Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-06-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 juin 1900 30 juin 1900
Description : 1900/06/30 (N218). 1900/06/30 (N218).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634179
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année— N°21îv CINQ CENTIMES LE NUMÉRO \M.
Organe du Parti Républicain Démocraiictue
PMI DES 4B0MEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, E.UE GASIMIR-PÈRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. thommeret
L’ImpRIMEUR-GÉRANT.. . F. LE ROY
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions
25 centimes la ligne
50 i>
On traite à forfait
II MUE
M. le Maire de Sanvic est un ha
bile jongleur ! Le mot a été dit et il
restera.
On se souvient que bien long
temps avant les élections, M. Balière
fut pris à partie d’une façon très
précise à propos de l’affaire des
Arènes, de la Cavalcade, des Amen
des du Bureau de Bienfaisance,
etc., etc.
On se souvient aussi qu’aux pro
positions qui lui étaient faites de
constituer un jury d’honneur, il
répondait dansl’ Union Républicaine
de Sanvic , à la date du 3 mai : a Je
suis fonctionnaire, par conséquent,
en cas de fautes publiques, justicia
ble de la Cour d’assises où la preuve
est admise ».
Si M. Rousset ne veut pas m’y
conduire, qu’il m’accuse en préci
sant dans la Presse, et je Py tra
duirai moi-même ; il pourra fournir
ses preuves.
Et M. Rousset qui avait déjà pré
cisé, a précisé davantage. M, Sa-
lière alors, la veille du scrutin, fait
placarder une affiche pour annoncer
qu’il portait plainte contre M. Rous
set et dans laquelle il disait : « Il est
bien entendu, Monsieur le Procu
reur, que je dépose nette plainte en
ma qualité de fonctionnaire et que
je me réserve de me porter partie
civile !»
Du moment où M. Balière se plai
gnait comme fonctionnaire, la juri
diction compétente était la Cour
d’assises. Personne, pas même M.
Balière, ne prétendra le contraire.
A cette menace de poursuites, M.
Rousset répondait par l’affiche ci-
dessous.
Sanvicais !
Le citoyen Balière dit qu’il me pour
suit en diffamation.
Je mets au défi le Maire de Sanvic de
donner suite à sa plainte, en Cour d’assi
ses.
Les faits allégués sont vrais, prouvés
et avérés !
C’est une dernière manoeuvre élec
torale !
Électeurs,
Ai-je jamais été attaqué sur ma gestion
municipale ? Non.
Ai-je jamais été soupçonné de faits ré
préhensibles ? Non.
A vous de choisir entre le Maire que
j’ai démasqué, et moi, à la conscience
nette.
Vive Sanvic ! Vive la République !
A. ROUSSET.
M. Rousset avait raison. M.
Balière, qui sait que les faits admi
nistratifs allégués contre lui sont
vrais, n’ose pas aller devant une
juridiction où la preuve est admise.
Et pour faire croire au public et
surtout aux naïfs qu’il donne suite
à son affaire, que le procureur
général a refusé de prendre à son
compte, il poursuit en correction
nelle où la preuve n’est pas admise.
Pour cela il a découpé aussi habile
ment que possible un certain nombre
de phrases où il veut voir à tout
prix des injures à l’homme privé.
Arlequinades que tout celà, M.
le Maire. Du moment où le procu
reur général refusait de poursuivre
lui-même, vous pouviez, comme
vous le disiez le 3 mai, poursuivre
en Cour d’Assises. Vous ne l’avez
pas fait et pour cause. Le fonction
naire que vous êtes a été justement
diffamé ; mais toutes vos habiletés
procédurières ne feront pas qu’il
ne soit manifesté pour tous que
vous redoutez la lumière.
LUX.
Le Centenaire de la Tour d’Auvergne
Les fêtes du centenaire de la Tour
d’Auvergne ont commencé mardi soir à
Carkaix, favorisées parle beau temps,
au milieu d’une foule énorme.
Etaient arrivés dans la journée : le
détachement du 118 e , avec sa mu
sique ; la délégation du 46 e d’infan
terie (régiment de La Tour d’Au
vergne), conduite par son colonel ;
MM. Collignon, préfet du Finistère;
Duval, sous-préfet de Châtèaulin ; le
capitaine de frégate DuvaT,' s©us-chef
d’état-major de la préfecture mari
time, représentant l’amiral Barrera ;
le colonel du Pontavice de Heussey.
attaché militaire à l’ambassade de
Londres, représentant la famille de
La Tour d’Àuvergnô.
Un grand feu de joie a été allume
devant la statue du héros breton; une
retraite aux flambeaux a parcouru la
ville illuminée et pavoisée.
Ce matin, à neuf heures, est arrivé
le ministre de la guerre, accompagné
de Mme André, du commandant
Sarrail et du capitaine Vinçon de son
état-major.
Après s’être fait présenter les auto
rités, le général André a dit que le
gouvernement s’intéressait d’une fa
çon toute particulière à la fête du
centenaire de La Tour d'Auvergne.
C’est d’ici, a ajouté le ministre,
qu’est sorti ce héros, une des gloires
les plus pures de l’armée. Le gouver
nement a tenu à donner à la fête le
plus grand éclat, car La Tour d'Au
vergne est une gloire nationale.
Le ministre a terminé aux cris de :
« Vive La Tour d’Auvergne ! Vive la
France ! Vive l’armée ! Vive la Ré
publique ! »
Le général André s’est ensuite
adressé au colonel du Pontavice, re
présentant la famille du « Premier
Grenadier de France, » et lui a ex
primé le désir du gouvernement de se
voir confier le cœur de La Tour d’Au
vergne pour qu’il soit déposé au Pan
théon.
Le colonel a demandé à réfléchir et
a ajourné sa réponse jusqu’à ce que
la famille ait été consultée, car celle-
ci désire garder le cœur du héros.
Le ministre a vivement insisté au
près du colonel.
Après avoir passé les troupes en re
vue, la cérémonie a commencé au
champ de bataille, où est érigée la
statue de La Tour d’Auvergne.
Pendant que les troupes présentent
les armes, les tambours et les clairons
battent et sonnent aux champs, la
musique joue la Marseillaise. Le gé
néral André, debout devant la statue,
salue de l’épée. Les assistants crient :
« Vive la République ! Vive l’armée!
Vive le ministre ! »
Le maire de Carhaix fait l’éloge de
La Tour d’Auvergne.
Puis M. Dubuisson, député de
Châtèaulin, prononce un discours où il
dit que l’évocation de la grande figure
de La Tour d’Auvergne ne pouvait se
produire à un moment plus opportun.
Voici la fin de ce discours :
Ce n’est pas dans notre arrondisse
ment si patriotique qu’on trouvera des
insulteurs de l’armée.
Nous avons tous fait partie de
l’armée, nous la respectons et nous
l’aimons, nous sommes prêts à faire
pour elle tous les sacrifices nécessai
res, car nous savons qu’elle est la ga
rantie indispensable de notre exis
tence comme nation et l’un des prin
cipaux facteurs de notre légitime
influence dans le monde.
Ce n’est pas dans notre pays, atta
ché à la République, qu’on trouvera
des hommes disposés à faire le jeu des
plébiscitaires.
Le général Lambert, sénateur, re
mercie le ministre d’être venu et
salue, en une belle allocution la statue
de La Tour d’Auvergne et les reli
ques exposées au pied du monument.
Dans un discours patriotique, le
ministre de la guerre fait l'éloge du
héros breton qui refusa d’émigrer. Il
dit : « C’est le héros populaire par
excellence, le saint du soldat. »
Il ajoute que La Tour d’Auvergne
a été un grand républicain, une des
gloires de la Révolution, et termine en
criant : « Vive La Tour d’Auvergne !
=■ — —
LES
liGISTRATS CONTRE Lâ LOI
Nous lisons dans le Soir :
Nous apprenons que le gouverne
ment va se pourvoir en cassation, par
l’intermédiaire du ministère public,
contre l’arrêt inexplicable de la cour
d’appel de Nancy, acquittant la supé
rieure du couvent le Bon Pasteur, de
Nancy, qui avait été condamnée en
première instance à cent francs d’a
mende pour obstacle à l’exercice des
fonctions de l’inspecteur du travail.
Il paraîtrait que le gouvernement,
a résolu de ne pas s’incliner devant
le dernier jugement de la cour d’appel
de Rennes.
Les frères de Ploërmel, une con
grégation enseignante professant en
Bretagne, ont été condamnés le 28
mars dernier par le tribunal de Ploër
mel à 16 francs d’amende et à la fer
meture de leur école pour avoir occupé
à Sérent et à Cuilliers, des jeunes
gens non munis de leur brevet. La
cour d’appel de Rennes vient de les
acquitter.
EN CH INE
Nous avons reçu, de l’un de nos
honorables concitoyens, la lettre qui
suit. Son auteur, dont la compétence
en matière sociologique est bien
connue, étudie et défend, avec une
grande documentation, les idées que
nous avons émises dans ces colonnes.
Nos lecteurs lui sauront gré de la
lumière nouvelle qu’il jette sur les
questions d’Extrême-Orient.
A. H.
Havre, le 24 juin 1900.
J’ai lu avec plaisir votre article de sa
medi dernier sur Les affaires de Chine ,
dans lequel vous avez fort judicieusement
attribué les troubles en Chine aux agisse
ments des missionnaires.
Vous citez à propos le nom de notre
concitoyen M. Paul Boell, dont vous rap
pelez [les voyages, dans ces lointaines
contrées où il se trouve encore actuelle
ment. Voulez-vous me permettre de vous
indiquer, pour les lecteurs du Réveil,
l’opinion de M. Boell sur les missions
catholiques en Chine ?
Je la trouve dans une étude qu’il a
publiée dans la Revue Occidentale des
1 er juillet et 1 er septembre 1899, et inti
tulée Le Protectorat des missions catho
liques en Chine et la Politique de la
France en Extrême Orient. Elle a été
écrite à l’occasion d’une convention ré
glant les rapports entre les autorités chi
noises et les membres de l’Eglise catho
lique.
Il serait intéressant d’examiner en dé
tail cette question de protectorat reli
gieux, mais cela m’entraînerait trop loin
et ce n’est d’ailleurs pas absolument né
cessaire pour le but spécial que je me
propose en ce moment.
Il convient, cependant, de rappeler que
ce sont le Ministre de France à Pékin et les
consuls de France dans les diverses par
ties de l’empire, qui sont chargés de veil
ler à l’exécution des traités concernant
la liberté religieuse en Chine. C’est à
eux, dit M. Boell « que les missionnaires
catholiques de toutes les nationalités
transmettent leurs plaintes, leurs récla
mations, en cas de difficultés avec les
autorités chinoises ou le peuple... Ces
affaires prennent la meilleure partie du
temps de nos agents diplomatiques et
consulaires. Elles se terminent le plus
souvent après des pourparlers de durée
très variable (six semaines à dix ans), à
la satisfaction des missionnaires intéres
sés. Des indemnités sont accordées par
les autorités chinoises pour les édifices
détruits ou endommagés, pour les per
sonnes molestées. En cas de meurtre,
d’après une récente innovation due à M.
Hanotaux, la compensation pécuniaire
s’accompagne de l’érection d’une chapelle
expiatoire ».
Aussi, M. Boell, après avoir démontré
que ce protectorat ne sert ni les intérêts
de notre pays ni son influence, —• au
contraire, — trouvait-il que la France
républicaine ne pouvait pas continuer à
se faire, contre tout droit, contre toute
raison, la protectrice des entreprises des
missionnaires, et concluait-il en deman
dant que le ministre des affaires étran
gères négociât sans retard l’abandon de
notre protectorat religieux.
Je voudrais, si vous le permettez, re
produire les motifs invoqués par M. Boell
pour justifier la suppression de notre
protectorat des missions catholiques en
Chine ; il me paraissent également pro
pres à jeter quelque clareté sur les cau
ses, les origines effectives des troubles
qui ont éclaté là-bas et à expliquer d’une
manière générale la situation qui nous
est signalée par les dépêches. En cela,
je me rapprocherai du sens de votre arti
cle et je préciserai, je crois, les faits que
vous avez indiqués d’une manière som
maire.
*
* *
Le peuple chinois manifeste, à l’égard
des missionnaires et des Occidentaux en
général, une hostilité profonde. Pour
quoi ? Les Chinois eux-mêmes nous l’ont
appris dans leurs productions littéraires
diverses et nombreuses.
Tout d’abord, se place l’enseignement
religieux des missionnaires, lequel est en
opposition directe avec la religion da
pays, qui est le culte des morts. C’est ce
culte qui fait le fond de la religion offi
cielle, le Confucéisme, qu’ont toujours
respecté les autres croyances dans l’em
pire du Milieu, telles que le Taoïsme, le
Boudhisme, l’Islanisme.
Même, les premiers missionnaires jé
suites qui arrivèrent en Chine à la fin du
XVI e siècle, ne manquèrent pas de tenir
compte de ces dispositions et ils tolérè
rent le culte des tablettes et même du
grand fétiche.
Mais depuis, les missionnaires catholi
ques devinrent de plus en plus intransi
geants au point de vue du dogme ; ils
finirent par ne plus respecter du tout les
I
croyances chinoises, ce qui n’était pas de
nature à leur attirer les sympathies du
peuple chinois !
D’autres griefs d’ordre religieux déri
vent de cette objection générale. M. Boell
les expose comme suit :
« Il s’agit de certaines pratiques des
missionnaires qui, mal connues, mal in
terprétées à cause de la malveillance,
de l’hostilité existantes, ont donné nais*
sance à toutes les abominables histoires
inventées et propagées contre les mission
naires et qui trouvent créance auprès des
indigènes même très cultivés. Je veux
parler de ces vols d'enfants dont les mis
sionnaires sont constamment accusés et
qu’ils perpétreraient, suivant la croyance
populaire, pour les tuer et utiliser leurs
yeux dans des pratiques d’alchimie et de
sorcellerie. L’accusation qui a trait aux
vols d’enfants s’explique par les pratiques
imprudentes des orphelinats catholiques ;
la croyance relative aux yeux arrachés
tire son origine du rite de*Uextrême-onc-
tion. On accuse encore les naissionnaires
de pratiquer dans un but analogue, l’avor
tement des femmes, la castration, etc.
On les accuse aussi de mauvaises mœurs.
Toutes ces accusations sont sans aucun
fondement, est-il besoin de le dire ? mais
elles sont rendues vraisemblables pour
les Chinois par la réunion, dans les égli
ses, des fidèles des deux sexes, contraire
à toutes les idées chinoises; par la pré
sence des sœurs de la Sainte-Enfance, et
aussi par la pratique de la confession.
« Enfin, la jalousie avec laquelle les-
missionnaires défendent aux non-catho
liques l’entrée de leurs établissements, la
ténacité qu’ils mettent à se refuser à
toute inspection des autorités, justifient
aux yeux des Chinois les pires supposi
tions.
« Un autre ordre de griefs est tiré de
l’attitude souvent peu déférante des mis
sionnaires envers les autorités indigènes,
de leurs prétentions à l’exterritorialité,
non seulement pour eux-mêmes, ce qui se-
raitconformeaux traités, mais même pour
les chrétiens indigènes. Les missionnai
res et leurs fidèle.s sont considérés comme
cherchant à constituer un Etat dans
l’Etat, sous la protection de l’étranger.
« Un ordre de griefs très particulier,
très chinois, est relatif à l’aspect et sur
tout à la hauteur des édifices du culte
qui blessent l’esthétique nationale et
portentsouvent(c’est du moins la croyance
chinoise) un grave préjudice au pays en
dérangeant les lois mystérieuses du foung -
choui , de la géomancie chinoise (1).
« Une autre source d’animosité et de
confiits a été la stipulation des traités
prescrivant le retour à leurs anciens pro
priétaires des terrains et des édifices au
trefois possédés par les missionnaires et
dont les persécutions les avaient privés.
«... Les Chinois reprochent encore
aux missionnaires de ne compter parmi
leurs fidèles que la lie, le rebut du peu
ple, et de déterminer les conversions par
des subventions en argent ou d’autres
avantages matériels. Ces chrétiens indi
gènes sont en général fort mal vus de
leurs compatriotes ; on leur reproche
d’être les agents de l’étranger, d’aban
donner le culte de leurs ancêtres, de refu
ser de contribuer à la construction et à
l’entretien des temples, aux frais des
représentations théâtrales, de rompre les
fiançailles contractées avant leur conver
sion avec des familles païennes, etc. »
Voilà les principaux griefs adressés aux
missionnaires et à leurs fidèles.
(1) Telle cathédrale qui domine les maisons
basses et humbles d’une grande ville soulève
dans le cœur d’une population de plusieurs cen
taines de mille âmes un souffle de colère qui finit
par devenir dangereux en un jour de tempête.
(P. Giquel. — La Politique française eni
Chine, p. 29).
Organe du Parti Républicain Démocraiictue
PMI DES 4B0MEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, E.UE GASIMIR-PÈRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. thommeret
L’ImpRIMEUR-GÉRANT.. . F. LE ROY
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions
25 centimes la ligne
50 i>
On traite à forfait
II MUE
M. le Maire de Sanvic est un ha
bile jongleur ! Le mot a été dit et il
restera.
On se souvient que bien long
temps avant les élections, M. Balière
fut pris à partie d’une façon très
précise à propos de l’affaire des
Arènes, de la Cavalcade, des Amen
des du Bureau de Bienfaisance,
etc., etc.
On se souvient aussi qu’aux pro
positions qui lui étaient faites de
constituer un jury d’honneur, il
répondait dansl’ Union Républicaine
de Sanvic , à la date du 3 mai : a Je
suis fonctionnaire, par conséquent,
en cas de fautes publiques, justicia
ble de la Cour d’assises où la preuve
est admise ».
Si M. Rousset ne veut pas m’y
conduire, qu’il m’accuse en préci
sant dans la Presse, et je Py tra
duirai moi-même ; il pourra fournir
ses preuves.
Et M. Rousset qui avait déjà pré
cisé, a précisé davantage. M, Sa-
lière alors, la veille du scrutin, fait
placarder une affiche pour annoncer
qu’il portait plainte contre M. Rous
set et dans laquelle il disait : « Il est
bien entendu, Monsieur le Procu
reur, que je dépose nette plainte en
ma qualité de fonctionnaire et que
je me réserve de me porter partie
civile !»
Du moment où M. Balière se plai
gnait comme fonctionnaire, la juri
diction compétente était la Cour
d’assises. Personne, pas même M.
Balière, ne prétendra le contraire.
A cette menace de poursuites, M.
Rousset répondait par l’affiche ci-
dessous.
Sanvicais !
Le citoyen Balière dit qu’il me pour
suit en diffamation.
Je mets au défi le Maire de Sanvic de
donner suite à sa plainte, en Cour d’assi
ses.
Les faits allégués sont vrais, prouvés
et avérés !
C’est une dernière manoeuvre élec
torale !
Électeurs,
Ai-je jamais été attaqué sur ma gestion
municipale ? Non.
Ai-je jamais été soupçonné de faits ré
préhensibles ? Non.
A vous de choisir entre le Maire que
j’ai démasqué, et moi, à la conscience
nette.
Vive Sanvic ! Vive la République !
A. ROUSSET.
M. Rousset avait raison. M.
Balière, qui sait que les faits admi
nistratifs allégués contre lui sont
vrais, n’ose pas aller devant une
juridiction où la preuve est admise.
Et pour faire croire au public et
surtout aux naïfs qu’il donne suite
à son affaire, que le procureur
général a refusé de prendre à son
compte, il poursuit en correction
nelle où la preuve n’est pas admise.
Pour cela il a découpé aussi habile
ment que possible un certain nombre
de phrases où il veut voir à tout
prix des injures à l’homme privé.
Arlequinades que tout celà, M.
le Maire. Du moment où le procu
reur général refusait de poursuivre
lui-même, vous pouviez, comme
vous le disiez le 3 mai, poursuivre
en Cour d’Assises. Vous ne l’avez
pas fait et pour cause. Le fonction
naire que vous êtes a été justement
diffamé ; mais toutes vos habiletés
procédurières ne feront pas qu’il
ne soit manifesté pour tous que
vous redoutez la lumière.
LUX.
Le Centenaire de la Tour d’Auvergne
Les fêtes du centenaire de la Tour
d’Auvergne ont commencé mardi soir à
Carkaix, favorisées parle beau temps,
au milieu d’une foule énorme.
Etaient arrivés dans la journée : le
détachement du 118 e , avec sa mu
sique ; la délégation du 46 e d’infan
terie (régiment de La Tour d’Au
vergne), conduite par son colonel ;
MM. Collignon, préfet du Finistère;
Duval, sous-préfet de Châtèaulin ; le
capitaine de frégate DuvaT,' s©us-chef
d’état-major de la préfecture mari
time, représentant l’amiral Barrera ;
le colonel du Pontavice de Heussey.
attaché militaire à l’ambassade de
Londres, représentant la famille de
La Tour d’Àuvergnô.
Un grand feu de joie a été allume
devant la statue du héros breton; une
retraite aux flambeaux a parcouru la
ville illuminée et pavoisée.
Ce matin, à neuf heures, est arrivé
le ministre de la guerre, accompagné
de Mme André, du commandant
Sarrail et du capitaine Vinçon de son
état-major.
Après s’être fait présenter les auto
rités, le général André a dit que le
gouvernement s’intéressait d’une fa
çon toute particulière à la fête du
centenaire de La Tour d'Auvergne.
C’est d’ici, a ajouté le ministre,
qu’est sorti ce héros, une des gloires
les plus pures de l’armée. Le gouver
nement a tenu à donner à la fête le
plus grand éclat, car La Tour d'Au
vergne est une gloire nationale.
Le ministre a terminé aux cris de :
« Vive La Tour d’Auvergne ! Vive la
France ! Vive l’armée ! Vive la Ré
publique ! »
Le général André s’est ensuite
adressé au colonel du Pontavice, re
présentant la famille du « Premier
Grenadier de France, » et lui a ex
primé le désir du gouvernement de se
voir confier le cœur de La Tour d’Au
vergne pour qu’il soit déposé au Pan
théon.
Le colonel a demandé à réfléchir et
a ajourné sa réponse jusqu’à ce que
la famille ait été consultée, car celle-
ci désire garder le cœur du héros.
Le ministre a vivement insisté au
près du colonel.
Après avoir passé les troupes en re
vue, la cérémonie a commencé au
champ de bataille, où est érigée la
statue de La Tour d’Auvergne.
Pendant que les troupes présentent
les armes, les tambours et les clairons
battent et sonnent aux champs, la
musique joue la Marseillaise. Le gé
néral André, debout devant la statue,
salue de l’épée. Les assistants crient :
« Vive la République ! Vive l’armée!
Vive le ministre ! »
Le maire de Carhaix fait l’éloge de
La Tour d’Auvergne.
Puis M. Dubuisson, député de
Châtèaulin, prononce un discours où il
dit que l’évocation de la grande figure
de La Tour d’Auvergne ne pouvait se
produire à un moment plus opportun.
Voici la fin de ce discours :
Ce n’est pas dans notre arrondisse
ment si patriotique qu’on trouvera des
insulteurs de l’armée.
Nous avons tous fait partie de
l’armée, nous la respectons et nous
l’aimons, nous sommes prêts à faire
pour elle tous les sacrifices nécessai
res, car nous savons qu’elle est la ga
rantie indispensable de notre exis
tence comme nation et l’un des prin
cipaux facteurs de notre légitime
influence dans le monde.
Ce n’est pas dans notre pays, atta
ché à la République, qu’on trouvera
des hommes disposés à faire le jeu des
plébiscitaires.
Le général Lambert, sénateur, re
mercie le ministre d’être venu et
salue, en une belle allocution la statue
de La Tour d’Auvergne et les reli
ques exposées au pied du monument.
Dans un discours patriotique, le
ministre de la guerre fait l'éloge du
héros breton qui refusa d’émigrer. Il
dit : « C’est le héros populaire par
excellence, le saint du soldat. »
Il ajoute que La Tour d’Auvergne
a été un grand républicain, une des
gloires de la Révolution, et termine en
criant : « Vive La Tour d’Auvergne !
=■ — —
LES
liGISTRATS CONTRE Lâ LOI
Nous lisons dans le Soir :
Nous apprenons que le gouverne
ment va se pourvoir en cassation, par
l’intermédiaire du ministère public,
contre l’arrêt inexplicable de la cour
d’appel de Nancy, acquittant la supé
rieure du couvent le Bon Pasteur, de
Nancy, qui avait été condamnée en
première instance à cent francs d’a
mende pour obstacle à l’exercice des
fonctions de l’inspecteur du travail.
Il paraîtrait que le gouvernement,
a résolu de ne pas s’incliner devant
le dernier jugement de la cour d’appel
de Rennes.
Les frères de Ploërmel, une con
grégation enseignante professant en
Bretagne, ont été condamnés le 28
mars dernier par le tribunal de Ploër
mel à 16 francs d’amende et à la fer
meture de leur école pour avoir occupé
à Sérent et à Cuilliers, des jeunes
gens non munis de leur brevet. La
cour d’appel de Rennes vient de les
acquitter.
EN CH INE
Nous avons reçu, de l’un de nos
honorables concitoyens, la lettre qui
suit. Son auteur, dont la compétence
en matière sociologique est bien
connue, étudie et défend, avec une
grande documentation, les idées que
nous avons émises dans ces colonnes.
Nos lecteurs lui sauront gré de la
lumière nouvelle qu’il jette sur les
questions d’Extrême-Orient.
A. H.
Havre, le 24 juin 1900.
J’ai lu avec plaisir votre article de sa
medi dernier sur Les affaires de Chine ,
dans lequel vous avez fort judicieusement
attribué les troubles en Chine aux agisse
ments des missionnaires.
Vous citez à propos le nom de notre
concitoyen M. Paul Boell, dont vous rap
pelez [les voyages, dans ces lointaines
contrées où il se trouve encore actuelle
ment. Voulez-vous me permettre de vous
indiquer, pour les lecteurs du Réveil,
l’opinion de M. Boell sur les missions
catholiques en Chine ?
Je la trouve dans une étude qu’il a
publiée dans la Revue Occidentale des
1 er juillet et 1 er septembre 1899, et inti
tulée Le Protectorat des missions catho
liques en Chine et la Politique de la
France en Extrême Orient. Elle a été
écrite à l’occasion d’une convention ré
glant les rapports entre les autorités chi
noises et les membres de l’Eglise catho
lique.
Il serait intéressant d’examiner en dé
tail cette question de protectorat reli
gieux, mais cela m’entraînerait trop loin
et ce n’est d’ailleurs pas absolument né
cessaire pour le but spécial que je me
propose en ce moment.
Il convient, cependant, de rappeler que
ce sont le Ministre de France à Pékin et les
consuls de France dans les diverses par
ties de l’empire, qui sont chargés de veil
ler à l’exécution des traités concernant
la liberté religieuse en Chine. C’est à
eux, dit M. Boell « que les missionnaires
catholiques de toutes les nationalités
transmettent leurs plaintes, leurs récla
mations, en cas de difficultés avec les
autorités chinoises ou le peuple... Ces
affaires prennent la meilleure partie du
temps de nos agents diplomatiques et
consulaires. Elles se terminent le plus
souvent après des pourparlers de durée
très variable (six semaines à dix ans), à
la satisfaction des missionnaires intéres
sés. Des indemnités sont accordées par
les autorités chinoises pour les édifices
détruits ou endommagés, pour les per
sonnes molestées. En cas de meurtre,
d’après une récente innovation due à M.
Hanotaux, la compensation pécuniaire
s’accompagne de l’érection d’une chapelle
expiatoire ».
Aussi, M. Boell, après avoir démontré
que ce protectorat ne sert ni les intérêts
de notre pays ni son influence, —• au
contraire, — trouvait-il que la France
républicaine ne pouvait pas continuer à
se faire, contre tout droit, contre toute
raison, la protectrice des entreprises des
missionnaires, et concluait-il en deman
dant que le ministre des affaires étran
gères négociât sans retard l’abandon de
notre protectorat religieux.
Je voudrais, si vous le permettez, re
produire les motifs invoqués par M. Boell
pour justifier la suppression de notre
protectorat des missions catholiques en
Chine ; il me paraissent également pro
pres à jeter quelque clareté sur les cau
ses, les origines effectives des troubles
qui ont éclaté là-bas et à expliquer d’une
manière générale la situation qui nous
est signalée par les dépêches. En cela,
je me rapprocherai du sens de votre arti
cle et je préciserai, je crois, les faits que
vous avez indiqués d’une manière som
maire.
*
* *
Le peuple chinois manifeste, à l’égard
des missionnaires et des Occidentaux en
général, une hostilité profonde. Pour
quoi ? Les Chinois eux-mêmes nous l’ont
appris dans leurs productions littéraires
diverses et nombreuses.
Tout d’abord, se place l’enseignement
religieux des missionnaires, lequel est en
opposition directe avec la religion da
pays, qui est le culte des morts. C’est ce
culte qui fait le fond de la religion offi
cielle, le Confucéisme, qu’ont toujours
respecté les autres croyances dans l’em
pire du Milieu, telles que le Taoïsme, le
Boudhisme, l’Islanisme.
Même, les premiers missionnaires jé
suites qui arrivèrent en Chine à la fin du
XVI e siècle, ne manquèrent pas de tenir
compte de ces dispositions et ils tolérè
rent le culte des tablettes et même du
grand fétiche.
Mais depuis, les missionnaires catholi
ques devinrent de plus en plus intransi
geants au point de vue du dogme ; ils
finirent par ne plus respecter du tout les
I
croyances chinoises, ce qui n’était pas de
nature à leur attirer les sympathies du
peuple chinois !
D’autres griefs d’ordre religieux déri
vent de cette objection générale. M. Boell
les expose comme suit :
« Il s’agit de certaines pratiques des
missionnaires qui, mal connues, mal in
terprétées à cause de la malveillance,
de l’hostilité existantes, ont donné nais*
sance à toutes les abominables histoires
inventées et propagées contre les mission
naires et qui trouvent créance auprès des
indigènes même très cultivés. Je veux
parler de ces vols d'enfants dont les mis
sionnaires sont constamment accusés et
qu’ils perpétreraient, suivant la croyance
populaire, pour les tuer et utiliser leurs
yeux dans des pratiques d’alchimie et de
sorcellerie. L’accusation qui a trait aux
vols d’enfants s’explique par les pratiques
imprudentes des orphelinats catholiques ;
la croyance relative aux yeux arrachés
tire son origine du rite de*Uextrême-onc-
tion. On accuse encore les naissionnaires
de pratiquer dans un but analogue, l’avor
tement des femmes, la castration, etc.
On les accuse aussi de mauvaises mœurs.
Toutes ces accusations sont sans aucun
fondement, est-il besoin de le dire ? mais
elles sont rendues vraisemblables pour
les Chinois par la réunion, dans les égli
ses, des fidèles des deux sexes, contraire
à toutes les idées chinoises; par la pré
sence des sœurs de la Sainte-Enfance, et
aussi par la pratique de la confession.
« Enfin, la jalousie avec laquelle les-
missionnaires défendent aux non-catho
liques l’entrée de leurs établissements, la
ténacité qu’ils mettent à se refuser à
toute inspection des autorités, justifient
aux yeux des Chinois les pires supposi
tions.
« Un autre ordre de griefs est tiré de
l’attitude souvent peu déférante des mis
sionnaires envers les autorités indigènes,
de leurs prétentions à l’exterritorialité,
non seulement pour eux-mêmes, ce qui se-
raitconformeaux traités, mais même pour
les chrétiens indigènes. Les missionnai
res et leurs fidèle.s sont considérés comme
cherchant à constituer un Etat dans
l’Etat, sous la protection de l’étranger.
« Un ordre de griefs très particulier,
très chinois, est relatif à l’aspect et sur
tout à la hauteur des édifices du culte
qui blessent l’esthétique nationale et
portentsouvent(c’est du moins la croyance
chinoise) un grave préjudice au pays en
dérangeant les lois mystérieuses du foung -
choui , de la géomancie chinoise (1).
« Une autre source d’animosité et de
confiits a été la stipulation des traités
prescrivant le retour à leurs anciens pro
priétaires des terrains et des édifices au
trefois possédés par les missionnaires et
dont les persécutions les avaient privés.
«... Les Chinois reprochent encore
aux missionnaires de ne compter parmi
leurs fidèles que la lie, le rebut du peu
ple, et de déterminer les conversions par
des subventions en argent ou d’autres
avantages matériels. Ces chrétiens indi
gènes sont en général fort mal vus de
leurs compatriotes ; on leur reproche
d’être les agents de l’étranger, d’aban
donner le culte de leurs ancêtres, de refu
ser de contribuer à la construction et à
l’entretien des temples, aux frais des
représentations théâtrales, de rompre les
fiançailles contractées avant leur conver
sion avec des familles païennes, etc. »
Voilà les principaux griefs adressés aux
missionnaires et à leurs fidèles.
(1) Telle cathédrale qui domine les maisons
basses et humbles d’une grande ville soulève
dans le cœur d’une population de plusieurs cen
taines de mille âmes un souffle de colère qui finit
par devenir dangereux en un jour de tempête.
(P. Giquel. — La Politique française eni
Chine, p. 29).
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