Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-09-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 septembre 1893 02 septembre 1893
Description : 1893/09/02 (N108). 1893/09/02 (N108).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263307k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e innée - 108 - Samedi 2 Sepîciire 1898. DIX CENTIMES LE NUMÉRO
gMWfiBBistsMBiiaimiggagg»>ngqwaB«p ««8aEa3ea y g^
2 e innée ~ 16 Fructidor in 101 — N° 108.
gniH MjBg WjgggjBÇjgWWM»
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
ABONNEMENTS :
z
UN AN
SIX MOIS
Le Havre—
5 fr.
3 fr.
Départements
6 fr.
3 50
15, RTJE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces... 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LE SOC
la. OKCAMBR-E
Depuis quelques jours, deux circulaires
ont fait un certain bruit dans le monde poli
tique : colle de Jules Guesde et celle de M.
Leroy-Beaulieu. Certains journaux, des moins
avancés d’ailleurs, ont fait sur ce thème une
foule de variations qui montrent le plus
souvent l’ignorance complète où ils sont des
deux personnalités dont ils s’occupent. Par
les uns, Guesde est considéré comme un
outrecuidant pour avoir dit : « Ce n’est pas un
député de plus que vous avez nommé,, c’est
une politique nouvelle que vous avez inau
gurée. » Eh bien ! oui, avec Guesde, c’est
l’idée collectiviste qui pénètre à la Chambre
dans toute sa pureté, représentée par un
orateur de première force, par un économiste
patient et savant.
Guesde à la Chambre ! C’est presque Marx,
siégeant avec sa large barbe blanche au milieu
de nos représentants L
Pour nous, en dehors de toute participa
tion à ces théories, nous comprenons l’orgueil
d’un homme qui, après avoir entendu cent
fois répéter que l’idée collectiviste allemande
ne s’acclimaterait jamais en France, se voit
appelé à l’enseigner de la plus haute chaire
du pays.
Nous plaignons ceux qui ne comprennent
pas cette noble ivresse : l’orgueil de l’action
triomphante.
D’ailleurs, si nous choisissons parmi les
ennemis de Guesde, le seul qui nous semble
vraiment compétent, nous avons nommé
Leroy-Beaulieu, nous entendrons dans sa bou
che l’éloge du représentant de Roubaix.
Pour lui, Guesde est un énergique, un savant
en face duquel la majorité de nos représen
tants ferait triste figure, et l’arrivée d’un tel
homme à la Chambre, marquerait le moment
où il faudrait compter avec le collectivisme.
Telle était il y a un an l’opinion de M.
Leroy-Beaulieu et nous le savons trop hon
nête homme pour jamais la renier.
Ce qui effraie dans Guesde : c’est le théori
cien ; on lui reprçche d’être le disciple de
Karl Marx et d’avoir acclimaté ses idées en
France. Il faut bien cependant, pour avan
cer, qu'un homme ait un but ; il faut bien,
et l’histoire est là pour le prouver, viser bien
haut pour atteindre quelque chose. Ce que
I on ne Tait point toujours, c’est que ces fa
meux utopistes ne se font point d’illusions
sur le sort de leurs idées. Ils savent que le
cerveau de l’homme se transformant, que ses
connaissances augmentant sans cesse, les so
lutions provisoires iront elles-mêmes chaque
jour en se perfectionnant. Et c’est à ces hom
mes qui ont les premiers fait entrer en ligne
de compte l’évolution historique de l’huma
nité, que des folliculaires aveugles et ignorants
jettent chaque jour des épithètes flétrissantes !
( Mais ce que les partisans du piétinement
ne peuvent concevoir, certains radicaux,
dont les noms resteront à jamais grands dans
l’histoire, l’ont compris. Millerand et les
siens ont tendu à Guesde et à ses amis, leur
main loyale ; tous veulent désormais mar
cher vers des réformes communes ; tous sont
conscients, s’ils sont divisés de leur faiblesse,
de leur force, s’ils sont unis. Ils ont vu que
parmi leurs adversaires, toutes les unions
contre eux passaient pour légitimes; ils ont
vu les prétendus enfants de 89 et de 92
s’unir sans honte aux réactionnaires ; ils .ont
vu aussi que, pour les mieux diviser, on
traitait partout les socialistes de révolution
naires, les radicaux de modérés et de vendus.
Cette triple leçon leur a été salutaire, et puis
que c’est l’union que leurs adversaires crai
gnent, c’est l’union qu’ils ont fait !
Forts de l’attitude de Millerand et de ses
conclusions logiques, tous les radicaux devront
désormais marcher à sa suite, tous devront se
conformer à cette définition d’un homme
d’esprit.
Ce radical est l’homme auquel aucune ré
forme ne fait peur, pourvu qu’elle repose sur
des études sérieuses, sur des déductions logi
quement faites.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le scrutin de ballottage. — L’immense
majorité des électeurs français a compris ce que
nos gouvernants depuis 1889 n’ont pas voulu
comprendre, c’est que la République devait payer
sa dette et donner tout ce qu’on attendait d’elle.
Dans toutes les élections partielles, du reste,
les citoyens se sont prononcés en faveur des
candidats les plus avancés. Lorsque les ennemis
de la République ont joué leur dernière carte
avec la compagnie de Panama et les scandales de
la dernière législature, le pays, donnant l'exemple
du bon sens à ses représentants, ne s’est pas
affolé. Au contraire, il a laissé de côté les ques
tions de personnes pour s’en tenir aux program
mes et aux idées. Jamais il n’a mieux dit ce qu’il
voulait. S’il a choisi, parmi les vieux républicains,
un assez grand nombre de ses représentants, c’est
en leur donnant le mandat très clair et très défini
de faire ce qui n’a pas été fait, de reprendre la
tradition du parti et de donner au peuple les
satisfactions auxquelles il a droit.
La nouvelle Chambre pourra aller aussi loin
qu’elle le voudra dans la voie des réformes ; elle
ne dépassera pas le désir des électeurs. Que si
beaucoup d’anciens opportunistes ont été réélus,
ce n’est pas comme opportunistes, c’est comme
républicains, et tous avaient ajouté l’épithète de
progressiste à ce mot de républicain.
Vouloir faire aujourd’hui de la politique au
jour le jour, avec le seul souci de ; durer, n’est
plus possible pour un gouvernement. Il faudra
que le prochain ministère soit un ministère dé
réformes ; mais alors il devra comprendre que ce
ne sont pas des réformes de détail qu’on lui
demande, mais des réformes radicales et pro
fondes, dont la principale est la justice dans
l’impôt.
Pour atteindre ce résultat, la besogne nous
paraît relativement aisée. Il suffit aux électeurs
ayant encore à se prononcer, de s’inspirer de la
volonté exprimée au premier tour de scrutin par
l’immense majorité de toute la France.
Le seul moyen, croyons-nous, de faire les
affaires de la République, d’assurer l’ordre et la
prospérité nationale, c’est de voter pour des répu
blicains convaincus qui manifestent dans leurs
programmes, les réformes démocratiques que le
pays réclame.
Il n’y à que les radicaux qui, par la fermeté de
leurs convictions, prêtes à se traduire en faits,
sont susceptibles de répondre à la confiance du
pays, en attaquant de suite lés défectuosités de la
Constitution, poür l’édifier sur des bases démo
cratiques et conformes à nos aspirations mo
dernes. .
Avec les radicaux, la République trop long
temps ajournée Mans les lois par l’opposition des
modérés et des opportunistes, deviendra enfin
une réalité. Avec eux, l’illogique contradiction;
qui s’accuse entre la forme républicaine du gou
vernement et le maihtien de la plupart des lois
restrictives léguées par la tnonarchie, cessera
d’exister.
Et ce qui doit d’autant, plus désigner les radi
caux à la confiance de l'électeur républicain, c’est
la coalition formée contre eux par les opportu
nistes et les modérés avec les partis de réaction.
Y a-t-il eu entre les coalisés entente positive,
ou leur accord est-il inconscient ët ne résulte-t-il
que d’une simple coïncidence d’intérêts rétro
grades ?
Nous ne savons, mais ce qui est incontestable,
indéniable, c’est que la coalition existe : elle est
facile à observer dans la plupart des circonscrip
tions où les radicaux sont sur la brèche.
Ce n’est pas à dire qu’elle s’affirme au grand
jour, car de pareilles pratiques ne s’avouent pas.
On les dissimule derrière des candidatures hos
tiles, encouragées et soutenues en sous-main.
' Comment s’expliquer autrement l’attitude irré
conciliable prise dans certaine circonscription
contre les radicaux. Nous avouons ne point la
comprendre.
Et cependant, la réflexion nous amène à nous
demander, quels peuvent bien être les souteneurs
de leurs adversaires. Evidemment, ce ne peut
être que ceux qui espèrent profiter de leur con
duite.
! La vérité est qu’il ne peut y avoir que les
opportunistes, les modérés et les réactionnaires
qui puissent tirer profit de l’échec des radicaux.
Nous espérons que le pays ne se déjugera pas
et qu’il est suffisamment éclairé pour déjouer ces
manœuvres.
Nous voudrions le voir répondre à toutes les
calomnies déversées sur les radicaux par la coa
lition opportuno-réactionnaire, agissant directe
ment ou par l’organe de faux ouvriers, par le
plus profond dédain, en. nommant des hommes
résolus, des socialistes avérés ou des radicaux
rompus, soucieux de nos légitimes revendications.
Les travailleurs se souviennent de la belle
conférence que le citoyen Roussel vint faire en
leur faveur le 30 avril damier, au Cercle Fran
klin. *
Le citoyen Roussel n’est donc pas un inconnu
pour nous. Nous formons nos meilleurs vœux
pour le succès de sa candidature.
Le Pape après la défaite. — Le pape est
en train de récolter ce qu’il a semé. Il a voulu
jouer au grand électeur ayant son programme et
ses candidats.
Oh sait ce qu’il est advenu de ceux-ci et de
celui-là. On dit, il est vrai, qu’au Vatican, on a
pris bravement son parti de cet échec en se disant
qu’on avait travaillé pour l’avenir.
C’est de cette consolation que se paient les mo
narchistes, depuis tantôt quarante-cinq ans, et on
ne voit pas que l’avenir fasse mine de vouloir se
rapprocher d’eux. Il en sera de même de la pa
pauté, qui verra l’orme sous lequel elle se résigne
à attendre se transformer peu à peu en mancenii-
lier.
En attendant, les journaux-royalistes lui tombent
dessus avec un accent touchant. La Gazette de
France et le Soleil , pour ne citer que les plus qua
lifiés d’entre eux, font assaut de protestations vio
lentes contre le rôle que Léon XIII s’est arrogé et
de railleries amères à propos du succès qui a éour-
ronné sa tentative. Il est le pelé, Te galeux d’où
vient tout le mal. Pour un peu, on le déposerait
et on lui opposerait un antipape.
Tout cela fleure un parfum de schisme qui n’est
point pour nous déplaire. Outre que les monar
chistes, après la pression cléricale éhontée dont
ils ont profité au Seize-Mai, sont tout- à fait ré
jouissants dans le rôle, nouveau pour eux, de
représentants de l’indépendance nationale vis-à-
vis de la papauté, il est certain que la guerre, si
guerre il y a, n’ira pas sans faire de blessés et des
morts de part et d’autre.
Lés monarchistes tiennent les cordons de la
bourse où s’alimente le denier de Saint-Pierre.
Mais le pape peut couper Iè dernier câble qui unit
la cause de la royauté à l’Eglise. Philippe VII a
l’argent, mais Léon XIII a l’autorité morale.
De toutes façons, le duel promet d’être intéres
sant et de toutes façons aussi, c’est la République
qui est appelée à en profiter.
Allez-y, messieurs les catholiques et messieurs
les monarchistes, nous sommes là pour marquer
les coups. — Nini.
Réhabilitation par la suffrage universel
Si le suffrage universel donne lieu souvent à
de cruels mécomptes, il précipite parfois, d’une
façon fort heureuse, l’action de la justice.
C’est ce qui vient d’arriver — ou qui est, du
moins, sur le point d’ai river — dans la première
circonscription de Dijon (Côte-d’Or).
Il s’agit du citoyen Pierre Vaux, cabaretier,
candidat à la députation, en ballotage dans cette
circonscription, et qui vient en tête de liste avec
4,607 voix.
Ce qu’il y a de curieux et particulièrement
significatif dans cette élection, c’est que le citoyen
Pierre Vaux est le fils d’un forçat dont la réhabi
litation, malgré tous les efforts de la famille, n’a
pu encore être obtenue.
Ce forçat, père du candidat actuel, était insti
tuteur républicain à Longepierre (Saône-et-
Loire). Après le 2 Décembre, il fut accusé d'avoir
incendié des habitations et condamné, par les
juges de l’Empire, aux travaux forcés à perpé
tuité. Il y avait beau temps que les véritables
coupables avaient ôté retrouvés, arrêtés, jugés et
condamnés, lorsque le forçat innocent mourut eu
1875 à Cayenne.
Malgré cette erreur judiciaire reconnue, sa
mémoire n’est pas encore réhabilitée.
L’élection de son fils serait une protestation
éclatante contre ces trop fréquentes erreurs judi
ciaires, comme aussi contre les lenteurs admi
nistratives et les voies de recours.
Nous formons des vœux d’autant plus sincères
pour que le suffrage universel ratifie, au second
tour, son premier jugement, que Pierre Vaux se
présente à la députation comme candidat répu
blicain-socialiste.
A. L,
U CANDIDATURE ROUSSEL
Le citoyen Roussel, de la Bourse du Travail
de Paris, se présente à la députation à FoürmiesJ
LA SPÉCULATION SUR LES SALAIRES
Qu’est-ce que cela peut faire à un entrepreneur
qu’on se tue sur son chantier ?
Il n'a rien à se reprocher, cet homme ; il agit
suivant les règles du laisser-faire économique et
selon la loi.
On lui a officiellement enseigné à l’école, et ou
a écrit pour lui, dans le Code, que l’homme est
une machine sans valeur, la seule d’ailleurs en ce
genre, qu’on p3ut se la procurer à toute condition,
pour un morceau de pain; et qu’imposer des salai-
es de faniine est tout à fait dans la règle et con
forme aux bonnes mœurs.
L’entrepreneur cherche naturellement les mal
heureux réduits à se contenter de ce dur morceau
de pain, de ce misérable salaire; il en trouve parmi
ceux qui n’ont ni femmes ni enfants à nourrir,
parmi des émigrants que la misère affreuse chasse
de leur pays, et qui, venant travailler à tout prix,
condamnent au chômage les nationaux ayant
charge de famille et d’impôts.
Or, ce chômage, c’est la faim, la faim pour le
gosse et pour la femme, le désespoir et la colère
pour le chômeur. Il est terrible le délire de la faim;
il fait voir rouge; pour en finir, faut-il, autant que
ce soit dans un accès de rage ; puisque la pioche
ne peut plus être un outil, qu’elle devienne une
arme ; et la bataille s’engage entre le chômeur et
celui qui lui a dérobé son travail à vil prix.
Il y a des crânes fendus, du sang, des morts;
mais qu’est-ce que cela peut bien faire à un entre
preneur qu’on se tue sur son chantier ?
Faut-il tout de même que nous soyons de rudes
sauvages, pour ainsi condamner l’ouvrier à se
faire meurtrier, pour avoir ainsi placé le travail*
leur actuel au-dessous de la bête de somme, au-
dessous de l’ancien esclave.
La bête de somme, on lui donne le nécessaire
pour qu’elle ait bonne apparence, qu’elle ôonserre
gMWfiBBistsMBiiaimiggagg»>ngqwaB«p ««8aEa3ea y g^
2 e innée ~ 16 Fructidor in 101 — N° 108.
gniH MjBg WjgggjBÇjgWWM»
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
ABONNEMENTS :
z
UN AN
SIX MOIS
Le Havre—
5 fr.
3 fr.
Départements
6 fr.
3 50
15, RTJE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces... 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LE SOC
la. OKCAMBR-E
Depuis quelques jours, deux circulaires
ont fait un certain bruit dans le monde poli
tique : colle de Jules Guesde et celle de M.
Leroy-Beaulieu. Certains journaux, des moins
avancés d’ailleurs, ont fait sur ce thème une
foule de variations qui montrent le plus
souvent l’ignorance complète où ils sont des
deux personnalités dont ils s’occupent. Par
les uns, Guesde est considéré comme un
outrecuidant pour avoir dit : « Ce n’est pas un
député de plus que vous avez nommé,, c’est
une politique nouvelle que vous avez inau
gurée. » Eh bien ! oui, avec Guesde, c’est
l’idée collectiviste qui pénètre à la Chambre
dans toute sa pureté, représentée par un
orateur de première force, par un économiste
patient et savant.
Guesde à la Chambre ! C’est presque Marx,
siégeant avec sa large barbe blanche au milieu
de nos représentants L
Pour nous, en dehors de toute participa
tion à ces théories, nous comprenons l’orgueil
d’un homme qui, après avoir entendu cent
fois répéter que l’idée collectiviste allemande
ne s’acclimaterait jamais en France, se voit
appelé à l’enseigner de la plus haute chaire
du pays.
Nous plaignons ceux qui ne comprennent
pas cette noble ivresse : l’orgueil de l’action
triomphante.
D’ailleurs, si nous choisissons parmi les
ennemis de Guesde, le seul qui nous semble
vraiment compétent, nous avons nommé
Leroy-Beaulieu, nous entendrons dans sa bou
che l’éloge du représentant de Roubaix.
Pour lui, Guesde est un énergique, un savant
en face duquel la majorité de nos représen
tants ferait triste figure, et l’arrivée d’un tel
homme à la Chambre, marquerait le moment
où il faudrait compter avec le collectivisme.
Telle était il y a un an l’opinion de M.
Leroy-Beaulieu et nous le savons trop hon
nête homme pour jamais la renier.
Ce qui effraie dans Guesde : c’est le théori
cien ; on lui reprçche d’être le disciple de
Karl Marx et d’avoir acclimaté ses idées en
France. Il faut bien cependant, pour avan
cer, qu'un homme ait un but ; il faut bien,
et l’histoire est là pour le prouver, viser bien
haut pour atteindre quelque chose. Ce que
I on ne Tait point toujours, c’est que ces fa
meux utopistes ne se font point d’illusions
sur le sort de leurs idées. Ils savent que le
cerveau de l’homme se transformant, que ses
connaissances augmentant sans cesse, les so
lutions provisoires iront elles-mêmes chaque
jour en se perfectionnant. Et c’est à ces hom
mes qui ont les premiers fait entrer en ligne
de compte l’évolution historique de l’huma
nité, que des folliculaires aveugles et ignorants
jettent chaque jour des épithètes flétrissantes !
( Mais ce que les partisans du piétinement
ne peuvent concevoir, certains radicaux,
dont les noms resteront à jamais grands dans
l’histoire, l’ont compris. Millerand et les
siens ont tendu à Guesde et à ses amis, leur
main loyale ; tous veulent désormais mar
cher vers des réformes communes ; tous sont
conscients, s’ils sont divisés de leur faiblesse,
de leur force, s’ils sont unis. Ils ont vu que
parmi leurs adversaires, toutes les unions
contre eux passaient pour légitimes; ils ont
vu les prétendus enfants de 89 et de 92
s’unir sans honte aux réactionnaires ; ils .ont
vu aussi que, pour les mieux diviser, on
traitait partout les socialistes de révolution
naires, les radicaux de modérés et de vendus.
Cette triple leçon leur a été salutaire, et puis
que c’est l’union que leurs adversaires crai
gnent, c’est l’union qu’ils ont fait !
Forts de l’attitude de Millerand et de ses
conclusions logiques, tous les radicaux devront
désormais marcher à sa suite, tous devront se
conformer à cette définition d’un homme
d’esprit.
Ce radical est l’homme auquel aucune ré
forme ne fait peur, pourvu qu’elle repose sur
des études sérieuses, sur des déductions logi
quement faites.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le scrutin de ballottage. — L’immense
majorité des électeurs français a compris ce que
nos gouvernants depuis 1889 n’ont pas voulu
comprendre, c’est que la République devait payer
sa dette et donner tout ce qu’on attendait d’elle.
Dans toutes les élections partielles, du reste,
les citoyens se sont prononcés en faveur des
candidats les plus avancés. Lorsque les ennemis
de la République ont joué leur dernière carte
avec la compagnie de Panama et les scandales de
la dernière législature, le pays, donnant l'exemple
du bon sens à ses représentants, ne s’est pas
affolé. Au contraire, il a laissé de côté les ques
tions de personnes pour s’en tenir aux program
mes et aux idées. Jamais il n’a mieux dit ce qu’il
voulait. S’il a choisi, parmi les vieux républicains,
un assez grand nombre de ses représentants, c’est
en leur donnant le mandat très clair et très défini
de faire ce qui n’a pas été fait, de reprendre la
tradition du parti et de donner au peuple les
satisfactions auxquelles il a droit.
La nouvelle Chambre pourra aller aussi loin
qu’elle le voudra dans la voie des réformes ; elle
ne dépassera pas le désir des électeurs. Que si
beaucoup d’anciens opportunistes ont été réélus,
ce n’est pas comme opportunistes, c’est comme
républicains, et tous avaient ajouté l’épithète de
progressiste à ce mot de républicain.
Vouloir faire aujourd’hui de la politique au
jour le jour, avec le seul souci de ; durer, n’est
plus possible pour un gouvernement. Il faudra
que le prochain ministère soit un ministère dé
réformes ; mais alors il devra comprendre que ce
ne sont pas des réformes de détail qu’on lui
demande, mais des réformes radicales et pro
fondes, dont la principale est la justice dans
l’impôt.
Pour atteindre ce résultat, la besogne nous
paraît relativement aisée. Il suffit aux électeurs
ayant encore à se prononcer, de s’inspirer de la
volonté exprimée au premier tour de scrutin par
l’immense majorité de toute la France.
Le seul moyen, croyons-nous, de faire les
affaires de la République, d’assurer l’ordre et la
prospérité nationale, c’est de voter pour des répu
blicains convaincus qui manifestent dans leurs
programmes, les réformes démocratiques que le
pays réclame.
Il n’y à que les radicaux qui, par la fermeté de
leurs convictions, prêtes à se traduire en faits,
sont susceptibles de répondre à la confiance du
pays, en attaquant de suite lés défectuosités de la
Constitution, poür l’édifier sur des bases démo
cratiques et conformes à nos aspirations mo
dernes. .
Avec les radicaux, la République trop long
temps ajournée Mans les lois par l’opposition des
modérés et des opportunistes, deviendra enfin
une réalité. Avec eux, l’illogique contradiction;
qui s’accuse entre la forme républicaine du gou
vernement et le maihtien de la plupart des lois
restrictives léguées par la tnonarchie, cessera
d’exister.
Et ce qui doit d’autant, plus désigner les radi
caux à la confiance de l'électeur républicain, c’est
la coalition formée contre eux par les opportu
nistes et les modérés avec les partis de réaction.
Y a-t-il eu entre les coalisés entente positive,
ou leur accord est-il inconscient ët ne résulte-t-il
que d’une simple coïncidence d’intérêts rétro
grades ?
Nous ne savons, mais ce qui est incontestable,
indéniable, c’est que la coalition existe : elle est
facile à observer dans la plupart des circonscrip
tions où les radicaux sont sur la brèche.
Ce n’est pas à dire qu’elle s’affirme au grand
jour, car de pareilles pratiques ne s’avouent pas.
On les dissimule derrière des candidatures hos
tiles, encouragées et soutenues en sous-main.
' Comment s’expliquer autrement l’attitude irré
conciliable prise dans certaine circonscription
contre les radicaux. Nous avouons ne point la
comprendre.
Et cependant, la réflexion nous amène à nous
demander, quels peuvent bien être les souteneurs
de leurs adversaires. Evidemment, ce ne peut
être que ceux qui espèrent profiter de leur con
duite.
! La vérité est qu’il ne peut y avoir que les
opportunistes, les modérés et les réactionnaires
qui puissent tirer profit de l’échec des radicaux.
Nous espérons que le pays ne se déjugera pas
et qu’il est suffisamment éclairé pour déjouer ces
manœuvres.
Nous voudrions le voir répondre à toutes les
calomnies déversées sur les radicaux par la coa
lition opportuno-réactionnaire, agissant directe
ment ou par l’organe de faux ouvriers, par le
plus profond dédain, en. nommant des hommes
résolus, des socialistes avérés ou des radicaux
rompus, soucieux de nos légitimes revendications.
Les travailleurs se souviennent de la belle
conférence que le citoyen Roussel vint faire en
leur faveur le 30 avril damier, au Cercle Fran
klin. *
Le citoyen Roussel n’est donc pas un inconnu
pour nous. Nous formons nos meilleurs vœux
pour le succès de sa candidature.
Le Pape après la défaite. — Le pape est
en train de récolter ce qu’il a semé. Il a voulu
jouer au grand électeur ayant son programme et
ses candidats.
Oh sait ce qu’il est advenu de ceux-ci et de
celui-là. On dit, il est vrai, qu’au Vatican, on a
pris bravement son parti de cet échec en se disant
qu’on avait travaillé pour l’avenir.
C’est de cette consolation que se paient les mo
narchistes, depuis tantôt quarante-cinq ans, et on
ne voit pas que l’avenir fasse mine de vouloir se
rapprocher d’eux. Il en sera de même de la pa
pauté, qui verra l’orme sous lequel elle se résigne
à attendre se transformer peu à peu en mancenii-
lier.
En attendant, les journaux-royalistes lui tombent
dessus avec un accent touchant. La Gazette de
France et le Soleil , pour ne citer que les plus qua
lifiés d’entre eux, font assaut de protestations vio
lentes contre le rôle que Léon XIII s’est arrogé et
de railleries amères à propos du succès qui a éour-
ronné sa tentative. Il est le pelé, Te galeux d’où
vient tout le mal. Pour un peu, on le déposerait
et on lui opposerait un antipape.
Tout cela fleure un parfum de schisme qui n’est
point pour nous déplaire. Outre que les monar
chistes, après la pression cléricale éhontée dont
ils ont profité au Seize-Mai, sont tout- à fait ré
jouissants dans le rôle, nouveau pour eux, de
représentants de l’indépendance nationale vis-à-
vis de la papauté, il est certain que la guerre, si
guerre il y a, n’ira pas sans faire de blessés et des
morts de part et d’autre.
Lés monarchistes tiennent les cordons de la
bourse où s’alimente le denier de Saint-Pierre.
Mais le pape peut couper Iè dernier câble qui unit
la cause de la royauté à l’Eglise. Philippe VII a
l’argent, mais Léon XIII a l’autorité morale.
De toutes façons, le duel promet d’être intéres
sant et de toutes façons aussi, c’est la République
qui est appelée à en profiter.
Allez-y, messieurs les catholiques et messieurs
les monarchistes, nous sommes là pour marquer
les coups. — Nini.
Réhabilitation par la suffrage universel
Si le suffrage universel donne lieu souvent à
de cruels mécomptes, il précipite parfois, d’une
façon fort heureuse, l’action de la justice.
C’est ce qui vient d’arriver — ou qui est, du
moins, sur le point d’ai river — dans la première
circonscription de Dijon (Côte-d’Or).
Il s’agit du citoyen Pierre Vaux, cabaretier,
candidat à la députation, en ballotage dans cette
circonscription, et qui vient en tête de liste avec
4,607 voix.
Ce qu’il y a de curieux et particulièrement
significatif dans cette élection, c’est que le citoyen
Pierre Vaux est le fils d’un forçat dont la réhabi
litation, malgré tous les efforts de la famille, n’a
pu encore être obtenue.
Ce forçat, père du candidat actuel, était insti
tuteur républicain à Longepierre (Saône-et-
Loire). Après le 2 Décembre, il fut accusé d'avoir
incendié des habitations et condamné, par les
juges de l’Empire, aux travaux forcés à perpé
tuité. Il y avait beau temps que les véritables
coupables avaient ôté retrouvés, arrêtés, jugés et
condamnés, lorsque le forçat innocent mourut eu
1875 à Cayenne.
Malgré cette erreur judiciaire reconnue, sa
mémoire n’est pas encore réhabilitée.
L’élection de son fils serait une protestation
éclatante contre ces trop fréquentes erreurs judi
ciaires, comme aussi contre les lenteurs admi
nistratives et les voies de recours.
Nous formons des vœux d’autant plus sincères
pour que le suffrage universel ratifie, au second
tour, son premier jugement, que Pierre Vaux se
présente à la députation comme candidat répu
blicain-socialiste.
A. L,
U CANDIDATURE ROUSSEL
Le citoyen Roussel, de la Bourse du Travail
de Paris, se présente à la députation à FoürmiesJ
LA SPÉCULATION SUR LES SALAIRES
Qu’est-ce que cela peut faire à un entrepreneur
qu’on se tue sur son chantier ?
Il n'a rien à se reprocher, cet homme ; il agit
suivant les règles du laisser-faire économique et
selon la loi.
On lui a officiellement enseigné à l’école, et ou
a écrit pour lui, dans le Code, que l’homme est
une machine sans valeur, la seule d’ailleurs en ce
genre, qu’on p3ut se la procurer à toute condition,
pour un morceau de pain; et qu’imposer des salai-
es de faniine est tout à fait dans la règle et con
forme aux bonnes mœurs.
L’entrepreneur cherche naturellement les mal
heureux réduits à se contenter de ce dur morceau
de pain, de ce misérable salaire; il en trouve parmi
ceux qui n’ont ni femmes ni enfants à nourrir,
parmi des émigrants que la misère affreuse chasse
de leur pays, et qui, venant travailler à tout prix,
condamnent au chômage les nationaux ayant
charge de famille et d’impôts.
Or, ce chômage, c’est la faim, la faim pour le
gosse et pour la femme, le désespoir et la colère
pour le chômeur. Il est terrible le délire de la faim;
il fait voir rouge; pour en finir, faut-il, autant que
ce soit dans un accès de rage ; puisque la pioche
ne peut plus être un outil, qu’elle devienne une
arme ; et la bataille s’engage entre le chômeur et
celui qui lui a dérobé son travail à vil prix.
Il y a des crânes fendus, du sang, des morts;
mais qu’est-ce que cela peut bien faire à un entre
preneur qu’on se tue sur son chantier ?
Faut-il tout de même que nous soyons de rudes
sauvages, pour ainsi condamner l’ouvrier à se
faire meurtrier, pour avoir ainsi placé le travail*
leur actuel au-dessous de la bête de somme, au-
dessous de l’ancien esclave.
La bête de somme, on lui donne le nécessaire
pour qu’elle ait bonne apparence, qu’elle ôonserre
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.15%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.15%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263307k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263307k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263307k/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263307k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263307k
Facebook
Twitter