Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-11-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 novembre 1893 11 novembre 1893
Description : 1893/11/11 (N118). 1893/11/11 (N118).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263317z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
3® innée — N° 118 — Samedi H Novembre 1893.
DIX CENTIMES LE NUMERO
3* Année — 21 Bromaire An 102 — N° 118.
Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ASOXNEBENTS :
UN AN SIX MOIS
ADMINISTRATION & REDACI ION
15, RUE CASIMIE-PÉRIER, 15
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
LE RÉVEIL DU I1A VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LE BANQUET DES INCOHERENTS
Nous informons nos abonnés que pour
nous couvrir du montant du prix de leur
abonnement, nous leur ferons parvenir
très prochainement, par la voie de la poste,
leur quittance de renouvellement.
Etant donné le succès croissant du Réveil du
Havre, la Rédaction a le plaisir d’annoncer à ses
lecteurs qu’elle vient de s’assurer la collaboration
de plusieurs députés socialistes.
Il est impossible qu’une grande ville comme le
Havre reste en dehors du mouvement social
actuel !
LE BANQUET
DES
INCOHÉRENTS
Enfin, il a eu lieu, ce fameux banquet po
litique, depuis si longtemps annoncé.
Le Syndicat général du commerce qui, à
la veille des élections du 20 août, s était
efforcé d’intervenir dans la lutte en faveur de
la politique opportuniste, et qui en avait été
empêché par ceux de ses membres qui enten
dent respecter la loi avait une revanche à
prendre. On doit lui savoir gré d’avoir fourni
aux députés du Havre l’occasion do faire
montre, Aine fois de plus, de leur esprit rétro-
A vrai dire, ce banquet a été non-seule
ment édifiant à plus d’un titre, il a été amu
sant.
Après un discours de M. Louis Brindeau,
qui, en insistant sur Y appui que les députés
donnent à leurs amis, n’est pas autre chose
que l'apologie de cette politique de corruption
électorale qui est le fond de l'opportunisme,
M. le préfet Hendlé a pris la parole. ,
11 fut un temps où M. le préfet luttait avec
les républicains d avant-garde. Ancien colla
borateur de journaux socialistes sous l’Em
pire, il a depuis longtemps oublié les leçons
de son maître Jules Favre. Le grand ora
teur républicain, s’il revenait en ce bas, très
bas monde, aurait de la peine à reconnaître
dans l’administrateur chamarré et galonné,
le petit secrétaire d’avocat, qui, vers 1868,
faisait contre la société politique et religieuse
d’alors le serment d'Annibal,
La férule de Constans et de Dupuy en ont
fait un proconsul prêt .à toutes les réactions.
Et il donne libre carrière à ses nouvel
les tendances en laissant journellement vio
ler, dans notre département, les lois répu
blicaines. Car il faut plaire à M. Thomas et
faire oublier les attaques d'Edouard Drumont.
Nous ne commenterons pas ce discours. Nos
lecteurs verront plus loin un article publié sur
ce point par le Petit Rouennais et que nous
approuvons pleinement. Notons, en passant,
que cette harangue qui, pour ses déclarations
prudhommesques, eût fait la joie de Gustave
Flaubert, u’a pas d’autre importance que ces
éloges faits sur commande, qu’il est de bon
ton de prodiguer aux vainqueurs des luttes
électorales, quels qu’ils soient. C’est du Cot-
tard en prose, tout simplement.
Maintenant que nous savons que M. Hen
dlé ferait au besoin l’éloge de Basly ou de
Jaurès, si un ministère Millerand remplaçant
le ministère Dupuy, commettait la faute de
le maintenir en place, passons aux exer
cices suivants de ce mémorable banquet.
Çà été tout d’abord un discours deM. Jules
Siegfried. 11 nous a servi ses marottes ordi-
dinaires : l’envoi de jeunes Français à l’étran
ger, à Bombay, sans doute, pour y apprendre
comment on fait des fortunes rapides ; — les
habitations ouvrières, etc....
Mais ne lui parlez pas de la séparation des
Eglises et de l'Etat ! 11 nous souvient pour-
tant que M. Siegfried avait lancé cette phrase
à la Scala : « Si l’on demande un jour la sé
paration des Eglises et de l’Etat, ce n’est pas
moi, vieux Huguenot, qui m’y opposerai. «
Le vieux Huguenot a changé d’avis, paraît-
il. Cela ne surprendra aucun de ceux qui ont
voté contre lui et, quant à ses partisans, ils
ont avalé bbn d autres couleuvres.
Pour ce qui est de l’impôt sur le revenu,
M. Siegfried ne le votera pas, attendu « qu’il
existe déjà! » D’où il suit que, suivant M.
Siegfried, les républicains qui ont réclamé cet
impôt, y compris Gambetta, sont de pauvres
fumistes !
Lancé sur cette piste de calembredaines
économiques et d’aimables facéties, M. Sieg
fried ne devait plus s’arrêter. Après avoir
demandé le maintien du privilège de la Banque
de France, — vous êtes orfèvre, M. Josse ! —
il a formulé une abracadabrante réforme des
lois militaires. Deux ans pour les fantassins,
trois pour les cavaliers, quatre pour les artil
leurs. Ça rappelle la théorie de Tartarin sur
la chasse : « Vous comptez deux pour tirer le
lapin, trois pour le lièvre, quatre pour la
perdrix? »
Puis M. Siegfried a qualifié de programme
gnuvernemi niai cette belle élucubration (l’hom
me au câble aurait-il conservé quelques vel
léité de retour aux affaires !)
Enfin, il a lancé cette phrase, sans doute
en vertu d’une gageure :
« Notre idée des progrès désirables est plus
étendue encore, mais quand on veut aboutir,
il faut savoir se borner. »
Après celle là, il n’y a plus qu’a tirer
1 échePe
Du discours de M. Félix Faure, nous dirons
peu de chose. Nous pourrions y relever mainte
inconséquence, comme ce projet qui consiste
rait à établir une publicité plus grande des
hypothèques pour relever le crédit agricole.
Singulier moyen !
Remarquons seulement que M. Félix Faure
ne partage pas les idées de M. Siegfried sur
1 intervention de 1 Etat en matière économi
que. D’où il suit que chaque fois qu’une quea^
tion de cet ordre viendra devant la Chambre,
l’un votera pour et l’autre contre, et que le
Havre ne sera pas représenté.
Inutile de dire que les deux députés, en
divergence sur ce point, sont parfaitement
d’accord sur la répression du socialisme. Nous
devons voir dans ce fait la raison d’être des
éloges dont ces deux discours ont été l’objet
de la part de cette partie de la presse républi
caine qui confine à la réaction, et dont le
Temps est le plus bel organe.
Nous ne trouvons dans ces divers discours,
incohérents sur tant de points, qu’une affir
mation vraiment sensée. Formulée déjà par
Millerand, elle a été reproduite par M. Félix
Faure. Il demande un Cabinet homogène : ou
radical ou libéral.
Nous sommes d’autant plus portés à deman
der l’application de ce principe que, nous en
sommes convaincus, elle démontrera le vide
et la mauvaise foi de l’opportunisme.
Quand le peuple aura vu à l’œuvre ces
politiciens du centre qui se qualifient de libé
raux ou de progressistes, suivant le milieu où
ils exercent leur propagande électorale, quand
il aura pu constater que leur concours est
acquis à la haute banque et aux exploiteurs
capitalistes contre les ouvriers, il saura revenir
à ses véritables amis.
Attendons avec patience, car la Chambre
qui va entrer en session fera, nous l’espérons
fermement, cesser toutes ces équivoques qui
ont permis à l’opportunisme de tromper trop
longtemps le pays.
VERUS.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Les Elections sénatoriales de 1894. —
Le décret convoquant les Conseils municipaux
des communes comprises dans les 32 départements
soumis au renouvellement de leurs sénateurs, a
paru jeudi à 1’ Officiel. Il les invite à se réunir le
dimanche 3 décembre, à l’effet de nommer leurs
délégués et suppléants en vue de l’élection des
sénateurs.
Le collège électoral de chacun de ces départe
ments, formé des députés, des conseillers généraux,
des conseillers d’arrondissements et des délégués
municipaux, se réunira au chef-lieu, le dimanche
7 janvier 1894, pour procéder à l’élection des sé
nateurs du département.
★ ■
¥ ¥
La Situation ministérielle. — Les divi
sions ministerielles n’ont plus aujourd’hui, le
caractère aigu de la semaine dernière et la décla
ration, après les concessions réciproques déjà
obtenues, pourra être signée par tous les membres
du cabinet. Pour le moment, l’idée d’un remanie
ment ministériel est donc à peu près abandonné.
C’est, dit-on, par suite de l’intervention du Pré
sident de la République, qui, au cours de la dis
cussion qui a eu lieu mardi, n’a pas caché ses
piéférences pour le maintien du cabinet actuel,
faisant valoir qu’il appartenait plutôt aux Cham
bres qu’aux membres du gouvernement d’indiquer
l’orientation de la politique à suivre.
Les ministres, du reste, quoique en plein conflit
auparavant, pour conserver un peu plus longtemps
leur portefeuille, n’ont pas tardé à abonder dans
ce sens, et tout d’un coup se sont trouvés d’accord
sur les avantages d’un ministère de concentration.
Immédiatement, ces braves ministres, ont déci
dé de se prononcer, très catégoriquement, dans
leur déclaration, contre toutes propositions de
révision, contre le projet d’amnistie plénière que
va déposer le groupe socialiste, enfin contre la
séparation des Eglises et de l’Etat, autant dire
contre toutes propositions radicales et sociales,
qui sont toujours promises et jamais accordées.
Leur déclaration, comme on le voit, ne différera
en aucune façon des précédentes : le vague, tou
jours le vague. Mais nos représentants, espérons-
le, sauront rappeler ces ministres rétrogrades à
le>ie dévolu, et si beç.olo les débevqwfcïont du
pouvoir plus vite qu’ils ne s’y attendent.
*
¥ ¥
Les Elections contestées. — On sait que
la Chambre, après avoir constitué son bureau pro
visoire, aura, avant d’aborder le travail législatif
proprement dit, à procéder à la vérification des
pouvoirs de ses membres. A la date d’hier, 22 élec
tions seulement sont l’objet de protestations dé
posées au secrétariat général.
*
* *
Les Députés socialistes. — Les députés
socialistes se sont réunis au Palais-Bourbon pour
discuter la conduite à tenir pendant la prochaine
législature ; il a été décidé qu’ils prendraient une
part active aux délibérations de lo Chambre ; por
tant bonne attention sur les questions budgétaires,
les députés socialistes ont décidé de se partager
l’étude des divers budgets et de nommer en quel
que sorte des sous-commissions d’études.
Ajoutons que les représentants socialistes ont
décidé la formation d’un groupe unique qui pren
dra pour base la partie commune qui peut exister
dans leurs divers programmes.
Mais il a été bien convenu que chaque membre,
en adhérant au groupe, conserverait son entière
liberté d’action et que, par suite, les diverses frac
tions socialistes auraient leur autonomie complète
en vue des initiatives à prendre dans la Chambre
pour la présentation des propositions qu’elles juge
raient nécessaires. — Nini.
Entre la Chambre qui vient de disparaître et
celle qui lui a succédé, une différence, tout
d’abord, saute aux yeux. La droite rentre au
Palais-Bourbon à l’état de vaincue. Ses membres
les plus connus, ceux qui avaient, avec le plus
d’éJat et de vigueur, fait jusqu’au bout la guerre
à la République sont restés sur le carreau.
Les politiques qui, à la suite de M. Piou,
avaient brûlé publiquement ce qu’ils avaient adoré
et fait acte de soumission au gouvernement établi
n’ont pas été plus heureux.
Le suffrage universel a fait un massacre des
nouveaux convertis. Et, en même temps qu’eux, a
été atteint en pleine poitrine, l’homme qui avait
édifié sur leur victoire ses espoirs de revanche,
désigné qu’il se croyait par la fusillade de Four-
mies, à la direction du parti réactionnaire.
C’est une assemblée composée en énorme majo
rité de républicains que le corps électoral a élue
aux dernières élections. Mais de quelle nuance
ces républicains ? Quel est le programme de la
plupart des représentants du peuple ? Quelle est
leur orientation ?
Il serait téméraire, à notre sens, de prétendre
dès maintenant classer les nouveaux députés et
leur assigner une place dans les catégories multi
ples que la langue politique de ces quinze dernières
années a fait éclore.
Aussi bien, il me semble que de toutes parts
s’affirme la volonté de renoncer à ces»classifications
déjà surannées. On entend les organes les plus
différente de l’opinion républicaine s’écrier que
l’heure est propice à une nouvelle et simple
division du parti républicain.
Du même coup sombre la concentration. On est
généralement d’accord pour ne pas regretter ces
cabinets hybrides où les radicaux ne méritaient
de prendre place qu’en laissant à Ta porte du
conseil des ministres leur défroque d’antan, tandis
que les modérés tâchaient à justifier leur avène
ment en fonçant d’un peu d’ocre rouge leur rose
programme. C’était l’époque où, dans les délibé
rations ministérielles, M. Ribot soutenait toutes
les mesures avancées et M. Yves Guyot toutes les
propositions rétrogrades. Requiescant !
Un ministère homogène nous est promis. Il
aura à choisir ses éléments et sa majorité entre
deux grands partis dont les prophètes nous annon
cent la formation. L’un sera composé de tous les
anciens opportunistes, des reliques de feu le
centre gauche et des membres nouveaux qui trou
vent dans la stabilité ministérielle l’alpha et
l’oméga de leur évangile politique.
Un des membres les plus remuants du parti
l’a baptisé, avant qu’il ne fût tenu sur les fonds,
d’un nom qui lui convient à merveille : Y Union
gouvernementale. Cela dit tout parce que cela ne
dit rien. S’unir pour soutenir le gouvernement,
quel qu’il soit et quoi qu’il tasse, voilà qui dispensfe
de tout programme, puisque c’en est la suppression
par définition.
L’autre parti, moins net jusqu’ici dans ses linéa
ments, parce qu’il est moins simpliste et que sa
raison d’être est l’existence d’un programme,
pourrait se désigner : le parti réformiste.
Parmi les éléments que la nature des choses
amènera en maintes circonstances à s’agglutiner
à lui, figure un groupe très caractérisé, très
personnel, qui sera comme le ferment de ce second
parti ; j’ai nommé le groupe socialiste.
Ses succès ont constitué, avec l’élimination des
réactionnaires, le trait saillant des élections
générales. Ils ont dépassé, il est permis de le dire,
l’espoir de ses partisans comme les appréhensions
de ses adversaires.
Cinquante ou soixante députés ont été élus avec
un programme nettement socialiste. Il en est
venu de tous les points du pays. Ce n’est pas dans
les grandes villes seulement, dans les régions
industrielles que ces victoires ont été remportées.
On a vu en plein pays de réaction, dans des
circonscriptions nettement rurales, l’idée socia
liste s’affirmer et vaincre ; c’est un beau triomphe,
qui impose au parti socialiste de grands devoirs.
L’écueil où sa fortune pourrait venir se briser,
lui a été signalé par les railleries de ses ennemis
qui cherchaient à se consoler du présent, en pré
disant l’avenir.
« Il est impossible, se sont-ils écriés, que les
socialistes forment à la Chambre un groupe uni.
Sur la première question qui se posera devant
eux, ils vont s'entre-déchirer et donner au public
l’image édifiante de leurs dissensions. Comment
en irait-il autrement dans cette singulière armée,
où il y a plus de chefs que de soldats ? »
Nous ne méconnaissons pas la petite part dô
vérité qu’il y a dans ce tableau à dessein poussé
au noir. Le parti socialiste français est en effet
divisé encore en plusieurs fractions qui ne sont
pas séparées seulement par des idées pures.
Evoluant sur le même terrain, s’adressant au
même public, il test inévitable qu’il y ait entre
elles des rencontres et des chocs. On ne saurait
d’autre part leur demander, avec l’espoir d’être
entendu sans délai, qu’elles renoncent à leur
individualité propre, à leur tactique particülière,
pour confondre les rangs de leurs troupes et
surtout de leurs états-majors. x
Pourtant un grand progrès a été déjà accompli.
E'idée de l’union socialiste, de sa nécessité, a
pénétré dans les masses. Elles l’ont comprises
réalisée, aux dernières élections, en plus d'une cir
conscription, malgré les résistances, heureusement
rares, de quelques candidats mal inspirés.
Le succès qui a couronné leurs efforts a contri
bué à populariser encore cette pensée que le parti
socialiste n’avait pas le droit, sans trahir le
DIX CENTIMES LE NUMERO
3* Année — 21 Bromaire An 102 — N° 118.
Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ASOXNEBENTS :
UN AN SIX MOIS
ADMINISTRATION & REDACI ION
15, RUE CASIMIE-PÉRIER, 15
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
LE RÉVEIL DU I1A VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LE BANQUET DES INCOHERENTS
Nous informons nos abonnés que pour
nous couvrir du montant du prix de leur
abonnement, nous leur ferons parvenir
très prochainement, par la voie de la poste,
leur quittance de renouvellement.
Etant donné le succès croissant du Réveil du
Havre, la Rédaction a le plaisir d’annoncer à ses
lecteurs qu’elle vient de s’assurer la collaboration
de plusieurs députés socialistes.
Il est impossible qu’une grande ville comme le
Havre reste en dehors du mouvement social
actuel !
LE BANQUET
DES
INCOHÉRENTS
Enfin, il a eu lieu, ce fameux banquet po
litique, depuis si longtemps annoncé.
Le Syndicat général du commerce qui, à
la veille des élections du 20 août, s était
efforcé d’intervenir dans la lutte en faveur de
la politique opportuniste, et qui en avait été
empêché par ceux de ses membres qui enten
dent respecter la loi avait une revanche à
prendre. On doit lui savoir gré d’avoir fourni
aux députés du Havre l’occasion do faire
montre, Aine fois de plus, de leur esprit rétro-
A vrai dire, ce banquet a été non-seule
ment édifiant à plus d’un titre, il a été amu
sant.
Après un discours de M. Louis Brindeau,
qui, en insistant sur Y appui que les députés
donnent à leurs amis, n’est pas autre chose
que l'apologie de cette politique de corruption
électorale qui est le fond de l'opportunisme,
M. le préfet Hendlé a pris la parole. ,
11 fut un temps où M. le préfet luttait avec
les républicains d avant-garde. Ancien colla
borateur de journaux socialistes sous l’Em
pire, il a depuis longtemps oublié les leçons
de son maître Jules Favre. Le grand ora
teur républicain, s’il revenait en ce bas, très
bas monde, aurait de la peine à reconnaître
dans l’administrateur chamarré et galonné,
le petit secrétaire d’avocat, qui, vers 1868,
faisait contre la société politique et religieuse
d’alors le serment d'Annibal,
La férule de Constans et de Dupuy en ont
fait un proconsul prêt .à toutes les réactions.
Et il donne libre carrière à ses nouvel
les tendances en laissant journellement vio
ler, dans notre département, les lois répu
blicaines. Car il faut plaire à M. Thomas et
faire oublier les attaques d'Edouard Drumont.
Nous ne commenterons pas ce discours. Nos
lecteurs verront plus loin un article publié sur
ce point par le Petit Rouennais et que nous
approuvons pleinement. Notons, en passant,
que cette harangue qui, pour ses déclarations
prudhommesques, eût fait la joie de Gustave
Flaubert, u’a pas d’autre importance que ces
éloges faits sur commande, qu’il est de bon
ton de prodiguer aux vainqueurs des luttes
électorales, quels qu’ils soient. C’est du Cot-
tard en prose, tout simplement.
Maintenant que nous savons que M. Hen
dlé ferait au besoin l’éloge de Basly ou de
Jaurès, si un ministère Millerand remplaçant
le ministère Dupuy, commettait la faute de
le maintenir en place, passons aux exer
cices suivants de ce mémorable banquet.
Çà été tout d’abord un discours deM. Jules
Siegfried. 11 nous a servi ses marottes ordi-
dinaires : l’envoi de jeunes Français à l’étran
ger, à Bombay, sans doute, pour y apprendre
comment on fait des fortunes rapides ; — les
habitations ouvrières, etc....
Mais ne lui parlez pas de la séparation des
Eglises et de l'Etat ! 11 nous souvient pour-
tant que M. Siegfried avait lancé cette phrase
à la Scala : « Si l’on demande un jour la sé
paration des Eglises et de l’Etat, ce n’est pas
moi, vieux Huguenot, qui m’y opposerai. «
Le vieux Huguenot a changé d’avis, paraît-
il. Cela ne surprendra aucun de ceux qui ont
voté contre lui et, quant à ses partisans, ils
ont avalé bbn d autres couleuvres.
Pour ce qui est de l’impôt sur le revenu,
M. Siegfried ne le votera pas, attendu « qu’il
existe déjà! » D’où il suit que, suivant M.
Siegfried, les républicains qui ont réclamé cet
impôt, y compris Gambetta, sont de pauvres
fumistes !
Lancé sur cette piste de calembredaines
économiques et d’aimables facéties, M. Sieg
fried ne devait plus s’arrêter. Après avoir
demandé le maintien du privilège de la Banque
de France, — vous êtes orfèvre, M. Josse ! —
il a formulé une abracadabrante réforme des
lois militaires. Deux ans pour les fantassins,
trois pour les cavaliers, quatre pour les artil
leurs. Ça rappelle la théorie de Tartarin sur
la chasse : « Vous comptez deux pour tirer le
lapin, trois pour le lièvre, quatre pour la
perdrix? »
Puis M. Siegfried a qualifié de programme
gnuvernemi niai cette belle élucubration (l’hom
me au câble aurait-il conservé quelques vel
léité de retour aux affaires !)
Enfin, il a lancé cette phrase, sans doute
en vertu d’une gageure :
« Notre idée des progrès désirables est plus
étendue encore, mais quand on veut aboutir,
il faut savoir se borner. »
Après celle là, il n’y a plus qu’a tirer
1 échePe
Du discours de M. Félix Faure, nous dirons
peu de chose. Nous pourrions y relever mainte
inconséquence, comme ce projet qui consiste
rait à établir une publicité plus grande des
hypothèques pour relever le crédit agricole.
Singulier moyen !
Remarquons seulement que M. Félix Faure
ne partage pas les idées de M. Siegfried sur
1 intervention de 1 Etat en matière économi
que. D’où il suit que chaque fois qu’une quea^
tion de cet ordre viendra devant la Chambre,
l’un votera pour et l’autre contre, et que le
Havre ne sera pas représenté.
Inutile de dire que les deux députés, en
divergence sur ce point, sont parfaitement
d’accord sur la répression du socialisme. Nous
devons voir dans ce fait la raison d’être des
éloges dont ces deux discours ont été l’objet
de la part de cette partie de la presse républi
caine qui confine à la réaction, et dont le
Temps est le plus bel organe.
Nous ne trouvons dans ces divers discours,
incohérents sur tant de points, qu’une affir
mation vraiment sensée. Formulée déjà par
Millerand, elle a été reproduite par M. Félix
Faure. Il demande un Cabinet homogène : ou
radical ou libéral.
Nous sommes d’autant plus portés à deman
der l’application de ce principe que, nous en
sommes convaincus, elle démontrera le vide
et la mauvaise foi de l’opportunisme.
Quand le peuple aura vu à l’œuvre ces
politiciens du centre qui se qualifient de libé
raux ou de progressistes, suivant le milieu où
ils exercent leur propagande électorale, quand
il aura pu constater que leur concours est
acquis à la haute banque et aux exploiteurs
capitalistes contre les ouvriers, il saura revenir
à ses véritables amis.
Attendons avec patience, car la Chambre
qui va entrer en session fera, nous l’espérons
fermement, cesser toutes ces équivoques qui
ont permis à l’opportunisme de tromper trop
longtemps le pays.
VERUS.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Les Elections sénatoriales de 1894. —
Le décret convoquant les Conseils municipaux
des communes comprises dans les 32 départements
soumis au renouvellement de leurs sénateurs, a
paru jeudi à 1’ Officiel. Il les invite à se réunir le
dimanche 3 décembre, à l’effet de nommer leurs
délégués et suppléants en vue de l’élection des
sénateurs.
Le collège électoral de chacun de ces départe
ments, formé des députés, des conseillers généraux,
des conseillers d’arrondissements et des délégués
municipaux, se réunira au chef-lieu, le dimanche
7 janvier 1894, pour procéder à l’élection des sé
nateurs du département.
★ ■
¥ ¥
La Situation ministérielle. — Les divi
sions ministerielles n’ont plus aujourd’hui, le
caractère aigu de la semaine dernière et la décla
ration, après les concessions réciproques déjà
obtenues, pourra être signée par tous les membres
du cabinet. Pour le moment, l’idée d’un remanie
ment ministériel est donc à peu près abandonné.
C’est, dit-on, par suite de l’intervention du Pré
sident de la République, qui, au cours de la dis
cussion qui a eu lieu mardi, n’a pas caché ses
piéférences pour le maintien du cabinet actuel,
faisant valoir qu’il appartenait plutôt aux Cham
bres qu’aux membres du gouvernement d’indiquer
l’orientation de la politique à suivre.
Les ministres, du reste, quoique en plein conflit
auparavant, pour conserver un peu plus longtemps
leur portefeuille, n’ont pas tardé à abonder dans
ce sens, et tout d’un coup se sont trouvés d’accord
sur les avantages d’un ministère de concentration.
Immédiatement, ces braves ministres, ont déci
dé de se prononcer, très catégoriquement, dans
leur déclaration, contre toutes propositions de
révision, contre le projet d’amnistie plénière que
va déposer le groupe socialiste, enfin contre la
séparation des Eglises et de l’Etat, autant dire
contre toutes propositions radicales et sociales,
qui sont toujours promises et jamais accordées.
Leur déclaration, comme on le voit, ne différera
en aucune façon des précédentes : le vague, tou
jours le vague. Mais nos représentants, espérons-
le, sauront rappeler ces ministres rétrogrades à
le>ie dévolu, et si beç.olo les débevqwfcïont du
pouvoir plus vite qu’ils ne s’y attendent.
*
¥ ¥
Les Elections contestées. — On sait que
la Chambre, après avoir constitué son bureau pro
visoire, aura, avant d’aborder le travail législatif
proprement dit, à procéder à la vérification des
pouvoirs de ses membres. A la date d’hier, 22 élec
tions seulement sont l’objet de protestations dé
posées au secrétariat général.
*
* *
Les Députés socialistes. — Les députés
socialistes se sont réunis au Palais-Bourbon pour
discuter la conduite à tenir pendant la prochaine
législature ; il a été décidé qu’ils prendraient une
part active aux délibérations de lo Chambre ; por
tant bonne attention sur les questions budgétaires,
les députés socialistes ont décidé de se partager
l’étude des divers budgets et de nommer en quel
que sorte des sous-commissions d’études.
Ajoutons que les représentants socialistes ont
décidé la formation d’un groupe unique qui pren
dra pour base la partie commune qui peut exister
dans leurs divers programmes.
Mais il a été bien convenu que chaque membre,
en adhérant au groupe, conserverait son entière
liberté d’action et que, par suite, les diverses frac
tions socialistes auraient leur autonomie complète
en vue des initiatives à prendre dans la Chambre
pour la présentation des propositions qu’elles juge
raient nécessaires. — Nini.
Entre la Chambre qui vient de disparaître et
celle qui lui a succédé, une différence, tout
d’abord, saute aux yeux. La droite rentre au
Palais-Bourbon à l’état de vaincue. Ses membres
les plus connus, ceux qui avaient, avec le plus
d’éJat et de vigueur, fait jusqu’au bout la guerre
à la République sont restés sur le carreau.
Les politiques qui, à la suite de M. Piou,
avaient brûlé publiquement ce qu’ils avaient adoré
et fait acte de soumission au gouvernement établi
n’ont pas été plus heureux.
Le suffrage universel a fait un massacre des
nouveaux convertis. Et, en même temps qu’eux, a
été atteint en pleine poitrine, l’homme qui avait
édifié sur leur victoire ses espoirs de revanche,
désigné qu’il se croyait par la fusillade de Four-
mies, à la direction du parti réactionnaire.
C’est une assemblée composée en énorme majo
rité de républicains que le corps électoral a élue
aux dernières élections. Mais de quelle nuance
ces républicains ? Quel est le programme de la
plupart des représentants du peuple ? Quelle est
leur orientation ?
Il serait téméraire, à notre sens, de prétendre
dès maintenant classer les nouveaux députés et
leur assigner une place dans les catégories multi
ples que la langue politique de ces quinze dernières
années a fait éclore.
Aussi bien, il me semble que de toutes parts
s’affirme la volonté de renoncer à ces»classifications
déjà surannées. On entend les organes les plus
différente de l’opinion républicaine s’écrier que
l’heure est propice à une nouvelle et simple
division du parti républicain.
Du même coup sombre la concentration. On est
généralement d’accord pour ne pas regretter ces
cabinets hybrides où les radicaux ne méritaient
de prendre place qu’en laissant à Ta porte du
conseil des ministres leur défroque d’antan, tandis
que les modérés tâchaient à justifier leur avène
ment en fonçant d’un peu d’ocre rouge leur rose
programme. C’était l’époque où, dans les délibé
rations ministérielles, M. Ribot soutenait toutes
les mesures avancées et M. Yves Guyot toutes les
propositions rétrogrades. Requiescant !
Un ministère homogène nous est promis. Il
aura à choisir ses éléments et sa majorité entre
deux grands partis dont les prophètes nous annon
cent la formation. L’un sera composé de tous les
anciens opportunistes, des reliques de feu le
centre gauche et des membres nouveaux qui trou
vent dans la stabilité ministérielle l’alpha et
l’oméga de leur évangile politique.
Un des membres les plus remuants du parti
l’a baptisé, avant qu’il ne fût tenu sur les fonds,
d’un nom qui lui convient à merveille : Y Union
gouvernementale. Cela dit tout parce que cela ne
dit rien. S’unir pour soutenir le gouvernement,
quel qu’il soit et quoi qu’il tasse, voilà qui dispensfe
de tout programme, puisque c’en est la suppression
par définition.
L’autre parti, moins net jusqu’ici dans ses linéa
ments, parce qu’il est moins simpliste et que sa
raison d’être est l’existence d’un programme,
pourrait se désigner : le parti réformiste.
Parmi les éléments que la nature des choses
amènera en maintes circonstances à s’agglutiner
à lui, figure un groupe très caractérisé, très
personnel, qui sera comme le ferment de ce second
parti ; j’ai nommé le groupe socialiste.
Ses succès ont constitué, avec l’élimination des
réactionnaires, le trait saillant des élections
générales. Ils ont dépassé, il est permis de le dire,
l’espoir de ses partisans comme les appréhensions
de ses adversaires.
Cinquante ou soixante députés ont été élus avec
un programme nettement socialiste. Il en est
venu de tous les points du pays. Ce n’est pas dans
les grandes villes seulement, dans les régions
industrielles que ces victoires ont été remportées.
On a vu en plein pays de réaction, dans des
circonscriptions nettement rurales, l’idée socia
liste s’affirmer et vaincre ; c’est un beau triomphe,
qui impose au parti socialiste de grands devoirs.
L’écueil où sa fortune pourrait venir se briser,
lui a été signalé par les railleries de ses ennemis
qui cherchaient à se consoler du présent, en pré
disant l’avenir.
« Il est impossible, se sont-ils écriés, que les
socialistes forment à la Chambre un groupe uni.
Sur la première question qui se posera devant
eux, ils vont s'entre-déchirer et donner au public
l’image édifiante de leurs dissensions. Comment
en irait-il autrement dans cette singulière armée,
où il y a plus de chefs que de soldats ? »
Nous ne méconnaissons pas la petite part dô
vérité qu’il y a dans ce tableau à dessein poussé
au noir. Le parti socialiste français est en effet
divisé encore en plusieurs fractions qui ne sont
pas séparées seulement par des idées pures.
Evoluant sur le même terrain, s’adressant au
même public, il test inévitable qu’il y ait entre
elles des rencontres et des chocs. On ne saurait
d’autre part leur demander, avec l’espoir d’être
entendu sans délai, qu’elles renoncent à leur
individualité propre, à leur tactique particülière,
pour confondre les rangs de leurs troupes et
surtout de leurs états-majors. x
Pourtant un grand progrès a été déjà accompli.
E'idée de l’union socialiste, de sa nécessité, a
pénétré dans les masses. Elles l’ont comprises
réalisée, aux dernières élections, en plus d'une cir
conscription, malgré les résistances, heureusement
rares, de quelques candidats mal inspirés.
Le succès qui a couronné leurs efforts a contri
bué à populariser encore cette pensée que le parti
socialiste n’avait pas le droit, sans trahir le
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