Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-11-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 novembre 1893 18 novembre 1893
Description : 1893/11/18 (N119). 1893/11/18 (N119).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263318c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
3 e Année — N° 119 — Samedi 18 Novembre 1893,
DIX CENTIMES LE NUMERO
3 e Année — 28 Brumaire An 162 — N° 119.
Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr, 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VREparaît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames..... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
SATISFECIT, par Joies GUESDE, Dépoté de Roubaix
Nous informons nos abonnés que pour
nous couvrir du montant du prix de leur
abonnement, nous leur ferons parvenir
très prochainement, par la voie de la poste,
leur quittance de renouvellement.
A NOS AMIS
Ne pouvant, pour l’instant, avoir au Havre un
organe quotidien représentant le parti socialiste
de France, nous conseillons à tous nos lecteurs
d’acheter la Petite République qui, pour cinq
centimes, leur donnera, sur la politique contem
poraine, des renseignements plus complets et plus
impartiaux que les feuilles opportunistes.
Ils pourront y lire chaque jour des articles
signés :
Millerand, Jean Jaurès, J. Guesde, Brousse, Vaillant,
Allemane, Fournière, Marcel Sembat, René Viviani,
Rouanet, Clovis Hugues, Georges Renard, Gérault-
Richard, Henri Brissac, Albert Goullé, etc.
Tous les socialistes auront à cœur de lire et de
répandre ce journal, qui saura tenir haut et ferme le
drapeau des revendications sociales et qui préparera,
espérons-le, la prochaine et définitive victoire.
SATISFECIT
To'w! un mot de Royer-Lv/naru « îe So
cialisme coule à pleins bords «. Et pas le socialis
me de tout le monde, aussi chaotique qu’enfantin,
ui va de la réforme de l’impôt à la suppression
u Sénat en passant par la séparation d’une
Eglise et d’un Etat condamnés à vivre — et à
mourir — ensemble ; mais le socialisme de ces
trouble-fêtes de collectivistes, basé sur l’antago
nisme des classes, dont le but est la propriété et
la production sociales et le moyen l’avènement au
pouvoir politique du prolétariat à la fois manuel
et intellectuel.
Que ce soit pour s’en affliger, comme M. de
Mun de Landerneau, ou pour en triompher, com
me celui qui écrit ces lignes, il n’y a qu’une voix
pour proclamer ce « débordement ».
Mais à qui la faute, et comment pourrait-il en
être autrement alors que, ajoutant leur action à
celle des phénomènes économiques, suppléant à
l’insuffisance de notre propagande directe, ce sont
nos adversaires qui se font eux-mêmes, aux ap-
Ï ilaudissements des aveugles, professeurs de révo-
ufcion sociale ?
A-t-on, dans ce que nous appelons le monde
bourgeois, assez félicité M. Dupuy de son « coup
de maître » contre la Bourse de travail de Paris ?
Il y a eu, pour monter avec lui au Capitole et ren
dre grâce aux Dieux protecteurs de la société ca
pitaliste, toute la foule des gens d’ordre, sans dis
tinction de parti, depuis le Cassagnac de l’Auto
rité jusqu’à l’Yves Guyot des anciens Droits de
l’Homme. N’avait-il pas fermé « l’antre de la sédi
tion », éteint le volcan, occis le monstre ?
Ce qu’avait fait M. Dupuy, les élections pari
siennes n’ont pas été longues à l’établir. Il avait
tout simplement — en encombrant de sa police et
de ses troupes à pied et à cheval l’impasse syndi
cale ou corporative dans laquelle menaçaient de
s’égarer un trop grand nombre de travailleurs —
rejeté dans le mouvement politique, c’est-à-dire
aiguillé sur la vraie voie socialiste, le Paris ou
vrier tout entier, désormais convaincu qu’en de
hors du gouvernement conquis pour la classe
ouvrière, il n’y a pas de salut, pas d’émancipation
du travail.
Oui, quand le pouvoir fort que s’est décidé à
être M. Dupuy a décembrisé nos syndicats expul
sés du lieu de leurs délibérations comme une sim
ple Assemblée nationale, il y avait tout lieu de
craindre que, grisé par les Bourses du travail
créées un peu partout et par la vertu attribuée à
leur fédération, on ne versât dans l’ornière profes
sionnelle. Il y avait au moins une tendance à limi
ter au terrain économique la lutte de classe, qui ne
saurait aboutir que sur le terrain politique. Nous
avions beau nous égosiller à crier : casse cou !
dénoncer l’immense avortement des trade’s unions
d’Angleterre, invoquer John Burns obligé lui-
même de déclarer que fini ». Qui sait si notre voix eût été entendue et si
nous n’allions point passer par une période plus
ou moins longue de syndicalisme — c’est-à-dire
d’efforts à côté, perdus — lorsque, illustrant nos pa
roles par le fait, nos gouvernants se sont avisés de
prouver — en les anéantissant — le néant des or
ganisations corporatives. Du coup, le péril était
conjuré. Plus rien devant nos syndiqués les plus
outranciers que la grand’route du socialisme, telle
que l’avaitent héroïquement tracée au prolétariat
universel les journées de Juin et la Commune : et
les voilà marchant comme un seul homme à J’as-
saut des pouvoirs publics, — avec quel succès, M.
Floquet le sait, et M. Maujaii, et les autres black
boulés d’il y a trois mois.
La grande grève du Pas-de-Calais et du Nord,
dont la fin est célébrée comme la victoire des
victoires par les conservateurs de tout acabit,
n’aura pas d’autres conséquences, un lendemain
différent. C’est une école et une école supérieure
de socialisme qui, pendant sept semaines, a été
ouverte en plein pays noir. Et par qui ? Par M.
Dupuy encore, qui a cru faire merveille en met
tant au service des compagnies minières police,
armée, justice, et jusqu’à la République elle-mê
me, et qui aura tout compromis, tout perdu de ce
qu’il était appelé à sauver, même et surtout les
compagnons qui lui brûlent je ne sais combien de
cierges à l’heure qu’il est.
Tenus hors du mouvement socialiste proprement
dit, sans contact avec le parti ouvrier, son pro
gramme et sa tactique, les travailleurs du des
sous , les damnés de l’enfer géologique ne voyaient
jusqu’en Septembre dernier rien au delà de leur
horizon syndical. En s’organisant d’après la loi de
1884, ils avaient par le fait seul de leur cohésion
substituée au plus mortel des éparpillements, obte
nu quelques concessions. Lors de leurs revendica
tions de 1891, ils avaient eu—’je n’examine pas dans
quelles conditions et pour quels motifs — les auto
rités favorables. Ils étaient donc, par reconnais
sance, républicains comme nos ministres, comme
leur préfet, à qui ils demandaient la permission de
fêter le 1 er Mai, et n’imaginaient pas d’autre dra
peau que celui de Sedan, de la Semaine sanglante
et de Fourmies. C’étaient, en un mot, des prolé
taires selon le cœur du Temps , bien sages, ne
poursuivant l’amélioration de leur sort que dans la
limite de la loi — et des droits acquis, par les
concessionnaires du sous-sol.
En bien ! cherchez-les, tous tant que vous êtes,
messieurs les actionnaires, ces ouvriers modèles,
ces mineurs d’hier, hynoptisés dans la double
religion de la légalité bourgeoise et de la pro
priété capitaliste. Et si vous en trouvez un sur
cent, j’irai le dire à Rome, à la Rome de l’Ency
clique De condition opificum.
Grâce à M. Dupuy et à ses arguments bien
autrement irrésistibles que ceux de tous nos
« agitateurs » ; grâce aux menottes des gen
darmes, aux lances des dragons et aux mois de
prison d’une magistrature Lebel, les voilà trans
formés : des hommes nouveaux, vous dis-je !
En quelques jours, sous la tempête d’arbi
traire et de violences qui s’est abattue sur eux et
les leurs, la lumière s’est faite sous ses crânes
blancs, et ils savent aujourd’hui ce que nous
aurions mis des années à leur apprendre ; que le
droit ‘de grève, comme tous les autres droits
reconnus par la loi aux sans-propriété, est
un mensonge, pis encore : un traquenard : que la
liberté du travail — qui permet aux employeurs
de mettre par centaines hors des fosses, c’est-à-
dire hors du travail, ceux qui n’ont que leur
travail pour vivre — n’est pour les employés que
l’obligation de travailler à tout prix ; que la
justice est aux ordres de la force publique, elle-
même aux ordres — à la solde — du capital ; que
l’armée dite nationale, et nationale en effet dans
sa chair et dans son sang, n’est dans son usage
qu’une armée de classe, garde du corps et des
biens de la classe qui possède tout, parce qu’elle
a tout pris ; que toutes les forces, en un mot tant
préventives que répressives, qui constituent l’Etat
moderne — République comme Monarchie —
sont et resteront dirigées contre la classe proléta
rienne aussi longtemps que celle-ci ne sera pas
devenue elle-même l’Etat, de classe gouvernée
classe gouvernante.
Ils savent autre chose encore, les attachés à la
sous-glèbe de là-bas : c’est qu’il n’y a pas d’acco-
modement, de transaction qui tienne entre le
travail et le capital ; quej>fussent-elles conclues
comme celle d’Arras, il y a deux ans, sous les
auspices, avec la signature de la République,
toutes les ' conventions sont violables à volonté
par les féodaux du million, avec la complicité
des détenteurs à dividende de la République
actuelle ; qu’il n’y aura, par suite, qu’il ne peut y
avoir de garanties pour les travailleurs, de
liberté et de bien-être que quand, par la resti
tution à la société des charbonnages, des usines
et des autres grands moyens de production, ils
seront devenus leurs propres capitalistes, pro
duisant pour eux et maîtres, sans partage avec
quelque parasite que ce soit, du produit de leur
travail.
Là, où l’été dernier encore, on c’avait devant
soi qu’une corporation organisée, il y a aujourd’hui
une armée socialiste. Là où il n’y avait que des
républicains attendant un supplément de pain du
développement pacifique et régulier des insti
tutions républicaines, il y a aujourd’hui quarante
mille révolutionnaires, convertis-à l’expropriation
politique et économiquè de leurs vainqueurs à la
Pyrhus et — ce qui dit tout — se réclamant du
drapeau rouge.
Telle est l’œtvre de nos bourgeois dirigeants,
incomparables dans leurs « leçons de choses »,
qu’ils font d’ailleurs payer très cher. Je pourrais
les comparer à des pompiers jetant du pétrole sur
le feu qu’ils ont charge d’éteindre. J’aime mieux
croire à leur irresponsabilité. Ils s’agitent, la
force des choses les mène. Mais puisque sur le
seuil de la nouvelle législature ils sont en train
de‘se congratuler, qu’il me soit permis d’y aller
moi aussi de mon satisfecit.
Messieurs, quand il vous plaira !
Jules GUESDE,
Député de Roubaix.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Les documents confidentiels. — La presse
toute entière a été mise en gaieté dimanche der
nier aux dépens de nos gouvernants qui, décidé
ment, jouent de malheur depuis quelques jours.
Un rapport du procureur de la cour de Douai,
ayant trait à la situation du syndicat des mineurs
dii Nord et du Pas-de-Calais, a été perdu par un
garçon de bureau de la place Vendôme, qui se ren
dait au Ministère de l’intérieur. Le pli ainsi égaré
est tombé entre les mains de la Petite République ,
qui s’est fait un devoir de dénoncer au public les
projets réactionnaires des Dupuy, Guérin et C e .
Cet incident, heureux dans l’espèce puisque
les partis avancés en ont profité, ne laisse pas
d’étonner les naïfs qui croient encore que le prin
cipal mérite de nos gouvernants est de maintenir
l’ordre dans l’Etat ; bien des gens n’avaient aucune
idée de l’incurie des hommes qui président aux
destinées de notre pays. Espérons que cet exemple,
joint au souvenir des nombreux vols commis de
puis quelques années au Ministère de la guerre,
suffira pour prouver à tous ceux qui hésitent en
core, que Dupuy et ses amis ne sont ni plus capa
bles, ni plus indispensables que ceux qui les ont
précédé.
Nous ne voulons rien exagérer ; mais enfin, il y
a bien là un cerrtain relâchement, une petite
anarchie, les papiers de l’Etat semblent être à la
disposition du premier venu, et lorsqu’ils corres
pondent, les ministres ont tout l’air de s’adresser
des lettres ouvertes, par l’intermédiaire des jour
naux.
M. Guérin écrit à M. Dupuy, et c’est M. Mille
rand qui reçoit sa lettre ; n’importe qui prend sur
le bureau du ministre ce qu’il trouve à sa conve
nance. C’est un désordre qui ne saurait durer
beaucoup.
A qui perd gagne, nul doute que notre ministère
ne soit de première force. Au jeu qu’il joue il per
dra tout ce qu’il voudra, même la vie.
★
¥ *
Fumisterie gouvernementale. — La plai
santerie un peu fastidieuse du malade de Bourne-
mouth n’amuse pas tout le monde, témoin la fa
meuse séance de l’Académie de médecine où le
professeur Brouardel, organe du gouvernement, a
remporté une veste mémorable.
Incontestablement, c’est un pas de clerc, ou si
vous le préférez, une fausse démarche qu’il a faite,
en essayant de communiquer à l’Académie de mé
decine son rapport sur l’état actuel du fantastique
Cornélius Herz. On sait que les membres de la
docte assemblée se sont énergiquement refusés à
eutendre cette lecture, et que, devant les senti
ments manifestement hostiles de ses collègues, M.
Brouardel a dû battre en retraite et se replier en
bon ordre. Somme toute, il a été accueilli encore
plus franchement qu’un simple préfet de police
par le Conseil municipal.
L’attitude de l’Académie de médecine, en cette
circonstance, est d’autant plus remarquable — et
d’autant plus méritoire — que ses occupations
sont généralement peu folâtres. Or, en s’opposant
à la lecture du nouveau rapport Brouardel, elle a
perdu une occasion, peut-être unique, d’introduire
dans la monotone gravité de ses séances une
agréable diversion.
En effet, si elle avait, suivant la formule consa
crée, « laissé parler l’orateur », elle aurait eu la
rimeur d’un document véritablement plaisant et
ien propre à répandre dans les âmes, même les
plus austères, une réconfortante gaîté.
*
* *
La rentrée des Chambres. — La rentrée
s’est effectuée dans de bonnes conditions. Les dé
putés sont arrivés nombreux et exacts avec des
allures de cordialité qui disparaîtront probable
ment bien vite. On avait en somme l’impression
qu’on venait à une revue et non à la bataille.
M. Pierre Blanc, doyen d’âge, a d’abord invité
les six plus jeunes membres présents à venir sié
ger au bureau pour y remplir les fonctions de se
crétaires provisoires. Après une petite allocution,
il a procédé à l’élection pour la présidence.
Election pour la présidence
Le reste de la séance a été employé par les vo
tes au scrutin en vue de nommer un président et
deux vice-présidents.
C’est la cérémonie du malade imaginaire comme
à la Comédie-Française. Tous les députés défilent
devant le public qui peut ainsi s’assurer s’ils se
« présentent bien. »
M. Casimir-Périer a obtenu 295 voix
M. Brisson 195
Divers 25
Cette élection était prévue. Néanmoins, on a
constaté le nombre de voix qui se sont portées sur
M. Brisson. On ne s’attendait pas à une telle mi
norité. En tenant compte de certains votes de ra
dicaux qui se sont égarés pour diverses raisons
personnelles, sur le candidat du centre et de la
droite, et qui ont ainsi faussé le résultat de l’élec
tion on peut conclure qu’elle est d’un bon présage
pour l’élection de janvier.
On ensuite procédé au scrutin pour l’élection de
deux vice-présidents.
Ont obtenu :
de Mahy
361 suffrages
Edouard Lockrov..
224 —
Gerville-Réache ...
138 —
Félix Faure
65
Ray n al i>
19 —
Etienne
17 —
M. de Mahy ayant obtenu la majorité absolue
des suffrages exprimés, est proclamé vice*prési
dent provisoire.
M. Gerville-Réache ayant déclaré retirer sa
candidature, M. Lockroy a été proclamé vice-
président provisoire de la Chambre des députés.
Ch. B.
CAMBRIOLEUR PINCÉ
Dupuy, le cambrioleur de la Bourse du Travail,
vient de se faire prendre la main dans le sac.
Voici les faits :
Fidèle à sa politique de réaction à outrance,
l’Auvergnat qui occupe actuellement le ministère
de l’intérieur, crut pouvoir profiter du récent écra
sement des grévistes pour attaquer et dissoudre
les syndicats des mineurs du Nord et du Pas-de-
Calais. Dans ce but, il chargea un de ses plus
plats valets, le procureur Chenest, de faire une
enquête.
Malheureusement pour la réaction opportuniste,
le rapport du procureur fut intercepté par la Petite
République, et c’est dans cette feuille que diman
che dernier, le lamentable Dupuy avait la douleur
de prendre connaissance du chef-d’œuvre signé
par le drôle qui occupe pour l’instant le poste de
procureur de la cour de Douai.
Le rapport de ce personnage n’est qu’un long
tissu d’infamies, bien fait pour être compris par
l’auteur des massacres de juillet. En donner une
analyse serait impossible : on n’imite ni une
pareille platitude, ni une pareille lâcheté. C’est
par des extraits qu’il appartient au peuple français
de juger dans quel camp est la justice dans quel
parti est le respect des travailleurs et de la Loi.
Voici, dans tout leur cynisme et leur déloyauté,
les déclarations du Chenest :
« En ce qui me concerne, j’estime que si on
veut exercer des poursuites, il faut le
faire actuellement ou qu’on ne le fera jamais,
parce que jamais une poursuite ne pourra
se placer sur un meilleur terrain.
« Je ne dis pas qu’une poursuite n’amènera pas
quelque agitation dans les esprits, mais mon opi
nion formelle, et je sais que c’est aussi celle de
M. le préfet du Pas-de-Calais, est qu’il ne saurait
en résulter une reprise de la grève. Les ouvriers,
vaincus et découragés, ne protestent que
timidement contre les coupes sombres,
exagérées, selon moi, que les compagnies
exécutent en ce moment dans les rangs
de leurs ouvriers ; ils ne protesteront pas
davantage en faveur d’un syndicat qui a perdu
une notable partie de son prestige et qui vient de
les conduire à la défaite.
« Il conviendrait de me donner d’urgence vos
instructions. Il me paraîtrait indispensable, eu
effet, de pouvoir pratiquer, dès le début, une
perquisition aux sièges des syndicats et
chez les principaux administrateurs, pour
y saisir les livres et la correspondance ; or, parmi
ces administrateurs, figurent deux députés, MM.
Basly et Lamendin ; si les poursuites ne sont
exercées qu’après la réunion du Parlement, une
autorisation de la Chambre sera néces
saire et les intéressés, prévenus, auront le temps
de faire disparaître et de mettre à l’abri les docu
ments compromettants qu’ils pourraient posséder. »
De telles citations nous dispensent de tout com
mentaires, et montrent sans voiles quel avenir
nous réserve l’opportunisme, si les honnêtes gens
n’en font dès maintenant prompte et bonne justice.
Havrais ! nous avions dénoncé depuis longtemps
les agissements de nos adversaires ; pour stimuler
votre indifférence, nous avions crié qu’il y avait
danger imminent pour les travailleurs à se donner
de pareils maîtres ; mais sourds à nos objurgations,
sourds à nos prières, vous avez renvoyé au Parle
ment les Faure et les Siegfried, donnant ainsi
DIX CENTIMES LE NUMERO
3 e Année — 28 Brumaire An 162 — N° 119.
Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr, 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VREparaît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
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On traite à Forfait
SATISFECIT, par Joies GUESDE, Dépoté de Roubaix
Nous informons nos abonnés que pour
nous couvrir du montant du prix de leur
abonnement, nous leur ferons parvenir
très prochainement, par la voie de la poste,
leur quittance de renouvellement.
A NOS AMIS
Ne pouvant, pour l’instant, avoir au Havre un
organe quotidien représentant le parti socialiste
de France, nous conseillons à tous nos lecteurs
d’acheter la Petite République qui, pour cinq
centimes, leur donnera, sur la politique contem
poraine, des renseignements plus complets et plus
impartiaux que les feuilles opportunistes.
Ils pourront y lire chaque jour des articles
signés :
Millerand, Jean Jaurès, J. Guesde, Brousse, Vaillant,
Allemane, Fournière, Marcel Sembat, René Viviani,
Rouanet, Clovis Hugues, Georges Renard, Gérault-
Richard, Henri Brissac, Albert Goullé, etc.
Tous les socialistes auront à cœur de lire et de
répandre ce journal, qui saura tenir haut et ferme le
drapeau des revendications sociales et qui préparera,
espérons-le, la prochaine et définitive victoire.
SATISFECIT
To'w! un mot de Royer-Lv/naru « îe So
cialisme coule à pleins bords «. Et pas le socialis
me de tout le monde, aussi chaotique qu’enfantin,
ui va de la réforme de l’impôt à la suppression
u Sénat en passant par la séparation d’une
Eglise et d’un Etat condamnés à vivre — et à
mourir — ensemble ; mais le socialisme de ces
trouble-fêtes de collectivistes, basé sur l’antago
nisme des classes, dont le but est la propriété et
la production sociales et le moyen l’avènement au
pouvoir politique du prolétariat à la fois manuel
et intellectuel.
Que ce soit pour s’en affliger, comme M. de
Mun de Landerneau, ou pour en triompher, com
me celui qui écrit ces lignes, il n’y a qu’une voix
pour proclamer ce « débordement ».
Mais à qui la faute, et comment pourrait-il en
être autrement alors que, ajoutant leur action à
celle des phénomènes économiques, suppléant à
l’insuffisance de notre propagande directe, ce sont
nos adversaires qui se font eux-mêmes, aux ap-
Ï ilaudissements des aveugles, professeurs de révo-
ufcion sociale ?
A-t-on, dans ce que nous appelons le monde
bourgeois, assez félicité M. Dupuy de son « coup
de maître » contre la Bourse de travail de Paris ?
Il y a eu, pour monter avec lui au Capitole et ren
dre grâce aux Dieux protecteurs de la société ca
pitaliste, toute la foule des gens d’ordre, sans dis
tinction de parti, depuis le Cassagnac de l’Auto
rité jusqu’à l’Yves Guyot des anciens Droits de
l’Homme. N’avait-il pas fermé « l’antre de la sédi
tion », éteint le volcan, occis le monstre ?
Ce qu’avait fait M. Dupuy, les élections pari
siennes n’ont pas été longues à l’établir. Il avait
tout simplement — en encombrant de sa police et
de ses troupes à pied et à cheval l’impasse syndi
cale ou corporative dans laquelle menaçaient de
s’égarer un trop grand nombre de travailleurs —
rejeté dans le mouvement politique, c’est-à-dire
aiguillé sur la vraie voie socialiste, le Paris ou
vrier tout entier, désormais convaincu qu’en de
hors du gouvernement conquis pour la classe
ouvrière, il n’y a pas de salut, pas d’émancipation
du travail.
Oui, quand le pouvoir fort que s’est décidé à
être M. Dupuy a décembrisé nos syndicats expul
sés du lieu de leurs délibérations comme une sim
ple Assemblée nationale, il y avait tout lieu de
craindre que, grisé par les Bourses du travail
créées un peu partout et par la vertu attribuée à
leur fédération, on ne versât dans l’ornière profes
sionnelle. Il y avait au moins une tendance à limi
ter au terrain économique la lutte de classe, qui ne
saurait aboutir que sur le terrain politique. Nous
avions beau nous égosiller à crier : casse cou !
dénoncer l’immense avortement des trade’s unions
d’Angleterre, invoquer John Burns obligé lui-
même de déclarer que
nous n’allions point passer par une période plus
ou moins longue de syndicalisme — c’est-à-dire
d’efforts à côté, perdus — lorsque, illustrant nos pa
roles par le fait, nos gouvernants se sont avisés de
prouver — en les anéantissant — le néant des or
ganisations corporatives. Du coup, le péril était
conjuré. Plus rien devant nos syndiqués les plus
outranciers que la grand’route du socialisme, telle
que l’avaitent héroïquement tracée au prolétariat
universel les journées de Juin et la Commune : et
les voilà marchant comme un seul homme à J’as-
saut des pouvoirs publics, — avec quel succès, M.
Floquet le sait, et M. Maujaii, et les autres black
boulés d’il y a trois mois.
La grande grève du Pas-de-Calais et du Nord,
dont la fin est célébrée comme la victoire des
victoires par les conservateurs de tout acabit,
n’aura pas d’autres conséquences, un lendemain
différent. C’est une école et une école supérieure
de socialisme qui, pendant sept semaines, a été
ouverte en plein pays noir. Et par qui ? Par M.
Dupuy encore, qui a cru faire merveille en met
tant au service des compagnies minières police,
armée, justice, et jusqu’à la République elle-mê
me, et qui aura tout compromis, tout perdu de ce
qu’il était appelé à sauver, même et surtout les
compagnons qui lui brûlent je ne sais combien de
cierges à l’heure qu’il est.
Tenus hors du mouvement socialiste proprement
dit, sans contact avec le parti ouvrier, son pro
gramme et sa tactique, les travailleurs du des
sous , les damnés de l’enfer géologique ne voyaient
jusqu’en Septembre dernier rien au delà de leur
horizon syndical. En s’organisant d’après la loi de
1884, ils avaient par le fait seul de leur cohésion
substituée au plus mortel des éparpillements, obte
nu quelques concessions. Lors de leurs revendica
tions de 1891, ils avaient eu—’je n’examine pas dans
quelles conditions et pour quels motifs — les auto
rités favorables. Ils étaient donc, par reconnais
sance, républicains comme nos ministres, comme
leur préfet, à qui ils demandaient la permission de
fêter le 1 er Mai, et n’imaginaient pas d’autre dra
peau que celui de Sedan, de la Semaine sanglante
et de Fourmies. C’étaient, en un mot, des prolé
taires selon le cœur du Temps , bien sages, ne
poursuivant l’amélioration de leur sort que dans la
limite de la loi — et des droits acquis, par les
concessionnaires du sous-sol.
En bien ! cherchez-les, tous tant que vous êtes,
messieurs les actionnaires, ces ouvriers modèles,
ces mineurs d’hier, hynoptisés dans la double
religion de la légalité bourgeoise et de la pro
priété capitaliste. Et si vous en trouvez un sur
cent, j’irai le dire à Rome, à la Rome de l’Ency
clique De condition opificum.
Grâce à M. Dupuy et à ses arguments bien
autrement irrésistibles que ceux de tous nos
« agitateurs » ; grâce aux menottes des gen
darmes, aux lances des dragons et aux mois de
prison d’une magistrature Lebel, les voilà trans
formés : des hommes nouveaux, vous dis-je !
En quelques jours, sous la tempête d’arbi
traire et de violences qui s’est abattue sur eux et
les leurs, la lumière s’est faite sous ses crânes
blancs, et ils savent aujourd’hui ce que nous
aurions mis des années à leur apprendre ; que le
droit ‘de grève, comme tous les autres droits
reconnus par la loi aux sans-propriété, est
un mensonge, pis encore : un traquenard : que la
liberté du travail — qui permet aux employeurs
de mettre par centaines hors des fosses, c’est-à-
dire hors du travail, ceux qui n’ont que leur
travail pour vivre — n’est pour les employés que
l’obligation de travailler à tout prix ; que la
justice est aux ordres de la force publique, elle-
même aux ordres — à la solde — du capital ; que
l’armée dite nationale, et nationale en effet dans
sa chair et dans son sang, n’est dans son usage
qu’une armée de classe, garde du corps et des
biens de la classe qui possède tout, parce qu’elle
a tout pris ; que toutes les forces, en un mot tant
préventives que répressives, qui constituent l’Etat
moderne — République comme Monarchie —
sont et resteront dirigées contre la classe proléta
rienne aussi longtemps que celle-ci ne sera pas
devenue elle-même l’Etat, de classe gouvernée
classe gouvernante.
Ils savent autre chose encore, les attachés à la
sous-glèbe de là-bas : c’est qu’il n’y a pas d’acco-
modement, de transaction qui tienne entre le
travail et le capital ; quej>fussent-elles conclues
comme celle d’Arras, il y a deux ans, sous les
auspices, avec la signature de la République,
toutes les ' conventions sont violables à volonté
par les féodaux du million, avec la complicité
des détenteurs à dividende de la République
actuelle ; qu’il n’y aura, par suite, qu’il ne peut y
avoir de garanties pour les travailleurs, de
liberté et de bien-être que quand, par la resti
tution à la société des charbonnages, des usines
et des autres grands moyens de production, ils
seront devenus leurs propres capitalistes, pro
duisant pour eux et maîtres, sans partage avec
quelque parasite que ce soit, du produit de leur
travail.
Là, où l’été dernier encore, on c’avait devant
soi qu’une corporation organisée, il y a aujourd’hui
une armée socialiste. Là où il n’y avait que des
républicains attendant un supplément de pain du
développement pacifique et régulier des insti
tutions républicaines, il y a aujourd’hui quarante
mille révolutionnaires, convertis-à l’expropriation
politique et économiquè de leurs vainqueurs à la
Pyrhus et — ce qui dit tout — se réclamant du
drapeau rouge.
Telle est l’œtvre de nos bourgeois dirigeants,
incomparables dans leurs « leçons de choses »,
qu’ils font d’ailleurs payer très cher. Je pourrais
les comparer à des pompiers jetant du pétrole sur
le feu qu’ils ont charge d’éteindre. J’aime mieux
croire à leur irresponsabilité. Ils s’agitent, la
force des choses les mène. Mais puisque sur le
seuil de la nouvelle législature ils sont en train
de‘se congratuler, qu’il me soit permis d’y aller
moi aussi de mon satisfecit.
Messieurs, quand il vous plaira !
Jules GUESDE,
Député de Roubaix.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Les documents confidentiels. — La presse
toute entière a été mise en gaieté dimanche der
nier aux dépens de nos gouvernants qui, décidé
ment, jouent de malheur depuis quelques jours.
Un rapport du procureur de la cour de Douai,
ayant trait à la situation du syndicat des mineurs
dii Nord et du Pas-de-Calais, a été perdu par un
garçon de bureau de la place Vendôme, qui se ren
dait au Ministère de l’intérieur. Le pli ainsi égaré
est tombé entre les mains de la Petite République ,
qui s’est fait un devoir de dénoncer au public les
projets réactionnaires des Dupuy, Guérin et C e .
Cet incident, heureux dans l’espèce puisque
les partis avancés en ont profité, ne laisse pas
d’étonner les naïfs qui croient encore que le prin
cipal mérite de nos gouvernants est de maintenir
l’ordre dans l’Etat ; bien des gens n’avaient aucune
idée de l’incurie des hommes qui président aux
destinées de notre pays. Espérons que cet exemple,
joint au souvenir des nombreux vols commis de
puis quelques années au Ministère de la guerre,
suffira pour prouver à tous ceux qui hésitent en
core, que Dupuy et ses amis ne sont ni plus capa
bles, ni plus indispensables que ceux qui les ont
précédé.
Nous ne voulons rien exagérer ; mais enfin, il y
a bien là un cerrtain relâchement, une petite
anarchie, les papiers de l’Etat semblent être à la
disposition du premier venu, et lorsqu’ils corres
pondent, les ministres ont tout l’air de s’adresser
des lettres ouvertes, par l’intermédiaire des jour
naux.
M. Guérin écrit à M. Dupuy, et c’est M. Mille
rand qui reçoit sa lettre ; n’importe qui prend sur
le bureau du ministre ce qu’il trouve à sa conve
nance. C’est un désordre qui ne saurait durer
beaucoup.
A qui perd gagne, nul doute que notre ministère
ne soit de première force. Au jeu qu’il joue il per
dra tout ce qu’il voudra, même la vie.
★
¥ *
Fumisterie gouvernementale. — La plai
santerie un peu fastidieuse du malade de Bourne-
mouth n’amuse pas tout le monde, témoin la fa
meuse séance de l’Académie de médecine où le
professeur Brouardel, organe du gouvernement, a
remporté une veste mémorable.
Incontestablement, c’est un pas de clerc, ou si
vous le préférez, une fausse démarche qu’il a faite,
en essayant de communiquer à l’Académie de mé
decine son rapport sur l’état actuel du fantastique
Cornélius Herz. On sait que les membres de la
docte assemblée se sont énergiquement refusés à
eutendre cette lecture, et que, devant les senti
ments manifestement hostiles de ses collègues, M.
Brouardel a dû battre en retraite et se replier en
bon ordre. Somme toute, il a été accueilli encore
plus franchement qu’un simple préfet de police
par le Conseil municipal.
L’attitude de l’Académie de médecine, en cette
circonstance, est d’autant plus remarquable — et
d’autant plus méritoire — que ses occupations
sont généralement peu folâtres. Or, en s’opposant
à la lecture du nouveau rapport Brouardel, elle a
perdu une occasion, peut-être unique, d’introduire
dans la monotone gravité de ses séances une
agréable diversion.
En effet, si elle avait, suivant la formule consa
crée, « laissé parler l’orateur », elle aurait eu la
rimeur d’un document véritablement plaisant et
ien propre à répandre dans les âmes, même les
plus austères, une réconfortante gaîté.
*
* *
La rentrée des Chambres. — La rentrée
s’est effectuée dans de bonnes conditions. Les dé
putés sont arrivés nombreux et exacts avec des
allures de cordialité qui disparaîtront probable
ment bien vite. On avait en somme l’impression
qu’on venait à une revue et non à la bataille.
M. Pierre Blanc, doyen d’âge, a d’abord invité
les six plus jeunes membres présents à venir sié
ger au bureau pour y remplir les fonctions de se
crétaires provisoires. Après une petite allocution,
il a procédé à l’élection pour la présidence.
Election pour la présidence
Le reste de la séance a été employé par les vo
tes au scrutin en vue de nommer un président et
deux vice-présidents.
C’est la cérémonie du malade imaginaire comme
à la Comédie-Française. Tous les députés défilent
devant le public qui peut ainsi s’assurer s’ils se
« présentent bien. »
M. Casimir-Périer a obtenu 295 voix
M. Brisson 195
Divers 25
Cette élection était prévue. Néanmoins, on a
constaté le nombre de voix qui se sont portées sur
M. Brisson. On ne s’attendait pas à une telle mi
norité. En tenant compte de certains votes de ra
dicaux qui se sont égarés pour diverses raisons
personnelles, sur le candidat du centre et de la
droite, et qui ont ainsi faussé le résultat de l’élec
tion on peut conclure qu’elle est d’un bon présage
pour l’élection de janvier.
On ensuite procédé au scrutin pour l’élection de
deux vice-présidents.
Ont obtenu :
de Mahy
361 suffrages
Edouard Lockrov..
224 —
Gerville-Réache ...
138 —
Félix Faure
65
Ray n al i>
19 —
Etienne
17 —
M. de Mahy ayant obtenu la majorité absolue
des suffrages exprimés, est proclamé vice*prési
dent provisoire.
M. Gerville-Réache ayant déclaré retirer sa
candidature, M. Lockroy a été proclamé vice-
président provisoire de la Chambre des députés.
Ch. B.
CAMBRIOLEUR PINCÉ
Dupuy, le cambrioleur de la Bourse du Travail,
vient de se faire prendre la main dans le sac.
Voici les faits :
Fidèle à sa politique de réaction à outrance,
l’Auvergnat qui occupe actuellement le ministère
de l’intérieur, crut pouvoir profiter du récent écra
sement des grévistes pour attaquer et dissoudre
les syndicats des mineurs du Nord et du Pas-de-
Calais. Dans ce but, il chargea un de ses plus
plats valets, le procureur Chenest, de faire une
enquête.
Malheureusement pour la réaction opportuniste,
le rapport du procureur fut intercepté par la Petite
République, et c’est dans cette feuille que diman
che dernier, le lamentable Dupuy avait la douleur
de prendre connaissance du chef-d’œuvre signé
par le drôle qui occupe pour l’instant le poste de
procureur de la cour de Douai.
Le rapport de ce personnage n’est qu’un long
tissu d’infamies, bien fait pour être compris par
l’auteur des massacres de juillet. En donner une
analyse serait impossible : on n’imite ni une
pareille platitude, ni une pareille lâcheté. C’est
par des extraits qu’il appartient au peuple français
de juger dans quel camp est la justice dans quel
parti est le respect des travailleurs et de la Loi.
Voici, dans tout leur cynisme et leur déloyauté,
les déclarations du Chenest :
« En ce qui me concerne, j’estime que si on
veut exercer des poursuites, il faut le
faire actuellement ou qu’on ne le fera jamais,
parce que jamais une poursuite ne pourra
se placer sur un meilleur terrain.
« Je ne dis pas qu’une poursuite n’amènera pas
quelque agitation dans les esprits, mais mon opi
nion formelle, et je sais que c’est aussi celle de
M. le préfet du Pas-de-Calais, est qu’il ne saurait
en résulter une reprise de la grève. Les ouvriers,
vaincus et découragés, ne protestent que
timidement contre les coupes sombres,
exagérées, selon moi, que les compagnies
exécutent en ce moment dans les rangs
de leurs ouvriers ; ils ne protesteront pas
davantage en faveur d’un syndicat qui a perdu
une notable partie de son prestige et qui vient de
les conduire à la défaite.
« Il conviendrait de me donner d’urgence vos
instructions. Il me paraîtrait indispensable, eu
effet, de pouvoir pratiquer, dès le début, une
perquisition aux sièges des syndicats et
chez les principaux administrateurs, pour
y saisir les livres et la correspondance ; or, parmi
ces administrateurs, figurent deux députés, MM.
Basly et Lamendin ; si les poursuites ne sont
exercées qu’après la réunion du Parlement, une
autorisation de la Chambre sera néces
saire et les intéressés, prévenus, auront le temps
de faire disparaître et de mettre à l’abri les docu
ments compromettants qu’ils pourraient posséder. »
De telles citations nous dispensent de tout com
mentaires, et montrent sans voiles quel avenir
nous réserve l’opportunisme, si les honnêtes gens
n’en font dès maintenant prompte et bonne justice.
Havrais ! nous avions dénoncé depuis longtemps
les agissements de nos adversaires ; pour stimuler
votre indifférence, nous avions crié qu’il y avait
danger imminent pour les travailleurs à se donner
de pareils maîtres ; mais sourds à nos objurgations,
sourds à nos prières, vous avez renvoyé au Parle
ment les Faure et les Siegfried, donnant ainsi
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