Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-06-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juin 1893 17 juin 1893
Description : 1893/06/17 (N86). 1893/06/17 (N86).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263286v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2* Année — S° 86 — Samedi 17 Juin 1893.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2* Année — 29 Prairial An 101 — N° 86.
Reveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
ÜN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements, .... • ® fr- ^ 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIUIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces.... 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LA PRÉPARATION!
DES
M. Dupuy, continuant ses tournées politi
ques, a jugé RabLle pour pallier l’elïet déplo
rable de son discours de Toulouse, de pronon
cer une nouvelle harangue. Il appartient en
effet à cette catégorie d’hommes qui poussent
trop loin l’oubli de cette maxime arabe que
« le silence est d’or ». : v
Four éviter un mal, M. Dupuy est tombé
dans un pirq. De maladroit et d’obscur, il
est devenu profondément ridicule.
Ne s’est-il pas avisé de faire l’éloge delà
Chambre actuelle ? Le moment est, en vérité,
bien choisi ! Alors que, dans le pays tout en
tier, il n’y a qu’une voix pour demander que
cette Chambre hâte la fin de sa carrière; —
alors qu’elle a donné au pays, pendant quatre
ans, le spectacle attristant de son incohérence
et de mainte ignominie ; — il se trouve un
président du Conseil pour lui délivrer un
certificat de bonne vie et mœurs. On ne sau
rait montrer plus d'à-propos et M. Dupuy est
décidément un homme qui connaît son épo
que î
Que la Chambre actuelle, habituée à rece
voir depuis de longs mois les reproches du
corps électoral, trouve dans cette absolution
d’un compère, une compensation des malé
dictions que les républicains lui adressent
avec une touchante unanimité, nous le conce
vons sans peine. Alors qu’on a perdu jusqu’à
sa propre estime, il est consolant de se rac
crocher comme à une branche de salut, à l’es
time d’un ami, si déprécié qu’il soit lui-même.
Mais nous doutons fort que le pays partage
cette manière de voir. Il n’a, en ce qui le con
cerne, aucun rôle de courtisan à jouer vis-à-
vis des Chambres, et il ne manquera pas l’oc
casion prochaine de le leur prouver.
Il y a, sur ce point, un accord complet dans
la presse de toutes nuances. Et au Havre
même, le Courrier, Le Petit Havre et le Journal
du Havre , — ce n’est pas d’ailleurs, hélas !
leur seul point de contact, — renoncent à
défendre cette cause impossible : la vertu et
la valeur de la Chambre actuelle.
Si la logique n’est pas un vain mot, on en
arrive fatalement à cette conséquence qui
peut-être effrayera certains opportunistes ou
modérés :
Si la Chambre, prise en bloc, ne vaut rien,
il est peu probable que les députés, en tant
qu’individus, vaillent grand'chose : D’où suit
la nécessité, pour remplacer la Chambre, de
remplacer les députés. Supposer, en effet, que
l’on puisse, après une réélection des mêmes
hommes, avoir un meilleur ensemble, serait
plus que de la naïveté.
La véritable solution consiste donc dans
un renouvellement de tout le personnel poli
tique à qui nous devons les scandales de
Panama, et qui, dans les quatre minées de sa
législature, n’a même pas su faire aboutir
une réforme aussi urgente que celle des acci
dents du travail.
Il faudra donc en arriver là au Hayre
comme autre part. On devra, dans un intérêt
supérieur aux considérations personnelles,
remercier nos députés et les renvoyer aux
douceurs de la vie privée, sacrifice dont se
consoleront d’une part ceux qui n’ont pas
voté pour eux, et d’autre part ceux qui leur
ayant donné leurs voix, trouvent qu’ils ont
manqué à la Chambre d’autorité, d’esprit de
suite, et surtout de fermeté républicaine.
Hâtons-nous de dire que^ pour arriver à un
résultat meilleur cette fois, les électeurs de
notre ville devront se mettre à l’œuvre le plus
lôt possible. Nous savons que déjà des co
mités s’organisent en vue des élections pro
chaines. Rien de mieux, pourvu qu’ils tra
vaillent exclusivement dans l’intérêt de la
démocratie et sans alliance aucune avec les
conservateurs d’hier ; pourvu aussi qu’ils
prennent la sage précaution d’élaborer un
programme minimum appelé à servir de base
à la lutte électorale et de guide à nos futurs
députés. Il est temps de revenir à la politique
de principes et de répudier cette abjecte
politique d’affaires qui nous a donné le régime
des pots-de-vin.
Des principes, qui soient pour les élus une
règle fixe de conduite, cela vaudra mieux pour
les électeurs havrais que le bon plaisir de
MM. Siegfried et Faure.
Nous espérons donc que les comités en voie
de formation n’hésiteront pas à revenir à cette
tradition démocratique qui a tant profité à la
République dans les périodes de luttes, et qui
est indispensable à son organisation définitive:
des idées claires et précises, servies par des
hommes honnêtes et énergiques.
VERUS.
SEMAINE P0LIÎI0U
FRANCE
Election sénatoriale du 11 Juin 1893
Vosges :
MM. Albert Ferry, député républ. 497 voix, élu.
Charles Ferry, anc. sénateur 442 —
L’élection avait lieu par suite du décès de M.
Jules Ferry, président du Sénat, qui fut élu, au
renouvellement triennal de 1891, par 723 voix sur
992 votants. M. Charles Ferry, alors sénateur sor
tant, ne s’était pas représenté afin de laisser une
place à son frère sur la liste des candidats répu
blicains.
Cette élection nous paraît très caractéristique.
Elle témoigne surabondamment que les Vosgiens
ont pu, jadis, être grands partisans de M. Jules
Ferry, mais ils n’ont plus le même enthousiasme
pour sa politique opportuniste. Son frère Charles,
plus que tout autre, a dû s’eri apercevoir.
*
* ¥
Le renouvellement partiel. — Les députés
vont reprendre, aujourd’hui, la discussion géné
rale des propositions ayant pour objet le renou
vellement partiel de la Chambre. Il est probable
que cette discussion ne prendra plus maintenant
qu’une séance.
C’est au sujet du passage à la discussion des
articles que la bataille se livrera entre les parti
sans et les adversaires du projet.
Le gouvernement fera connaître son avis qui,
félicitons-Ie, est hostile au renouvellement partiel.
On croit cependant que le passage aux articles
sera voté, mais à une faible majorité.
Et dire qu’il y a des députés qui se disent répu
blicains, et qui cherchent ainsi à créer des lois
réactionnaires qui ne peuvent être que nuisibles
au développement de la démocratie et contraires
aux principes du suffrage universel.
*
* #
Le Discours d’Albi. — Des discours et des
programmes/ il en pleut de tous les côtés. M.
Dupuy,, président du Conseil, vient encore de se
signaler par une majestueuse harangue/ pleine
d’astuce et d’a,udace.
Nous ne pouvons que lui dire, comme à M,
Constans :
T l:
Si votre ramage ressemble à votre plumage
Vous êtes le héros des hôtes de ces bois !
Nous, sommes plein d’admiration pour toute per
sonne qui sent * son cœur de plébéien se révolter
contre l'idée d’un arrêt dans le mouvement démo
cratique, » qui estime que la voie du progrès ou
verte devant nous est indéfinie et que nous ne
saurions nous y engager avec trop de résolution
et trop d’ardeur. » Comment pourrait-on, en vé
rité, contredire un homme dont la bonne volonté
éclate à chaque ligne, et qui, en sa qualité de pre
mier ministre, demande au gouvernement qu’il
préside « d’activer les réformes, d’appliquer la
justice, de réaliser les promesses faites aux tra
vailleurs, etc., etc.. » ; nous n’en trouvons pas le
courage.
Mais, nous direz-vous, ce ne sont là que des
généralités plus ou moins fallacieuses. C’est pos
sible, mais les généralités font quelquefois plai
sir. Nous vous le demandons, qui aurait le cœur
assez dur, pour repousser ce séduisant program
me, pour refuser d’apaiser, qu’and il le peut, les
€ inquiétudes de Pâme populaire, » de « soulager
les malaises, « de satisfaire les aspirations légi
times et les besoins certains de l’âme populaire ? »
Assurément ce ne sera pas nous.
Ah ! si nous avions toujours connu M. Dupuy
aussi radical, aussi affirmatif, nous ne l’aurions
certainement jamais combattu. Mais ne croirait-
on pas rêver à l’entendre, au lendemain des scènes
du 1 er Mai, apiès les poursuites exercées systéma
tiquement contre le député Baudin, parler de tolé
rance, de justice, de soulagement, d’apaisement,
de paix sociale et de fraternité, etc. Après tout,
M. Dupuis a peut-être pu se faire une peau neuve
depuis. On a tant de fois vu, du jour au lende
main, des hommes politiques changer d’humeur et
de discours, au gré de l’intérêt et de la faveur.
Et c’est bien ce qu’a fait M. Dupuy à Albi. En
voulant contenter tout le monde, il n’a réussi à
satisfaire personne.
Est-ce que le régime protectionniste, si vanté ,
par M. Dupuy, assure-t-il la vie à bon marché au
travailleur ? Jusqu’à présent c’est le contraire qui
en résulte.
Demandez à l’ouvrier des villes que la rupture
de nos relations avec l’Espagne et avec la Suisse
prive de travail, ce qu’il pense du protectionnisme.
Demandez-le à l’ouvrier du port ; demandez-le
aux matelots ; demandez-le à tous les pauvres
gens que la liberté commerciale faisait vivre;
demandez-le à tous ceux qui continuent à payer
leur pain plus cher qu’en Belgique et en Angle
terre ; demandez-le à tous ceux qui, malgré le bon
marché extraordinaire du bétail, achètent encore
leur viande au même prix qu’autrefois î
Décidément, M. Dupuy, comme conclusion, nous
pensons que vous n’êtes qu’un farceur, souhaitant
toutefois, que nous nous trompions.
★
* ¥
ALLEMAGNE
A Berlin, les socialistes se montrent très satis
faits. Ils déclarent que les chances de leurs candi
dats vont croissant, et escomptent une victoire
qui, disent-ils, dépassera toutes les prévisions.
Le Vorwaerts écrit que la journée du 15 juin
marquera le triomphe clu prolétariat-international
et de l’humanité.
Dernières nouvelles. — Voici les résultats con
nus : Centre catholique, 70 ; conservateurs, 30 ;
socialistes, 18 ; nationaux libéraux, 10 ; quelques
guelfes et progressistes.
En Alsace-Lorraine, malgré toutes les tra
casseries, les intimidations et la pression adminis
tratives, le succès de tous les candidats paraît
assuré.
. —, î
LETTRE DE M. CARNOT
M. Carnot a adressé à M. Ch. Dupuy, président
dn Conseil, la lettre suivante qui sera, par les
soins des préfets, transmise aux maires des muni-
palités intéressées :
Paris, 14 juin.
Mon cher Ministre,
Je suis profondéiqent peiné d’avoir à renoncer
à mon voyagé en Bretagne. La réalisation de ce
projet, longtemps caressé, auquel j’avais subor
donné de nombreux engagements, m’est rendue
impossible, à la veille du départ, par une indispo
sition persistante.
Je suis d’autant plus chagrin de cet empêche
ment, que j’avais appris quelle sympathie les
populations bretonnes réservaient au représen
tant de la République, et je me faisais une fête
de me rendre au milieu d’elles et d’être mêlé
aux manifestations de leur patriotisme, de la re
connaissance qu’elles gardent à leur ancêtres de
1790 et à leurs dignes compatriotes Guépin et
Lariboisière.
J’aurais été heureux de saluer notre pavillon
sur l’escadre dans les ports bretons et d’exprimer
l’affection de la France pour les braves popula
tions qui sont la pépinière de sa marine.
J’aurais voulu applaudir à la réalisation des
belles œuvres de navigation auxquelles le pays
devra un surcroît de prospérité et aux progrès
agricoles que signalera le concours de Quimper.
Toutes ces satisfactions, mon cher Ministre,
me sont aujourd’hui interdites. J’espère que mon
absence forcée n’empêchera pas les fêtes proje
tées de produire leurs effets bienfaisants, en rap
prochant tous les citoyens dans un sentiment de
commun amour et de commun dévouement pour
la patrie et pour la République.
Nous avions saisi l’occasion de mon voyage
pour remettre, dans les différentes réunions, des
récompensés méritées. Je souhaite que le travail
de sélection, déjà préparé, ne soit pas perdu.
Les déshérités de la fortune ont, eux aussi,
leur part réservée dans tous mes voyages et je
tiens à ce qu’ils u'en soient pas privés par mon
absence.
Je vous envoie, pour la faire parvenir aux pré
fets des cinq départements bretons, la somme de
cinquante mille francs à répartir de ma part entre
les œuvres de bienfaisance de la Bretagne.
Veuillez, en même temps, confier à MM. les
préfets la mission d’être mes interprètes auprès
des municipalités et des Chambres cle commerce
qui m’avaient offert leur sympathique hospitalité,
et recevez pour vous-même, mon cher Ministre,
la nouvelle expression de mes affectueux senti
ments.
Carnot.
LES ÉCURIES D’ÂUGIAS
Jusqu’au jour des dernières élections législati
ves, le grand syndicat des mécontents, cet assem
blage hétéroclite de royalistes, bonapartistes, de
boulangistes et autres puffistes, nous promettait
— avec cette aménité qui est l’apanage de ces
gentilshommes — d’étrangler la gueuse et de
chasser des administrations publiques les em
ployés qui ne lui auraient pas, au préalable, prêté
foi et hommage et ne se seraient pas enrôlés sous
ses ordres.
Du joui 1 au lendemain, ces terribles pourfen
deurs ont changé de ton, car, au lieu delà victoire
qu’ils escomptaient d’avance, ils avaient été hon
teusement battus, d’autant plus honteusement
qu’ils avaient été plus cyniquement outrecuidants.
Leur platitude actuelle est égale à leur arro
gance de jadis ; tous, tous, tous se sont ralliés à
la République ; tous, même la gent ensoutanée r
l’aiment, la respectent, la vénèrent ; ils réclament
même l’honneur d’être seuls chargés de la défen
dre contre... les républicains.
Ah ! les bons apôtres, nous croient-ils assez
niais pour nous laisser prendre à leurs fallacieuses
promesses ? pour recommencer l’essai que M.
Thiers, Adolphe pour le beau sexe, nous a fait
faire d’une République dont les républicains
étaient systématiquement exclus ?
Tous ces budgetiyores promettent aux élec
teurs de conserver au gouvernement le nom actuel,
à la condition de garder les mœurs, les abus, les
vices, et au besoin de recommencer les crimes
de la monarchie, qui leur permettraient de mettre
la nation en coupe réglée, d’édifier leur fortune
sur la misère dù peuple.
Ce à quoi ils aspirent, c’est aux honneurs, aux
emplois richement rétribués, aux grasses siné
cures ; ils préféreraient avoir à leur tête un mo
narque bien pensant et à poigne ; mais, à défaut
DIX CENTIMES LE NUMERO
2* Année — 29 Prairial An 101 — N° 86.
Reveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
ÜN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements, .... • ® fr- ^ 50
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15, RUE CASIUIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces.... 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LA PRÉPARATION!
DES
M. Dupuy, continuant ses tournées politi
ques, a jugé RabLle pour pallier l’elïet déplo
rable de son discours de Toulouse, de pronon
cer une nouvelle harangue. Il appartient en
effet à cette catégorie d’hommes qui poussent
trop loin l’oubli de cette maxime arabe que
« le silence est d’or ». : v
Four éviter un mal, M. Dupuy est tombé
dans un pirq. De maladroit et d’obscur, il
est devenu profondément ridicule.
Ne s’est-il pas avisé de faire l’éloge delà
Chambre actuelle ? Le moment est, en vérité,
bien choisi ! Alors que, dans le pays tout en
tier, il n’y a qu’une voix pour demander que
cette Chambre hâte la fin de sa carrière; —
alors qu’elle a donné au pays, pendant quatre
ans, le spectacle attristant de son incohérence
et de mainte ignominie ; — il se trouve un
président du Conseil pour lui délivrer un
certificat de bonne vie et mœurs. On ne sau
rait montrer plus d'à-propos et M. Dupuy est
décidément un homme qui connaît son épo
que î
Que la Chambre actuelle, habituée à rece
voir depuis de longs mois les reproches du
corps électoral, trouve dans cette absolution
d’un compère, une compensation des malé
dictions que les républicains lui adressent
avec une touchante unanimité, nous le conce
vons sans peine. Alors qu’on a perdu jusqu’à
sa propre estime, il est consolant de se rac
crocher comme à une branche de salut, à l’es
time d’un ami, si déprécié qu’il soit lui-même.
Mais nous doutons fort que le pays partage
cette manière de voir. Il n’a, en ce qui le con
cerne, aucun rôle de courtisan à jouer vis-à-
vis des Chambres, et il ne manquera pas l’oc
casion prochaine de le leur prouver.
Il y a, sur ce point, un accord complet dans
la presse de toutes nuances. Et au Havre
même, le Courrier, Le Petit Havre et le Journal
du Havre , — ce n’est pas d’ailleurs, hélas !
leur seul point de contact, — renoncent à
défendre cette cause impossible : la vertu et
la valeur de la Chambre actuelle.
Si la logique n’est pas un vain mot, on en
arrive fatalement à cette conséquence qui
peut-être effrayera certains opportunistes ou
modérés :
Si la Chambre, prise en bloc, ne vaut rien,
il est peu probable que les députés, en tant
qu’individus, vaillent grand'chose : D’où suit
la nécessité, pour remplacer la Chambre, de
remplacer les députés. Supposer, en effet, que
l’on puisse, après une réélection des mêmes
hommes, avoir un meilleur ensemble, serait
plus que de la naïveté.
La véritable solution consiste donc dans
un renouvellement de tout le personnel poli
tique à qui nous devons les scandales de
Panama, et qui, dans les quatre minées de sa
législature, n’a même pas su faire aboutir
une réforme aussi urgente que celle des acci
dents du travail.
Il faudra donc en arriver là au Hayre
comme autre part. On devra, dans un intérêt
supérieur aux considérations personnelles,
remercier nos députés et les renvoyer aux
douceurs de la vie privée, sacrifice dont se
consoleront d’une part ceux qui n’ont pas
voté pour eux, et d’autre part ceux qui leur
ayant donné leurs voix, trouvent qu’ils ont
manqué à la Chambre d’autorité, d’esprit de
suite, et surtout de fermeté républicaine.
Hâtons-nous de dire que^ pour arriver à un
résultat meilleur cette fois, les électeurs de
notre ville devront se mettre à l’œuvre le plus
lôt possible. Nous savons que déjà des co
mités s’organisent en vue des élections pro
chaines. Rien de mieux, pourvu qu’ils tra
vaillent exclusivement dans l’intérêt de la
démocratie et sans alliance aucune avec les
conservateurs d’hier ; pourvu aussi qu’ils
prennent la sage précaution d’élaborer un
programme minimum appelé à servir de base
à la lutte électorale et de guide à nos futurs
députés. Il est temps de revenir à la politique
de principes et de répudier cette abjecte
politique d’affaires qui nous a donné le régime
des pots-de-vin.
Des principes, qui soient pour les élus une
règle fixe de conduite, cela vaudra mieux pour
les électeurs havrais que le bon plaisir de
MM. Siegfried et Faure.
Nous espérons donc que les comités en voie
de formation n’hésiteront pas à revenir à cette
tradition démocratique qui a tant profité à la
République dans les périodes de luttes, et qui
est indispensable à son organisation définitive:
des idées claires et précises, servies par des
hommes honnêtes et énergiques.
VERUS.
SEMAINE P0LIÎI0U
FRANCE
Election sénatoriale du 11 Juin 1893
Vosges :
MM. Albert Ferry, député républ. 497 voix, élu.
Charles Ferry, anc. sénateur 442 —
L’élection avait lieu par suite du décès de M.
Jules Ferry, président du Sénat, qui fut élu, au
renouvellement triennal de 1891, par 723 voix sur
992 votants. M. Charles Ferry, alors sénateur sor
tant, ne s’était pas représenté afin de laisser une
place à son frère sur la liste des candidats répu
blicains.
Cette élection nous paraît très caractéristique.
Elle témoigne surabondamment que les Vosgiens
ont pu, jadis, être grands partisans de M. Jules
Ferry, mais ils n’ont plus le même enthousiasme
pour sa politique opportuniste. Son frère Charles,
plus que tout autre, a dû s’eri apercevoir.
*
* ¥
Le renouvellement partiel. — Les députés
vont reprendre, aujourd’hui, la discussion géné
rale des propositions ayant pour objet le renou
vellement partiel de la Chambre. Il est probable
que cette discussion ne prendra plus maintenant
qu’une séance.
C’est au sujet du passage à la discussion des
articles que la bataille se livrera entre les parti
sans et les adversaires du projet.
Le gouvernement fera connaître son avis qui,
félicitons-Ie, est hostile au renouvellement partiel.
On croit cependant que le passage aux articles
sera voté, mais à une faible majorité.
Et dire qu’il y a des députés qui se disent répu
blicains, et qui cherchent ainsi à créer des lois
réactionnaires qui ne peuvent être que nuisibles
au développement de la démocratie et contraires
aux principes du suffrage universel.
*
* #
Le Discours d’Albi. — Des discours et des
programmes/ il en pleut de tous les côtés. M.
Dupuy,, président du Conseil, vient encore de se
signaler par une majestueuse harangue/ pleine
d’astuce et d’a,udace.
Nous ne pouvons que lui dire, comme à M,
Constans :
T l:
Si votre ramage ressemble à votre plumage
Vous êtes le héros des hôtes de ces bois !
Nous, sommes plein d’admiration pour toute per
sonne qui sent * son cœur de plébéien se révolter
contre l'idée d’un arrêt dans le mouvement démo
cratique, » qui estime que la voie du progrès ou
verte devant nous est indéfinie et que nous ne
saurions nous y engager avec trop de résolution
et trop d’ardeur. » Comment pourrait-on, en vé
rité, contredire un homme dont la bonne volonté
éclate à chaque ligne, et qui, en sa qualité de pre
mier ministre, demande au gouvernement qu’il
préside « d’activer les réformes, d’appliquer la
justice, de réaliser les promesses faites aux tra
vailleurs, etc., etc.. » ; nous n’en trouvons pas le
courage.
Mais, nous direz-vous, ce ne sont là que des
généralités plus ou moins fallacieuses. C’est pos
sible, mais les généralités font quelquefois plai
sir. Nous vous le demandons, qui aurait le cœur
assez dur, pour repousser ce séduisant program
me, pour refuser d’apaiser, qu’and il le peut, les
€ inquiétudes de Pâme populaire, » de « soulager
les malaises, « de satisfaire les aspirations légi
times et les besoins certains de l’âme populaire ? »
Assurément ce ne sera pas nous.
Ah ! si nous avions toujours connu M. Dupuy
aussi radical, aussi affirmatif, nous ne l’aurions
certainement jamais combattu. Mais ne croirait-
on pas rêver à l’entendre, au lendemain des scènes
du 1 er Mai, apiès les poursuites exercées systéma
tiquement contre le député Baudin, parler de tolé
rance, de justice, de soulagement, d’apaisement,
de paix sociale et de fraternité, etc. Après tout,
M. Dupuis a peut-être pu se faire une peau neuve
depuis. On a tant de fois vu, du jour au lende
main, des hommes politiques changer d’humeur et
de discours, au gré de l’intérêt et de la faveur.
Et c’est bien ce qu’a fait M. Dupuy à Albi. En
voulant contenter tout le monde, il n’a réussi à
satisfaire personne.
Est-ce que le régime protectionniste, si vanté ,
par M. Dupuy, assure-t-il la vie à bon marché au
travailleur ? Jusqu’à présent c’est le contraire qui
en résulte.
Demandez à l’ouvrier des villes que la rupture
de nos relations avec l’Espagne et avec la Suisse
prive de travail, ce qu’il pense du protectionnisme.
Demandez-le à l’ouvrier du port ; demandez-le
aux matelots ; demandez-le à tous les pauvres
gens que la liberté commerciale faisait vivre;
demandez-le à tous ceux qui continuent à payer
leur pain plus cher qu’en Belgique et en Angle
terre ; demandez-le à tous ceux qui, malgré le bon
marché extraordinaire du bétail, achètent encore
leur viande au même prix qu’autrefois î
Décidément, M. Dupuy, comme conclusion, nous
pensons que vous n’êtes qu’un farceur, souhaitant
toutefois, que nous nous trompions.
★
* ¥
ALLEMAGNE
A Berlin, les socialistes se montrent très satis
faits. Ils déclarent que les chances de leurs candi
dats vont croissant, et escomptent une victoire
qui, disent-ils, dépassera toutes les prévisions.
Le Vorwaerts écrit que la journée du 15 juin
marquera le triomphe clu prolétariat-international
et de l’humanité.
Dernières nouvelles. — Voici les résultats con
nus : Centre catholique, 70 ; conservateurs, 30 ;
socialistes, 18 ; nationaux libéraux, 10 ; quelques
guelfes et progressistes.
En Alsace-Lorraine, malgré toutes les tra
casseries, les intimidations et la pression adminis
tratives, le succès de tous les candidats paraît
assuré.
. —, î
LETTRE DE M. CARNOT
M. Carnot a adressé à M. Ch. Dupuy, président
dn Conseil, la lettre suivante qui sera, par les
soins des préfets, transmise aux maires des muni-
palités intéressées :
Paris, 14 juin.
Mon cher Ministre,
Je suis profondéiqent peiné d’avoir à renoncer
à mon voyagé en Bretagne. La réalisation de ce
projet, longtemps caressé, auquel j’avais subor
donné de nombreux engagements, m’est rendue
impossible, à la veille du départ, par une indispo
sition persistante.
Je suis d’autant plus chagrin de cet empêche
ment, que j’avais appris quelle sympathie les
populations bretonnes réservaient au représen
tant de la République, et je me faisais une fête
de me rendre au milieu d’elles et d’être mêlé
aux manifestations de leur patriotisme, de la re
connaissance qu’elles gardent à leur ancêtres de
1790 et à leurs dignes compatriotes Guépin et
Lariboisière.
J’aurais été heureux de saluer notre pavillon
sur l’escadre dans les ports bretons et d’exprimer
l’affection de la France pour les braves popula
tions qui sont la pépinière de sa marine.
J’aurais voulu applaudir à la réalisation des
belles œuvres de navigation auxquelles le pays
devra un surcroît de prospérité et aux progrès
agricoles que signalera le concours de Quimper.
Toutes ces satisfactions, mon cher Ministre,
me sont aujourd’hui interdites. J’espère que mon
absence forcée n’empêchera pas les fêtes proje
tées de produire leurs effets bienfaisants, en rap
prochant tous les citoyens dans un sentiment de
commun amour et de commun dévouement pour
la patrie et pour la République.
Nous avions saisi l’occasion de mon voyage
pour remettre, dans les différentes réunions, des
récompensés méritées. Je souhaite que le travail
de sélection, déjà préparé, ne soit pas perdu.
Les déshérités de la fortune ont, eux aussi,
leur part réservée dans tous mes voyages et je
tiens à ce qu’ils u'en soient pas privés par mon
absence.
Je vous envoie, pour la faire parvenir aux pré
fets des cinq départements bretons, la somme de
cinquante mille francs à répartir de ma part entre
les œuvres de bienfaisance de la Bretagne.
Veuillez, en même temps, confier à MM. les
préfets la mission d’être mes interprètes auprès
des municipalités et des Chambres cle commerce
qui m’avaient offert leur sympathique hospitalité,
et recevez pour vous-même, mon cher Ministre,
la nouvelle expression de mes affectueux senti
ments.
Carnot.
LES ÉCURIES D’ÂUGIAS
Jusqu’au jour des dernières élections législati
ves, le grand syndicat des mécontents, cet assem
blage hétéroclite de royalistes, bonapartistes, de
boulangistes et autres puffistes, nous promettait
— avec cette aménité qui est l’apanage de ces
gentilshommes — d’étrangler la gueuse et de
chasser des administrations publiques les em
ployés qui ne lui auraient pas, au préalable, prêté
foi et hommage et ne se seraient pas enrôlés sous
ses ordres.
Du joui 1 au lendemain, ces terribles pourfen
deurs ont changé de ton, car, au lieu delà victoire
qu’ils escomptaient d’avance, ils avaient été hon
teusement battus, d’autant plus honteusement
qu’ils avaient été plus cyniquement outrecuidants.
Leur platitude actuelle est égale à leur arro
gance de jadis ; tous, tous, tous se sont ralliés à
la République ; tous, même la gent ensoutanée r
l’aiment, la respectent, la vénèrent ; ils réclament
même l’honneur d’être seuls chargés de la défen
dre contre... les républicains.
Ah ! les bons apôtres, nous croient-ils assez
niais pour nous laisser prendre à leurs fallacieuses
promesses ? pour recommencer l’essai que M.
Thiers, Adolphe pour le beau sexe, nous a fait
faire d’une République dont les républicains
étaient systématiquement exclus ?
Tous ces budgetiyores promettent aux élec
teurs de conserver au gouvernement le nom actuel,
à la condition de garder les mœurs, les abus, les
vices, et au besoin de recommencer les crimes
de la monarchie, qui leur permettraient de mettre
la nation en coupe réglée, d’édifier leur fortune
sur la misère dù peuple.
Ce à quoi ils aspirent, c’est aux honneurs, aux
emplois richement rétribués, aux grasses siné
cures ; ils préféreraient avoir à leur tête un mo
narque bien pensant et à poigne ; mais, à défaut
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