Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-02-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 février 1900 24 février 1900
Description : 1900/02/24 (N200). 1900/02/24 (N200).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263399t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année — N° 20#.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi U lévrier 1900.
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction ï. thomïiieret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à forfait
PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL BU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anii-
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
LAMES DE FOND
Le titre que j’invoque pourrait faire
croire que je veuille traiter quelque
sujet maritime. Ce n’est pas de cela
qu’il s’agit. Je parlerai, cependant,
d’un point aussi vaste que la mer,
souvent aussi ténébreux qu’elle, dans
la nuit des tempêtes; toujours aussi
dangereux, même quand le calme
plat paraît succéder aux flots agités
que l’ouragan avait déchaînés, car il
existe des récifs insondables, des lames
de fond perfides qui surgissent tout à
coup, surprenant les imprévoyants.
Un point sur lequel les journaux
chaque jour versent des ruisseaux
d’encre, qui divise les uns, rassemble
les autres; vers lequel, enfin, je re
viendrai, dussc-je prêcher dans le
désert. Nous devons nous préoccuper
de la situation politique du pays, en
ce qui touche son intérêt matériel et
moral.
Je ne reviendrai pas sur l’affaire
Dreyfus elle-même. Il est certain que
lors des élections prochaines qui se
débattront en France, elle ne saurait
constituer un programme municipal.
La question est plus haute, en ce
qu’elle la dépasse. 11 importe de se
soucier, avant tout, de la défense de
la République. La réaction est tou
jours aux aguets ; elle nous a montré,
dans les élections sénatoriales de la
Seine-Inférieure, par un de ces coups
de surprise dans lesquels elle est
passée maîtresse, le parti quelle sait
tirer du trouble et de l’équivoque.
Ne nous y trompons pas. Si, actuel
lement, rassurés par l’œuvre de dé
fense républicaine du ministère Wal-
deck-Rousseau, la surface des flots
est tranquille, c’est-à-dire si la situa
tion intérieure montre un certain apai
sement, il est tout superficiel. On a
jeté de l’huile sur l’eau et voilà tout.
Au fond, la mer est toujours bour
beuse et sillonnée de fâcheux tourbil
lons. Pendant plus de trois années,
les mauvaises passions de la foule ont
été excitées ; l’on a fait appel à la
haine, au meurtre, à l’incendie. Des
feuilles comme la Libre Parole, comme
Y Intransigeant, comme les Croix, ou
plus tempérées comme Y Echo de Paris
et le Petit Journal, ont vomi le poi
son, injecté dans toutes les couches
sociales les pires ferments de discorde.
Croyez-vous donc qu’il soit facile de
revenir simplement, en quelques se
maines, à la conception juste et pra
tique des choses. Il faut se méfier
prudemment de l’état d instabilité
de nombreux esprits qui ont perdu
l’habitude de voir clairement et de
raisonner sagement; pour lesquels les
intérêts primordiaux de la société, du
pays tout entier, passent après de
douloureuses préoccupations de races,
de castes ; après de basses tendances,
d’inexplicables ressentiments. Oui,
prenons garde aux lames de fond.
Pour conjurer le péril, pour écarter
les tentatives des dernières heures des
régimes déchus, soubresauts de la
bête aux abois, qui, parfois, surpren
nent et déconcertent les fractions
éparses d’un grand parti, il faut ras
sembler en un seul faisceau toutes les
forces de la République. Que ceux qui
ont une foi puissante dans ses desti
nées s’entendent pour elle. Les diver
gences de vues peuvent se produire
sur la réalisation d’un plan. Le but
doit rester le même pour tous.
Et qu’on ne vienne pas suspecter
ces idées salutaires. N’est-il possible
de conserver, les uns et les autres, des
convictions intactes, unis vers un
idéal commun dominant les divisions
particulières d’école? La tâche du
jour est semblable pour ceux qui veu
lent, sans arrière-pensée, l’améliora
tion du sort des classes laborieuses,
ainsi que le développement matériel
et moral du pays. Les travailleurs
n’hésiteront pas à cette doctrine; car
ils comprennent mieux que tous autres,
que, malgré ses imperfections, le ré
gime démocratique de ces trente der
nières années, a ouvert de larges ho
rizons à leurs aspirations, non tou
jours sans heureux résultats.
Le retour aux conceptions césa
riennes, monarchiques et autoritaires
du passé serait, invariablement, la
prolongation d’un état de trouble sans
issue. L’ancien régime n’est plus
viable. Songez-y fougueux partisans
de la contre-révolution qui dissi
mulez mal vos tendances sous le mas
que du nationalisme.
Le but des républicains consiste à
faciliter l’accès aux fonctions électives
aux seules capacités susceptibles de
gérer nos affaires publiques avec hau
teur de vue et désintéressement, avec
amour du peuple, en bannissant tous
les privilèges et en se souciant de
donner à l’organisation sociale la
forme véritable que l’état de la civi
lisation permet d’accorder. Ainsi,
nous aurons accompli une œuvre
forte et saine. C’est vers elle qu’il
faut convier tous les républicains
dignes de ce nom en leur disant une
fois de plus que le secret de leur
force est dans leur entente sur les
principes intangibles.
Alf. HENRI.
LA DÉFENSE DES COLONIES
Il est superflu d’insister aujour
d’hui sur l’absolue nécessité de mettre
rapidement nos principales posses
sions lointaines en état de résister à
une attaque venant de l’extérieur et
d’exécuter avec des moyens d’action
puissants.
Le ministre des colonies n’a cessé
de se préoccuper des mesures néces
saires à leur défense, mais il n’a dis
posé jusqu’ici que de moyens d’exécu
tion insuffisants.
Le gouvernement a donc tenu à
présenter au Parlement un program
me définitif dont les bases ont été
indiquées par le comité technique mi
litaire des colonies, constitué par
décret du 1 er août 1899.
Ce programme comporte trois caté
gories de dépenses :
1° La construction et l’achèvement
des ouvrages de fortification des points
d’appui de la flotte, ainsi que de leur
armement ;
2° L’établissement des magasins de
mobilisation et d’ouvrages destinés à
protéger quelques points contre les
insultes d’un croiseur isolé, ou contre
une tentative de débarquement ayant
pour but de s’emparer de la garnison
en temps de paix. Tout en acceptant
sur ce point les conclusions du Comité
technique militaire, le Gouvernement
a pensé qu’il convenait, pour le mo
ment, de s’en tenir à la construction
des magasins de mobilisation ;
3° La construction partielle de
l’approvionnement de réserve de mu
nitions d’artillerie que l’éloignement
de nos possessions rend indispensa
bles.
Le programme occasionne une dé
pense qui se décompose de la manière
suivante :
1° Places fortes aux
colonies 45 millions
2° Magasins de mo
bilisation 2 millions
3° Constitution par
tielle d’un deuxieme ap
provisionnement de mu
nitions d’artillerie .... 8 millions
Total 55 millions
Il serait exécuté en tenant compte
des seules ressources du budget ordi
naire, dans un laps de temps aussi
réduits que possible et ne devant, en
aucun cas, excéder^çinq années.
Dn scandale dansla Magistrature
La vérité sur l’affaire Multier
Histoire de femme. — Les vicissi
tudes du juge Multiei*. —
Comment on protège
la magistrature.
Au moment où l’arrestation du juge-
doyen de Lille passionne, à juste titre,
l’opinion publique, au moment où toutes
les femmes de cœur, toutes les mères de
famille s’indignent à la pensée qu’un fils
peut avoir le courage, pour complaire à
sa maîtresse, de faire impitoyablement
jeter en prison les auteurs de ses jours,
il est de mon devoir, après avoir été
mêlé à ce sombre drame de famille, après
avoir tout fait pour en modifier le dé
nouement, de fournir aux lecteurs du
Réveil du Havre, des renseignements
précis sur cette ténébreuse affaire.
Comment un jeune homme élevé, avec
la plus grande sollicitude, par une mère
qu’il adorait comme le prouvent, du
reste, ses écrits antérieurs, a-t-il pu
tomber assez bas pour en devenir froide
ment l’accusateur ? Tel est le cri de tout
le monde et tout le monde cherche la clef
du mystère que, dans l’intérêt de la
justice et de l’humanité, je m’empresse
de donner.
Non loin de Saint-Nazaire, au milieu
des bois de pins, s’élève, sur le bord de
la mer, la station balnéaire de Pornichet.
C’est dans ce site ravissant que, pour
satisfaire une manie, le fils du baron
allemand Hertel a fondé une manufacture
de bicyclettes.
Il y a quelques années, le baronnet fit
la connaissance au Casino de Pornichet
d’une caissière beaucoup plus âgée que
lui, Mme Sabroussais qui, mariée et
mère de famille, avait abandonné époux
et enfants pour vivre à sa guise.
Le jeune homme, esprit faible et d’un
tempérament nerveux, ne tarda pas à se
laisser complètement subjuguer par sa
maîtresse qui, s’installant chez lui, prit
en mains la direction de ses affaires,
pendant que son père, le sieur Lacôte,
devenait subitement l’intendant des pro
priétés du fils Hertel.
Mais l’oiseau bleu, le petit pavillon
rose (je cite textuellement) du baron ne
pouvait se contenter des 20,000 francs de
rentes que la famille Multier faisait
annuellement au jeune homme ; il fallait
davantage pour satisfaire son luxe effrené,
aussi l’engagea-t-elle à demander des
comptes à sa mère.
C’est de cette époque que commence la
brouille, d’autant plus que, voulant, à
bon droit, sauvegarder la fortune de son
beau-fils, le juge Multier le fit pourvoir
d'un conseil judiciaire.
Alors, l’on voit entrer en scène un offi
cier d’état-major, des agents d’affaires
véreux, toute une bande noire composée,
en majeure partie, d'amis de Mme Sa
broussais. On accuse publiquement le
juge Multier d’être un faussaire ; on
lance à cet effet, des dépêches de Paris
qu’on fait lire à tous les gens de Porni
chet, dépêches immondes, qui traînent la
magistrature de Lille dans la boue, dans
la fange.
En présence de cette situation, mon
devoir était tout tracé. J’écrivis au mi
nistre de la justice et lui demandai ou de
faire arrêter immédiatement M. Multier,
s’il était reconnu faussaire, ou dans le
cas contraire, de déférer aux tribunaux
les journaux qui entachaient la réputa
tion et l’honneur d’un magistrat estimé
de tous, mais de ne point laisser suppo
ser à tout St-Nazaire et à tout Pornichet
qu’il pouvait y avoir, en France, des
juges prévaricateurs.
Le ministre se contenta d’ordonner une
enquête par... la gendarmerie, enquête
qui finit en queue de poisson.
Ainsi donc, au commencement de 1898,
le ministre de la justice, en ne donnant
pas suite à ma plainte, reconnaissait
M. Multier absolument innocent. Pour
quoi donc vient-on l’arrêter aujourd’hui,
puisque les faits incriminés remontent à
1895 ?
D’autre part, s’il est reconnu coupable
par les autorités actuelles, pourquoi le
ministre de la justice de 1898, après une
minutieuse enquête, ne l’a-t-il pas fait
arrêter ?
Si le juge de Lille, ce que je ne crois
pas, est réellement un faussaire, il a pu,
pendant deux années, le ministre et le
procureur de St-Nazaire prévenus, exer
cer son ministère et condamner les au
tres ; s’il est victime simplement de
machinations étranges, savamment étu
diées, il est pénible de constater que nos
magistrats ne sont guère protégés.
En somme, il importe essentiellement,
pour démêler la vérité exacte de ce tissu
inextricable de mensonges et d'infamies,
de se rendre compte exactement du rôle
joué par la bande noire dont se plaint
Mme Multier, et par cette Mme Sabrous
sais qui serait certes mieux auprès de
son mari et de ses enfants.
Je ferai tous mes efforts, pour con
tribuer, dans la mesure de mes faibles
moyens, à jeter un peu de clarté sur cette
bien triste affaire de famille.
Félix Thommeret
AU BON PASTEUR
LES SEMINARISTES
et le Service militaire
L 'Aurore vient de reproduire l’en
trefilet suivant, découpé dans le Pro
pagateur de la Dévotion ci Saint-Joseph :
1342.
SAINT-JOSEPH SAUVE DEUX SÉMI
NARISTES DES DANGERS DE LA CASERNE
Monsieur le comte.
Sur une des dernières livraisons du
Propagateur a paru un fait rappor
tant les faveurs spéciales que saint
Joseph a répandu sur un séminariste
qui, grâce à lui, est sous-diacre et n’a
‘pas à craindre les dangers de la ca
serne.
Aujourd’hui, nous sommes deux
séminaristes qui venons rendre publi
quement grâces à saint Joseph de sa
protection insigne sur nous.
Fendant tout le mois de mars,
nous nous sommes réunis tous les
soirs au pied de l’autel de saint Jo
seph et nous avons demandé à ce
grand saint, l'un pour l’autre, l’exemp
tion du service militaire », car nous
devions passer le conseil de révision
sous peu de jours.
Nous avions supplié saint Joseph
en lui disant que, si véritablement
Dieu veut nous avoir pour prêtres, il
faut qu’il nous préserve « de la cor
ruption de la caserne...
... Il nous faut être « préservés
de la caserne, cet amas de corruption
et d’immondices », afin que nous soyons
LE CLERGE ROMAIN
Il n’y a plus de clergé français.
Les évêques et les curés ne prétendent
relever que de Rome, ils n’ont à la
bouche et sous la plume que l’expres
sion « Direction pontificale ».
Et les Directions nationales qu’en,
font-ils ? La France, ses expirations,
son génie, les préférences des Fran
çais tout cela doit donc céder aux
caprices d’un vieillard cacochyme ou
aux idées de l’engeance internationale,
des moines ?
Malgré les efforts des libéraux, il y
a peu d’espoir que l’Eglise redevienne
patriote. N’a-t-on pas découvert que
les jeunes prêtres recevaient dans des
séminaires non pas les leçons d'autres
prêtres séculiers, mais celles des con
gréganistes non autorisés ?
Le gouvernement vient d’y mettre
ordre en ce qui concerne le diocèse de
V ersailles dont le séminaire était aux
mains des Pères Pictus (quel nom ?)
Saint-Labre devait être père de Pic-
poux.
Un de nos confrères est allé inter-
wiever le supérieur de cette congré
gation, lequel dans le feu de son mé
contentement a mangé le morceau. Il
résulte de ses déclarations que les
Pères de Picpus exploitent aussi le
séminaire de Rouen, et que seize
autres grands séminaires sont con
fiés à d’autres congrégations non au
torisées, Lazariste, Ablats de Marie
etc., etc.
Quel nettoyage à exécuter.
Qu’on nous ramène donc à l’or
donnance du saint roi Charles X du
16 juin 1828 dont l’article 2 est ainsi
conçu :
« A dater de la même époque (1 er
octobre 1828) nul ne pourra être ou
demeurer, chargé soit de la Direction,
soit de l’Enseignement dans une des
assez purs pour nous approcher du
Dieu de l’Eucharistie...
Nous avons eu confiance ; nous
avons été éxaucés.
Merci mille fois, saint Joseph !
Deux séminaristes, deux prêtres,
vous remercieront sans cesse du « grand
bienfait » que vous leur avez accordé :
de les avoir soustrait au danger de la
caserne, « bien que nous eussions des
chances d’être pris » pour le service
militaire, surtout l’un de nous qui a
été sauvé d’une manière étonnante (?).
Quant un républicain parle de la
« corruption de la caserne », on le
traite de sans-patrie. Les séminaris
tes, eux, peuvent le faire impunément
sans encourir le même reproche. Us
montrent leur affection pour l’armée
en invoquant saint Joseph, qui par
vient (!) à les en exempter.
Ces deux séminaristes ont décidé
ment toutes les qualités requises pour
faire d’excellents nationalistes.
Dans son audience du 15 février,
le tribunal correctionnel d’Angers a
entendu des témoignages accablants
sur les traitements infligés aux fillettes
orphelines dans la maison congréga
niste du Bon Pasteur. Comme sanc
tion insuffisante, la fille Henriette
Mouchard, ex-sœur Saint-Pacôœe,
convaincue d’avoir brutalisé les en
fants, a été condamnée à six jours de
prison, et 50 fr. d’amende.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi U lévrier 1900.
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction ï. thomïiieret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à forfait
PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL BU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anii-
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
LAMES DE FOND
Le titre que j’invoque pourrait faire
croire que je veuille traiter quelque
sujet maritime. Ce n’est pas de cela
qu’il s’agit. Je parlerai, cependant,
d’un point aussi vaste que la mer,
souvent aussi ténébreux qu’elle, dans
la nuit des tempêtes; toujours aussi
dangereux, même quand le calme
plat paraît succéder aux flots agités
que l’ouragan avait déchaînés, car il
existe des récifs insondables, des lames
de fond perfides qui surgissent tout à
coup, surprenant les imprévoyants.
Un point sur lequel les journaux
chaque jour versent des ruisseaux
d’encre, qui divise les uns, rassemble
les autres; vers lequel, enfin, je re
viendrai, dussc-je prêcher dans le
désert. Nous devons nous préoccuper
de la situation politique du pays, en
ce qui touche son intérêt matériel et
moral.
Je ne reviendrai pas sur l’affaire
Dreyfus elle-même. Il est certain que
lors des élections prochaines qui se
débattront en France, elle ne saurait
constituer un programme municipal.
La question est plus haute, en ce
qu’elle la dépasse. 11 importe de se
soucier, avant tout, de la défense de
la République. La réaction est tou
jours aux aguets ; elle nous a montré,
dans les élections sénatoriales de la
Seine-Inférieure, par un de ces coups
de surprise dans lesquels elle est
passée maîtresse, le parti quelle sait
tirer du trouble et de l’équivoque.
Ne nous y trompons pas. Si, actuel
lement, rassurés par l’œuvre de dé
fense républicaine du ministère Wal-
deck-Rousseau, la surface des flots
est tranquille, c’est-à-dire si la situa
tion intérieure montre un certain apai
sement, il est tout superficiel. On a
jeté de l’huile sur l’eau et voilà tout.
Au fond, la mer est toujours bour
beuse et sillonnée de fâcheux tourbil
lons. Pendant plus de trois années,
les mauvaises passions de la foule ont
été excitées ; l’on a fait appel à la
haine, au meurtre, à l’incendie. Des
feuilles comme la Libre Parole, comme
Y Intransigeant, comme les Croix, ou
plus tempérées comme Y Echo de Paris
et le Petit Journal, ont vomi le poi
son, injecté dans toutes les couches
sociales les pires ferments de discorde.
Croyez-vous donc qu’il soit facile de
revenir simplement, en quelques se
maines, à la conception juste et pra
tique des choses. Il faut se méfier
prudemment de l’état d instabilité
de nombreux esprits qui ont perdu
l’habitude de voir clairement et de
raisonner sagement; pour lesquels les
intérêts primordiaux de la société, du
pays tout entier, passent après de
douloureuses préoccupations de races,
de castes ; après de basses tendances,
d’inexplicables ressentiments. Oui,
prenons garde aux lames de fond.
Pour conjurer le péril, pour écarter
les tentatives des dernières heures des
régimes déchus, soubresauts de la
bête aux abois, qui, parfois, surpren
nent et déconcertent les fractions
éparses d’un grand parti, il faut ras
sembler en un seul faisceau toutes les
forces de la République. Que ceux qui
ont une foi puissante dans ses desti
nées s’entendent pour elle. Les diver
gences de vues peuvent se produire
sur la réalisation d’un plan. Le but
doit rester le même pour tous.
Et qu’on ne vienne pas suspecter
ces idées salutaires. N’est-il possible
de conserver, les uns et les autres, des
convictions intactes, unis vers un
idéal commun dominant les divisions
particulières d’école? La tâche du
jour est semblable pour ceux qui veu
lent, sans arrière-pensée, l’améliora
tion du sort des classes laborieuses,
ainsi que le développement matériel
et moral du pays. Les travailleurs
n’hésiteront pas à cette doctrine; car
ils comprennent mieux que tous autres,
que, malgré ses imperfections, le ré
gime démocratique de ces trente der
nières années, a ouvert de larges ho
rizons à leurs aspirations, non tou
jours sans heureux résultats.
Le retour aux conceptions césa
riennes, monarchiques et autoritaires
du passé serait, invariablement, la
prolongation d’un état de trouble sans
issue. L’ancien régime n’est plus
viable. Songez-y fougueux partisans
de la contre-révolution qui dissi
mulez mal vos tendances sous le mas
que du nationalisme.
Le but des républicains consiste à
faciliter l’accès aux fonctions électives
aux seules capacités susceptibles de
gérer nos affaires publiques avec hau
teur de vue et désintéressement, avec
amour du peuple, en bannissant tous
les privilèges et en se souciant de
donner à l’organisation sociale la
forme véritable que l’état de la civi
lisation permet d’accorder. Ainsi,
nous aurons accompli une œuvre
forte et saine. C’est vers elle qu’il
faut convier tous les républicains
dignes de ce nom en leur disant une
fois de plus que le secret de leur
force est dans leur entente sur les
principes intangibles.
Alf. HENRI.
LA DÉFENSE DES COLONIES
Il est superflu d’insister aujour
d’hui sur l’absolue nécessité de mettre
rapidement nos principales posses
sions lointaines en état de résister à
une attaque venant de l’extérieur et
d’exécuter avec des moyens d’action
puissants.
Le ministre des colonies n’a cessé
de se préoccuper des mesures néces
saires à leur défense, mais il n’a dis
posé jusqu’ici que de moyens d’exécu
tion insuffisants.
Le gouvernement a donc tenu à
présenter au Parlement un program
me définitif dont les bases ont été
indiquées par le comité technique mi
litaire des colonies, constitué par
décret du 1 er août 1899.
Ce programme comporte trois caté
gories de dépenses :
1° La construction et l’achèvement
des ouvrages de fortification des points
d’appui de la flotte, ainsi que de leur
armement ;
2° L’établissement des magasins de
mobilisation et d’ouvrages destinés à
protéger quelques points contre les
insultes d’un croiseur isolé, ou contre
une tentative de débarquement ayant
pour but de s’emparer de la garnison
en temps de paix. Tout en acceptant
sur ce point les conclusions du Comité
technique militaire, le Gouvernement
a pensé qu’il convenait, pour le mo
ment, de s’en tenir à la construction
des magasins de mobilisation ;
3° La construction partielle de
l’approvionnement de réserve de mu
nitions d’artillerie que l’éloignement
de nos possessions rend indispensa
bles.
Le programme occasionne une dé
pense qui se décompose de la manière
suivante :
1° Places fortes aux
colonies 45 millions
2° Magasins de mo
bilisation 2 millions
3° Constitution par
tielle d’un deuxieme ap
provisionnement de mu
nitions d’artillerie .... 8 millions
Total 55 millions
Il serait exécuté en tenant compte
des seules ressources du budget ordi
naire, dans un laps de temps aussi
réduits que possible et ne devant, en
aucun cas, excéder^çinq années.
Dn scandale dansla Magistrature
La vérité sur l’affaire Multier
Histoire de femme. — Les vicissi
tudes du juge Multiei*. —
Comment on protège
la magistrature.
Au moment où l’arrestation du juge-
doyen de Lille passionne, à juste titre,
l’opinion publique, au moment où toutes
les femmes de cœur, toutes les mères de
famille s’indignent à la pensée qu’un fils
peut avoir le courage, pour complaire à
sa maîtresse, de faire impitoyablement
jeter en prison les auteurs de ses jours,
il est de mon devoir, après avoir été
mêlé à ce sombre drame de famille, après
avoir tout fait pour en modifier le dé
nouement, de fournir aux lecteurs du
Réveil du Havre, des renseignements
précis sur cette ténébreuse affaire.
Comment un jeune homme élevé, avec
la plus grande sollicitude, par une mère
qu’il adorait comme le prouvent, du
reste, ses écrits antérieurs, a-t-il pu
tomber assez bas pour en devenir froide
ment l’accusateur ? Tel est le cri de tout
le monde et tout le monde cherche la clef
du mystère que, dans l’intérêt de la
justice et de l’humanité, je m’empresse
de donner.
Non loin de Saint-Nazaire, au milieu
des bois de pins, s’élève, sur le bord de
la mer, la station balnéaire de Pornichet.
C’est dans ce site ravissant que, pour
satisfaire une manie, le fils du baron
allemand Hertel a fondé une manufacture
de bicyclettes.
Il y a quelques années, le baronnet fit
la connaissance au Casino de Pornichet
d’une caissière beaucoup plus âgée que
lui, Mme Sabroussais qui, mariée et
mère de famille, avait abandonné époux
et enfants pour vivre à sa guise.
Le jeune homme, esprit faible et d’un
tempérament nerveux, ne tarda pas à se
laisser complètement subjuguer par sa
maîtresse qui, s’installant chez lui, prit
en mains la direction de ses affaires,
pendant que son père, le sieur Lacôte,
devenait subitement l’intendant des pro
priétés du fils Hertel.
Mais l’oiseau bleu, le petit pavillon
rose (je cite textuellement) du baron ne
pouvait se contenter des 20,000 francs de
rentes que la famille Multier faisait
annuellement au jeune homme ; il fallait
davantage pour satisfaire son luxe effrené,
aussi l’engagea-t-elle à demander des
comptes à sa mère.
C’est de cette époque que commence la
brouille, d’autant plus que, voulant, à
bon droit, sauvegarder la fortune de son
beau-fils, le juge Multier le fit pourvoir
d'un conseil judiciaire.
Alors, l’on voit entrer en scène un offi
cier d’état-major, des agents d’affaires
véreux, toute une bande noire composée,
en majeure partie, d'amis de Mme Sa
broussais. On accuse publiquement le
juge Multier d’être un faussaire ; on
lance à cet effet, des dépêches de Paris
qu’on fait lire à tous les gens de Porni
chet, dépêches immondes, qui traînent la
magistrature de Lille dans la boue, dans
la fange.
En présence de cette situation, mon
devoir était tout tracé. J’écrivis au mi
nistre de la justice et lui demandai ou de
faire arrêter immédiatement M. Multier,
s’il était reconnu faussaire, ou dans le
cas contraire, de déférer aux tribunaux
les journaux qui entachaient la réputa
tion et l’honneur d’un magistrat estimé
de tous, mais de ne point laisser suppo
ser à tout St-Nazaire et à tout Pornichet
qu’il pouvait y avoir, en France, des
juges prévaricateurs.
Le ministre se contenta d’ordonner une
enquête par... la gendarmerie, enquête
qui finit en queue de poisson.
Ainsi donc, au commencement de 1898,
le ministre de la justice, en ne donnant
pas suite à ma plainte, reconnaissait
M. Multier absolument innocent. Pour
quoi donc vient-on l’arrêter aujourd’hui,
puisque les faits incriminés remontent à
1895 ?
D’autre part, s’il est reconnu coupable
par les autorités actuelles, pourquoi le
ministre de la justice de 1898, après une
minutieuse enquête, ne l’a-t-il pas fait
arrêter ?
Si le juge de Lille, ce que je ne crois
pas, est réellement un faussaire, il a pu,
pendant deux années, le ministre et le
procureur de St-Nazaire prévenus, exer
cer son ministère et condamner les au
tres ; s’il est victime simplement de
machinations étranges, savamment étu
diées, il est pénible de constater que nos
magistrats ne sont guère protégés.
En somme, il importe essentiellement,
pour démêler la vérité exacte de ce tissu
inextricable de mensonges et d'infamies,
de se rendre compte exactement du rôle
joué par la bande noire dont se plaint
Mme Multier, et par cette Mme Sabrous
sais qui serait certes mieux auprès de
son mari et de ses enfants.
Je ferai tous mes efforts, pour con
tribuer, dans la mesure de mes faibles
moyens, à jeter un peu de clarté sur cette
bien triste affaire de famille.
Félix Thommeret
AU BON PASTEUR
LES SEMINARISTES
et le Service militaire
L 'Aurore vient de reproduire l’en
trefilet suivant, découpé dans le Pro
pagateur de la Dévotion ci Saint-Joseph :
1342.
SAINT-JOSEPH SAUVE DEUX SÉMI
NARISTES DES DANGERS DE LA CASERNE
Monsieur le comte.
Sur une des dernières livraisons du
Propagateur a paru un fait rappor
tant les faveurs spéciales que saint
Joseph a répandu sur un séminariste
qui, grâce à lui, est sous-diacre et n’a
‘pas à craindre les dangers de la ca
serne.
Aujourd’hui, nous sommes deux
séminaristes qui venons rendre publi
quement grâces à saint Joseph de sa
protection insigne sur nous.
Fendant tout le mois de mars,
nous nous sommes réunis tous les
soirs au pied de l’autel de saint Jo
seph et nous avons demandé à ce
grand saint, l'un pour l’autre, l’exemp
tion du service militaire », car nous
devions passer le conseil de révision
sous peu de jours.
Nous avions supplié saint Joseph
en lui disant que, si véritablement
Dieu veut nous avoir pour prêtres, il
faut qu’il nous préserve « de la cor
ruption de la caserne...
... Il nous faut être « préservés
de la caserne, cet amas de corruption
et d’immondices », afin que nous soyons
LE CLERGE ROMAIN
Il n’y a plus de clergé français.
Les évêques et les curés ne prétendent
relever que de Rome, ils n’ont à la
bouche et sous la plume que l’expres
sion « Direction pontificale ».
Et les Directions nationales qu’en,
font-ils ? La France, ses expirations,
son génie, les préférences des Fran
çais tout cela doit donc céder aux
caprices d’un vieillard cacochyme ou
aux idées de l’engeance internationale,
des moines ?
Malgré les efforts des libéraux, il y
a peu d’espoir que l’Eglise redevienne
patriote. N’a-t-on pas découvert que
les jeunes prêtres recevaient dans des
séminaires non pas les leçons d'autres
prêtres séculiers, mais celles des con
gréganistes non autorisés ?
Le gouvernement vient d’y mettre
ordre en ce qui concerne le diocèse de
V ersailles dont le séminaire était aux
mains des Pères Pictus (quel nom ?)
Saint-Labre devait être père de Pic-
poux.
Un de nos confrères est allé inter-
wiever le supérieur de cette congré
gation, lequel dans le feu de son mé
contentement a mangé le morceau. Il
résulte de ses déclarations que les
Pères de Picpus exploitent aussi le
séminaire de Rouen, et que seize
autres grands séminaires sont con
fiés à d’autres congrégations non au
torisées, Lazariste, Ablats de Marie
etc., etc.
Quel nettoyage à exécuter.
Qu’on nous ramène donc à l’or
donnance du saint roi Charles X du
16 juin 1828 dont l’article 2 est ainsi
conçu :
« A dater de la même époque (1 er
octobre 1828) nul ne pourra être ou
demeurer, chargé soit de la Direction,
soit de l’Enseignement dans une des
assez purs pour nous approcher du
Dieu de l’Eucharistie...
Nous avons eu confiance ; nous
avons été éxaucés.
Merci mille fois, saint Joseph !
Deux séminaristes, deux prêtres,
vous remercieront sans cesse du « grand
bienfait » que vous leur avez accordé :
de les avoir soustrait au danger de la
caserne, « bien que nous eussions des
chances d’être pris » pour le service
militaire, surtout l’un de nous qui a
été sauvé d’une manière étonnante (?).
Quant un républicain parle de la
« corruption de la caserne », on le
traite de sans-patrie. Les séminaris
tes, eux, peuvent le faire impunément
sans encourir le même reproche. Us
montrent leur affection pour l’armée
en invoquant saint Joseph, qui par
vient (!) à les en exempter.
Ces deux séminaristes ont décidé
ment toutes les qualités requises pour
faire d’excellents nationalistes.
Dans son audience du 15 février,
le tribunal correctionnel d’Angers a
entendu des témoignages accablants
sur les traitements infligés aux fillettes
orphelines dans la maison congréga
niste du Bon Pasteur. Comme sanc
tion insuffisante, la fille Henriette
Mouchard, ex-sœur Saint-Pacôœe,
convaincue d’avoir brutalisé les en
fants, a été condamnée à six jours de
prison, et 50 fr. d’amende.
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