Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-06-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 juin 1894 16 juin 1894
Description : 1894/06/16 (N149). 1894/06/16 (N149).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263348h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4® Année — iN° 149 — Samedi 16 Juin 1894.
CINQ CENTIMES LÉ NUMERO
4 e Année — 27 Prairial An 102 — N® 149
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
PBIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre. 3 fr. 2 fr.
Départements .. 4 fr. 2 50
r
-A. ’V I S
Nous jurions nos lecteurs dont Vabonnement
annuel est expiré, de bien vouloir retirer leur
quittance au Bureau du Journal, rue Casimir -
Périer, 15, le plus tôt possible. A défaut, les
quittances seront présentées à domicile, dans la
dernière quinzaine du mois, par les soins de la
Poste. — L’abonnement est de 3 fr. par an.
Le cirque resplendit de lumière ; l’orches
tre joue une valse ; un gymnaste pâle sous le
fard, les biceps saillants, les cheveux outra
geusement frisés, fait des effets de torse sous
le maillot pailleté de clinquant. Sa figure
bestiale essaie vainement de s’éclairer du
sourire stéréotypé commun à tous ses confrè
res. De la main, il envoie un dernier baiser
au public, saisit le trapèze au passage et va
se balancer dans l’air. Un coup de jarret
savamment donné, et, crac ! le saut est exé
cuté ; l’homme est maintenant suspendu à un
autre trapèze ; le public applaudit longue
ment ; le saltimbanque sourit encore, envoie
encore des baisers de sa main grossière, et
recommence.
Un ah ! d’effroi retentit ; le malheureux a
mal calculé son élan ; il tombe lourdement
dans le filet qui cède ; on l’emporte : il a la
colonne vertébrale brisée !
M. Charles Dupuy, président du Conseil
des ministres, est brave, sans doute. En tous
cas, il nous paraît aimer le danger, s’y com
plaire.
Transformant la Chambre des députés en
baraque foraine, il y donne les pièces les plus
diverses. Avec lui comme principal sujet et
ses ministres comme utilités il accomplit
chaque jour de véritables tours de passe-
passe.
Désirant avant tout conserver le pouvoir,
l’élu de la Haute-Loire emploie tous les
moyens.
Fait-il beau ? M. Dupuy voit bleu.
Le temps est-il à la pluie ? L’ex-pion voit
tout en noir.
Cela est tellement vrai que, le 22 mai der
nier, lorsque la Chambre votait l’ordre du
jour suivant, qui obligeait M. Casimir Férier
et ses collègues à démissionner :
« La Chambre, considérant que la loi de
1884 s’applique aux ouvriers et employés des
exploitations de l’Etat, aussi bien qu’à ceux
des industries privées, invite le gouvernement
à la respecter et à en faciliter l’exécution x>,
l’homme-mastodonte après s’ctre un peu fait
prier pour descendre du fauteuil présidentiel,
histoire de cacher la furieuse envie qu'il avait
de reprendre les rênes du char de l’Etat — il
marche si lourdement qu’on pourrait dire le
tombereau — s’empressa d’accepter la mission
de former un cabinet, le composa avec des
éléments en tout semblables à ceux du précé
dent, déclara nettement qu’il suivrait la même
ligne de conduite que M. Casimir Périer et
s’en vint carrément dire à la Chambre le
contraire de ce qu’il avait promis :
« Le gouvernement estime que la loi - de
1884 doit être observée sans restriction en ce
qui concerne la formation des associations et
syndicats professionnels.
oc II constate que, sur certains points, dans
certaines administrations de l’Etat, ces syndi
cats existent déjà, et il a le sentiment qu’il
ne pourrait y être porté atteinte que par une
loi nouvelle.
« Par conséquent, généralité de l’applica
tion de la loi de 1884 pour la formation des
syndicats professionnels ».
Voilà un langage clair, et ce n’est pas nous
qui nous en plaindrons.
Mais, halte-là ! Les séniles vieillards du
Luxembourg qui, d'ordinaire, sommeillent
doucement, se sont subitement réveillés ; la
déclaration de M. Dupuy les a galvanisés ; à
les voir se débattre, on croirait une bande de
vieux chats sur lesquels on aurait jeté un seau
d’eau fraîche.
— Ne vous fâchez pas mes petits mignons.
Vous ne voulez pas de syndicat ? Je l’avais
prévu. J’ai en poche un petit papier qui va
vous donner satisfaction.
Et M. le Président du Conseil retournant
prestement sa veste (celle qu’il remportera
prochainement), de leur dire :
« Dans ma pensée, la loi du 20 mars 1884
n'était pas applicable aux employés de l’Etat
hiérarchisés dans une administration régu
lière.
« Quant aux ouvriers et employés des
exploitations de l’Etat, il n’est pas possible
de ne point tenir compte de certains précé
dents et de l’interprétation de la Chambre.
« J’ai l’intention de saisir le Parlement
d’un projet de loi qui me paraît nécessaire
ponr dégager nettement de la loi sur les syn
dicats tout ce qui intéresse directement les
services publics ».
D’une souplesse remarquable, le seigneur
du Puy a deux manières de voir, suivant qu’il
parle aux députés ou aux sénateurs.
Avec un pareil monsieur on ne sait jamais
à quoi s’en tenir. Il est l’homme de toutes les
besognes et de tous les partis.
Pour conserver sa bonne plache : Fouchlra !
il exécutera toutes les cabrioles, tous les sauts
périlleux que l’on voudra.
C’est un moyen fort commode pour arron
dir sa bourse.
Seulement, on manque quelquefois de jar
ret, et comme il n’y a pas de filet au Parle
ment on se casse invariablement les reins.
Pierre MÉRITEL.
PORCERET-GÀLLIFET
Ils y tiennent, nos bons réactionnaires de tout
poil ; leur Gallifet est un petit saint affreusement
diffamé par ces maudits socialistes qui ne savent
pas comprendre que le sabre de ce monsieur serait,
pour la France, 1<^ plus beau jour de sa vie.
Non contents du triomphe (?) que lui ont fait les
majoritons de la Chambre Dupuy-P. Anzin et C°,
ils ont voulu lui casser l’encensoir sur le nez en
faisant organiser une petite manifestation en
monôme, sur la voie publique, où les jeunes pota
ches apprentis Saint-Cyriens ont joué le rôle du
chœur des tragédies et comédies antiques en chan
tant : Conspuez Paschal Grousset ! Vive Gallifet i
Le public, qui voyait la ficelle, est demeuré
froid et s’est contenté de hausser les épaules en
face de cet égosillage émettant ses sens juvéniles
çn pure perte.
Le meilleur moyen de confondre le diffamateur
Paschal Grousset était celui qu’il indiquait lui-
même dans sa lettre de mise en demeure adressée
au président du Conseil Dupuy, à savoir de le
traduire en Cour d’assises.
Nous aurions alors pu juger du bien ou mal
fondé des accusations de lèse-patriotisme lancées
par le prétendu diffamateur, puisque devant le
jury la preuve des faits est admise à se produire.
En se dérobant, le gouvernement, comme l’a dit
Grousset et ainsi que tout le monde l’admet, s’est
condamné lui-même ; il a déchiré de ses propres
mains la robe de candeur et d’innocence dont la
majorité s'était plue et complue à revêtir le fusil-
lard Porceret-Gallifet.
Il est vrai qu’en revanche, Rochefort s’est chargé
d’habiller gentiment celui qui n’a pas ; commandé
la charge de cavalerie à Sedan, comme il s’èii
vantait avec jactance. Tous les journaux qui ne
mangent pas dans la main du gouvernement ont
reproduit ces assertions de Rochefort appuyées
sur des dossiers existant à la Préfecture de Police
et relatant par le menu l’épopée Gallifetienne de
l’embarquement par force pour la guerre de Cri
mée. De même a été soigneusement relevée l’atti
tude foireuse de ce brillant officier lors de son
duel avec M. de Lauriston.
Nous n’en voulons pas importuner nos lecteurs
au courant sans doute de ces détails qui ne font
aucun honneur au fusilleur des femmes et des
vieillards de la Commune, mais nous insistons
pour appeler de nouveau toute leur attention sur
la conduite de nos gouvernants dans cette affaire
Gallifet.
Elie est typique et justifié toute la mauvaise
opinion que l’on peut avoir de ces quelques politi
ciens cyniques pour Iesquelsaucune pudeur n’existe
plus, capable de les inciter à sauvegarder les
apparences même de la justice.
Ah ! si, pardon, j’oubliais... On va poursuivre
quelqu’un, c’est un journal, un journal socialiste,
bien entendu : Le Parti Ouvrier , pour ses appré
ciations sur le régime militaire en général et sur
Gallifet en particulier.
Notez bien qu’il n’èst pas un seul de nos hommes
actuellement au pouvoir qui n’ait dit des choses
analogues ; pas un qui, dans un programme élec
toral, dans un écrit, dans un discours quelconque,
ne se soit déclaré contre l’existence des 'armées
permanentes. Tous les Jules de 1869 et du 4 sep
tembre avaient plein la bouche de ces belles
maximes humanitaires.
On n’a pas osé poursuivre Paschal Grousset,
mais on veut venger Gallifet sur Le Parti Ouvrier.
C’est une nouvelle gaffe gouvernementale ;
encore quelques-unes de ce genre-là, et, de gaffe
en gaffe, le ministère Dupuy finira par avaler la
sienne.
C’est la grâce que je lui souhaite.
Pierre HOUCHARD.
MORT BU SULTAN DU MAROC
Mouley-Hassan, âgé de 63 ans, sultan du
Maroc de son état, est mort le 7 juin, à Taddla.
Cette vacance du trône marocain intéresse vive
ment l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne, sans
compter la France, voisine, par ses possessions
d’Algérie, de l’Empire Marocain.
La diplomatie que l’Europe ne nous envie pas
plus qu’elle n’envie notre administration se lais
sera sans doute encore berner dans cette affaire
comme sur tant d’autres.
—
FACE A L’ANGLAIS
Il était assez intéressant de savoir quelle atti
tude prendrait la presse anglaise en présence du
langage assez énergique, presque comminatoire
— nous nous plaisons à le reconnaître — tenu
par M. Ilannotaux, notre ministre des Affaires
étrangères.
Toujours nous nous sommes inclinés devant
l’Anglais : le principal souci de M. de Freycinet
était d’éviter tout conflit avec la Grande-Bretagne ;
M. Ribot était continuellement à plat ventre
devant les ministres de Sa Gracieuse Majesté.
Cette fois, les feuilles d’outre-Manche semblent
se rire de nos protestations — rira bien qui rira
le dernier.
ÿl La question du Maroc vient encore de com
pliquer la situation. Cependant, l’envoi de notre
escadre à Tanger doit donner à réfléchir à John
Bull.
La Saint-J âmes Gazette prend un sensible
plaisir à nous rappeler notre politique d’efface
ment continuel :
« Or, M. de Freycinet, après avoir pesé le pour
* et le contre, en déclina expressément le risque.
« L’Angleterre y alla seule et, après des guerres
« coûteuses, elle se vit chargée de l’administra-
« tion civile et militaire de l’Egypte. L’Angle-
» *erre a encouru tous les risques et payé tous les
<», frais. Elle a le droit de recueillir les bénéfices
t qui peuvent en découler.
« En fortifiant notre position sur les lacs, nous
« ne faisons qu’agir d’après les nécessités élémen -
« taires de la situation.
« M. Deloncle Ta proclamé lui-même : celui
« qui tient les réservoirs du Haut-Nil peut, à son
« gré, affamer l’Egypte ou doubler sa prospérité.
« Il découle de ce fait que la puissance chargée
« dés destinées de l’Egypte avait le devoir de
« s’assurer qu’un point aussi important ne tom-
« berait pas dans des mains imprudentes ou
« hostiles. »
Pour les Anglais les « mains imprudentes ou
hostiles » sont celles de la France. Evidemment,
eux sont prudents et pas hostiles du tout ; on n’esfc
pas plus cyniquement hypocrite.
Et après nous avoir ainsi persiflés, la Saint-
James Gazette ajoute d’un air de menace gogue
narde :
« Avec lord Rosebery, à Downing Street, et
« lord Dufferin, faubourg Saint-Honoré, nous
« anglais en Afrique, seront, en tout cas, défen -
« dus avec vigueur et avec décision. »
Ces faits sont malheureusement indiscutables.
Mais il ne faudrait pas que le cabinet de Saint-
James en conclut que nous sommes résignés à
nous laisser éternellement mener par le bout du
nez.
Il ne serait pas mauvais que les Anglais ap
prissent à leurs dépens que tous les Français,
sans distinction de partis, savent, quand les
intérêts supérieurs de la Patrie sont en jeu, se
ranger à l’ombre du drapeau tricolore, et qu’après
les Washington servjles, il y a des citoyens prêts
à défendre l’honneur et les droits de la France !
Nous ne sommes plus les naïfs d’antan et nous
ne vous dirons plus, comme à Fontenoy : « Tirez
les premiers, Messieurs les Anglais. »
P. M.
IE GÉNÉRAL MERCIER PRIS POUR ME OIE
L’autre jour au palais, M. le substitut Brégaud,
qui requérait dans l’affaire de la Panclastite
contre Turpin, a fort égayé les nombreuses per
sonnes qui assistaient aux débats.
Ce jeune serviteur de Thémis s’est lancé, en
parlant de Corioîan, de Turpin, de la Roche Tar-
péienne, du Capitole, dans une amplification
oratoire fort remarquée.
Malheureusement, M. le substitut Brégaud a
terminé sa péroraison en disant que « désormais
le Capitole était bien gardé. »
Ce qui n’est pas très flatteur pour le ministre de
la guerre.
P. M.
S j
Loi sur le payement des salaires des Ouvriers
On sait que le Sénat, a adopté le projet de loi
relatif au payement des salaires des ouvriers.
Les modifications notables qu’il offre avec celui
qui avait été voté par la Chambre des Députés,
notamment en ce qui concerne la question des
amendes, nous font un devoir de les signaler à
nos lecteurs.
Un article vise le payement par jetons, sujet qui
a été si fréquemment agité au Havre, sans rece
voir jamais de solution satisfaisante ; la Chambre
de Commerce et le Conseil Municipal s’en sont, on
le sait, occupés à diverses reprises.
Voici les articles de ce projet, qui sera soumis,
de nouveau, à la discussion de la Chambre des
Députés :
Article premier. — Les salaires des ouvriers
doivent être payés en monnaie métallique ou fidu
ciaire ayant cours légal, nonobstant toute stipu
lation contraire, à peine de nullité.
Art. 2. — Les salaires des ouvriers doivent être
| payés au moins deux fois par mois, à seize jours
au plus d’intervalle, à moins de conventions écrites
contraires.
Pour le travail aux pièces, les conditions de
payement, jusqu’à l’achèvement de l’ouvrage,,
seront fixés de gré à gré par les intéressés.
Art. 3, — Les payements ne peuvent être faits
que dans l’usine ou dans l’un de ses bureaux, et
i
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4 e Année — 27 Prairial An 102 — N® 149
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Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
PBIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre. 3 fr. 2 fr.
Départements .. 4 fr. 2 50
r
-A. ’V I S
Nous jurions nos lecteurs dont Vabonnement
annuel est expiré, de bien vouloir retirer leur
quittance au Bureau du Journal, rue Casimir -
Périer, 15, le plus tôt possible. A défaut, les
quittances seront présentées à domicile, dans la
dernière quinzaine du mois, par les soins de la
Poste. — L’abonnement est de 3 fr. par an.
Le cirque resplendit de lumière ; l’orches
tre joue une valse ; un gymnaste pâle sous le
fard, les biceps saillants, les cheveux outra
geusement frisés, fait des effets de torse sous
le maillot pailleté de clinquant. Sa figure
bestiale essaie vainement de s’éclairer du
sourire stéréotypé commun à tous ses confrè
res. De la main, il envoie un dernier baiser
au public, saisit le trapèze au passage et va
se balancer dans l’air. Un coup de jarret
savamment donné, et, crac ! le saut est exé
cuté ; l’homme est maintenant suspendu à un
autre trapèze ; le public applaudit longue
ment ; le saltimbanque sourit encore, envoie
encore des baisers de sa main grossière, et
recommence.
Un ah ! d’effroi retentit ; le malheureux a
mal calculé son élan ; il tombe lourdement
dans le filet qui cède ; on l’emporte : il a la
colonne vertébrale brisée !
M. Charles Dupuy, président du Conseil
des ministres, est brave, sans doute. En tous
cas, il nous paraît aimer le danger, s’y com
plaire.
Transformant la Chambre des députés en
baraque foraine, il y donne les pièces les plus
diverses. Avec lui comme principal sujet et
ses ministres comme utilités il accomplit
chaque jour de véritables tours de passe-
passe.
Désirant avant tout conserver le pouvoir,
l’élu de la Haute-Loire emploie tous les
moyens.
Fait-il beau ? M. Dupuy voit bleu.
Le temps est-il à la pluie ? L’ex-pion voit
tout en noir.
Cela est tellement vrai que, le 22 mai der
nier, lorsque la Chambre votait l’ordre du
jour suivant, qui obligeait M. Casimir Férier
et ses collègues à démissionner :
« La Chambre, considérant que la loi de
1884 s’applique aux ouvriers et employés des
exploitations de l’Etat, aussi bien qu’à ceux
des industries privées, invite le gouvernement
à la respecter et à en faciliter l’exécution x>,
l’homme-mastodonte après s’ctre un peu fait
prier pour descendre du fauteuil présidentiel,
histoire de cacher la furieuse envie qu'il avait
de reprendre les rênes du char de l’Etat — il
marche si lourdement qu’on pourrait dire le
tombereau — s’empressa d’accepter la mission
de former un cabinet, le composa avec des
éléments en tout semblables à ceux du précé
dent, déclara nettement qu’il suivrait la même
ligne de conduite que M. Casimir Périer et
s’en vint carrément dire à la Chambre le
contraire de ce qu’il avait promis :
« Le gouvernement estime que la loi - de
1884 doit être observée sans restriction en ce
qui concerne la formation des associations et
syndicats professionnels.
oc II constate que, sur certains points, dans
certaines administrations de l’Etat, ces syndi
cats existent déjà, et il a le sentiment qu’il
ne pourrait y être porté atteinte que par une
loi nouvelle.
« Par conséquent, généralité de l’applica
tion de la loi de 1884 pour la formation des
syndicats professionnels ».
Voilà un langage clair, et ce n’est pas nous
qui nous en plaindrons.
Mais, halte-là ! Les séniles vieillards du
Luxembourg qui, d'ordinaire, sommeillent
doucement, se sont subitement réveillés ; la
déclaration de M. Dupuy les a galvanisés ; à
les voir se débattre, on croirait une bande de
vieux chats sur lesquels on aurait jeté un seau
d’eau fraîche.
— Ne vous fâchez pas mes petits mignons.
Vous ne voulez pas de syndicat ? Je l’avais
prévu. J’ai en poche un petit papier qui va
vous donner satisfaction.
Et M. le Président du Conseil retournant
prestement sa veste (celle qu’il remportera
prochainement), de leur dire :
« Dans ma pensée, la loi du 20 mars 1884
n'était pas applicable aux employés de l’Etat
hiérarchisés dans une administration régu
lière.
« Quant aux ouvriers et employés des
exploitations de l’Etat, il n’est pas possible
de ne point tenir compte de certains précé
dents et de l’interprétation de la Chambre.
« J’ai l’intention de saisir le Parlement
d’un projet de loi qui me paraît nécessaire
ponr dégager nettement de la loi sur les syn
dicats tout ce qui intéresse directement les
services publics ».
D’une souplesse remarquable, le seigneur
du Puy a deux manières de voir, suivant qu’il
parle aux députés ou aux sénateurs.
Avec un pareil monsieur on ne sait jamais
à quoi s’en tenir. Il est l’homme de toutes les
besognes et de tous les partis.
Pour conserver sa bonne plache : Fouchlra !
il exécutera toutes les cabrioles, tous les sauts
périlleux que l’on voudra.
C’est un moyen fort commode pour arron
dir sa bourse.
Seulement, on manque quelquefois de jar
ret, et comme il n’y a pas de filet au Parle
ment on se casse invariablement les reins.
Pierre MÉRITEL.
PORCERET-GÀLLIFET
Ils y tiennent, nos bons réactionnaires de tout
poil ; leur Gallifet est un petit saint affreusement
diffamé par ces maudits socialistes qui ne savent
pas comprendre que le sabre de ce monsieur serait,
pour la France, 1<^ plus beau jour de sa vie.
Non contents du triomphe (?) que lui ont fait les
majoritons de la Chambre Dupuy-P. Anzin et C°,
ils ont voulu lui casser l’encensoir sur le nez en
faisant organiser une petite manifestation en
monôme, sur la voie publique, où les jeunes pota
ches apprentis Saint-Cyriens ont joué le rôle du
chœur des tragédies et comédies antiques en chan
tant : Conspuez Paschal Grousset ! Vive Gallifet i
Le public, qui voyait la ficelle, est demeuré
froid et s’est contenté de hausser les épaules en
face de cet égosillage émettant ses sens juvéniles
çn pure perte.
Le meilleur moyen de confondre le diffamateur
Paschal Grousset était celui qu’il indiquait lui-
même dans sa lettre de mise en demeure adressée
au président du Conseil Dupuy, à savoir de le
traduire en Cour d’assises.
Nous aurions alors pu juger du bien ou mal
fondé des accusations de lèse-patriotisme lancées
par le prétendu diffamateur, puisque devant le
jury la preuve des faits est admise à se produire.
En se dérobant, le gouvernement, comme l’a dit
Grousset et ainsi que tout le monde l’admet, s’est
condamné lui-même ; il a déchiré de ses propres
mains la robe de candeur et d’innocence dont la
majorité s'était plue et complue à revêtir le fusil-
lard Porceret-Gallifet.
Il est vrai qu’en revanche, Rochefort s’est chargé
d’habiller gentiment celui qui n’a pas ; commandé
la charge de cavalerie à Sedan, comme il s’èii
vantait avec jactance. Tous les journaux qui ne
mangent pas dans la main du gouvernement ont
reproduit ces assertions de Rochefort appuyées
sur des dossiers existant à la Préfecture de Police
et relatant par le menu l’épopée Gallifetienne de
l’embarquement par force pour la guerre de Cri
mée. De même a été soigneusement relevée l’atti
tude foireuse de ce brillant officier lors de son
duel avec M. de Lauriston.
Nous n’en voulons pas importuner nos lecteurs
au courant sans doute de ces détails qui ne font
aucun honneur au fusilleur des femmes et des
vieillards de la Commune, mais nous insistons
pour appeler de nouveau toute leur attention sur
la conduite de nos gouvernants dans cette affaire
Gallifet.
Elie est typique et justifié toute la mauvaise
opinion que l’on peut avoir de ces quelques politi
ciens cyniques pour Iesquelsaucune pudeur n’existe
plus, capable de les inciter à sauvegarder les
apparences même de la justice.
Ah ! si, pardon, j’oubliais... On va poursuivre
quelqu’un, c’est un journal, un journal socialiste,
bien entendu : Le Parti Ouvrier , pour ses appré
ciations sur le régime militaire en général et sur
Gallifet en particulier.
Notez bien qu’il n’èst pas un seul de nos hommes
actuellement au pouvoir qui n’ait dit des choses
analogues ; pas un qui, dans un programme élec
toral, dans un écrit, dans un discours quelconque,
ne se soit déclaré contre l’existence des 'armées
permanentes. Tous les Jules de 1869 et du 4 sep
tembre avaient plein la bouche de ces belles
maximes humanitaires.
On n’a pas osé poursuivre Paschal Grousset,
mais on veut venger Gallifet sur Le Parti Ouvrier.
C’est une nouvelle gaffe gouvernementale ;
encore quelques-unes de ce genre-là, et, de gaffe
en gaffe, le ministère Dupuy finira par avaler la
sienne.
C’est la grâce que je lui souhaite.
Pierre HOUCHARD.
MORT BU SULTAN DU MAROC
Mouley-Hassan, âgé de 63 ans, sultan du
Maroc de son état, est mort le 7 juin, à Taddla.
Cette vacance du trône marocain intéresse vive
ment l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne, sans
compter la France, voisine, par ses possessions
d’Algérie, de l’Empire Marocain.
La diplomatie que l’Europe ne nous envie pas
plus qu’elle n’envie notre administration se lais
sera sans doute encore berner dans cette affaire
comme sur tant d’autres.
—
FACE A L’ANGLAIS
Il était assez intéressant de savoir quelle atti
tude prendrait la presse anglaise en présence du
langage assez énergique, presque comminatoire
— nous nous plaisons à le reconnaître — tenu
par M. Ilannotaux, notre ministre des Affaires
étrangères.
Toujours nous nous sommes inclinés devant
l’Anglais : le principal souci de M. de Freycinet
était d’éviter tout conflit avec la Grande-Bretagne ;
M. Ribot était continuellement à plat ventre
devant les ministres de Sa Gracieuse Majesté.
Cette fois, les feuilles d’outre-Manche semblent
se rire de nos protestations — rira bien qui rira
le dernier.
ÿl La question du Maroc vient encore de com
pliquer la situation. Cependant, l’envoi de notre
escadre à Tanger doit donner à réfléchir à John
Bull.
La Saint-J âmes Gazette prend un sensible
plaisir à nous rappeler notre politique d’efface
ment continuel :
« Or, M. de Freycinet, après avoir pesé le pour
* et le contre, en déclina expressément le risque.
« L’Angleterre y alla seule et, après des guerres
« coûteuses, elle se vit chargée de l’administra-
« tion civile et militaire de l’Egypte. L’Angle-
» *erre a encouru tous les risques et payé tous les
<», frais. Elle a le droit de recueillir les bénéfices
t qui peuvent en découler.
« En fortifiant notre position sur les lacs, nous
« ne faisons qu’agir d’après les nécessités élémen -
« taires de la situation.
« M. Deloncle Ta proclamé lui-même : celui
« qui tient les réservoirs du Haut-Nil peut, à son
« gré, affamer l’Egypte ou doubler sa prospérité.
« Il découle de ce fait que la puissance chargée
« dés destinées de l’Egypte avait le devoir de
« s’assurer qu’un point aussi important ne tom-
« berait pas dans des mains imprudentes ou
« hostiles. »
Pour les Anglais les « mains imprudentes ou
hostiles » sont celles de la France. Evidemment,
eux sont prudents et pas hostiles du tout ; on n’esfc
pas plus cyniquement hypocrite.
Et après nous avoir ainsi persiflés, la Saint-
James Gazette ajoute d’un air de menace gogue
narde :
« Avec lord Rosebery, à Downing Street, et
« lord Dufferin, faubourg Saint-Honoré, nous
« dus avec vigueur et avec décision. »
Ces faits sont malheureusement indiscutables.
Mais il ne faudrait pas que le cabinet de Saint-
James en conclut que nous sommes résignés à
nous laisser éternellement mener par le bout du
nez.
Il ne serait pas mauvais que les Anglais ap
prissent à leurs dépens que tous les Français,
sans distinction de partis, savent, quand les
intérêts supérieurs de la Patrie sont en jeu, se
ranger à l’ombre du drapeau tricolore, et qu’après
les Washington servjles, il y a des citoyens prêts
à défendre l’honneur et les droits de la France !
Nous ne sommes plus les naïfs d’antan et nous
ne vous dirons plus, comme à Fontenoy : « Tirez
les premiers, Messieurs les Anglais. »
P. M.
IE GÉNÉRAL MERCIER PRIS POUR ME OIE
L’autre jour au palais, M. le substitut Brégaud,
qui requérait dans l’affaire de la Panclastite
contre Turpin, a fort égayé les nombreuses per
sonnes qui assistaient aux débats.
Ce jeune serviteur de Thémis s’est lancé, en
parlant de Corioîan, de Turpin, de la Roche Tar-
péienne, du Capitole, dans une amplification
oratoire fort remarquée.
Malheureusement, M. le substitut Brégaud a
terminé sa péroraison en disant que « désormais
le Capitole était bien gardé. »
Ce qui n’est pas très flatteur pour le ministre de
la guerre.
P. M.
S j
Loi sur le payement des salaires des Ouvriers
On sait que le Sénat, a adopté le projet de loi
relatif au payement des salaires des ouvriers.
Les modifications notables qu’il offre avec celui
qui avait été voté par la Chambre des Députés,
notamment en ce qui concerne la question des
amendes, nous font un devoir de les signaler à
nos lecteurs.
Un article vise le payement par jetons, sujet qui
a été si fréquemment agité au Havre, sans rece
voir jamais de solution satisfaisante ; la Chambre
de Commerce et le Conseil Municipal s’en sont, on
le sait, occupés à diverses reprises.
Voici les articles de ce projet, qui sera soumis,
de nouveau, à la discussion de la Chambre des
Députés :
Article premier. — Les salaires des ouvriers
doivent être payés en monnaie métallique ou fidu
ciaire ayant cours légal, nonobstant toute stipu
lation contraire, à peine de nullité.
Art. 2. — Les salaires des ouvriers doivent être
| payés au moins deux fois par mois, à seize jours
au plus d’intervalle, à moins de conventions écrites
contraires.
Pour le travail aux pièces, les conditions de
payement, jusqu’à l’achèvement de l’ouvrage,,
seront fixés de gré à gré par les intéressés.
Art. 3, — Les payements ne peuvent être faits
que dans l’usine ou dans l’un de ses bureaux, et
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