Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-05-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 mai 1894 26 mai 1894
Description : 1894/05/26 (N146). 1894/05/26 (N146).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633458
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
ORGANE RÉPUBLICAIN
i’BlX DES ABONNEMENTS
Le Havre...
Départements..,,
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C ASIMIR-PÉRIKR, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PSÏX DES IXSERiraS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames.,. .... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
acMMgiss»3r^»OTi«»r^
^axmsiiœmss^ætfm
LA
Chute du Ministère
La Chambre des députés qui, depuis cinq
mois, était devenue l’esclave de Casimir
Périer, vient enfin de se retrouver.
Dans un mouvement de révolte suprême,
écœurée de sentir sans cesse sur ses épaules
la cravache du seigneur d’Anzin, elle a jeté par
terre le ministère réactionnaire qui nous avait
brutalement ramenés aux beaux jours du
Seize-Mai.
L’audace de ces gens croissait tous les
jours ; encore un peu et Casimir se procla
mait dictateur.
Déjà, les fonctionnaires du gouvernement
de la République n’avaient de sourires que
pour les ralliés et les conservateurs. L’esprit
nouveau portait ses fruits : partout la
réaction relevait la tête. Il ne manquait plus
qu’un prétexte, une petite bombe — qu'au
besoin on aurait fabriquée — et on rétablis
sait l’état de siège.
Comment des républicains sincères ont* ils
pu se laisser leurrer aussi longtemps par les
déclarations hypocrites de l’ex-président du
Conseil ?
Je sais bien qu’il ne laissait pas échapper
une occasion d’affirmer ses sentiments démo
cratiques ; mais ses actes, étaient en contra
diction flagrante avec ses paroles.
Archi-millionnaire, propriétàire des mines
d’Anzin, le petit-fils du ministre du roi Louis-
Philippe nourrit une haine féroce contre ces
prolétaires qu’il flattait, en attendant qu’il
trouvât les moyens de les asservir. Son aco
lyte, Jonnart, se croyait tellement couvert
par l’omnipotence de son chef de file, qu’il
n’a,pas craint de^outenir devant une Chambre
républicaine que les employés des chemins de
de fer l’Etat devaient être mis hors la loi et
n’avaient pas le droit de se syndiquer.
Après celle-là on pouvait tirer l’échelle,
c’est ce que nos députés ont fait.
, La démocratie doit, des remerciements à
Raynal dont l’administration absurde a
puissamment contribué au renversement du
ministère néfaste que la France a subi pendant
cinq mois, et surtout à 3puller dont l’esprit
nouveau a soufflé si fort que l’édifice réac
tionnaire, péniblement élevé, s’est effondré au
premier soupir qu’a poussé l’esprit démocra
tique en s’éveillant.
Car, quoiqu’en disent les feuilles officieuses,
le ipmistère Casimir Périer a çté renversé par
les républicains seuls et non par une coalition
de F extrême-gauche avec la droite.
Les 251 voix qui ont repoussé l’ordre du
jour pur et simple se décomposent en 231
voix de gauche et 20 de droite.
Les 217 qui ont voté l’ordre du-jour pur et
simple se décomposent en 181 voix de gauche
et 36 de droite.... >• ; . .
Il y a eu. 77 abstentions : 21 de droite et
51 de gauche. I i •
C’est donc une majorité républicaine qui
nous a débarrassés du ministère ; et, si l’on
ne tient compte que des voix républicaines,
Casimir Périer a été renversé par une majo
rité de 50 voix.
La Chambre des députés a fait d’excellente
besogne et les électeurs, rééditant le mot de
Catherine deMedicis, peuvent lui dire, avec
une légère variante : « Bien taillé, ma fille,
mais il faut coudre ».
Malheureusement, il n’appartient pas au
Parlement de rebâtir un nouveau Ministère.
Les tendances de l’Elysée sont connues ;
très probablement on va nous présenter un
Cabinet aussi impopulaire que le premier : il
n’y aura rien de changé, sauf les noms.
Seulement, j'espère bien que, maintenant
qu’elle- s’est ressaisie, la Chambre saura obli
ger le pouvoir exécutif à se soumettre ou à se
démettre.
Pierre MÉRITEL.
LES OUVRIERS DE L’ÉTAT
Le ministère Casimir Périer est tombé pour
avoir, malgré tous les précédents, méconnu les
droits des ouvriers de l’Etat.
Pour la cinquième fois, le Congrès annuel de la
Chambre syndicale des ouvriers et employés de
chemins de fer français va s’ouvrir; toujours, les
délégués des chemins de fer de l’Etat y ont pris
part, et c’est la première fois qu’un ministre s’y
oppose.
L’année dernière, M. Viette, alors ministre des
travaux publics, sut même obliger les compagnies
à accorder aux délégués les congés nécessaires
pour se rendre au dit congrès.
Tout dernièrement encore, un congrès des tra
vailleurs de chemins de fer a eu lieu à Paris, celui
de l’Association fraternelle des employés et ou
vriers de chemins de fer français. De tous les
points de la France, des délégués appartenant aux
grandes compagnies et à l’Etat y sont venus.
Non seulement personne n’a songé à refuser à
ces délégués le congé nécessaire pour assister à ce
congrès, mais finalement, ces délégués se sont
réunis en un banquet qui a été présidé par M.
Casimir Périer, assisté de M. Jonnart ! Le
même qui ose contester aujourd’hui à ces mêmes
ouvriers et employés le droit de se syndiquer.
Farceur ! ! !
-«©s-
LE TRAITÉ ANGLO-BELGE
Congo se trouve posée à nouveau, et d’une façon
qui ne comporte aucune échappatoire.
En souscrivant à de pareils arrangements, le
roi Léopold se fait l’auxiliaire des Anglais, il j
coopère à leur manœuvre, qui consiste, au lieu de I
conquérir le Soudan égyptien en partant du delta j
du Nil, à prendre comme base d’opérations les \
territoires jusqu’alors indépendants baignés par la i
Victoria Nyanza ; il poursuit la campagne qu’il
mène contre nous depuis des années et sur laquelle
nos gouvernants n’ont pas eu le courage d’ouvrir i
les yeux.
Le traité actuel n’est, d’ailleurs, que l’exécution \
de projets qui remontent au commencent de 1891, \
mais que le ministère Salisbury avait dû momen
tanément abandonner à l’approche des élections
de 1892.
C’est pourquoi, dans le milieu de cette année,
des ouvertures furent faites à Paris, pour nous
engager à remplacer l’Angleterre dans la combi
naison à deux, et les projets de partage du
Soudan égyptien nous furent présentés.
Pour des motifs que nous ignorons et queipeut-
être ils ignorent eux-mêmes, ces propositions
furent déclinées par nos gouvernants.
A la suite de ce refus, le gouvernement du
Congo belge se retourna à nouveau vers l’Angle
terre, et, cette fois, le cabinet Rosebery s’em
pressa de donner suite aux projets élaborés par le
cabinet Salisbury.
La nouvelle convention congolaise comporte
enfin cette observation :
Le roi souverain « donne à bail », à l’Angle
terre, une partie de ses états.— En a-t-il le droit ?
Or, plusieurs journaux belges prétendent que,
« prendre à bail », c’est exercer les mêmes droits
que l’Angleterre à Chypre et l’Autriche dans la
Bosnie et T Herzégovine ; en un mot, exercer la
pleine souveraineté.
Mais nous possédons, sur les territoires du
Congo indépendant, un droit de préférence auquel
nous n’avons pas renoncé, et c’est nous qui avons
le droit de « prendre à bail » les 25 kilomètres de
territoire allant du lac Albert au Tanganyika.
Voilà nos droits incontestables.
Reste à savoir, maintenant, de quelle façon ils
seront défendus par ceux qui en sont les défen
seurs patentés.
Aurons-nous, enfin, un ministre des afiaires
étrangères qui comprenne quelque chose à la poli
tique étrangère ?
C’est douteux.
L’Angleterre vient de signer un traité avec
l’état du Congo, ou pour parler plus exactement,
avec le roi des Belges.
En voici les principaux articles :
« L’Angleterre donne à b.all au roi des Belges
les territoires situés entre la frontière nouvelle
(crête de partage du Nil et du Congo) et le Nil, et
se prolongeant vers l’Ouest jusqu’au 25 e méridien
et vers le Nord jusqu’au KH parallèle. , -■ «
« A l’expiration du règne de Léopold II, ce bail
restera en vigueur, sous la réserve qu’il visera
seulement les territoires sis à l’Ouest du 30 e mé
ridien Est de Greenwich.
« L’Etat du Congo donne, de son. côté, à bail, à
l’Angleterre, un territoire de 25 kilomètres de
largeur, s’étendant depuis la pointe Sud du lac
Tanganika jusqu’à la pointe Sud'du lac Albert-
Edouard, de façon à assurer les communications de
l’Angleterre entre ses possessions .sises au Nord
et au Sud des possessions allemandes. » d
Cette convention atteint-gravement notre situa
tion en Afrique. On dispose en dehors de nous et
contre nous, de.vastes territoires soudanais qui,
en droit, font encore partie intégrante de l’Egypte,
puisqu’il s’agit de conquêtes effectuées dans le
haut Nil par les officiers d’Ismaïl-Pacha-. •
Voilà déjà un premier point fort important. Il
en est beaucoup d’autres. . . .-h
S’il était exécuté dans sa teneur, le nouveau
traité permettrait*, notamment, de réaliser le
programme britannique consistant à relier la Mé
diterranée au Cap, par une ligne des possessions
anglaises. 1 ■ ' ^ ‘ ’ '
En outre, par la convention qui nous occupe, la
question des rapports de la France et de l’Etat du
MAUVAIS PROPHÈTE
Un journaliste qui ne fera jamais une concur
rence sérieuse à Mathieu Laensberg, c’est M.
Roland de Cadehol.
Mardi matin, le Petit Républicain publiait un
article virulent contre les radicaux et les socia
listes, gens mal vus des réactionnaires qui détien
nent les actions du dit journal. M. Roland de
Cadehol enterrait gaiement le parti avancé en le
taxant d’impuissance. L’extrême gauche était
devenue, d’après lui, une quantité négligeable.
Le même jour, dans la soirée, le Ministère du
tristé Casimir d’Anzin tombait démasqué par
Millerand, un socialiste, avec l’appui d’une ma
jorité républicaine-
Pas de çhnnce.M. Me Cadehol •! . r
En vérité,- les lèeteurs du Journal duUavre et
de son -caneton.Me. Petit Républiaum i sont bien
mal renseignés sur le ; temps qa'ilya faire.-• •
Une simple grenouille, dansr un■ bocjai né leur
coûteraifc-eMé pas moins cher que le vieux canard
du quai jd’Ofléans*?' - y# - — -
— fi'ü— rr-rz — < j»*»-gTT tnt r rrn^r
s s >.' ) H A.'rrtnî i. afcpnvj r. c.
BONNE FOI OPPORTUNISTE
> ! "i 'uuâ s * D(fvsswwéb '• il !Ü I IîJ î.
Les jour Pan xi oppontuiistes tprea»enfc décidé
ment leurs: lecteurs, pour des imbéciles.. ...
Qu’on en juge.
Le ministère Périer.-Rayhaî et consorts a été
renversé mardi dernier par 251 voix contre 217.
La majorité comprend 229 voix républicaines ,
18 voix réactionnaires et 4 voix de ralliés.
La minorité comprend 178 voix républicaines (?)
du centre, 20 membres de la droite et 10 voix de
réactionnaires ralliés.
Il résulte de ces chiffres, relatés par le Petit
Havre, dans son numéro du 24 mai (3 e colonne},
que ie ministère des grandes compagnies a été
renversé par une majorité républicaine.
Ce qui n’empêche pas M. Louis Coudurier, suc
cesseur au Petit Havre des Dessolins et autres
Audouard, d’écrire dans le numéro du même Petit
Havre du lendemain 25 mai, que : « Le ministère
« Casimir-Périer a été renversé par une coalition
« de VExtrême-droite et de VExtrême-gauche. »
L’opportunisme est tout entier dans ce procédé
de polémique.
N’empèche que M. Louis Coudurier, avant
d’écrire dans le numéro du 25, devrait lire celui du
24. Il éviterait de trouver dans son propre journal
le démenti de ses affirmations audacieuses et
erronées.
LA CRISE MINISTÉRIELLE
Les dernières nouvelles assurent que M. Bour
geois répondra encore négativement aux offres de
M. Carnot.
On en reviendrait alors à la combinaison Dupuy,
que M. Carnot désirerait particulièrement.
M. Dupuy formerait un ministère homogène
avec M. Poincarré aux finances, M. Delcassé aux
colonies, et MM. Trarieux, Leygues, Barthou,etc..
LES DESSOUS DIPLOMATIQUES
Le Figaro a continué la publication de ses
« Dessous diplomatiques *, dont la paternité est,
comme nous l’avons dit, attribuée à M. Flourens,
ex-ministre des affaires étrangères.
Jusqu’ici, aucun démenti n’a été opposé à ces
navrantes révélations.
C’est avec une profonde tristesse que nous nous
faisons un devoir d’en soumettre quelques frag
ments à nos lecteurs, sans commentaires :
Ministre allemand
>« L’entrée de M. Spuller, successeur de M. Go-
blet, au palais du quai d’Orsay, fut bien accueillie
à Berlin. La politique regrettée là-bas de M. Jules
Ferry était en effet celle du nouveau ministre, tout
favorable à un rapprochement avec l’Allemagne.
Nous devons rendre cette justice à M. Spuller qu’il
ne cachait pas à ce sujet son opiniou. Il l’affirma,
sans tarder, au Palais-Bourbon, en décidant ren
voi de délégués officiels à la Conférence du travail
réunie par Guillaume II, bien que l’Allemagne eût
refusé de participer à l’Exposition de 1889.
. « Ce refus, on se le rappelle, avait un caractère
de protestation contre les principes de la Révéla
tion dont la France allait célébrer le centenaire.
Comment, en désaccord sur les principes mêmes
de notre ordre politique et de notre société mo
derne, pouvions-nous espérer nous entendre sur
les bases des réformes sociales ? »
Mais ce ministre tout dévoué à. l’Allemagne
avait fait au gouvernement de Guillaume une
avance d’une toute autre gravité, en questionnant
celui-ci au sujet des décorations à accorder aux ,
Alsaciens-Lorrains qui exposaient au Champ de
Mars.
« La Wilhelmstrasse ne dissimula pas que ces
récompenses seraient vues d’un très mauvais œil
en Allemagne. Le ministère renonça donc à les
proposer.
« Mj Goldenberg, Alsacien, qui fut membre du
Reichstag, protesta alors très.vivement contre la
singulière décision du gouvernement français :
« Il me semble, écrivit-il à M. Spuller, que nous
« avions droit à plus d’égards. C’est avec une
« profonde tristesse et un serrement de cœur qui
« seront ressentis par l’Alsace entière, que nous
! « nous sommes vus repoussés et humiliés par le
« gouvernement français qui ^me peut, dans ce cas,
« invoquer un usage diplomatique.
« Moi et celui de mes compatriotes qui était
« également proposé pour la croix d’officier, et
i’BlX DES ABONNEMENTS
Le Havre...
Départements..,,
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C ASIMIR-PÉRIKR, 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PSÏX DES IXSERiraS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames.,. .... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
acMMgiss»3r^»OTi«»r^
^axmsiiœmss^ætfm
LA
Chute du Ministère
La Chambre des députés qui, depuis cinq
mois, était devenue l’esclave de Casimir
Périer, vient enfin de se retrouver.
Dans un mouvement de révolte suprême,
écœurée de sentir sans cesse sur ses épaules
la cravache du seigneur d’Anzin, elle a jeté par
terre le ministère réactionnaire qui nous avait
brutalement ramenés aux beaux jours du
Seize-Mai.
L’audace de ces gens croissait tous les
jours ; encore un peu et Casimir se procla
mait dictateur.
Déjà, les fonctionnaires du gouvernement
de la République n’avaient de sourires que
pour les ralliés et les conservateurs. L’esprit
nouveau portait ses fruits : partout la
réaction relevait la tête. Il ne manquait plus
qu’un prétexte, une petite bombe — qu'au
besoin on aurait fabriquée — et on rétablis
sait l’état de siège.
Comment des républicains sincères ont* ils
pu se laisser leurrer aussi longtemps par les
déclarations hypocrites de l’ex-président du
Conseil ?
Je sais bien qu’il ne laissait pas échapper
une occasion d’affirmer ses sentiments démo
cratiques ; mais ses actes, étaient en contra
diction flagrante avec ses paroles.
Archi-millionnaire, propriétàire des mines
d’Anzin, le petit-fils du ministre du roi Louis-
Philippe nourrit une haine féroce contre ces
prolétaires qu’il flattait, en attendant qu’il
trouvât les moyens de les asservir. Son aco
lyte, Jonnart, se croyait tellement couvert
par l’omnipotence de son chef de file, qu’il
n’a,pas craint de^outenir devant une Chambre
républicaine que les employés des chemins de
de fer l’Etat devaient être mis hors la loi et
n’avaient pas le droit de se syndiquer.
Après celle-là on pouvait tirer l’échelle,
c’est ce que nos députés ont fait.
, La démocratie doit, des remerciements à
Raynal dont l’administration absurde a
puissamment contribué au renversement du
ministère néfaste que la France a subi pendant
cinq mois, et surtout à 3puller dont l’esprit
nouveau a soufflé si fort que l’édifice réac
tionnaire, péniblement élevé, s’est effondré au
premier soupir qu’a poussé l’esprit démocra
tique en s’éveillant.
Car, quoiqu’en disent les feuilles officieuses,
le ipmistère Casimir Périer a çté renversé par
les républicains seuls et non par une coalition
de F extrême-gauche avec la droite.
Les 251 voix qui ont repoussé l’ordre du
jour pur et simple se décomposent en 231
voix de gauche et 20 de droite.
Les 217 qui ont voté l’ordre du-jour pur et
simple se décomposent en 181 voix de gauche
et 36 de droite.... >• ; . .
Il y a eu. 77 abstentions : 21 de droite et
51 de gauche. I i •
C’est donc une majorité républicaine qui
nous a débarrassés du ministère ; et, si l’on
ne tient compte que des voix républicaines,
Casimir Périer a été renversé par une majo
rité de 50 voix.
La Chambre des députés a fait d’excellente
besogne et les électeurs, rééditant le mot de
Catherine deMedicis, peuvent lui dire, avec
une légère variante : « Bien taillé, ma fille,
mais il faut coudre ».
Malheureusement, il n’appartient pas au
Parlement de rebâtir un nouveau Ministère.
Les tendances de l’Elysée sont connues ;
très probablement on va nous présenter un
Cabinet aussi impopulaire que le premier : il
n’y aura rien de changé, sauf les noms.
Seulement, j'espère bien que, maintenant
qu’elle- s’est ressaisie, la Chambre saura obli
ger le pouvoir exécutif à se soumettre ou à se
démettre.
Pierre MÉRITEL.
LES OUVRIERS DE L’ÉTAT
Le ministère Casimir Périer est tombé pour
avoir, malgré tous les précédents, méconnu les
droits des ouvriers de l’Etat.
Pour la cinquième fois, le Congrès annuel de la
Chambre syndicale des ouvriers et employés de
chemins de fer français va s’ouvrir; toujours, les
délégués des chemins de fer de l’Etat y ont pris
part, et c’est la première fois qu’un ministre s’y
oppose.
L’année dernière, M. Viette, alors ministre des
travaux publics, sut même obliger les compagnies
à accorder aux délégués les congés nécessaires
pour se rendre au dit congrès.
Tout dernièrement encore, un congrès des tra
vailleurs de chemins de fer a eu lieu à Paris, celui
de l’Association fraternelle des employés et ou
vriers de chemins de fer français. De tous les
points de la France, des délégués appartenant aux
grandes compagnies et à l’Etat y sont venus.
Non seulement personne n’a songé à refuser à
ces délégués le congé nécessaire pour assister à ce
congrès, mais finalement, ces délégués se sont
réunis en un banquet qui a été présidé par M.
Casimir Périer, assisté de M. Jonnart ! Le
même qui ose contester aujourd’hui à ces mêmes
ouvriers et employés le droit de se syndiquer.
Farceur ! ! !
-«©s-
LE TRAITÉ ANGLO-BELGE
Congo se trouve posée à nouveau, et d’une façon
qui ne comporte aucune échappatoire.
En souscrivant à de pareils arrangements, le
roi Léopold se fait l’auxiliaire des Anglais, il j
coopère à leur manœuvre, qui consiste, au lieu de I
conquérir le Soudan égyptien en partant du delta j
du Nil, à prendre comme base d’opérations les \
territoires jusqu’alors indépendants baignés par la i
Victoria Nyanza ; il poursuit la campagne qu’il
mène contre nous depuis des années et sur laquelle
nos gouvernants n’ont pas eu le courage d’ouvrir i
les yeux.
Le traité actuel n’est, d’ailleurs, que l’exécution \
de projets qui remontent au commencent de 1891, \
mais que le ministère Salisbury avait dû momen
tanément abandonner à l’approche des élections
de 1892.
C’est pourquoi, dans le milieu de cette année,
des ouvertures furent faites à Paris, pour nous
engager à remplacer l’Angleterre dans la combi
naison à deux, et les projets de partage du
Soudan égyptien nous furent présentés.
Pour des motifs que nous ignorons et queipeut-
être ils ignorent eux-mêmes, ces propositions
furent déclinées par nos gouvernants.
A la suite de ce refus, le gouvernement du
Congo belge se retourna à nouveau vers l’Angle
terre, et, cette fois, le cabinet Rosebery s’em
pressa de donner suite aux projets élaborés par le
cabinet Salisbury.
La nouvelle convention congolaise comporte
enfin cette observation :
Le roi souverain « donne à bail », à l’Angle
terre, une partie de ses états.— En a-t-il le droit ?
Or, plusieurs journaux belges prétendent que,
« prendre à bail », c’est exercer les mêmes droits
que l’Angleterre à Chypre et l’Autriche dans la
Bosnie et T Herzégovine ; en un mot, exercer la
pleine souveraineté.
Mais nous possédons, sur les territoires du
Congo indépendant, un droit de préférence auquel
nous n’avons pas renoncé, et c’est nous qui avons
le droit de « prendre à bail » les 25 kilomètres de
territoire allant du lac Albert au Tanganyika.
Voilà nos droits incontestables.
Reste à savoir, maintenant, de quelle façon ils
seront défendus par ceux qui en sont les défen
seurs patentés.
Aurons-nous, enfin, un ministre des afiaires
étrangères qui comprenne quelque chose à la poli
tique étrangère ?
C’est douteux.
L’Angleterre vient de signer un traité avec
l’état du Congo, ou pour parler plus exactement,
avec le roi des Belges.
En voici les principaux articles :
« L’Angleterre donne à b.all au roi des Belges
les territoires situés entre la frontière nouvelle
(crête de partage du Nil et du Congo) et le Nil, et
se prolongeant vers l’Ouest jusqu’au 25 e méridien
et vers le Nord jusqu’au KH parallèle. , -■ «
« A l’expiration du règne de Léopold II, ce bail
restera en vigueur, sous la réserve qu’il visera
seulement les territoires sis à l’Ouest du 30 e mé
ridien Est de Greenwich.
« L’Etat du Congo donne, de son. côté, à bail, à
l’Angleterre, un territoire de 25 kilomètres de
largeur, s’étendant depuis la pointe Sud du lac
Tanganika jusqu’à la pointe Sud'du lac Albert-
Edouard, de façon à assurer les communications de
l’Angleterre entre ses possessions .sises au Nord
et au Sud des possessions allemandes. » d
Cette convention atteint-gravement notre situa
tion en Afrique. On dispose en dehors de nous et
contre nous, de.vastes territoires soudanais qui,
en droit, font encore partie intégrante de l’Egypte,
puisqu’il s’agit de conquêtes effectuées dans le
haut Nil par les officiers d’Ismaïl-Pacha-. •
Voilà déjà un premier point fort important. Il
en est beaucoup d’autres. . . .-h
S’il était exécuté dans sa teneur, le nouveau
traité permettrait*, notamment, de réaliser le
programme britannique consistant à relier la Mé
diterranée au Cap, par une ligne des possessions
anglaises. 1 ■ ' ^ ‘ ’ '
En outre, par la convention qui nous occupe, la
question des rapports de la France et de l’Etat du
MAUVAIS PROPHÈTE
Un journaliste qui ne fera jamais une concur
rence sérieuse à Mathieu Laensberg, c’est M.
Roland de Cadehol.
Mardi matin, le Petit Républicain publiait un
article virulent contre les radicaux et les socia
listes, gens mal vus des réactionnaires qui détien
nent les actions du dit journal. M. Roland de
Cadehol enterrait gaiement le parti avancé en le
taxant d’impuissance. L’extrême gauche était
devenue, d’après lui, une quantité négligeable.
Le même jour, dans la soirée, le Ministère du
tristé Casimir d’Anzin tombait démasqué par
Millerand, un socialiste, avec l’appui d’une ma
jorité républicaine-
Pas de çhnnce.M. Me Cadehol •! . r
En vérité,- les lèeteurs du Journal duUavre et
de son -caneton.Me. Petit Républiaum i sont bien
mal renseignés sur le ; temps qa'ilya faire.-• •
Une simple grenouille, dansr un■ bocjai né leur
coûteraifc-eMé pas moins cher que le vieux canard
du quai jd’Ofléans*?' - y# - — -
— fi'ü— rr-rz — < j
s s >.' ) H A.'rrtnî i. afcpnvj r. c.
BONNE FOI OPPORTUNISTE
> ! "i 'uuâ s * D(fvsswwéb '• il !Ü I IîJ î.
Les jour Pan xi oppontuiistes tprea»enfc décidé
ment leurs: lecteurs, pour des imbéciles.. ...
Qu’on en juge.
Le ministère Périer.-Rayhaî et consorts a été
renversé mardi dernier par 251 voix contre 217.
La majorité comprend 229 voix républicaines ,
18 voix réactionnaires et 4 voix de ralliés.
La minorité comprend 178 voix républicaines (?)
du centre, 20 membres de la droite et 10 voix de
réactionnaires ralliés.
Il résulte de ces chiffres, relatés par le Petit
Havre, dans son numéro du 24 mai (3 e colonne},
que ie ministère des grandes compagnies a été
renversé par une majorité républicaine.
Ce qui n’empêche pas M. Louis Coudurier, suc
cesseur au Petit Havre des Dessolins et autres
Audouard, d’écrire dans le numéro du même Petit
Havre du lendemain 25 mai, que : « Le ministère
« Casimir-Périer a été renversé par une coalition
« de VExtrême-droite et de VExtrême-gauche. »
L’opportunisme est tout entier dans ce procédé
de polémique.
N’empèche que M. Louis Coudurier, avant
d’écrire dans le numéro du 25, devrait lire celui du
24. Il éviterait de trouver dans son propre journal
le démenti de ses affirmations audacieuses et
erronées.
LA CRISE MINISTÉRIELLE
Les dernières nouvelles assurent que M. Bour
geois répondra encore négativement aux offres de
M. Carnot.
On en reviendrait alors à la combinaison Dupuy,
que M. Carnot désirerait particulièrement.
M. Dupuy formerait un ministère homogène
avec M. Poincarré aux finances, M. Delcassé aux
colonies, et MM. Trarieux, Leygues, Barthou,etc..
LES DESSOUS DIPLOMATIQUES
Le Figaro a continué la publication de ses
« Dessous diplomatiques *, dont la paternité est,
comme nous l’avons dit, attribuée à M. Flourens,
ex-ministre des affaires étrangères.
Jusqu’ici, aucun démenti n’a été opposé à ces
navrantes révélations.
C’est avec une profonde tristesse que nous nous
faisons un devoir d’en soumettre quelques frag
ments à nos lecteurs, sans commentaires :
Ministre allemand
>« L’entrée de M. Spuller, successeur de M. Go-
blet, au palais du quai d’Orsay, fut bien accueillie
à Berlin. La politique regrettée là-bas de M. Jules
Ferry était en effet celle du nouveau ministre, tout
favorable à un rapprochement avec l’Allemagne.
Nous devons rendre cette justice à M. Spuller qu’il
ne cachait pas à ce sujet son opiniou. Il l’affirma,
sans tarder, au Palais-Bourbon, en décidant ren
voi de délégués officiels à la Conférence du travail
réunie par Guillaume II, bien que l’Allemagne eût
refusé de participer à l’Exposition de 1889.
. « Ce refus, on se le rappelle, avait un caractère
de protestation contre les principes de la Révéla
tion dont la France allait célébrer le centenaire.
Comment, en désaccord sur les principes mêmes
de notre ordre politique et de notre société mo
derne, pouvions-nous espérer nous entendre sur
les bases des réformes sociales ? »
Mais ce ministre tout dévoué à. l’Allemagne
avait fait au gouvernement de Guillaume une
avance d’une toute autre gravité, en questionnant
celui-ci au sujet des décorations à accorder aux ,
Alsaciens-Lorrains qui exposaient au Champ de
Mars.
« La Wilhelmstrasse ne dissimula pas que ces
récompenses seraient vues d’un très mauvais œil
en Allemagne. Le ministère renonça donc à les
proposer.
« Mj Goldenberg, Alsacien, qui fut membre du
Reichstag, protesta alors très.vivement contre la
singulière décision du gouvernement français :
« Il me semble, écrivit-il à M. Spuller, que nous
« avions droit à plus d’égards. C’est avec une
« profonde tristesse et un serrement de cœur qui
« seront ressentis par l’Alsace entière, que nous
! « nous sommes vus repoussés et humiliés par le
« gouvernement français qui ^me peut, dans ce cas,
« invoquer un usage diplomatique.
« Moi et celui de mes compatriotes qui était
« également proposé pour la croix d’officier, et
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