Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-10-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 octobre 1893 28 octobre 1893
Description : 1893/10/28 (N116). 1893/10/28 (N116).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633154
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
sf/ât
S® Amée — N° 116 — Samedi 28 Octobre 1898.
DIX CENTIMES LE NUMERO
3 e Aînée — 1 Brumaire An 102 — S° 116.
Le Réveil
'sam&nu
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
i
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ADMINISTJUTKH l REIMÇfJOX .
:1s
PRIX DES INSERTIONS:
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UN AN
SIX MOIS
1
15, RUE CAS IM IR-PERIER , 15
ig
Annonces 25 cent, la ligne
Le Havre 5 fr.
3 fr.
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—
§§l
Réclames 50 cent, la ligne
Départements. 6 fr.
3 50
§E§
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
lj
On traite à Forfait
L’Offensive Française. -- A Demain
Nous informons nos abonnés que pour
nous couvrir du montant du prix de leur
abonnement, nous leur ferons parvenir
très prochainement, par la voie de la poste,
leur quittance de renouvellement.
L’OFFENSIVE FRANÇAISE
(Suite)
Sur les Alpes
L’Italie est notré terre classique par excellence.
Il y a vingt-trois siècles que l’hymne En avant !
En avant ! éclatait pour la première fois aux
oreilles des Romains étonnés. Pendant trois cents
ans les plaines lombardes ont servi de champ
clos où Français, Espagnols et aux Autrichiens
se disputaient l’hégémonie universelle. Un jour,
jour à jamais néfaste, nos armées victorieuses
réunirent les membres épars, les tronçons hybri
des des vingt races diverses qui composent
l’entité italienne et soufflèrent dessus disant :
vous êtes libres, soyez les maîtres de vos desti
nées.
Depuis, ce peuple qui devait se mouvoir abrité
sous la grande ombre française a trahi le sang
des martyrs, et parjuré les promesses solennelles
du champ de bataille. Secoué d’une rage impuis
sante, guettant ia proie superbe promise dans ies
dépouilles opimes le pygmée craintif, louche et
rapace émiette en silence le granit des Alpes et
l’oreille au Gothard, il écoute si le roulement des
chariots germains ne donnera pas bien vite le
signal de la curée.
Quinte-Curce raconte que les débris des vieilles
troupes d’Alexandre, dont le moins âgé dépassait
la soixantaine, voyant les conscrits d’Antigone
commencer l’attaque s’écrièrent transportés d’in
dignation : malheureux 1 vous marchez contre vos
pères !
Nos chasseurs pourront s’approprier cette ex
clamation le jour prochain où ils iront culbuter
les compagnies alpines.
L’unité italienne nous met sur les bras un
adversaire sérieux, irréductible, dont l’influence
continentale et surtout maritime modifiera nota
blement l’économie de la poussée française vers le
nord et le centre de l’Europe. Demain, si l’anta
gonisme héréditaires des Gaules et de la Ger
manie faisait s’entrechoquer trois millions de
combattants, nous verrions accourir joyeux et
alertes, gonflés d’âpres convoitises, ivres d’orgueil
et de haine fraternelle deux cent quatre-vingt
mille (1) Bersaglieri jaloux de tenter enfin
l’escalade de ces Alpes, que l’agresseur ne viola
jamais impunément depuis trois.siècles. Voilà le
prix de sang versé pour la cause latine. Magenta !
Solférino ! Quelles singulières conséquences vous
deviez engendrer !
A dater de l’hêure maudite où nous nous
sommes de gaîté de cœur attaché au flanc le
vautour piémontais, nos moyens d’action divisés,
affaiblis, en partie paralysés, ont perdu leur
ancienne franchise d’allures, les précieux attri
buts de vigueur, de cohésion et de vitesse qui les
rendraient ' éminemment redoutables. Au lieu
d’une ceinture protectrice de petits Etats à notre
entière dévotion, gravitant humbles et silencieux
dans l’orbite de la France, s’élèvent partout des
agglomérations compactes, nécessairement hos
tiles, impatientes de briser l’hégémonie tradi
tionnelle et, pour ainsi dire, atavique qui constitue
la seule raison d’être du peuple élu. La caracté
ristique des guerres futures sera dominée par les
exigences suivantes : nous devons faire face au
nord, au nord-est et au sud-est, l’invasion pou
vant menacer simultanément la périphérie presque
totale des frontières terrestres.
Contre î’ennemi-ol.vstac.le du sud-est, le remède
fort ’ Heureusement se trouve à côté du mal,
remède efficace et, même d’exceptionnelle puis
sance si nous savons l’utiliser avec esprit de
suite d’après un système judicieux invariablement
pratiqué. Ce remède n’est autre que le facteur
algérien.
Le solde de l’Afrique septentrionale voit depuis
(1) Chiffre prévu par le traité d’alliance.
cinquante ans germer et fleurir sur une large zone
la plante française. Certes, l’épanouissement n’a
pas encore atteint ses limites naturelles, logique
ment assignables ; la sève robuste que l’arbre
possède autorise l’espoir, sinon la certitude de
merveilleux produits. Mais du moins, la période
préparatoire d’élaboration et d’enfantement est
close. Nous avons franchi sans encombre les
phases difficiles de la conquête et bien engagé la
tâche autrement épineuse qui consiste à rem
placer en état social primitif et caduc par une
civilisation jeune, supérieure, frémissante d’avenir
et de vie.
Actuellement, la terre algérienne absorbe et ne
rayonne pas ; son pouvoir émissif est nul. Le
petit nombre de corps indigènes qui luttent côte
à côte avec les régiments de la mère-patrie ne
compense pas, tant s’en faut, l’effectif considé
rable des troupes d’occupation. L’heure me
semble venue propice, de transformer radicale
ment une semblable situation. Il est possible et
sans doute facile, tout en gardant intactes les
ressources de h* métropole, de contrebalancer
l’effort italien par un effort d’égale énergie dont
les principaux éléments seraient tirés des posses
sions africaines. Apposons les infatigables cava
liers numides aux cohortes du Latium. Carthage
doit neutraliser Rome.
Stratégie algérienne
Les forces militaires de la colonie comprennent : ’
1° Un corps d’armée français à l’effectif de
guerre, huit bataillons d’infanterie et un bataillon
de chasseurs 25.000
2° Deux corps d’armée composés d’in-
d’indigènes à l’effectif de guerre, seize
régiments d’infanterie et deux bataillons
de chasseurs 50.000
3° Sept bataillons de chasseurs —
mixtes — à l’effectif de guerre- 7.000
4° Douze régiments de cavalerie de
corps — mixtes — à l’effectif de guerre. 7.200
5° Une division de cavalerie indé
pendante, six régiments — mixtes — à
l’affectif de guerre 3.600
6° Sept régiments d’artillerie — fran
çais — à l’effectif de guerre 14.000
7° Un régiment du génie — français
— à'l’effectif de guerre 4.000
8 P Cinq escadrons du train des équi
pages — mixtes — à l’effectif de
guerre 4.000
Total.. 115.800
E. MORAND.
(A suivre).
A DEMAIN
«Avant tout, je respecte la loi. »
(Siegfried. — Séance de la Scala).
Les Russes ont quitté Paris !
L’enthousiasme populaire se calme d’heure eù
heure, et dimanche lorsque l’escadre du Czar
s’éloignera de Toulon, le peuple de France répon
dra aux saluts de la flotte Russe par un dernier
cri de fête, puis la France entière se recueillera
dans l’attente du lendemain.
Nous sommes un peuple de grands èt rapides
emballements ; mais chez nous, l’enthousiasme
pbpulaire se ralentit et s’éteint aussi rapidement
qu’il naît !
Une poussée se produit, s’élève au maximum,
puis disparaît sans qu’on ait eu le temps d’en
découvrir la c’ause, d’en prévoir la durée, d’en
soupçonner là fin i
Hier, c’était l’exaltation ' frénétique; aujour
d’hui, les arcs de triomphe éphémères dispa
raissent ; les flambeaux s’éteignent, les amas de
verdure se fahent, les places publiques se vident
et les derniers sons des* hymnes au Czar et de la
Marseillaise se perdent dans les rumeurs do la
rue. '
Demain, les insignes impériaux, les croix
bleues de Saint-André, les drapeaux aux triples
couleurs du peuple russe et de la République
seront pliés et ramassés au fond des placards jus
qu’au jour peut-être proche, peut-être lointain, où
le peuple de France se réveillera de nouveau !
Demain, tous les regards se tourneront vers ce
Palais législatif, que nous avons vu en vingt-
quatre heures tendu de joyeuses couleurs, puis
drapé de noir !
Demain, le peuple de France demandera au
Parlement, ce qu’il compte faire pour les mineurs
du Nord et du Pas-de-Calais.
Avant tout, il faut respecter la loi ! ! 1
Maintes fois, nous avons entendu nombre de
députés gouvernementaux faire de semblables
déclarations au corps électoral.
Eh bien ! aujourd’hui qu’ils sont en présence
d’un gouvernement qui la viole chaque jour ;
aujourd’hui qu’ils peuvent voir Triponé grâcié,
et des défenseurs du peuple, Goullé ou Turot,
chargés de chaînes et jetés en prison parce qu’ils
ont empêché le massacre des femmes et des en
fants ; nous leur demandons à ces représentants
ce qu’ils feront, et nous pouvons, leur assurer
qu’on attend pour demain, non plus de vaines
paroles, de fallacieuses promesses, mais des
actes.
D’un côté, les justes revendications des mineurs
qu’on exploite et qu’on vole ; de l’autre, l’entête
ment des compagnies fortes de l’appui des troupes
et d’un gouvernement de gens de finances.
D’un côté, le droit de grève et l’arbitrage ; de
l’autre, les fusils et les arrestations arbitraires.
D’un côté, la loi ; de l'autre, l’illégalité et la
force !
Il y a trop longtemps que cela dure ; au
Parlement à faire cesser cet état de choses préju
diciable à tous en contraignant le Gouvernement
et les compagnies à une entente arbitrale.
Les yeux sont fixés sur tous les élus du 20 août,
socialistes, radicaux ou pseudo-progressistes gou
vernementaux, et nous nous tenons prêts à enre
gistrer leurs déclarations quelles qu’elles soient 1
Nous les saluerons si elles sont justes, mais
nous nous montrerons implacables pour tous les
faux républicains qui auront trahi leurs program
mes ou manqué à leurs engagements.
Et en attendant l’ouverture de la nouvelle
session des Chambres, nous disons avec confiance
aux députés de l’arrondissement du Havre : à
demain ! à demain !
* D. L.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Après la Fête. — Les lampions s'éteignent,
les trophées de drapeaux sont remisés, les coupes
de champagne restent vides.
Finie la fête !
Une idée nous vient. Pendant les réjouissances,
le peuple a été tenu systématiquement à l’écart
des banquets et des galas. Il regardait boire,
manger et danser de loin, maintenu à distance
par la police.
Des cœurs généreux ont protesté contre cet
ostracisme. Ils avaient raison. Mais ils, se conso
leront peut-être en songeant que le meilleur nu
méro du programme leur est exclusivement ré
servé. - *
Nous voulons parler de la note à payer.
Le peuple est vraiment bon enfant !
Personne, nous en sommes certains, ne songera
à lui contester ce droit.
*
* *
Nous aurions pourtant tort de vouloir jeter une
note discordante et de regret après le grand souf
fle patriotique que nous avons vu surgirdes quatre
coins de la France en faveur de la nation russe,
notre seule amie, notre seule alliée.
Nous avons fait comme tout le monde. Nous
avons applaudi aux ovations, nous avons admiré
les décorations de tout genr ( è, et nous avons pu
constater que cette éclosion d’emblèmes est bien
l’expression sincère, l’image fidèle de l’état des
cœurs et des esprits. L’enthousiasme a été par
fois poussé trop loin, mais on sent, au foncf dê ces
excès mêmes, les besoins qu’avaient les Français
d’exhaler auprès d’un allié leurs sentiment&riô.
patriotisme, d’autant plus vivaces que la Patrie
a été plus profondément meurtrie.
En 1828, alor^ que Châteaubriand étant ambas
sadeur à Rome, écrivait : « En temps de paix que
le cabinet des Tuileries reste l’allié du cabiuefe
de Pétersbourg, et rien ne peut bouger eu Europe.
En temps de guerre, l’union des deux cabinets
dictera des lois au monde. »
Ces lignes, écrites, il y a plus d’un demi-siècle
sont aujourd’hui plus actuelles et plus vraies que
jamais. Elles doiventaussi rester notre plus grande
espérance.
★
* ¥
Mais maintenant que les Russes ont quitté
Paris, que le calme et le train de la vie ordinaire
sont entrés dans les familles et dans les ateliers ;
maintenant que les députés font leurs préparatifs
pour se diriger vers le palais Bourbon, nous nous
demandons, après tant de-banquets, de galas et de
fêtes, si l’opinion publique et nos représentants
ne tourneront pas leurs regards vers les iniquités
■qui se commettent dans le Nord et le Palais-de-
Calais, où les pauvre» ouvriers mineurs en grève
depuis si longtemps, luttent avec l’énergie et la
résignation du désespoir contre le despotisme
grandissant des propriétaires et actionnaires des
mines.
N’est-il pas temps de faire un suprême appel
aux personnes qui sont les principales causes de
toutes ces misères ? Qui élèvera le premier la
voix pour demander la fin de cette injustice so
ciale ? Les prisons sont bientôt pleines de ces
malheureux qui n’ont commis d’autre crime que
celui d’avoir plus ou moins bruyamment réclamé
le droit de mieux vivre en travaillant. Les maisons
se vident ne laissant que des femmes en guenilles
et des enfants en haillons et sans pain. Il n’y a
plus qu’un cri unanime dans la presse républi
caine pour rappeler M. Dupuy à son devoir et à
des sentiments plus humains. Devant l’indigna
tion de tous, il faudra bien qu’il capitule. Mais
qu’il se dépêche, afin d’éviter de plus grands mal
heurs, dont les responsabilités lui incomberaient.
Le pays est las de ces agitations stériles. 11 veut
la justice, la paix civile et surtout la paix sociale.
Nini.
IMPOT SUlT LE REVEND
Depuis plusieurs législatures, « l’impôt sur le
revenu » est une des questions de principe qui
sont le plus souvent posées à la Chambre.
Jusqu’à ce jour, toutes ont échoué.
Inscrit depuis longtemps sur tous les program
mes radicaux, même modérés, repris par tous les
socialistes, défendu par des groupes souvent
éloignés, sinon comme idées, du moins comme
moyens de réalisation ; il est évident que réta
blissement de l’impôt sur le revenu, de l’impôt
progressif, n’est pas une vaine réforme, réclamée
pour les besoins d’un candidat qui convoite un
siège, nous sommes là face à face avec une de ces
transformations inévitables que l’on peut déclarer
naturelles, car elles sont voulues par l’évolution
de l’esprit et de la science ; par l’état d’acuité qu’a
pris, entre le capital et le travail, le producteur
et le consommateur, le travailleur et le patron, la
lutte pour l’existence, pour la vie, qui caractérise
la société actuelle, pendant la période de transi
tion que nous traversons aujourd’hui.
On nous annonce que le Gouvernement, acculé
dans ses derniers retranchements, va enfin se
ranger à l’opinion de tous et qu’il va s’efforcer de
satisfaire le public en établissant une règlement
tation rationnelle de l’impôt sur le revenu.
Si les journaux dévoués à la cause opportuniste
voyant s’avancer la défaite de leurs protecteurs
essaient de concilier les partis, nous pouvons dé
clarer que le gouvernement dans son essence, n’est
pour rien dans cette proposition éminemment radi
cale et à tendances purement socialistes.
L’initiative d’une pareille réforme est due à l’un
des ministres que les adorateurs de Dupuy et de
Carnot voudraient .faire sortir du Cabinet, au dé
puté de Marseille, M. Peytral ; et cependant pour
un radical c’est un tiède !
Nous ne sommes pas en présence d’un projet du
gouvernement, faisant des concessions aux partis
avancés, nous avons devant nous une proposition
émanant d’un membre du Cabinet, agissant pour
lui seul, ou peut-être tout au plus avfic l’approba
tion de ses deux collègues semi-radicaux tylM.
Viette et Terrier.
Ce .n’est pas un projet gouvernemental, car qui
dit gouvernement, dit majorité, et cette loi ne
Sera jamais que l’expression de la minorité du Ca
binet, minorité évidemment redoutable, puisqu’elle
est soutenue par les électeurs qui aspirent après
les véritables et nécessaires réformes sociales, et
ils sont le grand nombre.
S® Amée — N° 116 — Samedi 28 Octobre 1898.
DIX CENTIMES LE NUMERO
3 e Aînée — 1 Brumaire An 102 — S° 116.
Le Réveil
'sam&nu
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
i
i
if
ADMINISTJUTKH l REIMÇfJOX .
:1s
PRIX DES INSERTIONS:
i „
UN AN
SIX MOIS
1
15, RUE CAS IM IR-PERIER , 15
ig
Annonces 25 cent, la ligne
Le Havre 5 fr.
3 fr.
g
—
§§l
Réclames 50 cent, la ligne
Départements. 6 fr.
3 50
§E§
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
lj
On traite à Forfait
L’Offensive Française. -- A Demain
Nous informons nos abonnés que pour
nous couvrir du montant du prix de leur
abonnement, nous leur ferons parvenir
très prochainement, par la voie de la poste,
leur quittance de renouvellement.
L’OFFENSIVE FRANÇAISE
(Suite)
Sur les Alpes
L’Italie est notré terre classique par excellence.
Il y a vingt-trois siècles que l’hymne En avant !
En avant ! éclatait pour la première fois aux
oreilles des Romains étonnés. Pendant trois cents
ans les plaines lombardes ont servi de champ
clos où Français, Espagnols et aux Autrichiens
se disputaient l’hégémonie universelle. Un jour,
jour à jamais néfaste, nos armées victorieuses
réunirent les membres épars, les tronçons hybri
des des vingt races diverses qui composent
l’entité italienne et soufflèrent dessus disant :
vous êtes libres, soyez les maîtres de vos desti
nées.
Depuis, ce peuple qui devait se mouvoir abrité
sous la grande ombre française a trahi le sang
des martyrs, et parjuré les promesses solennelles
du champ de bataille. Secoué d’une rage impuis
sante, guettant ia proie superbe promise dans ies
dépouilles opimes le pygmée craintif, louche et
rapace émiette en silence le granit des Alpes et
l’oreille au Gothard, il écoute si le roulement des
chariots germains ne donnera pas bien vite le
signal de la curée.
Quinte-Curce raconte que les débris des vieilles
troupes d’Alexandre, dont le moins âgé dépassait
la soixantaine, voyant les conscrits d’Antigone
commencer l’attaque s’écrièrent transportés d’in
dignation : malheureux 1 vous marchez contre vos
pères !
Nos chasseurs pourront s’approprier cette ex
clamation le jour prochain où ils iront culbuter
les compagnies alpines.
L’unité italienne nous met sur les bras un
adversaire sérieux, irréductible, dont l’influence
continentale et surtout maritime modifiera nota
blement l’économie de la poussée française vers le
nord et le centre de l’Europe. Demain, si l’anta
gonisme héréditaires des Gaules et de la Ger
manie faisait s’entrechoquer trois millions de
combattants, nous verrions accourir joyeux et
alertes, gonflés d’âpres convoitises, ivres d’orgueil
et de haine fraternelle deux cent quatre-vingt
mille (1) Bersaglieri jaloux de tenter enfin
l’escalade de ces Alpes, que l’agresseur ne viola
jamais impunément depuis trois.siècles. Voilà le
prix de sang versé pour la cause latine. Magenta !
Solférino ! Quelles singulières conséquences vous
deviez engendrer !
A dater de l’hêure maudite où nous nous
sommes de gaîté de cœur attaché au flanc le
vautour piémontais, nos moyens d’action divisés,
affaiblis, en partie paralysés, ont perdu leur
ancienne franchise d’allures, les précieux attri
buts de vigueur, de cohésion et de vitesse qui les
rendraient ' éminemment redoutables. Au lieu
d’une ceinture protectrice de petits Etats à notre
entière dévotion, gravitant humbles et silencieux
dans l’orbite de la France, s’élèvent partout des
agglomérations compactes, nécessairement hos
tiles, impatientes de briser l’hégémonie tradi
tionnelle et, pour ainsi dire, atavique qui constitue
la seule raison d’être du peuple élu. La caracté
ristique des guerres futures sera dominée par les
exigences suivantes : nous devons faire face au
nord, au nord-est et au sud-est, l’invasion pou
vant menacer simultanément la périphérie presque
totale des frontières terrestres.
Contre î’ennemi-ol.vstac.le du sud-est, le remède
fort ’ Heureusement se trouve à côté du mal,
remède efficace et, même d’exceptionnelle puis
sance si nous savons l’utiliser avec esprit de
suite d’après un système judicieux invariablement
pratiqué. Ce remède n’est autre que le facteur
algérien.
Le solde de l’Afrique septentrionale voit depuis
(1) Chiffre prévu par le traité d’alliance.
cinquante ans germer et fleurir sur une large zone
la plante française. Certes, l’épanouissement n’a
pas encore atteint ses limites naturelles, logique
ment assignables ; la sève robuste que l’arbre
possède autorise l’espoir, sinon la certitude de
merveilleux produits. Mais du moins, la période
préparatoire d’élaboration et d’enfantement est
close. Nous avons franchi sans encombre les
phases difficiles de la conquête et bien engagé la
tâche autrement épineuse qui consiste à rem
placer en état social primitif et caduc par une
civilisation jeune, supérieure, frémissante d’avenir
et de vie.
Actuellement, la terre algérienne absorbe et ne
rayonne pas ; son pouvoir émissif est nul. Le
petit nombre de corps indigènes qui luttent côte
à côte avec les régiments de la mère-patrie ne
compense pas, tant s’en faut, l’effectif considé
rable des troupes d’occupation. L’heure me
semble venue propice, de transformer radicale
ment une semblable situation. Il est possible et
sans doute facile, tout en gardant intactes les
ressources de h* métropole, de contrebalancer
l’effort italien par un effort d’égale énergie dont
les principaux éléments seraient tirés des posses
sions africaines. Apposons les infatigables cava
liers numides aux cohortes du Latium. Carthage
doit neutraliser Rome.
Stratégie algérienne
Les forces militaires de la colonie comprennent : ’
1° Un corps d’armée français à l’effectif de
guerre, huit bataillons d’infanterie et un bataillon
de chasseurs 25.000
2° Deux corps d’armée composés d’in-
d’indigènes à l’effectif de guerre, seize
régiments d’infanterie et deux bataillons
de chasseurs 50.000
3° Sept bataillons de chasseurs —
mixtes — à l’effectif de guerre- 7.000
4° Douze régiments de cavalerie de
corps — mixtes — à l’effectif de guerre. 7.200
5° Une division de cavalerie indé
pendante, six régiments — mixtes — à
l’affectif de guerre 3.600
6° Sept régiments d’artillerie — fran
çais — à l’effectif de guerre 14.000
7° Un régiment du génie — français
— à'l’effectif de guerre 4.000
8 P Cinq escadrons du train des équi
pages — mixtes — à l’effectif de
guerre 4.000
Total.. 115.800
E. MORAND.
(A suivre).
A DEMAIN
«Avant tout, je respecte la loi. »
(Siegfried. — Séance de la Scala).
Les Russes ont quitté Paris !
L’enthousiasme populaire se calme d’heure eù
heure, et dimanche lorsque l’escadre du Czar
s’éloignera de Toulon, le peuple de France répon
dra aux saluts de la flotte Russe par un dernier
cri de fête, puis la France entière se recueillera
dans l’attente du lendemain.
Nous sommes un peuple de grands èt rapides
emballements ; mais chez nous, l’enthousiasme
pbpulaire se ralentit et s’éteint aussi rapidement
qu’il naît !
Une poussée se produit, s’élève au maximum,
puis disparaît sans qu’on ait eu le temps d’en
découvrir la c’ause, d’en prévoir la durée, d’en
soupçonner là fin i
Hier, c’était l’exaltation ' frénétique; aujour
d’hui, les arcs de triomphe éphémères dispa
raissent ; les flambeaux s’éteignent, les amas de
verdure se fahent, les places publiques se vident
et les derniers sons des* hymnes au Czar et de la
Marseillaise se perdent dans les rumeurs do la
rue. '
Demain, les insignes impériaux, les croix
bleues de Saint-André, les drapeaux aux triples
couleurs du peuple russe et de la République
seront pliés et ramassés au fond des placards jus
qu’au jour peut-être proche, peut-être lointain, où
le peuple de France se réveillera de nouveau !
Demain, tous les regards se tourneront vers ce
Palais législatif, que nous avons vu en vingt-
quatre heures tendu de joyeuses couleurs, puis
drapé de noir !
Demain, le peuple de France demandera au
Parlement, ce qu’il compte faire pour les mineurs
du Nord et du Pas-de-Calais.
Avant tout, il faut respecter la loi ! ! 1
Maintes fois, nous avons entendu nombre de
députés gouvernementaux faire de semblables
déclarations au corps électoral.
Eh bien ! aujourd’hui qu’ils sont en présence
d’un gouvernement qui la viole chaque jour ;
aujourd’hui qu’ils peuvent voir Triponé grâcié,
et des défenseurs du peuple, Goullé ou Turot,
chargés de chaînes et jetés en prison parce qu’ils
ont empêché le massacre des femmes et des en
fants ; nous leur demandons à ces représentants
ce qu’ils feront, et nous pouvons, leur assurer
qu’on attend pour demain, non plus de vaines
paroles, de fallacieuses promesses, mais des
actes.
D’un côté, les justes revendications des mineurs
qu’on exploite et qu’on vole ; de l’autre, l’entête
ment des compagnies fortes de l’appui des troupes
et d’un gouvernement de gens de finances.
D’un côté, le droit de grève et l’arbitrage ; de
l’autre, les fusils et les arrestations arbitraires.
D’un côté, la loi ; de l'autre, l’illégalité et la
force !
Il y a trop longtemps que cela dure ; au
Parlement à faire cesser cet état de choses préju
diciable à tous en contraignant le Gouvernement
et les compagnies à une entente arbitrale.
Les yeux sont fixés sur tous les élus du 20 août,
socialistes, radicaux ou pseudo-progressistes gou
vernementaux, et nous nous tenons prêts à enre
gistrer leurs déclarations quelles qu’elles soient 1
Nous les saluerons si elles sont justes, mais
nous nous montrerons implacables pour tous les
faux républicains qui auront trahi leurs program
mes ou manqué à leurs engagements.
Et en attendant l’ouverture de la nouvelle
session des Chambres, nous disons avec confiance
aux députés de l’arrondissement du Havre : à
demain ! à demain !
* D. L.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Après la Fête. — Les lampions s'éteignent,
les trophées de drapeaux sont remisés, les coupes
de champagne restent vides.
Finie la fête !
Une idée nous vient. Pendant les réjouissances,
le peuple a été tenu systématiquement à l’écart
des banquets et des galas. Il regardait boire,
manger et danser de loin, maintenu à distance
par la police.
Des cœurs généreux ont protesté contre cet
ostracisme. Ils avaient raison. Mais ils, se conso
leront peut-être en songeant que le meilleur nu
méro du programme leur est exclusivement ré
servé. - *
Nous voulons parler de la note à payer.
Le peuple est vraiment bon enfant !
Personne, nous en sommes certains, ne songera
à lui contester ce droit.
*
* *
Nous aurions pourtant tort de vouloir jeter une
note discordante et de regret après le grand souf
fle patriotique que nous avons vu surgirdes quatre
coins de la France en faveur de la nation russe,
notre seule amie, notre seule alliée.
Nous avons fait comme tout le monde. Nous
avons applaudi aux ovations, nous avons admiré
les décorations de tout genr ( è, et nous avons pu
constater que cette éclosion d’emblèmes est bien
l’expression sincère, l’image fidèle de l’état des
cœurs et des esprits. L’enthousiasme a été par
fois poussé trop loin, mais on sent, au foncf dê ces
excès mêmes, les besoins qu’avaient les Français
d’exhaler auprès d’un allié leurs sentiment&riô.
patriotisme, d’autant plus vivaces que la Patrie
a été plus profondément meurtrie.
En 1828, alor^ que Châteaubriand étant ambas
sadeur à Rome, écrivait : « En temps de paix que
le cabinet des Tuileries reste l’allié du cabiuefe
de Pétersbourg, et rien ne peut bouger eu Europe.
En temps de guerre, l’union des deux cabinets
dictera des lois au monde. »
Ces lignes, écrites, il y a plus d’un demi-siècle
sont aujourd’hui plus actuelles et plus vraies que
jamais. Elles doiventaussi rester notre plus grande
espérance.
★
* ¥
Mais maintenant que les Russes ont quitté
Paris, que le calme et le train de la vie ordinaire
sont entrés dans les familles et dans les ateliers ;
maintenant que les députés font leurs préparatifs
pour se diriger vers le palais Bourbon, nous nous
demandons, après tant de-banquets, de galas et de
fêtes, si l’opinion publique et nos représentants
ne tourneront pas leurs regards vers les iniquités
■qui se commettent dans le Nord et le Palais-de-
Calais, où les pauvre» ouvriers mineurs en grève
depuis si longtemps, luttent avec l’énergie et la
résignation du désespoir contre le despotisme
grandissant des propriétaires et actionnaires des
mines.
N’est-il pas temps de faire un suprême appel
aux personnes qui sont les principales causes de
toutes ces misères ? Qui élèvera le premier la
voix pour demander la fin de cette injustice so
ciale ? Les prisons sont bientôt pleines de ces
malheureux qui n’ont commis d’autre crime que
celui d’avoir plus ou moins bruyamment réclamé
le droit de mieux vivre en travaillant. Les maisons
se vident ne laissant que des femmes en guenilles
et des enfants en haillons et sans pain. Il n’y a
plus qu’un cri unanime dans la presse républi
caine pour rappeler M. Dupuy à son devoir et à
des sentiments plus humains. Devant l’indigna
tion de tous, il faudra bien qu’il capitule. Mais
qu’il se dépêche, afin d’éviter de plus grands mal
heurs, dont les responsabilités lui incomberaient.
Le pays est las de ces agitations stériles. 11 veut
la justice, la paix civile et surtout la paix sociale.
Nini.
IMPOT SUlT LE REVEND
Depuis plusieurs législatures, « l’impôt sur le
revenu » est une des questions de principe qui
sont le plus souvent posées à la Chambre.
Jusqu’à ce jour, toutes ont échoué.
Inscrit depuis longtemps sur tous les program
mes radicaux, même modérés, repris par tous les
socialistes, défendu par des groupes souvent
éloignés, sinon comme idées, du moins comme
moyens de réalisation ; il est évident que réta
blissement de l’impôt sur le revenu, de l’impôt
progressif, n’est pas une vaine réforme, réclamée
pour les besoins d’un candidat qui convoite un
siège, nous sommes là face à face avec une de ces
transformations inévitables que l’on peut déclarer
naturelles, car elles sont voulues par l’évolution
de l’esprit et de la science ; par l’état d’acuité qu’a
pris, entre le capital et le travail, le producteur
et le consommateur, le travailleur et le patron, la
lutte pour l’existence, pour la vie, qui caractérise
la société actuelle, pendant la période de transi
tion que nous traversons aujourd’hui.
On nous annonce que le Gouvernement, acculé
dans ses derniers retranchements, va enfin se
ranger à l’opinion de tous et qu’il va s’efforcer de
satisfaire le public en établissant une règlement
tation rationnelle de l’impôt sur le revenu.
Si les journaux dévoués à la cause opportuniste
voyant s’avancer la défaite de leurs protecteurs
essaient de concilier les partis, nous pouvons dé
clarer que le gouvernement dans son essence, n’est
pour rien dans cette proposition éminemment radi
cale et à tendances purement socialistes.
L’initiative d’une pareille réforme est due à l’un
des ministres que les adorateurs de Dupuy et de
Carnot voudraient .faire sortir du Cabinet, au dé
puté de Marseille, M. Peytral ; et cependant pour
un radical c’est un tiède !
Nous ne sommes pas en présence d’un projet du
gouvernement, faisant des concessions aux partis
avancés, nous avons devant nous une proposition
émanant d’un membre du Cabinet, agissant pour
lui seul, ou peut-être tout au plus avfic l’approba
tion de ses deux collègues semi-radicaux tylM.
Viette et Terrier.
Ce .n’est pas un projet gouvernemental, car qui
dit gouvernement, dit majorité, et cette loi ne
Sera jamais que l’expression de la minorité du Ca
binet, minorité évidemment redoutable, puisqu’elle
est soutenue par les électeurs qui aspirent après
les véritables et nécessaires réformes sociales, et
ils sont le grand nombre.
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