Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-06-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 juin 1893 10 juin 1893
Description : 1893/06/10 (N85). 1893/06/10 (N85).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263285f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 e Année — N 6 85 — Samedi 10 Juin 1893.
DIX CENTIMES LE NUMERO
Réveil
Uis
2 e Année — 22 Prairial An 101 — N° 85.
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre....
Départements.
UN an six MOIS
5 fr. 3 fr.
6 fr. 3 50
AVIS A NOS ABONNÉS
Certaines irrégularités s’étant produi
tes dans les encaissements de nos abon
nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
chez M. F. Le Roy, imprimeur, ou sur
quittance présentée par la poste.
Le ministère Dupuy n’a que ce qu’il mérite.
Dès son entrée auxaffaiie : , il nous avait
donné le pire spectacle qu’un cabinet répu
blicain ait jamais offert aux populations depuis
le 16 Mai. On avait vu, grâce à lui, l’admi
nistration asservie aux ralliés et même aux
cléricaux.
Dans la Seine-Inférieure notamment, le
clergé avait été investi par M. Hendlé, israélite
repentant, de pouvoirs nouveaux contre la
société civile. Le dernier scandale des congés
de la confirmation avait déjà fait son tour de
presse et les républicains se demandaient
si notre département n’était pas une théo
cratie mise, Comme champ d’expériences, à la
disposition de M. Thomas, cet ancien admira
teur de Boulanger.
Quoique moins grave que chez nous, la
situation était inquiétante dans les autres
départements.
Pendant que ses fonctionnaires livraient à
l’ennemi la République qui les paie, M. Dupuy
présidait des banquets. 11 y faisait même des
discours où il proposait contre le socialisme
des dilemmes d’une cocasserie inédite. Ce
lui de Toulouse restera, en ce genre, un
modèle qui eût fait la joie de plusieurs ITenry
Monnier ; C’est le triomphe même de Joseph
Prud’homme renforcé de Calino.
Un homme certainement plus malin que
M. Dupuy, — ce qui d’ailleurs n’est pas lui
faire un bien gros compliment, — s’est dit
que le moment était venu de sortir de l’ombre
et de renchérir sur M. Dupuy, non pas en
vantardise, ce qui eût été difficile, mais en
modérantisme. Noiis avons nommé M. Çons-
tans.
Tout le monde connaît M. Constans, le
tombeur du boulangisme. C’est un habile et,
pour tout dire, un policier. On eût certes dû
lui confier la recherche d’Arton.
Renvoyé du pouvoir, dans des conditions
assez suspectes, après avoir cessé de plaire à
M. Carnot, M. Constans s’est demandé com
ment il pourrait revenir aux affaires. Tout
naturellement, pour rentrer en grâce à l’Ely
sée, où le mot d'ordre est de complaire aux
cléricaux, et où M. et Mme Carnot remettent
desbarettes et offrent à déjeuner aux cardi
naux, qui promettent la rose d’or à la maî
tresse de céans, M. Constans a pensé qu’il
fallait faire du modérantisme, lui, l’ancien
expulseur des congrégations.
Et alors, M. Constans élabore un beau dis
cours, non pas en public, — car il se souvient
des trognons de chou de Marseille, <— mais
dans une petite agape d’amis.
En une série de phrases adroitement enfi
lées, il affecte de plaire à tout le monde. Il y a
de tout dans l’arlequin qu’il a servi au des
sert : des avances aux bourgeois cacochymes
qui veulent un gouvernement fort ; des pro
messes aux socialistes ; une bonne parole au
clergé, qui continuera à s’abreuver à la coupe
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
du/Concordat ; un agréable sourire aux ral
liés, que M. Constans veut croire sincères. Et
cette belle harangue se termine par un air de
bravoure en l’honneur de l’alliance franco-
russe.
De tout cela, il faut conclure que M. Con
stans veut revenir au ministère avec l’appui
de M.Carnot, et qu’il compte, pour y arriver,
sur le concours des réactionnaires ralliés. Jolie
besogne en vérité, pour un homme qui ne
doit qu’à sa lutte contre le complot plébisci
taire, la renommée de gendarme avisé qu’on
lui accorde généralement !
On parle déjà de néo^boulangisme, de bou
langisme civil. Le mot de constansiste créé
depuis plusieurs mois, devient d’un usage
courant.
C’était bien la peine assurément de faire
tant de tapage contre Boulanger pour aller
ensuite s’affubler de sa défroque, chausser ses
bottes et monter son cheval noir Tunis !
!Si le peuple, dont la naïveté tolère toutes
ces fumisteries, veut perdre encore son temps
à s’occuper de Constans, comme il l’a fait de
Boulanger, libre à lui ! Mais on peut se
demander ce que la République gagnerait à
cette succession de personnages qui se hissent
jusqu’à l’assiette au beurre pour retomber
avec fracas même avant d’y avoir goûté.
On voit au contraire clairement ce que la
République perdrait au culte de tel ou tel
ambitieux dont la première préoccupation se
rait de retarder les réformes démocratiques et
qui, en accaparant pendant des mois l’atten
tion publique, la détournerait des choses sé
rieuses,
Le mot d’un révolutionnaire au moment
de mourir, celui d’Anacharsis Cloots sera
toujours vrai :
a O France ! qui donc te délivrera des in
dividus ? »
VERUS.
SEMAINE POLITÎQU
FRANCE
Budget de 1894. — L’œuvrefcde la com
mission da budget se poursuit rapidement. Hier,
la commission a statué sur le budget des chemins
de fer de l’Etat ; c’est le neuvième entièrement
examiné depuis l’inaiiguration des travaux, c’est-
à-dire depuis huit jours.
jeudi, la commission examinait les budgets de
l’instruction publique et des services pénitentiai
res, vendredi celui des colonies et aujourd’hui la
question de l’impôt des portes et fenêtres.
On compte toujours que l’œuvre de la com
mission sera terminée le 20 juin prochain. La
Chambre pourrait commencer la discussion du
budget de 1894 le 25 juin et, en la continuant sans
interruption, elle pourrait avoir terminé sa tâche
pour le 14 juillet.
Le Sénat, à son tour, discuterait le budget et
pourrait l’avoir voté fin juillet. De sorte que la
clôture de la session serait prononcée à ce mo
ment. Les députés pourraient se rendre dans leurs
départements respectifs dès le commencement
d’août pour s’occuper de la lutte électorale.
k
* *
Les Elections générales. — Un certain
nombre de nos confrères donnent comme une nou
velle certaine que la date des élections générales
est, dès aujourd’hui, définitivement fixée au 20
août. ’ .
Cette date n’a pas encore été discutée en conseiL
des ministres, mais, d’après les ondit qui circu
lent dans ies milieux ministériels, le gouverne
ment considère que, si la discussion du budget de
1894 est close en temps utile, cette date pourrait
être choisie.
Il y a lieu, d’ailleurs, de remarquer que, les
pouvoirs de la Chambre actuelle expirant le 14
octobre, les électeurs peuvent, aux termes de la
Constitution, être convoqués au plus tôt deux
mois avant, c’est-à-dire le 14 août ; mais cette
date tombant un lundi, c’est au dimanche suivant,
20 août, que les élections devraient être ren
voyées.
Quant à l’objection tirée de la convocation des
conseils généraux qui doivent, d’après la loi,
ouvrir leur session le premier lundi de la seconde
quinzaine d’août, elle est facile à réfuter.
Les conseils généraux, réunis k lundi 21 août,
conformément à la loi, s’ajourneraient jusqu’après
le second tour de scrutin, pour permettre aux
députés, conseillers généraux, de continuer la
campagne électorale en vue du scrutin de ballot
tage.
Au reste, s’ils persistaient à siéger, il en résul
terait un peu moins de cumul de fonctions élec
tives, et ce serait un bien pour le pays.
La proposition Pierre Richard. — M.
Pierre Richard avait déposé une proposition en
vue de faire rembourser, par l’Etat, à la liquida
tion du Panama, la somme de 50,000 fr. qui aurait
été versée sous le ministère Rouvier pour néces
sités politiques. Cette proposition a été examinée
une prenrère fois, la semaine dernière, par la
commission qui avait émis l’avis que M. Rouvier
devait être déclaré responsable. La décision ayant
été prise dans une réunion peu nombreuse, où la
droite était presque seule représentée, on pouvait
craindre que l’esprit de parti ne l’eût dictée; aussi,
les membres de la gauche demandèrent-ils que
l’affaire fut soumise à une nouvelle délibération.
Elle a eu lieu hier, et la commission — en nombre
cette fois — a purement et simplement repoussé
la proposition.
Pourquoi ? nous le demandons, car au fond, ce
rejet nous paraît tout à fait inexplicable.
Notez, -en effet, qu’il s’agit des 50,000 francs
empruntés, pour les besoins de l’Etat, par M.
Rouvier à M. Vlasto et remboursés à ce dernier
par M. de Reinach, avec l'argent de la Compagnie
de Panama. Si cette version, qui est celle présen
tée par l’ex-ministre des finances, est vraie, il n’est
pas possible d’admettre que la somme dont M. de
Reinach a fait l’avance ne soit pas remboursée par
quelqu’un : par M. Rouvier., si 1km estime que
l’acte qu’il a fait ne relevait pas de ses fonctions,
ou par l’Etat, si l’on pense qii’il a an correcte
ment ; car, en aucun cas, l’Etat ne peut pourvoir
à ses dépenses, quelles qu’elles soient, au moyen
d’argent volé.
Et voilà comment l’innocence de M. Rouvier,
qu’on nous avait démontrée, est remise en ques
tion. Cette histoire d’argent touché par celui-ci,
qui est un ministre, par l’intermédiaire de celui-là,
qui est un homme d’affaires, remboursé par un
troisième, qui est un corrupteur de profession,
n’était déjà pas très claire : le vote de la commis
sion l’obscurcit encore.
Le Discours de Toulouse. — Nous aurions
mauvaise grâce auprès de nos lecteurs, après avoir
annoncé dans notre dernier numéro que nous n’at
tendions rien de bon du discours de M. Constans,
si nous ne venions aus, quoique tardivement, dire
ce que nous en pensons de ce grand programme.
Notre impartialité nous fait un devoir de décla
rer que nous lui avons reconnu des qualités qui
plaisent à notre pays : il est spirituel et de bonne
humeur, et est bien moins méchant que nous l’au
rions cru. Est-ce une tactique ? Méfions-nous tou
jours.
Lorsqu’il dit qu’il ne saurait être question de
porter une atteinte quelconque à la loi scolaire ni
à la loi militaire, c’est-à-dire aux deux lois que la
réaction a attaquées avec passion et qui ont été,
jusqu’à l’heure actuelle, la pierre de touche per
mettant de voir si un homme acceptait ou non les
principes de la démocratie et les conséquences du
régime républicain, nous devenons joyeux.
Certes, en plaçant ces lois au-dessus de toute
controverse, en proclamant que la République ne
ferait jamais un pas en arrière, M. Constans a
marqué clairement la ligne de démarcation, la
frontière qui doit être franchie pour entrer dans
la République. Est-ce bien là un aveu sincère ?
Méfions-nous encore.
En second lieu, l’orateur de Toulouse n’a pas
craint d’évoquer la pensée des revendications so
ciales. Il a dit avec raison aux patrons qu’ils agi
raient sagement en comprenant que l’avenir appar
tient aux syndicats ouvriers, que le capital doit
admettre la nature nouvelle de ses rapports avec
le travail manuel. Mais c’est admirable ça, M.
Constant ! Si, lorsque vous étiez au pouvoir vous
aviez mis d’accord vos actes avec vos paroles,
vous n’auriez jamais rencontré de meilleurs défen
seurs que nous. Nous n’osons vraiment pas y croi
re à toute votre sollicitude. Peut être que si les
élections n’étaient pas si proches, nous couperions
dans votre pommade. Mais va-t-en voir s’ils vien
nent Jean !
MANIFESTATION RÉPUBLICAINE
Eu riMeur de JEAIE-D'ARIIC
Le comité fondé en 1878, à Rouen, pour glorifier
la grande héroïne victime du fanatisme chrétien,
a, dimanche dernier, protesté publiquement,
comme il le fait chaque année, contre les préten
tions du catholicisme envahissant, prêt à recom
mencer demain ce qu’il fit jadis, et, assez éhonté
pour revendiquer comme sienne, la victime qu’il a
fait brûler, après l’avoir solennellement rejetée de
son sein, car, dàns son esprit, ce qui ne lui est pas
soumis, doit mourir.
On ne saurait trop rappeler que le tribunal qui
a condamné Jeanne au feu, était exclusivement
composé d’ecclésiastiques ; que 95 prélats, les
premiers de la chrétienté, dont 23 étaient docteurs
en théologie, y siégèrent ; que nombre d’autres,
l’archevêque de Reims — conseiller de Charles VII,
ce roi qui devait son royaume à Jeanne, —les
évêques de Chartres, de Lisieux, de Coutances,
etc., etc., le pape lui-même, applaudirent au ré
sultat du procès « preuve de Injustice divine qui
a voulu châtier une orgueilleuse, » et que pas un
membre du clergé ne protesta contre l’assassinat
de la courageuse enfant, le jugement étant con
forme aux lois de l’Inquisition qui régnait sur
l’Europe, lois que de nos jours certains ont l’impu
dence de défendre et de vouloir rétablir.
Le procès de la Pucelle ne fut pas unique à cette
époque où le monde était dans la main de l’Eglise;
une de ses compagnes, Pierronne de Bretagne,
prise à Corbeil par les Anglo-Bourguignons, fut,
elle aussi, condamnée par un tribunal de prêtres,
siégeant à Paris, et solennellement brûlée dans
cette ville, comme Jeanne à Rouen, pour avoir
trop aimé son pays et par la lâcheté du « roi de
Bourges » qui ne fit rien pour les arracher à leurs
bourreaux.
Et nous assistons, à la fin du XIX me siècle, à la
plus curieuse des p ilmodies, l’Eglise voulant ca
noniser, mettre au rang des demi-dieux des héré
tiques comme Jeanne d’Arc et Christophe Colomb !
Ne désespérons pas de la voir infliger la même
injure à Galilée et mettre ceux qu’elle a brûlés,
torturés, maudis, au rang des Benoît-Labbre et
des Elisabeth de Hongrie de répugnante mémoire.
Le citoyen Emile Antoine qui, depuis quinze
ans, poursuit, par toute la France, la tâche qu’il
s’est imposée, de faire rendre à la bonne Lorraine
une tardive justice et de stigmation ses bour
reaux, était venu, quoique souffrant, remplir,
dans sa ville natale ce qu’il considère comme un
devoir.
Dernièrement, il organisait à Orléans, sous la
direction de notre infatigable ami, Hutteau, un
comité qui, dimanche dernier, lui aussi, reven
diquait, par une importante manifestation, la
laïcisation des fêtes consacrées à Jeanne d’Arc
dans ville, témoin de ses succès.
A Rouen, le cortège précédé du drapeau et de
la délégation de la Libre-Pensée du canton d’El-
beuf, et dans lequel on remarquait : la Société
des anciens militaires coloniaux, en grande tenue;
la Ligue patriotique. Rouennaise ; les Sociétés de
la Libre-Pensée de Rouen, de Darnétal, de
Dieppe, du Havre, de Forges-les-Eaux, du Tron-
quay ; le groupe Adrien-Pasquier, et d’autres
dont les noms nous ont échappé, représentées par
un ou plusieurs de leurs Membres, s’est rendu à
la porte du jardin de l’Hôtel de Ville, là où la
férocité de ses juges fit abjurer la glorieuse mar
tyre avant de la mettre au bûcher, puis à la tour,
dernier débris du château de Philippe-Auguste,
sa prison, au lieu de son supplice et au pied de sa
statue.
En ces divers endroits, Emile Antoine a retracé,
dans un langage élevé et d’une virile éloquence,
les souffrances physiques et morales de Jeanne et
le rôle odieux du clergé qui, quoiqu’il fasse, ne se
lavera jamais de l’ignominie dont cet inique juge
ment l’a couvert.
E. Salva.
LA QUESTION DES VIANDES
Dans notre dernier numéro, nous avons publié,
sous ce titre, un article d’une importance incon
testable, nous promettant d’y revenir, le sujet
nous paraissant, en effet, d’une assez grande uti
lité publique pour être sérieusement examiné et
traité dans plusieurs numéros.
Nous ne voulons ici être les défenseurs de per
sonne. Nous tenons à rester en dehors des cote
ries, et nous ne voyons dans cette question ali
mentaire, qu’un sujet de premier ordre, d’hygiène
et d’intérêt général.
Nos concitoyens savent que le Conseil munici-
par
porc, et de faire ainsi, en même temps qu’à la
boucherie ordinaire une égale concurrence à la
charcuterie.
D’un autre côté, la Chambre syndicale de la
charcuterie s’oppose aussi, par voie de pétitionne-
ment, auprès de nos édiles, aux prétentions solli
citées par les premiers, ou du moins demande
que, si au nom de la liberté de commerce, cette
faculté est accordée, au moins on applique le
DIX CENTIMES LE NUMERO
Réveil
Uis
2 e Année — 22 Prairial An 101 — N° 85.
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
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UN an six MOIS
5 fr. 3 fr.
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Certaines irrégularités s’étant produi
tes dans les encaissements de nos abon
nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
chez M. F. Le Roy, imprimeur, ou sur
quittance présentée par la poste.
Le ministère Dupuy n’a que ce qu’il mérite.
Dès son entrée auxaffaiie : , il nous avait
donné le pire spectacle qu’un cabinet répu
blicain ait jamais offert aux populations depuis
le 16 Mai. On avait vu, grâce à lui, l’admi
nistration asservie aux ralliés et même aux
cléricaux.
Dans la Seine-Inférieure notamment, le
clergé avait été investi par M. Hendlé, israélite
repentant, de pouvoirs nouveaux contre la
société civile. Le dernier scandale des congés
de la confirmation avait déjà fait son tour de
presse et les républicains se demandaient
si notre département n’était pas une théo
cratie mise, Comme champ d’expériences, à la
disposition de M. Thomas, cet ancien admira
teur de Boulanger.
Quoique moins grave que chez nous, la
situation était inquiétante dans les autres
départements.
Pendant que ses fonctionnaires livraient à
l’ennemi la République qui les paie, M. Dupuy
présidait des banquets. 11 y faisait même des
discours où il proposait contre le socialisme
des dilemmes d’une cocasserie inédite. Ce
lui de Toulouse restera, en ce genre, un
modèle qui eût fait la joie de plusieurs ITenry
Monnier ; C’est le triomphe même de Joseph
Prud’homme renforcé de Calino.
Un homme certainement plus malin que
M. Dupuy, — ce qui d’ailleurs n’est pas lui
faire un bien gros compliment, — s’est dit
que le moment était venu de sortir de l’ombre
et de renchérir sur M. Dupuy, non pas en
vantardise, ce qui eût été difficile, mais en
modérantisme. Noiis avons nommé M. Çons-
tans.
Tout le monde connaît M. Constans, le
tombeur du boulangisme. C’est un habile et,
pour tout dire, un policier. On eût certes dû
lui confier la recherche d’Arton.
Renvoyé du pouvoir, dans des conditions
assez suspectes, après avoir cessé de plaire à
M. Carnot, M. Constans s’est demandé com
ment il pourrait revenir aux affaires. Tout
naturellement, pour rentrer en grâce à l’Ely
sée, où le mot d'ordre est de complaire aux
cléricaux, et où M. et Mme Carnot remettent
desbarettes et offrent à déjeuner aux cardi
naux, qui promettent la rose d’or à la maî
tresse de céans, M. Constans a pensé qu’il
fallait faire du modérantisme, lui, l’ancien
expulseur des congrégations.
Et alors, M. Constans élabore un beau dis
cours, non pas en public, — car il se souvient
des trognons de chou de Marseille, <— mais
dans une petite agape d’amis.
En une série de phrases adroitement enfi
lées, il affecte de plaire à tout le monde. Il y a
de tout dans l’arlequin qu’il a servi au des
sert : des avances aux bourgeois cacochymes
qui veulent un gouvernement fort ; des pro
messes aux socialistes ; une bonne parole au
clergé, qui continuera à s’abreuver à la coupe
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
du/Concordat ; un agréable sourire aux ral
liés, que M. Constans veut croire sincères. Et
cette belle harangue se termine par un air de
bravoure en l’honneur de l’alliance franco-
russe.
De tout cela, il faut conclure que M. Con
stans veut revenir au ministère avec l’appui
de M.Carnot, et qu’il compte, pour y arriver,
sur le concours des réactionnaires ralliés. Jolie
besogne en vérité, pour un homme qui ne
doit qu’à sa lutte contre le complot plébisci
taire, la renommée de gendarme avisé qu’on
lui accorde généralement !
On parle déjà de néo^boulangisme, de bou
langisme civil. Le mot de constansiste créé
depuis plusieurs mois, devient d’un usage
courant.
C’était bien la peine assurément de faire
tant de tapage contre Boulanger pour aller
ensuite s’affubler de sa défroque, chausser ses
bottes et monter son cheval noir Tunis !
!Si le peuple, dont la naïveté tolère toutes
ces fumisteries, veut perdre encore son temps
à s’occuper de Constans, comme il l’a fait de
Boulanger, libre à lui ! Mais on peut se
demander ce que la République gagnerait à
cette succession de personnages qui se hissent
jusqu’à l’assiette au beurre pour retomber
avec fracas même avant d’y avoir goûté.
On voit au contraire clairement ce que la
République perdrait au culte de tel ou tel
ambitieux dont la première préoccupation se
rait de retarder les réformes démocratiques et
qui, en accaparant pendant des mois l’atten
tion publique, la détournerait des choses sé
rieuses,
Le mot d’un révolutionnaire au moment
de mourir, celui d’Anacharsis Cloots sera
toujours vrai :
a O France ! qui donc te délivrera des in
dividus ? »
VERUS.
SEMAINE POLITÎQU
FRANCE
Budget de 1894. — L’œuvrefcde la com
mission da budget se poursuit rapidement. Hier,
la commission a statué sur le budget des chemins
de fer de l’Etat ; c’est le neuvième entièrement
examiné depuis l’inaiiguration des travaux, c’est-
à-dire depuis huit jours.
jeudi, la commission examinait les budgets de
l’instruction publique et des services pénitentiai
res, vendredi celui des colonies et aujourd’hui la
question de l’impôt des portes et fenêtres.
On compte toujours que l’œuvre de la com
mission sera terminée le 20 juin prochain. La
Chambre pourrait commencer la discussion du
budget de 1894 le 25 juin et, en la continuant sans
interruption, elle pourrait avoir terminé sa tâche
pour le 14 juillet.
Le Sénat, à son tour, discuterait le budget et
pourrait l’avoir voté fin juillet. De sorte que la
clôture de la session serait prononcée à ce mo
ment. Les députés pourraient se rendre dans leurs
départements respectifs dès le commencement
d’août pour s’occuper de la lutte électorale.
k
* *
Les Elections générales. — Un certain
nombre de nos confrères donnent comme une nou
velle certaine que la date des élections générales
est, dès aujourd’hui, définitivement fixée au 20
août. ’ .
Cette date n’a pas encore été discutée en conseiL
des ministres, mais, d’après les ondit qui circu
lent dans ies milieux ministériels, le gouverne
ment considère que, si la discussion du budget de
1894 est close en temps utile, cette date pourrait
être choisie.
Il y a lieu, d’ailleurs, de remarquer que, les
pouvoirs de la Chambre actuelle expirant le 14
octobre, les électeurs peuvent, aux termes de la
Constitution, être convoqués au plus tôt deux
mois avant, c’est-à-dire le 14 août ; mais cette
date tombant un lundi, c’est au dimanche suivant,
20 août, que les élections devraient être ren
voyées.
Quant à l’objection tirée de la convocation des
conseils généraux qui doivent, d’après la loi,
ouvrir leur session le premier lundi de la seconde
quinzaine d’août, elle est facile à réfuter.
Les conseils généraux, réunis k lundi 21 août,
conformément à la loi, s’ajourneraient jusqu’après
le second tour de scrutin, pour permettre aux
députés, conseillers généraux, de continuer la
campagne électorale en vue du scrutin de ballot
tage.
Au reste, s’ils persistaient à siéger, il en résul
terait un peu moins de cumul de fonctions élec
tives, et ce serait un bien pour le pays.
La proposition Pierre Richard. — M.
Pierre Richard avait déposé une proposition en
vue de faire rembourser, par l’Etat, à la liquida
tion du Panama, la somme de 50,000 fr. qui aurait
été versée sous le ministère Rouvier pour néces
sités politiques. Cette proposition a été examinée
une prenrère fois, la semaine dernière, par la
commission qui avait émis l’avis que M. Rouvier
devait être déclaré responsable. La décision ayant
été prise dans une réunion peu nombreuse, où la
droite était presque seule représentée, on pouvait
craindre que l’esprit de parti ne l’eût dictée; aussi,
les membres de la gauche demandèrent-ils que
l’affaire fut soumise à une nouvelle délibération.
Elle a eu lieu hier, et la commission — en nombre
cette fois — a purement et simplement repoussé
la proposition.
Pourquoi ? nous le demandons, car au fond, ce
rejet nous paraît tout à fait inexplicable.
Notez, -en effet, qu’il s’agit des 50,000 francs
empruntés, pour les besoins de l’Etat, par M.
Rouvier à M. Vlasto et remboursés à ce dernier
par M. de Reinach, avec l'argent de la Compagnie
de Panama. Si cette version, qui est celle présen
tée par l’ex-ministre des finances, est vraie, il n’est
pas possible d’admettre que la somme dont M. de
Reinach a fait l’avance ne soit pas remboursée par
quelqu’un : par M. Rouvier., si 1km estime que
l’acte qu’il a fait ne relevait pas de ses fonctions,
ou par l’Etat, si l’on pense qii’il a an correcte
ment ; car, en aucun cas, l’Etat ne peut pourvoir
à ses dépenses, quelles qu’elles soient, au moyen
d’argent volé.
Et voilà comment l’innocence de M. Rouvier,
qu’on nous avait démontrée, est remise en ques
tion. Cette histoire d’argent touché par celui-ci,
qui est un ministre, par l’intermédiaire de celui-là,
qui est un homme d’affaires, remboursé par un
troisième, qui est un corrupteur de profession,
n’était déjà pas très claire : le vote de la commis
sion l’obscurcit encore.
Le Discours de Toulouse. — Nous aurions
mauvaise grâce auprès de nos lecteurs, après avoir
annoncé dans notre dernier numéro que nous n’at
tendions rien de bon du discours de M. Constans,
si nous ne venions aus, quoique tardivement, dire
ce que nous en pensons de ce grand programme.
Notre impartialité nous fait un devoir de décla
rer que nous lui avons reconnu des qualités qui
plaisent à notre pays : il est spirituel et de bonne
humeur, et est bien moins méchant que nous l’au
rions cru. Est-ce une tactique ? Méfions-nous tou
jours.
Lorsqu’il dit qu’il ne saurait être question de
porter une atteinte quelconque à la loi scolaire ni
à la loi militaire, c’est-à-dire aux deux lois que la
réaction a attaquées avec passion et qui ont été,
jusqu’à l’heure actuelle, la pierre de touche per
mettant de voir si un homme acceptait ou non les
principes de la démocratie et les conséquences du
régime républicain, nous devenons joyeux.
Certes, en plaçant ces lois au-dessus de toute
controverse, en proclamant que la République ne
ferait jamais un pas en arrière, M. Constans a
marqué clairement la ligne de démarcation, la
frontière qui doit être franchie pour entrer dans
la République. Est-ce bien là un aveu sincère ?
Méfions-nous encore.
En second lieu, l’orateur de Toulouse n’a pas
craint d’évoquer la pensée des revendications so
ciales. Il a dit avec raison aux patrons qu’ils agi
raient sagement en comprenant que l’avenir appar
tient aux syndicats ouvriers, que le capital doit
admettre la nature nouvelle de ses rapports avec
le travail manuel. Mais c’est admirable ça, M.
Constant ! Si, lorsque vous étiez au pouvoir vous
aviez mis d’accord vos actes avec vos paroles,
vous n’auriez jamais rencontré de meilleurs défen
seurs que nous. Nous n’osons vraiment pas y croi
re à toute votre sollicitude. Peut être que si les
élections n’étaient pas si proches, nous couperions
dans votre pommade. Mais va-t-en voir s’ils vien
nent Jean !
MANIFESTATION RÉPUBLICAINE
Eu riMeur de JEAIE-D'ARIIC
Le comité fondé en 1878, à Rouen, pour glorifier
la grande héroïne victime du fanatisme chrétien,
a, dimanche dernier, protesté publiquement,
comme il le fait chaque année, contre les préten
tions du catholicisme envahissant, prêt à recom
mencer demain ce qu’il fit jadis, et, assez éhonté
pour revendiquer comme sienne, la victime qu’il a
fait brûler, après l’avoir solennellement rejetée de
son sein, car, dàns son esprit, ce qui ne lui est pas
soumis, doit mourir.
On ne saurait trop rappeler que le tribunal qui
a condamné Jeanne au feu, était exclusivement
composé d’ecclésiastiques ; que 95 prélats, les
premiers de la chrétienté, dont 23 étaient docteurs
en théologie, y siégèrent ; que nombre d’autres,
l’archevêque de Reims — conseiller de Charles VII,
ce roi qui devait son royaume à Jeanne, —les
évêques de Chartres, de Lisieux, de Coutances,
etc., etc., le pape lui-même, applaudirent au ré
sultat du procès « preuve de Injustice divine qui
a voulu châtier une orgueilleuse, » et que pas un
membre du clergé ne protesta contre l’assassinat
de la courageuse enfant, le jugement étant con
forme aux lois de l’Inquisition qui régnait sur
l’Europe, lois que de nos jours certains ont l’impu
dence de défendre et de vouloir rétablir.
Le procès de la Pucelle ne fut pas unique à cette
époque où le monde était dans la main de l’Eglise;
une de ses compagnes, Pierronne de Bretagne,
prise à Corbeil par les Anglo-Bourguignons, fut,
elle aussi, condamnée par un tribunal de prêtres,
siégeant à Paris, et solennellement brûlée dans
cette ville, comme Jeanne à Rouen, pour avoir
trop aimé son pays et par la lâcheté du « roi de
Bourges » qui ne fit rien pour les arracher à leurs
bourreaux.
Et nous assistons, à la fin du XIX me siècle, à la
plus curieuse des p ilmodies, l’Eglise voulant ca
noniser, mettre au rang des demi-dieux des héré
tiques comme Jeanne d’Arc et Christophe Colomb !
Ne désespérons pas de la voir infliger la même
injure à Galilée et mettre ceux qu’elle a brûlés,
torturés, maudis, au rang des Benoît-Labbre et
des Elisabeth de Hongrie de répugnante mémoire.
Le citoyen Emile Antoine qui, depuis quinze
ans, poursuit, par toute la France, la tâche qu’il
s’est imposée, de faire rendre à la bonne Lorraine
une tardive justice et de stigmation ses bour
reaux, était venu, quoique souffrant, remplir,
dans sa ville natale ce qu’il considère comme un
devoir.
Dernièrement, il organisait à Orléans, sous la
direction de notre infatigable ami, Hutteau, un
comité qui, dimanche dernier, lui aussi, reven
diquait, par une importante manifestation, la
laïcisation des fêtes consacrées à Jeanne d’Arc
dans ville, témoin de ses succès.
A Rouen, le cortège précédé du drapeau et de
la délégation de la Libre-Pensée du canton d’El-
beuf, et dans lequel on remarquait : la Société
des anciens militaires coloniaux, en grande tenue;
la Ligue patriotique. Rouennaise ; les Sociétés de
la Libre-Pensée de Rouen, de Darnétal, de
Dieppe, du Havre, de Forges-les-Eaux, du Tron-
quay ; le groupe Adrien-Pasquier, et d’autres
dont les noms nous ont échappé, représentées par
un ou plusieurs de leurs Membres, s’est rendu à
la porte du jardin de l’Hôtel de Ville, là où la
férocité de ses juges fit abjurer la glorieuse mar
tyre avant de la mettre au bûcher, puis à la tour,
dernier débris du château de Philippe-Auguste,
sa prison, au lieu de son supplice et au pied de sa
statue.
En ces divers endroits, Emile Antoine a retracé,
dans un langage élevé et d’une virile éloquence,
les souffrances physiques et morales de Jeanne et
le rôle odieux du clergé qui, quoiqu’il fasse, ne se
lavera jamais de l’ignominie dont cet inique juge
ment l’a couvert.
E. Salva.
LA QUESTION DES VIANDES
Dans notre dernier numéro, nous avons publié,
sous ce titre, un article d’une importance incon
testable, nous promettant d’y revenir, le sujet
nous paraissant, en effet, d’une assez grande uti
lité publique pour être sérieusement examiné et
traité dans plusieurs numéros.
Nous ne voulons ici être les défenseurs de per
sonne. Nous tenons à rester en dehors des cote
ries, et nous ne voyons dans cette question ali
mentaire, qu’un sujet de premier ordre, d’hygiène
et d’intérêt général.
Nos concitoyens savent que le Conseil munici-
par
porc, et de faire ainsi, en même temps qu’à la
boucherie ordinaire une égale concurrence à la
charcuterie.
D’un autre côté, la Chambre syndicale de la
charcuterie s’oppose aussi, par voie de pétitionne-
ment, auprès de nos édiles, aux prétentions solli
citées par les premiers, ou du moins demande
que, si au nom de la liberté de commerce, cette
faculté est accordée, au moins on applique le
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