Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-12-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 décembre 1899 02 décembre 1899
Description : 1899/12/02 (N188). 1899/12/02 (N188).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263387m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
P Aanée — N" 188.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 2 Décembre 1899.
Havre
Organe du Parti Républicain Démocraiicjue
•!
1
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
|
1
15,
RUE CASXMIR-PÉRIER,
1 5
|
1
Secrétaire de la Rédaction F. thoihjmeret
1
ü
L’Lviprimeur-Gérant F. LE ROY
|
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames... 50
On traite à forfait
La Grève
IDES DOCKS
Mardi matin a éclaté, comme tout
le monde le prévoyait depuis quel
ques semaines, la grève des Docks
déclarée sur l’initiative des classés
qui demandaient, outre diverses
modifications de détail, une augmen
tation de 15 fr. par mois.
L’impression générale dans notre
ville est que les réclamations des
grévistes sont raisonnables et qu’il y
a lieu de les accueillir. Leur attitude
calme et digne et cette circonstance
qu’ils n’ont pas déclaré la grève sans
prévenir leurs patrons leur conci
lient aisément toutes les sympathies.
Sur le fond même de l’affaire, on
a peine à comprendre comment les
ouvriers classés, que l’administration
des Docks considère elle-même
comme des ouvriers d’elite, se trou
vent dans une situation telle qu’ils
gagnent moins que les ouvriers des
- listes. Quant à l’argument tiré de la
faculté qu’ils ont de faire des heures
supplémentaires, il est peu sérieux.
Chez tous les ouvriers conscients de
leurs droits et de leurs devoirs vis-
à-vis de leurs camarades de travail,
les heures supplémentaires ne doi
vent constituer qu’une exception.
Dire à un ouvrier : « Faites des
heures supplémentaires, si vous
voulez ne pas mourir de faim ! »
c’est recommander le surmenage
comme une mesure nécessaire et
générale. Il y a longtemps que l’o
pinion des gens sensés qui ne consi
dèrent pas l’ouvrier comme une bête
de somme est faite sur ce point.
La raison invoquée aussi par l’ad
ministration des Docks que l’aug
mentation des salaires entraînerait
des charges fort lourdes pour le
commerce local ne paraît pas beau
coup plus sérieuse. Les actions de
nos Docks constituent pour les capi
talistes un excellent placement. Non
seulement ceux qui ont engagé leurs
fonds dans cette entreprise ont été
remboursés de leur capital et ont
des actions de jouissance, mais ils
touchent bon an mal an un dividende
de 3 à 10 pour cent.
A qui fera-t-on croire qu’une
légère augmentation des salaires se
répercuterait sur les tarifs avant de
frapper les dividendes? En quoi le
commerce local souffrirait-il d’une
minime réduction des dividendes ?
L’entente est donc facile, et nous
sommes sûrs que beaucoup d’action
naires des Docks sont les premiers
à le comprendre. Au fond, si des
difficultés sont nées, cela tient à
l’instransigeance du directeur actuel
des Docks, M. Dupont, qui se pose
uh peu trop en potentat. Dans le
cours des négociations, il a agi, il
faut en convenir, avec une réelle
maladresse. N’a-t-il pas été jusqu’à
menacer ses ouvriers de faire venir
des étrangers et de les loger et
nourrir aux Docks mêmes ? Ce sont
là des exagérations de langage et
d’attitude qui ont contribué à com
pliquer les pourparlers. Nous croyons
savoir d’ailleurs qu’en haut lieu on
a désavoué ces procédés par trop
autoritaires et qu’on a fait com
prendre à M. Dupont qu’il avait
tort d’agir ainsi. Puisse cette leçon
lui profiter.
Au surplus on pourrait envisager
la question à un autre point de
vue. Il ne faut pas oublier que nos
Docks-Entrepôts ont été concédés à
la ville du Havre et rétrocédés par
elle à la Compagnie actuelle. Si des
difficultés de ce genre, qui ont pour
résultat de troubler notre trafic
maritime, devaient se reproduire, il
il y aurait lieu d’examiner la ques
tion du rachat de la concession par
la Ville.
Posé dans ces termes, le problème
pourrait se résoudre d’une façon
très avantageuse pour nos finances
municipales.
Nous aurons l’occasion de revenir
sur cette solution qu’il faut, dès à
présent, envisager, non seulement
comme possible et facilement réali
sable, mais encore comme prochaine.
MAGISTER.
★
* *
Au moment de mettre sous presse,
nous apprenons qu’à la suite de la
réunion qui a eu lieu hier vendredi,
à 11 heures, à l’Hôtel de Ville, sous
la présidence de M. Marais, un
accord satisfaisant est intervenu
entre l’administration des Docks et
les ouvriers.
La grève peut donc être considérée
comme terminée.
N. D. L. R.
LA SEMAINE
La Chambre *des Députés
L’abbé Lemire a avoué que les « Bon-
Pasteur » avaient été inquiets un mo
ment. Qu’ils se rassurent : on ne fera pas
d’enquête, et l’exploitation de l’enfance
continuera comme devant.
En vain, M. Fournière, M. Laferre,
M. Beauquier ont-ils signalé les faits les
plus graves et les plus précis, — par
exemple celui-ci : le « Bon Pasteur » de
Besançon, propriétaire à lui tout seul, de
la huitième partie des immeubles de la
ville ! — la Chambre s’est contentée de la
promesse du gouvernement, de surveiller
de plus près les orphelinats et de répri
mer les abus, quand ils seraient dûment
constatés.
Il est vrai que M. Waldeck-Rousseau
a annoncé le dépôt prochain d’un projet
de loi qui doit organiser la surveillance
de l’État sur les établissements d’assis
tance privés. C’est très bien. Mais la
question est de savoir si les teur » sont des établissements d’aSsis-
tance, ou s’ils ne sont pas plutôt et uni
quement des établissements d’exploita
tion. Ceux-là, il n’y a pas à les surveiller :
il n’y a qu’à les fermer.
★
* *
La Haute-Cour
La tactique obstructionniste suivie par
les accusés, dans le procès dont est saisie
la Haute-Cour, menace d’en éterniser les
débats. Ilsemble que la défense,en prolon
geant ces débats par son fait, veuille les
étendre au point de les reporter jusqu’au-
delà du renouvellement triennal du Sénat.
Dans quel intérêt ?
Et qu’espère-t-elle retirer de ce retard ?
Est-ce que, dans l’impossibilité légale
de juger où seront les sénateurs issus des
nouvelles élections, elle penserait trouver,
pour ses clients, un moyen d’empêcher le
haut tribunal de rendre son jugement ?
A-t-elle l’espérance de voir, avec le temps,
le nombre des juges diminuer dans des
proportions de plus en plus grandes et,
après de multiples audiences, prétendra-
t-elle un jour que la Haute-Cour n’estplus
en nombre pour délibérer.
Si tel est son dessein, il est aisé de
montrer qu’il est déjoué d’avance par l’ap
plication pure et simple de la loi orga
nique du 10 avril 1889 sur la procédure de
la Haute-Cour.
★
* *
Le Banquet du Comité républicain
du Commerce
Le discours que M. Millerand a pro
noncé au banquet du Comité républicain
du commerce a encore soulevé une petite
irritation dans le camp des nationalistes
républicains, car M. Millerand ne peut
parler sans agacer profondément les ré
publicains dissidents. On semble lui en
vouloir de tenir le langage d’un véritable
homme politique et de ne pas se montrer
un révolutionnaire. On lui reproche bien
d’avoir conservé ses idées, mais on lui
tient surtout rancune d’en suspendre l’ap
plication.
Mais ce qui choque surtout les adver
saires du cabinet, c’est qu’un officier de
la maison militaire de M. le Président de
la République ait assisté à cette cérémo
nie. Voyez-vous, en effet, le scandale ; le
Président a un représentant dans un
banquet présidé par un de ses ministres,
dans lequel on a même eu l’audace de
porter un toast au chef de l’Etat. Ce n’est
pas tout, on conteste même aux commer
çants qui ont fondé ce comité le titre de
commerçants.
Les battus des derniers scrutins ne
cessent d’exhaler leur mauvaise humeur
et leur rancune. Ce n’est pas une manière
bien adroite pour eux de regagner le
terrain perdu.
La guerre Sud-Africaine
On se bat peut-être, probablement
même, au Cap et à Natal, mais nous n’en
savons rien. Le télégraphe se tait, par
ordre supérieur, et le Laffan-Bureau lui-
même n’annonce plus la reddition de
Ladysmith. La censure anglaise fait
prendre patience au public européen,
avide de nouvelles, en lui jetant en
pâture quelques vieilles dépêches restées
pour compte dans les bureaux télégra
phiques du Cap. ^ L’une d’elle nous
apprend que tout allait bien à Kimberley
le 23 novembre ; une autre que la situa
tion ne s’était pas modifiée à Kimberley,
le 20, où les Boers continuaient le bom
bardement nuit et jour. Quand à Mafe-
king, on n’en parle plus ; on a même l’air
de n’y plus songer.
Plus on va et plus on s’aperçoit que
la dernière affaire, celle de Graspan, a
une allure incertaine. Du côté des An
glais, on la compte comme une bataille
importante quant à son évolution et son
influence sur la suite de la campagne.
Une seule chose paraît assez précise,
c’est que ce ne fut pas là une bataille,
mais un combat sérieux, d’un résultat
encore à fixer et que les troupes an
glaises, tout particulièrement la brigade
navale dont la bravoure fut grande, ont
été cruellement éprouvés par le feu meur
trier des Boers.
LA JEUNESSE ROYALISTE
ET
LA FRANC-MACONNERIE
On ne s’est pas ennuyé mercredi
dernier à la correctionnelle, à l’occa
sion des poursuites contre la jeunesse(?)
royaliste. Mais dire que c’est aux
dépens des républicains qu’on s'est
amusé, ce serait peut-être exagéré.
Avec cette éloquence incisive et
volontiers narquoise dont il a le secret,
M. Noguères, procureur de la Répu
blique, a montré sous son véritable
jour nos conspirateurs royalistes, pour
lesquels il est Smart de combattre la
République pour la remplacer par le
jeune et naturaliste Gamelle. Il a bien
su ramener à leurs véritables propor
tions ces conspirateurs que la Répu
blique n’a pas à décapiter, comme
faisait un peu brutalement la Con
vention, mais à qui elle fait bien
toutefois de montrer qu’elle existe.
A ce réquisitoire, les prévenus ont
opposé la défense d’un avocat de Rouen
M e Allais, bien connu comme auteur
de spirituelles nouvelles, mais dont
la harangue laborieusement écrite
dans le silence du cabinet et sentant
un peu l’huile, ne répondait aucune
ment aux arguments du ministère
public. Cette plaidoirie, tout entière
à côté, avait en outre l’inconvénient
de renfermer un certain nombre d'in
vectives et d’apostrophes à la Dru-
mont.
C’est surtout la Franc-Maçonnerie
qui a servi de tête de Turc à nos bons
royalistes. Le régime qui leur est cher
n’a jamais eu le courage de poursuivre
cette association. Plus ardents, ils
veulent, suivant une image que ne
désavouerait pas l’exquis et courtois
Gamelle : prendre la veuve par la peau
du tou et la jeter dehors. On n’est pas
plus régence !
Pour les royalistes et leur défendeur,
c’est la Franc-Maçonnerie qui, aujour
d’hui, mène le monde. Si le jeune et
bouillant M. Barthelmé et ses amis
gouvernaient la France, tout irait
évidemmentbien mieux. Mais il faudra
attendre, nous le craignons fort, de
nombreuses années, avant de jouir de
ce bonheur ineffable. La jeunesse aura
tout le temps de devenir la vieillesse
royaliste.
Relevons en terminant une alléga
tion inexacte des royalistes. Ils pré
tendent que la Franc-Maçonnerie
aurait ordonné les poursuites ! Rien
de plus fantaisiste. Nous pouvons
affirmer que jamais, dans les trois
Loges du Havre, il n’a été question
de ces Messieurs, qui sont tous d’ail
leurs d'illustres inconnus, n'ayant
aucune autorité sur les groupes poli
tiques du Havre.
Mais n’est-il pas amusant de voir
les éternels ennemis de la Liberté,
ceux qui voudraient nous ramener au
billet de confession, manifester leur
amour pour la Liberté, cette gueuse
qu’ils voudraient tant étrangler...
après l’avoir saisie, comme la Veuve,
par la peau du cou ?
UN FRÈRE.
LA QUESTION DU CAFÉ
Le gouvernement du Brésil nous
menace de mesures de représailles en
fermant son marché aux produits
français, si nous n’abaissons pas nos
droits de douane sur les cafés. Cette
éventualité est de nature à éveiller
notre attention, étant donnés les
intérêts commerciaux importants que
la France, en général, et le Havre en
particulier, voit engagés dans cette
question.
On sait que les cafés acquittent un
droit d’importation de 156 fr. par
100 kil. Dans aucune autre nation
ils ne sont autant frappés ; l’Allema
gne ne leur demande que 50 fr. •
d’autres pays les ont totalement
exonères en taison des précieuses
qualités du breuvage qu’ils fournis-
sent.
Par son tarif de prohibition, qui
n a pas 1 excuse de sauvegarder des
intérêts économiques ou agricoles, la
douane a réduit chez nous, dans de
grandes proportions, l’utile consom
mation du café, ou, du moins, elle
n en a pas permis l’extension qu’elle
a prise chez tous nos voisins. Notre
consommation s’élève à 78,821 tonnes
seulement.
M. Ives Guyot, ancien ministre,
propose, dans le Siècle, de diminuer à
100 fr. les droits d’entrée qui cause
raient, il est vrai, un déficit budgé
taire de 45 millions sur un chapitre
de 123 millions. Mais, ainsi que le
fait remarquer le rédacteur du Siècle ,
il serait facile de boucher ce trou en
se passant de l’incorporation au budget
d’une somme de 41,200,000 fr. qui
était primitivement destinée à con
courir à la création, pour 1900, de
nouvelles lignes de chemin de fer,
soin qui devait incomber aux com
pagnies, par voie d’émission de nou
velles actions.
Rien de plus juste, dans cette
appréciation.
Le surplus des recettes que ne man
querait pas de produire l’abaissement
du tari! douanier, pourvoirait au
reste.
Le port du Havre est intéressé au
plus Haut chef dans cette question ;
armateurs, négociants, employés de
commerce et ouvriers. Ce serait l’heure
d agir. Que fera la Chambre de com
merce? Que ferons-nous, nous-mêmes.
Il me semble qu’une vaste pétition
aurait chance de succès. Mais pres
sons-nous avant le vote du budget.
Alf. H.
PRETORIA
La capitale du Transwaal n’est ni une
ville ni un village ; c’est un immense
jardin où sont éparpillés de loin en loin,
des maisons, des villas, des cottages :
c’est le rus us urbe d’Horace, la ville
champêtre telle que peut être la capitale
d’une république de paysans.
Cette ville immense est comme un dé
sert. Elle pourrait contenir un demi-
million d’habitants, elle n’en a pas dix
mille. Sa maigre population ne la remplit
point. Ses rues, bordées de larges ruis
seaux qu’il faut constamment enjamber
ne sont point pavées, et les pluies les
transforment en fleuves de boue. En dépit
de la boue, qui est ici un cinquième élé
ment, Pretoria offre un coup d’œil agréa
ble qui n’appartient qu’à elle. Chaque
maison est entourée d’un grand jardin, et
les jardins occupent les trois quarts de
l’étendue de la ville.
La capitale du Transwaal a peu de
monuments, mais elle a un joli nom qui
plaît à Tort ille. Ce nom lui vient d’un cer
tain Pretorius, qu’il ne faut pas chercher,
comme on pourrait le croire, dans l’his
toire romaine, mais tout simplement dans
les annales de la jeune république, née
d’hier. Ce Pretorius fut le premier prési
dent de la colonie des Boers.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 2 Décembre 1899.
Havre
Organe du Parti Républicain Démocraiicjue
•!
1
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
|
1
15,
RUE CASXMIR-PÉRIER,
1 5
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1
Secrétaire de la Rédaction F. thoihjmeret
1
ü
L’Lviprimeur-Gérant F. LE ROY
|
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames... 50
On traite à forfait
La Grève
IDES DOCKS
Mardi matin a éclaté, comme tout
le monde le prévoyait depuis quel
ques semaines, la grève des Docks
déclarée sur l’initiative des classés
qui demandaient, outre diverses
modifications de détail, une augmen
tation de 15 fr. par mois.
L’impression générale dans notre
ville est que les réclamations des
grévistes sont raisonnables et qu’il y
a lieu de les accueillir. Leur attitude
calme et digne et cette circonstance
qu’ils n’ont pas déclaré la grève sans
prévenir leurs patrons leur conci
lient aisément toutes les sympathies.
Sur le fond même de l’affaire, on
a peine à comprendre comment les
ouvriers classés, que l’administration
des Docks considère elle-même
comme des ouvriers d’elite, se trou
vent dans une situation telle qu’ils
gagnent moins que les ouvriers des
- listes. Quant à l’argument tiré de la
faculté qu’ils ont de faire des heures
supplémentaires, il est peu sérieux.
Chez tous les ouvriers conscients de
leurs droits et de leurs devoirs vis-
à-vis de leurs camarades de travail,
les heures supplémentaires ne doi
vent constituer qu’une exception.
Dire à un ouvrier : « Faites des
heures supplémentaires, si vous
voulez ne pas mourir de faim ! »
c’est recommander le surmenage
comme une mesure nécessaire et
générale. Il y a longtemps que l’o
pinion des gens sensés qui ne consi
dèrent pas l’ouvrier comme une bête
de somme est faite sur ce point.
La raison invoquée aussi par l’ad
ministration des Docks que l’aug
mentation des salaires entraînerait
des charges fort lourdes pour le
commerce local ne paraît pas beau
coup plus sérieuse. Les actions de
nos Docks constituent pour les capi
talistes un excellent placement. Non
seulement ceux qui ont engagé leurs
fonds dans cette entreprise ont été
remboursés de leur capital et ont
des actions de jouissance, mais ils
touchent bon an mal an un dividende
de 3 à 10 pour cent.
A qui fera-t-on croire qu’une
légère augmentation des salaires se
répercuterait sur les tarifs avant de
frapper les dividendes? En quoi le
commerce local souffrirait-il d’une
minime réduction des dividendes ?
L’entente est donc facile, et nous
sommes sûrs que beaucoup d’action
naires des Docks sont les premiers
à le comprendre. Au fond, si des
difficultés sont nées, cela tient à
l’instransigeance du directeur actuel
des Docks, M. Dupont, qui se pose
uh peu trop en potentat. Dans le
cours des négociations, il a agi, il
faut en convenir, avec une réelle
maladresse. N’a-t-il pas été jusqu’à
menacer ses ouvriers de faire venir
des étrangers et de les loger et
nourrir aux Docks mêmes ? Ce sont
là des exagérations de langage et
d’attitude qui ont contribué à com
pliquer les pourparlers. Nous croyons
savoir d’ailleurs qu’en haut lieu on
a désavoué ces procédés par trop
autoritaires et qu’on a fait com
prendre à M. Dupont qu’il avait
tort d’agir ainsi. Puisse cette leçon
lui profiter.
Au surplus on pourrait envisager
la question à un autre point de
vue. Il ne faut pas oublier que nos
Docks-Entrepôts ont été concédés à
la ville du Havre et rétrocédés par
elle à la Compagnie actuelle. Si des
difficultés de ce genre, qui ont pour
résultat de troubler notre trafic
maritime, devaient se reproduire, il
il y aurait lieu d’examiner la ques
tion du rachat de la concession par
la Ville.
Posé dans ces termes, le problème
pourrait se résoudre d’une façon
très avantageuse pour nos finances
municipales.
Nous aurons l’occasion de revenir
sur cette solution qu’il faut, dès à
présent, envisager, non seulement
comme possible et facilement réali
sable, mais encore comme prochaine.
MAGISTER.
★
* *
Au moment de mettre sous presse,
nous apprenons qu’à la suite de la
réunion qui a eu lieu hier vendredi,
à 11 heures, à l’Hôtel de Ville, sous
la présidence de M. Marais, un
accord satisfaisant est intervenu
entre l’administration des Docks et
les ouvriers.
La grève peut donc être considérée
comme terminée.
N. D. L. R.
LA SEMAINE
La Chambre *des Députés
L’abbé Lemire a avoué que les « Bon-
Pasteur » avaient été inquiets un mo
ment. Qu’ils se rassurent : on ne fera pas
d’enquête, et l’exploitation de l’enfance
continuera comme devant.
En vain, M. Fournière, M. Laferre,
M. Beauquier ont-ils signalé les faits les
plus graves et les plus précis, — par
exemple celui-ci : le « Bon Pasteur » de
Besançon, propriétaire à lui tout seul, de
la huitième partie des immeubles de la
ville ! — la Chambre s’est contentée de la
promesse du gouvernement, de surveiller
de plus près les orphelinats et de répri
mer les abus, quand ils seraient dûment
constatés.
Il est vrai que M. Waldeck-Rousseau
a annoncé le dépôt prochain d’un projet
de loi qui doit organiser la surveillance
de l’État sur les établissements d’assis
tance privés. C’est très bien. Mais la
question est de savoir si les
tance, ou s’ils ne sont pas plutôt et uni
quement des établissements d’exploita
tion. Ceux-là, il n’y a pas à les surveiller :
il n’y a qu’à les fermer.
★
* *
La Haute-Cour
La tactique obstructionniste suivie par
les accusés, dans le procès dont est saisie
la Haute-Cour, menace d’en éterniser les
débats. Ilsemble que la défense,en prolon
geant ces débats par son fait, veuille les
étendre au point de les reporter jusqu’au-
delà du renouvellement triennal du Sénat.
Dans quel intérêt ?
Et qu’espère-t-elle retirer de ce retard ?
Est-ce que, dans l’impossibilité légale
de juger où seront les sénateurs issus des
nouvelles élections, elle penserait trouver,
pour ses clients, un moyen d’empêcher le
haut tribunal de rendre son jugement ?
A-t-elle l’espérance de voir, avec le temps,
le nombre des juges diminuer dans des
proportions de plus en plus grandes et,
après de multiples audiences, prétendra-
t-elle un jour que la Haute-Cour n’estplus
en nombre pour délibérer.
Si tel est son dessein, il est aisé de
montrer qu’il est déjoué d’avance par l’ap
plication pure et simple de la loi orga
nique du 10 avril 1889 sur la procédure de
la Haute-Cour.
★
* *
Le Banquet du Comité républicain
du Commerce
Le discours que M. Millerand a pro
noncé au banquet du Comité républicain
du commerce a encore soulevé une petite
irritation dans le camp des nationalistes
républicains, car M. Millerand ne peut
parler sans agacer profondément les ré
publicains dissidents. On semble lui en
vouloir de tenir le langage d’un véritable
homme politique et de ne pas se montrer
un révolutionnaire. On lui reproche bien
d’avoir conservé ses idées, mais on lui
tient surtout rancune d’en suspendre l’ap
plication.
Mais ce qui choque surtout les adver
saires du cabinet, c’est qu’un officier de
la maison militaire de M. le Président de
la République ait assisté à cette cérémo
nie. Voyez-vous, en effet, le scandale ; le
Président a un représentant dans un
banquet présidé par un de ses ministres,
dans lequel on a même eu l’audace de
porter un toast au chef de l’Etat. Ce n’est
pas tout, on conteste même aux commer
çants qui ont fondé ce comité le titre de
commerçants.
Les battus des derniers scrutins ne
cessent d’exhaler leur mauvaise humeur
et leur rancune. Ce n’est pas une manière
bien adroite pour eux de regagner le
terrain perdu.
La guerre Sud-Africaine
On se bat peut-être, probablement
même, au Cap et à Natal, mais nous n’en
savons rien. Le télégraphe se tait, par
ordre supérieur, et le Laffan-Bureau lui-
même n’annonce plus la reddition de
Ladysmith. La censure anglaise fait
prendre patience au public européen,
avide de nouvelles, en lui jetant en
pâture quelques vieilles dépêches restées
pour compte dans les bureaux télégra
phiques du Cap. ^ L’une d’elle nous
apprend que tout allait bien à Kimberley
le 23 novembre ; une autre que la situa
tion ne s’était pas modifiée à Kimberley,
le 20, où les Boers continuaient le bom
bardement nuit et jour. Quand à Mafe-
king, on n’en parle plus ; on a même l’air
de n’y plus songer.
Plus on va et plus on s’aperçoit que
la dernière affaire, celle de Graspan, a
une allure incertaine. Du côté des An
glais, on la compte comme une bataille
importante quant à son évolution et son
influence sur la suite de la campagne.
Une seule chose paraît assez précise,
c’est que ce ne fut pas là une bataille,
mais un combat sérieux, d’un résultat
encore à fixer et que les troupes an
glaises, tout particulièrement la brigade
navale dont la bravoure fut grande, ont
été cruellement éprouvés par le feu meur
trier des Boers.
LA JEUNESSE ROYALISTE
ET
LA FRANC-MACONNERIE
On ne s’est pas ennuyé mercredi
dernier à la correctionnelle, à l’occa
sion des poursuites contre la jeunesse(?)
royaliste. Mais dire que c’est aux
dépens des républicains qu’on s'est
amusé, ce serait peut-être exagéré.
Avec cette éloquence incisive et
volontiers narquoise dont il a le secret,
M. Noguères, procureur de la Répu
blique, a montré sous son véritable
jour nos conspirateurs royalistes, pour
lesquels il est Smart de combattre la
République pour la remplacer par le
jeune et naturaliste Gamelle. Il a bien
su ramener à leurs véritables propor
tions ces conspirateurs que la Répu
blique n’a pas à décapiter, comme
faisait un peu brutalement la Con
vention, mais à qui elle fait bien
toutefois de montrer qu’elle existe.
A ce réquisitoire, les prévenus ont
opposé la défense d’un avocat de Rouen
M e Allais, bien connu comme auteur
de spirituelles nouvelles, mais dont
la harangue laborieusement écrite
dans le silence du cabinet et sentant
un peu l’huile, ne répondait aucune
ment aux arguments du ministère
public. Cette plaidoirie, tout entière
à côté, avait en outre l’inconvénient
de renfermer un certain nombre d'in
vectives et d’apostrophes à la Dru-
mont.
C’est surtout la Franc-Maçonnerie
qui a servi de tête de Turc à nos bons
royalistes. Le régime qui leur est cher
n’a jamais eu le courage de poursuivre
cette association. Plus ardents, ils
veulent, suivant une image que ne
désavouerait pas l’exquis et courtois
Gamelle : prendre la veuve par la peau
du tou et la jeter dehors. On n’est pas
plus régence !
Pour les royalistes et leur défendeur,
c’est la Franc-Maçonnerie qui, aujour
d’hui, mène le monde. Si le jeune et
bouillant M. Barthelmé et ses amis
gouvernaient la France, tout irait
évidemmentbien mieux. Mais il faudra
attendre, nous le craignons fort, de
nombreuses années, avant de jouir de
ce bonheur ineffable. La jeunesse aura
tout le temps de devenir la vieillesse
royaliste.
Relevons en terminant une alléga
tion inexacte des royalistes. Ils pré
tendent que la Franc-Maçonnerie
aurait ordonné les poursuites ! Rien
de plus fantaisiste. Nous pouvons
affirmer que jamais, dans les trois
Loges du Havre, il n’a été question
de ces Messieurs, qui sont tous d’ail
leurs d'illustres inconnus, n'ayant
aucune autorité sur les groupes poli
tiques du Havre.
Mais n’est-il pas amusant de voir
les éternels ennemis de la Liberté,
ceux qui voudraient nous ramener au
billet de confession, manifester leur
amour pour la Liberté, cette gueuse
qu’ils voudraient tant étrangler...
après l’avoir saisie, comme la Veuve,
par la peau du cou ?
UN FRÈRE.
LA QUESTION DU CAFÉ
Le gouvernement du Brésil nous
menace de mesures de représailles en
fermant son marché aux produits
français, si nous n’abaissons pas nos
droits de douane sur les cafés. Cette
éventualité est de nature à éveiller
notre attention, étant donnés les
intérêts commerciaux importants que
la France, en général, et le Havre en
particulier, voit engagés dans cette
question.
On sait que les cafés acquittent un
droit d’importation de 156 fr. par
100 kil. Dans aucune autre nation
ils ne sont autant frappés ; l’Allema
gne ne leur demande que 50 fr. •
d’autres pays les ont totalement
exonères en taison des précieuses
qualités du breuvage qu’ils fournis-
sent.
Par son tarif de prohibition, qui
n a pas 1 excuse de sauvegarder des
intérêts économiques ou agricoles, la
douane a réduit chez nous, dans de
grandes proportions, l’utile consom
mation du café, ou, du moins, elle
n en a pas permis l’extension qu’elle
a prise chez tous nos voisins. Notre
consommation s’élève à 78,821 tonnes
seulement.
M. Ives Guyot, ancien ministre,
propose, dans le Siècle, de diminuer à
100 fr. les droits d’entrée qui cause
raient, il est vrai, un déficit budgé
taire de 45 millions sur un chapitre
de 123 millions. Mais, ainsi que le
fait remarquer le rédacteur du Siècle ,
il serait facile de boucher ce trou en
se passant de l’incorporation au budget
d’une somme de 41,200,000 fr. qui
était primitivement destinée à con
courir à la création, pour 1900, de
nouvelles lignes de chemin de fer,
soin qui devait incomber aux com
pagnies, par voie d’émission de nou
velles actions.
Rien de plus juste, dans cette
appréciation.
Le surplus des recettes que ne man
querait pas de produire l’abaissement
du tari! douanier, pourvoirait au
reste.
Le port du Havre est intéressé au
plus Haut chef dans cette question ;
armateurs, négociants, employés de
commerce et ouvriers. Ce serait l’heure
d agir. Que fera la Chambre de com
merce? Que ferons-nous, nous-mêmes.
Il me semble qu’une vaste pétition
aurait chance de succès. Mais pres
sons-nous avant le vote du budget.
Alf. H.
PRETORIA
La capitale du Transwaal n’est ni une
ville ni un village ; c’est un immense
jardin où sont éparpillés de loin en loin,
des maisons, des villas, des cottages :
c’est le rus us urbe d’Horace, la ville
champêtre telle que peut être la capitale
d’une république de paysans.
Cette ville immense est comme un dé
sert. Elle pourrait contenir un demi-
million d’habitants, elle n’en a pas dix
mille. Sa maigre population ne la remplit
point. Ses rues, bordées de larges ruis
seaux qu’il faut constamment enjamber
ne sont point pavées, et les pluies les
transforment en fleuves de boue. En dépit
de la boue, qui est ici un cinquième élé
ment, Pretoria offre un coup d’œil agréa
ble qui n’appartient qu’à elle. Chaque
maison est entourée d’un grand jardin, et
les jardins occupent les trois quarts de
l’étendue de la ville.
La capitale du Transwaal a peu de
monuments, mais elle a un joli nom qui
plaît à Tort ille. Ce nom lui vient d’un cer
tain Pretorius, qu’il ne faut pas chercher,
comme on pourrait le croire, dans l’his
toire romaine, mais tout simplement dans
les annales de la jeune république, née
d’hier. Ce Pretorius fut le premier prési
dent de la colonie des Boers.
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