent aller à la pente glis
sante des patronages financiers.
D’autres trouvent que nous n’a
vons pas assez insisté sur les votes
de M. Brindeau, parmi lesquels une
bonne centaine constituent pure
ment et simplement une adhésion à
la pire réaction.
Nous répondrons que nous n’a
vons pas eu la prétention de re
prendre par le menu tous les griefs
que peuvent avoir contre les députés
du Havre ceux qui mettent l’idée
républicaine au premier rang de*
leurs préoccupations. Nous essayons
seulement de dégager l’idée géné
rale qui inspire dans leurs actes les
députés en question, et qui en fait
désormais les serviteurs fidèles du
cléricalisme.
Quant à récapituler tous leurs
votes, cela serait oiseux pour le mo
ment. D’ailleurs, les républicains
peuvent les suivre dans les journaux
quotidiens, et un jour assez rappro
ché viendra oh il faudra bien que
les amis de MM. Méline, Lasies, de
Mun et Millevoye s’expliquent sur
les votes en question. En rien, il ne
faut anticiper.
*
* *
M. RISPAL
Le frère Siamois de M. Brindeau
est, tout le monde le sait et il le pro
clame lui-même, un parvenu. Il
appartient à cette catégorie d’hom
mes d’affaires qui, après avoir réa
lisé quelques coups heureux,- arri
vent à croire et essaient de faire
croire aux autres, que le pouvoir
doit nécessairement appartenir aux
hommes d’argent.
M. Rispal, lui, en jouant des cou
des dans la lutte pour la vie, est ar
rivé à cette conception politique et
morale que l’homme qui contemple
le monde du haut de ses sacs d’écus
est nécessairement supérieur. Un
poste d’adjoint, un siège de député,
s’enlève en criant très fort et en
bousculant les voisins, comme un
gros lot de ferraille aux enchères
dans les arsenaux de l’Etat. D’ail
leurs aucun tact, aucune urbanité,
aucun sentiment des convenances.
Une brutalité qu’on voudrait faire
passer pour de la franchise et qui
sent son portefaix d’une lieue.
Et qu’on ne se méprenne pas sur
notre pensée. Ce qui choque tous les
gens de goût chez M. Rispal, ce n’est
pas le parvenu, l’ouvrier devenu
bourgeois et oubliant ses origines.
C’est l’insolence raisonnée à l’adres
se de quiconque conteste que l’argent
soit pas lui-même un élément de
moralité et d’honorabilité.
Rien n’est instructif au point de
vue social comme de tels exem
ples. Avec eux se vérifie l’exactitude
de certaines conceptions socialistes,
notamment celles de la lutte de
classes.
Que prétendent les socialistes, en
appliquant à leur propagande les
principes du matérialisme histori
que ? Que la condition des hommes a
la plus grande influence sur leurs
intérêts et sur leurs idées. Qu’ils ar
rivent à se classer en catégories so
ciales oh ils s’organisent pour la
lutte contre les autres classes
rivales.
Prenons M. Rispal au moment oh
il a mis le pied au Havre, sous l’Em
pire. Il n’a pas d’autre ambition que
celle, très légitime d’ailleurs, de se
tirer d’affaires. Il est à ce moment
un mécontent du régime, on le voit
figurer dans les groupes républi
cains qui étaient alors en • coquette
ries continuelles avec les socialistes
de la vieille école, les vieilles bar
bes de 1848, comme on dit, et ceux
de la nouvelle qui marchaient avec
Vermorel.
Peu à peu, par sa sincérité appa
rente, il arrive à inspirer confiance
aux personnalités les plus autori
sées du parti républicains havrais,
aux Guillemard, aux Santallier, aux
Gustave Cazavan.
Laissons passer quelques années,
franchissons cette période sur la
quelle nous reviendrons, du rôle
municipal de M. Rispal. Peu à peu
ses convictions républicaines s’effa
cent, s’atténuent. Il est toujours ré
publicain certes, du moins il l’affir
me. Il signe le programme muni
cipal de 1881, parlant d’autonomie
communale et de laïcisation. Mais
déjà le tâcheron d’hier tourne au
modérantisme bourgeois. Il soutient
Peulevey contre Ernest Lefèvre, et
prend sa part de responsabilité dans
la série de trahisons et de palino
dies qui va commencer. Le mouve
ment s’accentue. En 1891, il est
acquis à la réaction, il défend les
congréganistes au Conseil munici
pal. Il se fait le champion des « bon
nes sœurs » qui faisaient au Bureau
de Bienfaisance une propagande clé
ricale vraiment scandaleuse. —
« Chasser ces saintes filles ! » s’écrie-
t-il au Conseil municipal en levant
les bras au Ciel. .
Cela, c’est le Rispal dernière
façon, qui négocie dans les coins
avec les puissances conservatrices
et avec La Croix. Il a terminé son
évolution d’ancien journalier défini
tivement embourgeoisé, et il se ren
contre sur le terrain de la politique
antirépublicaine avec M. Brindeau,,
transfuge de la bourgeoisie voltai-
rienne. Chaperonnés, poussés l’un
et l’autre par ces Maires du Palais
dont nous avons parlé dans notre
premier article, et qui aujourd’hui
paraissent rougir d’avoir exercé un
tel patronage, ils combattent, par
les moyens les plus perfides, et aidés
par une presse sans dignité, tout ce
qui est indépendant et démocrate
dans notre ville. Ils distribuent, à
leurs amis places, sinécures, hon
neurs. Il encensent et exaltent le
Préfet Hendlé, dont ils ont besoin,
et qui, mâté par la campagne de
Drumont, va essayer de se faire par
donner sa qualité de Sémite par les
plus larges concessions aux ultra
montains.
C’est là, il faut le noter, le point
culminant de l’action opportuno-
cléricale dans notre ville. Nous dou
tons fort qu’il y ait eu, dans un
bourg pourri quelconque de notre
territoire, un aussi triste exemple
du mot de République couvrant
besogne plus malpropre.
VERUS
(à suivre )
SANS GÊNE
On lit sous ce titre, dans la Pelüe
République du dimanche 10 février. :
« Nous parlions, l’autre jour,
dans un éebo, de la scandaleuse con
sommation de papier à lettres que
font certains personoages du Parle
ment, aux frais de l’Etat.
ce Un lecteur nous écrit, pour con
firmer cet écho, qu’un député d’un
département des côtes de la Manche,
devant prochainement donner un bal
en sa demeure de la ville du H ,
vient d’envoyer quatre cents invita
tions sous enveloppes portant le tim
bre de la Chambre et émanant par
conséquent du Palais-Bourbon.
« Tout les réactionnaires militants
du département ont été gratifiés d’une
de ces invitations.
« Ils ne regretteront sans doute
pas d’être allés à ce bal ; car, si quand
il y a de la gêne il n’y a pas de plai
sir, on ne doit pas s’embêter chez le
député en question. »
Il n’est pas besoin d’être très pers
picace pour deviner que l’information
en question, vise M. Rispal.
Serait* il indiscret de demander à
l’honorable brocanteur s’il est vrai
qu’il ait pillé pour ses invitations la
papeterie du Palais - Bourbon ?
L’homme des grosses dépenses publi
ques serait ainsi l’homme des petites
économies particulières. Il nous appa
raîtrait sous un jour, il faut en con
venir, assez mesquin...
La parole est à M. Rispal !
HUBBARD
Il a'est pas un démocrate du Havre
qui n’ait salué avec une légitime sa
tisfaction, le succès remporté à Siste-
ron par notre ami Hubbard, qui a
triomphé de ses adversaires malgré
les équivoques et les petites malices
employées contre lui.
Tous les républicains havrais con
naissent Hubbard, et plus d’une fois
ils ont eu le plaisir d’entendre sa voix
éloquente, toujours au service du vrai
et du progrès social.
Sa rentrée au Parlement viendra
renforcer la majorité de défense répu
blicaine, et nous sommes sûrs qu’il
sera toujours au premiers rang pour
porter avec énergie et loyauté, les
meilleurs coups à l’éternel ennemi, le
cléricalisme.
A la nouvelle de l’élection de Sis-
teron, le Comité républicain démo
cratique du Havre, a envoyé ses féli
citations au citoyen Hubbard. Celui-
ci, par lettre du 13 Juillet, a remercié
le Comité de son souvenir. Il ajoute :
« Je me réjouis moins encore de
mon succès personnel que de celui de
la cause démocratique que nous ser
vons et dont votre belle association
défend vaillamment les intérêts.
« Merci donc du fond du cœur aux
Citoyens membres du Comité répu
blicain démocratique. >
-♦
A L’INDIVIDUALISTE
Notre confoère , VIndividualiste ,
commente en un entrefilet paru dans
son dernier numéro, l’étude d’his
toire politique et locale de notre col
laborateur Yerus. Il se livre à cet
égard à une hypothèse purement gra
tuite que nous lui retournons. Les
élections, nous voulons le croire, ne
sont pas l’œuvre do quelques-uns,
elles dépendent souvent de l’accord
de diverses fractions réunies sur un
programme d’idées générales. J’en
tends ainsi parler des élections de
principes où la coterie n’a rien à
voir. Je n’en retiens pour exemple que
l’élection du XI e arrondissement de
Paris, dans laquelle, selon toute pré
vision, les républicains dignes de ce
nom, à quelque groupe qu’ils appar
tiennent, feront bloc sur le nom du
citoyen Allemane.
Car, ne nous y méprenons pas, de
puis l’affaire Dreyfus, la face des
choses a changé, politiquement par
lant, les anciennes divisions tendent
à disparaître, si elles surnagent encore
quelque temps; les anciennes éti
quettes de partis s’effacent.
Il n’y a plus en présence, du moins
il ne devrait plus y avoir en lutte ;
d’une part, que la contre-révolution,
avec la réaction pure ou la réaction
méliniste qui se masque timidement
mais faussement sous l’étiquette répu
blicaine en acceptant toutes les for
mules rétrogrades d’un passé à jamais
flétri et qu’il nous faut ensevelir sous
ses ruines : d’autre part, l’armée de
la Révolution française, c’est-à-dire
le grand parti qui s’inspire des nobles
idées de 1789 et qui tend à les réali
ser dans l’existence sociale, c’est le
parti indivisible de la République
qui s’abrite de la proclamation des
droits de l’homme et du citoyen, sous
les auspices de la Raison. Ce parti
doit vouloir l’impôt sur le revenu,
réclamé tacitement par l’article XIII
de la déclaration, tendant à répartir
la contribution commune entre tous
les citoyens, en raison de leurs facultés;
il doit aussi vouloir, en conséquence,
le libre-échange ; le protectionnisme
n’etant qu’un vestige des privilèges
de l’ancien régime, fondant l’impôt
sur les besoins et non sur les facilités.
Tous les hommes naissent et demeu
rent libres et égaux en droits (art. 1 er ),
sans distinction de race ni de lati
tude, le soleil est à tous, la terre éga
lement, et suivant l’art. II, le but
de toute association politique i est la
conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l’homme. Or, le
droit a la vie, au pain, à la lumière
est, si je ne m’abuse, un droit naturel
et imprescriptible sur lequel aucune
acception de nationalité ne peut
avoir prise.
Si j’en crois les bruits répandus
dans les couloirs du Parlement, le
candidat aux élections législatives,
dans la deuxième circonscription du
Havre, serait plus près de l’Individua
liste que de nous. Je pense, qu’en ce
cas, il serait préférable à notre con
frère de poser directement au futur
candidat les conditions de principes
d’un programme nettement républi
cain, plutôt que de nous y obliger.
J’ajouterai, pour ma part, qu’à
l’heure actuelle, on ne doit plus jouer
les Expert-Besançon, à cheval sur
deux partis, ménageant la chèvre.et
le chou. Je le répète, après M. Wal-
deck-Rousseau, il faut être pour l’un
ou pour l’autre. Pour ou contre la
Révolution française.
Alf. HENRI.
L’Election du 11 e Arrondissement
La section de la Eolie-Méricourt
de la Ligue des Droits de l’homme
fait afficher l’appel suivant aux élec
teurs :
La Ligue française pour la Défense des
Droits de l’homme et du citoyen, fondée
pour propager l’immortelle Déclaration
qui restera à travers les siècles comme le
monument le plus sublime de liberté et
d’humanité, n’est pas une ligue électo
rale ; planant au-dessus des querelles de
parti, elle a comme idéal l’application de
la Déclaration des Droits de l’homme et
du citoyen.
Le comité de la section de la Folie-*
Méricourt croirait manquer à tous ses
devoirs s’il n’intervenait pas dans la lutte,
en présence d’une candidature dont le
programme, s’il était suivi, serait le
retour au moyen âge et à ses discordes
civiles et religieuses. Ce candidat, ‘porte-
parole de toutes les réactions coalisées,
candidat soutenu d’une manière occulte
par les comités conservateurs, qui prend
le masque républicain et socialiste pour
mieux vous tromper, ne peut réunir sur
son nom que les suffrages des fauteurs
de guerres civiles et de coups d’Etat.
Respectueux avant tout de la disci
pline républicaine, nous vous engageons à
voter pour l’homme d’une honorabilité à
l’abri de tout soupçon, dont les opinions
peuvent être en contradiction avêc cer
taines doctrines économiques ou philoso4
phiques, mais qui se réclame, après en
avoir donné des preuves, des principes
républicains.
La Folie-Méricourt, qui a toujours été
l’avant-garde du parti républicain, m
peut faillir à son passé.
Aux urnes, républicains I
Vive la République !
*
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 16 Février 1901.
Organe du Parti Républicain Démocratique
-J I- ë::: r , ■] Dr., c . i.: i. ; v ;< ;• r ; . i r .... • s A .. fi h , k
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
B.UE CASIMIK-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant t . le ROY
|
1 5
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1
Prix des Insertions :
• • • • 25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
Etude d’Histoire Locale
II. BR1NDEAU & RISPAL
(Troisième Article)
Nous avons reçu d’un certain
nombre de nos amis, au sujet de nos
appréciations sur le compte de M.
Louis Brindeau, au milieu de nom
breux éloges auxquels nous sommes
fort sensibles, quelques critiques
auxquelles nous devons répondre .
On nous reproche d’avoir passé
sous silence de nombreux actes d’un
caractère public, qui montrent M.
Louis Brindeau sous un jour peu
favorable, comme son entrée dans
le Conseil d’administration d’une de
nos grandes compagnies, ou il ap
porte tout autre chose que des com
pétences économiques. Et d’uue
façon générale on blâme les députés
qui se laissent aller à la pente glis
sante des patronages financiers.
D’autres trouvent que nous n’a
vons pas assez insisté sur les votes
de M. Brindeau, parmi lesquels une
bonne centaine constituent pure
ment et simplement une adhésion à
la pire réaction.
Nous répondrons que nous n’a
vons pas eu la prétention de re
prendre par le menu tous les griefs
que peuvent avoir contre les députés
du Havre ceux qui mettent l’idée
républicaine au premier rang de*
leurs préoccupations. Nous essayons
seulement de dégager l’idée géné
rale qui inspire dans leurs actes les
députés en question, et qui en fait
désormais les serviteurs fidèles du
cléricalisme.
Quant à récapituler tous leurs
votes, cela serait oiseux pour le mo
ment. D’ailleurs, les républicains
peuvent les suivre dans les journaux
quotidiens, et un jour assez rappro
ché viendra oh il faudra bien que
les amis de MM. Méline, Lasies, de
Mun et Millevoye s’expliquent sur
les votes en question. En rien, il ne
faut anticiper.
*
* *
M. RISPAL
Le frère Siamois de M. Brindeau
est, tout le monde le sait et il le pro
clame lui-même, un parvenu. Il
appartient à cette catégorie d’hom
mes d’affaires qui, après avoir réa
lisé quelques coups heureux,- arri
vent à croire et essaient de faire
croire aux autres, que le pouvoir
doit nécessairement appartenir aux
hommes d’argent.
M. Rispal, lui, en jouant des cou
des dans la lutte pour la vie, est ar
rivé à cette conception politique et
morale que l’homme qui contemple
le monde du haut de ses sacs d’écus
est nécessairement supérieur. Un
poste d’adjoint, un siège de député,
s’enlève en criant très fort et en
bousculant les voisins, comme un
gros lot de ferraille aux enchères
dans les arsenaux de l’Etat. D’ail
leurs aucun tact, aucune urbanité,
aucun sentiment des convenances.
Une brutalité qu’on voudrait faire
passer pour de la franchise et qui
sent son portefaix d’une lieue.
Et qu’on ne se méprenne pas sur
notre pensée. Ce qui choque tous les
gens de goût chez M. Rispal, ce n’est
pas le parvenu, l’ouvrier devenu
bourgeois et oubliant ses origines.
C’est l’insolence raisonnée à l’adres
se de quiconque conteste que l’argent
soit pas lui-même un élément de
moralité et d’honorabilité.
Rien n’est instructif au point de
vue social comme de tels exem
ples. Avec eux se vérifie l’exactitude
de certaines conceptions socialistes,
notamment celles de la lutte de
classes.
Que prétendent les socialistes, en
appliquant à leur propagande les
principes du matérialisme histori
que ? Que la condition des hommes a
la plus grande influence sur leurs
intérêts et sur leurs idées. Qu’ils ar
rivent à se classer en catégories so
ciales oh ils s’organisent pour la
lutte contre les autres classes
rivales.
Prenons M. Rispal au moment oh
il a mis le pied au Havre, sous l’Em
pire. Il n’a pas d’autre ambition que
celle, très légitime d’ailleurs, de se
tirer d’affaires. Il est à ce moment
un mécontent du régime, on le voit
figurer dans les groupes républi
cains qui étaient alors en • coquette
ries continuelles avec les socialistes
de la vieille école, les vieilles bar
bes de 1848, comme on dit, et ceux
de la nouvelle qui marchaient avec
Vermorel.
Peu à peu, par sa sincérité appa
rente, il arrive à inspirer confiance
aux personnalités les plus autori
sées du parti républicains havrais,
aux Guillemard, aux Santallier, aux
Gustave Cazavan.
Laissons passer quelques années,
franchissons cette période sur la
quelle nous reviendrons, du rôle
municipal de M. Rispal. Peu à peu
ses convictions républicaines s’effa
cent, s’atténuent. Il est toujours ré
publicain certes, du moins il l’affir
me. Il signe le programme muni
cipal de 1881, parlant d’autonomie
communale et de laïcisation. Mais
déjà le tâcheron d’hier tourne au
modérantisme bourgeois. Il soutient
Peulevey contre Ernest Lefèvre, et
prend sa part de responsabilité dans
la série de trahisons et de palino
dies qui va commencer. Le mouve
ment s’accentue. En 1891, il est
acquis à la réaction, il défend les
congréganistes au Conseil munici
pal. Il se fait le champion des « bon
nes sœurs » qui faisaient au Bureau
de Bienfaisance une propagande clé
ricale vraiment scandaleuse. —
« Chasser ces saintes filles ! » s’écrie-
t-il au Conseil municipal en levant
les bras au Ciel. .
Cela, c’est le Rispal dernière
façon, qui négocie dans les coins
avec les puissances conservatrices
et avec La Croix. Il a terminé son
évolution d’ancien journalier défini
tivement embourgeoisé, et il se ren
contre sur le terrain de la politique
antirépublicaine avec M. Brindeau,,
transfuge de la bourgeoisie voltai-
rienne. Chaperonnés, poussés l’un
et l’autre par ces Maires du Palais
dont nous avons parlé dans notre
premier article, et qui aujourd’hui
paraissent rougir d’avoir exercé un
tel patronage, ils combattent, par
les moyens les plus perfides, et aidés
par une presse sans dignité, tout ce
qui est indépendant et démocrate
dans notre ville. Ils distribuent, à
leurs amis places, sinécures, hon
neurs. Il encensent et exaltent le
Préfet Hendlé, dont ils ont besoin,
et qui, mâté par la campagne de
Drumont, va essayer de se faire par
donner sa qualité de Sémite par les
plus larges concessions aux ultra
montains.
C’est là, il faut le noter, le point
culminant de l’action opportuno-
cléricale dans notre ville. Nous dou
tons fort qu’il y ait eu, dans un
bourg pourri quelconque de notre
territoire, un aussi triste exemple
du mot de République couvrant
besogne plus malpropre.
VERUS
(à suivre )
SANS GÊNE
On lit sous ce titre, dans la Pelüe
République du dimanche 10 février. :
« Nous parlions, l’autre jour,
dans un éebo, de la scandaleuse con
sommation de papier à lettres que
font certains personoages du Parle
ment, aux frais de l’Etat.
ce Un lecteur nous écrit, pour con
firmer cet écho, qu’un député d’un
département des côtes de la Manche,
devant prochainement donner un bal
en sa demeure de la ville du H ,
vient d’envoyer quatre cents invita
tions sous enveloppes portant le tim
bre de la Chambre et émanant par
conséquent du Palais-Bourbon.
« Tout les réactionnaires militants
du département ont été gratifiés d’une
de ces invitations.
« Ils ne regretteront sans doute
pas d’être allés à ce bal ; car, si quand
il y a de la gêne il n’y a pas de plai
sir, on ne doit pas s’embêter chez le
député en question. »
Il n’est pas besoin d’être très pers
picace pour deviner que l’information
en question, vise M. Rispal.
Serait* il indiscret de demander à
l’honorable brocanteur s’il est vrai
qu’il ait pillé pour ses invitations la
papeterie du Palais - Bourbon ?
L’homme des grosses dépenses publi
ques serait ainsi l’homme des petites
économies particulières. Il nous appa
raîtrait sous un jour, il faut en con
venir, assez mesquin...
La parole est à M. Rispal !
HUBBARD
Il a'est pas un démocrate du Havre
qui n’ait salué avec une légitime sa
tisfaction, le succès remporté à Siste-
ron par notre ami Hubbard, qui a
triomphé de ses adversaires malgré
les équivoques et les petites malices
employées contre lui.
Tous les républicains havrais con
naissent Hubbard, et plus d’une fois
ils ont eu le plaisir d’entendre sa voix
éloquente, toujours au service du vrai
et du progrès social.
Sa rentrée au Parlement viendra
renforcer la majorité de défense répu
blicaine, et nous sommes sûrs qu’il
sera toujours au premiers rang pour
porter avec énergie et loyauté, les
meilleurs coups à l’éternel ennemi, le
cléricalisme.
A la nouvelle de l’élection de Sis-
teron, le Comité républicain démo
cratique du Havre, a envoyé ses féli
citations au citoyen Hubbard. Celui-
ci, par lettre du 13 Juillet, a remercié
le Comité de son souvenir. Il ajoute :
« Je me réjouis moins encore de
mon succès personnel que de celui de
la cause démocratique que nous ser
vons et dont votre belle association
défend vaillamment les intérêts.
« Merci donc du fond du cœur aux
Citoyens membres du Comité répu
blicain démocratique. >
-♦
A L’INDIVIDUALISTE
Notre confoère , VIndividualiste ,
commente en un entrefilet paru dans
son dernier numéro, l’étude d’his
toire politique et locale de notre col
laborateur Yerus. Il se livre à cet
égard à une hypothèse purement gra
tuite que nous lui retournons. Les
élections, nous voulons le croire, ne
sont pas l’œuvre do quelques-uns,
elles dépendent souvent de l’accord
de diverses fractions réunies sur un
programme d’idées générales. J’en
tends ainsi parler des élections de
principes où la coterie n’a rien à
voir. Je n’en retiens pour exemple que
l’élection du XI e arrondissement de
Paris, dans laquelle, selon toute pré
vision, les républicains dignes de ce
nom, à quelque groupe qu’ils appar
tiennent, feront bloc sur le nom du
citoyen Allemane.
Car, ne nous y méprenons pas, de
puis l’affaire Dreyfus, la face des
choses a changé, politiquement par
lant, les anciennes divisions tendent
à disparaître, si elles surnagent encore
quelque temps; les anciennes éti
quettes de partis s’effacent.
Il n’y a plus en présence, du moins
il ne devrait plus y avoir en lutte ;
d’une part, que la contre-révolution,
avec la réaction pure ou la réaction
méliniste qui se masque timidement
mais faussement sous l’étiquette répu
blicaine en acceptant toutes les for
mules rétrogrades d’un passé à jamais
flétri et qu’il nous faut ensevelir sous
ses ruines : d’autre part, l’armée de
la Révolution française, c’est-à-dire
le grand parti qui s’inspire des nobles
idées de 1789 et qui tend à les réali
ser dans l’existence sociale, c’est le
parti indivisible de la République
qui s’abrite de la proclamation des
droits de l’homme et du citoyen, sous
les auspices de la Raison. Ce parti
doit vouloir l’impôt sur le revenu,
réclamé tacitement par l’article XIII
de la déclaration, tendant à répartir
la contribution commune entre tous
les citoyens, en raison de leurs facultés;
il doit aussi vouloir, en conséquence,
le libre-échange ; le protectionnisme
n’etant qu’un vestige des privilèges
de l’ancien régime, fondant l’impôt
sur les besoins et non sur les facilités.
Tous les hommes naissent et demeu
rent libres et égaux en droits (art. 1 er ),
sans distinction de race ni de lati
tude, le soleil est à tous, la terre éga
lement, et suivant l’art. II, le but
de toute association politique i est la
conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l’homme. Or, le
droit a la vie, au pain, à la lumière
est, si je ne m’abuse, un droit naturel
et imprescriptible sur lequel aucune
acception de nationalité ne peut
avoir prise.
Si j’en crois les bruits répandus
dans les couloirs du Parlement, le
candidat aux élections législatives,
dans la deuxième circonscription du
Havre, serait plus près de l’Individua
liste que de nous. Je pense, qu’en ce
cas, il serait préférable à notre con
frère de poser directement au futur
candidat les conditions de principes
d’un programme nettement républi
cain, plutôt que de nous y obliger.
J’ajouterai, pour ma part, qu’à
l’heure actuelle, on ne doit plus jouer
les Expert-Besançon, à cheval sur
deux partis, ménageant la chèvre.et
le chou. Je le répète, après M. Wal-
deck-Rousseau, il faut être pour l’un
ou pour l’autre. Pour ou contre la
Révolution française.
Alf. HENRI.
L’Election du 11 e Arrondissement
La section de la Eolie-Méricourt
de la Ligue des Droits de l’homme
fait afficher l’appel suivant aux élec
teurs :
La Ligue française pour la Défense des
Droits de l’homme et du citoyen, fondée
pour propager l’immortelle Déclaration
qui restera à travers les siècles comme le
monument le plus sublime de liberté et
d’humanité, n’est pas une ligue électo
rale ; planant au-dessus des querelles de
parti, elle a comme idéal l’application de
la Déclaration des Droits de l’homme et
du citoyen.
Le comité de la section de la Folie-*
Méricourt croirait manquer à tous ses
devoirs s’il n’intervenait pas dans la lutte,
en présence d’une candidature dont le
programme, s’il était suivi, serait le
retour au moyen âge et à ses discordes
civiles et religieuses. Ce candidat, ‘porte-
parole de toutes les réactions coalisées,
candidat soutenu d’une manière occulte
par les comités conservateurs, qui prend
le masque républicain et socialiste pour
mieux vous tromper, ne peut réunir sur
son nom que les suffrages des fauteurs
de guerres civiles et de coups d’Etat.
Respectueux avant tout de la disci
pline républicaine, nous vous engageons à
voter pour l’homme d’une honorabilité à
l’abri de tout soupçon, dont les opinions
peuvent être en contradiction avêc cer
taines doctrines économiques ou philoso4
phiques, mais qui se réclame, après en
avoir donné des preuves, des principes
républicains.
La Folie-Méricourt, qui a toujours été
l’avant-garde du parti républicain, m
peut faillir à son passé.
Aux urnes, républicains I
Vive la République !
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