Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-04-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 avril 1900 14 avril 1900
Description : 1900/04/14 (N207). 1900/04/14 (N207).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263406h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5“ Année —^ N® 207
Smcii U Avril 1900.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. tiiomiieret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
A ROS LECTEURS
PRIMES
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL DU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie^
ront de ce cadeau.
Comme suite à nos primes, nous
tenons à la disposition de nos lecteurs,
et gratuitement, un certain nombre
de brochures contenant, avec le compte
rendu de l’Assemblée générale de la
Ligue française pour la Défense des
Droits de l’Homme et du Citoyen, la
belle conférence que M. Francis de
Fressensé a faite en cette circonstance.
En outre, deux autres brochures :
le discours prononcé dernièrement à
Sèvres par M. L. Trarieux, sénateur,
pour la défense de la République et
les Propos d’un Solitaire , de E. Du-
claux, membre de l’Institut.
Vu le petit nombre d’exemplaires
que nous possédons, il ne sera fait
droit qu'aux premières demandes.
Le spectre rouge
Les journaux quotidiens viennent
de publier une sorte de manifeste
signé par M. Planchenault et six de
ses amis, membres comme lui du
Conseil municipal. Les honorables
conseillers se déclarent adversaires
du protectionnisme, ce en quoi ils
ne se distinguent guère de l’im
mense majorité de nos concitoyens.
Mais, ils éprouvent le besoin de
partir en guerre contre le socia
lisme, en déclarant qu’ifc sont épris
des idées de liberté et de justice .
Ils estiment que le socialisme porte
atteinte à la dignité et à l’indépen
dance de l’homme et du citoyen et
qu’il prépare le remplacement de
notre société par « une vaste con
grégation » (?)
Nous avouons ne pas très bien
saisir cette déclaration de guerre
de la part de conseillers dont la
plupart doivent leur élection en
1896 au concours des socialistes.
Certes rien n’est plus respectable
que les opinions sincères et nous
n’avons pas le droit de suspecter la
bonne foi des signataires de cette
déclaration. Mais il nous semble que
le moment est assez mal choisi pour
diviser le parti républicain. C’est
fort beau de réprouver les idées
protectionnistes de M. Méline, mais
il est regrettable que les sept
conseillers sortants croient devoir
copier les formules politiques de cet
homme d’Etat funeste.
Quand on fait partie d’un Conseil
municipal qui a voté la gratuité des
fournitures scolaires, développé dans
une large mesure les cantines sco
laires, fondé et subventionné la
Bourse du Travail, favorisé le repos
hebdomadaire des employés de ma
gasin, c’est-à-dire favorisé des réfor
mes d’un caractère socialiste incon
testable, est-on bien fondé à excom
munier l’avant-garde du parti répu
blicain ?
Il eût été plus sage de laisser aux
Méline, aux Brindeau et aux Rispal
le monopole des accusations ridicules
contre M. Millerand et ses amis.
VERUS
La concentration qui se prépare
actuellement dans les comités, est,
pour me servir du terme scientifique,
dénaturé essentiellement empirique.
Il s’agit de réunir sur une conception
claire et indiscutable de la Républi
que, c’est-à-dire sur des bases com
munes, des hommes qu’un meme but
de civilisation et de progrès, qu’un
même sentiment de défense républi
caine groupe autour d’un unique dra
peau, que’s que soient les différents
procédés consécutifs et les aspirations
particulières propres à chaque parti.
Four être utile, réelle et effective,
la concentration doit appeler dans
son sein, en un vaste concile, à la
garde des idées semblables, les élé
ments divers qu’une grande pensée
dominante d’action et d’ordre réunit.
Le prononcé du jugement sur les
divergences de vues n’est pas mûr.
Les différends d’école sont du res
sort ultérieur du corps électoral con
sulté après une étude approfondie,
sagement élaborée, et c’est surtout en
s’inspirant de ses volontés et de ses
opinions déjà manifestées que l’on
peut et que l’on doit élaborer la fu
ture liste de candidature, si l’on désire
entrer, par avance, en accord tacite
avec lui.
Et c’est sur des noms, plus encore
que sur des chiffres qu’il faut sceller
le pacte définitif de cet accord. J’in
siste sur ce point, car il est bien
évident que le suffrage universel fixe
ses intimes tendances, toujours mul
tiples, le plus souvent sur des indivi
dualités, plutôt qu’en un calcul
arithmétique, à dosage déterminé, qui
établirait la nature composée de ses
soucis.
Le premier soin des commissions
chargées de la présentation des can
didats doit donc consister à ne pré
senter à l’entente que des personnages
politiques aux opinions nettement et
indiscutablement républicaines, dont
le passé ne laisse aucun doute à cet
égard. C’est, du moins, ma conviction
personnelle. L’on ne saurait trop se
garder des tournants d’opinion dont
je trouve un exemple dans la politique
de M. Spuller, célébrant solennelle
ment l’esprit nouveau, et. qui, sou
tenue par M. Méline réalisant l’al-
iance avec la droite, nous a amenés
aux déchirements que l’on sait.
La concentration, à mon humble
avis, ne sera conclue que par la vi
gilance des commissions chargées du
choix des candidats. Qu’elles n’ou
blient pas la haute importance de
leur mission.
Alf. HENRI.
■»..
ASSAUT AU MINISTÈRE
Dans la séance de la Chambre des
Députés de mercredi dernier, MM.
Denys Cochin et Méline ont essayé,
une fois de plus, de jeter bas le gou
vernement de défense républicaine;
ils n'ont heureusement réussi qu’à lui
procurer un nouvel et éclatant suc
cès.
M. Waldeck Rousseau a répondu au
porte-paroles de la réaction avec son
talent et son autorité habituels et de
manière à soulever les applaudisse
ments enthousiastes de la majorité.
Discours de M. Waldeck-Rousseau
Tout d’abord, M. Waldeck-Rous
seau tient à donner une leçon méritée
à M. Deschanel.
M. Waldeck-Rousseau, président du
Conseil. — La pensée de rouvrir la dis
cussion générale du budget, alors qu’il
est voté, sauf quelques articles, est une
innovation ingénieuse, qui a du moins le
mérite de se prêter à toutes les combinai
sons.
La Chambre venait de remettre à un
mois une interpellation sur la politique
générale. Mais tout le monde a retrouvé,
dans le discours de M. Denys Cochin, en
dépit du déguisement dont elle était re
vêtue, cette interpellation qui, tantôt
timide et tantôt menaçante, se promène
depuis quelque temps dans les couloirs
de la Chambre.
Toutes les fois que le gouvernement
républicain, attaqué et menacé, a entre
pris de se défendre, on* n’a jamais man
qué de le traiter de sectaire. — Très
bien ! très bien ! à gauche.
C’est cette accusation qu’on vient de
renouveler .Je n’espère pas don ner satk fac -
tion à M. Cochin.. Il n’approuve pas notre
politique ; j’en suis plus affligé que sur
pris. Mais par cinq fois la majorité répu
blicaine l’a approuvée ici après discus
sion, et quand elle aura, grâce à M. De
nis, à la discuter une fois de plus, j’ose
espérer que son opinion n’aura pas changé.
— Très bien ! très bien ! à gauche.
Ce qui m’étonnerait davantage, c’est
que les projets que nous avons déposés,
s’ils ne peuvent être acceptés de M Co
chin, ne le fussent pas du parti républi
cain.
Nous sommes des sectaires, dit-on,
parce que nous entendons prendre des
mesures contre le développement intolé
rable des réguliers. — Applaudissements
à l’extrême gauche et à gauche.
M. de Ramel. — Vous attaquez l’Eglise
sous toutes ses formes.
M. le Président du Conseil. — En 1801,
il s’est trouvé un pape, qui n’était pas
ennemi de l’Eglise, et un premier Consul,
qui n’est pas regardé comme un collecti
viste, pour reconnaître : l’un que les con
grégations n’étaient pas indispensables à.
l’Église, l’autre qu’elles pouvaient être
funestes à l’Etat. — Vifs applaudisse
ments sur les mêmes bancs.
M. Gayraud. — Jamais Pie VII. —
Bruit.
M. le Président du Conseil. — Et c’est
d’accord qu’ils arrêtèrent le Concordat,
aux termes duquel, en dehors des évêchés,
des séminaires, des paroisses, « toutes
autres institutions ecclésiastiques seront
interdites ».
Quand nous trouvons qu’il y a quelques
précautions à prendre, quand nous pen
sons qu’il y a dans ce pays trop de moines
ligueurs et de moines d’affaires — Vifs
applaudissements à l’extrême gauche et à
gauche. Interruptions à droite, — nous
restons fidèles à la tradition républicaine.
Notre mémoire est-elle donc si courte
qu’on ait déjà oublier ce qui s’est passé en
1880, après le rejet de l’article 7. Le gou
vernement fut interpellé par M. Devès,
président de la gauche républicaine,
sur les mesures qu’il devait prendre
contre le développement des congréga
tions religieuses. Après la parole ardente
de Madier de Montjau, on entendit un
homme dont le libéralisme n'est pas sus
pect, M. Renault-Morlière: « Nous tenons
à honneur, dit-il, de proclamer publique
ment que le gouvernement peut compter
sur la fraction la plus modérée de l’opi
nion républicaine. »
Et l’ordre du jour fut voté par 384 voix
de républicains contre 125 voix de mem
bres de la droite.
■ Voilà l’histoire de notre parti ! — Ap
plaudissements répétés sur les mêmes
bancs.
Mais quelle est l’histoire de ce pays en
matière de scolarité ? Nous avons deman
dé que, pour être admis à certaines fonc
tions, on ait suivi pendant trois ans
l’enseignement de l’Université. Mais pen
dant un demi-siècle, jusqu’en 1850, il a
fallu, pour obtenir un simple diplôme,
cinq ans de scolarité universitaire.
Et quand on dit que nous voulons éle
ver des fanatiques et des sectaires, je
demande ce qu’on pense alors de l’éduca
tion que nos pères ont reçue. — Très
bien ! très bien !
Pour moi, j’atteste l’histoire scientifi
que, littéraire et philosophique de ce
siècle qu’il n’y a pas eu de générations
plus fortes et plus libérales que celles qui
ont été élevées sous le régime universi
taire que je viens de rappeler.
Il n’est d’ailleurs pas besoin de remon
ter à 1850 pour retrouver ce que j’appelle
la tradition libérale. L’article 7 fut voté
à la Chambre par une énorme majorité.
Au Sénat, 132 républicains la votèrent, et
parmi eux je trouve les noms de Barthé
lemy Saint-Hilaire, Calmont, Duclerc,
l’amiral Jaurès, John Lemoine, qui avait
fait des Débats un journal lu dans l’Eu
rope entière, du comte Rampon, d’Oscar
de Lafayette, et d’un libéral, je pense,
qui s’appelait Léon Say. — Vifs applau
dissements à gauche.
Quand on nous reproche comme des
témérités intolérables ce qui n’est qu’un
pas fait pour nous rapprocher de notre
doctrine, je me demande quel est le re
proche qu’on pourrait le plus nous faire :
d’être allés trop loin ou d’avoir trop re
culé. Vifs applaudissements à gauche et
à l’extrême gauche.
La vérité, c’est que le cabinet actuel ne
s’appuie pas seulement sur une politique
de défense, il s’appui sur le vieux parti
républicain Nouveaux applaudissements
sur les mêmes bancs. Interruptions à
droite et au centre.
Nous avons, à coup sûr, plus qhe vous,
lé droit d’en parler. Bruit à droite et au
centre.
M. Denis Cochin a tracé de la vie du
ministère une exquisse rapide, d’un pin
ceau léger et hardi. Mais cette esquisse
est incomplète et je veux combler quel
ques lacunes. Nous pouvons regarder les
dix mois qui viennent de s’écouler.
J ignore s’ils ont pu paraître longs à
quelques-uns, mais en tout cas plus longs
qu’à nous-mêmes. Du moins, notre œuvre
n aura pas été inutile. Nous laisserons à
ce pays une tranquillité qu’il n’avait pas
connue. — Applaudissements à gauche et
à l’extrême gauche.
L’Exposition qui va s’ouvrir ne sera
pas seulement le triomphe de notre génie
artistique et industriel, elle sera aussi
le témoignage de la paix morale recon
quise. — Applaudissements répétés à
gauche et à l’extrême gauche. — Bruits
sur divers bancs à droite et au centre.
A l’extérieur nous avons résolu heu
reusement les difficultés que nous avions
trouvées pendant.es. Dans l’ouest de
l’Algérie nous avons réalisé des droits
incontestés — Interruptions à droite, —
mais demeurés jusqu’ici à l’état purement
géographique.
Une loi attendait depuis quinze années,
la loi sur l’armée coloniale. Nous avons
obtenu du Parlement qu'il la votât.
Soucieux d’assurer l’inviolabilité de la
France, nous avons apporté au Parlement
le premier plan de défense continentale
et coloniale dont il a été saisi.
Loin de nous la pensée d’en témoigner
quelque orgueil ; mais nous sommes cer
tains d’avoir tout fait pour servir la Ré
publique et de n’avoir méconnu aucun des
grands intérêts de la France. Applau
dissements répétés à gauche et à l’extrê
me gauche ; bruit à droite et sur divers
bancs au centre.
Par 260 voix contre 200, la Cham
bre a ordonné l’affichage du discours
de M. Waldeck-Rousseau.
HEUREUX SYMPTOME
L’élection du général Bérenger
comme sénateur des Alpes-Maritimes
est un heureux symptôme qu’il im
porte de signaler.
En effet, nous avions précisé le' ca
ractère de cette candidature et indi
qué avec quelle satisfaction person
nelle nous verrions ce soldat répu
blicain entrer au Sénat. Mais comme
le général avait eu le courage, très
grand à l’heure présente pour un mi
litaire, de se dire nettement républi
cain et de promettre son appui au
ministère actuel, on pouvait craindre
que la bande nationaliste ne cherchât
à lui faire échec.
Il n’en a rien été. Contre le géné
ral Bérenger, contre son programme,
personne n’a osé se présenter, et les
grands hommes de la Patrie française
se sont déclarés vaincus sans combat»
Nous som mes presque tenté de plain
dre M. Jules Lemaître et les Q. de
Beaurepaire qui le suivent, car vrai
ment l’élection du général Bérenger
est un camouflet dur à digérer pour
eux ; et il va être quelque peu difficile
après l’élection de M. le général Bé
renger, de jouer encore du « Vive
l’armée ! » contre la République et le
gouvernement. Mais ce n’en est pas
moins, pour nous, une véritable joie
de penser qu’il y aura sur les bancs
du Luxembourg un soldat dont la
seule présence suffira à couvrir de
honte et M. le général Mercier et les
chouans impénitents qui l’ont nommé»
Comme le constatent nos confrères
républicains, les électeurs sénatoriaux
des Alpes-Maritimes ont vengé la
France de l’injure imméritée que lui;
avaient infligée les électeurs sénato
riaux de la Loire-Inférieure.
Nos félicitations vont donc aux
électeurs aussi bien qu’à l’élu.
Smcii U Avril 1900.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
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15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. tiiomiieret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
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On traite à forfait
A ROS LECTEURS
PRIMES
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL DU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
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ront de ce cadeau.
Comme suite à nos primes, nous
tenons à la disposition de nos lecteurs,
et gratuitement, un certain nombre
de brochures contenant, avec le compte
rendu de l’Assemblée générale de la
Ligue française pour la Défense des
Droits de l’Homme et du Citoyen, la
belle conférence que M. Francis de
Fressensé a faite en cette circonstance.
En outre, deux autres brochures :
le discours prononcé dernièrement à
Sèvres par M. L. Trarieux, sénateur,
pour la défense de la République et
les Propos d’un Solitaire , de E. Du-
claux, membre de l’Institut.
Vu le petit nombre d’exemplaires
que nous possédons, il ne sera fait
droit qu'aux premières demandes.
Le spectre rouge
Les journaux quotidiens viennent
de publier une sorte de manifeste
signé par M. Planchenault et six de
ses amis, membres comme lui du
Conseil municipal. Les honorables
conseillers se déclarent adversaires
du protectionnisme, ce en quoi ils
ne se distinguent guère de l’im
mense majorité de nos concitoyens.
Mais, ils éprouvent le besoin de
partir en guerre contre le socia
lisme, en déclarant qu’ifc sont épris
des idées de liberté et de justice .
Ils estiment que le socialisme porte
atteinte à la dignité et à l’indépen
dance de l’homme et du citoyen et
qu’il prépare le remplacement de
notre société par « une vaste con
grégation » (?)
Nous avouons ne pas très bien
saisir cette déclaration de guerre
de la part de conseillers dont la
plupart doivent leur élection en
1896 au concours des socialistes.
Certes rien n’est plus respectable
que les opinions sincères et nous
n’avons pas le droit de suspecter la
bonne foi des signataires de cette
déclaration. Mais il nous semble que
le moment est assez mal choisi pour
diviser le parti républicain. C’est
fort beau de réprouver les idées
protectionnistes de M. Méline, mais
il est regrettable que les sept
conseillers sortants croient devoir
copier les formules politiques de cet
homme d’Etat funeste.
Quand on fait partie d’un Conseil
municipal qui a voté la gratuité des
fournitures scolaires, développé dans
une large mesure les cantines sco
laires, fondé et subventionné la
Bourse du Travail, favorisé le repos
hebdomadaire des employés de ma
gasin, c’est-à-dire favorisé des réfor
mes d’un caractère socialiste incon
testable, est-on bien fondé à excom
munier l’avant-garde du parti répu
blicain ?
Il eût été plus sage de laisser aux
Méline, aux Brindeau et aux Rispal
le monopole des accusations ridicules
contre M. Millerand et ses amis.
VERUS
La concentration qui se prépare
actuellement dans les comités, est,
pour me servir du terme scientifique,
dénaturé essentiellement empirique.
Il s’agit de réunir sur une conception
claire et indiscutable de la Républi
que, c’est-à-dire sur des bases com
munes, des hommes qu’un meme but
de civilisation et de progrès, qu’un
même sentiment de défense républi
caine groupe autour d’un unique dra
peau, que’s que soient les différents
procédés consécutifs et les aspirations
particulières propres à chaque parti.
Four être utile, réelle et effective,
la concentration doit appeler dans
son sein, en un vaste concile, à la
garde des idées semblables, les élé
ments divers qu’une grande pensée
dominante d’action et d’ordre réunit.
Le prononcé du jugement sur les
divergences de vues n’est pas mûr.
Les différends d’école sont du res
sort ultérieur du corps électoral con
sulté après une étude approfondie,
sagement élaborée, et c’est surtout en
s’inspirant de ses volontés et de ses
opinions déjà manifestées que l’on
peut et que l’on doit élaborer la fu
ture liste de candidature, si l’on désire
entrer, par avance, en accord tacite
avec lui.
Et c’est sur des noms, plus encore
que sur des chiffres qu’il faut sceller
le pacte définitif de cet accord. J’in
siste sur ce point, car il est bien
évident que le suffrage universel fixe
ses intimes tendances, toujours mul
tiples, le plus souvent sur des indivi
dualités, plutôt qu’en un calcul
arithmétique, à dosage déterminé, qui
établirait la nature composée de ses
soucis.
Le premier soin des commissions
chargées de la présentation des can
didats doit donc consister à ne pré
senter à l’entente que des personnages
politiques aux opinions nettement et
indiscutablement républicaines, dont
le passé ne laisse aucun doute à cet
égard. C’est, du moins, ma conviction
personnelle. L’on ne saurait trop se
garder des tournants d’opinion dont
je trouve un exemple dans la politique
de M. Spuller, célébrant solennelle
ment l’esprit nouveau, et. qui, sou
tenue par M. Méline réalisant l’al-
iance avec la droite, nous a amenés
aux déchirements que l’on sait.
La concentration, à mon humble
avis, ne sera conclue que par la vi
gilance des commissions chargées du
choix des candidats. Qu’elles n’ou
blient pas la haute importance de
leur mission.
Alf. HENRI.
■»..
ASSAUT AU MINISTÈRE
Dans la séance de la Chambre des
Députés de mercredi dernier, MM.
Denys Cochin et Méline ont essayé,
une fois de plus, de jeter bas le gou
vernement de défense républicaine;
ils n'ont heureusement réussi qu’à lui
procurer un nouvel et éclatant suc
cès.
M. Waldeck Rousseau a répondu au
porte-paroles de la réaction avec son
talent et son autorité habituels et de
manière à soulever les applaudisse
ments enthousiastes de la majorité.
Discours de M. Waldeck-Rousseau
Tout d’abord, M. Waldeck-Rous
seau tient à donner une leçon méritée
à M. Deschanel.
M. Waldeck-Rousseau, président du
Conseil. — La pensée de rouvrir la dis
cussion générale du budget, alors qu’il
est voté, sauf quelques articles, est une
innovation ingénieuse, qui a du moins le
mérite de se prêter à toutes les combinai
sons.
La Chambre venait de remettre à un
mois une interpellation sur la politique
générale. Mais tout le monde a retrouvé,
dans le discours de M. Denys Cochin, en
dépit du déguisement dont elle était re
vêtue, cette interpellation qui, tantôt
timide et tantôt menaçante, se promène
depuis quelque temps dans les couloirs
de la Chambre.
Toutes les fois que le gouvernement
républicain, attaqué et menacé, a entre
pris de se défendre, on* n’a jamais man
qué de le traiter de sectaire. — Très
bien ! très bien ! à gauche.
C’est cette accusation qu’on vient de
renouveler .Je n’espère pas don ner satk fac -
tion à M. Cochin.. Il n’approuve pas notre
politique ; j’en suis plus affligé que sur
pris. Mais par cinq fois la majorité répu
blicaine l’a approuvée ici après discus
sion, et quand elle aura, grâce à M. De
nis, à la discuter une fois de plus, j’ose
espérer que son opinion n’aura pas changé.
— Très bien ! très bien ! à gauche.
Ce qui m’étonnerait davantage, c’est
que les projets que nous avons déposés,
s’ils ne peuvent être acceptés de M Co
chin, ne le fussent pas du parti républi
cain.
Nous sommes des sectaires, dit-on,
parce que nous entendons prendre des
mesures contre le développement intolé
rable des réguliers. — Applaudissements
à l’extrême gauche et à gauche.
M. de Ramel. — Vous attaquez l’Eglise
sous toutes ses formes.
M. le Président du Conseil. — En 1801,
il s’est trouvé un pape, qui n’était pas
ennemi de l’Eglise, et un premier Consul,
qui n’est pas regardé comme un collecti
viste, pour reconnaître : l’un que les con
grégations n’étaient pas indispensables à.
l’Église, l’autre qu’elles pouvaient être
funestes à l’Etat. — Vifs applaudisse
ments sur les mêmes bancs.
M. Gayraud. — Jamais Pie VII. —
Bruit.
M. le Président du Conseil. — Et c’est
d’accord qu’ils arrêtèrent le Concordat,
aux termes duquel, en dehors des évêchés,
des séminaires, des paroisses, « toutes
autres institutions ecclésiastiques seront
interdites ».
Quand nous trouvons qu’il y a quelques
précautions à prendre, quand nous pen
sons qu’il y a dans ce pays trop de moines
ligueurs et de moines d’affaires — Vifs
applaudissements à l’extrême gauche et à
gauche. Interruptions à droite, — nous
restons fidèles à la tradition républicaine.
Notre mémoire est-elle donc si courte
qu’on ait déjà oublier ce qui s’est passé en
1880, après le rejet de l’article 7. Le gou
vernement fut interpellé par M. Devès,
président de la gauche républicaine,
sur les mesures qu’il devait prendre
contre le développement des congréga
tions religieuses. Après la parole ardente
de Madier de Montjau, on entendit un
homme dont le libéralisme n'est pas sus
pect, M. Renault-Morlière: « Nous tenons
à honneur, dit-il, de proclamer publique
ment que le gouvernement peut compter
sur la fraction la plus modérée de l’opi
nion républicaine. »
Et l’ordre du jour fut voté par 384 voix
de républicains contre 125 voix de mem
bres de la droite.
■ Voilà l’histoire de notre parti ! — Ap
plaudissements répétés sur les mêmes
bancs.
Mais quelle est l’histoire de ce pays en
matière de scolarité ? Nous avons deman
dé que, pour être admis à certaines fonc
tions, on ait suivi pendant trois ans
l’enseignement de l’Université. Mais pen
dant un demi-siècle, jusqu’en 1850, il a
fallu, pour obtenir un simple diplôme,
cinq ans de scolarité universitaire.
Et quand on dit que nous voulons éle
ver des fanatiques et des sectaires, je
demande ce qu’on pense alors de l’éduca
tion que nos pères ont reçue. — Très
bien ! très bien !
Pour moi, j’atteste l’histoire scientifi
que, littéraire et philosophique de ce
siècle qu’il n’y a pas eu de générations
plus fortes et plus libérales que celles qui
ont été élevées sous le régime universi
taire que je viens de rappeler.
Il n’est d’ailleurs pas besoin de remon
ter à 1850 pour retrouver ce que j’appelle
la tradition libérale. L’article 7 fut voté
à la Chambre par une énorme majorité.
Au Sénat, 132 républicains la votèrent, et
parmi eux je trouve les noms de Barthé
lemy Saint-Hilaire, Calmont, Duclerc,
l’amiral Jaurès, John Lemoine, qui avait
fait des Débats un journal lu dans l’Eu
rope entière, du comte Rampon, d’Oscar
de Lafayette, et d’un libéral, je pense,
qui s’appelait Léon Say. — Vifs applau
dissements à gauche.
Quand on nous reproche comme des
témérités intolérables ce qui n’est qu’un
pas fait pour nous rapprocher de notre
doctrine, je me demande quel est le re
proche qu’on pourrait le plus nous faire :
d’être allés trop loin ou d’avoir trop re
culé. Vifs applaudissements à gauche et
à l’extrême gauche.
La vérité, c’est que le cabinet actuel ne
s’appuie pas seulement sur une politique
de défense, il s’appui sur le vieux parti
républicain Nouveaux applaudissements
sur les mêmes bancs. Interruptions à
droite et au centre.
Nous avons, à coup sûr, plus qhe vous,
lé droit d’en parler. Bruit à droite et au
centre.
M. Denis Cochin a tracé de la vie du
ministère une exquisse rapide, d’un pin
ceau léger et hardi. Mais cette esquisse
est incomplète et je veux combler quel
ques lacunes. Nous pouvons regarder les
dix mois qui viennent de s’écouler.
J ignore s’ils ont pu paraître longs à
quelques-uns, mais en tout cas plus longs
qu’à nous-mêmes. Du moins, notre œuvre
n aura pas été inutile. Nous laisserons à
ce pays une tranquillité qu’il n’avait pas
connue. — Applaudissements à gauche et
à l’extrême gauche.
L’Exposition qui va s’ouvrir ne sera
pas seulement le triomphe de notre génie
artistique et industriel, elle sera aussi
le témoignage de la paix morale recon
quise. — Applaudissements répétés à
gauche et à l’extrême gauche. — Bruits
sur divers bancs à droite et au centre.
A l’extérieur nous avons résolu heu
reusement les difficultés que nous avions
trouvées pendant.es. Dans l’ouest de
l’Algérie nous avons réalisé des droits
incontestés — Interruptions à droite, —
mais demeurés jusqu’ici à l’état purement
géographique.
Une loi attendait depuis quinze années,
la loi sur l’armée coloniale. Nous avons
obtenu du Parlement qu'il la votât.
Soucieux d’assurer l’inviolabilité de la
France, nous avons apporté au Parlement
le premier plan de défense continentale
et coloniale dont il a été saisi.
Loin de nous la pensée d’en témoigner
quelque orgueil ; mais nous sommes cer
tains d’avoir tout fait pour servir la Ré
publique et de n’avoir méconnu aucun des
grands intérêts de la France. Applau
dissements répétés à gauche et à l’extrê
me gauche ; bruit à droite et sur divers
bancs au centre.
Par 260 voix contre 200, la Cham
bre a ordonné l’affichage du discours
de M. Waldeck-Rousseau.
HEUREUX SYMPTOME
L’élection du général Bérenger
comme sénateur des Alpes-Maritimes
est un heureux symptôme qu’il im
porte de signaler.
En effet, nous avions précisé le' ca
ractère de cette candidature et indi
qué avec quelle satisfaction person
nelle nous verrions ce soldat répu
blicain entrer au Sénat. Mais comme
le général avait eu le courage, très
grand à l’heure présente pour un mi
litaire, de se dire nettement républi
cain et de promettre son appui au
ministère actuel, on pouvait craindre
que la bande nationaliste ne cherchât
à lui faire échec.
Il n’en a rien été. Contre le géné
ral Bérenger, contre son programme,
personne n’a osé se présenter, et les
grands hommes de la Patrie française
se sont déclarés vaincus sans combat»
Nous som mes presque tenté de plain
dre M. Jules Lemaître et les Q. de
Beaurepaire qui le suivent, car vrai
ment l’élection du général Bérenger
est un camouflet dur à digérer pour
eux ; et il va être quelque peu difficile
après l’élection de M. le général Bé
renger, de jouer encore du « Vive
l’armée ! » contre la République et le
gouvernement. Mais ce n’en est pas
moins, pour nous, une véritable joie
de penser qu’il y aura sur les bancs
du Luxembourg un soldat dont la
seule présence suffira à couvrir de
honte et M. le général Mercier et les
chouans impénitents qui l’ont nommé»
Comme le constatent nos confrères
républicains, les électeurs sénatoriaux
des Alpes-Maritimes ont vengé la
France de l’injure imméritée que lui;
avaient infligée les électeurs sénato
riaux de la Loire-Inférieure.
Nos félicitations vont donc aux
électeurs aussi bien qu’à l’élu.
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