Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-08-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 août 1893 12 août 1893
Description : 1893/08/12 (N98). 1893/08/12 (N98).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263297n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e Année — 98 — Samedi 12 Août 1893.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 24 Thermidor An Ifil — N° 97.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABOIEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements.. 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RXJE CASIMIR - I*É R I E R , 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les jours
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LE SOCIALISME DE M. SIEGFRIED
AVIS
LE
REVEIL DU HAVRE
paraît
r FOU© F.E© JOURS
à 7 heure 1 » du mat 1rs
LE SOCIALISME
DE
M. SIEGFRIED
En 1877, M. Siegfried a édité un livre
intitulé a Quelques mots sur ta misère. » C’est
là qu’il faut chercher la doctrine de ce can
didat.
Inutile de dire que Fauteur, au lieu d’indi
quer comme cause du paupérisme les vices
qui entachent les rapports du capital et du
travail, ainsi que tous les réformateurs Font
signalé et comme le pape Léon XIII lui-
même le reconnaît dans son Encyclique , pro
fesse des explications plus ou moins fantai
sistes.
Les remèdes qu’il recommande sont tous
plus amusantes les uns que les autres, on
croirait entendre un prédicateur de l’armée
du salut, qu’on en juge par les extraits
suivants :
« Après le travail de la journée, l’homme
qui n’a aucun développement intellectuel ne
sait que faire chez lui ; s’il avait un peu
d’instructîïïn il lirait, soit pour lui, soit pour
sa femme et ses enfants, il aurait son Petit
Journal illustré et quelques uns de ces bons
livres dont la lecture présente toujours un
nouvel intérêt. Mais, privé de cette ressource
et n'ayant pas à sa disposition de distractions
honnêtes, nécessaires dans toutes les classes , il
va au cabaret rejoindre ses amis aussi igno
rants et aussi désœuvrés que lui.
« Le cabaret est la source de tous les
dérèglements ; là, le jeu, les mauvaises
connaissances, les idées fausses, les mauvais
propos se donnent rendez-vous ; on s’y excite
par l'abus des boissons alcooliques, et on en
sort presque toujours la poche vide et l’esprit
hanté par des pensées malsaines (pages 48
et 49). »
On frémit en songeant aux dangers que
M. Siegfried va courir mercredi et jeudi
prochain à la Scala et à la salle Huhardeaux.
En sortira-t-il « l’esprit hanté par des idées
malsaines ? » Cruelle énigme !
M Siegfried a d’autres remèdes que la lec
ture du Petit Journal illustré. 11 a l’émigra
tion.
Dès qu’un Français a fini son service mili
taire, M. Siegfried lui crie, du haut de sa
chaire de méthodiste anglican : « Mon ami,
allez-vous-en à l’étranger. Allez coloniser
FAfrique, l’Océanie, le pays que vous vou
drez, sauf le vôtre. Et souvenez-vous que,
moi qui vous parle, j’ai fait ma fortune aux
Indes ! Par Vichnou, on est bien partout
excepté chez soi ! »
L’émigration, en effet,, c’est la panacée,
comme il l’indique à la page 120 du même
ouvrage sur La Misère, où l’on trouve cette
perle :
COMITÉ RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
DES COMMERÇANTS, OUVRIERS & EMPLOYÉS
DENiSlÜILLOT
CONSEILLER GÉNÉRAL -- CANDIDAT RÉPUBLICAIN
« L’émigration offre des avantages à ceux
qui partent et à ceux qui restent. »
C’est d’ailleurs par les pays chauds que
M. Siegfried entend guérir l’alcoolisme et
autres vices
« Qui font prendre les armes
« Au perfide Malin. »
comme on chante dans Miss Helyett.
« N’y aurait-il pas avantage à les envoyer
(les ivrognes) dans un pays chaud, où la tem
pérature seule, sans compter tous les avan
tages d’une vie nouvelle, loin des tentations
habituelles et des mauvaises connaissances,
suffit souvent pour détruire ce* vice affreux? »
(Page 120).
M. Siegfried a, du resté, des vues nouvelles
sur Tivrognerièr '
« L’ivrognerie provient-elle uniquement
de la passion de boire? Je ne le crois pas, »
dit-il sentencieusement.
Le remède souverain se trouve à la page 47.
C’est la lecture de la Bible. Mais il y a, comme
en toute chose, la manière de s’en servir.
» Que d’erreurs, que de mauvais senti
ments, que de passions déréglées, la lecture
seule de la Bible ne fait-elle pas disparaître ?
Mais encore faut-il pouvoir se servir de la
Bible. De quelle utilité peut-elle être pour celui
qui ne sait ni la lire ni la comprendre. »
La Palisse n’eût pas mieux dit. Car il est
notoire que, pour profiter d’un livre, il faut
savoir le lire ou au moins le comprendre.
Voilà les idées du député sortant en ma
tière de réformes sociales. Voilà les boniments
britanniques avec lesquels il entend donner
le change aux électeurs avides de réformes
sérieuses.
Que ces naïvetés bibliques soient débitées
à Londres, dans un carrefour, par quelque
pasteur niais et mystique, qui, du haut de son
tonneau, harangue la foule, on le conçoit en
core. Mais que l’on vienne servir de pareilles
rengaines à des électeurs français, voilà qui
dépasse la mesure.
VAINES DÉCLAR ATIONS
Dans sa profession de foi, M. Siegfried,
en parlant de l’initiative qu’il convient de
donner aux Chambres de commerce, s’expri
me ainsi :
« Au point de vue économique, j’ai de
mandé une meilleure organisation de la Re
présentation commerciale et industrielle don
nant plus d’initiative et de liberté à nos Cham
bres de commerce. »
Toujours de belles paroles ! Voyons les ac
tes :
M. Siegfried, ministre du commerce, dé
fenseur maladroit de la loi sur la marine mar-
chande , a laissé insérer, dans cette loi, une
disposition qui assimile aux droits de douane,
la perception des péages locaux, votés par la
Chambre de commerce, pour faire face aux
dépenses d’amélioration des ports.
Singulier essai de décentralisation, depuis
1886, les Chambres de commorce étaient maî
tresses de cette perception. Grâce à M. Sieg
fried, c’est l’administration des douanes,
qui sera désormais souveraine; et qui dit ad
ministration dit lenteur. Pour obtenir satis
faction, il faudra que Paris dise son mot, et
les intéressés pourront être certains de ne
rien gagner à cette nouvelle méthode.
Allons, M. Siegfried, si c’est là ce qub vous
appelez donner de Y initiative et de la liberté
aux Chambres, de commerce, vous avez de
l’audace.
La Cloche illustrée confesse que vous n’êtes
pas habile. Elle a. raison.
M. SIB&FaSEB
ET
LES MAISONS A BON MARCHÉ
En 1891, certains bons esprits de la haute
finance, eurent l’idée de faire protéger par
une loi, une entreprise financière, qui, déjà
excellente en Angleterre et en Belgique, com
mençait en France à donner de très bons
résultats : nous voulons parler du projet de
loi sur les Habitations ouvrières. La Commis
sion compétente, par l’organe de son repré
sentant, raisonnait de la manière suivante :
L'insuffisance des logements ouvriers et le
danger qu’ils offrent, au point de vue de la
salubrité publique, est notoire. Nous pouvons
y remédier, soit par des lois forçant les mu
nicipalités à assainir les villes, soit par la
création de Comités locaux d’habitations à
bon marché, soutenus par diverses Sociétés
financières, auxquelles l’Etat ferait des con
cessions équivalentes aux services rendus par
lesdites Sociétés.
Voilà le principe posé ; il ne reste plus qu’à
faire de la philanthropie financièrement avan
tageuse. Pour rassurer les bailleurs de fonds,
M. Siegfried commence par déclarer que l’in
térêt moyen de l’opération ne serait pas infé
rieur à 4 0/0. Et c’est une bonne affaire, fait-
il remarquer, « car le placement des fonds
disponibles de ces différents établissements,
devenant de plus en plus difficile, et ne pou-
1 vant s’opérer aujourd’hui qu'aux environs de
3 0/0, il paraît désirable de leur donner la
faculté de faire quelques placements hypothé
caires qui, en leur donnant toutes les garan
ties nécessaires au point de vue de Insécurité,
leur permettent d’obtenir un revenu un peu
supérieur. »
Voyons maintenant les garanties.
Elles seront demandées, soit à l’Etat, soit
aux municipalités.
Pour ce qui est de l’Etat, l’article 5 de la
proposition de loi porte que « les frais de
local et de bureau, l’allocation au secrétaire
et les jetons de présence qui pourront être
attribués aux membres du Comité, sont à la
charge du budget départemental. » D’où ré
sulte une économie pour l’opération financière,
et non pour les contribuables.
Cet avantage n’est pas suffisant, paraît-il,
car l’article 11 demande que les maisons in
dividuelles ou collectives, édifiées dans les
termes de la loi, par les Sociétés de construc
tion, soient affranchies de la contribution
foncière et de la contribution des portes efe
fenêtres. Cette fois, c’est une grosse demande;
il faut convenir que nos financiers ont un sé
rieux appétit quand il s’agit des contribua
bles.
Les garanties demandées aux municipalités
ne sont pas moins avantageuses ; et pour le
prouver, nous prendrons comme exemple l’es
sai de s’établir au Havre, fait par la Société
française des Maisons à bon marché, dont M,
Siegfried était président. Ladite Société de
mandait : 4 0/0 de loyer à l’ouvrier, plus
1 1/2 0/0 pour les frais d’entretien, soit
5 1/2 0/0; une garantie d’intérêt de 2 0/0
pour un capital de 500,000 fr., ainsi que
l’exonération des droits d’octroi pour ses ma
tériaux dispense de se coufo mer aux
règlements pour ses constructions.
Four ce qui est de la garantie d’intérêt de
2 0/0, il est évident que, même dans le cas
où la moitié seulement des maisons serait louée,
on aurait encore un rapport de 2 fr. 75, dimi
nué des l fr. 50 de frais d’entretien, c’est-à-
dire 1 fr. 25 qui, joints aux 2 fr. garantis par
la ville, donnent un intérêt net de 3 fr. 25 0/0.
C’est donc une bonne affaire, alors même
qu’on suppose les conditions les plus défavo
rables. Et œpendant, nous avons admis des
frais d’entretien égaux, pour les maisons louées
et pour celles qui ne le sont pas.
Quant aux deux autres demandes : exoné
ration des droits d'octroi, dispense de se con
former aux règlements sur les constructions,
elles sont éminemment dangereuses, la pre
mière pour la bourse des contribuables qui
payent toujours dans cette remarquable com
binaison, la seconde pour la sécurité et la
salubrité publique.
Nous sommes d’autant plus fondés à pro
tester contre l’opération financière de M. Sieg
fried, que nous avons vu le Journal du Havre
(juin 1891), le Courrier du //acre(24juin 1891),
et le Syndicat permanent des propriétaires et
constructeurs du Havre , protester d’une seule
voix.
Nous ne sommes donc pas seuls à penser
que la philanthropie garantie de M. Siegfried
était une œuvre non seulement mauvaise,
mais encore coupable. Car en môme temps
qu’elle soutirait à l’ouvrier un intérêt de près
de 4 fr., joli placement pour des financiers
réduits au 3 0/0, elle lésait les intérêts de
tous les entrepreneurs du Havre, de tous les
propriétaires, et en général de tous nos conci
toyens, en ce qu’elle apportait de nouvelles
charges au budget de notre ville, sans les
compenser par aucun avantage.
Méfions-nous en général de ces exploiteurs
qui, peu avares de promesses et de bonnes
intentions, n’excellent le plus souvent qu’à
proposer, sous des dehors trompeurs, les
affaires qui leur sont les plus avantageuses î
M. G.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 24 Thermidor An Ifil — N° 97.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABOIEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements.. 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RXJE CASIMIR - I*É R I E R , 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les jours
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
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LE SOCIALISME DE M. SIEGFRIED
AVIS
LE
REVEIL DU HAVRE
paraît
r FOU© F.E© JOURS
à 7 heure 1 » du mat 1rs
LE SOCIALISME
DE
M. SIEGFRIED
En 1877, M. Siegfried a édité un livre
intitulé a Quelques mots sur ta misère. » C’est
là qu’il faut chercher la doctrine de ce can
didat.
Inutile de dire que Fauteur, au lieu d’indi
quer comme cause du paupérisme les vices
qui entachent les rapports du capital et du
travail, ainsi que tous les réformateurs Font
signalé et comme le pape Léon XIII lui-
même le reconnaît dans son Encyclique , pro
fesse des explications plus ou moins fantai
sistes.
Les remèdes qu’il recommande sont tous
plus amusantes les uns que les autres, on
croirait entendre un prédicateur de l’armée
du salut, qu’on en juge par les extraits
suivants :
« Après le travail de la journée, l’homme
qui n’a aucun développement intellectuel ne
sait que faire chez lui ; s’il avait un peu
d’instructîïïn il lirait, soit pour lui, soit pour
sa femme et ses enfants, il aurait son Petit
Journal illustré et quelques uns de ces bons
livres dont la lecture présente toujours un
nouvel intérêt. Mais, privé de cette ressource
et n'ayant pas à sa disposition de distractions
honnêtes, nécessaires dans toutes les classes , il
va au cabaret rejoindre ses amis aussi igno
rants et aussi désœuvrés que lui.
« Le cabaret est la source de tous les
dérèglements ; là, le jeu, les mauvaises
connaissances, les idées fausses, les mauvais
propos se donnent rendez-vous ; on s’y excite
par l'abus des boissons alcooliques, et on en
sort presque toujours la poche vide et l’esprit
hanté par des pensées malsaines (pages 48
et 49). »
On frémit en songeant aux dangers que
M. Siegfried va courir mercredi et jeudi
prochain à la Scala et à la salle Huhardeaux.
En sortira-t-il « l’esprit hanté par des idées
malsaines ? » Cruelle énigme !
M Siegfried a d’autres remèdes que la lec
ture du Petit Journal illustré. 11 a l’émigra
tion.
Dès qu’un Français a fini son service mili
taire, M. Siegfried lui crie, du haut de sa
chaire de méthodiste anglican : « Mon ami,
allez-vous-en à l’étranger. Allez coloniser
FAfrique, l’Océanie, le pays que vous vou
drez, sauf le vôtre. Et souvenez-vous que,
moi qui vous parle, j’ai fait ma fortune aux
Indes ! Par Vichnou, on est bien partout
excepté chez soi ! »
L’émigration, en effet,, c’est la panacée,
comme il l’indique à la page 120 du même
ouvrage sur La Misère, où l’on trouve cette
perle :
COMITÉ RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
DES COMMERÇANTS, OUVRIERS & EMPLOYÉS
DENiSlÜILLOT
CONSEILLER GÉNÉRAL -- CANDIDAT RÉPUBLICAIN
« L’émigration offre des avantages à ceux
qui partent et à ceux qui restent. »
C’est d’ailleurs par les pays chauds que
M. Siegfried entend guérir l’alcoolisme et
autres vices
« Qui font prendre les armes
« Au perfide Malin. »
comme on chante dans Miss Helyett.
« N’y aurait-il pas avantage à les envoyer
(les ivrognes) dans un pays chaud, où la tem
pérature seule, sans compter tous les avan
tages d’une vie nouvelle, loin des tentations
habituelles et des mauvaises connaissances,
suffit souvent pour détruire ce* vice affreux? »
(Page 120).
M. Siegfried a, du resté, des vues nouvelles
sur Tivrognerièr '
« L’ivrognerie provient-elle uniquement
de la passion de boire? Je ne le crois pas, »
dit-il sentencieusement.
Le remède souverain se trouve à la page 47.
C’est la lecture de la Bible. Mais il y a, comme
en toute chose, la manière de s’en servir.
» Que d’erreurs, que de mauvais senti
ments, que de passions déréglées, la lecture
seule de la Bible ne fait-elle pas disparaître ?
Mais encore faut-il pouvoir se servir de la
Bible. De quelle utilité peut-elle être pour celui
qui ne sait ni la lire ni la comprendre. »
La Palisse n’eût pas mieux dit. Car il est
notoire que, pour profiter d’un livre, il faut
savoir le lire ou au moins le comprendre.
Voilà les idées du député sortant en ma
tière de réformes sociales. Voilà les boniments
britanniques avec lesquels il entend donner
le change aux électeurs avides de réformes
sérieuses.
Que ces naïvetés bibliques soient débitées
à Londres, dans un carrefour, par quelque
pasteur niais et mystique, qui, du haut de son
tonneau, harangue la foule, on le conçoit en
core. Mais que l’on vienne servir de pareilles
rengaines à des électeurs français, voilà qui
dépasse la mesure.
VAINES DÉCLAR ATIONS
Dans sa profession de foi, M. Siegfried,
en parlant de l’initiative qu’il convient de
donner aux Chambres de commerce, s’expri
me ainsi :
« Au point de vue économique, j’ai de
mandé une meilleure organisation de la Re
présentation commerciale et industrielle don
nant plus d’initiative et de liberté à nos Cham
bres de commerce. »
Toujours de belles paroles ! Voyons les ac
tes :
M. Siegfried, ministre du commerce, dé
fenseur maladroit de la loi sur la marine mar-
chande , a laissé insérer, dans cette loi, une
disposition qui assimile aux droits de douane,
la perception des péages locaux, votés par la
Chambre de commerce, pour faire face aux
dépenses d’amélioration des ports.
Singulier essai de décentralisation, depuis
1886, les Chambres de commorce étaient maî
tresses de cette perception. Grâce à M. Sieg
fried, c’est l’administration des douanes,
qui sera désormais souveraine; et qui dit ad
ministration dit lenteur. Pour obtenir satis
faction, il faudra que Paris dise son mot, et
les intéressés pourront être certains de ne
rien gagner à cette nouvelle méthode.
Allons, M. Siegfried, si c’est là ce qub vous
appelez donner de Y initiative et de la liberté
aux Chambres, de commerce, vous avez de
l’audace.
La Cloche illustrée confesse que vous n’êtes
pas habile. Elle a. raison.
M. SIB&FaSEB
ET
LES MAISONS A BON MARCHÉ
En 1891, certains bons esprits de la haute
finance, eurent l’idée de faire protéger par
une loi, une entreprise financière, qui, déjà
excellente en Angleterre et en Belgique, com
mençait en France à donner de très bons
résultats : nous voulons parler du projet de
loi sur les Habitations ouvrières. La Commis
sion compétente, par l’organe de son repré
sentant, raisonnait de la manière suivante :
L'insuffisance des logements ouvriers et le
danger qu’ils offrent, au point de vue de la
salubrité publique, est notoire. Nous pouvons
y remédier, soit par des lois forçant les mu
nicipalités à assainir les villes, soit par la
création de Comités locaux d’habitations à
bon marché, soutenus par diverses Sociétés
financières, auxquelles l’Etat ferait des con
cessions équivalentes aux services rendus par
lesdites Sociétés.
Voilà le principe posé ; il ne reste plus qu’à
faire de la philanthropie financièrement avan
tageuse. Pour rassurer les bailleurs de fonds,
M. Siegfried commence par déclarer que l’in
térêt moyen de l’opération ne serait pas infé
rieur à 4 0/0. Et c’est une bonne affaire, fait-
il remarquer, « car le placement des fonds
disponibles de ces différents établissements,
devenant de plus en plus difficile, et ne pou-
1 vant s’opérer aujourd’hui qu'aux environs de
3 0/0, il paraît désirable de leur donner la
faculté de faire quelques placements hypothé
caires qui, en leur donnant toutes les garan
ties nécessaires au point de vue de Insécurité,
leur permettent d’obtenir un revenu un peu
supérieur. »
Voyons maintenant les garanties.
Elles seront demandées, soit à l’Etat, soit
aux municipalités.
Pour ce qui est de l’Etat, l’article 5 de la
proposition de loi porte que « les frais de
local et de bureau, l’allocation au secrétaire
et les jetons de présence qui pourront être
attribués aux membres du Comité, sont à la
charge du budget départemental. » D’où ré
sulte une économie pour l’opération financière,
et non pour les contribuables.
Cet avantage n’est pas suffisant, paraît-il,
car l’article 11 demande que les maisons in
dividuelles ou collectives, édifiées dans les
termes de la loi, par les Sociétés de construc
tion, soient affranchies de la contribution
foncière et de la contribution des portes efe
fenêtres. Cette fois, c’est une grosse demande;
il faut convenir que nos financiers ont un sé
rieux appétit quand il s’agit des contribua
bles.
Les garanties demandées aux municipalités
ne sont pas moins avantageuses ; et pour le
prouver, nous prendrons comme exemple l’es
sai de s’établir au Havre, fait par la Société
française des Maisons à bon marché, dont M,
Siegfried était président. Ladite Société de
mandait : 4 0/0 de loyer à l’ouvrier, plus
1 1/2 0/0 pour les frais d’entretien, soit
5 1/2 0/0; une garantie d’intérêt de 2 0/0
pour un capital de 500,000 fr., ainsi que
l’exonération des droits d’octroi pour ses ma
tériaux dispense de se coufo mer aux
règlements pour ses constructions.
Four ce qui est de la garantie d’intérêt de
2 0/0, il est évident que, même dans le cas
où la moitié seulement des maisons serait louée,
on aurait encore un rapport de 2 fr. 75, dimi
nué des l fr. 50 de frais d’entretien, c’est-à-
dire 1 fr. 25 qui, joints aux 2 fr. garantis par
la ville, donnent un intérêt net de 3 fr. 25 0/0.
C’est donc une bonne affaire, alors même
qu’on suppose les conditions les plus défavo
rables. Et œpendant, nous avons admis des
frais d’entretien égaux, pour les maisons louées
et pour celles qui ne le sont pas.
Quant aux deux autres demandes : exoné
ration des droits d'octroi, dispense de se con
former aux règlements sur les constructions,
elles sont éminemment dangereuses, la pre
mière pour la bourse des contribuables qui
payent toujours dans cette remarquable com
binaison, la seconde pour la sécurité et la
salubrité publique.
Nous sommes d’autant plus fondés à pro
tester contre l’opération financière de M. Sieg
fried, que nous avons vu le Journal du Havre
(juin 1891), le Courrier du //acre(24juin 1891),
et le Syndicat permanent des propriétaires et
constructeurs du Havre , protester d’une seule
voix.
Nous ne sommes donc pas seuls à penser
que la philanthropie garantie de M. Siegfried
était une œuvre non seulement mauvaise,
mais encore coupable. Car en môme temps
qu’elle soutirait à l’ouvrier un intérêt de près
de 4 fr., joli placement pour des financiers
réduits au 3 0/0, elle lésait les intérêts de
tous les entrepreneurs du Havre, de tous les
propriétaires, et en général de tous nos conci
toyens, en ce qu’elle apportait de nouvelles
charges au budget de notre ville, sans les
compenser par aucun avantage.
Méfions-nous en général de ces exploiteurs
qui, peu avares de promesses et de bonnes
intentions, n’excellent le plus souvent qu’à
proposer, sous des dehors trompeurs, les
affaires qui leur sont les plus avantageuses î
M. G.
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