Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-08-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 août 1899 05 août 1899
Description : 1899/08/05 (N171). 1899/08/05 (N171).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263370b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4 e Année — fi® 171.
msmmBaemneeams
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicai
Samedi 5 Août 1859.
PRIX DIS ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
M
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1
Prix
§§
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
M
Annonces —
g
g
Réclames
g
Secrétaire de la Rédaction.... e. thommeret
g
ü
L’ImPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY
5
On
Prix des Insertions :
Du Toupet
On ne manque pas de toupet, au
Petit Havre.
Danssonnuméro d’hier,M.Fénoux
publie, sous le titre « Pour en finir »,
un article qui n’est qu’un long et
filandreux tissu d’affirmations auda
cieuses et de palinodies.
Comme la cause de son ami Ester-
hazy tourne mal, Le Petit Havre
fait savoir à ses lecteurs, qu’il prend
évidemment pour des imbéciles, que
c’est de la rue Fontenelle qu’est venu
le mot d’ordre des révisionnistes.
On y lit ceci : « Nous ferons remar
quer que nous n’avons pas, quant à
nous, attendu l’heure décisive pour
réclamer toute la lumière. »
La vérité, c’est que Le Petit
Havre a sans cesse attaqué, soit par
des injures, soit par des insinuations
'perfides, ceux qui demandaient la
la lumière. On se souvient qu’aux
élections législatives, il n’a pas rougi
de faire de l’antisémitisme en faveur
de son grotesque candidat Rispal,
lequel déclarait, nous ne savons à
quel vide-bouteilles de la Cloche
Illustrée , qu’il était adversaire résolu
de la révision.
Quand Jaurès est venu au Havre
et a fait cette admirable conférence
qui nous a reposés des cocasseries
oratoires des rossignols politiques
patronnés par la presse opportuniste,
Le Petit Havre n’en a même pas
rendu compte.
Voilà comment on comprend la
bonne foi et la lumière rue Fonte
nelle !
Nous pourrions en citer d’autres
exemples, comme la conférence de
la Ligue des Droits de l’Homme, oh
le regretté docteur Gibert prit la
parole pour flétrir les sinistres
coquins qui ont la prétention de
représenter l’armée et la patrie. De
quel côté était M. Fénoux? Du côté
de Picquart ou du côté de Pellieux
et Zurlinden ? Ayez donc le courage
de votre opinion, et, quand vous
avez défendu la cause du mensonge,
ne vous posez pas en apôtres de
la vérité.
Non, que le Petit Havre, n’espère
pas se relever de la déconsidération
où il s’est définitivement plongé.
Qu’il reste avec ses amis :
Avec le misérable Méline, dont le
rôle dans cette affaire est claire
ment défini, depuis quelques se
maines, et qui aura bientôt des
comptes à rendre à la justice.
Avec des journaux qui s’appellent
Le"Soir, L’Echo de Paris, Le Gau
lois, dont le Petit Havre se sert
pour remplir ses colonnes.
Qu’il reste avec ses amis Rispal
et Brindeau, qui, après avoir fait
afficher le faux Henry, n’ont même
pas eu la pudeur de voter l’affichage
de l’arrêt de la Cour de cassation.
C’est en vain que cette feuille qui
s’intitule démocratique ; depuis que
ses amis ont été battus par les
démocrates du Havre, essaie de
prêcher, pour après l’acquittement
de Dreyfus, l’union des républicains.
Cette union ne se fera pas avec le
Petit Havre et ses amis, mais contre
eux. Ils ont été pris la main dans le
sac, ils ont tripoté depuis deux ans
avec les jésuites et les patriotards
contre la cause de la justice, qu’ils
en supportent les conséquences.
Il serait vraiment plaisant que la
feuille qui est généralement accueillie
dans les réunions populaires au cri
unanime de : « A bas le Petit
Menteur ! » eût la prétention de
régenter l’opinion. Les républicains
du Havre qui s’honorent d’avoir été
injuriés par des sous-ordre d’Arthur
Meyer, de Millevoye et de Polonais,
sauront, en temps et lieu, y mettre
bon ordre.
Le fossé est définitivement creusé
entre la coalition opportuno-réac-
tionnaire et les démocrates. Quand
les gens du Petit Havre proposent
de le combler, il n’y a qu’à répondre
par un éclat de rire, en se préparant
à affronter courageusement les
luttes prochaines.
Car la vraie tâche n’est pas encore
accomplie.
MAG1STER.
L’EXPULSION DES JÉSUITES
La pétition pour l’expulsion des
jésuites continue à recruter de adhé
rents. Nous tenonns à signaler à ce
sujet une lettre de M. Boissy d’An-
glas, ancien député qui signe des deux
mains, selon son evpression, la péti
tion contre la compagnie Jésus.
M. Boissy d’Ànglas rappelle les ar
rêts des anciens Parlements, portant
dissolution de l’ordre et expulsion de
ces pertubateurs de la tranquilitè pu
blique, de ces corrupteurs de la jeu
nesse.
On prétend qu’il est difficile de les
chasser et surtout de les empêcher de
rentrer ! C’est là une erreur. « J’ai
représenté la France, dit M. Boissy
d’Anglas, auprès d’un grand pays, le
Mexique, dont ils ont été chassés ainsi
que tous les autres ordres monasti
ques et où je peux vous assurer qu’ils
ne sont jamais rentrés, et c’est seule
ment du moment où il les a mis à la
porte que ce pays est tranquille et
prospère. Le jour où la République
française saura, vouloir, comme a su
vouloir la République mexicaine, ces
sans patrie disparaîtront pour toujours
de notre sol et nous serons toujours
chez nous. »
L’exemple, on le voit, est bi.n
choisi, et par quelqu’un qui est aux
premières loges pour bien voir les ré
sultats de l’exècutian de Tartfe. Car
les bons Pères ont empoisonné le
Nouveau-Monde comme ils ont fait de
l’ancien où de la vieille Europe lan
guit dans le malaise ou frémit dans
les crises sous leur action secréte et
dissolvante.
La France surtout est une de leur
victime mais, on le voit, elle se réveille
et comprend enfin le danger. Il faut
agir ! 11 n’est que temps !
Tous les yeux vont bientôt se trou
ver portés vers le Conseil de guerre
de Rennes, et l’on verra, d’autre part,
que, seul du Havre, notre journal a
délégué l’un de ses rédacteurs pour
suivre les débats et en rapporter une
physionomie sincère.
Mais ici, il est utile de rappeler
dans quelles conditions nous avons
pris parti dans la longue et triste af
faire Dreyfus. Si, d’après la minu
tieuse enquête, menée par la Cour de
cassation, de graves présomptions
militent en faveur de l’innocence de
Dreyfus, et quel que soit le verdict
que rendra le Conseil de guerre, nous
disons que des choses terribles ont été
portées à la connaissance du public et
qu’il nous faudra exiger des répara
tions équivalentes au préjudice porté
à la grandeur et à la dignité du pays.
Sans parler des tortures intellectuelles
etphysiques endurées par le prisonnier
de l'île du Diable — et que la coupable
légèreté du ministre-bourreau Lebon,
n’ayant d’excuse que dans une jeu
nesse inconsciente, a favorisées, —
nous devons nous occuper des sanc
tions pénales que comportent les agis
sements des généraux Mercier, Boi-
defîre et Gonse, maintenant que l’ar
rêt de non-lieu rendu en faveur de
Du Paty de Clam établit leur respon
sabilité, dans le 'par ordre qu’ils
avaient commandé.
| Qu’on ne l’oublie pas !
La politique de l’éponge, nous ne
saurions l’admettre !
Dreyfus, innocent ou coupable, il
existe des crimes qu’il faut-nhâtier.
L’arrêt rendu par la plus haute magis
trature du pays, — arrêt qui a dû
éclairer les plus incrédules sur les
honteuses et basses manœuvres révé
lées par la publication du Figaro , —
comporte des enseignements profonds.
A cet endroit, le parti républicain du
Havre s’est nettement prononcé pour
la suppression des Conseils de guerre
en temps de paix et pour lui substituer
la juridiction civile, plus conforme à
notre constitution politique, en ce
qu’elle assujettit le militarisme à l’au
torité républicaine, au lieu de le pla
cer au-dessus; puis, nous avons tous
constaté avec quelle malheureuse sin
cérité des hommes revêtus de l’uni
forme, astreints à l'esprithiérarchique,
braves peut-être comme soldats, habi
tués à commander par ordre à leurs
troupes, sans tolérer de récrimination,
prétendaient commander aussi les
éléments, sans jamais vouloir enten
dre la vérité, l’équité et le simple bon
sens. ,
Il y a, aussi, à entreprendre la ré
forme des tribunaux civils eux-
mêmes; le procureur Feuilloley et
l’avocat général Bertrand nous l’ont
appris.
Mais encore et surtout, il y a à mo
raliser la foule innombrable et stupide
de ces gens qui n’ont pas voulu se
laisser éclairer par la lumière, lui
préférant l’obscurité, et qui, chaque
jour, avec un sang-froid imperturba
ble, vous assurent blanc ce qui est
noir ou réciproquement, noir ce qui
est blanc.
Nos nationalistes aux abois sont
; continuellement à la recherche de
quelque fable nouvelle. Les Coppée,
les Quesnay, les Drumont, les Des-
moulins, (du Gaulois), élèvent leur
mauvaise foi à la hauteur des mysti
fications dontquelques-unsd’entre eux
sont l’objet. Les voilà partis en guerre
avec le voyage de courtoisie de M.
Delcassé à St-Pétersbourg ; ils nous
menacent de l’Allemagne, ainsi que,
naguère, le général de Pellieux,
comme si un ministre d’Etat n’avait
jamais quelque question particulière
à régler avec une puissance étrangère,
pour légitimer un déplacement quel
conque. Et il y aura des idiots ca
pables de croire les histoires à dormir
debout, que les feuilles antisémites*
débitent sans cesse pour couvrir les
fautes commises et cacher leur propre
honte.
La liste serait trop longue de la
besogne de salubrité publique à opé
rer, des institutions à policer ou à
remanier. Cependant, nous ne nous
lasserons pas de répéter que l’affaire
en cours dépasse Dreyfus lui-même ;
avec ou sans lui, nous demandons la
continuation de la révision des mé
faits commis, pour établir toutes les
responsabilités.
Alf. HENRI.
L'ŒUVRE DE HEURE
Les Instituteurs livrés
aux Curés
La loi instituant la gratuité et l’obliga
tion de l’enseignement primaire est, —
avant même le suffrage universel, la plus
belle conquête républicaine de ce siècle.
La bourgeoisie ne l’a concédée que la
mort dans l’âme, et par nécessité pour
elle de jeter du lest. Mais opportunisme
et cléricalisme comptaient bien enrayer
le fonctionnement du formidable levier
d’émancipation par des moyens gouver
nementaux appropriés, et déterminer la
; faillite des espérances que les républi-
[cains avaient justement mises dans la
diffusion des connaissances.
Cette œuvre, commencée par Méline,
est en voie d’accomplissement.
Toute la fraction libérale du personnel
enseignant primaire est devenu l’objet
de la suspicion et des embûches adminis
tratives.
Malheur à l’instituteur qui, préoccupé
d’un supérieur souci d’éducation générale
à introduire dans son enseignement,
montrerait autre chose que la grammaire
française, les quatre règles et la généa
logie de nos rois !
Le peuple doit savoir lire, écrire,
compter ; c’est tout. — Je dis moi, que
ce n’est rien, et qu’il doit être permis à
P instituteur de faire des hommes libres.
C’est au moment où le jésuitisme
opportuniste simule la prise en considé
ration d’une loi tendant à remettre la
nomination et l’avancement des institu
teurs aux mains de leurs supérieurs hié
rarchiques, c’est à ce moment que se fait
le plus lourdement sentir la poigne pré
fectorale, que s’exerce le plus cynique
ment la pression de conseillers généraux,
et l’autocratie régionale de tel ou tel
marchand de ciment ou de morue, or
gueil de la représentation nationale.
Beaucoup de jeunes gens instruits, in
telligents du corps enseignant primaire,
attendent l’expiration de l’engagement
décennal pour redevenir citoyen libre,
pour gagner aussi autre chose qu’un
morceau de pain que parcimonieusement
leur compte la République.
Autant de maîtres de valeur qui ne
viendront pas, au village, contrebalancer
utilement l’action néfaste de l’homme des
ténèbres qui s’embrasse au presbytère.
Autant de gagné pour la réaction op-
portuno-cléricale.
Les études dans les écoles normales
Cx. a appelé les instituteurs sous les
drapeaux, mais en dépit d’une nouvelle
loi sur les traitements, ces traitements
sont demeurés dérisoires, et rien n’est
venu compenser la suppression du béné
fice de la dispense totale ; de sorte que le
recrutement est devenu excessivement
difficile, ou bien s’exerce dans des condi
tions déplorables : s’il y a, en effet, assez
de postulants pourvus du brevet élémen
taire , le nombre des candidats aux écoles
normales décroît chaque année. Le niveau
général intellectuel des promotions s’en
ressent : partant, le niveau des études.
L’instituteur sortant à T heure-actuelle de
nos écoles normales, n’a plus les connais
sances générales qui lui permettraient de
lutter avantageusement dans sa commune
contre l’influence néfaste du prêtre.
Un examen impossible, stupéfiant, dit
du professorat restreint, qui fut institué
il y a quelques années, et où les maîtres
adjoints subirent des interrogations de
deux ou trois minutes, où les candidats
défilèrent devant les commissions du jury
« au pas de charge » (j’emprunte l’expres
sion à quelqu’un d’eux), permit de perpé
tuer en dépit de l’esprit de la loi, un état
de choses ancien et préjudiciable aux in
térêts vitaux du nouvel enseignement
primaire.
Au lieu de placer les maîtres adjoints
dans de bonnes écoles primaires de chefs-
lieux de canton, ou de leur confier les
économats, on les titularisa dans leurs
fonctions, et, de cette façon, quinze ou
vingt promotions d’élèves maîtresse se
trouvent privées de l’enseignement fécond
libéral, qu’on est en droit d'attendre des
jeunes professeurs sortant de l’école nor
male supérieure de Saint-Cloud ou de
ceux qui ont préparé leur diplôme dans
les Facultés.
Ainsi l’éducation de nos futurs institu
teurs demeure et demeurera encore durant
plus de dix années sous l’influence des
vieux errements, quand depuis dix ans
déjà le personnel enseignant des lycées
a été renouvelé, rajeuni, et que dans le
moindre collège professent des agrégés.
C. L.
— —«►
LA CHISK SOCIALISTE
M. Baudin, ancien député, vient
d’écrire à M. Jaurès pour protester
contre la présence de son nom au bas
du manifeste de Guesde et de Vaillant.
Il ira, dit-il, au congrès socialiste
« pour prêcher la concorde et l’union,
« pour proclamer que, en toute cir-
« constance, le premier devoir d’un
« socialiste est de défendre la Répu-
« blique menacée, pour affirmer en
« outre que ceux-là seuls ont été clair-
« voyants qui, dès le début de l’affaire
« Dreyfus, ont vu le péril et ont porté
« à la réaction cléricale et militaire
« de si formidables coups ».
Nous verrons bientôt MM. Guesde
et Vaillant rester seuls... avec quel
ques fumistes de province.
msmmBaemneeams
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicai
Samedi 5 Août 1859.
PRIX DIS ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
M
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
1
Prix
§§
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
M
Annonces —
g
g
Réclames
g
Secrétaire de la Rédaction.... e. thommeret
g
ü
L’ImPRIMEUR-GÉRANT F. LE ROY
5
On
Prix des Insertions :
Du Toupet
On ne manque pas de toupet, au
Petit Havre.
Danssonnuméro d’hier,M.Fénoux
publie, sous le titre « Pour en finir »,
un article qui n’est qu’un long et
filandreux tissu d’affirmations auda
cieuses et de palinodies.
Comme la cause de son ami Ester-
hazy tourne mal, Le Petit Havre
fait savoir à ses lecteurs, qu’il prend
évidemment pour des imbéciles, que
c’est de la rue Fontenelle qu’est venu
le mot d’ordre des révisionnistes.
On y lit ceci : « Nous ferons remar
quer que nous n’avons pas, quant à
nous, attendu l’heure décisive pour
réclamer toute la lumière. »
La vérité, c’est que Le Petit
Havre a sans cesse attaqué, soit par
des injures, soit par des insinuations
'perfides, ceux qui demandaient la
la lumière. On se souvient qu’aux
élections législatives, il n’a pas rougi
de faire de l’antisémitisme en faveur
de son grotesque candidat Rispal,
lequel déclarait, nous ne savons à
quel vide-bouteilles de la Cloche
Illustrée , qu’il était adversaire résolu
de la révision.
Quand Jaurès est venu au Havre
et a fait cette admirable conférence
qui nous a reposés des cocasseries
oratoires des rossignols politiques
patronnés par la presse opportuniste,
Le Petit Havre n’en a même pas
rendu compte.
Voilà comment on comprend la
bonne foi et la lumière rue Fonte
nelle !
Nous pourrions en citer d’autres
exemples, comme la conférence de
la Ligue des Droits de l’Homme, oh
le regretté docteur Gibert prit la
parole pour flétrir les sinistres
coquins qui ont la prétention de
représenter l’armée et la patrie. De
quel côté était M. Fénoux? Du côté
de Picquart ou du côté de Pellieux
et Zurlinden ? Ayez donc le courage
de votre opinion, et, quand vous
avez défendu la cause du mensonge,
ne vous posez pas en apôtres de
la vérité.
Non, que le Petit Havre, n’espère
pas se relever de la déconsidération
où il s’est définitivement plongé.
Qu’il reste avec ses amis :
Avec le misérable Méline, dont le
rôle dans cette affaire est claire
ment défini, depuis quelques se
maines, et qui aura bientôt des
comptes à rendre à la justice.
Avec des journaux qui s’appellent
Le"Soir, L’Echo de Paris, Le Gau
lois, dont le Petit Havre se sert
pour remplir ses colonnes.
Qu’il reste avec ses amis Rispal
et Brindeau, qui, après avoir fait
afficher le faux Henry, n’ont même
pas eu la pudeur de voter l’affichage
de l’arrêt de la Cour de cassation.
C’est en vain que cette feuille qui
s’intitule démocratique ; depuis que
ses amis ont été battus par les
démocrates du Havre, essaie de
prêcher, pour après l’acquittement
de Dreyfus, l’union des républicains.
Cette union ne se fera pas avec le
Petit Havre et ses amis, mais contre
eux. Ils ont été pris la main dans le
sac, ils ont tripoté depuis deux ans
avec les jésuites et les patriotards
contre la cause de la justice, qu’ils
en supportent les conséquences.
Il serait vraiment plaisant que la
feuille qui est généralement accueillie
dans les réunions populaires au cri
unanime de : « A bas le Petit
Menteur ! » eût la prétention de
régenter l’opinion. Les républicains
du Havre qui s’honorent d’avoir été
injuriés par des sous-ordre d’Arthur
Meyer, de Millevoye et de Polonais,
sauront, en temps et lieu, y mettre
bon ordre.
Le fossé est définitivement creusé
entre la coalition opportuno-réac-
tionnaire et les démocrates. Quand
les gens du Petit Havre proposent
de le combler, il n’y a qu’à répondre
par un éclat de rire, en se préparant
à affronter courageusement les
luttes prochaines.
Car la vraie tâche n’est pas encore
accomplie.
MAG1STER.
L’EXPULSION DES JÉSUITES
La pétition pour l’expulsion des
jésuites continue à recruter de adhé
rents. Nous tenonns à signaler à ce
sujet une lettre de M. Boissy d’An-
glas, ancien député qui signe des deux
mains, selon son evpression, la péti
tion contre la compagnie Jésus.
M. Boissy d’Ànglas rappelle les ar
rêts des anciens Parlements, portant
dissolution de l’ordre et expulsion de
ces pertubateurs de la tranquilitè pu
blique, de ces corrupteurs de la jeu
nesse.
On prétend qu’il est difficile de les
chasser et surtout de les empêcher de
rentrer ! C’est là une erreur. « J’ai
représenté la France, dit M. Boissy
d’Anglas, auprès d’un grand pays, le
Mexique, dont ils ont été chassés ainsi
que tous les autres ordres monasti
ques et où je peux vous assurer qu’ils
ne sont jamais rentrés, et c’est seule
ment du moment où il les a mis à la
porte que ce pays est tranquille et
prospère. Le jour où la République
française saura, vouloir, comme a su
vouloir la République mexicaine, ces
sans patrie disparaîtront pour toujours
de notre sol et nous serons toujours
chez nous. »
L’exemple, on le voit, est bi.n
choisi, et par quelqu’un qui est aux
premières loges pour bien voir les ré
sultats de l’exècutian de Tartfe. Car
les bons Pères ont empoisonné le
Nouveau-Monde comme ils ont fait de
l’ancien où de la vieille Europe lan
guit dans le malaise ou frémit dans
les crises sous leur action secréte et
dissolvante.
La France surtout est une de leur
victime mais, on le voit, elle se réveille
et comprend enfin le danger. Il faut
agir ! 11 n’est que temps !
Tous les yeux vont bientôt se trou
ver portés vers le Conseil de guerre
de Rennes, et l’on verra, d’autre part,
que, seul du Havre, notre journal a
délégué l’un de ses rédacteurs pour
suivre les débats et en rapporter une
physionomie sincère.
Mais ici, il est utile de rappeler
dans quelles conditions nous avons
pris parti dans la longue et triste af
faire Dreyfus. Si, d’après la minu
tieuse enquête, menée par la Cour de
cassation, de graves présomptions
militent en faveur de l’innocence de
Dreyfus, et quel que soit le verdict
que rendra le Conseil de guerre, nous
disons que des choses terribles ont été
portées à la connaissance du public et
qu’il nous faudra exiger des répara
tions équivalentes au préjudice porté
à la grandeur et à la dignité du pays.
Sans parler des tortures intellectuelles
etphysiques endurées par le prisonnier
de l'île du Diable — et que la coupable
légèreté du ministre-bourreau Lebon,
n’ayant d’excuse que dans une jeu
nesse inconsciente, a favorisées, —
nous devons nous occuper des sanc
tions pénales que comportent les agis
sements des généraux Mercier, Boi-
defîre et Gonse, maintenant que l’ar
rêt de non-lieu rendu en faveur de
Du Paty de Clam établit leur respon
sabilité, dans le 'par ordre qu’ils
avaient commandé.
| Qu’on ne l’oublie pas !
La politique de l’éponge, nous ne
saurions l’admettre !
Dreyfus, innocent ou coupable, il
existe des crimes qu’il faut-nhâtier.
L’arrêt rendu par la plus haute magis
trature du pays, — arrêt qui a dû
éclairer les plus incrédules sur les
honteuses et basses manœuvres révé
lées par la publication du Figaro , —
comporte des enseignements profonds.
A cet endroit, le parti républicain du
Havre s’est nettement prononcé pour
la suppression des Conseils de guerre
en temps de paix et pour lui substituer
la juridiction civile, plus conforme à
notre constitution politique, en ce
qu’elle assujettit le militarisme à l’au
torité républicaine, au lieu de le pla
cer au-dessus; puis, nous avons tous
constaté avec quelle malheureuse sin
cérité des hommes revêtus de l’uni
forme, astreints à l'esprithiérarchique,
braves peut-être comme soldats, habi
tués à commander par ordre à leurs
troupes, sans tolérer de récrimination,
prétendaient commander aussi les
éléments, sans jamais vouloir enten
dre la vérité, l’équité et le simple bon
sens. ,
Il y a, aussi, à entreprendre la ré
forme des tribunaux civils eux-
mêmes; le procureur Feuilloley et
l’avocat général Bertrand nous l’ont
appris.
Mais encore et surtout, il y a à mo
raliser la foule innombrable et stupide
de ces gens qui n’ont pas voulu se
laisser éclairer par la lumière, lui
préférant l’obscurité, et qui, chaque
jour, avec un sang-froid imperturba
ble, vous assurent blanc ce qui est
noir ou réciproquement, noir ce qui
est blanc.
Nos nationalistes aux abois sont
; continuellement à la recherche de
quelque fable nouvelle. Les Coppée,
les Quesnay, les Drumont, les Des-
moulins, (du Gaulois), élèvent leur
mauvaise foi à la hauteur des mysti
fications dontquelques-unsd’entre eux
sont l’objet. Les voilà partis en guerre
avec le voyage de courtoisie de M.
Delcassé à St-Pétersbourg ; ils nous
menacent de l’Allemagne, ainsi que,
naguère, le général de Pellieux,
comme si un ministre d’Etat n’avait
jamais quelque question particulière
à régler avec une puissance étrangère,
pour légitimer un déplacement quel
conque. Et il y aura des idiots ca
pables de croire les histoires à dormir
debout, que les feuilles antisémites*
débitent sans cesse pour couvrir les
fautes commises et cacher leur propre
honte.
La liste serait trop longue de la
besogne de salubrité publique à opé
rer, des institutions à policer ou à
remanier. Cependant, nous ne nous
lasserons pas de répéter que l’affaire
en cours dépasse Dreyfus lui-même ;
avec ou sans lui, nous demandons la
continuation de la révision des mé
faits commis, pour établir toutes les
responsabilités.
Alf. HENRI.
L'ŒUVRE DE HEURE
Les Instituteurs livrés
aux Curés
La loi instituant la gratuité et l’obliga
tion de l’enseignement primaire est, —
avant même le suffrage universel, la plus
belle conquête républicaine de ce siècle.
La bourgeoisie ne l’a concédée que la
mort dans l’âme, et par nécessité pour
elle de jeter du lest. Mais opportunisme
et cléricalisme comptaient bien enrayer
le fonctionnement du formidable levier
d’émancipation par des moyens gouver
nementaux appropriés, et déterminer la
; faillite des espérances que les républi-
[cains avaient justement mises dans la
diffusion des connaissances.
Cette œuvre, commencée par Méline,
est en voie d’accomplissement.
Toute la fraction libérale du personnel
enseignant primaire est devenu l’objet
de la suspicion et des embûches adminis
tratives.
Malheur à l’instituteur qui, préoccupé
d’un supérieur souci d’éducation générale
à introduire dans son enseignement,
montrerait autre chose que la grammaire
française, les quatre règles et la généa
logie de nos rois !
Le peuple doit savoir lire, écrire,
compter ; c’est tout. — Je dis moi, que
ce n’est rien, et qu’il doit être permis à
P instituteur de faire des hommes libres.
C’est au moment où le jésuitisme
opportuniste simule la prise en considé
ration d’une loi tendant à remettre la
nomination et l’avancement des institu
teurs aux mains de leurs supérieurs hié
rarchiques, c’est à ce moment que se fait
le plus lourdement sentir la poigne pré
fectorale, que s’exerce le plus cynique
ment la pression de conseillers généraux,
et l’autocratie régionale de tel ou tel
marchand de ciment ou de morue, or
gueil de la représentation nationale.
Beaucoup de jeunes gens instruits, in
telligents du corps enseignant primaire,
attendent l’expiration de l’engagement
décennal pour redevenir citoyen libre,
pour gagner aussi autre chose qu’un
morceau de pain que parcimonieusement
leur compte la République.
Autant de maîtres de valeur qui ne
viendront pas, au village, contrebalancer
utilement l’action néfaste de l’homme des
ténèbres qui s’embrasse au presbytère.
Autant de gagné pour la réaction op-
portuno-cléricale.
Les études dans les écoles normales
Cx. a appelé les instituteurs sous les
drapeaux, mais en dépit d’une nouvelle
loi sur les traitements, ces traitements
sont demeurés dérisoires, et rien n’est
venu compenser la suppression du béné
fice de la dispense totale ; de sorte que le
recrutement est devenu excessivement
difficile, ou bien s’exerce dans des condi
tions déplorables : s’il y a, en effet, assez
de postulants pourvus du brevet élémen
taire , le nombre des candidats aux écoles
normales décroît chaque année. Le niveau
général intellectuel des promotions s’en
ressent : partant, le niveau des études.
L’instituteur sortant à T heure-actuelle de
nos écoles normales, n’a plus les connais
sances générales qui lui permettraient de
lutter avantageusement dans sa commune
contre l’influence néfaste du prêtre.
Un examen impossible, stupéfiant, dit
du professorat restreint, qui fut institué
il y a quelques années, et où les maîtres
adjoints subirent des interrogations de
deux ou trois minutes, où les candidats
défilèrent devant les commissions du jury
« au pas de charge » (j’emprunte l’expres
sion à quelqu’un d’eux), permit de perpé
tuer en dépit de l’esprit de la loi, un état
de choses ancien et préjudiciable aux in
térêts vitaux du nouvel enseignement
primaire.
Au lieu de placer les maîtres adjoints
dans de bonnes écoles primaires de chefs-
lieux de canton, ou de leur confier les
économats, on les titularisa dans leurs
fonctions, et, de cette façon, quinze ou
vingt promotions d’élèves maîtresse se
trouvent privées de l’enseignement fécond
libéral, qu’on est en droit d'attendre des
jeunes professeurs sortant de l’école nor
male supérieure de Saint-Cloud ou de
ceux qui ont préparé leur diplôme dans
les Facultés.
Ainsi l’éducation de nos futurs institu
teurs demeure et demeurera encore durant
plus de dix années sous l’influence des
vieux errements, quand depuis dix ans
déjà le personnel enseignant des lycées
a été renouvelé, rajeuni, et que dans le
moindre collège professent des agrégés.
C. L.
— —«►
LA CHISK SOCIALISTE
M. Baudin, ancien député, vient
d’écrire à M. Jaurès pour protester
contre la présence de son nom au bas
du manifeste de Guesde et de Vaillant.
Il ira, dit-il, au congrès socialiste
« pour prêcher la concorde et l’union,
« pour proclamer que, en toute cir-
« constance, le premier devoir d’un
« socialiste est de défendre la Répu-
« blique menacée, pour affirmer en
« outre que ceux-là seuls ont été clair-
« voyants qui, dès le début de l’affaire
« Dreyfus, ont vu le péril et ont porté
« à la réaction cléricale et militaire
« de si formidables coups ».
Nous verrons bientôt MM. Guesde
et Vaillant rester seuls... avec quel
ques fumistes de province.
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