Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-02-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 février 1901 23 février 1901
Description : 1901/02/23 (N252). 1901/02/23 (N252).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263451b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
6 e Année — N° 252.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 22 Février 1S0I -
Œ35E3Î
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
Organe du Parti Républicain Démocratique
ü
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
5E
Prix des Insertions :
1
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
==£
==
Ü
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
1
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
n
L’Imprimeur-Gérant E. LE ROY
On traite à forfait
Etude d’Histoire Locale
H. BRINDEAU & RiSPAL
(Quatrième Article)
Nous avons indiqué, dans notre
précédent article, les modification^
subies depuis plusieurs années par
les opinions'politiques de M. Rispal
dont la dernière phase nous montre
son adhésion définitive à la réaction
cléricale.
Cette adhésion lui a été imposée
dans des conditions que nous ne
pouvons omettre.
Tout d’abord, M. Rispal professe,
ainsi que beaucoup de bourgeois dé
pourvus d’instruction générale, une
haine farouche contre tout ce qui
constitue le progrès social, sous
quelque forme qu'il se manifeste.
Tant qu’il s’agit de formuler de
vagues promesses électorales, de
proclamer un amour platonique pour
les déshérités, cela peut passer.
Mais si l’on arrive à la période des
réalisations pratiques, les bourgeois
timorés auxquels nous faisons allu
sion reculent avec une désinvolture
qui les montre en vérité sous un jour
peu favorable.
Ainsi apparaît M. Rispal. Prodi
gue de promesses démocratiques,
tant que cela pouvait servir ses des
seins, il n'a pas tardé à renier tout -
son passé, lorsqu’à sonne l’échéance
des réformes nécessaires. Son évo
lution a droite a été, il faut le recon
naître, hâtée pur la conception qu’il
s’est faite du socialisme.
Nous doutons qu’il y ait en France
beaucoup d’hommes, même dans les
campagnes les plus reculées, sur
lesquels le spectre rouge ait plus
d’action que sur M. Rispal. Sa na
ture simpliste et quelque peu agreste
lui représente le socialisme comme
une sorte de monstre menaçant non
seulement pour la société en géné
ral, mais aussi et surtout pour lui,
Rispal. De sorte que son intérêt
personnel reste, en ceci comme en
tout, le mobile principal de sa con
duite en politique. On juge par là
quelle influence devait facilement
acquérir, sur est esprit rudimentaire
un homme comme Méline, défenseur
de toutes les situations acquises, et
qui s’est fait le rénovateur du spectre
rouge.
M. Rispal devait donc, en s’inspi
rant uniquement de ce qu’il consi
dère comme son intérêt matériel,
se ranger sous la bannière réaction
naire. Il le devait encore par néces
sité électorale.
Aux élections de 1898, il a bien
senti que les républicains n’étaient
pas avec lui. Aussi, n’a-t-il pas hé
sité à faire appel à la réaction clé
ricale, et jusqu’aux ultramontains
les plus avérés. Il est notoire que la
Croix du Havre, organe congréga
niste par excellence, qui dicte aux
catholiques militants leur devoir
électoral, a soutenu M. Rispal en
même temps que M. Brindeau. Il y
a là un pacte qui constitue pour un
homme qui ose s’intituler républi
cain, une tache ineffaçable, un acte
de véritable trahison. Que penser, en
effet, d’un homme qui s’élève au
moyen des républicains et qui les
livre, en se livrant lui-même, aux
pires ennemis de nos inititutions.
Et, chose singulière, ces deux
députés osent se poser en patriotes
en jouant un rôle dans le concert
nationaliste ! Ils suivent docilement
la direction que les Croix , organes
des richissimes assomptionnistes,
imposent à ceux qu’elles patronnent.
Et ils viennent nous parler de l’in
dépendance et de l’honneur de la
patrie, alors qu’ils sont les auxil
iaires d’une politique qui consiste à
encapuciner la France, sous la do
mination de congrégationsromaines,
dont les principaux chefs, cela est
prouvé, sont Italiens ou Allemands !
Joli patriotisme, en vérité !
YERUS
(à suivre )
—
Élection Législative du 17 Février 1001
ONZIÈME ARRONDISSEMENT LE PARIS
Première Circonscription
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Inscrits : 1.2,320 — Votants : 7,984
MM. Allemane, social.. 4,255 ELU
Max Régis, nation. 3,347
Divers 382
Il s’agissait de remplacer M. Pierre
Baudin, ministre des travaux publics,
élu député de l’arrondissement de
Beiiey (Ain).
Au premier tour de scrutin, les
voix s’étaient réparties comme suit :
M. Allemane, socialiste, 2,i08;M.
Legrain, radical-socialiste, 1,579;
M. Fabérot, socialiste, 1,292; M.
Max Régis, nationaliste, 2,718 ; M.
Peiffer, nationaliste, 481.
Malgré la dépense énorme d’efforts
et d’argent que se sont imposée tous
les partis réactionnaires, Max Régis
n’entrera pas encore cette fois à la
Chambre.
Le verdict définitif des électeurs du
qi a lier de la Folie-Méricourt lui a
été signifié dimanche soir sous une
forme arithmétique, dont les natio
nalistes n’ont pas lieu de se ré jouir.
Allemane, le candidat de la dé
fense républicaine, a triomphé sans
peine, malgré quelques défections sur
lesquelles il ne nous convient pas d’in
sister en ce moment.
Il n’y a donc rien de changé à
Paris, ni au Parlement. Uh républi
cain du parti ouvrier remplace un
républicain du parti radical socialiste
dans une circonscription où en 1898,
le candidat radical socialiste avait
remplacé un ancien député du parti
ouvrier. Ce sont là des petites -fluc
tuations sans importance.
L’essentiel, c’est l’affirmation per
sistante de l’idée républicaine par un
collège électoral que les réactionnai
res croyaient déjà tenir; c’est la dé
faite humiliante de la bande qui pour
suit, au nom du sabre et du goupil
lon, le projet de ramener la France
sous la domination des castes juste
ment dépossédées depuis plus d’un
siècle.
Le résultat est d’autant plus pi
teux pour nos adversaires qu’ils s’é
taient engagés à fond avec toute l’au
dace que donne l’assurance du succès.
La Patrie française, si réservée au
premier tour de scrutin, avait perdu
toute prudence, et M. Jules Lemaître,
en personne, s’était jeté follement
dans la mêlée il y a quelques jours.
Ce puissant concours a valu à M. Max
Régis un gain de cent quarante-huit
voix.
Telle est l’influence de la Patrie
française, telle est l’autorité de M.
Jules Lemaître.
Il est dit que le malheureux acadé
micien retrouvera tout le long de sa
carrière politique le même chiffre de
partisans qu’il avait à la belle époque
où, simple auteur dramatique, il vi
dait en trois jours le théâtre le mieux
achalandé.
Paix aux morts !
Que Max Régis ne déshonore pas la
représentation de Paris; qu’il rentre
en Algérie préparer sa candidature
contre Drumont, dont il débarrassera
la Chambre l’année prochaine, certes,
c’est quelque chose'; mais ce n’est, là
qu’une préparation, car nous avons
un but plus sérieux à atteindre,'et la
date approche.
Il importe maintenant que les répu
blicains mettent trêve à leurs divi
sions funestes, qu’ils comprennent la
nécessité d’une discipline rigoureuse
et qu'ils se préoccupent, sans perdre
un instant, des élections du mois de
mai 1902.
Dans quinze mois, si nous le vou
lons résolument, la victoire sera com
plète, et nous aurons le droit de nous
réjouir.
J. Derriaz.
Napoléon jugé par Lamartine
Que d’imprécations ne sortaient
pas de nos poitrines contre ce tyran
de l’esprit humain, contre ce soldat
couronné qui ne s’était retrempé dans
la révolution que pour y puiser la
force, de la détruire et pour livrer de
nouveau les peuples à tous les pré
jugés et à toutes les servitudes.
C’est de cette époque que datent
pour moi l’amour de l'émanci];a ion
de l’esprit humain et cette haine in
tellectuelle contre ce héros du siècle,
haine à la fois sentie et raisonnée,
que la réflexion et le temps ne fait
que justifier, malgré les flatteurs de
sa mémoire.
Lamartine. ( Graziella ).
—
LES ALLIÉS EN EXTRÊME-ORIENT
Maintenant que l’ordre est rétabli,
aussi bien à Tien-Tsin qu’à Pékin, il
semble que les nations alliées ne s’oc
cupent pas seulement d’assurer leur
sécurité dans l’avenir, mais qu’elles
sa disposent encore à prendre posses
sion de territoires à leur convenance.
Elles appellent cela « s’annexer » cer
taines « étendues de terrain. » En
réalité, nous sommes en présence d’un
commencement de partage de l’Empire
du Milieu.
A vrai dire, depuis le commence
ment de cette campagne, une idée
semble avoir prévalu : celle de con
sidérer la Chine comme une mine de
richesses à mettre au pillage. Les ar
mées européennes ont d’abord fait
main basse sur tout ce qui tentait
chefs et soldats, rançonnant non pas
les Boxeurs, dont les bandes fuyaient,
mais les habitants inoffensifs des vil
lages, dont trop souvent le sang fut
répandu sans cause.
Contre cette nation, à qui la guerre
ne fut jamais déclarée, avec qui les
relations diplomatiques ne furent ja
mais suspendues, on mit en action les
pires traditions de la conquête, la ci
vilisation occidentale se manifesta par
des abus révoltants, on prétexta la
barbarie chinoise pour commettre les
pires excès.
Certes, et nous l’avons déjà dit,
l’instinct qui poussa les soldats des
troupes alliées eut son excuse. Il est
aisé à quiconque écrit de sang-froid,
à sa table de travail, de flétrir les
actes regrettables qui se renouvellent
dans chaque expédition militaire. On
dirait que la férocité ancestrale se ré
veille et que l’homme, devenu une
sorte de fauve sanguinaire, n’a plus
conscience des devoirs qu’impose la
morale. Sans cela, comment expli
quer le massacre de vieillards, de
femmes et d’enfants inoffensifs, non
plus dans la rage du combat mais
dans des moments où le soldat devrait.
être de sang-froid, si la griserie de la
conquête et du butin ne lui troublait
encore le cerveau ?
Nous comprenons donc très bien
que, dans le recueillement du cabinet,
de travail, on soit dans des conditions
mauvaises pour juger. L’âme des ar
mées comme celle des foules obéit à
des impulsions quasi irrésistibles qui
ont leur excuse dans l’oubli des res
ponsabilités individuelles. Tel homme
qui, isolé, serait animé de scrupules
étroits, qui ne ferait pas de mal à une
mouche, se transforme en un guerrier
sans pitié et, du moment qu’il s’agit
de Chinois, s’approprie le bien d’au
trui sans le moindre remords. Il y a
l’entraînement, il y a l’exemple, il y
a l’impunité.
Soit, admettons dans la plus large
mesure les circonstances atténuantes;
cela n’empêche que, dans l’espèce, la
règle fut ce qui devait être l’exception
et le gouvernement, en ordonnant la
réexpédition en Chine des caisses de
butin rapportées par le général Frey,
a donné une leçon que l’on voudrait
voir profitable dans l’avenir.
A côté de cela, voyez ce que font
les nations elles-mêmes. Elles ne s’ap
proprient pas d’objets précieux, mais
elles « s’annexent » des territoires
importants et prêtent la main à des
affaires considérables. Sans se soucier
de la propriété indigène, on prend le
sol et les bâtiments, on s’installe
comme chez soi et l’on espère, par ces
moyens sommaires sinon loyaux, CO î-
clure ensuite une paix durable avec
le peuple ainsi spolié.
Il nous semble, quant à nous, que
la morale en cours en Europe devrait
être pratiquée là-bas par les Euro
péens. Pas une nation au monde n’ac
cepterait de vivre avec l’étranger
ainsi installé chez elle. Or, il est bon
de le répéter, nous n’avons pas fait la
conquête de la Chine. Nous nous dé
fendons même d’avoir jamais eu la
moindre idée de ce genre. Alors que
faisons-nous?
La Chine, peut-être, paraîtra ac
cepter ce modus vivendi ; mais disons-
nous bien que la haine contre l'étran
ger dominateur n’en subsistera que
plus vive, prête à se réveiller au pre
mier signal. Et ces fièvres latentes
sont graves dans un empire de quatre
cent millions d’habitants. La Chine
attendra donc, autant que céda sera
nécessaire, avec cet art de dissimuler
ses colères dont elle a tant donné de
preuves.
Le temps, sur lequel elle compte,
préparera sa revanche. Les nations
européennes seront contraintes à des
sacrifices considérables et sans profit,
qui affaibliront d’autant plus la mé
tropole. Tandis que, peu à peu, au
besoin suscitées et habilement entre
tenues, les rivalités naîtront, un con
flit surgira peut-être et alors la Chine,
secouant sa torpeur, profitera des dif
ficultés et reconquerra son indépen
dance.
Déjà les nations européennes ne
manifestent plus le même accord, des
alliances se forment avec des pro
grammes différents et des ambitions
contraires. L’Allemagne et l’Angle
terre ont un plan ; la Russie, les
Etats-Unis, la France et le Japon en
ont un autre. Les rapprochements
affichés aux obsèques de la reine Vic
toria répondent sans aucun doute aux
nécessités présentes de la question
d’Extrême-Orient. Là-bas peuvent
naître, du jour au lendemain, des
événements qui auront en Europe une
répercussion terrible. La Francs .erait,
par la force des choses, entraînée
dans la tourmente. En ces circons
tances périlleuses, la tâche de notre
diplomatie est délicate : souhaitons
qu’elle soit dignement remplie.
Notre politique coloniale est déjà
assez difficile et les résultats qu’elle
donne sont trop peu profitables pour
que nous évitions de nous embarquer
dans une expéditions lointaine, sinon
dans la mesure nécessaire à la protec
tion de nos possessions en Indo-Chine.
Quant au reste, il vaudrait mieux ré
duire notre sphère d’influence en Asie
et la limiter aux simples précautions
commerciales que de courir des ris
ques dont, même en cas de succès, le
bénéfice resterait fort aléatoire.
Or, les partages territoriaux aux
quels se livrent les nations européen
nes et qui sont leur butin, nous sem
blent des fautes dangereuses dans
leurs conséquences, voire de nature à
compromettre — du moins pour notre
pays — les résultats réalisés.
Nous ne demandons qu’à nous
tromper.
François Dépassé
(Reproduction interdite).
-
AFFAIRE SCANDALEUSE
La police de Paris a fait une des
cente dans une brasserie, à l’enseigne
du Petit Moulin , où se donnaient
rendez-vous des individus de mœurs
inavouables.
Sur les banquettes, des jeunes gens,
répondant aux noms suggestifs de
Nini, de Roséda, de la duchesse de
Méricourt, de Roberta, de Fatma
l’Algérienne, de Reichemberg, ainsi
nommé pour son art à dire les vers,
et de Polaire, pour ses imitations des
chansons de café-concert, étaient
rassemblés autour d’un vieux comte,
M. de G., âgé de 60 ans, client vénéré
et choyé en raison de sa grosse for
tune, et d’autres individus apparte
nant au monde clérical et aristocrati
que.
Parmi les épbèbes qui se prélas
saient dans l’établissement, on remar
quait également un certain D..., dit
la Belle Gabrielle, lequel déclara
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 22 Février 1S0I -
Œ35E3Î
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
Organe du Parti Républicain Démocratique
ü
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
5E
Prix des Insertions :
1
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
==£
==
Ü
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
1
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
n
L’Imprimeur-Gérant E. LE ROY
On traite à forfait
Etude d’Histoire Locale
H. BRINDEAU & RiSPAL
(Quatrième Article)
Nous avons indiqué, dans notre
précédent article, les modification^
subies depuis plusieurs années par
les opinions'politiques de M. Rispal
dont la dernière phase nous montre
son adhésion définitive à la réaction
cléricale.
Cette adhésion lui a été imposée
dans des conditions que nous ne
pouvons omettre.
Tout d’abord, M. Rispal professe,
ainsi que beaucoup de bourgeois dé
pourvus d’instruction générale, une
haine farouche contre tout ce qui
constitue le progrès social, sous
quelque forme qu'il se manifeste.
Tant qu’il s’agit de formuler de
vagues promesses électorales, de
proclamer un amour platonique pour
les déshérités, cela peut passer.
Mais si l’on arrive à la période des
réalisations pratiques, les bourgeois
timorés auxquels nous faisons allu
sion reculent avec une désinvolture
qui les montre en vérité sous un jour
peu favorable.
Ainsi apparaît M. Rispal. Prodi
gue de promesses démocratiques,
tant que cela pouvait servir ses des
seins, il n'a pas tardé à renier tout -
son passé, lorsqu’à sonne l’échéance
des réformes nécessaires. Son évo
lution a droite a été, il faut le recon
naître, hâtée pur la conception qu’il
s’est faite du socialisme.
Nous doutons qu’il y ait en France
beaucoup d’hommes, même dans les
campagnes les plus reculées, sur
lesquels le spectre rouge ait plus
d’action que sur M. Rispal. Sa na
ture simpliste et quelque peu agreste
lui représente le socialisme comme
une sorte de monstre menaçant non
seulement pour la société en géné
ral, mais aussi et surtout pour lui,
Rispal. De sorte que son intérêt
personnel reste, en ceci comme en
tout, le mobile principal de sa con
duite en politique. On juge par là
quelle influence devait facilement
acquérir, sur est esprit rudimentaire
un homme comme Méline, défenseur
de toutes les situations acquises, et
qui s’est fait le rénovateur du spectre
rouge.
M. Rispal devait donc, en s’inspi
rant uniquement de ce qu’il consi
dère comme son intérêt matériel,
se ranger sous la bannière réaction
naire. Il le devait encore par néces
sité électorale.
Aux élections de 1898, il a bien
senti que les républicains n’étaient
pas avec lui. Aussi, n’a-t-il pas hé
sité à faire appel à la réaction clé
ricale, et jusqu’aux ultramontains
les plus avérés. Il est notoire que la
Croix du Havre, organe congréga
niste par excellence, qui dicte aux
catholiques militants leur devoir
électoral, a soutenu M. Rispal en
même temps que M. Brindeau. Il y
a là un pacte qui constitue pour un
homme qui ose s’intituler républi
cain, une tache ineffaçable, un acte
de véritable trahison. Que penser, en
effet, d’un homme qui s’élève au
moyen des républicains et qui les
livre, en se livrant lui-même, aux
pires ennemis de nos inititutions.
Et, chose singulière, ces deux
députés osent se poser en patriotes
en jouant un rôle dans le concert
nationaliste ! Ils suivent docilement
la direction que les Croix , organes
des richissimes assomptionnistes,
imposent à ceux qu’elles patronnent.
Et ils viennent nous parler de l’in
dépendance et de l’honneur de la
patrie, alors qu’ils sont les auxil
iaires d’une politique qui consiste à
encapuciner la France, sous la do
mination de congrégationsromaines,
dont les principaux chefs, cela est
prouvé, sont Italiens ou Allemands !
Joli patriotisme, en vérité !
YERUS
(à suivre )
—
Élection Législative du 17 Février 1001
ONZIÈME ARRONDISSEMENT LE PARIS
Première Circonscription
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Inscrits : 1.2,320 — Votants : 7,984
MM. Allemane, social.. 4,255 ELU
Max Régis, nation. 3,347
Divers 382
Il s’agissait de remplacer M. Pierre
Baudin, ministre des travaux publics,
élu député de l’arrondissement de
Beiiey (Ain).
Au premier tour de scrutin, les
voix s’étaient réparties comme suit :
M. Allemane, socialiste, 2,i08;M.
Legrain, radical-socialiste, 1,579;
M. Fabérot, socialiste, 1,292; M.
Max Régis, nationaliste, 2,718 ; M.
Peiffer, nationaliste, 481.
Malgré la dépense énorme d’efforts
et d’argent que se sont imposée tous
les partis réactionnaires, Max Régis
n’entrera pas encore cette fois à la
Chambre.
Le verdict définitif des électeurs du
qi a lier de la Folie-Méricourt lui a
été signifié dimanche soir sous une
forme arithmétique, dont les natio
nalistes n’ont pas lieu de se ré jouir.
Allemane, le candidat de la dé
fense républicaine, a triomphé sans
peine, malgré quelques défections sur
lesquelles il ne nous convient pas d’in
sister en ce moment.
Il n’y a donc rien de changé à
Paris, ni au Parlement. Uh républi
cain du parti ouvrier remplace un
républicain du parti radical socialiste
dans une circonscription où en 1898,
le candidat radical socialiste avait
remplacé un ancien député du parti
ouvrier. Ce sont là des petites -fluc
tuations sans importance.
L’essentiel, c’est l’affirmation per
sistante de l’idée républicaine par un
collège électoral que les réactionnai
res croyaient déjà tenir; c’est la dé
faite humiliante de la bande qui pour
suit, au nom du sabre et du goupil
lon, le projet de ramener la France
sous la domination des castes juste
ment dépossédées depuis plus d’un
siècle.
Le résultat est d’autant plus pi
teux pour nos adversaires qu’ils s’é
taient engagés à fond avec toute l’au
dace que donne l’assurance du succès.
La Patrie française, si réservée au
premier tour de scrutin, avait perdu
toute prudence, et M. Jules Lemaître,
en personne, s’était jeté follement
dans la mêlée il y a quelques jours.
Ce puissant concours a valu à M. Max
Régis un gain de cent quarante-huit
voix.
Telle est l’influence de la Patrie
française, telle est l’autorité de M.
Jules Lemaître.
Il est dit que le malheureux acadé
micien retrouvera tout le long de sa
carrière politique le même chiffre de
partisans qu’il avait à la belle époque
où, simple auteur dramatique, il vi
dait en trois jours le théâtre le mieux
achalandé.
Paix aux morts !
Que Max Régis ne déshonore pas la
représentation de Paris; qu’il rentre
en Algérie préparer sa candidature
contre Drumont, dont il débarrassera
la Chambre l’année prochaine, certes,
c’est quelque chose'; mais ce n’est, là
qu’une préparation, car nous avons
un but plus sérieux à atteindre,'et la
date approche.
Il importe maintenant que les répu
blicains mettent trêve à leurs divi
sions funestes, qu’ils comprennent la
nécessité d’une discipline rigoureuse
et qu'ils se préoccupent, sans perdre
un instant, des élections du mois de
mai 1902.
Dans quinze mois, si nous le vou
lons résolument, la victoire sera com
plète, et nous aurons le droit de nous
réjouir.
J. Derriaz.
Napoléon jugé par Lamartine
Que d’imprécations ne sortaient
pas de nos poitrines contre ce tyran
de l’esprit humain, contre ce soldat
couronné qui ne s’était retrempé dans
la révolution que pour y puiser la
force, de la détruire et pour livrer de
nouveau les peuples à tous les pré
jugés et à toutes les servitudes.
C’est de cette époque que datent
pour moi l’amour de l'émanci];a ion
de l’esprit humain et cette haine in
tellectuelle contre ce héros du siècle,
haine à la fois sentie et raisonnée,
que la réflexion et le temps ne fait
que justifier, malgré les flatteurs de
sa mémoire.
Lamartine. ( Graziella ).
—
LES ALLIÉS EN EXTRÊME-ORIENT
Maintenant que l’ordre est rétabli,
aussi bien à Tien-Tsin qu’à Pékin, il
semble que les nations alliées ne s’oc
cupent pas seulement d’assurer leur
sécurité dans l’avenir, mais qu’elles
sa disposent encore à prendre posses
sion de territoires à leur convenance.
Elles appellent cela « s’annexer » cer
taines « étendues de terrain. » En
réalité, nous sommes en présence d’un
commencement de partage de l’Empire
du Milieu.
A vrai dire, depuis le commence
ment de cette campagne, une idée
semble avoir prévalu : celle de con
sidérer la Chine comme une mine de
richesses à mettre au pillage. Les ar
mées européennes ont d’abord fait
main basse sur tout ce qui tentait
chefs et soldats, rançonnant non pas
les Boxeurs, dont les bandes fuyaient,
mais les habitants inoffensifs des vil
lages, dont trop souvent le sang fut
répandu sans cause.
Contre cette nation, à qui la guerre
ne fut jamais déclarée, avec qui les
relations diplomatiques ne furent ja
mais suspendues, on mit en action les
pires traditions de la conquête, la ci
vilisation occidentale se manifesta par
des abus révoltants, on prétexta la
barbarie chinoise pour commettre les
pires excès.
Certes, et nous l’avons déjà dit,
l’instinct qui poussa les soldats des
troupes alliées eut son excuse. Il est
aisé à quiconque écrit de sang-froid,
à sa table de travail, de flétrir les
actes regrettables qui se renouvellent
dans chaque expédition militaire. On
dirait que la férocité ancestrale se ré
veille et que l’homme, devenu une
sorte de fauve sanguinaire, n’a plus
conscience des devoirs qu’impose la
morale. Sans cela, comment expli
quer le massacre de vieillards, de
femmes et d’enfants inoffensifs, non
plus dans la rage du combat mais
dans des moments où le soldat devrait.
être de sang-froid, si la griserie de la
conquête et du butin ne lui troublait
encore le cerveau ?
Nous comprenons donc très bien
que, dans le recueillement du cabinet,
de travail, on soit dans des conditions
mauvaises pour juger. L’âme des ar
mées comme celle des foules obéit à
des impulsions quasi irrésistibles qui
ont leur excuse dans l’oubli des res
ponsabilités individuelles. Tel homme
qui, isolé, serait animé de scrupules
étroits, qui ne ferait pas de mal à une
mouche, se transforme en un guerrier
sans pitié et, du moment qu’il s’agit
de Chinois, s’approprie le bien d’au
trui sans le moindre remords. Il y a
l’entraînement, il y a l’exemple, il y
a l’impunité.
Soit, admettons dans la plus large
mesure les circonstances atténuantes;
cela n’empêche que, dans l’espèce, la
règle fut ce qui devait être l’exception
et le gouvernement, en ordonnant la
réexpédition en Chine des caisses de
butin rapportées par le général Frey,
a donné une leçon que l’on voudrait
voir profitable dans l’avenir.
A côté de cela, voyez ce que font
les nations elles-mêmes. Elles ne s’ap
proprient pas d’objets précieux, mais
elles « s’annexent » des territoires
importants et prêtent la main à des
affaires considérables. Sans se soucier
de la propriété indigène, on prend le
sol et les bâtiments, on s’installe
comme chez soi et l’on espère, par ces
moyens sommaires sinon loyaux, CO î-
clure ensuite une paix durable avec
le peuple ainsi spolié.
Il nous semble, quant à nous, que
la morale en cours en Europe devrait
être pratiquée là-bas par les Euro
péens. Pas une nation au monde n’ac
cepterait de vivre avec l’étranger
ainsi installé chez elle. Or, il est bon
de le répéter, nous n’avons pas fait la
conquête de la Chine. Nous nous dé
fendons même d’avoir jamais eu la
moindre idée de ce genre. Alors que
faisons-nous?
La Chine, peut-être, paraîtra ac
cepter ce modus vivendi ; mais disons-
nous bien que la haine contre l'étran
ger dominateur n’en subsistera que
plus vive, prête à se réveiller au pre
mier signal. Et ces fièvres latentes
sont graves dans un empire de quatre
cent millions d’habitants. La Chine
attendra donc, autant que céda sera
nécessaire, avec cet art de dissimuler
ses colères dont elle a tant donné de
preuves.
Le temps, sur lequel elle compte,
préparera sa revanche. Les nations
européennes seront contraintes à des
sacrifices considérables et sans profit,
qui affaibliront d’autant plus la mé
tropole. Tandis que, peu à peu, au
besoin suscitées et habilement entre
tenues, les rivalités naîtront, un con
flit surgira peut-être et alors la Chine,
secouant sa torpeur, profitera des dif
ficultés et reconquerra son indépen
dance.
Déjà les nations européennes ne
manifestent plus le même accord, des
alliances se forment avec des pro
grammes différents et des ambitions
contraires. L’Allemagne et l’Angle
terre ont un plan ; la Russie, les
Etats-Unis, la France et le Japon en
ont un autre. Les rapprochements
affichés aux obsèques de la reine Vic
toria répondent sans aucun doute aux
nécessités présentes de la question
d’Extrême-Orient. Là-bas peuvent
naître, du jour au lendemain, des
événements qui auront en Europe une
répercussion terrible. La Francs .erait,
par la force des choses, entraînée
dans la tourmente. En ces circons
tances périlleuses, la tâche de notre
diplomatie est délicate : souhaitons
qu’elle soit dignement remplie.
Notre politique coloniale est déjà
assez difficile et les résultats qu’elle
donne sont trop peu profitables pour
que nous évitions de nous embarquer
dans une expéditions lointaine, sinon
dans la mesure nécessaire à la protec
tion de nos possessions en Indo-Chine.
Quant au reste, il vaudrait mieux ré
duire notre sphère d’influence en Asie
et la limiter aux simples précautions
commerciales que de courir des ris
ques dont, même en cas de succès, le
bénéfice resterait fort aléatoire.
Or, les partages territoriaux aux
quels se livrent les nations européen
nes et qui sont leur butin, nous sem
blent des fautes dangereuses dans
leurs conséquences, voire de nature à
compromettre — du moins pour notre
pays — les résultats réalisés.
Nous ne demandons qu’à nous
tromper.
François Dépassé
(Reproduction interdite).
-
AFFAIRE SCANDALEUSE
La police de Paris a fait une des
cente dans une brasserie, à l’enseigne
du Petit Moulin , où se donnaient
rendez-vous des individus de mœurs
inavouables.
Sur les banquettes, des jeunes gens,
répondant aux noms suggestifs de
Nini, de Roséda, de la duchesse de
Méricourt, de Roberta, de Fatma
l’Algérienne, de Reichemberg, ainsi
nommé pour son art à dire les vers,
et de Polaire, pour ses imitations des
chansons de café-concert, étaient
rassemblés autour d’un vieux comte,
M. de G., âgé de 60 ans, client vénéré
et choyé en raison de sa grosse for
tune, et d’autres individus apparte
nant au monde clérical et aristocrati
que.
Parmi les épbèbes qui se prélas
saient dans l’établissement, on remar
quait également un certain D..., dit
la Belle Gabrielle, lequel déclara
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.31%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.31%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263451b/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263451b/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263451b/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263451b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263451b
Facebook
Twitter