Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-02-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 février 1900 03 février 1900
Description : 1900/02/03 (N197). 1900/02/03 (N197).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263396k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
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Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
ü
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1
=s
SS
1
15,
RUE CASIMIR-PÉRIER,
1 5
1=
1
Secrétaire de la Rédaction F. 'moitiüiERET
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
n
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On. traite à forfait
PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL DU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier , un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
LES
Elections Sénatoriales
dans la Seine - Inférieure
Il serait puéril de la part des ré
publicains de la Seine-Inférieure de
se dissimuler la défaite qu’ils viennent
d’éprouver au scrutin du28Janvier.
Certes, il y a de nombreuses ré
serves à faire sur le suffrage res
treint, qui a tous les défauts, sans
avoir certains avantages, du suf
frage universel. Mais il semble qu’il
était possible d’en tirer dans notre
département d’autres résultats que
ceux qui ont été proclamés dimanche
soir à Rouen.
MM. Waddington, Fortier et Ger-
vais ont été élus comme républi
cains. Le nationaliste de Montfort,
contre toute prévision, a fait sa
trouée au milieu des républicains
divisés. MM. Lesouëf et Siegfried
sont restés sur le carreau. Voilà le
résultat brutal de la journée de di
manche.
Le devoir des républicains est de
rechercher les causes de cet échec
qui apparaît comme déshonorant
pour notre département.
Ces causes sont en partie éloi
gnées. Elles tiennent à l’attitude
prise vis-à-vis de la réaction par
certains hommes dont le devoir était
de la combattre.
Le plus coupable est certes M. Hen-
dlé. Cet homme disait avoir un passé
républicain, et il se targuait volon
tiers d’avoir figuré parmi les secré
taires de Jules Favre. Il était l’au
teur d’un livre sur la, Séparation des
Églises et* de l'État. Mais depuis
que Drumont exerçait son chantage
politique sur Israël, on avait vu
M. Hendlé incliner peu à peu à droite,
et payer avec des concessions au clé
ricalisme la rançon de ses origines
et de ses anciennes opinions. De ce
jour, il était perdu pour la Répu
blique, et il devenait une marion
nette entre les mains des réaction
naires. Drumont avait terrorisé et
asservi ce fonctionnaire, décidément
docile à qui le fustige.
Puis était venu Félix Faure, celui
dont il faut bien qu’enfin les répu-
cains du Havre consentent à rougir,
pour tout le mal qu’il a fait à la Ré
publique. N’est-ce pas lui qui donna
naguère la croix d’officier de la lé
gion d’honneur à ce même de Mont-
fort qui, il y a quelques mois, exci
tait un ministre de la guerre à la
rébellion, et que toutes ces com
promissions ont poussé à un siège
sénatorial? Ne se souvient-on pas
que M. de Montfort a toujours eu
ses grandes et petites entrées à la
Préfecture, et qu’il défendait M.
Hendlé, quand ce fonctionnaire était
houspillé par les radicaux du Conseil
général ?
L’arbre clérico-opportunis te a pro
duit des fruits nationalistes. Com
ment s’en étonner ?
Ce n’était pas assez de Félix Faure
ni d’IIendlé. La presse républicaine
soi-disant modérée, — car elle est
surtout modérément républicaine, —
a versé depuis des mois aux popula
tions le breuvage grossier du natio
nalisme patriotard. On a vu le Jour
nal de Rouen , le Petit Havre et
tant d’autres feuilles de moindre im
portance se livrer à des insinuations
contre M. Loubet, iujurier Zola, ful
miner contre la Cour de cassation,
aboyer après Dreyfus, sous prétexte
que la justice militaire était infail
lible, et, enfin, attaquer avec une
mauvaise foi sans précédent le mi
nistère Waldeck-Rousseau, coupable
de vouloir défendre la République
contre les généraux insurgés et les
congrégations.
L’affaire Dreyfus qui dispensait de
tout raisonnement les politiciens na
tionalistes et leurs auxiliaires de la
presse opportuno-patriotarde, alliés
naturels des Lasies, des Arthur
Meyer et des Drumont, a alimenté
pendant de longs mois le patriotisme
de tous ces pleutres qu’on a vus en
1870 se transformer en cerfs devant
l’ennemi. Toute cette mise en scène
devait naturellement impressionner
ces vaillantes populations rurales
qui, dans la même année de défaites
inoubliables, gardaient générale
ment leurs poules pourles Prussiens.
A ces contingents de l’armée mé-
liniste et nationaliste, il manquait
dans la Seine-Inférieure l’appoint de
députés élus sur un programme ré
publicain. C’est à ce moment précis
que MM. Rispal et Brindeau se sont
présentés.
Nous connaissons le rôle de ces
députés dans le scrutin de dimanche
dernier. Le Petit Havre , le Journal
du Havre n’ont soufflé mot sur la
félonie de ces deux personnages. Ils
ont montré envers eux la même dis
crétion que les enfants de Noé cou
vrant la nudité de leur père enivré.
Mais il faudra bien cependant que
ces petites malpropretés se règlent
quelque jour....
A M. Louis Brindeau faisant ou
vertement au cours du scrutin de la
propagande contre M. Siegfried, à
M. Auguste Rispal se livrant à la
même besogne et en outre se laissant
porter au second tour comme con
current de l’homme sans lequel il ne
serait jamais sorti de la brocante,
nous n’avons qu’une chose à dire :
leur conduite a indigné même les
pires adversaires de la République et
de la ville du Havre. Ils ont continué
l’œuvre néfaste des Félix Faure et
des Hendlé, et si M. de Montfort est
aujourd’hui sénateur de la Seine-
Inférieure, c’est à ces singuliers ré
publicains qu’il le doit.
Certes, nous avons quelque mérite
à le constater, nous qui appartenons
à un parti que M. Siegfried a tou
jours combattu, et qui a essayé de lui
rendre coup pour coup, chaque fois
que la République n’était pas en
péril. Mais nous avons l’orgueil de
dire que nous regrettons cette vic
toire à la réaction, bien que nous y
trouvions la certitude que le parti
opportuniste, désormais vaincu sans
honneur, est désormais dans notre
ville sans autorité pour défendre
l’idée démocratique. Cela nous dis
pense donc de revenir sur la mala
dresse finale commise par M. Sieg
fried, reniant, sur les injonctions
grotesques d’un Rispal, ses efforts
vers la vérité et la justice. Est-ce
notre faute, après tout, si M. Sieg
fried a été vaincu en tournant le dos
à des ennemis que son devoir était
de combattre en face ? Comment
n’a-t-il pas compris que des défaites
honorables valent mieux que cer
taines victoires, et qu’en politique,
les blessures qui ne guérissent ja
mais sont celles qu’on reçoit par der
rière ?
Nous voudrions pouvoir tirer de
cette triste journée la moralité
qu’elle comporte. Mais nous connais
sons trop, hélas ! notre personnel du
parti républicain modéré, pour
croire qu’il trouve dans ce scrutin
lamentable le moindre enseigne
ment sur son devoir futur. On le
verra, soutenu par cette presse lo
cale dont nous avons vu dimanche
dernier le beau travail, foncer avec
ardeur sur les démocrates, agiter le
spectre rouge, patrioter, attaquer le
ministère, faire alliance avec la
réaction à tous les scrutins, munici
paux, cantonaux ou autres, comme
en 1888, comme en 1893, comme en
1896, comme en 1898, comme il y
a huit jours, qu’importent les inté
rêts du Havre, qu’importe la Répu
blique, pourvu que l’on plaise à
M. le Préfet, pourvu que l’on ra
masse dans la mêlée des partis
quelque bout de ruban ?
Voilà ou nous en sommes, parce
qu’il a plu à M. Félix Faure de venir
exploiter au Havre les cuirs et
peaux, parce qu’il a convenu à M.
Rispal de s’y installer brocanteur,
et parce que tel ministre de l’Inté
rieur, dans un jour d’humeur ou de
scepticisme, a joué aux républicains
du pays de Caux le mauvais tour de
leur envoyer comme préfet, M.
Hendlé, juif ami des cléricaux.
Relisez Anatole France, et vous y
verrez que les Worms-Clavelin sont
moins gais et sont plus dangereux
que les Janvier de la Motte et les
Romieu.
VÉRUS.
UNE ALLIANCE
Au second tour de scrutin des
élections sénatoriales, on a distribué
une liste ainsi composée :
Fortier,
de Montfort,
Rispal,
Waddington.
Il est vrai que M. Rispal a protesté.
Mais il a laissé distribuer la liste en
question pendant les trois heures du
scrutin.
D’ailleurs, cette alliance de M.
Rispal avec M. de Montfort, protégé,
comme lui, de La Croix , n’a surpris
personne.
ET APRÈS?
Aujourd’hui que l’on sait quelle
puissante organisation occulte ca
chaient les Assomptionnistes, l’on se
rend compte du danger public que
font courrir au pays les nombreuses
congrégations de dominicains, trap
pistes, franciscains et autres moines
disposant tout à la fois du pouvoir
spirituel, politique et électoral. Il est
inutile de rappeler la secrète agitation
iqu’ils ont menée depuis deux ans, en
commun.
La levée de crosses et de goupillons
qu’a fait naître la condamnation des
pères de la rue François-I er , montre
que le clergé tout entier est solidaire
des memes actes. La dissolution d’un
ordre ecclésiastique me laisse per
plexe. Nous n’ignorons pas que les
jésuites, dispersés en 1880, les As
somptionnistes se forment aussitôt
pour continuer la besogne néfaste ;
demain, ce seront, peut-être, les
franciscains qui prendront la suite
avec les mêmes armes, les mêmes
moyens : comités directeurs, régio
naux, électoraux, service d’espion
nage des femmes, journaux, bro
chures, action du confessionnal et de
la chaire, etc
Et après ?
Pour un gouvernement qui pour
suit, quand le mal est enraciné, dix
laissent faire ; leur lâcheté, leur
inconscience ou leur complicité per
mettent vite la restauration de la
puissance noire. Relisons les consi
dérants du Tribunal correctionnel de
Paris, véritable soufflet aux divers
ministères qui se sont succédé aux
affaires depuis plusieurs années :
« Attendu que l’association s’est
« constituée et a fonctionnée pendant
« plusieurs années, bénéficiant de la
« tolérance du gouvernement qui ne
« pouvait ignorer la réorganisation
« des congrégations. »
Qu’avez-vous répondu Méline, et
vous, Dupuy ?
Nous sommes en possession de do
cuments qui prouvent la richesse
des congrégations, sans compter ce
que nous ignorons. Eh bien, il faut
déterminer un état exact de cette
fortune énorme par tous les moyens.
Elle s’élève, estime-t-on, à plus de
dix milliards. Tant mieux !
M. Brisson vient de déposer à la
Chambre un projet qui fixe le devoir
des républicains voulant sincèrement
que le pays travaille en paix, dans la
liberté, au relèvement matériel et
moral de la société.
Ce projet comprend trois parties :
1° Un amendement au budget ten
dant à ce qu’il soit publié, comme
en 1880, un état des biens des con
grégations ;
2° Une proposition de loi tendant
à ajouter à l’article 911 du Code
civil un alinéa qui déclare personnes
interposées en matière de dons et legs
tous les membres des congrégations ;
3° Une proposition de loi ayant
pour objet la sécularisation des biens
détenus par les congrégations non
autorisées.
Le troisième paragraphe est utile à
signaler. La sécularisation de la for
tune congréganiste, c’en est la gestion
par le pouvoir civil. C’est un premier
pas ; il y a mieux à faire.
En effet, la déclaration des Droits
de l’homme et du citoyen établit que :
« Les biens destinés aux dépenses du,
« culte et à tous les services d’utilité,
« appartiennent à la nation et sont
« dans tous les temps à sa disposition. »
Nous demandons qu’en vertu de
ces principes, tous les biens du clergé,
sans exception, qui s’élèvent, disions-
nous, à plus de dix milliards soient
nationalisés. Qu’on les emploie pour
une part à l’amortissement de la dette
publique qui ruine notre industrie ,
qu’on mette l’autre part à la dispo
sition du budget pour la réfection de
notre marine militaire, comme pour
la défense du sol français sur terre.
Ces richesses appartiennent au pays
qui les a produites, qu’on les lui
restitue pour alléger les charges qui
pèsent sur l’épuisement de tous les
travailleurs.
Voyons, prélats, prêtres et moines,
vous ne pouvez hésiter à souscrire à
ces grandes intentions, vous qui prônez
chaque jour le patriotisme !
Gageons, toutefois, que si cette
proposition est soumise au Parlement,
il ne restera plus un seul nationaliste
pour demander la guerre à l’Angle
terre et qu’ils trouveront, comme
Lebœuf, n©s armées cinq fois prêtes.
Alf. HENRI.
DES INTÉRÊTS HAVRAIS
Lesjournaux à sa dévotion annon
cent queM. Méline, présidant l’avant
séance de la Réunion du Groupe &es
Républicains Progressistes , a proclamé,
comme une victoire , dont on pou
vait se féliciter, le résultat des élec
tions sénatoriales.
On sait que MM. Rispal et Brin
deau font partie de ce groupe.
LES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
De consommation et de production
Au lendemain de nos désastres de
1870, alors que des impôts nouveaux
firent augmenter de façon très sensible
les produits alimentaires, des indus
triels adroits et rusés profitèrent du
découragement général pour créer dans
les grands centres et notamment à
Paris, des Sociétés coopératives de
consommation. 1
Le moment était admirablement
choisi pour attirer en masse le travail
leur qui, fatigué par de longs mois de
privations, épouvanté par la cherté des
vivres et la diminution des salaires,
ne pouvait qu’accepter avec empres
sement une combinaison que les bras
seurs d’affaires, devenus ses cama
rades pour la circonstance, les repré
sentaient comme très avantageuse.
«
»“ Année — N° 197.
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PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL DU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier , un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
LES
Elections Sénatoriales
dans la Seine - Inférieure
Il serait puéril de la part des ré
publicains de la Seine-Inférieure de
se dissimuler la défaite qu’ils viennent
d’éprouver au scrutin du28Janvier.
Certes, il y a de nombreuses ré
serves à faire sur le suffrage res
treint, qui a tous les défauts, sans
avoir certains avantages, du suf
frage universel. Mais il semble qu’il
était possible d’en tirer dans notre
département d’autres résultats que
ceux qui ont été proclamés dimanche
soir à Rouen.
MM. Waddington, Fortier et Ger-
vais ont été élus comme républi
cains. Le nationaliste de Montfort,
contre toute prévision, a fait sa
trouée au milieu des républicains
divisés. MM. Lesouëf et Siegfried
sont restés sur le carreau. Voilà le
résultat brutal de la journée de di
manche.
Le devoir des républicains est de
rechercher les causes de cet échec
qui apparaît comme déshonorant
pour notre département.
Ces causes sont en partie éloi
gnées. Elles tiennent à l’attitude
prise vis-à-vis de la réaction par
certains hommes dont le devoir était
de la combattre.
Le plus coupable est certes M. Hen-
dlé. Cet homme disait avoir un passé
républicain, et il se targuait volon
tiers d’avoir figuré parmi les secré
taires de Jules Favre. Il était l’au
teur d’un livre sur la, Séparation des
Églises et* de l'État. Mais depuis
que Drumont exerçait son chantage
politique sur Israël, on avait vu
M. Hendlé incliner peu à peu à droite,
et payer avec des concessions au clé
ricalisme la rançon de ses origines
et de ses anciennes opinions. De ce
jour, il était perdu pour la Répu
blique, et il devenait une marion
nette entre les mains des réaction
naires. Drumont avait terrorisé et
asservi ce fonctionnaire, décidément
docile à qui le fustige.
Puis était venu Félix Faure, celui
dont il faut bien qu’enfin les répu-
cains du Havre consentent à rougir,
pour tout le mal qu’il a fait à la Ré
publique. N’est-ce pas lui qui donna
naguère la croix d’officier de la lé
gion d’honneur à ce même de Mont-
fort qui, il y a quelques mois, exci
tait un ministre de la guerre à la
rébellion, et que toutes ces com
promissions ont poussé à un siège
sénatorial? Ne se souvient-on pas
que M. de Montfort a toujours eu
ses grandes et petites entrées à la
Préfecture, et qu’il défendait M.
Hendlé, quand ce fonctionnaire était
houspillé par les radicaux du Conseil
général ?
L’arbre clérico-opportunis te a pro
duit des fruits nationalistes. Com
ment s’en étonner ?
Ce n’était pas assez de Félix Faure
ni d’IIendlé. La presse républicaine
soi-disant modérée, — car elle est
surtout modérément républicaine, —
a versé depuis des mois aux popula
tions le breuvage grossier du natio
nalisme patriotard. On a vu le Jour
nal de Rouen , le Petit Havre et
tant d’autres feuilles de moindre im
portance se livrer à des insinuations
contre M. Loubet, iujurier Zola, ful
miner contre la Cour de cassation,
aboyer après Dreyfus, sous prétexte
que la justice militaire était infail
lible, et, enfin, attaquer avec une
mauvaise foi sans précédent le mi
nistère Waldeck-Rousseau, coupable
de vouloir défendre la République
contre les généraux insurgés et les
congrégations.
L’affaire Dreyfus qui dispensait de
tout raisonnement les politiciens na
tionalistes et leurs auxiliaires de la
presse opportuno-patriotarde, alliés
naturels des Lasies, des Arthur
Meyer et des Drumont, a alimenté
pendant de longs mois le patriotisme
de tous ces pleutres qu’on a vus en
1870 se transformer en cerfs devant
l’ennemi. Toute cette mise en scène
devait naturellement impressionner
ces vaillantes populations rurales
qui, dans la même année de défaites
inoubliables, gardaient générale
ment leurs poules pourles Prussiens.
A ces contingents de l’armée mé-
liniste et nationaliste, il manquait
dans la Seine-Inférieure l’appoint de
députés élus sur un programme ré
publicain. C’est à ce moment précis
que MM. Rispal et Brindeau se sont
présentés.
Nous connaissons le rôle de ces
députés dans le scrutin de dimanche
dernier. Le Petit Havre , le Journal
du Havre n’ont soufflé mot sur la
félonie de ces deux personnages. Ils
ont montré envers eux la même dis
crétion que les enfants de Noé cou
vrant la nudité de leur père enivré.
Mais il faudra bien cependant que
ces petites malpropretés se règlent
quelque jour....
A M. Louis Brindeau faisant ou
vertement au cours du scrutin de la
propagande contre M. Siegfried, à
M. Auguste Rispal se livrant à la
même besogne et en outre se laissant
porter au second tour comme con
current de l’homme sans lequel il ne
serait jamais sorti de la brocante,
nous n’avons qu’une chose à dire :
leur conduite a indigné même les
pires adversaires de la République et
de la ville du Havre. Ils ont continué
l’œuvre néfaste des Félix Faure et
des Hendlé, et si M. de Montfort est
aujourd’hui sénateur de la Seine-
Inférieure, c’est à ces singuliers ré
publicains qu’il le doit.
Certes, nous avons quelque mérite
à le constater, nous qui appartenons
à un parti que M. Siegfried a tou
jours combattu, et qui a essayé de lui
rendre coup pour coup, chaque fois
que la République n’était pas en
péril. Mais nous avons l’orgueil de
dire que nous regrettons cette vic
toire à la réaction, bien que nous y
trouvions la certitude que le parti
opportuniste, désormais vaincu sans
honneur, est désormais dans notre
ville sans autorité pour défendre
l’idée démocratique. Cela nous dis
pense donc de revenir sur la mala
dresse finale commise par M. Sieg
fried, reniant, sur les injonctions
grotesques d’un Rispal, ses efforts
vers la vérité et la justice. Est-ce
notre faute, après tout, si M. Sieg
fried a été vaincu en tournant le dos
à des ennemis que son devoir était
de combattre en face ? Comment
n’a-t-il pas compris que des défaites
honorables valent mieux que cer
taines victoires, et qu’en politique,
les blessures qui ne guérissent ja
mais sont celles qu’on reçoit par der
rière ?
Nous voudrions pouvoir tirer de
cette triste journée la moralité
qu’elle comporte. Mais nous connais
sons trop, hélas ! notre personnel du
parti républicain modéré, pour
croire qu’il trouve dans ce scrutin
lamentable le moindre enseigne
ment sur son devoir futur. On le
verra, soutenu par cette presse lo
cale dont nous avons vu dimanche
dernier le beau travail, foncer avec
ardeur sur les démocrates, agiter le
spectre rouge, patrioter, attaquer le
ministère, faire alliance avec la
réaction à tous les scrutins, munici
paux, cantonaux ou autres, comme
en 1888, comme en 1893, comme en
1896, comme en 1898, comme il y
a huit jours, qu’importent les inté
rêts du Havre, qu’importe la Répu
blique, pourvu que l’on plaise à
M. le Préfet, pourvu que l’on ra
masse dans la mêlée des partis
quelque bout de ruban ?
Voilà ou nous en sommes, parce
qu’il a plu à M. Félix Faure de venir
exploiter au Havre les cuirs et
peaux, parce qu’il a convenu à M.
Rispal de s’y installer brocanteur,
et parce que tel ministre de l’Inté
rieur, dans un jour d’humeur ou de
scepticisme, a joué aux républicains
du pays de Caux le mauvais tour de
leur envoyer comme préfet, M.
Hendlé, juif ami des cléricaux.
Relisez Anatole France, et vous y
verrez que les Worms-Clavelin sont
moins gais et sont plus dangereux
que les Janvier de la Motte et les
Romieu.
VÉRUS.
UNE ALLIANCE
Au second tour de scrutin des
élections sénatoriales, on a distribué
une liste ainsi composée :
Fortier,
de Montfort,
Rispal,
Waddington.
Il est vrai que M. Rispal a protesté.
Mais il a laissé distribuer la liste en
question pendant les trois heures du
scrutin.
D’ailleurs, cette alliance de M.
Rispal avec M. de Montfort, protégé,
comme lui, de La Croix , n’a surpris
personne.
ET APRÈS?
Aujourd’hui que l’on sait quelle
puissante organisation occulte ca
chaient les Assomptionnistes, l’on se
rend compte du danger public que
font courrir au pays les nombreuses
congrégations de dominicains, trap
pistes, franciscains et autres moines
disposant tout à la fois du pouvoir
spirituel, politique et électoral. Il est
inutile de rappeler la secrète agitation
iqu’ils ont menée depuis deux ans, en
commun.
La levée de crosses et de goupillons
qu’a fait naître la condamnation des
pères de la rue François-I er , montre
que le clergé tout entier est solidaire
des memes actes. La dissolution d’un
ordre ecclésiastique me laisse per
plexe. Nous n’ignorons pas que les
jésuites, dispersés en 1880, les As
somptionnistes se forment aussitôt
pour continuer la besogne néfaste ;
demain, ce seront, peut-être, les
franciscains qui prendront la suite
avec les mêmes armes, les mêmes
moyens : comités directeurs, régio
naux, électoraux, service d’espion
nage des femmes, journaux, bro
chures, action du confessionnal et de
la chaire, etc
Et après ?
Pour un gouvernement qui pour
suit, quand le mal est enraciné, dix
laissent faire ; leur lâcheté, leur
inconscience ou leur complicité per
mettent vite la restauration de la
puissance noire. Relisons les consi
dérants du Tribunal correctionnel de
Paris, véritable soufflet aux divers
ministères qui se sont succédé aux
affaires depuis plusieurs années :
« Attendu que l’association s’est
« constituée et a fonctionnée pendant
« plusieurs années, bénéficiant de la
« tolérance du gouvernement qui ne
« pouvait ignorer la réorganisation
« des congrégations. »
Qu’avez-vous répondu Méline, et
vous, Dupuy ?
Nous sommes en possession de do
cuments qui prouvent la richesse
des congrégations, sans compter ce
que nous ignorons. Eh bien, il faut
déterminer un état exact de cette
fortune énorme par tous les moyens.
Elle s’élève, estime-t-on, à plus de
dix milliards. Tant mieux !
M. Brisson vient de déposer à la
Chambre un projet qui fixe le devoir
des républicains voulant sincèrement
que le pays travaille en paix, dans la
liberté, au relèvement matériel et
moral de la société.
Ce projet comprend trois parties :
1° Un amendement au budget ten
dant à ce qu’il soit publié, comme
en 1880, un état des biens des con
grégations ;
2° Une proposition de loi tendant
à ajouter à l’article 911 du Code
civil un alinéa qui déclare personnes
interposées en matière de dons et legs
tous les membres des congrégations ;
3° Une proposition de loi ayant
pour objet la sécularisation des biens
détenus par les congrégations non
autorisées.
Le troisième paragraphe est utile à
signaler. La sécularisation de la for
tune congréganiste, c’en est la gestion
par le pouvoir civil. C’est un premier
pas ; il y a mieux à faire.
En effet, la déclaration des Droits
de l’homme et du citoyen établit que :
« Les biens destinés aux dépenses du,
« culte et à tous les services d’utilité,
« appartiennent à la nation et sont
« dans tous les temps à sa disposition. »
Nous demandons qu’en vertu de
ces principes, tous les biens du clergé,
sans exception, qui s’élèvent, disions-
nous, à plus de dix milliards soient
nationalisés. Qu’on les emploie pour
une part à l’amortissement de la dette
publique qui ruine notre industrie ,
qu’on mette l’autre part à la dispo
sition du budget pour la réfection de
notre marine militaire, comme pour
la défense du sol français sur terre.
Ces richesses appartiennent au pays
qui les a produites, qu’on les lui
restitue pour alléger les charges qui
pèsent sur l’épuisement de tous les
travailleurs.
Voyons, prélats, prêtres et moines,
vous ne pouvez hésiter à souscrire à
ces grandes intentions, vous qui prônez
chaque jour le patriotisme !
Gageons, toutefois, que si cette
proposition est soumise au Parlement,
il ne restera plus un seul nationaliste
pour demander la guerre à l’Angle
terre et qu’ils trouveront, comme
Lebœuf, n©s armées cinq fois prêtes.
Alf. HENRI.
DES INTÉRÊTS HAVRAIS
Lesjournaux à sa dévotion annon
cent queM. Méline, présidant l’avant
séance de la Réunion du Groupe &es
Républicains Progressistes , a proclamé,
comme une victoire , dont on pou
vait se féliciter, le résultat des élec
tions sénatoriales.
On sait que MM. Rispal et Brin
deau font partie de ce groupe.
LES SOCIÉTÉS COOPÉRATIVES
De consommation et de production
Au lendemain de nos désastres de
1870, alors que des impôts nouveaux
firent augmenter de façon très sensible
les produits alimentaires, des indus
triels adroits et rusés profitèrent du
découragement général pour créer dans
les grands centres et notamment à
Paris, des Sociétés coopératives de
consommation. 1
Le moment était admirablement
choisi pour attirer en masse le travail
leur qui, fatigué par de longs mois de
privations, épouvanté par la cherté des
vivres et la diminution des salaires,
ne pouvait qu’accepter avec empres
sement une combinaison que les bras
seurs d’affaires, devenus ses cama
rades pour la circonstance, les repré
sentaient comme très avantageuse.
«
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