Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-01-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 janvier 1900 27 janvier 1900
Description : 1900/01/27 (N196). 1900/01/27 (N196).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633955
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année — N® 196.
CINQ CENTIMES LE NUMERO W Samedi 27 Janvier 190#.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction.... F. THOllliERET
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
I
=
Prix des Insertions :
i 5
Annonces .
Réclames...
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL BU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
i. n»m i rispal
ET LES
ASSOMPTIONNISTES
MM. Rispal et Brindeau ont enfin
jeté le masque. Ils ne se contentent
plus de faire œuvre de réactionnai
res en unissant, contre le ministère
de défense républicaine, leurs bulle
tins à ceux de la droite. Ils se sont
définitivement embrigadés dans le
parti sans nom qui marche la main
dans la main avec les Lasies, les
Charles Bernard et les Morinaud.
Leurs votes de mercredi dernier,
dans l’ûiterpellation relative à l’in
cident Bulot, ne peuvent laisser
aucun doute sur ce point.
On les connaissait comme des
alliés de vieille date de la réac
tion cléricale dans notre ville. On
savait leurs accointances avec les
congréganistes, lorsqu’ils s’opposè
rent, avec l’ardeur que l’on se rap
pelle, à la laïcisation du Bureau de
bienfaisance du Havre. Cela valut
même à M. Louis Brindeau une de
ces. belles majorités ou l’incons-,
cience des républicains s’additionnait
avec les voix cléricales, ces derniè
res parfaitement au courant des
pactes conclus dans la coulisse.
. Ces deux députés d’une région
qui élut jadis des démocrates, de
vaient à leurs nouveaux alliés de
faire un pas de plus dans la voie du
cléricalisme militant. Ce pas, ils
viennent de le faire.
Il s’est trouvé à la Chambre 214
députés contre une majorité répu
blicaine de 319 voix, pour tendre la
main aux congréganistes qui vivent
sur le fond inépuisable de la crédu
lité publique, en exploitant le pain de
Saint-Antoine. C’est parmi ces 214
que MM. Brindeau et Rispal vont se
ranger, à la suite de leur ami Mé-
line, l’ennemi acharné du Havre.
Il s’agissait d’empêcher, par une
manœuvre habile du Parlement, la
condamnation desAssomptionnistes.
Le prétexte était tout trouvé. Le
Procureur de la République Bulot
avait cité une feuille cléricale qui
s’était vantée d’avoir comme proté
gés des gens du centre, et qui affir
mait qn’un certain nombre de dépu
tés avaient aux élections de Mai
1898, fait un pacte avec les Croix
qui, d’un bout à l’autre de la France,
injurient les républicains.
La feuille en question citait des
noms que M. Bulot avait lus en plein
tribunal. C’était son droit et même
son devoir de magistrat obligé à
présenter une cause sous toutes ses
faces.
Ce sans gêne était, paraît-il, in
tolérable ! La dignité du Parlement
recevait une grave atteinte, cette
vieille dignité qui, semble-t-il, a
fait des progrès depuis qne nous ne
voyons plus de députés du crû por
tant à la gare du Havre le parapluie
la valise et le pardessus mastic de
M. Félix Faure !
Aussi ça été un beau concert de
coassements parmi les grenouilles du
centre qui demandent au roi Méline
de reprendre ce spectre qui se ter
minait si gracieusement en goupil
lon. On violait leur dignité, leur in
dépendance, songe un peu, ma
chère !
Mais leurs amis Lasies et Bernard
ayant fait trop de tapage, les
hommes du centre, les Brindeau-
Rispal du Morbihan et des Charentes
en ont été pour leurs frais. Leur
échec a été plutôt piteux. Plaignez-
les !
Ce qui n’empêche pas M. Louis
Brindeau qui se soulage dans le
Journal du Havre , sous le nom de
Martineau, — nous allions écrire
Morinaud, — de déclarer dans son
dernier article, ainsi qu’il le fait
chaque fois que lui et ses amis
viennent de recevoir l’abominable
raclée : « Malgré la majorité qu’il a
obtenue, |le gouvernement sort, en
somme, diminué de cette séance. >
Pas variés, vos clichés, jeune
homme !
M. Louis Brindeau a d’ailleurs un
procédé commode pour détourner
sur autrui l’averse qui pleut si
abondamment sur lui et ses amis.
11 écrit ceci qui montre comment les
opportuno-réactionnaires racontent
Lhistoire : « Si l’on en croit quelques-
uns des orateurs d’aujourd’hui, un
certain nombre de radicaux, et
même de socialistes, auraient été,
aux élections générales dernières,
soutenus par le journal La Croix
ou ses amis. »
M. Louis Brindeau a la mémoire
courte. Nous pourrions lui rappeler
que son principal agent électoral,
dans sa circonscription, a été M.
l’abbé Palfray, de Saint-Romain,
qui ne paraît pas un adversaire bien
redoutable des Assomptionnistes, ses
frères en soutane. Mais choisissons
un exemple moins personnel et lais
sons de côté M. l’abbé Palfray et
son haut patronage clérical de la
candidature Brindeau.
M. Louis Brindeau, qui opérait
en avril et mai 1898 dans la seconde
circonscription du Havre, connaî
trait-il, par hasard, un nommé
Auguste Rispal, député sortant, qui
opérait à la même époque dans la
première circonscription? Qu’il aille
se renseigner auprès de cette étoile
de première grandeur du firmament
parlementaire ou elle est connu*!
sous le nom essentiellement milita
riste de « Gendarme ». Vive
l’armée, Monsieur !
Qu’il interroge le dit Rispal, et il
apprendra de sa bouche que, dans
la semaine qui a précédé l’élection,
le Gendarme en question a été men
dier les suffrages des hommes de La
Croix , et a été négocier avec la
section havraise recevant son mot
d’ordre des Assomptionnistes.
Oui, M. Louis Brindeau, vous qui
faites l’ignorant, vous apprendrez
que votre ami et frère Siamois Rispal
a fait précisément, dans la circons
cription que vous habitez et que
vous paraissez si mal connaître, ce
que vous reprochez aux radicaux et
aux socialistes d’avoir tenté.
D’ailleurs, n’est-ce pas une insi
nuation ridicule que d’accuser d’al
liance avec les congréganistes le
parti qui poursuit les congréganistes
d’une haine légitime et raisonnée?
Restez donc, M. Louis Brindeau,
avec vos alliés les cléricaux ! Restez-
y en compagnie de votre ami M.
Rispal. Et, une autre fois, quand
vous vous mêlerez deparler de corde,
ne le faites pas dans la maison d’un
pendu. VERUS.
Chez les Pères Assomptionnistes
Voulant donner aux lecteurs du
Réveil une idée nette et précise de
l’émotion causée chez les Assomption
nistes par la condamnation qui vient
de les frapper, je me suis rendu aus
sitôt rue François-I er .
A l’heure où je pénètre chez les
R. Pères, une foule élégante et choisie
se presse, s’écrase littéralement sous
les parloirs, c’est vous dire que, pour
être reçu, il faut montrer patte blan
che. Il y a là de jeunes et jolies fem
mes qui viennent présenter aux As
somptionnistes leurs vifs sentiments
de condoléances, quelques vieux gâ
teux et des journalistes en quête de
nouvelles sensationnelles. L’élément
féminin domine et tout ce petit monde
qui fleure bon, caquette à qui mieux
mieux : « Oui, ma chère, c’est abso
lument odieux... oh ! si j’étais la
femme du juge qui a osé prononcer un
semblable jugement ! ».
On se rend bien compte, par les
conversations diverses qui s’échan
gent, que les femmes sont absolument
fanatisées par les bons Pères.
Un jeune religieux s’avance vers
nous et, comme nous lui demandons
ses impressions, il nous répond, avec
un sourire méprisait : « Nous ne
sommes point surpris d’être condam
nés ; nous irons en appel, en cassa
tion, mais, quoiqu’il advienne, on ne
nous empêchera jamais de nous réu
nir, ni de continuer notre œuvre. Si
on ferme la communauté de la rue
François-I cr , nous travaillerons ail
leurs, dans une cave, dans un gre
nier ».
En réalité, les Assomptionnistes
sont persuadés que la thèse du procu
reur Bulot est insoutenable en droit.
C’est ce qui leur donne encore le droit
de sourire, g
Félix Thommeret.
Elections Sénatoriales
du 28 Janvier
Nos Candidats
Bien que nous ayons à regretter
l’inconcevable attitude de quelques
candidats dont la profession de foi
équivoque n’a pas eu le courage de
traiter nettement la situation poli
tique du pays ; bien que nous n’ap
prouvions pas plus les déclarations
protectionnistes de M. Gervais que
ses opinions tardigrades ; bien que la
reculade et les hésitations de M.
Siegfried, timoré par je ne sais quel
cauchemar, lui aient attiré la répro
bation des sincères républicains ;
Au nom de la République menacée
dans la Seine-Inférieüre,
Au nom de la discipline républi
caine qui plane au-dessus des partis
consécutifs,
Nous conseillons de voter pour les
citoyens :
ORANGE, radical-socialiste
SIEGFRIED, progressiste
LESOUEF, »
GERVAIS, »
La candidature Orange
On nous communique la note sui
vante :
« Les délégués sénatoriaux de Sot
te ville, réunis le samedi 20 janvier,
ayant reconnu, après examen, que plu
sieurs des sénateurs sortants sollici
tant leurs suffrages, ne leur présen
taient pas des garanties suffisantes au
point de vue républicain, et après
avoir entendu le citoyen Orange, con
seiller général, ont décidé de voter
pour lui.
« Ils prient instamment les délé
gués sénatoriaux véritablement répu
blicains de lui donner leurs suffrages.
« Cette manifestation est d’autant
plus nécessaire que le gouvernement
de défense républicaine, qui a résolu
ment barré la route à toutes les en
treprises ayant pour but le renverse
ment de la Répuqlique, est actuelle
ment et plus que jamais battu en
brèche, non seulement par les mo
narchistes, ralliés, nationalistes, mais
par divers républicains qui l’avaient
jusqu’ici soutenu, et font passer ce
qu’ils croient leur intérêt électoral
avant l’intérêt de la République.
« Sincères républicains, debout et
votez avec nous pour Orange.
« Les délégués sénatoriaux
de Sotteville ». »
Des bulletins de vote au nom du ci
toyen Orange seront distribués dans la
cour de la Préfecture le jour de l’élection.
Nous sommes heureux d’annoncer
à nos amis, qui l’ont d’ailleurs peut
être appris déjà par les journaux quo
tidiens, que M. Orange, Conseiller
général de Rouen, appartenant au
parti radical-socialiste, a décidé de
poser sa candidature aux élections
sénatoriales.
Nous envisageons cette candida
ture, que M. Orange a acceptée sur
l’insistance de ses amis politiques,
comme une protestation nécessaire
contre l’attitudç, tantôt équivoque,
tantôt ouvertement réactionnaire, des
sénateurs sortants. Le bloc Fortier-
Lesouef-Siegfried-Waddington qui a
la prétention de s’imposer aux élec
teurs sénatoriaux, paraît avoir ou
blié que, malgré les agissements réac
tionnaires d’un préfet qui a sans cesse
encouragé la réaction, au point de
transformer notre département en une
sorte de Morbihan, il reste encore
assez de démocrates pour imposer, à
un moment donné, sinon toutes leurs
volontés, du moins les conditions de
leur concours.
Si le bloc parle comme les Mont-
fort, les Legrand, les Bagneux, com
ment veut-il que le corps électoral se
passionne peur sa réussite ?
Messieurs les sénateurs sortants, si
vous voulez profiter de la discipline
républicaine, agissez en républicains.
N’empruntez pas aux nationalistes
leur langage. Il pturrait vous en
cuire.
Un électeur Sénatorial.
LE CAS DE M. SIEGFRIED
L’ambition politique inspire d’é
tranges attitudes et qui sont bien
faites, non seulement, pour déconcer
ter, mais encore pour dégoûter les
honnêtes gens, nous voulons parler
de ceux qui croient au désintéresse
ment, à la probité, à l’unité de cons
cience.
Nos concitoyens, et avec eux tout
le département de la Seine-Inférieure,
ont assisté à ce spectacle lamentable
d’un homme politique reniant, dix
jours avant l’élection, des idées qui
avaient toujours semblé à tous, même
à ses adversaires, l’expression sincère
et courageuse d’une conviction pro
fonde.
Il a suffi que, dans le Congrès sé
natorial de Rouen, la question Drey
fus ait été soulevée, pour que M.
Siegfried ait soudain effectué la volte
face la plus déconcertante.
Et notez que la question était posée
par M. Acher, dans des termes inac
ceptables et quelque peu ridicules, ce
qui indique que cet électeur sénatorial
n’était pas au courant de la question
qu’il posait. M. Acher demandait, en
effet, que Dreyfus fût excepté de la
loi d’amnistie. Or, il n’est pas d’en
fant de deux ans qui ne sache que
Dreyfus refuse absolument l’amnistie
qu’on lui offre.
Far conséquent, cette question
étant moins qu’enfantine, M. Siegfried
pouvait y répondre catégoriquement,
sans rien renier de son passé, sans
rien compromettre de sa candidature
sénatoriale.
Au lieu de cela, M. Siegfried, inti
midé sans doute par deux ou trois
douzaines de ruraux, abrutis par la
lecture des articles du Petit Journal,
s’est réfugié dans l’équivoque.
Mais un malheur ne vient jamais
seul, et l’on est parfois puni par où
l’on a péché.
Un homme dont M. Siegfried a fait
la fortune politique, qu’il est allé ar
racher à sa ferraille pour en faire le
fléau de nos finances municipales ; un
homme aussi nul comme orateur que
comme administrateur, qui ne saurait
pas exprimer son idée en deux phra
ses qui se suivent et qui soient polies ;
M. Rispal, pour ne pas le nommer
par son prénom, a trouvé l’occasion
bonne pour faire l’intéressant et jouer
aux fiers-à-bras électoraux. Lui, dont
on a vu s’arrondir le dos flexible tour
à tour devant les Floquet, les Brisson,
les Félix Faure, les Méline, suivant
les fantaisies de sa nature impulsive
ou les appétits de sa boutonnière, il
s’est posé en oracle des scrutins, en
Sibylle sénatoriale.
CINQ CENTIMES LE NUMERO W Samedi 27 Janvier 190#.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction.... F. THOllliERET
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
I
=
Prix des Insertions :
i 5
Annonces .
Réclames...
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL BU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
i. n»m i rispal
ET LES
ASSOMPTIONNISTES
MM. Rispal et Brindeau ont enfin
jeté le masque. Ils ne se contentent
plus de faire œuvre de réactionnai
res en unissant, contre le ministère
de défense républicaine, leurs bulle
tins à ceux de la droite. Ils se sont
définitivement embrigadés dans le
parti sans nom qui marche la main
dans la main avec les Lasies, les
Charles Bernard et les Morinaud.
Leurs votes de mercredi dernier,
dans l’ûiterpellation relative à l’in
cident Bulot, ne peuvent laisser
aucun doute sur ce point.
On les connaissait comme des
alliés de vieille date de la réac
tion cléricale dans notre ville. On
savait leurs accointances avec les
congréganistes, lorsqu’ils s’opposè
rent, avec l’ardeur que l’on se rap
pelle, à la laïcisation du Bureau de
bienfaisance du Havre. Cela valut
même à M. Louis Brindeau une de
ces. belles majorités ou l’incons-,
cience des républicains s’additionnait
avec les voix cléricales, ces derniè
res parfaitement au courant des
pactes conclus dans la coulisse.
. Ces deux députés d’une région
qui élut jadis des démocrates, de
vaient à leurs nouveaux alliés de
faire un pas de plus dans la voie du
cléricalisme militant. Ce pas, ils
viennent de le faire.
Il s’est trouvé à la Chambre 214
députés contre une majorité répu
blicaine de 319 voix, pour tendre la
main aux congréganistes qui vivent
sur le fond inépuisable de la crédu
lité publique, en exploitant le pain de
Saint-Antoine. C’est parmi ces 214
que MM. Brindeau et Rispal vont se
ranger, à la suite de leur ami Mé-
line, l’ennemi acharné du Havre.
Il s’agissait d’empêcher, par une
manœuvre habile du Parlement, la
condamnation desAssomptionnistes.
Le prétexte était tout trouvé. Le
Procureur de la République Bulot
avait cité une feuille cléricale qui
s’était vantée d’avoir comme proté
gés des gens du centre, et qui affir
mait qn’un certain nombre de dépu
tés avaient aux élections de Mai
1898, fait un pacte avec les Croix
qui, d’un bout à l’autre de la France,
injurient les républicains.
La feuille en question citait des
noms que M. Bulot avait lus en plein
tribunal. C’était son droit et même
son devoir de magistrat obligé à
présenter une cause sous toutes ses
faces.
Ce sans gêne était, paraît-il, in
tolérable ! La dignité du Parlement
recevait une grave atteinte, cette
vieille dignité qui, semble-t-il, a
fait des progrès depuis qne nous ne
voyons plus de députés du crû por
tant à la gare du Havre le parapluie
la valise et le pardessus mastic de
M. Félix Faure !
Aussi ça été un beau concert de
coassements parmi les grenouilles du
centre qui demandent au roi Méline
de reprendre ce spectre qui se ter
minait si gracieusement en goupil
lon. On violait leur dignité, leur in
dépendance, songe un peu, ma
chère !
Mais leurs amis Lasies et Bernard
ayant fait trop de tapage, les
hommes du centre, les Brindeau-
Rispal du Morbihan et des Charentes
en ont été pour leurs frais. Leur
échec a été plutôt piteux. Plaignez-
les !
Ce qui n’empêche pas M. Louis
Brindeau qui se soulage dans le
Journal du Havre , sous le nom de
Martineau, — nous allions écrire
Morinaud, — de déclarer dans son
dernier article, ainsi qu’il le fait
chaque fois que lui et ses amis
viennent de recevoir l’abominable
raclée : « Malgré la majorité qu’il a
obtenue, |le gouvernement sort, en
somme, diminué de cette séance. >
Pas variés, vos clichés, jeune
homme !
M. Louis Brindeau a d’ailleurs un
procédé commode pour détourner
sur autrui l’averse qui pleut si
abondamment sur lui et ses amis.
11 écrit ceci qui montre comment les
opportuno-réactionnaires racontent
Lhistoire : « Si l’on en croit quelques-
uns des orateurs d’aujourd’hui, un
certain nombre de radicaux, et
même de socialistes, auraient été,
aux élections générales dernières,
soutenus par le journal La Croix
ou ses amis. »
M. Louis Brindeau a la mémoire
courte. Nous pourrions lui rappeler
que son principal agent électoral,
dans sa circonscription, a été M.
l’abbé Palfray, de Saint-Romain,
qui ne paraît pas un adversaire bien
redoutable des Assomptionnistes, ses
frères en soutane. Mais choisissons
un exemple moins personnel et lais
sons de côté M. l’abbé Palfray et
son haut patronage clérical de la
candidature Brindeau.
M. Louis Brindeau, qui opérait
en avril et mai 1898 dans la seconde
circonscription du Havre, connaî
trait-il, par hasard, un nommé
Auguste Rispal, député sortant, qui
opérait à la même époque dans la
première circonscription? Qu’il aille
se renseigner auprès de cette étoile
de première grandeur du firmament
parlementaire ou elle est connu*!
sous le nom essentiellement milita
riste de « Gendarme ». Vive
l’armée, Monsieur !
Qu’il interroge le dit Rispal, et il
apprendra de sa bouche que, dans
la semaine qui a précédé l’élection,
le Gendarme en question a été men
dier les suffrages des hommes de La
Croix , et a été négocier avec la
section havraise recevant son mot
d’ordre des Assomptionnistes.
Oui, M. Louis Brindeau, vous qui
faites l’ignorant, vous apprendrez
que votre ami et frère Siamois Rispal
a fait précisément, dans la circons
cription que vous habitez et que
vous paraissez si mal connaître, ce
que vous reprochez aux radicaux et
aux socialistes d’avoir tenté.
D’ailleurs, n’est-ce pas une insi
nuation ridicule que d’accuser d’al
liance avec les congréganistes le
parti qui poursuit les congréganistes
d’une haine légitime et raisonnée?
Restez donc, M. Louis Brindeau,
avec vos alliés les cléricaux ! Restez-
y en compagnie de votre ami M.
Rispal. Et, une autre fois, quand
vous vous mêlerez deparler de corde,
ne le faites pas dans la maison d’un
pendu. VERUS.
Chez les Pères Assomptionnistes
Voulant donner aux lecteurs du
Réveil une idée nette et précise de
l’émotion causée chez les Assomption
nistes par la condamnation qui vient
de les frapper, je me suis rendu aus
sitôt rue François-I er .
A l’heure où je pénètre chez les
R. Pères, une foule élégante et choisie
se presse, s’écrase littéralement sous
les parloirs, c’est vous dire que, pour
être reçu, il faut montrer patte blan
che. Il y a là de jeunes et jolies fem
mes qui viennent présenter aux As
somptionnistes leurs vifs sentiments
de condoléances, quelques vieux gâ
teux et des journalistes en quête de
nouvelles sensationnelles. L’élément
féminin domine et tout ce petit monde
qui fleure bon, caquette à qui mieux
mieux : « Oui, ma chère, c’est abso
lument odieux... oh ! si j’étais la
femme du juge qui a osé prononcer un
semblable jugement ! ».
On se rend bien compte, par les
conversations diverses qui s’échan
gent, que les femmes sont absolument
fanatisées par les bons Pères.
Un jeune religieux s’avance vers
nous et, comme nous lui demandons
ses impressions, il nous répond, avec
un sourire méprisait : « Nous ne
sommes point surpris d’être condam
nés ; nous irons en appel, en cassa
tion, mais, quoiqu’il advienne, on ne
nous empêchera jamais de nous réu
nir, ni de continuer notre œuvre. Si
on ferme la communauté de la rue
François-I cr , nous travaillerons ail
leurs, dans une cave, dans un gre
nier ».
En réalité, les Assomptionnistes
sont persuadés que la thèse du procu
reur Bulot est insoutenable en droit.
C’est ce qui leur donne encore le droit
de sourire, g
Félix Thommeret.
Elections Sénatoriales
du 28 Janvier
Nos Candidats
Bien que nous ayons à regretter
l’inconcevable attitude de quelques
candidats dont la profession de foi
équivoque n’a pas eu le courage de
traiter nettement la situation poli
tique du pays ; bien que nous n’ap
prouvions pas plus les déclarations
protectionnistes de M. Gervais que
ses opinions tardigrades ; bien que la
reculade et les hésitations de M.
Siegfried, timoré par je ne sais quel
cauchemar, lui aient attiré la répro
bation des sincères républicains ;
Au nom de la République menacée
dans la Seine-Inférieüre,
Au nom de la discipline républi
caine qui plane au-dessus des partis
consécutifs,
Nous conseillons de voter pour les
citoyens :
ORANGE, radical-socialiste
SIEGFRIED, progressiste
LESOUEF, »
GERVAIS, »
La candidature Orange
On nous communique la note sui
vante :
« Les délégués sénatoriaux de Sot
te ville, réunis le samedi 20 janvier,
ayant reconnu, après examen, que plu
sieurs des sénateurs sortants sollici
tant leurs suffrages, ne leur présen
taient pas des garanties suffisantes au
point de vue républicain, et après
avoir entendu le citoyen Orange, con
seiller général, ont décidé de voter
pour lui.
« Ils prient instamment les délé
gués sénatoriaux véritablement répu
blicains de lui donner leurs suffrages.
« Cette manifestation est d’autant
plus nécessaire que le gouvernement
de défense républicaine, qui a résolu
ment barré la route à toutes les en
treprises ayant pour but le renverse
ment de la Répuqlique, est actuelle
ment et plus que jamais battu en
brèche, non seulement par les mo
narchistes, ralliés, nationalistes, mais
par divers républicains qui l’avaient
jusqu’ici soutenu, et font passer ce
qu’ils croient leur intérêt électoral
avant l’intérêt de la République.
« Sincères républicains, debout et
votez avec nous pour Orange.
« Les délégués sénatoriaux
de Sotteville ». »
Des bulletins de vote au nom du ci
toyen Orange seront distribués dans la
cour de la Préfecture le jour de l’élection.
Nous sommes heureux d’annoncer
à nos amis, qui l’ont d’ailleurs peut
être appris déjà par les journaux quo
tidiens, que M. Orange, Conseiller
général de Rouen, appartenant au
parti radical-socialiste, a décidé de
poser sa candidature aux élections
sénatoriales.
Nous envisageons cette candida
ture, que M. Orange a acceptée sur
l’insistance de ses amis politiques,
comme une protestation nécessaire
contre l’attitudç, tantôt équivoque,
tantôt ouvertement réactionnaire, des
sénateurs sortants. Le bloc Fortier-
Lesouef-Siegfried-Waddington qui a
la prétention de s’imposer aux élec
teurs sénatoriaux, paraît avoir ou
blié que, malgré les agissements réac
tionnaires d’un préfet qui a sans cesse
encouragé la réaction, au point de
transformer notre département en une
sorte de Morbihan, il reste encore
assez de démocrates pour imposer, à
un moment donné, sinon toutes leurs
volontés, du moins les conditions de
leur concours.
Si le bloc parle comme les Mont-
fort, les Legrand, les Bagneux, com
ment veut-il que le corps électoral se
passionne peur sa réussite ?
Messieurs les sénateurs sortants, si
vous voulez profiter de la discipline
républicaine, agissez en républicains.
N’empruntez pas aux nationalistes
leur langage. Il pturrait vous en
cuire.
Un électeur Sénatorial.
LE CAS DE M. SIEGFRIED
L’ambition politique inspire d’é
tranges attitudes et qui sont bien
faites, non seulement, pour déconcer
ter, mais encore pour dégoûter les
honnêtes gens, nous voulons parler
de ceux qui croient au désintéresse
ment, à la probité, à l’unité de cons
cience.
Nos concitoyens, et avec eux tout
le département de la Seine-Inférieure,
ont assisté à ce spectacle lamentable
d’un homme politique reniant, dix
jours avant l’élection, des idées qui
avaient toujours semblé à tous, même
à ses adversaires, l’expression sincère
et courageuse d’une conviction pro
fonde.
Il a suffi que, dans le Congrès sé
natorial de Rouen, la question Drey
fus ait été soulevée, pour que M.
Siegfried ait soudain effectué la volte
face la plus déconcertante.
Et notez que la question était posée
par M. Acher, dans des termes inac
ceptables et quelque peu ridicules, ce
qui indique que cet électeur sénatorial
n’était pas au courant de la question
qu’il posait. M. Acher demandait, en
effet, que Dreyfus fût excepté de la
loi d’amnistie. Or, il n’est pas d’en
fant de deux ans qui ne sache que
Dreyfus refuse absolument l’amnistie
qu’on lui offre.
Far conséquent, cette question
étant moins qu’enfantine, M. Siegfried
pouvait y répondre catégoriquement,
sans rien renier de son passé, sans
rien compromettre de sa candidature
sénatoriale.
Au lieu de cela, M. Siegfried, inti
midé sans doute par deux ou trois
douzaines de ruraux, abrutis par la
lecture des articles du Petit Journal,
s’est réfugié dans l’équivoque.
Mais un malheur ne vient jamais
seul, et l’on est parfois puni par où
l’on a péché.
Un homme dont M. Siegfried a fait
la fortune politique, qu’il est allé ar
racher à sa ferraille pour en faire le
fléau de nos finances municipales ; un
homme aussi nul comme orateur que
comme administrateur, qui ne saurait
pas exprimer son idée en deux phra
ses qui se suivent et qui soient polies ;
M. Rispal, pour ne pas le nommer
par son prénom, a trouvé l’occasion
bonne pour faire l’intéressant et jouer
aux fiers-à-bras électoraux. Lui, dont
on a vu s’arrondir le dos flexible tour
à tour devant les Floquet, les Brisson,
les Félix Faure, les Méline, suivant
les fantaisies de sa nature impulsive
ou les appétits de sa boutonnière, il
s’est posé en oracle des scrutins, en
Sibylle sénatoriale.
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