Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-10-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 octobre 1893 21 octobre 1893
Description : 1893/10/21 (N115). 1893/10/21 (N115).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263314q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
5® innée — N° H5 — Samedi 21 Octobre 1893.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
3 e Année — 30 Vendémiaire An 162 — N® 115.
Le Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix DES ABOIEMENTS :
UN AN
SIX MOIS
ADMINISTRATION & REDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉBIER, 15
Le Havre 5 fr. 3 f:.
Départements 6 fr. 3 50
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
^xamseasssima
L’Offensive Française. - Un Coup ûnanle
L’OFFENSIVE FRANÇAISE
En face d’un ennemi campé sur notre terri
toire, dont l'avant-garde tient toutes les stations
têtes d’étapes, l’offensive, je dis l’offensive de la
première heure, nous est virtuellement interdite.
Recevoir le choc et préparer une riposte éner
gique, voilà le programme à remplir. Examinons
les pièces de l’échiquier.
Après le traité de Francfort, le front nord-est,
nu comme la main, appel it une reconstitution
immédiate et totale. L’ingénieur y sema places
de ravitaillement, forts d’arrêt, batteries, etc.,
tous ouvrages que j’assimile aux palissades, fils
de fer, piquets et chausses-trappes de la forti
fication du champ de bataille. Ces défenses pré
sentent généralement une valeur de quarante-
huit heures ; avantage bien souvent inestimable !
On corrige ainsi d’une manière plus ou moins
heureuse l’infériorité de l’instrument de mobili
sation et de concentration.
Dans le bassin de la Seine, Paris joue le même
rôle qu’autrefois, mais un rôle plus sérieux, plus
efficace et de plus longue durée. La cité-reine
n’est point une de ces forteresses banales et.
passives qui reçoivent des coups sans jamais en
rendre. Son importance provient uniquement de
ce qu’elle possède un pouvoir émissif considé-
rab.w, f'*'
IA
r o— î
sent cinquante à deux cent mille hommes, indé
pendamment des garnisons normales qui occupent
chaque secteur. Cette armée couverte par les
forts, libre de ses allures, prend toujours l’offen
sive, d’où une supériorité réelle vis-à-vis de
l’adversaire. Nos ennemis s’établissent de préfé
rence au sud-est, dans un groupe de positions
soigneusement étudiées et aménagées. Au lieu de
tenter l’impossible, c’est-à-dire d’in\estir toute la
périphérie d’un mince cordon de troupes, les
Allemands concentrent leurs efforts sur un seul
point, et plusieurs divisions de cavalerie rayon
nent autour de l’enceinte, obstruant les princi
pales artères d’alimentation. Il s’en suit que lé
dIocus au sens grammatical du mot n’existe pas.
Mais pour l’assiégé, le résultat sera le même ; car
jue signifient quelques mille - kilos de pain, de
riande et de légumes journellement introduits
jar surprise dans une ville de deux millions
l’àmes ?
Sur la Loire où se livreraient les suprêmes
;oipbat$, nous ne possédons ni une bicoque, ni un
or tin. Orléans, devenue par la force des choses
;apitale artérielle , reste exposée à l’audace intel-
igente de quelques coureurs. Les luttes devant
>âris ne forment qu’un épisode de la gigantesque
tataille qui embrassera les trois quarts du terri-
oire. Eh bien ! tout a été disposé comme si le
;anon devait se taire'et le cœur cesser de battre
orsque notre première place forte ne communi-
•uera plus avec le reste de la France que par des
quipes de pigeons. Vraiment le cauchemar
lersiste et cette obsession léthargique qui s’ap-
lelle l’inexpugnabilité de Paris, ne nous quitte pas.
sa défense mathématique de l’aire gauloise est
icéphale : Paris et Orléans, vallée de la Seine et
allée de la Loire.’ Appuyés sur ces deux bases
ui se flanquent réciproquement, nous braverons
3S efforts de l’Europe entière.
Je compare la France à un cataphracte qui pose
on pied droit à Toulouse, son pied gauche à Lyon,
î cœur se trouve au sommet de la boucle ligé-
ienne, près du canal de Briare, et la tête à Paris;
;s bras menacent la direction de l’Est. En dehors
u casque et du gantelet, ne me faut-il pas une
jirasse et des bottines d’acier ?
Le simple bon sens-conduit à demander la créa-
on de quatre groupes principaux :
1° Toulouse, la place clypéenne du front méri-
onal qui synthétise le jeu de la défense contre
le invasion espagnole ;
2° Lyon, la citadelle des Alpes où doivent venir
:pirer les derniers efforts de l’offensive italienne;
3« Paris, la grande forteresse, le boulevard
gantesque dont le profil monstrueux domine
lorizon au Nord-Est, au Nord et au Nord-Ouest;
4° Et, enfin, Orléans, réduit central.
A Lyon comme à Paris, le travail est fait et
en fait. Toulouse attend la pose de la première
pierre, et Orléans ah! Orléans! Pour cette
ville, l’urgence m’apparaît tellement impérieuse,
que je voudrais voir commencer les forts avec le
produit d'une souscription publique. Demandez
leur opinion aux soldats de Çhanzy ét de Jauré-
guiberry. Orléans, c’est l’Alésia moderne; si jamais
Vercingétorix était obligé d’y reprendre haleine,
il faut donner aux cavaliers gaulois le temps
d’accourir.
J’esquisse le dispositif d’attaque.
L’idée-mère qui semble devoir présider aux
inspirations du généralissime est la suivante :
1° Le gros des forces couvre non pas la capitale
mais le cœur du pays ;
2° S’interposer entre une jonction toujours pos
sible de l’extrême-gauche allemande avec l’avant-
garde italienne.
Paris, facteur autonome, se défend par ses pro
pres moyens, immobilise une bonne moitié des
troupes prussiennes et allège l’armée de campagne
qui retrouve ainsi toute son élasticité. Echelonnés
à droite et à gauche de la médiane du triangle
Toul-Belfort-Orléans, nos treize corps occupent
ce que j’appelle le lieu géométrique. La poussée
vient-elle de Namnr ? ils menacent le flanc gauche,
obligent l’ennemi à se détourner vers le Sud et
conservent eff tout cas le bénéfice d’une retraite
latérale. Abordés de front, les trois groupes oppo
sent une résistance probablement invincible ; au
pis aTler; l’échec éventuel ne décide rien. Nous
l üA/twv ii.»u t.rrr
- .h
matériel, et la partie recommence.
L’ordre de bataille s’établirait ainsi :
Aile gauche, six corps, armée de la Meuse ;
centre et droite intimement soudés, treize corps,
armée du Rhin. Au Sud-Est, cinq corps forment
l’armée d’ Italie et envahissent le Piémont.
En cas de succès, le torrent inonde l’Alsace,
détache la Bavière par une convention de neutra
lité, isole Metz, bloque Strasbourg, et l’aile gauche
inflige aux Belges la violation expiatoire. Le
deuxième acte du drame finit près de Mayence.
E. MORAND.
(A suivre).
UN eOUPJ’EPâULE
Goblet a dévoilé ses intentions futures au
punch que lui offraient ses électeurs ; nous
avons entendu Millerand et Sembat déve
lopper le programme socialiste au banquet
des Grandes-Carrières ; nous avons vu Guesde
au congrès du Parti Ouvrier ; hier, nous écou
tions au Tivoli-Vauxhall, Faberot et Jaurès.
' Tous les députés socialistes avaient cru
devoir expliquer au peuple de Paris quelles
étaient les réformes qu’ils comptaient faire,
quelles étaient leurs aspirations, leuî* but.
Tous ceux qui ont compris la nécessité
d’une marche en avant vers des modifications
qui s’imposent, avaient parlé ; l’on s’étonnait
que le chef du Gouvernement n’ait pas encore^
lui aussi, pris la parole pour annoncer à la
France, ce qu'il comptait faire pour faciliter
cette évolution qui nous transforme déjà,
mais qui a besoin d’être régularisée, si nous
voulons qu’elle soit exempte de violences. On
attendait chaque jour ces déclarations de l’om
nipotent Ministre dei l’Intérieur ; on croyait
les voir à chaque instant s’élancer de quelque
banquet parisien, de quelque réunion poli
tico-opportuniste assez imposante — quant
au nombre ! c ,
Mais quel n’a pas été notre étonnement,
quand une dépêche de Perpignan nous a
appris que Dupuy avait prononcé ce discours
politique sur lequel nous comptions depuis un
mois, à un tout petit punch, offert par un
tout petit cercle opportuniste d’une toute petite
ville de la frontière d’Espagne — 111e sur Tet
— Trou pas cher sur Tet — bourgade sans
importance, inconnue de tous, qui n’a d’autre
mérite — si c’en est un — que d’abriter
pendant quelques jours l’homme à la psycho
logie de pion, qui mène comme des écoliers
en bas âge, les pauvres ministres qui compo
sent sa classe — pardon, son ministère !
L’éminent politicien d’Auvergne, avec une
modestie qui n’a d’égale que celle de M.
Loti, à l’Acad mie, commence par nous parler
de « lui » ; toujours « lui » !
« Je suis républicain réformateur et j« con
duirai la République dans la voie du progrès,
tout en évitant de la faire culbuter dans les
précipices. »
Mon Dieu, comme le fait remarquer un de
nos spirituels confrères de la Petite République,
le citoyen Joseph Prud’homme, il y a bien
longtemps de cela,, voulait également empê
cher le « char de l’Etat de naviguer sur un
volcan. »
M. Dupuy n’a donc rien inventé de neuf et
et ma foi, je lui souhaite bon courage pour
faire avancer le char de la République oppor
tuniste dans la voie du progrès ; car ses roues
sont enfoncées dans la boue bien au-dessus du
moyeu.
Et je crois, ce que les socialistes se dispo
sent à faire, qu’il est plus simple de le
culbuter dans le fossé, par un vigoureux coup
d’épaule, que tous nous sommes disposés à
donner.
La voie déblayée, nous pourrons alors
marcher de l’avant, et voir à en construire un
autre d’un modèle different, sur un terrain
un peu moins fangeux que celui où vient de
s’enliser la vieille berline de la République
opportuniste.
Nous ne réclamons du reste que l’appli
cation d’un principe bien connu.
Quand un membre est gangrené on l’am
pute ; quant une machine est usée on la
remplace !
A l’œuvre donc et du courage, car la beso
gne ne sera peut-être pas toujours très pro
pre, si l’on en juge par les débuts de la crise :
Panama, Cornélius Herz et Arton !
D.-L.
SOUSCRIPTION
Pour les Ouvriers grévistes du Pas-de-
Calais et du Nord
Première I_.is.te
Le Réveil du Havre .......F. 5 »»
M. Nome............... » 5 »»
M. Denis G » 10 »»
Mme S. H..........: » 1 »»
SEMAINE 'POLITIQUE
FRANCE
Les Marins russes à Paris. — La grande
Ville-Lumière est eu fête ; les marias russes y
ont fait leur entrée, et, depuis, ils sont l’objet de
véritables transports d’enthousiasme de la part de
la population parisienne. On peut dire que les
honneurs de la capitale continuent à leur être
faits avec une cordialité et un triomphe qu’on ne
peut voir qu’à Paris même. »
Nos hôtes emporteront, de l’hospitalité fran
çaise, un souvenir assurément inoubliable, et nous
nous en félicitons d’avance de voir la France et
la Russie se donner ainsila main, en face de la
Triple-Alliance ; il n’est pas un peuple qui, à ce
spectacle, ne s’arrête profondément impressionné,
car chacun sent que c’est à Toulon et à Cronstadt,
à Paris et à Saint-Pétersbourg que se fait en ce
moment l’histoire et que c’est là qu’est désormais
fixé l’axe de la politique européenne.
Et cette alliance faite à la face du monde, sans
arrière-pensée, ni sous-entendus, toute de loyauté
et de sincérité, n’a d'autre but que de favoriser la
rûarche de la civilisation en avant, par le main
tien de la paix, dont les deux nations unies sont
désormais les gardiennes.
*
* * ~
Mac-Mahon. —■ Le maréchal Mac-Mahon est
mort. C’était un soldat, qui, dans son temps, ba
tailla bravement à la tête de ses troupes et con
quit un haut renom d’intrépidité, qu’il justifia
d’uue façon éclatante à Magenta, où il eut le sen
timent de l’action, et, par sa résolution, sauva
l’armée française, dangereusement engagée.
Le maréchal Mac-Mahon n’était pas un gr and
politique ; ce n’était même pas un politique. Roya
liste de sentiment, il servit avec une égale loyauté
l’Empire et la République.
Sous l’Empire, il eut une heure de révolte dans
l’abaissement de tous. Au Sénat, il vota seu?
contre la loi de sûreté générale. Ceux qui se sou
viennent encore de cette abominable époque peu
vent seuls apprécier ce qu’il fallut de courage et
de froide énergie, pour infliger à des ministres
abêtis, l’affront de son vote. On proposait de dé
porter des Français, sans jugement. Mac-Mahon,
qui était pourtant leur ennemi, se leva et dit :
Non. L’histoire lui tiendra compte de cet acte.
On lui a beaucoup reproché d’avoir trahi M.
Thiers, qui en avait trahi bien d’autres. Sa loyau
té fut mise à la plus cruelle épreuve, quand le
comte de Chambord, se croyant à la veille d’une
restauration, osa venir à Versailles pour régler les
conditions du coup d’Etat qui se préparait. Mais
Mac-Mahon, placé au premier poste de l’Etat,
avait reçu une consigne. Il resta fidèle au devoir.
Au milieu des pièges sans nombre, des périls de
toute heure, sa loyauté demeura intacte, là où tout
autre aurait peut-être sombré. Puis, le jour où sa
conscience ne lui permit plus de rester à son
poste, il transmit intact à son successeur le pou
voir qu’il avait reçu des représentais de la na
tion. Nous saluons donc dans sa tombe cet adver
saire de nos institutions républicaines, parce qu’il
fut un honnête homme et un bon Français.
*
* *
Internationalisme. — Quelques jours après
le 20 août, les feuilles opportunistes saluaient l’é
lection de M. Jules Guesde, en le traitant de
« sans patrie » et en reprochant au Parti Ouvrier
d’avoir reçu quelques subsides d’Allemagne.
' Le député de Roubaix, dans une lettre que nous
avons publiée, montrait à quoi devaient se ré
duire de pareilles accusations et flétrissait, d’une
façon magistrale, les porte-paroles du gouverne
ment.
La lettre suivante, adressée à la Justice , en dé
voilant les procédés électoraux d’un certain M.
Viellard, montre ce que nous devons attendre du
patriotisme de certains pseudo-émigrés de Stras
bourg ou de Mulhouse :
« On a beaucoup parlé, ces temps derniers, de
subsides envoyés par des sociahstes allemands
pour soutenir, en France, des candidatures ou
vrières. Mais peut-être n’a-t-on pas assez parlé du
cas de M. Viellard Armand, richissime industriel,
qui a posé sa candidature dans le territoire de
Belfort et qui, s’il n’a pas reçu de l’argent alle
mand, argent dont il n’avait que faire, a accepté,
en revanche, le patronage de l’Express de
Mulhouse , feuille très répandue dans la région.
« Je n’ai pas besoin de vous rappeler ce qu’est
devenu l'Express de Mulhouse. C’est un journal
aussi peu protestataire que possible ; il est presque
allemand.
« Mais il y a mieux, ou plutôt il y a pis : M.
Viellard Armand a été soutenu par son beau-frère,
M. Bian, qui est à la fois grand industriel sur le
territoire de Belfort et maire de Sentheim, en
Alsace.
« Or M. Bian est le seul maire du canton annexé
de Ma'Sevaux qui assiste, chaque année, au ban
quet offert à tous les fonctionnaires allemands à
l’occasion de la fête de Guillaume II. Inutile de
vous dire que M. Bian a usé de toute son « in
fluence » sur ses ouvriers en faveur de son beau-
frère. Que pensez-vous d’un pareil agent électo
ral qui en Alsace, pousse des « hoch ! » en l’hon
neur de l’empereur allemand, et qui, sur leterri-
toirede Belfort, vient mener unecampagneacharnée
en faveur de M. Viellard ? Sont-ils assez interna
tionalistes, ces millionnaires !
« Recevez, etc. X. *
En présente de pareils faits, nous espérons que,
pour l’honneur de la Chambre, les élus du suffrage
universel en 1893, tiendront à renvoyer à Belfort
le protégé de M. Bian et de 1 Express de Mul -
house.
Nous avons été d’autant plus étonnés d’appren
dre la conduite de ce journal, que depuis un grand
nombre d’années nous étions habitués à entendre
répéter au Ilavrè qu’ « à Mulhouse on était plus
patriotes qu'ailleurs. »
Aurions-nous été trompés par hasard ? E. S.
AVIS
L’abondance des matières nous oblige, à notre
grand regret, à reculer notre causerie sur la
Grande Boîte. Nos lecteurs nous excuseront, mais
ils ne perdront rien pour attendre.
Pour la même raison, nous remettons à la
semaine prochaine les articles suivants : Limpôt
sur le revenu , Le socialisme agraire en France
et à l'etranger , Crispi ami de là paix.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
3 e Année — 30 Vendémiaire An 162 — N® 115.
Le Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix DES ABOIEMENTS :
UN AN
SIX MOIS
ADMINISTRATION & REDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉBIER, 15
Le Havre 5 fr. 3 f:.
Départements 6 fr. 3 50
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
^xamseasssima
L’Offensive Française. - Un Coup ûnanle
L’OFFENSIVE FRANÇAISE
En face d’un ennemi campé sur notre terri
toire, dont l'avant-garde tient toutes les stations
têtes d’étapes, l’offensive, je dis l’offensive de la
première heure, nous est virtuellement interdite.
Recevoir le choc et préparer une riposte éner
gique, voilà le programme à remplir. Examinons
les pièces de l’échiquier.
Après le traité de Francfort, le front nord-est,
nu comme la main, appel it une reconstitution
immédiate et totale. L’ingénieur y sema places
de ravitaillement, forts d’arrêt, batteries, etc.,
tous ouvrages que j’assimile aux palissades, fils
de fer, piquets et chausses-trappes de la forti
fication du champ de bataille. Ces défenses pré
sentent généralement une valeur de quarante-
huit heures ; avantage bien souvent inestimable !
On corrige ainsi d’une manière plus ou moins
heureuse l’infériorité de l’instrument de mobili
sation et de concentration.
Dans le bassin de la Seine, Paris joue le même
rôle qu’autrefois, mais un rôle plus sérieux, plus
efficace et de plus longue durée. La cité-reine
n’est point une de ces forteresses banales et.
passives qui reçoivent des coups sans jamais en
rendre. Son importance provient uniquement de
ce qu’elle possède un pouvoir émissif considé-
rab.w, f'*'
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r o— î
sent cinquante à deux cent mille hommes, indé
pendamment des garnisons normales qui occupent
chaque secteur. Cette armée couverte par les
forts, libre de ses allures, prend toujours l’offen
sive, d’où une supériorité réelle vis-à-vis de
l’adversaire. Nos ennemis s’établissent de préfé
rence au sud-est, dans un groupe de positions
soigneusement étudiées et aménagées. Au lieu de
tenter l’impossible, c’est-à-dire d’in\estir toute la
périphérie d’un mince cordon de troupes, les
Allemands concentrent leurs efforts sur un seul
point, et plusieurs divisions de cavalerie rayon
nent autour de l’enceinte, obstruant les princi
pales artères d’alimentation. Il s’en suit que lé
dIocus au sens grammatical du mot n’existe pas.
Mais pour l’assiégé, le résultat sera le même ; car
jue signifient quelques mille - kilos de pain, de
riande et de légumes journellement introduits
jar surprise dans une ville de deux millions
l’àmes ?
Sur la Loire où se livreraient les suprêmes
;oipbat$, nous ne possédons ni une bicoque, ni un
or tin. Orléans, devenue par la force des choses
;apitale artérielle , reste exposée à l’audace intel-
igente de quelques coureurs. Les luttes devant
>âris ne forment qu’un épisode de la gigantesque
tataille qui embrassera les trois quarts du terri-
oire. Eh bien ! tout a été disposé comme si le
;anon devait se taire'et le cœur cesser de battre
orsque notre première place forte ne communi-
•uera plus avec le reste de la France que par des
quipes de pigeons. Vraiment le cauchemar
lersiste et cette obsession léthargique qui s’ap-
lelle l’inexpugnabilité de Paris, ne nous quitte pas.
sa défense mathématique de l’aire gauloise est
icéphale : Paris et Orléans, vallée de la Seine et
allée de la Loire.’ Appuyés sur ces deux bases
ui se flanquent réciproquement, nous braverons
3S efforts de l’Europe entière.
Je compare la France à un cataphracte qui pose
on pied droit à Toulouse, son pied gauche à Lyon,
î cœur se trouve au sommet de la boucle ligé-
ienne, près du canal de Briare, et la tête à Paris;
;s bras menacent la direction de l’Est. En dehors
u casque et du gantelet, ne me faut-il pas une
jirasse et des bottines d’acier ?
Le simple bon sens-conduit à demander la créa-
on de quatre groupes principaux :
1° Toulouse, la place clypéenne du front méri-
onal qui synthétise le jeu de la défense contre
le invasion espagnole ;
2° Lyon, la citadelle des Alpes où doivent venir
:pirer les derniers efforts de l’offensive italienne;
3« Paris, la grande forteresse, le boulevard
gantesque dont le profil monstrueux domine
lorizon au Nord-Est, au Nord et au Nord-Ouest;
4° Et, enfin, Orléans, réduit central.
A Lyon comme à Paris, le travail est fait et
en fait. Toulouse attend la pose de la première
pierre, et Orléans ah! Orléans! Pour cette
ville, l’urgence m’apparaît tellement impérieuse,
que je voudrais voir commencer les forts avec le
produit d'une souscription publique. Demandez
leur opinion aux soldats de Çhanzy ét de Jauré-
guiberry. Orléans, c’est l’Alésia moderne; si jamais
Vercingétorix était obligé d’y reprendre haleine,
il faut donner aux cavaliers gaulois le temps
d’accourir.
J’esquisse le dispositif d’attaque.
L’idée-mère qui semble devoir présider aux
inspirations du généralissime est la suivante :
1° Le gros des forces couvre non pas la capitale
mais le cœur du pays ;
2° S’interposer entre une jonction toujours pos
sible de l’extrême-gauche allemande avec l’avant-
garde italienne.
Paris, facteur autonome, se défend par ses pro
pres moyens, immobilise une bonne moitié des
troupes prussiennes et allège l’armée de campagne
qui retrouve ainsi toute son élasticité. Echelonnés
à droite et à gauche de la médiane du triangle
Toul-Belfort-Orléans, nos treize corps occupent
ce que j’appelle le lieu géométrique. La poussée
vient-elle de Namnr ? ils menacent le flanc gauche,
obligent l’ennemi à se détourner vers le Sud et
conservent eff tout cas le bénéfice d’une retraite
latérale. Abordés de front, les trois groupes oppo
sent une résistance probablement invincible ; au
pis aTler; l’échec éventuel ne décide rien. Nous
l üA/twv ii.»u t.rrr
- .h
matériel, et la partie recommence.
L’ordre de bataille s’établirait ainsi :
Aile gauche, six corps, armée de la Meuse ;
centre et droite intimement soudés, treize corps,
armée du Rhin. Au Sud-Est, cinq corps forment
l’armée d’ Italie et envahissent le Piémont.
En cas de succès, le torrent inonde l’Alsace,
détache la Bavière par une convention de neutra
lité, isole Metz, bloque Strasbourg, et l’aile gauche
inflige aux Belges la violation expiatoire. Le
deuxième acte du drame finit près de Mayence.
E. MORAND.
(A suivre).
UN eOUPJ’EPâULE
Goblet a dévoilé ses intentions futures au
punch que lui offraient ses électeurs ; nous
avons entendu Millerand et Sembat déve
lopper le programme socialiste au banquet
des Grandes-Carrières ; nous avons vu Guesde
au congrès du Parti Ouvrier ; hier, nous écou
tions au Tivoli-Vauxhall, Faberot et Jaurès.
' Tous les députés socialistes avaient cru
devoir expliquer au peuple de Paris quelles
étaient les réformes qu’ils comptaient faire,
quelles étaient leurs aspirations, leuî* but.
Tous ceux qui ont compris la nécessité
d’une marche en avant vers des modifications
qui s’imposent, avaient parlé ; l’on s’étonnait
que le chef du Gouvernement n’ait pas encore^
lui aussi, pris la parole pour annoncer à la
France, ce qu'il comptait faire pour faciliter
cette évolution qui nous transforme déjà,
mais qui a besoin d’être régularisée, si nous
voulons qu’elle soit exempte de violences. On
attendait chaque jour ces déclarations de l’om
nipotent Ministre dei l’Intérieur ; on croyait
les voir à chaque instant s’élancer de quelque
banquet parisien, de quelque réunion poli
tico-opportuniste assez imposante — quant
au nombre ! c ,
Mais quel n’a pas été notre étonnement,
quand une dépêche de Perpignan nous a
appris que Dupuy avait prononcé ce discours
politique sur lequel nous comptions depuis un
mois, à un tout petit punch, offert par un
tout petit cercle opportuniste d’une toute petite
ville de la frontière d’Espagne — 111e sur Tet
— Trou pas cher sur Tet — bourgade sans
importance, inconnue de tous, qui n’a d’autre
mérite — si c’en est un — que d’abriter
pendant quelques jours l’homme à la psycho
logie de pion, qui mène comme des écoliers
en bas âge, les pauvres ministres qui compo
sent sa classe — pardon, son ministère !
L’éminent politicien d’Auvergne, avec une
modestie qui n’a d’égale que celle de M.
Loti, à l’Acad mie, commence par nous parler
de « lui » ; toujours « lui » !
« Je suis républicain réformateur et j« con
duirai la République dans la voie du progrès,
tout en évitant de la faire culbuter dans les
précipices. »
Mon Dieu, comme le fait remarquer un de
nos spirituels confrères de la Petite République,
le citoyen Joseph Prud’homme, il y a bien
longtemps de cela,, voulait également empê
cher le « char de l’Etat de naviguer sur un
volcan. »
M. Dupuy n’a donc rien inventé de neuf et
et ma foi, je lui souhaite bon courage pour
faire avancer le char de la République oppor
tuniste dans la voie du progrès ; car ses roues
sont enfoncées dans la boue bien au-dessus du
moyeu.
Et je crois, ce que les socialistes se dispo
sent à faire, qu’il est plus simple de le
culbuter dans le fossé, par un vigoureux coup
d’épaule, que tous nous sommes disposés à
donner.
La voie déblayée, nous pourrons alors
marcher de l’avant, et voir à en construire un
autre d’un modèle different, sur un terrain
un peu moins fangeux que celui où vient de
s’enliser la vieille berline de la République
opportuniste.
Nous ne réclamons du reste que l’appli
cation d’un principe bien connu.
Quand un membre est gangrené on l’am
pute ; quant une machine est usée on la
remplace !
A l’œuvre donc et du courage, car la beso
gne ne sera peut-être pas toujours très pro
pre, si l’on en juge par les débuts de la crise :
Panama, Cornélius Herz et Arton !
D.-L.
SOUSCRIPTION
Pour les Ouvriers grévistes du Pas-de-
Calais et du Nord
Première I_.is.te
Le Réveil du Havre .......F. 5 »»
M. Nome............... » 5 »»
M. Denis G » 10 »»
Mme S. H..........: » 1 »»
SEMAINE 'POLITIQUE
FRANCE
Les Marins russes à Paris. — La grande
Ville-Lumière est eu fête ; les marias russes y
ont fait leur entrée, et, depuis, ils sont l’objet de
véritables transports d’enthousiasme de la part de
la population parisienne. On peut dire que les
honneurs de la capitale continuent à leur être
faits avec une cordialité et un triomphe qu’on ne
peut voir qu’à Paris même. »
Nos hôtes emporteront, de l’hospitalité fran
çaise, un souvenir assurément inoubliable, et nous
nous en félicitons d’avance de voir la France et
la Russie se donner ainsila main, en face de la
Triple-Alliance ; il n’est pas un peuple qui, à ce
spectacle, ne s’arrête profondément impressionné,
car chacun sent que c’est à Toulon et à Cronstadt,
à Paris et à Saint-Pétersbourg que se fait en ce
moment l’histoire et que c’est là qu’est désormais
fixé l’axe de la politique européenne.
Et cette alliance faite à la face du monde, sans
arrière-pensée, ni sous-entendus, toute de loyauté
et de sincérité, n’a d'autre but que de favoriser la
rûarche de la civilisation en avant, par le main
tien de la paix, dont les deux nations unies sont
désormais les gardiennes.
*
* * ~
Mac-Mahon. —■ Le maréchal Mac-Mahon est
mort. C’était un soldat, qui, dans son temps, ba
tailla bravement à la tête de ses troupes et con
quit un haut renom d’intrépidité, qu’il justifia
d’uue façon éclatante à Magenta, où il eut le sen
timent de l’action, et, par sa résolution, sauva
l’armée française, dangereusement engagée.
Le maréchal Mac-Mahon n’était pas un gr and
politique ; ce n’était même pas un politique. Roya
liste de sentiment, il servit avec une égale loyauté
l’Empire et la République.
Sous l’Empire, il eut une heure de révolte dans
l’abaissement de tous. Au Sénat, il vota seu?
contre la loi de sûreté générale. Ceux qui se sou
viennent encore de cette abominable époque peu
vent seuls apprécier ce qu’il fallut de courage et
de froide énergie, pour infliger à des ministres
abêtis, l’affront de son vote. On proposait de dé
porter des Français, sans jugement. Mac-Mahon,
qui était pourtant leur ennemi, se leva et dit :
Non. L’histoire lui tiendra compte de cet acte.
On lui a beaucoup reproché d’avoir trahi M.
Thiers, qui en avait trahi bien d’autres. Sa loyau
té fut mise à la plus cruelle épreuve, quand le
comte de Chambord, se croyant à la veille d’une
restauration, osa venir à Versailles pour régler les
conditions du coup d’Etat qui se préparait. Mais
Mac-Mahon, placé au premier poste de l’Etat,
avait reçu une consigne. Il resta fidèle au devoir.
Au milieu des pièges sans nombre, des périls de
toute heure, sa loyauté demeura intacte, là où tout
autre aurait peut-être sombré. Puis, le jour où sa
conscience ne lui permit plus de rester à son
poste, il transmit intact à son successeur le pou
voir qu’il avait reçu des représentais de la na
tion. Nous saluons donc dans sa tombe cet adver
saire de nos institutions républicaines, parce qu’il
fut un honnête homme et un bon Français.
*
* *
Internationalisme. — Quelques jours après
le 20 août, les feuilles opportunistes saluaient l’é
lection de M. Jules Guesde, en le traitant de
« sans patrie » et en reprochant au Parti Ouvrier
d’avoir reçu quelques subsides d’Allemagne.
' Le député de Roubaix, dans une lettre que nous
avons publiée, montrait à quoi devaient se ré
duire de pareilles accusations et flétrissait, d’une
façon magistrale, les porte-paroles du gouverne
ment.
La lettre suivante, adressée à la Justice , en dé
voilant les procédés électoraux d’un certain M.
Viellard, montre ce que nous devons attendre du
patriotisme de certains pseudo-émigrés de Stras
bourg ou de Mulhouse :
« On a beaucoup parlé, ces temps derniers, de
subsides envoyés par des sociahstes allemands
pour soutenir, en France, des candidatures ou
vrières. Mais peut-être n’a-t-on pas assez parlé du
cas de M. Viellard Armand, richissime industriel,
qui a posé sa candidature dans le territoire de
Belfort et qui, s’il n’a pas reçu de l’argent alle
mand, argent dont il n’avait que faire, a accepté,
en revanche, le patronage de l’Express de
Mulhouse , feuille très répandue dans la région.
« Je n’ai pas besoin de vous rappeler ce qu’est
devenu l'Express de Mulhouse. C’est un journal
aussi peu protestataire que possible ; il est presque
allemand.
« Mais il y a mieux, ou plutôt il y a pis : M.
Viellard Armand a été soutenu par son beau-frère,
M. Bian, qui est à la fois grand industriel sur le
territoire de Belfort et maire de Sentheim, en
Alsace.
« Or M. Bian est le seul maire du canton annexé
de Ma'Sevaux qui assiste, chaque année, au ban
quet offert à tous les fonctionnaires allemands à
l’occasion de la fête de Guillaume II. Inutile de
vous dire que M. Bian a usé de toute son « in
fluence » sur ses ouvriers en faveur de son beau-
frère. Que pensez-vous d’un pareil agent électo
ral qui en Alsace, pousse des « hoch ! » en l’hon
neur de l’empereur allemand, et qui, sur leterri-
toirede Belfort, vient mener unecampagneacharnée
en faveur de M. Viellard ? Sont-ils assez interna
tionalistes, ces millionnaires !
« Recevez, etc. X. *
En présente de pareils faits, nous espérons que,
pour l’honneur de la Chambre, les élus du suffrage
universel en 1893, tiendront à renvoyer à Belfort
le protégé de M. Bian et de 1 Express de Mul -
house.
Nous avons été d’autant plus étonnés d’appren
dre la conduite de ce journal, que depuis un grand
nombre d’années nous étions habitués à entendre
répéter au Ilavrè qu’ « à Mulhouse on était plus
patriotes qu'ailleurs. »
Aurions-nous été trompés par hasard ? E. S.
AVIS
L’abondance des matières nous oblige, à notre
grand regret, à reculer notre causerie sur la
Grande Boîte. Nos lecteurs nous excuseront, mais
ils ne perdront rien pour attendre.
Pour la même raison, nous remettons à la
semaine prochaine les articles suivants : Limpôt
sur le revenu , Le socialisme agraire en France
et à l'etranger , Crispi ami de là paix.
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